[Halloween] Escape game - Alya & Kazane [Terminé]

Le regard déterminé au pourtour des yeux frétillant d'animation, Alya suivit la consigne dans une stature droite avant de se préoccuper de l'histoire, contenant ses ardeurs.
Soucieuse de respecter les règles pour que l'environnement de jeu soit le plus serein possible, son aversion pour les erreurs la poussait à ce que chacune des directives soit entendue avant de pouvoir se relâcher.

Ainsi, elle remit son téléphone portable dans la boîte en plastique prévue à cet effet à la suite de Kazane. Son expression, emplie d'ambition, se refléta dans l'écran noir.

Échangeant une œillade coopérative avec la Japonaise, leurs prunelles brillaient d'excitation. Les deux filles semblaient complices à l'idée de partager ce moment d'énigme, de mystère, et... de disparition.

Peu à peu, avec le bûcheron comme point d'ancrage, la sportive se laissa immerger par le récit descriptif.

Autour d'elle, de la brume blanche fictive s'étendait à perte de vue dans une forêt sombre sans lune. Un sac bleu sur le dos dont l'eau d'une gourde claquait contre les parois, trahissait sa présence à chacun de ses pas, même quand elle évitait les branches mortes avec une agilité maladroite.

Son âme littéraire, transportée, amena un sourire passionné au coin de ses lèvres.
Lorsqu'elle se tourna vers sa meilleure amie, interpelée par ce coup de coude, ce n'était pas simplement la lycéenne qu'elle vit, mais la folle qui l'accompagnait dans la maison du maniaque.

- Ouais, j'avoue, on pourrait proposer au maniaque de les aider à les tuer, ces sales morveux. Histoire de leur apprendre à disparaître. Répondit-elle en se joignant à son humour. Par contre, on sauve les bestioles, s'il y en a. Même les poissons rouges, on prend tout... Donc ça veut dire que je ne t'oublierais pas en sortant.

Alya se remémora les indications en tête. "Écran, ping, parler, pas forcer." Sa fierté était convaincue qu'elle n'aurait pas besoin des indices.

- Nous sommes prêtes !

Le clairon de sa voix servit de fond sonore alors qu'elle glissa ses doigts entre ceux de Kazane, résolue à tout déchirer !

À deux, elles seraient plus fortes.

Alya voulait déjà vaincre les autres équipes.

Une fausse grimace de frustration crispa son visage alors que son poignet était contraint par le cercle de métal. Alya jouait son rôle, se transportant complètement dans la situation de son personnage.

Aussitôt après le départ du bûcheron, la pénombre céda sa place à une luminosité tamisée. L'ampoule au-dessus d'elles émanait juste assez de lumière pour apercevoir les détails de la pièce, le disque jaune à leurs pieds se balançant d'avant en arrière dans un grincement horrifique.

Le cerveau de la sportive carbura, son effort mental faisant d'abord appel à sa vision globale avant de peser chaque détail. Ainsi, elle remarqua le dessin dans le mur en premier lieu, puis les objets à côté d'elle.

- Ahaha, connasse.

Sa réponse vague empêcha la surenchère, son esprit trop occupé à vouloir débusquer des solutions pour se sortir de là.
Étendant son corps vers sa meilleure amie, la brune estima l'intervalle qui les séparait. Il était assez petit pour ne pas pouvoir se toucher, mais assez large pour qu'elles soient capables de se transférer des petits choses, comme des bouts de papier ou des clés, par exemple.

- Kazane ? Qu'est-ce qu'il y a à ta droite ? Au vu du fait qu'on ne puisse même pas se toucher, je déduis que tu dois pouvoir atteindre cet endroit seulement avec mon aide.

La Britannique fouilla le matériel ménager avec une précision chirurgicale, en dépit de la contrainte des barreaux. Elle extirpa les gants en latex, les bouteilles de produits, le seau, puis le balai. Ses doigts tâtèrent le fond, juste au cas où.

- À première vue, comme je suis la seule à avoir un côté accessible, et à physiquement être capable de te donner quelque chose, je suppose que je dois te donner le balai, pour que toi, tu puisses fouiller l'élément qu'il y a de ton côté.

Une simple déduction. Hormis pour les décors qui imposent l'ambiance, elle voyait mal l'utilité immédiate des autres accessoires.  

Victoire ! Alya avait vu juste. Son poing conquérant s'abaissa quand elle entendit le cliquetis libérateur des clés dans leur mécanisme. Kazane libérée, il ne lui restait plus qu'à l'aider à en faire de même.

Son amie ne se fit pas prier et accourue vers elle d'office. La sportive tendit son poignet pour lui laisser la place d'opérer. Sous sa peau nue, la douce respiration nasale de la Japonaise lui indiqua qu'elle était en proie à un certain empressement, toutefois canalisé par la précision de ses gestes.

Alya connaissait la passion dévorante de Kazane pour accomplir les choses, elle vibrait chaque instant avec une telle intensité que la brune convoitisait parfois son tempérament énergique.
Pourtant, en dépit de son envie passagère, elle ne se décourageait pas, car elle savait que son sang-froid et son esprit analytique pouvaient aiguiller le petit côté étourdie, et surtout, la grande impatience de sa meilleure amie.

En somme, elles se complétaient. Alya dans la réflexion, Kazane dans l'action.

- Merci ! Fit-elle d'une voix chantonnante, visiblement fière de sa réussite en acceptant de plonger sa main froide dans la main chaude de son amie.

La Britannique félicitée faisait rarement preuve d'une joie démesurée pour célébrer ses exploits.
Elle estimait que son succès ne reposait que sur des acquis solides dont l'essor ne dépendait que de ses prédispositions naturelles.
Cela dit, le fait que son talent soit souligné, même brièvement, par Kazane, lui donna le pep's nécessaire pour lui prouver qu'elle ne s'était pas trompée en la choisissant comme partenaire pour ce jeu.

- Allez, ne perdons pas de temps, Mathéo m'attend dans son donjon secret.

Sa raillerie auto-dérisoire accompagna ses pas précipités en direction des grilles de la cellule. Galvanisée, Alya considéra les paramètres et se précisa que si le battant d'en face était condamné, alors il ne restait qu'une seule possibilité de sortie, la future porte à droite.
C'est donc ici qu'elles devraient recentrer leurs efforts - mais pour l'heure, encore fallait-il sortir de leur prison.

- Au fait, ce n'est peut-être pas utile de te le dire maintenant, mais j'ai trouvé une pile dans le seau tout à l'heure. Si tu veux mon avis, c'est un objet intrus, alors je me dis qu'on en aura peut-être besoin pour plus tard.

Sur ces entrefaites, Alya examina autour des barreaux de fer forgé. Peut-être y avait-il un cadenas qui empêcherait leur progression dans la pièce principale.

Elle avait vu juste, leur évasion ne pouvait pas être aussi simple. Habituée des escapes games et d'autres jeux d'énigmes en tout genre dont son esprit se nourrissait quotidiennement, la sportive n'eut aucun mal à faire le lien logique entre la combinaison à débusquer et le dessin à la craie sur le mur de briques.

Se glissant près de Kazane d'un pas lourd de détermination, ses yeux scannèrent l'entièreté du schéma pour en avoir une vision globale. Inutile de chercher à se compliquer. S'il fallait un chiffre, alors elles devraient compter. Mais quoi exactement ?

Alya se frotta le menton, en proie à une profonde réflexion avant de s'écrier :

- J'ai compris !

Empressée de verbaliser sa découverte, elle hésita entre courir vers le cadenas pour se mettre de suite en action, ou rester pour lui expliquer son raisonnement.
Ainsi, elle donnait l'air de faire des allers-retours, son corps en mouvement soulevant un nuage de poussière nerveux qui s'extirpa entre les larges barreaux.

- Kazane ! Regarde le dessin, et dis-moi combien il y a d'éléments de chaque.

Elle s'approcha derechef pour lui désigner un à un.

- Tu vois en bas à gauche ? C'est forcément la combinaison du code. Le cadenas à quatre chiffres et il y a quatre éléments différents. Compte les arbres en premier, puis les maisons, les bonhommes et enfin les fleurs, et on aura notre code à quatre chiffres !

Avec précipitation, Alya se hâta vers le cadenas, prête à faire défiler la roulette sous ses doigts.
Il n'y avait pas une minute à perdre et elle comptait bien sur la voix de Kazane pour lui retranscrire le contenu de ce code crypté par les enfants disparus.

Un pli de frustration gagna son front. Alya se renfrogna quand elle réalisa que Kazane ne lui donnait pas les chiffres au fur et à mesure, mais attendait d'être certaine de tous les avoir avant de lui communiquer.
Cette perte de temps se répercuterait forcément sur le reste des énigmes. La sportive se visualisait comme sur la piste de course, en dernière ligne, pour attraper les erreurs du reste du relais.

Sa robe de costume évasée traînait dans la poussière, son agitation mal canalisée reflétant sa pensée. Pourtant pas d'un naturel aussi impatient que sa meilleure amie, le sang-froid de la Britannique quitta ses lèvres alors qu'elle manifestait ostensiblement son empressement entre ses dents serrées.

- Allez Kazane...

Pas question de perdre sur un défaut d'action. Quelque part, Alya était consciente que son amie s'assurait d'une bonne réponse pour ne pas y revenir deux fois, mais la brune voyait le champ des possibilités. Si une faute était commise, alors la Japonaise devrait recommencer, et ça serait d'autant plus de temps perdu.

- 5,3,6,7 Répéta-t-elle en écho pendant que ses doigts faisaient coulisser la molette.

Les chiffres de la séquence enclanchés un à un, elle se mordit l'intérieur des joues quand le dernier piston roula jusqu'à la ligne de repère. Avec la rage de vaincre, Alya tira sur l'anse pour la débloquer.

Libérées de la contrainte du cadenas, Alya afficha un sourire victorieux, un poing brandit entre ses deux omoplates. Ouvrant la grille avec un silence de cathédrale, sa promesse de discrétion fut rompue par une musique sinistre qui semblait hanter les lieux.

Une légère pression sur son bras lui indiqua l'emplacement de Kazane qui se glissa près d'elle. En coulissant un regard surpris, la brune comprit que sa meilleure amie cherchait moins à supposer son anxiété que se rassurer elle-même.

D'un bref sourire, la sportive ajouta sa main à la sienne.

- Les enfants ont besoin de nous. Fit-elle en examinant le plafond. Les pas fictifs du tueur en série firent grincer les planches de bois. Alya se représenta des sillons de copeaux du parquet, tombant en fines particules, à mesure que la musique d'ambiance les annonçait.

La respiration saccadée de l'audio augmenta son adrénaline. Le regard fixe, Alya talonna Kazane jusqu'à découvrir la nouvelle salle. Son œil compétiteur ne loupa pas le compteur.
Calculatrice, la Britannique estima le temps qu'elle avait perdu dans la cellule et souhaita redoubler ses efforts pour avoir le meilleur score.

Un sursaut saisit ses muscles quand une voix distordue par la peur s'éleva du congélateur. Les yeux ronds comme des soucoupes, l'athlète échangea une œillade avec Kazane : une des enfants !

D'un bond assuré, elle se dirigea vers le contenant pour l'ouvrir. Voilà leur premier indice !

Hélas, son cri de victoire interne retomba comme un soufflé quand elle constata que le congélateur ne s'ouvrit pas. Respectant la consigne qui énonçait qu'il ne fallait pas forcer les équipements, la sportive fit volte-face pour examiner la pièce plus en détail.

Au loin, elle remarqua le passage au crible méticuleux de Kazane, proche du porte-manteau, qui contenait uniquement un vieux vêtement en daim marron clair. La même logique lui survient, si tant est que son amie l'ait pensé aussi. Puisqu'il n'y avait qu'un élément au milieu d'un autre, sa présence unique suggérait forcément des fouilles approfondies.

À son tour, Alya tenta de repérer, dans le décor et dans les meubles, des indices qui méritaient de retenir son attention. Les blocs évidents lui paraissaient être le compartiment de rangement en métal ainsi que l'ordinateur posé sur le bureau à proximité.
Cela dit, il nécessiterait peut-être un code, et donc, un besoin de le trouver en investiguant davantage aux alentours.

Mettant sa réflexion de côté pour ordonner son esprit afin d'aller à l'essentiel, la brune se rua vers le casier pour en débusquer le contenu.
Sans perdre une minute, le visage en proie à une intense concentration, elle tira le premier tiroir, puis le deuxième si elle était en capacité de mettre la main dessus.

L'annonce de Kazane l'intrigua. Cette lampe torche parfaitement dissimulée dans la poche de la veste aurait dû fonctionner. Chaque détail avait son importance, et même si certains objets ne servaient pas nécessairement autre que pour les envoyer sur une fausse piste, la présence de la lumière portative n'était pas dûe au hasard, Alya en avait la certitude.
Cela dit, sa meilleure amie n'arrivait pas à la mettre en marche, si bien qu'elle se rapprocha de l'établi afin de probablement y chercher une solution.

Le cerveau en ébullition, Alya remua la pile qu'elle avait gardée dans la main, jouant avec le pôle positif et négatif d'un tour de main. Alors qu'elle regardait la petite batterie virevolter autour de ses doigts nerveux, elle fit tilt.

- Hé Kazane, ta lampe torche, elle ne marcherait pas avec des piles par hasard ? C'est la deuxième que je trouve.

De tout go, ses jambes la portèrent à toute allure jusqu'à la salle d'entrée où elle attrapa la deuxième pile dans le bac à ménage, avant de revenir vers Kazane.

- Tiens, essaye avec ça.

Sur ces entrefaites, la sportive lui légua la pile, avant de foncer en direction de l'affiche pour l'observer, dans l'idée de ne pas perdre plus de temps. La communication était la clé, les deux amies arrivant peu à peu à trouver leur rythme de croisière.

- Ça a marché ? Tu trouves quelque chose d'intéressant dans ton établi ?

Sa voix héla la Japonaise pendant que ses yeux se concentrèrent sur le visuel. Obsédée par le décompte, Alya n'oublia pas d'y jeter un rapide coup d'œil.