[Halloween] Escape game - Alya & Kazane [Terminé]

- Oh ta gueule. Siffla-t-elle faussement, la dureté dans sa voix rendue factice par effet comique.

Utilisant cette pause dans la conversation, Alya se focalisa sur la combinaison pour la retranscrire à travers le pavé tactile. La porte finie par s'ouvrir dans un grincement libérateur.

La voix euphorique de Kazane, suite à sa progresse technique, lui tira un sourire sincère. Tout en se camouflant derrière son rideau raide de cheveux, Alya se tassa modérément. Elle ne voulait pas se donner l'allure d'être présomptueuse.
Si elle n'avait aucun mal à afficher sa supériorité tactique face à des inconnus, son assurance faiblissait en contact d'être chers.

- Merci !

Galvanisée par ses encouragements, elle oublia instantanément sa petite défaite de tout à l'heure, prête de nouveau à être dans la course !

Sur les talons de sa meilleure amie, les deux joueuses entrèrent dans la seconde pièce secrète. L'espace exigu les empêchait de se mouvoir sans se gêner. Pourtant, avec précaution, elles arrivaient à se répartir les tâches en optimisant leur zone de travail.

- Okay, courage ! De mon côté, je vais mettre les punaises sur la carte. Pleine de concentration rivalisant avec l'excitation, le cerveau de la sportive sautilla mentalement tant il était empressé de décortiquer l'affaire. Comme ça, en tour d'horizon, je suis certaine que c'est lié à la bande audio qu'on vient d'entendre tout à l'heure !

À grandes enjambées, Alya retourna alors chercher le magnétophone resté sur la table du bureau, avant de revenir près du plan détaillé.
Peu à peu, elle extirpa les punaises sur le mur souple et appuya sur le bouton de lecture.

- Reste aux aguets. Comme c'est une histoire de combinaison, je suis sûre que ça va allumer les leds de la boîte aux lettres.

La première avait un cœur en or... La Britannique fut en proie à une profonde réflexion. L'homme parle des enfants, elle l'avait compris depuis le début. Toute, sauf la première, lui donnait une indication de lieu.

Afin de garantir la meilleure efficacité, la brune épingla d'abord les plus évidents, sans se préoccuper de l'ordre d'apparition. Pour maximiser sa concentration et n'oublier aucun détail, elle fit tourner l'enregistrement en boucle, à chaque fois qu'il s'éteignait.

Le rond-point : C3.

Son esprit de déduction comprit rapidement pour la voiture. À l'ouest du giratoire, il y avait un parking.
Étant donné que le plan était une cartographie de la ville déjà dessinée, les voitures étaient absentes de la situation, pas comme une carte en temps réel, à la façon de google maps, par exemple : donc, A2.

À la deuxième analyse de la carte, de manière plus approfondie, Alya repéra une piscine en forme de cœur en E3. Elle poinçonna à l'emplacement.
Les buissons alignés près du sentier de la rivière lui étant plus abscons du fait de son nombre de possibilités près du canal. Cependant, alors qu'elle recherchait des arbres alignés, elle décida d'enfoncer l'aiguille luisante sous la lumière terne en D1.

- Tu t'en sors avec tes clés ? Est-ce que la boîte aux lettres s'est allumée ?

Alya manqua la mine renfrognée de Kazane, puisqu'elle était focalisée sur la carte. Néanmoins, elle comprit par la lourdeur de son pas, et l'émotion dans sa voix, que sa maigre tentative se conclut par un échec.

- Ne te laisse pas démoraliser. Y a forcément une solution. Alors qu'elle apposait la première épingle et lui demanda implicitement de vérifier les leds de la boîte aux lettres, elle ajouta, sa tête flanquée derrière son bras en action. Je te conseille d'aller voir la porte de sortie. On n'a pas vérifié s'il y avait un cadenas ou autre.

Tandis que son amie s'éloignait, la Britannique perçut un bruit de buzzer au loin. Sa déduction était la bonne. Merveilleux. Ce coup de maître leur permettrait de rattraper le temps perdu.

- Ok, j'essaie autre chose. Alya ôta les punaises fausses et fit une nouvelle tentative en se fiant aux instructions retranscrites par Kazane. Selon sa description, elle avait donné la mauvaise réponse pour le deuxième et le troisième.

À côté du rond-point... pas sur... Elle tiqua à son erreur de précipitation, mais se repris plus vite que la première fois.
Elle apposa en C2. Pour le deuxième, près du sentier de la rivière, Alya garda sa première logique, mais déplaça son aiguille plus loin, en B2.

- Et maintenant ?

Les yeux d'Alya oscillèrent entre joie et l'impatience, le bourdonnement de l'échec lui crispant la mâchoire, là où la mélodie du tintement revigorait sa confiance en elle.

Sa troisième analyse de la carte lui permit de prendre en compte les reliefs et les formes.
De son point de vue, les touffes vertes ressemblaient à des arbres, non à des buissons. La preuve de son observation résidait dans les tâches plus clairs et d'autres plus sombres, des dimensions plus grosses et plus minces, bien qu'elle n'excluait pas la possibilité que ce ne soit qu'un effet de style.

- Si je quadrille la zone... Son murmure, adressée à sa concentration, garda ses nerfs accrochés. Je dois éliminer des possibilités.

La punaise en main, la Brittanique la tourna en gardant son chapeau sous ses doigts moites de transpiration.

- Le sentier de la riviere est visible. Il n'existe pas en E1 et E2... ni en A4. Ça ne peut pas deux fois être A2 et nous avons vu que D1 et B2 sont des mauvaises réponses... Il nous reste alors C1 ou A3.

Dans son étude approfondie, elle remarqua un détail banal. La carte était vierge de trous minuscules. Probablement qu'elle était remplacée à chaque fois. Ce qui signifiait qu'elle ne pourrait pas s'aider des réponses antérieures pour s'aider et ne devrait compter que sur son jugement.

- Allez, je tente ici. Sinon, je fais l'autre.

Sur ces entrefaites, Alya appuya d'abord la punaise en C1. Si la boîte aux lettres grinçait et que Kazane lui confirmait son erreur, alors son prochain coup irait immédiatement en A3.

Alya perçoit la délivrance de la réussite derrière les cris de victoire de Kazane et l'effet sonore de la boîte aux lettres. Rassurée, elle essuya la sueur imaginaire de son front en posant ses mains sur ses hanches, observant le travail accompli avec une certaine fierté intellectuelle.

Dans le large encadrement de la porte, elle repéra sa meilleure amie, qui, dans une énergie mouvementée, agita le bon de passage du facteur - preuve matérielle de leur triomphe. Comme elle l'avait supposé précédemment, il s'agissait bien du mot de passe de l'ordinateur et la Japonaise le comprit aussi.
Ces félicitations la touchèrent, au point qu'elle esquissa un fin sourire pour ne pas ruiner l'importance de ce moment de coopération et d'amitié, et au milieu de tout ça, la joie contagieuse de Kazane confirma sa motivation à prendre la suite.

- Parfait ! Dis-moi ce que tu vois, moi, je vais inspecter les photos juste à côté.

À quelques pas sur sa gauche, la sportive avait déjà remarqué le studio photo qu'elle avait occulté le temps de trouver la solution à l'énigme de la carte.
Dorénavant, et jusqu'à la prochaine, c'est sur ce sujet qu'elle recentrerait toute son énergie.

Mains sur la table où les ombres des photos suspendues manifestaient leur présence en hauteur, la Britannique leva les yeux pour les observer.

Alya retroussa la partie supérieure de ses lèvres quand elle comprit que les photos suspendues n'étaient que de la simple décoration.
Près d'elle, une bassine d'eau suggérait un développement de photos. Elle avait vu assez de séries policières pour savoir qu'il était nécessaire d'avoir une bonne lumière infrarouge, et d'une obscurité totale.
Ses doigts effleuraient l'eau pendant que son nez était rivé en direction des clichés des enfants tenus par des pinces. Les photos étant déjà développées, il n'y avait donc aucune utilité de le faire.

En réfléchissant plus profondément, elle se remémora les paroles de Kazane lui ayant parlé de six photos sur l'ordinateur, or, il y avait six clés...

Son esprit méthodique fit immédiatement la corrélation. Très vite, la brune abandonna les recherches ici, se dirigeant à pas pressés vers l'ordinateur.

- Ce n'était que de la décoration. Qu'elle fit dans un soupir dépité, son pouce se jetant derrière son épaule.

- Alors, on a quoi ici ? Son corps lourd de tension à vouloir s'échapper se raidit contre l'appuie sur le bureau. Empressée de trouver l'énigme maintenant qu'elle se sentait si proche de la fin, Alya sentait chaque parcelle de son être remuer d'impatience. Ainsi, la sportive lutta contre le stress en joignant son regard à celui de l'écran pour se canaliser.

Au départ, la sportive crut que chaque clé appartenait à une photo, mais même si elles les assemblaient correctement, la finalité n'apporterait aucune solution unique.
C'est alors que, de tout go, le sens d'observation de sa meilleure amie démystifia une partie de la solution. Dans la dernière photo, il y avait un bout de clé, elles désignèrent ensemble la clé B et la clé D.

Sur la deuxième photo, Kazane fit observer qu'il y avait encore un morceau de clé, supposant que ça pourrait aussi être B ou E. Alya secoua la tête.

- Non. On a déjà un morceau de B sur la numéro 6 et aussi un morceau de la B sur la deuxième. Elle prit une rapide inspiration, l'empressement gagnant ses muscles. B. C'est B, la bonne clé.

Courant en direction de la porte de sortie où elle découvrit un vieux cadenas rouillé, l'odeur d'oxyde remonta à ses narines. Le petit poids en métal soupesait dans sa main, la couleur brun-rouge du minerai déteignant comme deux crocs dans sa paume.
D'une voix plein de zèle, elle motiva les troupes.

- Allez, Kazane, fais-moi péter ce cadenas, une bonne fois pour toutes !

La clé grinçait dans son réceptacle rouillé. Alya pouvait presque entendre chaque encoche fusionner avec le pêne de la serrure, tant la tension était grandissante.
Sa main libre, apposée sur l'épaule de son amie, restreignit l'espace qu'il y avait entre elles, dans une idée de précipitation mêlée d'anxiété.

Aussitôt, alors que les doigts de Kazane tournaient la tête de l'objet métallique avec la même appréhension qu'elle, le clic libérateur confirma leur libération.
Dans un soupir de soulagement, le souffle de la sportive s'entrecoupa derrière son sursaut, alors que les lumières se mirent à clignoter rapidement sous fond sonore de grésillements.
Graduellement, le congélateur fut pris de soubresauts au même moment où des pas lourds se firent entendre à l'étage. Le tueur se rapprochait.

- Vite, sortons, il arrive !

Alya poussa Kazane à l'extérieur d'un coup d'épaule et se rua vers la sortie. Son mouvement, aussi souple et élancé que lorsqu'elle courrait sur la piste de course, démontrait toute son expertise, sans toutefois qu'elle s'en aperçoive.
C'était comme si elle ne se rendait plus compte de ses capacités maintenant qu'elles sont acquises.

Son pied d'appel donna une impulsion à ses hanches pour qu'elle pivote son buste vers Kazane, ses yeux victorieux étincelant de fierté.

- On a réussi Kazane, on a réussi !

Si elle n'avait pas sa retenue habituelle, elle lui sauterait dans les bras pour un câlin énergique. Mais les vieilles habitudes -ou les traumatismes- ont la dent dure, et Alya resta simplement à une longueur de bras d'elle, souriant malgré tout.
Un des rares sourires joyeux que seule sa meilleure amie pouvait en être témoin.

Derrière son dos, le PNJ bûcheron les accueillit avec une expression chaleureuse et un sac de bonbons chacune. Ses félicitations ajoutèrent une réservation gratuite pour l'une des salles proposées par la brochure qu'il leur tendit.
Ayant d'autres gamins à effrayer, le MJ se détourna, pendant qu'Alya ouvrit son sac. La gourmandise l'emporta sur son sens des responsabilités et elle jeta une sucrerie dans sa bouche.

- Eh bah dis donc, ils ont été généreux ! Spontanément, elle vérifiait discrètement si Kazane avait bien reçu les mêmes variétés qu'elle, ou si les friandises étaient sélectionnées selon les origines des élèves. Ça te dit de poursuivre la soirée et d'aller au buffet ? Je te rejoins dans quelques minutes par contre, faut que je passe aux toilettes.

Bien qu'elle avait envie de se précipiter à la cantine, moins par esprit de fête que par envie de montrer qu'elles avaient vaincu la salle d'escape dans les premières, certaines choses, même la célébration d'une victoire méritée, devaient être repoussées par des préoccupations plus urgentes.