Le néon rose du bar fend la nuit.
Nobu et Hikaru arrivent devant l’établissement dans un uber aux vitres noires. Hiraku, c’est l’homme qui a initié Nobu au Drag. Il lui a tout appris. Banquier le jour, il profite de son argent, et de son temps libre, pour aider Nobu à comprendre et à se faire accepter par la culture queer et LGBT qui lui plaît tant.
Les deux hommes se sont rencontrés devant les tireuses à bières. Tous les deux en civil. Et si Hiraku a d’abord essayé de draguer Nobu, leur relation a vite dévié sur une forte amitié sous-teintée de fraternité.
Ce soir, Nobu et Hikaru sont en full-drag. Nobu se prépare, pour noël prochain. Lors de la fête de noël, le bar organisera un show drag queen. Si l’étudiant n’est pas encore certain de vouloir aller sur scène, il a prévu une tenue extraordinaire. S’il ne faut pas tout dévoiler avant le jour J, il a quand même voulu tester ses talons et sa perruque, ainsi que la base de son maquillage. Il faut s’assurer qu’ils tiennent jusqu’au bout de la nuit !
Les deux Drag Queen entrent dans le bar, et se font immédiatement repérer. Elles sont l’attraction. Et si Hikaru est complètement à l’aise dans la peau de son personnage, Nobu a encore du mal à se faire à son alter ego, Aomame Sakana. Nobu salue quelques hommes, fait semblant de flirter, avant de se diriger vers le barman :
« Un Ginto s’teuplait mon chou ! »
Le privilège de la Drag Queen, Nobu ne paye pas son verre. Le barman lui sert son cocktail, assez rapidement. Nobu s'assoit, tant bien que mal, sur la chaise de bar. Il commence à scanner les lieux, à la recherche de nouvelles proies.
* Exemple d'une Drag Queen dont Nobu pourrait avoir le genre de maquillage
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Le samedi 15 décembre 2017
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
C’est un des endroits le plus sympas de tout Kobe, et pourtant c’est l’un des plus détestés. Il faut toujours que les choses les plus intéressantes soient controversées, sinon ça n’est pas drôle. En même temps, on parle d’un bar LGBT dans un pays assez traditionaliste, forcément les gens qui entrent dans un tel lieu sont étranges. Bon, tu es étrange, mais pas parce que tu vas dans le bas. Ni parce que tu es gay. Enfin, surement. Bref, tu viens relativement souvent ici. Il y a plein de personnes toutes aussi sympathiques les unes que les autres. Oui, même les mecs. C’est que vous êtes rassemblés sous une même bannière, ça aide.
Bon, il y a quand même des trucs que tu ne comprends pas trop. Ca ne veut pas dire que tu es contre, que tu critiques ou quoi (certainement pas, ça serait "un peu" contre-productif). Plus que bon, bah c’est pas toi qui errait ça. Après tout, si c’est leur manière de s’exprimer et de s’amuser, tu es qui pour les arrêter ? Bon, une personne stupide, d’accord, tout le monde le sait. Mais tu ne les arrêtes pas.
"T’es nouveau, non ? Ou nouvelle, comme tu préfères."
L’avantage des drag queens : impossible de passer à coter et de les confondre. Il faut dire qu’ils sont terriblement flashés. Ce qui est sur, c’est qu’ils ne seront jamais aussi jolis que les filles. Désolé pour eux !
"Je ne me souviens pas de t’avoir vu."
L’inverse n’est pas forcément vrai. Si ça se trouve, il vient depuis des semaines, mais pas... comme ça. Ça ne serait pas la première fois que ça arrive.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Il tire une longue gorgée de son cocktail. Le gin glisse le long de sa gorge. Nobu aime boire. Vraiment. La potion magique lui permet de quitter un peu son voile de timidité pour se permettre d’être un poil plus sociable. Il a découvert les bienfaits de la boisson au début de l’année civile et ne compte jamais plus l’abandonner.
Surtout quand, comme ce soir, c’est gratuit.
Pour les Drag Queen, c’est toujours gratuit. La raison est simple. Les Drag Queen sont des attractions, surtout dans des bars gays comme celui-ci. Son ambition est d’attirer des lesbiennes, des trans, des bis, et qui sait, même des touristes perdus. Une aubaine, quand des personnages de presque deux mètres sur talons compensés se baladent dans les vitrines.
« Il, elle, c’est comme tu veux, je suis à l’aise avec les deux. »
Nobu n’avait pas l’habitude que les lesbiennes lui parlent. Mais depuis qu’il porte des robes, c’est tout autre. Non pas qu’elles le confondent avec une femme, il n’est pas aussi androgyne, plutôt qu’elles aiment le jeu de la performance du genre. En civil, Nobu est complètement cis, donc complètement “il”. Mais quand il joue le rôle d’Aomame, c’est plutôt “elle”.
« La première fois que je suis venu ici, c’est un peu après les vacances d’été. J’viens toutes les semaines, mais je commence tout juste à…» Il montre ses vêtements. « Tout ça. » Et difficile de reconnaître Nobu sous les traits d’Aomame.
«Tu viens souvent ici ? »
Nobu ne regarde jamais les filles.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"Ah ok ca explique."
En plus les drags ont tendance à garder la même identité et la même "tête". Comme tu sais, difficilement mangeable. Impossible d’en être une sans aimer être le centre de l’attention.
"Yes ça m’arrive de venir plusieurs fois par semaine, c’est un coin sympa. Et unique, littéralement."
Ce qui est bien triste. Mais vive le Japon…
"Tu as plutôt fait un bon taf pour "tout ca"."
Tu mimes les guillemets. Tu ne fais que le répéter.
"D’ailleurs, c’est quoi ton nom ? De drag."
Pas de mec. Tu n’en as rien à faire du mec derrière.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Oui, ça explique. Nobu regarde son verre de Ginto. Il ne confronte même pas Maya. En fait, il n’a pas bien regardé à quoi elle ressemble. Parce que le Drag, c’est tout nouveau pour lui, il est parfois mal à l’aise à l’idée d’être le centre de l’attention. Et pourtant, difficile de faire autrement.
C’est compliqué, pour un gars introverti, de jouer tout le temps la performance. Et pourtant, le drag lui permet de pousser ses limites, de parler à des gens, et se créer des amitiés. Sans le travestissement, il n’aurait jamais rencontré Hikaru. C’est son premier ami depuis… Depuis le collège.
« Y’a un ou deux autres bars gays, mais je crois qu’ils sont beaucoup plus fermés. Genre, barres de pole dance pour hommes. En fait globalement, tout pour les hommes. »
Nobu avait été tout de suite mal à l’aise dans ces bars. Même s’il est attiré par les hommes, et rien d’autre, il se sent plus en sécurité dans un bar inclusif comme celui-ci.
« Oh, merci… » Il pourrait presque rougir du compliment. Il n’en a pas encore l’habitude. « C’est elle qui m’a tout appris. » Nobu pointe du doigt Hikaru.
C’est une Drag Queen bien plus expérimentée, elle se déguise depuis déjà 5 ans. Elle commence à être connue, dans la scène de Kobe. Nobu est vraiment reconnaissant qu’une personne comme lui se soit intéressé à lui.
« C’est Aomame Sakana, mon nom. » Un nom qui peut paraître un peu ridicule aux oreilles de Maya : littéralement, petit pois et poisson. Pour éviter les moqueries, il explique tout de suite : « Sakana, c’est le nom de famille de ma Drag Mother, et Aomame… C’est l’héroïne de 1Q84, tu connais peut être. » Un roman très connu au Japon, et à l’étranger. « C’est l’héroïne lesbienne de Murakami, elle m’inspire beaucoup. »
Il en deviendrait presque bavard, Nobu.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"Ouaip, voilà. Je pense que tu comprends pourquoi je n’y vais pas."
Étrange, pas vrai ? Pas besoin de mentionner ta misandrie pour ceci. Tu fais déjà suffisamment de massacre sans ceci. C’est le problème d’être très, voire trop, engagée dans tout ceci. Alors bon, pas question d’aller là-bas. Plutôt mourir !
"Ah, elle e la connaît, on la voit souvent."
Assez sympa comme "fille". À vrai dire, la plupart des personnes qui viennent régulièrement sont sympas, peu importe le sexe. Il faut dire que faire un peu de chacun est un bon moyen de se faire bannir.
"Je présume qu’il y a une référence ?"
C’est rarement des noms littéraux. Et tu penses connaitre la référence... Gagné.
"Je connais bien oui. Un bon choix, c’est sur."
C’est pas tout les jours qu’il y a des héroïnes lesbiennes, et en plus celle-ci a juste un truc... tu ne saurais pas mettre le doigt dessus, mais tu l’adores, voilà.
"C’est presque ironique parce que tu dois draguer les mecs, non ? Ce n’est pas pour juger, je te rassure."
Au contraire, ça t’amuse. C’est une petite contradiction comme il en existe plein ici.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Nobu se contente de hocher la tête. Oui, bien sûr qu’il comprend. Lui-même n’a pas envie de s’y trouver. Alors une femme lesbienne… Sauf si elle veut juste boire un verre avec un pote, sans risquer de se faire draguer… Elle n’aurait pas vraiment de raisons d’y aller.
Nobu tire un peu plus rapidement sur la paille. Le ginto descend à vue d'œil. C’est qu’il est un peu mal à l’aise, en ce moment. Maya tient la discussion, sans aucun souci, mais lui commence à avoir besoin d’un peu de courage liquide.
C’est drôle, avec l’alcool, il est beaucoup moins timide.
Son premier verre de Ginto terminé, il fait signe au barman de lui en remettre un. Il sait que si celui-ci est encore gratuit, les prochains, il va devoir les payer. Pas question de se mettre une race à l’oeil. Les patrons ont besoin des Drag Queen en pleine possession de leurs moyens.
« Ah ! » Il est surpris quand Maya reconnaît 1Q48. Si Murakami est une star dans le pays, et hors frontières, il faut tout de même s’intéresser un minimum à la littérature. «Tu lis beaucoup ? » Ou alors, c’est un hasard, et elle a juste dû l’étudier en classe de japonais.
Heureusement, Nobu n’a pas le temps de trop y réfélchir, le deuxième Ginto arrive, et il en prend une grande gorgée.
« Alors, oui, je drague des mecs, mais c’est pas forcément pour ça que je viens ici. » Nobu aime l’ambiance du lieu. La première fois qu’il est entré dans le bar, il avait une idée en tête : trouver une cible, et rentrer ensemble. Sauf que depuis, il a pris l’habitude des gens qui s’y trouvent, et aime papoter avec eux. Contrairement à l’université, il peut être complètement lui-même dans ce bar, et se permet un peu plus de fantaisie qu’à l’école. « Je pense que tu serais étonnée du nombre de gays qui veulent que je reste costumé quand… »
Quand ils continuent les festivités.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"Je lis beaucoup oui."
À croire que tu fais des études littéraires... oh. Ah bah oui en fait. Mais ça n’est pas comme s’il peut le savoir. Quoiqu’avec ta tête on peut penser que tu n’es pas majeure, donc... Il a le bénéfice du doute. Mais il ne faut pas qu’il le dise à haute voix, ça va t’énerver s’il te prend pour une "gamine".
"La culture est importante, et les livres en font partit. Rien de pire que d’être stupide parce qu’on ne lit pas assez."
Très important pour toi la culture. Sans ça, tu ne peux rien apprendre. Enfin, ça n’est pas aussi simple que ça, mais c’est l’idée.
"Venir uniquement pour draguer ça serait un peu dommage. Mais c’est juste mon avis."
Chacun ses objectifs, comme on dit. Tu n’es pas sa mère.
"Bof, ça ne m’étonne pas entièrement. Après tout chacun ses choix, pas vrais ?"
Toi tu aimes bien les menottes. Non, attend... Oui c’est sur ça n’est pas toi qui va l’avouer à voix haute. Ce n’est pas que tu as honte de ça, mais... bon, voilà quoi.
"Ca doit pas être très pratique avec tout cet attirail. "
Curieuse ? Un peu.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
C’est une pensée bien élitiste. Nobu aime lire. Non. Nobu a besoin de lire. Sans sa dose de littérature journalière, il aurait l’impression de s’étouffer. Parce que la vie est trop décevante, il a un besoin de fiction. Elle peut être drôle, elle peut être amère, elle peut même être triste, peu importe, c’est toujours mieux que le quotidien.
Pourtant, Nobu n’a pas la sensation de s’élever avec la littérature. C’est quelque chose à lui, et pour lui. Il n’a pas la sensation d’être meilleur qu’un autre. Il vient du bas du bas de l’échelle, et ses parents ne sont pas des personnes cultivées. Les bouquins, ils n’en lisent pas un l’année, et il déteste qu’on puisse les voir comme des personnes stupides juste à cause de ça.
« T’es présomptueuse, à te penser plus intelligente que les autres.»
Nobu n’a pas envie de se battre. Alors, il se contente de cette phrase. Ce n’est pas agressif, juste une constatation. Pourtant, au fond de son cœur il pense : “Tu es pas plus maline qu’une autre, si tu penses que la clé de l’intelligence se mesure uniquement par un capital culturel. T’es juste une gamine pourrie gâtée, qui n’a pas conscience de son origine sociale et financière.”
C’est dommage, Nobu la trouvait sympathique, cette blonde. Maintenant, il a des à prioris. Alors, il se fait beaucoup moins bavard :
« C’est pas plus difficile qu’une meuf qui porte une robe et un collant. » Si ce n’est le tuck et les mousses en plus.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"À aucun moment je n’ai mentionné que je suis plus intelligente que les autres."
Tu ne l’es pas vraiment, tu le sais bien.
"Mais il s’avère que globalement avoir accès à la culture donne de meilleurs résultats dans de nombreux domaines. Ça n’est pas forcément une question d’intelligence, mais plus de possibilité. Mais je ne pense pas que te réciter mes cours va t’intéresser."
Vive la sociologie. C’est terriblement passionnant... pour certaines personnes seulement. Et tu en fais partie. Pour le pire comme pour le pire (car si c’est toi, c’est le pire, bien évidemment).
"Je ne les garde pas dans ce genre de situation."
Quelque chose te dit que vous parlez de deux choses différentes... Mais tu ne veux pas qu’il te donne des détails sur ce sujet.
"Enfin bon, je présume que miss a une personnalité un peu différente du mister ?"
Ce n’est pas toujours le cas. C’est une question de jeu. Ça dépend des personnes, mais hey si c’est sa première fois peut être qu’il n’est pas encore totalement décidé.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Pas besoin de le mentionner, le ton de Maya était très clair. Elle sait ce qu’elle vaut. Au fond, Nobu s’énerve parce qu’il n’a pas eu cette chance. Son capital culturel, ou plutôt, celui de sa famille, n’est pas riche. Il vient d’une famille qui ne lit pas, qui ne regarde pas de film, et qui ne comprend pas vraiment l’intérêt des expositions d’art contemporain.
Nobu ne sait plus dire quand est-ce qu’il a commencé à apprécier l’art. La littérature, c’est plus simple. Il a passé beaucoup de temps à la bibliothèque de sa petite ville. Il a lu, lu, lu, tout ce qu'il était possible de lire. Il trouvait fascinant la faculté de certains auteurs à faire vivre des univers entiers et impossibles.
Puis, quand il est allé en Australie, il a découvert une famille d’accueil riche et cultivée. Des peintures décoraient les murs de leur maison. Nobu a trouvé ça magnifique. Depuis, il n’a cessé de se cultiver. Et plus il s’est cultivé, plus il a appris, plus il s’est rendu compte que les possesseurs de cette culture “savante” regardait d’un mauvais œil la culture populaire de ses parents.
« Je connais Bourdieu…» Même s’il n’a jamais étudié la sociologie à l’école, Nobu s’est intéressé à ces notions. « Attends, t’es en socio ? »
D’un coup, un flip. Cette meuf, elle pourrait étudier dans la même université que lui. KHS n’est pas la seule fac de Kobe, mais qui offre un cursus en sociologie et notamment en sociologique internationale intéressant…
Heureusement que derrière son maquillage, il est méconnaissable. Nobu ne veut pas qu’on le reconnaisse. La dernière fois que ses camarades ont découvert son secret, il a vécu un harcèlement qu’il aimerait ne plus jamais avoir à vivre.
« Euh…» Qu’est-ce que la meilleure réponse ? Lui dire que oui, les deux personnages sont très différents, et mentir à Maya pour qu’elle ne cherche pas à Kobe quelqu’un qui ressemble à Nobu, ou lui dire la vérité, qu’en fait sauf l’extraversion, Nobu a encore du mal à se séparer d’Aomame. « Ouais, forcément, Aomame c’est la partie bitchy, qui ose parler fort ! Alors qu’en civil… J’ose moins. »
En essayant de mentir, Nobu dit finalement la vérité. Il n’oserait jamais confronter qui que ce soit sans ses faux cils.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"Un gars sympa, hein ?"
Longue question. Longue réponse. Trop longue, qui demande bien plus qu’une soirée pour l’explorer entièrement.
"Possible que je sois en socio oui. Pourquoi, tu détestes les gens qui en font ? Ça peut ce comprendre, on a pas forcément une bonne réputation."
Enfin ce n’est pas pire que les gars en éco, eux ils ne sont vraiment pas sympas. Vous ne faites qu’étudier les gens, vous ne les exploitez pas tout le temps.
"Ou alors tu es étudiant aussi ?"
Voilà qui devient amusant. Mais ça n’est pas comme si tu vas le dénoncer ou quoi, bien au contraire ! Mais ça se comprend s’il flippe à ce sujet. Reste ensuite cette question de caractère, de personnage.
"Je vois. Et ta raison, faut s’amuser avec ça, pas vrai ? Ce n’est pas entièrement un mensonge en soi. Puis ça peut être un bon moyen pour travailler la confiance pour toi."
Ça n’est pas tout le monde qui est prêt à assumer sa sexualité en "public". Tu le fais, mais ce n’est certainement pas simple.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Sympa, Bourdieu ? Heureusement que le ton de Maya semble sarcastique. Il n’y a vraiment rien de sympathique chez Bourdieu. Sauf, peut-être, à la limite, son essai critique au sujet de la faculté de juger de chez Kant. Mais à part dans cet article, Nobu a bien du mal à se souvenir du jour où Bourdieu était plus rock n’ roll que bourgeois.
Par contre, à la question de Maya, Nobu est tout gêné. Il aimerait revenir en arrière, pour masquer davantage ses émotions. Il s’est trahi tout seul, sur ce coup. « Non, bien sûr que non, c’est intéressant la socio. » Même primordial, à son avis. « J’aime bien les études de genre notamment, genre, Laura Mulvey, le male gaze au cinéma, tout ça… »
C’est bien, Nobu essaie de changer de discussion. En essayant de lancer Maya sur un sujet qui devrait apparemment l’intéresser (le genre, pour une femme queer en socio !), Nobu évite de répondre à son statut étudiant.
« Oui, c’est comme faire du théâtre, mais avec plus de maquillage ! »
Nobu n’a jamais fait de théâtre.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Ouaip, un mec sympa. Heureusement que tu es ironique. Mais ce qui est bien plus drôle, c’est de regarder l’autre se rattraper aux branches. Visiblement il est étudiant aussi, mais il n’assume pas ? Intéressant, hum ?
"Ah ça, c’est mon principal centre d’intérêt."
Les comparaisons hommes / femmes. Les études LGBT aussi, même si elles sont rares. Il y a tellement de choses à dire sur ce genre de sujet... et tu ne mentionnes même pas le reste. Tu aimes bien ces réflexions. Ça risque d’être drôle quand tu travailleras...
"Et du coup tu étudies quoi ?"
La petite question, comme ça. Hop. Des fois, ça passe.
"C’est oas entièrement pareil, mais la comparaison se tient. Au moins c’est toi qui as entièrement écrit ton rôle, tu es tranquille sur ça."
Personne ne le force à faire ceci également. Mais ça ce comprend que devenir quelqu’un d’autre est intéressant.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Ah oui ! Son principal centre d’intérêt ? Nobu aurait pu le parier. Non pas que ce soit écrit sur sa tronche, mais c’est un peu à la mode, ces dernières années. Il y a comme un vent de nouveauté sur les études de genre. Aux Etats-Unis, en France, et au Japon, aussi. C’est toujours comme ça, c’est par vagues. Quand ça fonctionne dans un pays, ça se répand chez les autres.
Depuis qu’il est étudiant, Nobu a le loisir de lire tout autant qu’il le désire. C’est que l’université, c’est assez light. Parce qu’il préfère prendre le temps pour réviser, le jeune étudiant n’a pas voulu alourdir son emploi du temps avec trop de cours secondaires. Le supplémentaire, très peu pour lui ! Alors, il aime lire la sociologie. Il ne s’y intéressait pas du tout, quand il vivait à Ine. Mais dans la bibliothèque de la fac, il a eu la chance de tomber sur de beaux ouvrages.
« Et c’est qui, tes autrices préférées ? »
Autrice, toujours, ne pas parler d’auteurs. Ce n’est pas pertinent, de toute manière. Sur les questions de féminisme, les plus beaux textes sont écrits par des femmes. C’est elles qui vivent le plus frontalement les violences, ce sont les plus à même d’en parler. Nobu aime bien, ça. Contrairement à l’histoire ou à la littérature, la sociologie - du genre, précisions - est truffé d’autrices. C’est agréable, un domaine universitaire qui n’est pas truffé d’hommes endimanchés.
Par contre, il continue de faire la sourde oreille. Merci à la musique à fond, qui étouffe les discussions. Il préfère encore passer outre la question sur ses études. Il n’en démordera pas : pas question de donner des indices. Et même si Aomame ne ressemble pas à Nobu, l’étudiant ne connaît pas Maya. Elle est peut être très (trop ?) perspicace. Ce genre de secrets, ça se partage qu’avec des amis.
Et ça tombe bien, Nobu n’a pas d’amis.
« Des fois, c’est encore plus difficile, de devoir écrire son personnage. On peut mettre un peu trop de nous dedans, et perdre l’intérêt du jeu ! J’ai pas fait de théâtre, mais j’ai l’impression qu’avec des limites, je serai moins perdu, des fois. »
Il y a des petites choses qui trahissent l’inexpérience de Nobu en la matière. Sa Drag mother utilise toujours le pronom “elle”, alors que Nobu oublie parfois qu’il a l'apparence d’une femme et se genre au masculin. Mais ça viendra. En forgeant, on devient forgeron.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Tes autrices préférées ? Oulah, la liste est longue. Très longue ! Mais bien évidemment, quand tu cites une poignée d’entre elles, tu te cantonnes aux œuvres féministes. D’ailleurs, tu espères que tous les noms ne finissent pas dans l’oreille d’un sourd, et qu’il va lire quelques-uns de ces livres. Parce qu’il va le faire, pas vrai ? PAS VRAI ? Il a intérêt. Sinon tu vas... tu ne sais pas, mais tu vas, d’abord ! Et il esquive encore ta question ! C’est fatigant !
"Ah oui ça oui j’imagine que ça ne doit pas être simple. Mais ça doit également rendre la chose plus intéressante, non ? Jouer avec soi même, d’une certaine manière."
Nombreuses sont les personnes qui se donnent des images. Tu en fais un peu partit, après tout.
"Que tu le veuilles ou non, il y aura toujours une part de toi dans Aomane, pas vrai ? Impossible de faire l’une sans l’autre."
C’est logique, ça n’est pas comme si ça te demande une fine psychologie.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Nobu établit une liste mentale. Il connaît certains noms d’autrices, mais pas tous. Il aimerait demander à Maya de ralentir un peu le rythme, histoire qu’il puisse prendre des notes. C’est que ça l’intéresse ! Mais la jeune femme semble passionnée, et les mots sortent trop vite de sa bouche. L’étudiant en littérature a à peine le temps de sortir son téléphone pour glaner les quelques informations qu’il peut, avant que Maya s’arrête.
C’est qu’il est intéressé, vraiment. Les questions de genre et de sexualité, ça le fascine. Et en même temps, il est Drag Queen, le contraire serait étonnant. Alors il la remercie, avant de répondre à sa question, qui se recentre sur leur précédente conversation.
« Je pense, oui. En fait, j’ai souvent entendu de la part des autres Drag Queen que c’est cathartique. C’est une version de soi qu’on ne peut pas montrer en public. Toute cette part de féminité que l’on cache dans la vie de tous les jours… » Et la timidité, aussi. En fait, la timidité, surtout. « Mais, moi, je sais pas encore. Je monte pour la première fois sur scène en fin de mois. J’ai pas encore vraiment joué depuis. »
Il hausse les épaules. C’est encore tout neuf, pour lui. Il a une idée de ce que serait Aomame sur scène, mais ça lui fait aussi très peur. Il ne sait pas du tout comment réagira le public. Pourtant, il a tout choisi, même la musique. En fait, la musique, il l’a choisi avant tout le reste. Avant même le prénom d’Aomame, peut-être.
« Et toi, t’as jamais voulu faire du Drag ? »
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Carthatique ? Ouaip, possible. Pour les personnes plus
"Part de féminité, dans le sens tu te considères femme ?"
Un peu de curiosité, voilà tout. Les trans, ce set... particulier avec toi. Des mecs mais pas des mecs... compliqué la vie ! Mais bon, LGBT, on les soutient parce que ça ne doit pas être simple. Et puis qu’est ce qui fait que tu te sens fille, finalement ? Très bonne question. Est-ce qu’être gay ne te rapproche pas plus des mecs ? Bien sûr que non ! Enfin, surement. M’enfin bon, réfléchir à ça avec de l’alcool dans le sang, ce n’est pas un bon plan.
"Y’a qu’une seule manière de savoir, comme on dit."
Faut tenter. The show must go on ! Au pire quelqu’un d’autre montera sur scène, voilà tout.
"Moi ? Nan. C’pas pour moi."
Tu es une grande gueule, mais le jeu d’actrice ? Pas vraiment ton truc. Il faudrait qu’une prof t’entraine pour ça. Tient tu te demandes quelle serait sa réaction à ce sujet. Ça ne devrait pas trop l’étonner, vu qu’elle sait que tu es lesbienne, après ta déclaration pas vraiment de déclaration, mais qui t’as mis dans tous tes états quand même comme une gamine. Ouaip, c’était assez honteux... Autant ne pas y repenser.
"Et puis je suis déjà trop grande gueule pour amplifier ça."
Ça, c’est vrai. Et ce set un véritable problème, vu que tu es prompte au conflit. Oups.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Oh non ! Il n’a pas été très clair là-dessus. Nobu ne se sent pas du tout, mais pas du tout femme. Il est complètement à l’aise avec son genre. Il l’est peut-être un peu moins avec sa sexualité. Pourtant, cela ne retire pas, pour lui, toute cette part de féminité qu’il a en lui. “Féminité”, en tant que construction sociale, bien sûr.
« Non, dans la vie de tous les jours, je me considère comme un homme. Je me sens homme, je me genre homme, je ressemble d’ailleurs à un homme, enfin je crois… »
Il fait plus attention, depuis qu’il est à Kobe, à ses petites manières. C’était différent à Osaka. Quitter son village d’enfance, ça lui a permis de rencontrer des hommes et de vivre son homosexualité. Ce n’est pas à Ine qu’il le peut ! Alors, il a commencé à s'habiller de manière un peu moins masculine. A bouger du poignet, aussi. Surtout pour se donner un genre, en fait. Mais depuis sa petite altercation avec ses camarades étudiants, il n’ose plus.
Il n’a pas envie qu’on le prenne pour un gay.
« C’est juste que les constructions sociales, et je ne t’apprends sûrement rien, sont vraiment strictes ! Et des fois, y’a des sentiments, des caractères, des accessoires, des pensées que l’on attribue plus aux “femmes”, et que je ressens, vis, aime, ou pense. Et dans la vie de tous les jours, je ne me permets pas de vraiment le représenter, alors qu’en Aomame, je le peux. Personne ne me jugera pour. »
Maya, c’est peut être différent pour elle. Elle a l’air de s’assumer, contrairement à Nobu. Déjà, elle parle fort. Ensuite, elle a de sacrés vêtements. Nobu se demande si elle ose les porter dans la vie de tous les jours. Elle doit en avoir des remarques ! Contrairement à ce qu’on peut penser à l’étranger, les lolis ne passent pas inaperçus dans les rues japonaises.
« C’est drôle, d’habitude les femmes pensent que c’est pas pour elles, parce qu’elles envisagent le drag queen uniquement pour les hommes. »
Ce qui n’est pas le cas. Plusieurs grandes stars du drag anglais et américain sont des femmes. Elles sont juste moins nombreuses. La réponse de Maya amuse l’étudiant en littérature. Grande gueule, définitivement ! Mais Nobu trouve ça assez agréable. Elle a l’air honnête, et c’est déjà ça.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"Là, tout de suite, pas vraiment."
Mais c’est le but, de ne pas vraiment ressembler à un mec. Mais si il est assez certain de qui il est, c’est une bonne nouvelle, tout le monde n’a pas cette chance. Après, il y a être et paraitre, et le paraitre... tu es l’exception qui confirme la règle.
"Stricte, tout de suite. Ça n’est pas comme si on te bannit d’une famille parce que tu n’es pas hétéro."
Pas du tout le genre du Japon. Ou des États-Unis, d’ailleurs. Personne n’a rien à s’envier à ce sujet là.
"Ah oui, les sentiments. Les mecs n’ont pas le droit de pleurer ! Quelle blague."
C’est stupide, ce sont des choses qui datent du moyen âge ! Et ça ne va pas s’arranger avec le temps.
"Tu es dans le placard, je vois."
À moitié étonnant, il l’avait sous-entendu. C’est un constat, pas une critique. Ça n’est pas tant parce que tu es une battante que tu es bourrine et têtue que tu t’exprimes à voix haute sur ta position.
"Ne me demande pas pourquoi. Peut-être que cette manière de parodier n’est pas aimée de tout le monde."
Une parodie particulière, certes.
"Et c’est un style bien spécifique."
Haut en couleur. Mais pas ton genre de haut en couleur.
"Chuis curieuse. Le maquillage, tout ça, ça te prend combien de temps ?"
Il doit débuter, donc ça n’aide pas non plus.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Nobu ne relève pas la remarque de Maya. Elle va de soi. Bien sûr que dans son costume, il ne ressemble pas à un homme. C’était surtout pour étayer ses propos. Mais tout a l’air excessif pour la blonde. Tout est tout noir, ou tout blanc. Alors, à la remarque du placard, il sursaute un peu.
« Dans le placard, dans le placard… Pas vraiment non. » On aura vu plus dans le placard qu’une Drag Queen en plein milieu d’un bar gay. « Je sais que je suis homosexuel, et je ne cherche pas à être autre chose. J’en ai pas parlé à ma famille pour des raisons évidentes, mais si j’étais vraiment dans le placard, je n’oserais pas me mettre des robes et des talons de vingt centimètres. » Ni sortir du bar.
Il préfère juste la discrétion. Nobu est un homme calme. Il préfère ne pas faire de vagues. Vivons heureux, vivons cachés, c’est comme ça qu’il imagine sa vie. Peut-être qu’un jour, il pourra l’envisager autrement, mais ce sera dans le cas d’une société complètement à l’aise avec l’homosexualité. Il n’est pas assez courageux pour revendiquer.
« Mais toi, t’es complètement out ? »
Parce que même s’il ne pense pas que sa famille puisse accepter son orientation sexuelle, il aimerait beaucoup avoir des exemples positifs.
« Pour le maquillage, c’est long… » Et tout dépend de l’expérience, Nobu est encore assez inexpérimenté. « En comptant le cache des sourcils et le pose de la perruque, c’est plus ou moins trois heures ! Heureusement que je suis souvent aidé par ma Drag Mother. » Un coup de tête vers Hikaru. « Mais j’aime bien, c’est un moment privilégié, à soi. »
Il avait souvent écouté des vidéos Youtube d'influenceuse beauté, en souriant à cette justification. “Je me maquille parce que c’est un temps pour moi”. Il trouvait ça ridicule. Nobu était certain que si elles se maquillaient, c’était pour répondre à des carcan de beauté. Il était à mille lieues de penser que ça pouvait vraiment être par goût. Et maintenant qu’il se maquille, il comprend ça.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"Pardon, je parle plus en dehors d’ici. C’est sur qu’ici tu es franc, mais imagines que je te croise dans la rue, tu assumerais ta position ?"
C’est une question, pas un interrogatoire. Si ce bar est un lieu sûr - globalement - et qu’il attire des tonnes de personnes de ce genre, c’est bien pour une raison qui est simple à deviner.
"Si on me pose la question, j’y réponds sans mentir."
Mais tu ne vas pas pousser ta position vers les autres. Tu n’es pas si conflictuelle que ça tout de même.
"Ce n’est pas tout le monde qui accepte ça, mais bon ça permet de faire le tri."
Comme les personnes qui disent "ah donc tu nous mettais ?" quand tu leur dis, alors que bon, pas forcément quoi. Et soit elle ne te croyait pas, soit pire, parfois elles se vexaient ! C’est stupide ! Si ce genre de remarque t’énerve toujours, elles ne te blessent plus (trop).
"Ah oui, quand même. Toute une aprèm pour ça, pas mal."
Tu ne peux pas trop juger. C’est normal au début. Après tout, tu te maquilles un peu, tes tenues, tout ça...
"Et tu sors avec ta drag mother ?"
Simple curiosité. Ça ne serait pas la première fois que ça arrive. Après tout, c’est une raison comme une autre pour prendre une personne sous son aile.
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Nobu hausse les épaules. C’est difficile à dire. Il aimerait bien assumer complètement son orientation sexuelle, mais il ne peut pas vraiment se le permettre.
« Non, tu as raison, je pense pas que j’en parlerai aussi facilement. »
Dans le bar, il se sent en sécurité. Il sait que Maya a choisi de venir ici parce qu’elle est, à minima, à l’aise avec les personnes homosexuelles. Mais habillé en civil, dans une discussion anodine, il éviterait le sujet.
« J’aimerai bien dire, comme toi, que ça permet de faire le tri, mais c’est pas si facile… J’avais décidé, en déménageant à Osaka pour mes études, de complètement m’assumer. » Dans son village de pêcheur, impossible. Il ne veut pas que ses parents soient au courant de ses relations homosexuelles. Il a trop d’amour pour eux, et sait qu’ils auraient bien du mal à l'accepter. « Bah, du coup des c*nnards l’ont appris, et m’ont foutu la misère. » Pas le genre de misère que l’on peut ignorer. « Du coup, j’ai déménagé à Kobe, et j’aimerai bien terminer mes études tranquillement. » Et voilà qu’il se crame tout seul. Il a fait attention tout ce temps à ne jamais trop parler de lui, et surtout pas de ses études. Il se mord la joue. Il espère que Maya ne va pas trop rebondir sur ce point pour demander sa spécialité. Ou l’établissement où il étudie. Elle est sympathique, mais comme il l’a si bien dit, Nobu voudrait finir ses études sans trop faire de vagues. Et Maya elle est pas du genre… invisible.
« Pa-pardon ?! » La question surprend tout de suite Nobu, dont le rouge monte aux joues. Heureusement, sous sa couche de fond de teint, c’est impossible de le voir. « Non, non ! »
Bien sûr que Nobu apprécie Hikaru. Beaucoup. Quand ils ont parlé pour la première fois dans ce bar, ce n’était pas seulement pour parler faux cils et paillettes. Hikaru est à son goût. Mais au fil des rencontres, leur relation est devenue bien plus tendre. Pas question de risquer de gâcher tout ça pour une histoire de fesse.
« Notre amitié est trop précieuse pour risquer de la gâcher par de l’amour. »
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Gagné. Normal, en même temps, d’être discret dans une société japonaise franchement homophobe. D’un côté, ça te motive pour proclamer ce que tu es la tête haute, d’un autre... ce n’est pas simple. Mais tu te répètes.
"Ouaip, je vois. Leur casser la gueule ça fait souvent passer le message."
Quoi ? Tu n’y peux rien si c’est souvent la manière la plus efficace ! Si après avoir frappé, tu n’as pas réglé le problème, c’est qu’il faut frapper plus fort ! Heureusement que tu n’appliques pas toujours ceci, sinon...
"Important les études, pas vraies ?"
Ouaip. Ouaip. Quelque chose te dit que tu l’as déjà croisé dans ton établissement, mais pas avec cette tête, forcément. Dommage qu’il ne veuille pas dire, c’est important d’avoir des alliés, pas vrai ? Ça serait bien plus fun.
Enfin bon, tu marques un point pour leur relation. Visiblement c’est plus qu’une simple amitié. Hum, ça te rappelle quelque chose...
"Je vois oui. Mais on dit aussi que l’amour est la continuité de l’amitié."
Pas toujours, mais souvent. Ça a été tellement efficace avec toi que pouf, plus vraiment d’amitié. C’est la preuve que... hey non pas du tout oubliez ça en fait !
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Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
« Casser la g-quoi ?!»
Nobu ne peut empêcher sa surprise. Il rit, à plein poumons. C’est difficile d’imaginer cette petite blonde s’énerver au point d’en casser des genoux. Mais il faut faire gaffe. C’est comme les roquets ! Plus c’est petit, et plus ça mord fort. Alors, il se rattrape par :
«Wow ! Je veux pas imaginer la tronche de ceux que tu as battu. Tu leur fais quoi exactement ? »
Karaté ? Judo ? Taekwondo ? Est-ce qu’elle a une spécialité ? Peut-être la boxe. Nobu imagine une jeune femme boxeuse poids plume. Qui ne paye pas de mine, mais qui peut mettre n’importe quel adversaire K.O. Surtout les plus grands, les plus gros, et les moins équilibrés.
« Eh oui, assez important pour changer de ville. »
Nobu termine la discussion là-dessus. Bien sûr que c’est important les études. Difficile d’étudier quand tu passes tes soirées à broyer le noir, et tes matinées à éviter les bancs de l’école. Depuis qu’il est à Kobe, Nobu va beaucoup mieux. C’est pour ça qu’il doit absolument rester tranquille.
« T’as déjà réussi, toi, à faire fonctionner une relation amicale après une déception amoureuse ? J’aurai trop peur de dire à… » Il baisse soudainement la voix. Ici, tout le monde connaît Hikaru. « Tu sais qui…Tu sais quoi… » Il se racle la gorge avant de reprendre dans un débit de parole normal : « Et qu’il refuse, et qu’on soit plus rien l’un pour l’autre. »
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Il rigole... il veut voir ? Tu es petite, mais teigneuse ! Et tu te débrouilles vraiment bien en aïkido. Ça fait quelque temps que tu n’en as pas refait en club, mais ça ne veut pas dire que tu as tout perdu. Et puis bon, un bon coup de pied dans les noisettes ou dans les genoux, ça les calmes. Surtout avec des semelles compensées.
"Tu es un mec, je te laisse imaginer."
C'est suffisant, comme tactique d'intimidation, pas vrai ?
"Espérons que leur vie va être moisie."
Oui tu es du genre vengeresse. Faut pas rigoler avec toi. Ou pire, si on embête tes potes. Là c'est vraiment dangereux. Alors bon, si le karma peut jouer un peu et faire chier les salauds, tu prends.
"Ouaip. Ça a pris un peu de temps, mais ouaip."
Pour le coup, tu parles d'expérience, avec Nissa. Mais ça reste bizarre. Par ta faute. Tu ne sais pas tourner la page, c'est pour ça.
"Après, c'est toi qui vois. Ce n’est pas plus simple d'être franc ? Au moins tout est dit et au pire vous repartez sur de bonnes bases. Je ne pense pas qu'il va te jeter de sa vie comme ça."
Ils ont l'air trop proches. Après bon, tu es du genre positif, peut-être trop. Mais tu n'es pas forcément de meilleur conseil.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Mais c’est qu’elle menace, en plus ! Bien sûr que Nobu comprend là où elle veut en venir. Il y a une partie sensible que Nobu aimerait que l’on ne frappe pas. Mais là, tout de suite, dans son costume d’Aomame, il se sent assez impertinent : « Oh, tu peux essayer, là, tout de suite, je n’sentirai rien. Rien. Du. Tout. » Son tuck est bien serré. Les Drag Queen cachent leurs parties intimes, dans un mécanisme bien élaboré. Rien ne pend. Alors, il est confiant.
Même s'il préfère que l’hypothèse n’atteigne jamais le stade de l’expérience.
« Le pire, c’est que je pense qu’ils auront une très bonne vie. » La plupart de ses bourreaux sont des hommes droits, intelligents, relativement beaux. Ils font des bonnes études et auront un travail respectacle. Aucune difficulté pour trouver une femme, avoir des enfants. « Par contre, est-ce qu’ils seront heureux ? Je n’crois pas vraiment. » Quand on a du temps à perdre pour détester les personnes qui ne nous ressemblent pas, c’est qu’on s’ennuie beaucoup dans sa vie.
Nobu ne croit pas vraiment au karma. Il ne croit pas vraiment tout court. A rien. Il pense que la vie est dure, parce que les hommes l’ont rendu comme ça. Rien n’est acquis, c’est des pressions sociales. Et même si la majorité s’en rendaient compte, rien ne changerait. Les habitudes sont trop confortables.
« Ah. » Il hoche la tête. « Je pense que je n’essayerais pas... S’il fait le premier pas, peut être. » Et encore... Nobu n’en est pas certain. « ‘Faut juste que je trouve quelqu’un pour l’oublier et penser à autre chose, et ça ira. »
La nouveauté chasse toujours les soucis.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
"Tu es certain ? Enfin, certaines ? Remarque si je le fais bien tu n'auras plus jamais besoin de t'inquiéter pour ça."
Et ceux que tu as frappés d'une telle manière s'en souviennent, c'est sur ! Tu marques les esprits, d'une manière ou d'une autre...
"Pas sur ça. Et de toute manière, c'est quoi avoir une bonne vie ?"
Ça veut tout et rien dire. C'est tellement vague que ça en devient ridicule.
"Tant que toi tu es content, tout va bien, non ?"
Si seulement tu pouvais appliquer ceci à ta personne... Faites ce que tu dis, pas ce que tu fais.
"Donc s’il ne le fait pas tu ne le feras pas, et si ça se trouve c'est réciproque et vous allez rester planté comme ça ?"
Ça te rappelle VRAIMENT quelqu'un.
"Et pas sûr que trouver quelqu'un d'autre va t'aider."
La t parle d'expérience. Mais ça dépend des personnes, tout le monde n'estp as aussi fisxée que toi.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Le samedi 15 décembre 2017
Nobu secoue la tête de droite à gauche. Non, il n’est pas certain, et il préfère ne pas continuer dans cette direction. Même s’il a trouvé drôle le fait de la chercher un peu, il ne souhaite absolument pas trouver Maya. Elle a l’air un peu trop impulsive, et il lui suffirait de l’inviter pour vraiment se prendre un coup dans l'entrejambe. Il préfère la croire sur parole. Elle est certainement une très bonne castratrice.
« Une vie traditionnelle, avec une femme, des enfants, un travail, sans se soucier de son toit et de sa nourriture ? » Nobu répond machinalement. En fait, c’est la vie qu’il a toujours vu dans les journaux, et à la TV. Et au fond, il pense que c’est plutôt une belle vie. Surtout l’aspect “pas se soucier du toit et de la nourriture”. « C’est l’argent, surtout, qui est important. » Parce que c’est difficile d’être heureux sans jamais avoir d’argent.
« J’espère que j’arriverai à être content de ce que je veux, tout en ayant assez d’argent. Pour être “heureux”, on verra. »
Il n’est plus heureux depuis longtemps. Il est neutre, content, mais pas heureux. Pour être heureux, il faut être content, longtemps. Être satisfait, aussi. Nobu, sauf quand il est dans les livres, a du mal à le concevoir. Mais parfois, seulement parfois, quand il est touché par la grâce et par l’espoir, il s’imagine grand auteur. Et là, il arrive à se voir heureux.
« Ouais, je pense qu’on restera plantés, jusqu’à qu’il y ait une tierce personne. » Il hausse les épaules. De toute manière, Nobu ne pense pas que Hikaru soit l’homme de sa vie. C’est juste un coup de cœur, comme on en a mille dans une vie. Ça va, ça vient. Là, ça reste juste un peu plus parce qu’ils se voient beaucoup. « Je pense que ça peut marcher. Quand on tombe amoureux, on ne pense plus qu’à cette personne. Me suffit d’être obsédé par quelqu’un, et tout ira bien. » Et au pire, coucher un peu à droite et à gauche, pour penser à autre chose.
- InvitéInvité
Re: [Terminé] Derrièr' mon loup, Je fais ce qui me plaît, me plaît | Maya
Bizarrement, ce n’est pas ton genre. Étonnant, on sait.
« Après oui, la bouffe et l’habitat, c’est important. Mais le reste… Une fois que tu as de l’argent, tu es tranquille. »
Raison pour laquelle tu n’as pas entièrement coupé les ponts avec tes géniteurs. Pour la thune. Une fois que tu es plus sécurisé financièrement parlant… hop !
« Et bon, tu risques de ne pas vraiment vouloir de femme dans ta vie, non ? Pour les enfants c’est presque jouable. »
Pas au Japon, si tu as bien regardé. C’est la tristesse que tu aimes bien les enfants. Par contre, tu auras une femme dans ta vie, c’est sur !
« Tu causes comme si tu es battu par la vie. »
Ce qui est possiblement le cas. Ce bar n’est pas un repaire pour rien. Autant ne pas parler du taux de… nan. Pas la peine.
« Vraiment, tu préfères attendre comme ça ? »
Oh non, tu as une idée…
« Tu me donnes 5 minutes, je vais le voir, et tu en auras le cœur net. »
Quelque chose te dit qu’il ne va pas te laisser faire. Quoi ? Il parle d’une tierce personne. Tu en es une.
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