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- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 550■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-5
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Mochi en folie
Dimanche 15 avril - matinée
La journée des clubs commençait seulement mais Ogawa sensei avait déjà trouvé de quoi le surprendre. Mathéo dévisageait son référent derrière son dos, peu convaincu par son style vestimentaire. C’était, certes, une journée dédiée aux clubs et chaque membre avait fait un effort de présentation pour se mettre dans le thème, mais le professeur avait un drôle de sens du détail. « Le bandana était-il réellement nécessaire ? » l’interrogea Mathéo du regard tandis que leurs yeux se croisaient.
Tout comme l’année précédente, le club de traditions japonaises n’avait pas attiré grand monde à la rentrée et ce malgré l’investissement de ses membres lors de la présentation en début d'année. L’heure était grave, le club ne tarderait pas à être associé aux clubs les plus ringards, si ce n’était pas déjà fait. L’ensemble des membres avait donc sollicité leur référent afin qu’ils puissent participer à la journée des clubs aujourd’hui. Le jeune professeur n’avait eu que peu de chance de survie face aux yeux larmoyants de ses petits protégés.
La grande moitié du petit nombre qu’ils étaient s’était donc levée ce matin pour tout préparer - l'autre moitié s'occuperait du stand cet après-midi - motivée et convaincue par leur idée : préparer des mochis devant l’assemblée. Si trop rares étaient ceux qui laissaient une chance aux traditions de les attirer, la nourriture aurait sans doute quelques attraits plus convaincants, avaient-ils tous pensés. Pour cela, ils avaient tous mis la main à la pâte. Il avait fallut ramener le matériel sur la place du parc, installer leurs tables et commencer à tout préparer.
D’un côté, les uns s’occupaient de monter le coin vente, là où seraient entreposées leurs créations, prêtes à être dévorées, ainsi qu’une caisse de fortune que Heiki - le grand parano du groupe - s’était auto-chargé de surveiller comme s’il avait s’agit de sa propre vie. De l’autre, on installait le « plan de travail », là où serait récupéré le mochi préparé pour le diviser et le fourrer à la pâte d’Anko. La mère d’un des membres leur en avait gentiment préparé une bonne quantité la veille.
Ogawa sensei fut réquisitionné par trois autres membres pour les aider à apporter l’énorme marmite de riz à mochi que la grand-mère d’une autre membre leur avait fait tremper la veille et leur avait déjà cuit, à l'aube – ce serait leur stock pour la matinée, qu’il leur faudrait tenir chaud à l’aide d’un réchaud. Mathéo s’occupait lui du devant de la scène, plaçant bien en avant l’usu, le kine ainsi qu’un saladier d’eau froide et des gants à côté. Lorsqu’il eu terminé, il aida à disposer sur la table de vente les petites fiches explicatives que les membres avaient préparées sur la fabrication traditionnelle des mochis.
« Ogawa-sensei... vous êtes certain de ne pas vouloir que je tienne le kine ?... Mes bras sont habitués à un effort soutenu avec la natation... » demanda Mathéo au référent lorsqu’une fois l’un en face de l’autre, ils eurent à se préparer pour commencer. Se charger de retourner la pâte au rythme des coups de kine ne le dérangeait pas. En revanche, perdre une main dans l’entreprise l’enchantait beaucoup moins.
#intrigue
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Yukio serra le bandana qui lui couvrait le front tel Rambo prêt à sauter en parachute au milieu des positions nord-vietnamiennes. Brûlants tels des blocs de soufre, ses yeux dispersaient alentours la détermination survoltée du guerrier prêt à remporter son duel. Habillé de blanc galbant ses muscles bandés, et les traits endurcis par l’opiniâtreté de sa motivation matinale, il était pour le moins méconnaissable. Lui qui, d'ordinaire, a fortiori en territoire universitaire, ne quittait pas son costume, se trouvait soudainement métamorphosé, tel un acteur jouant la plus belle représentation de sa carrière. Devant lui, un souffle épique faisait battre les cœurs tout en pavant sa route, et sa tenue éclairait les alentours de l'aura héroïque des protagonistes homériques de l'Illiade et de l'Odyssée. Ce matin, il était Achille, Hector, Ulysse et Ajax. Il brûlait de la force des braves, et saurait, par ses démonstrations de prophète démiurge, emporter l'admiration du campus tout entier. Le Soleil, dans le ciel, couvrait de son disque les preux représentants du club de traditions japonaises, et c'est ainsi, auréolés d'une lumière séraphique, qu'ils s'apprêtaient à aborder leur tâche sacrée. Dignes héritiers des siècles rugissants, hérauts flamboyant de la providence, soldats de la foi renaissante envers le passé, et chantres mélodieux des anamnèses salvatrices, ils marchaient vers leur ouvrage la tête haute, et le teint fier.
Aux côtés du Grand Paladin de l'Ordre des Gardiens de la Cérémonie du Thé, le chevalier Mathéo, Premier vainqueur du Tournoi des avaleurs de confiserie, tenu en haute estime par ses pairs, et admiré du bon peuple de Kobe, se tenait prêt à fournir, de ses bras agiles guidés par de célestes desseins, l'effort propre à sauver le Royaume du péril de l'Oubli. Déjà, derrière les barrières dressées par l'intendance prétorienne, la foule affluait, prête à hurler à ses champions son éblouissante exaltation. Devant le hardi Mathéo, au courage ardent, les demandes en noces ne manqueraient pas de se multiplier, la transe de l'arène nourrissant les vocations charnelles des masses en délires.
Par un geste des plus surprenants, et devant l'assistance médusée, le Maitre des Offices Ogawa tendit son marteau de guerre à son compagnon d'armes. L'objet, qui n'avait rien à envier au Mjöllnir des légendes, se trouvait cintré de bois, et cerclé de fer. Le kine de foudre, comme il fallait bien l'appeler, relevait d'un arsenal glorieux et immémorial. Fruit de la forge de l'Olympe, il avait été acheté en des temps anciens, trois jours avant, après une quête des plus prestigieuses, un trajet en voiture en heure de pointe. Devant cette pièce exceptionnelle, la ville entière ne pouvait qu'exprimer un désir de vénération, et l'on s'attendait à ce que tous ploient le genou.
Plaçant dans ses mots la gravité nécessaire à la commission d'un acte des plus conséquents, Yukio-sensei, tout en proposant à son apprenti de saisir l'artéfact qu'il portait encore, parla:
- Jeune Takahashi, vous avez déjà prouvé, à maintes reprises, votre valeur, et les colombes elles-mêmes savent louer votre vertu. Aujourd'hui, et puisque vous en êtes digne, vous tiendrez dans vos mains le grand Kine, et saurez par votre effort acharné sauver les préceptes de notre insigne cénacle.
Il ajouta, avec une noblesse affectée:
- Montrez-moi votre talent, mon frère, mes mains sauront vous en remercier.
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 550■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-5
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Mochi en folie
Dimanche 15 avril - 9h
Quelques ricanements habitués en coulisse, quelques sourires surpris dans la « foule » naissante mais surtout : le silence. Mathéo finissait par croire que Yukio Ogawa était plus qu’un simple sensei, qu’à ses heures perdues il s’entraînait depuis le plus jeune âge, travaillant ardemment pour atteindre le niveau suprême du Roi du silence. Pas celui qui se tait, en grand sage bouddhiste, mais celui qui parle tant et si bien qu’il impose le silence par la force des choses aux autres, leur enlevant tous mots, toutes réactions, les laissant seuls dans leur être-étant. Maître existentialiste de la voie du Tao, il possédait le don de mettre si mal à l’aise son entourage que ce dernier se dissipait dans le néant de l’être. Et, il était redoutablement saisissant, plus encore qu’un talentueux haijin.
Un jeune professeur, des mots qui résonnent, le silence tombe.
Circonspect, outré, troublé, souhaitant disparaître de ce monde… Mathéo avait l’embarras du choix, il pouvait même en acheter le package complet. Il termina de mettre ses gants – précédemment entravé dans son entreprise par les envolées lyrics du professeur – et prit une grande inspiration nasale en tendant le bras pour venir saisir le kine. « … Merci, sensei », posa-t-il humblement, en s’inclinant quelque peu pour satisfaire leur public. « Je… vais tâcher de m’en montrer digne et de faire attention à vos doigts » dit-il, le visage innocent mais le vice aux yeux, en commençant à s’échauffer les épaules, tâtant du marteau de bois pour en mesurer le poids. Il n’était qu’un simple et jeune étudiant, une erreur lui serait toujours pardonnée, n’est-ce pas ?
Pour les encourager, l’une de membres du club vint prendre position à leur droite, commençant sa tirade sur les origines chinoises du mochi, le pouvoir spirituel que lui prêtaient leurs ancêtres japonais, sa consommation au sein du pays du soleil levant à travers les grandes époques et enfin leur traditionnelle fabrication. Ils avaient bien travaillé pour impressionner leur audimat. « Le riz gluant est d’abord cuit à la vapeur » expliqua l’élève qui la remplaça tandis qu’on les aidait à verser une bonne quantité de riz encore bien chaud dans l’Usu. « Puis, il est battu à la force des bras dans un mortier, appelé « Usu » jusqu’à ce qu’il se transforme en une pâte gluante... » continua son camarade.
Le corps en position, les deux mains bien ancrées autour du manche de son marteau suprême, Mathéo frappa le riz, ne lui laissant aucune chance. On lui avait dit qu’il aurait à pousser des cris mais il se contenterait du silence jusqu’au bout. Ogawa-sensei était chargé de la lourde mission de retourner le riz écrasé, rythmant les coups de marteau donnés par Mathéo. Des efforts soutenus mais récompensés par la présentation de leur première pâte à mochi qui trouva sa place sur le plan de travail pour se faire fourrer et trouver les premiers acheteurs. L’étudiant profita qu’on leur versa de nouveau du riz pour retirer sa chemise, restant en débardeur. Les températures avaient beau être fraîches ce matin, il ne manquerait pas de suer dans l’Usu s’il continuait à surchauffer dans sa chemise. Mine de rien, cela donnait chaud tous ces coups de marteau. En reprenant le kine en mains, il releva les yeux sur Ogawa-sensei, le regard malicieux. « Vous êtes en forme, sensei. Et si on augmentait la cadence afin que tout le monde puisse admirer votre énergie ? »
#intrigue
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Le jeune Yukio, dix-sept ans passés dans la fin d'un été surchauffé de l'année 2006, avait laissé au vestiaire du parc le col de sa chemise, ainsi que la blancheur éclatante de son habit de lumière. Discoureur flambard vêtu de la tenue radieuse de l'arnacoeur errant, le gamin paraissait ici bien moins brasillant. Le fait de nager dans sa sueur n'y était pas pour rien. Bien moins prince charmant de la première classe que soutier du Titanic, il était métaphoriquement à nu, et n'avait plus pour seul artifice que son regard un peu trop sagace. Amuser les touristes avec du folklore commençait à le lasser. Dans la moiteur d'après-midis entières, il produisait un effort que sa musculature et sa carrure d'adolescent ne savaient pas encore tout à fait encaisser, et ses bras congestionnés finissaient par le tremper dans les flots d'une douleur impertinente. Qu'y pouvait-il ? Il ne tabassait pas du riz gluant sans raison.
Comme on eut pu le lui dire, il avait beau être destiné à marquer son époque, fallait pas déconner. Il avait bossé tout l'été, il devait faire des lovas, pour acheter bijoux à la Mama Lova. La go là l'avait un peu pris pour son Casanova, et il ne la ferait rêver qu'en lui offrant les ors d'un faste exubérant. Elle n'était pourtant point michto, mais pris dans l'engrenage de ses préconceptions romantiques, il ne jurait en pensées que par la magnificence de sa générosité. Elle voulait à jamais lui déshabiller son cœur, lui voulait la couvrir de pourpre et de diamant. Elle eut accepté de vivre d'amour et d'eau fraiche, tandis qu'il ne les voyait qu'en amants maudits, s'abimant dans le luxe des franges orientales de l'Empire, à l'image d'Antoine et Cléopâtre. Elle chantait la Bohème, il respirait des muses à la Byron.
Il l'ignorait, car les hommes ignorent toujours les choses importantes, qu'il perdait dans le suivi de ses rêves de grandeur ce pourquoi il se battait. Elle eut préféré qu'il passe son été avec elle, et avait bien tenté de lui signifier, sans toutefois y parvenir. Elle n'y était, à vrai dire, pas vraiment pour quelque chose, les oreilles de son prétendant savaient obérer ce qu'elles ne souhaitaient pas entendre. Bientôt, leur amour s'en irait rejoindre, dans le courant ininterrompu d'un Achéron au royaume de Vénus, le cimetière roulant des histoires déçues. C'était à peine triste, et c'était affreusement banal, c'était la vie qui passait. Il n'y avait rien à pleurer, car ne chantait-on pas: tant que y'a la vie, tant que y'a la vie, on dit toujours "y'a espoir", hey, hey.
Les yeux humides, presque conscients que l'avenir serait bientôt caractérisé par une rencontre à pleine vitesse contre le mur de la réalité biographique, Yukio attrapa son maillet, et en poussant un cri bref et intense, frappa la masse blanche de riz fumerolant.
***
Yukio sortit de la brève absence qui avait ponctué le rechargement du mortier, réveillé par la proposition espiègle de son élève. Fabriquer du mochi lui rappelait d'étranges souvenirs, et l'humeur de ses globes oculaires s'était colorée, l'espace d'un instant, d'une douceur amère qui l'avait aveuglé. Il se passa rapidement la main sur le front, comme pour se réveiller d'une sieste un peu trop longue, et considéra les mots de Mathéo pour les remplir de sens.
Augmenter la cadence ? Petit galopin pétillant, il le mettait au défi, cherchant à exploiter la fierté de son professeur pour le pousser à la faute. Il souhaitait évidemment emporter son professeur dans l'enveloppement de son orgueil, espérant le voir s'y vautrer à s'en prendre les pieds comme dans des rideaux. Yukio fronça les sourcils, ça marchait un peu trop bien à son goût. Il avait beau voir le chausse-trappe, il se voyait l'enjamber.
Tout en se rassurant intérieurement sur l'expérience acquise de ses aventures passées, en n'y croyant qu'à moitié, il planta ses yeux dans ceux de Mathéo, et lui lança, plein de hardiesse:
- Vous faites bien de proposer, jeune Takahashi, Je me voyais déjà me retenir jusqu'à la fin de l'animation pour ne pas vous imposer un rythme que vous n'auriez pas été en capacité de suivre. Promettez-moi juste de m'informer si jamais vous sentez vos frêles épaules vaciller.
Il se risqua à un clin d’œil, comme pour tancer son élève, et le mettre au défi.
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 550■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-5
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Mochi en folie
Dimanche 15 avril - matinée
Le visage impassible de Mathéo laissa passer de sa perplexité, le temps d’un levé de sourcil d’une seconde. Le professeur lui renvoyait sa rose pleines d’épines et lui se faisait avoir à son propre jeu en l’attrapant à pleine main. L’orgueil était l’un des sept péchés capitaux dont il espérait naïvement être épargné, y préférant la fierté qui pourtant n’était pas mieux. Elle y aurait eu tout autant sa place. Dire que les mots d’Ogawa-sensei le piquèrent serait un euphémisme, chacun d’entre eux avait été un opinel planté à la volé dans son amour-propre. Le clin d’oeil de son référent finit de le traîner dans la boue. Bien. Très bien. Puisque c’était lui-même qui avait initié la bataille, il acceptait le défis. « Bien sûr, Sensei » répondit-il en se redressant de toute sa hauteur, le regard brûlant d’une lueur qui lui était peu commune. Il échauffa rapidement l’une et l’autre de ses épaules avant de reprendre son marteau, prêt à démarrer. Leurs camarades relancèrent leur speach sur la méthode, ils seraient leur disque rayé pour ce début de matinée. Mathéo avait craint que cela ne puisse finir par l’agacer, heureusement toute son attention était portée sur Ogawa-sensei, il n’était pas en mesure de s’ennuyer.
Un coup, deux coups, trois coups. Il frappa, plus vite et plus fort, concentré comme jamais. Les deux mains bien ancrés au kine, il tenta néanmoins de se raisonner. « Ne t’épuise pas inutilement, fais attention à ton souffle, laisse le s’habituer au rythme. Ce sera un jeu d’endurance » fomenta-t-il intérieurement. Mathéo détestait les conflits car il abhorrait les confrontations, souvent bien trop lâche pour y faire face. Seulement, un défi, ce n’était pas tout à fait pareil et plus encore lorsque la mise était son intégrité. Hors de question de laisser Ogawa sensei gagner, il en allait désormais de son honneur. La foule se forma devant leur stand, leur offrant un œil curieux. Quelques encouragements amusés volèrent, lui colorant les joues de rouge. Frappe après frappe, il maintenait son rythme avec une extrême rigueur, ne se laissant pas déconcentrer. « Ouaaaaah ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que nos deux pro du Mochi sont motivés ce matin ! » s’exclama sa collègue. « Arretez, c’est bon, vous allez en faire de la purée ! Hahaha »
Mathéo déposa son marteau, le torse secoué par son pauvre coeur qui cherchait à calmer sa respiration. Il récupéra sa chemise pour s’essuyer le front et lança un œil au professeur. « Tout va bien professeur ? » le toisa-t-il. Ce n’était pas terminé, ils avaient encore quelques rounds à éprouver avant qu’il ne les quitte pour rejoindre le club de littérature. Dès que le riz fut déposé, il relança sa mise. « Essayons de faire mieux, c’est une chance d’avoir un partenaire aussi en forme que vous » dit-il solennellement avant de reprendre de plus belle. Plus rapide, plus vif, il donnait désormais tout ce qu’il avait. Seule sa respiration malmenée trahissait la souffrance que son corps cherchait à camoufler. Il espérait secrètement que l'enseignant abandonne avant lui... A ce rythme, il n'était pas certain d'arriver jusqu'au bout. "Encore un peu... tiens bon... Il faut juste qu'il lâche avant toi..." pensa-t-il.
Leurs deux commentateurs échangèrent un regard hésitant. "Vous êtes sûrs que ça ira tous les deux ? On devrait peut-être échanger après..." glissa l'un d'eux.
- Yukio OgawaPersonnel ; prof d'histoire-géo■ Age : 29■ Messages : 340■ Inscrit le : 09/05/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 28 ans
❖ Chambre/Zone n° : 1
❖ Arrivé(e) en : Fin Janvier 2017
Yukio lançait ses bras avec une haine presque animale envers le riz gluant. Passé à tabac par les deux brutasses du campus, ce dernier avait abandonné toute revendication. Rendu docile par la puissance des coups portés, il ne chantait plus, et l'on n'entendait, par delà les explications gênées des guides touristiques du stand, plus que les cris de ses tortionnaires. Tout en poussant les hurlements réguliers caractéristiques des scènes de lapidation du mochi, le professeur entretenait intérieurement sa rage, marronant dans son esprit, à la manière d'un mantra, une longue litanie d'injures infamantes.
* ...Saleté de riz de seconde zone, t'es même pas bio et t'as zéro label, je vais te monter en l'air ! Bâtard de tes grands morts de graminée domestiquée ! Tu vas repartir mal mon copain ! Ta rizière, elle a été irriguée à la... *
Pris dans le flot d'une intime violence langagière, l'enseignant ne percevait plus vraiment les événements alentours. Concentré, absorbé dans sa tâche, presque dans un état second, il frappait, frappait, avec la rigueur cadencée d'une machine guerrière. De manière plus qu'heureuse pour la santé mentale de l'assistance, les yeux du référent du club, fixés sur son ouvrage, ne s'égaraient pas. Qui s'y serait plongé aurait été, instantanément, transporté vers tous les cercles de l'Enfer. En retournant la pâte de riz comme un damné, il accomplissait l’œuvre de quelque engeance démoniaque, qui avait pris possession de ses muscles et de son esprit.
Dans ce sabbat sauvage, barbare, alouvi, même les remarques grinçantes et les respirations haletantes de Mathéo paraissaient lointaines, et le professeur n'y répondait même plus, se contentant de serrer toujours plus les dents. Il ne céderait pas en premier. Il irait jusqu'au bout, jusqu'à la rupture de ses ligaments, jusqu'au déchirement de ses nerfs et de ses tendons. Il continuerait jusqu'à s'en briser les os. La défaite n'était ni option, ni chose concevable. S'il eut fallu tuer la mort elle-même pour mettre la dernière des talmouses dans la mouille de ce tas d'amidon visqueux, il eut tôt fait de poignarder Thanatos en personne. Le combat était existentiel, l'abandon incognoscible. Que mille hommes eussent frappé du riz, il en eut été, qu'ils n'eussent été que 100, il eut encore bravé Sylla, qu'il n'en eût plus demeuré dix, il eut été le dixième, et s'il n'en eût resté qu'un, il eut été celui-là.
A mesure que le combat s'éternisait, l'assistance environnante se mit à retenir son souffle, sans qu'il ne soit possible de trancher les raisons de son mutisme relatif. D'aucuns auraient affirmé que le public se trouvait captivé par un duel de titans, d'autres qu'il était simplement gêné par le spectacle désolant de deux jeunes hommes poussés à l'autodestruction par de la fierté mal placée.
Les porteurs de microphone, commentateurs involontaires de la joute ordalique qui se jouait sous leurs yeux malheureux, avaient définitivement abandonné l'idée de ramener les bretteurs à la réalité. Dans une tentative désespérée de couvrir la situation, l'un d'eux risqua maladroitement:
" Cette performance des plus physiques a fait l'objet d'une préparation prolongée de la part de nos deux athlètes, qui souhaitaient vous montrer qu'au club de traditions, on est aussi des sportifs ha ha ! Surtout ne faites pas ça chez vous, nous avons là des professionnels ! "
Comme pour désavouer publiquement l'orateur en galère royale, ce fut le moment choisi par le professeur pour s'effondrer, sans coup férir. Pris dans son élan, l'enseignant avait désynchronisé son mouvement un très court instant, si bien qu'il avait frôlé le maillet lors de l'une de ses frappes, et, dans une brève secousse de recul, perdu le rythme; impossible de le reprendre, c'était comme à la corde à sauter. Retenir son hurlement de frustration ne fut pas difficile, il était physiquement à bout, y compris au niveau du souffle.
L'autre commentateur rebondit, sautant sur l'occasion:
" On applaudit bien fort nos deux démonstrateurs pour cet incroyable show !!! "
Des applaudissements se firent entendre, soit que l'effort fût réellement impressionnant, soit qu'un public bienveillant souhaitât préserver l'ego de deux hommes déjà bien en peine.
Dans des murmures exténués, Yukio glissa à Mathéo:
- Le respect des aînés se perd... Jeune Takahashi... De mon temps... on laissait gagner les vieux... par correction...
Il compléta, toujours épuisé et anhélant:
- Félicitations... Je vous tapoterais bien la tête... avec une bienveillance paternaliste... mais là je vais cracher mes poumons... Vous m'en voudrez pas...
Il toussa.
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 550■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-5
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Mochi en folie
Dimanche 15 avril - matinée
Bam… Bam… Bam
L’impact des coups donnés en rythme sur la pâte à Mochi rendait l’ambiance électrique. Les yeux curieux du public scrutaient les deux hommes et leur combat acharné avec fascination et crainte. La détermination d’Ogawa sensei et de son cher étudiant donnait à penser qu’une étincelle suffirait à faire flamber ce riz martelé. Et tout cela pour quoi ? Une passion déraisonnée ? Un goût du service ? Une ambition mordante de recrutement ? Mathéo savait bien qu’il ne s’agissait de rien de cela. C’était un combat d’égo, pour une miette de fierté. Un combat qu’il ne fuirait pas néanmoins, qu’il n’abandonnerait pas et cela peu importe combien ses bras le réprimandaient, sa raison le blâmait ou les cris terrifiants de sa respiration haletante. Son cœur peinait à suivre, peu habitué à ces mouvements de forgeron pâtissier, il réclamait davantage d’entraînement que ses heures de nage ne comblaient pas, mais tant pis. Ogawa Sensei réveillait un autre type de monstre en lui, un qu’il montrait rarement au grand jour mais dont il avait tout de même moins honte. Son goût d’être le meilleur.
Haah… Haaah… Haaaaah… Haahhhhh
Son souffle s’amenuisait, un point de côté lui piquait le flanc, il ne tiendrait plus longtemps. Il dû redoubler d’efforts pour ne pas lâcher le premier et bon sang, ce qu’il remercia le jeune professeur lorsque celui-ci abandonna leur bataille le premier. A quelques secondes près, c’était lui qui jetait l’arme. Son orgueil y aurait difficilement survécu. Épuisé, Mathéo laissa tomber le kine dans l’usu. Bien qu’il tâchait de ne pas montrer la peine que son corps subissait, il ne put l’empêcher de pencher vers l’avant. Respirer, c’est tout ce qui lui importait désormais, il lui fallait de l’air. Leurs commentateurs en chefs prirent le relais, le public applaudit. Il ne put néanmoins s’en réjouir, il n’entendait rien d’autre que son pouls. Seule la voix d'Ogawa-sensei parvient à ses oreilles. Ses yeux se levèrent sur l’enseignant lorsque ce dernier lui adressa la parole. Le pauvre homme avait l’air en aussi mauvais état que lui mais le constater lui fit plaisir.
Le professeur d’histoire géo avait raison. Par respect, on laissait gagner les aînés. Il en convenait. Seulement, pour une fois, Mathéo consentait à laisser la politesse au placard, ravi d’avoir remporté leur combat d’arène. Pourquoi faisait-il preuve de tant de hargne dès lors qu’il s’agissait de leur référent ? Mathéo n’était pas certain de le comprendre lui-même. Sans doute était-ce que, malgré toute sa mauvaise foi, il l’appréciait beaucoup. Yukio Ogawa réunissait un étrange combo de ce qu’il aimait et de ce qu’il n’aimait pas, ou plutôt se refusait d’aimer. Il avait un poste à responsabilité, était un bon professeur, tout ce que lui-même se souhaitait. Il l’avait aussi en grande estime, pour tout le savoir et la culture qu’il possédait. Et, il ne l’avouerait jamais mais son côté loufoque et décalé lui plaisait. Être un professeur comme il l’était, jamais l’étudiant n’oserait. Jamais il ne se l’accorderait. Pourtant, au fond, sans doute l’enviait-il. Aussi étonnant cela pouvait-il paraitre, entretenir la rivalité était une façon pour Mathéo de lui offrir tout son respect.
Amusé par l’aveu du référent, la glace tomba, un sourire étira ses lèvres et découvrit ses dents, presque carnassier. « Vous êtes... excusé, Sensei » lança-t-il essoufflé, une pointe d’arrogance dans la voix et la malice au fond des yeux. Lui aussi était exténué. Dire qu’il devait encore rejoindre le club de littérature... Heureusement, ses camarades virent à leur rescousse pour les remplace. Quittant le devant de la scène avec l’enseignant, il murmura : « … mais vous n’êtes pas si vieux, si je vous avais laissé gagner, cela aurait été tout de même un peu offensant pour vous. ». Poliment, il s’inclina, signant sa sortie au comble de sa joie. Il rejoignit le comptoir pour boire un coup, prendre le temps de se rhabiller et récupérer quelques mochis pour Seito. Avant de partir, il vint trouver son terrible adversaire pour lui offrir le produit de leur dur labeur en guise de tribut de paix. « Tenez, Ogawa-sensei. Vous l’avez bien mérité » souffla-t-il. « Je dois rejoindre le club de littérature, je vous prie de m'excuser. Bon courage pour la suite de la matinée ». Une autre courbette de politesse et il s’en alla, pressant le pas. Il ne faudrait pas arriver en retard, Seito compte sur lui.
#terminé
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