Don't drink and talk [Shin & Maya]

Eh bah, je ne m'attendais pas à l'attendre s'excuser pour quoi que ce soit. Je me demande même l'espace d'un instant si elle est vraiment sérieux ou si c'est juste une nouvelle façon de se payer ma tête. Mais je n'aurais pas le temps d'y réfléchir davantage, puisque la tête de mon chef apparait et évidemment, la suite ne me plait pas du tout Pourquoi est-ce que je me retrouve dans cette situation ? Pour ne pas laisser une meuf que je connais à peine et qui n'a fait qu'être insupportable dormir n'importe où. Pff je me désole des fois.

Heureusement, elle confirme mes propos, et si je vois bien que Genzo n'a pas l'air beaucoup plus convaincu par notre histoire, au moins il accepte de nous laisser arriver tranquillement.

- "OK ok, bon de toute façon installez vous comme vous voulez, servez vous y a des trucs à boire dans le frigo."

Je ne suis pas bien sûr d'avoir envie de m'éterniser, mais je prends sur moi pour essayer d'être un minimum courtois malgré tout. On m'a quand même enseigné les bonnes manières, et parfois je veux bien que ce soit justifié.

- "Le canapé est bien assez grand ça me suffira."

Et effectivement, le canapé d'angle qui prend une grande partie de la pièce ne va être trop petit. Je n'aurais qu'à récupérer une couverture et ce sera très bien. Ce ne sera pas la première fois que je dormirais sur un canapé, et celui là s'avère être bien plus confortable que celui qu'il y a chez ma mère.

- "Je vais déjà te montrer la chambre."

Je fais un effort, mais je ne déborde pas non plus d'enthousiasme. Cela dit, la pression que je ressentais commence à redescendre légèrement. Le fait que Genzo soit retourné à ses occupations y joue sûrement pour beaucoup. Je guide Maya dans le couloir qui continue vers le fond de l'appartement et l'amène jusqu'à la pièce du fond. La porte s'ouvre sur une chambre de taille tout à fait classique. Et si on peut deviner qu'il s'agissait d'une chambre de petite fille à la base, les peintures roses et les décorations de princesse encore bien en place, le mobilier fait savoir que la pièce n'a plus du tout cet usage. Un canapé lit (pas encore déplié) et un bureau où tout un tas de paperasse s'empile en font davantage un bureau.

- "Voilà, tu pourras dormir tranquille et sans avoir à pioncer la tête sur ton sac. Je vais t'aider à faire le lit."

Ok, là ça recommence à sonner bizarre. Mais c'est relou ces mécanismes, et j'ai galéré les premières fois, alors je ne vais pas laisser une fille bourrée tenter de se battre avec.

Ouais, c'est vrai que c'est assez grand. Surtout pour un mec qui vit seul. Mais vu comme ce type est un acharné de travail, ça ne m'étonne pas des masses qu'il puisse se payer ce luxe là. Ce n'est d'ailleurs pas non plus étonnant qu'il ne soit plus avec la mère de sa gamine et que cette dernière n'ait pas envie de venir chez lui. Bref, ce ne sont pas mes affaires, et c'est vrai que ça m'arrange bien tout ça, puisque cette chambre de plus, j'en ai pas mal profité. Mais là, je préfère largement la laisser à Maya et rester dans le salon.

Je commence à déplier le lit, cherchant les mécanismes qui se cachent en dessous pour le faire coulisser, quand la miss ajoute un nouveau commentaire malvenu.

- "J'vais finir par croire que tu le fais exprès. Ce genre de relation ne m'intéresse pas, j'sais pas combien de fois je te l'ai dit."

Je vais chercher les couvertures et draps dans la petite armoire toujours sur place et commence à tout mettre en place correctement.

- "Tu penses vraiment que tous les mecs cherchent à te sauter dessus ? C'est un peu prétentieux."

Elle n'est pas désagréable à regarder, je ne peux pas dire l'inverse, mais de là à penser qu'on en vienne à vouloir absolument la ramener dans notre lit, c'est un peu exagéré.

Mouais, moi je continue à trouver ça prétentieux. Mais l'idée de pouvoir bientôt avoir la paix me motive à terminer au plus vite la mise en place du lit.

- "Dans c'cas, va falloir que t'arrête de penser de cette façon. Déjà parce que c'est faux et ensuite... Bah parce que ça n'attirera que ce genre de mecs en fait. C'est totalement contreproductif."

Je ne doute pas qu'elle cherche réellement à se protéger, ou quelque chose du style. Elle s'y prend juste très mal. Je termine de placer une couverture sur le lit désormais prêt, et en attrape une autre que je garde sous le bras pour moi quand Maya évoque "mon pote". Malgré sa tendance à ramener beaucoup trop de femmes différentes, je suis au moins sûr qu'il n'en est pas arrivé au point de tenter ce genre de plan. Mais je n'ai pas la peine de lui faire remarquer qu'elle est de toute façon trop jeune pour lui (elle se serait de toute façon sûrement vexée une fois de plus), qu'elle aborde une possibilité qui sonne très bizarre à mes oreilles.

- "..."

Je vais pour répondre, mais sur le coup aucun mot ne me vient. Nan, j'ai beaucoup trop de mal à envisager un tel scenario, même ma répartie a décidé de jeter les armes plutôt que de rentrer dans ce jeu là.

- "Si t'as besoin, la salle de bain et les toilettes sont juste en face. Et comme il a dit, si t'as soif, y a c'qui'il faut dans la cuisine."

Oui, voilà, je vais revenir à l'essentiel. Je n'ai plus d'énergie pour ces conneries là moi.

- "C'est surtout la preuve que tu te focalises trop sur les mecs bizarres."

Je réponds d'une voix parfaitement blasée. Parce que je sais très bien qu'elle va encore comprendre seulement ce qu'elle veut et ma remarque n'aura aucun impact. Mais j'y peux rien, il faut que je le dise malgré tout. Parce que ça me gonfle de l'entendre se plaindre à tout bout de champ. Et qu'à côté de ça elle cherche quand même les ennuis à passer ses nuits dehors. Quoi qu'il en soit, de la supporter toute la soirée m'a épuisé. J'ai bien besoin d'une pause loin d'elle.

- "On fait c'qu'on veut ouais, et ça n'inclut pas ce genre de relation. Je ne suis pas gay. Si c'était une de tes options pour comprendre pourquoi je ne te saute pas dessus, faudra chercher plus loin."

Pourquoi est-ce qu'il faut vraiment que j'en dise plus sur ce sujet ? Je sais bien que j'ai des idées assez arrêtées sur un certain nombre de sujets, mais en l'occurrence pour ce qui est de faire ce qu'on veut de son corps, je ne risque pas de m'intéresser à ce que font les autres. Alors ouais, je m'en fous.

Et avec tout ça, je me rapproche de la porte pour la laisser seule dans la chambre.

- "Bon, bah, bonne nuit alors."

Ok, je n'ai clairement pas l'habitude de ce genre de situation, je ne sais pas quoi dire, je dis le premier truc qui me passe par la tête. C'est nul mais c'est comme ça.

Je commence à être beaucoup trop fatigué pour chercher à répondre à ses remarques une fois de plus totalement à côté de la plaque. Alors après m'être assuré que tout était ok pour elle et qu'elle n'avait besoin de rien d'autre, je la laisse dans la chambre et repart dans le salon. Où Genzo ne manque pas de me regarder à nouveau avec son sourire qui ne me plait pas.

- "Je n'ai plus l'énergie pour répondre à toutes tes remarques qui seront forcément fausses, enlève toutes ces idées de ta tête et fout moi la paix."

Il est assez habitué à mon caractère et ne se formalise jamais de la façon dont je peux lui parler. De toute façon, je sais très bien que je pourrais dire ce que je veux, il n'est pas près d'arrêter ses films. Il faut dire qu'il a déjà tenté plus d'une fois de m'envoyer une nana en soirée en espérant que je finisse avec, alors forcément, il doit être un peu trop content. Et il ne tarde d'ailleurs pas à refermer son pc.

- "Si ça te fait plaisir. Je te laisse alors, je file me coucher. Mais j'aurais besoin de toi demain, alors, pas trop de folies !"

Et il disparait dans le couloir, bien trop satisfait. Pourquoi est-ce qu'il faut qu'ils aient tous décidé de me gonfler ce soir ? Mais je ne vais pas me plaindre de me retrouver enfin seul. Le silence. Qu'est-ce que ça peut être satisfaisant parfois. Je me laisse tomber sur le canapé, retire mon sweat et mon t-shirt avant de m'allonger tout en tirant la couverture sur moi. Dormir avec un pantalon n'est pas ce qu'il y a de plus confort mais... Nan, là je crois que je ne vais pas pouvoir le retirer. Je vire mes chaussettes à la simple aide de mes doigts de pieds (chacun ses skills) et ma tête est à peine posée sur un coussin que je commence à m'endormir. Depuis le temps que j'avais envie de ce moment, au moins ma tête ne joue pas les rebelles elle aussi.

Ce n'est pas forcément le confort absolu ce canapé. Je me réveille deux ou trois fois, à rechercher une position convenable, avant de me rendormir quelques minutes plus tard. Mais globalement, je ne peux pas dire non plus mal dormir. En revanche, le matin est bien plus brutal. J'étais encore bien au chaud, plongé dans des rêves dont j'oublie tout instantanément, quand une voix bien trop forte et trop aigüe me réveille en sursaut. Je me redresse à 90°, et c'est la bataille entre mon instinct qui me dicte d'être immédiatement paré à toute situation, et mon corps qui me fait très clairement comprendre qu'il y a cinq secondes il était encore totalement en veille.

- "Arh mais ça va pas de crier comme ça dès le matin ? Tu peux pas essayer d'être un minimum discrète et silencieuse ?"

Franchement de mauvais poil (mais déjà c'est le matin, donc normal, et en plus merci le réveil), ma tête ne doit clairement pas refléter quoi que ce soit de sympathique. Je me passe une main dans les cheveux, tentant de sortir complètement de la somnolence dans laquelle j'ai en même très envie de me replonger largement. Mais vu la furie que j'ai devant moi, ça risque d'être compliqué.

Je bascule mes jambes dans le vide, de sorte à me retrouver assis de façon parfaitement conventionnelle sur le canapé et... Repose ma tête sur le dossier. Oui, il ne faudra pas attendre beaucoup plus dans l'immédiat.

- "J't'ai empêché de choper la crève à dormir n'importe où dans l'état dans lequel t'étais hier soir."

Je pousse un soupire. Je ne m'attendais pas à de grands remerciements, mais j'aurais apprécié un réveil plus en douceur.

- "Qu'est-ce que tu crois que j'ai pu faire de plus ?"

Saoulé d'avance par cette nouvelle prise de tête qui s'annonce dès les premières minutes de la journée, je ne sais même pas pourquoi j'essaie encore de savoir ce qu'elle peut vraiment penser.

- "Non merci."

Comme si je pouvais avoir envie de me mettre à sa place. Et même si c'était le cas, c'est juste totalement impossible. Je n'ai pas réussi à comprendre la moindre de ses réactions la veille, c'est clair que je ne risque pas de pouvoir réaliser ce genre d'exercice. Encore moins en me réveillant, alors que j'ai juste qu'une envie, replonger sous la couverture pour prolonger ma grasse mat'.

- "Pff, franchement, t'es la pire meuf que je connaisse, et pourtant des reloues, j'ai connait un paquet."

Oui, je suis grave saoulé. Non seulement je prends sur moi pour qu'elle puisse dormir tranquille, je me tape le canap alors que j'aurais très bien pu lui laisser, je vais devoir endurer les remarques de Genzo qui ne vont pas manquer les heures et jours à venir, et malgré ça, elle continue à venir m'accuser de tout et n'importe quoi.

- "Tu sais quoi, tu peux bien penser qu'il s'est passé c'que tu veux ou non hier soir. Et vu que tu as manifestement oublié une bonne partie, la prochaine fois t'auras faire gaffe à c'que tu bois. Ça t'évitera de te faire des films. Maintenant, fous moi la paix."

Je ne suis pas d'humeur. Et pour preuve, je m'allonge à nouveau sur le canapé, pas du tout décidé à me lever pour affronter son sale caractère et ses hallucinations dès le réveil. C'est largement au dessus de mes forces. Elle n'a qu'à faire ce qu'elle veut, je m'en fous.

- "Ça veut dire que tu me gonfles et que c'est actuellement au dessus de mes forces."

Je grommèle en faisant mine de vouloir me rendormir. Mais je sais très bien que ça ne va pas être suffisant. Et pourquoi est-ce que Genzo ne vient pas m'aider pour une fois ? Il doit juste se marrer en l'entendant hurler. Pff pourquoi est-ce qu'il faut que ça me tombe dessus.

- "Tu veux appeler les flics ? Bah vas y, parce que tu sais quoi, à part relever une crise de paranoïa ils ne vont rien trouver du tout."

Raaaah ça y est, je suis bien trop sur les nerfs pour espérer continuer à pioncer ne serait-ce qu'un peu. Je me redresse dans un soupire qui laisse clairement entrevoir mon état actuel, puis quitte le canapé pour me relever. En temps normal, j'aurais enfilé rapidos mon t-shirt par question de principe, mais là, je ne sais pas trop si c'est dans un simple esprit de provoc, mais je n'en fais rien. Je crois que je me suis bien assez emmerdé pour elle.

- "C'est quoi le soucis exactement ? Tu crois que je t'ai vi*lée c'est ça ?"

Je me plante bien en face d'elle, un air bien plus sévère qu'à l'accoutumée pour lui balançant cette question sur un ton un peu trop acerbe. Parce que ouais, qu'elle s'imagine bêtement qu'elle me plait toute une soirée, je peux faire avec, mais à un moment, faudrait pas dépasser certaines limites non plus.

- "La différence c'est que si j'te gonfle, toi tu peux décider de partir. Je ne t'en empêche pas."

Parce qu'il y en a un à qui j'ai promis de l'aide. Et à tout de suite, j'ai tout sauf envie de me mettre à bosser. J'ai besoin de calmer mes nerfs qui se tendent un peu trop. Sauf que ce n'est sûrement pas la suite qui va m'aider à me détendre. Mais elle est sérieuse en plus ? C'est quoi son problème ?! Mais quelle plaie !

- "Et toi, tu ne peux pas comprendre à quel point c'est contrariant de se faire réveiller par une furie qui hurle tout va, tout ça pour se faire accuser des pires trucs possibles ?! Tu crois vraiment que ça m'donne envie d'avoir une discussion claire et un minimum sensée avec toi ?! Alors avant de m'demander de me mettre à ta place, tu ferais bien d'essayer d'en faire autant au lieu de hurler à tout va !"

Je hausse sûrement un peu trop le ton et les mots m'échappent trop rapidement. Mon rythme cardiaque qui accélère beaucoup trop n'est vraiment pas bon signe. Si je continue à la fixer comme ça c'est clair que je risque de perdre le contrôle et de faire des trucs que je risque de regretter. Cette lueur de lucidité m'arrive à temps pour que je me détourne d'elle, revenant à hauteur du canapé pour choper mon paquet de cigarettes que j'ai viré de mes poches avant de m'endormir hier. Normalement je descends pour fumer, mais là, je crois que je vais devoir rester à la fenêtre.

Si seulement je pouvais partir aussi simplement. Mais vu son état, je ne prends pas la peine de lui répondre. De toute façon la suite me met bien assez en rogne comme ça. J'ai une terrible envie de seulement profiter de notre écart de force pour la porter/pousser/n'importe quelle autre technique valable, jusqu'à la porte et refermer. Mais je suis à peu près sûr qu'elle tambourinerait à la porte comme un démon et ça n'en serait que pire. Alors j'opte pour la seule solution encore envisageable. La cigarette. Et à peine allumée, elle continue à me taper sur les nerfs.

- "Non."

Non, je n'en ai clairement pas envie. J'inspire une bouffée de poison comme elle dit, tout en ouvrant la fenêtre à côté de laquelle je me cale. Je fais un minimum gaffe quand même, bien que je sache que Genzo fume également.

- "Tu vois, si tu faisais un petit effort pour parler normalement, ne pas me crier dessus en exigeant quoi que ce soit de ma part et surtout, à ne pas insinuer les pires trucs sans rien savoir, peut-être que je pourrais à mon tour essayer. Mais là, j'ai juste envie de te laisser t'embourber dans tes doutes et ton ignorance."

C'est pas cool. Peut-être. Mais c'est actuellement le dernier de mes soucis. Tant pis pour elle, je ne risque pas de la prendre en pitié. Si elle n'est pas totalement stupide, elle évitera de péter les tympans du premier venu la prochaine fois et essaiera de réfléchir un minimum.

Je n'ai plus envie de prendre sur moi. J'ai déjà fait bien assez d'efforts hier soir pour avoir la volonté d'en faire tout autant ce matin. Alors quand elle prend encore ce raccourci trop rapide vers cette conclusion, m'inculpant à nouveau (mais je ne dois plus être à une fois près), c'est seulement par un regard noir que je lui réponds. Après tout, si elle veut se faire des scènes atroces, qu'elle les garde dans sa tête. Ça doit lui faire bien plus de mal qu'à moi.

- "Pff, t'as toujours rien compris."

Non, parce que toutes les solutions qu'elle énumère, il n'y en a toujours aucune de bonne. Je prends une grande inspiration (parce que je sais que de continuer à l'ignorer, elle va juste continuer son cinéma jusqu'à me faire péter les plombs).

- "Ce genre de comportement, c'est exactement ce qui me donne envie de te laisser galérer tu vois."

On peut dire que je ne suis pas doué pour ce qui est de communiquer avec les autres, mais alors elle, elle est carrément à un niveau au dessus.

- "J'te laisse réfléchir et réessaie de demander. Mais le nombre d'essais est limité."

Combien ? J'en sais rien, c'est ma patience qui le déterminera. Et je n'en ai pas beaucoup actuellement. Et évidemment, je n'ai aucune envie de lui prémâcher le travail en lui disant comment s'y prendre. Mais si ses parents ne lui jamais appris à demander les choses correctement, je ne risque sûrement pas d'endosser ce rôle.

Je sais très bien que je suis borné et que mon comportement n'aide généralement pas à débloquer les situations. Mais je ne vais sûrement pas changer de façon de faire avec quelqu'un qui m'en donne encore moins envie que les autres. Oh non, j'ai plutôt tendance à ne faire qu'empirer. Un peu comme ce jeu tout à fait stupide de savoir qui peut se montrer le plus c*n. Et là, c'est parti pour qu'il y ait du level. Alors ce ne sont sûrement pas ses critiques et petites attaques basiques qui risquent de m'atteindre.

- "Hin hin, mauvaise réponse."

Elle a beau dire faire un effort, je n'en vois pas la moindre ombre. Encore moins avec sa réplique suivante qui n'a pour seul effet que de me faire secouer la tête de dépit et répondre d'une voix las.

- "C'est clair, j'ai fais des dizaines de photos de toi dans des positions ultra compromettantes, et elles sont déjà toutes en ligne. Dommage pour toi."

Franchement, à un moment à quoi ça sert de la contredire quand elle se persuade que des cornes de diable sont plantées sur ma tête ?

- "Je pourrais te retourner la question."

Qu'est-ce que j'en sais de pourquoi je suis comme ça. Faut faire avec, c'est tout. D'ailleurs ça ne me plait pas du tout de la voir se rapprocher de moi comme ça. Mais évidemment, il n'est pas question que je me bouge d'un millimètre face à cette tentative d'intimidation. Pour un peu que ce soit le but. Peut-être pas en fait. Quand je sens son pied s'écraser méchamment sur le mien, le but est finalement très clair. Et si ça n'a clairement rien d'agréable, je crois que c'est davantage cette proximité qui revient qui me fait afficher une légère grimace.

- "Tu crois vraiment que t'es en position pour faire la maligne ?"

Si mon ton n'a rien de cordial, le geste qui l'accompagne l'est encore moins. J'empoigne le haut de sa tenue pour pouvoir mieux la repousser d'un mouvement sec et peut-être un peu trop brutal. Mais j'ai déjà les nerfs mis à rude épreuve, ce n'est pas le moment d'être aussi proche. Non, je ne m'inquiète absolument pas de savoir que c'est une meuf ni de pouvoir lui faire mal. Je me demande vraiment comment elle a fait pour ne jamais tomber sur quelqu'un de plus virulent.

- "Si t'as pas l'intention de faire d'efforts, tu ferais mieux de te barrer sans trainer."

Parce que je n'ai pas l'intention d'en faire non plus. Et que cette histoire va probablement très mal terminer vu comment c'est parti.

Elle a beau avoir posé la question en première, ce n'est clairement pas un argument qui va me pousser à répondre. D'ailleurs mon humeur est désormais bien trop massacrante pour que je puisse ne serait-ce qu'envisager d'y répondre. En revanche, si elle veut poursuivre sur le terrain de la provocation, je ne risque pas de m'avouer vaincu de si tôt. C'est donc avec un sourire mauvais que je réplique cette fois.

- "Je me souviens de tout ce qui s'est passé hier soir moi."

Oui, je pourrais seulement lui dire qu'elle ne fait pas le poids, mais ce serait beaucoup trop simple. Et moins agréable à lui rappeler.

Alors qu'elle continue à affirmer son caractère de bourrique, j'écrase le mégot de ma clope dans le cendrier avant de refermer la fenêtre. Et je repars en direction du canapé enfiler mon t-shirt. C'est qu'il fait frais.

- "Fait c'que tu veux, c'est pas chez moi. Mais si tu pouvais rester là en silence, ça m'arrangerait."

Je m'installe nonchalamment sur le canapé, n'ayant pas envie de parler davantage. Oh, je ne me fais pas d'illusions sur sa capacité à garder le silence, mais je peux toujours tenter. De toute façon, son comportement m'a totalement passé l'envie de lui accorder une nouvelle chance de connaitre la vérité. Ouais, je peux être borné aussi. J'attrape mon téléphone qui s'était glissé dans le canapé et commence à regarder les news de la nuit. Parce que ça au moins, c'est bien plus intéressant.

Est-ce que la meilleure solution ne serait pas de seulement l'ignorer et la laisser parler toute seule ? Sûrement. Mais elle me tape trop le système pour que je sois capable d'appliquer ce genre de stratégie. Et je suis sûr qu'elle serait capable de recommencer à se rapprocher beaucoup trop. Installé dans le canap', je suis toujours aussi dépité par les solutions qu'elle tente de trouver.

- "Ça pourrait pourtant être simple."

Ouais, c'est plutôt avec elle que c'est compliqué. Est-ce que c'est vraiment si difficile de débarquer calmement pour demander sans hurler où est-ce qu'elle se trouve ? Apparemment. Et probablement que je suis un peu trop buté aussi, ok. Mais ce n'est pas dans mes habitudes de céder face à ce genre de comportement. Au contraire. L'effet auto-renforçant faut croire.

- "Et ne crois pas que parce que t'es une meuf je te laisserai faire ce genre de chose. Même si pour le coup, tu aurais une bonne raison de me reprocher tout un tas de choses."

Sans quitter mon écran des yeux, je continue à pianoter sans me soucier davantage de la présence de Maya. Bien que je préfèrerai évidemment qu'elle ne soit plus là. Mais à défaut de pouvoir la mute, je fais comme je peux.