[TERMINE][Flashback] Call me friend, but keep me closer ♫

À peine rabibochées avec Maya, on s'est mises d'accord pour reprendre le footing ensemble. Ça va me faire du bien d'avoir une autre compagnie que celle de ma musique et ses airs mélancoliques. Faut dire que je n'avais pas trop le moral ses derniers temps.

Pas la faute à Maya, non. Mais au ras-le-bol de ne pas avoir la chance d'évoluer dans ma vie d'étudiante avec mes meilleures amies à mes côtés, du départ de Mitsuki, et aussi un peu du mauvais temps. D'ailleurs, à cause de lui, j'ai enfilé un hoodie aujourd'hui pour courir.

J'attends patiemment l'arrivée de la blonde en écoutant « Running Up That Hill  » tout en commençant par m'étirer tout doucement, dans la fraîcheur de l'aube. Elle ne devrait plus trop tarder désormais, en voyant l'heure s'afficher sur mon téléphone.

J'espère sincèrement repartir sur de bonnes bases avec elle, malgré nos sentiments et précédentes tensions dû à ces derniers. C'est venu tout seul pendant le test de courage, et le repas avec mon frère et sa copine. Mais peut-être que ce sera différent ce matin.

Enfin, en tout cas, je ne l'espère pas, du tout.

Bon sang, j'ai les doigts glacés. Je souffle dans le creux de mes mains pour grappiller quelques onces de chaleur, puis les coince dans la grande poche de mon hoodie. Il ne fait pourtant pas SI froid – une bonne quinzaine de degrés.

C'est sûrement dû à la fatigue.

En me redressant, je lève les yeux et vois Maya arriver. Les écouteurs ont tout juste le temps de sortir de mes oreilles pour l'entendre me demander comment je vais. Je lui souris, avant de lui répondre – hors de question de lui avouer être frigorifiée à cause de manque de sommeil.

« Ça va tranquille, et toi ? »

Je continue quelques peu de m'échauffer en l'écoutant parler du bal ; un véritable refuge après le calvaire du test de courage. Puis, j'ai pu présenter Maya à mon frère et Sumire-chan. Le courant n'était peut-être pas celui espéré... Mais au moins, il n'y a pas eu d'embrouilles.

« Oui ! La nourriture était super bonnes en plus... Fallait bien ça après le supplice du test de courage. Franchement, des ventilos et de la neige ? Ils voulaient nous faire attraper la mort ! »

Je m'arrête subitement dans mes jérémiades ; à mal interprété, Maya pourrait le prendre contre elle. Je me frotte la nuque un peu hébétée, gênée de me plaindre alors que d'habitude, je déteste faire ça. Mais j'ai une dent acérée contre ce fichu test.

« Je ne me rappelle plus du nom du site, mais il est dans mon historique. Je t'enverrai le lien quand je passerai sur le PC, il est grave quali. Puis, ton costume aussi était classe ! C'est toi qui l'a cousu ? »

Monsieur Lapin a bien eu le droit à une robe.

Ça devrait me faire plaisir de l'entendre dire « tout va bien » mais quelque chose au fond de moi me fait douter. Le dit-elle juste pour me convaincre et ne pas réveiller mon inquiétude ? C'est possible. Toujours est-il que je ne serai pas celle la mettant au pied du mur.

« On est peut-être juste des cobayes pour l'école... ça expliquerait les nombreux départs »

Bien sûr, je plaisante. On n'est pas dans une fiction ni des personnages d'un bouquin. Si c'était le cas, je ne serai même pas un perso secondaire, je ferai juste une seule apparition et on m'oublierait tout aussi vite par la suite... et me voilà encore à me torturer l'esprit.

Allez, une grande inspiration, tout va bien.

Je finis de m'échauffer en écoutant l'aveu de Maya, laquelle se serait énervée si le bal s'était démontré médiocre. Je pense que j'aurai également tiré la tronche si ça avait été le cas. On aurait été les deux rabats-joie de service à plomber l'ambiance !

« À partir du moment où tu étais pré... »

Je me coupe dans ma phrase, sentant un moment gênant arriver si je la termine. Ça sonnait cent fois mieux dans ma tête, alors heureusement, j'ai su m'arrêter à temps. Je comptais rebondir sur son commentaire sur sa robe, quand je bloque sur le nom Barrossa.

Sur le coup, j'ai cru qu'elle parlait de Montoro, et ça m'a fait bloquer. Pas que je l'imagine incapable faire de la couture, mais plutôt Maya avoir un mentor masculin...  Impossible. Alors oui, le « elle » m'a fait souvenir qu'il a une petite sœur.  

« J'ai son grand frère dans ma classe. Elle est comment la jeune Barrossa ? En tout cas, c'était réussi ! »

Ayant fini de m'échauffer, j'attends que Maya finisse ses exercices. Elle me parle de faire des sorties cosplays... et je m'interroge : sortir dans la rue, comme ça, sans raison particulière ? Ou bien dans un cadre un peu plus propice, comme :

« En convention ? Pourquoi pas, ça pourrait être sympa »

Même si, dans le futur, je choisirai une robe beaucoup moins échancrée. Ou carrément faire un crossplay qui irait avec le cosplay de la blonde ! Ça pourrait être chouette. Puis, au moins, j'aurais une excuse pour ne pas porter quelque chose de trop sexy.

« On y va ? »

Je suis pressée de courir et me vider la tête.

Donc tout ce qui nous entoure est une machination sortie des plus grands textes conspirationistes ? Les membres du personnel sont des blouses blanches sous couverture. Je vois bien Yamashiro-san prendre des échantillons de cheveux pour les renifler plus tard... Ouais nan, faut que j'arrête.

« Évidemment ! »

J'appuie ses propos, un sourire aux lèvres. Une plaisanterie, rien de plus. Mais c'est toujours drôle d'imaginer une autre réalité, avec plus de rebondissements et aventures que la notre. Parce que, mine de rien, notre vie de tous les jour est un peu trop... ordinaire ?

Heureusement, elle ne rebondit pas sur mon étourderie.

Je me demande vaguement si la jeune Barossa est aussi intimidante que son grand frère. Ça n'a pas l'air d'être le cas selon les dires de Maya. C'est cool qu'elle se fasse des amies au lycée, et que l'âge ne soit pas une barrière pour lier des amitiés.

« C'est chouette ça ! D'ailleurs en parlant de couture, vous avez fait une nouvelle tenue à monsieur Lapin ? »

Avec des potes ? Peut-être Tsumugi et Hina pendant les vacances ! Ce serait super de leur présenter Maya, en plus d'aller tous ensemble à une convention, habillées de cosplay. Je me tourne vers elle, un peu pensive à ceux dont elle fait allusion :

« Tu penses à quelles potes ? »

Parce qu'après tout, on n'a pas réellement d'amies en commun pour le moment. Alors autant, ça m'enchante de penser à mes meilleures amies, autant ça me fait flipper de rencontrer ses potes. Surtout s'il y a Yuna dans le lot... ce serait gênant.

« Yep, go ! »

On commence au petit trot, avant d'adopter un rythme de croisière. Plusieurs sujets de conversations popent et traînent dans ma tête, et ma curiosité me pousse à poser une question sur ses aventures lorsqu'on ne se parlait plus du tout :

« Tu savais qu'on a parlé plusieurs fois de toi dans le journal ? Je me suis inquiétée »

Bon, la conclusion, on aurait pu s'en passer.

Eh bien... mes sourcils se haussent en l'entendant dire que Monsieur Lapin, allait avoir une robe plus légère et turquoise... Je suis un peu sceptique. J'ai eu l'habitude de le voir assortie avec Maya, mais là, ça ne va plus être le cas... à moins que ?

« C'n'est pas trop la saison pour des tenues légères. Il va attraper froid le pauvre »

Je baisse les yeux lorsqu'elle me pose cette question fatidique. Je n'ai pas envie d'entamer le sujet de Yuna, alors je hoche la tête de droite à gauche. Pas que je serai jalouse de l'entendre en parler, mais on sait comment ça a terminé quand on l'a évoquée.

« Y a eu deux occurrences. Un truc genre : une gothique et un mec se sont tapés dessus dans la bibliothèque. Et une loli se serait embrouillé avec quelqu'un sur le campus. Je connais pas grand monde ici, donc je pourrais me tromper... Mais ça m'a fait penser à toi. »

Je n'avais plus de nouvelles, donc voilà...

Faut voir le résultat final avant de se prononcer. Je ne suis pas particulièrement fan du turquoise, voire même pas du tout. Trop criarde comme couleur, trop voyante. Je préfère les tons un peu plus neutres.

« Il va être trop mignon avec des bas ! D'ailleurs, t'as une tenue assortie ? »

Je ne l'ai jamais vu qu'en noir avec une touche de couleur ou du blanc. Alors passer sur du turquoise serait un très gros changement. Peut-être que la couleur lui ira bien au teint ? Enfin... J'y connais rien du tout alors je brasse du cerveau pour rien. Maya évoque Doge :

« Il fait tranquillement dodo sur mon lit »

Je ne précise toujours pas qu'il me sert de coussin ou de mini body pillow à l'occasion. Quant aux restes de la conversation, j'allais m'excuser d'avoir tirer tes conclusions trop hâtives, mais sa dernière question m'arrête juste à temps.

« Ce que ça change ? Je sais pas. Ce serait dommage que tu finisses expulsée à cause d'un coup d'éclat ou d'un mec un peu relou. Puis se battre... c'est... pas ouf. Tu pourrais tomber sur plus fort que toi ou blesser quelqu'un »

Je ne dis pas qu'elle est faible, loin de là.

Gare au pensées qui trottent dans ma tête : si je lui dis avec empressement vouloir l'admirer dans sa nouvelle robe, elle pourrait y voir une faille. Je hoche du chef de droite à gauche, tout en continuant de courir, pour me remettre les idées en place. Je tape donc à côté :

« Quel atelier ? »

Pas expulser sur ce genre de trucs ? Là, j'ai de grands doutes. KHS ne laisse pas impuni les gens faisant acte de violence. Alors si elle s'est vraiment battu avec quelqu'un, elle a à minima eu des heures de colles. Mais je pense que c'est plus que ça :

« C'est quoi l'histoire au juste ? Si tu n'as pas été expulsé, lui, il l'a été ? Pourquoi il a voulu te renverser une étagère dessus ? »

Connaissant Maya, elle ne doit pas être si innocente dans cette histoire. Vu sa misandrie, elle a très pu le provoquer au point de le sortir de ses gonds. Même si je n'ai jamais assisté à ces accès de colère... eh bien, les bruits de couloir, il y en a, sans oublier le journal.

C'est vrai. La Maya que je connais, et celle dont parle les rumeurs, ont tout un monde de différence. Je n'ai presque jamais vu ses mauvais côtés.. mais je sais qu'ils sont présents. Peut-être que si j'avais été un garçon, on se serait tapés dessus.

Je continue de courir en silence, déconcerté.

Ha! Je suis bête, j'aurais du comprendre qu'elle parlait de l'atelier couture. J'avais complètement oublié son existence, mais je l'avais vu passer dans le journal je crois. Malgré ma curiosité, je n'ai pas osé y aller, ayant peur de croiser Maya et faute d'être une complète néophyte.

« C'était comment ? N'importe qui pouvait participer ? »

On sait jamais... si un autre atelier se fait, j'oserai peut-être y aller en sachant que Maya si trouve cette fois-ci. Comme quoi, en l'espace de deux mois, on peut changer totalement d'avis sur la présence ou non d'une personne. Aujourd'hui, je n'aurai plus peur de la croiser.

« Tu te souviens du nom du type ? »

Peut-être est-ce une de mes connaissances, et je lui demanderai des explications pour agir comme ça. Après tout, je ne suis pas choquée des dires de Maya, je savais que le feu avait pris à cause d'un livre ne voulant pas être partagé.

« Et l'étagère est tombé sur la bibliothécaire, c'est ça ? »

Je sens la colère qui ébranle Maya, en parlant de la convocation et du type. Je n'ai pas envie de l'énerver en se rappelant de choses agaçantes, alors je me tais. J'ai d'ailleurs sûrement posé trop de questions à ce sujet, alors que j'aurais pu le laisser mourir.

Arf, je sens venir un début de point de côté.

Incroyable ça. Une ambiance détendue avec potentiellement des garçons, et Maya dans la même pièce ? J'ai un peu de mal à y croire, mais si c'est ce qu'elle dit... c'est probablement vrai. Aussi vrai que, plus tôt, elle me disait ne pas être la fille des rumeurs.

« Seito... Mori ? »

L'ex-petit ami de Mitsuki-chan. Je le connais assez peu, malgré le fait de l'avoir eu comme camarade de classe. Il avait l'air gentil, et incapable de faire le moindre mal à une mouche. Enfin... ça, c'était avant les tensions avec Mora-san.

Je ne compte pas aller le chercher par la peau du dos ou lui faire un procès. Je me base en général de mon propre ressenti, plutôt que celui des autres, surtout avec Maya, quand ça concerne quelqu'un. Mais là, même avec toute la volonté du monde, je risque d'avoir des a priori.

Si c'est Mori-san qui a fait basculer l'étagère, qu'a-t-elle fait en échange pour être virée ? Encore une voie où l'omission prône. Ça commence à me fatiguer qu'elle parle à demi-mots, soi-disant pour ne pas m’inquiéter, mais plutôt pour cacher ses accès de violence.

« Virée pour quoi et combien de temps ? »

Tant pis. Je ne voulais pas la faire avancer dans son emportement, mais j'ai besoin de la confronter pour savoir de quoi il en retourne. Si elle m'en veut d'en parler autant, fallait mettre cartes sur table directement.

Je modère mon pas de course, me mettant à trottiner. Je lève le bras droit et fait quelques mouvements circulaires pour faire passer le point de côté. Au bout d'un moment à faire l'hélice comme une idiote, la douleur s'amoindrit jusqu'à disparaître.

Ce n'est pas aujourd'hui que ça va m'arrêter.

J'avais juste juste alors : c'est bien Mori-san. S'il arrive à ennuyer Mora-san – lui et son impulsivité - au point de se prendre un poing dans le ventre, la misandrie de Maya a du être poussé à son paroxysme ou presque.

Virée, quelques jours, rien de grave ? Rien ne va dans cette phrase. Un nouvel accrochage violent avec quelqu'un, et ce sera l'exclusion définitive. Comment lui faire comprendre de se calmer un peu ? Comment lui dire sans lui avouer l'appréhension de l'imaginer se faire expusler ?

« Ça m’ennuierait que tu sois virée de l'université »

Je l'ai déjà plus vu pendant presque deux mois... je ne veux pas que ce soit irréparable. Maya s'arrête, les bras croisés, alors je cesse de courir aussi. Pourquoi elle se braque autant ? Je ne suis pas contre elle, même si je la pousse un peu fort aux aveux.

« Tu ne t'es jamais dit que si tu te montrais un peu moins hostile envers les mecs, ça te sauverait de beaucoup de situations désagréables ? »

Je soupire, les yeux braqués sur les siens.

K.O Technique. Sa réflexion me donne l'effet d'un coup de poing au ventre ; je l'encaisse comme je peux, touchée durement. Ça ne m'énerve pas, ça me blesse au plus profond de moi. Je réponds froidement :

« Si c'est vraiment ce que tu penses, pourquoi on se reparle alors ? »

Je chasse tout ce qui vient ensuite. Je n'ai pas envie de jouer avec elle, de ce qui est vrai ou faux. Peut-être que Mori-san a été particulièrement ennuyant, mais le comportement de la blonde a sûrement mis le feu aux poudres, comme toujours.

« Les ignorer, c'est si difficile que ça ? »

Mes sourcils s'abaissent alors que je lui sors :

« T'as bien réussi à le faire avec moi pendant deux mois »

Je prends la même posture, tel un miroir.

La mine renfrognée, je l'écoute vaguement. Certes, son expulsion ne nous empêcherait pas de nous voir. Mais si elle n'est plus logée à KHS, où est-ce qu'elle va atterrir ? Quel employeur voudrait d'une misandre incapable de gérer un mec sans s'énerver ? Elle ne pense pas à tout ça.

« Les mecs ne sont pas tous des abrutis, tu peux bien admettre ça au moins »

Je ne lâche rien, les bras croisés. Je comprends ce qu'elle me dit, à quel point c'est difficile d'ignorer quelqu'un qui nous ennuie profondément. Mais ce n'est pas une raison pour être toujours sur branle-bas de combat dès qu'il s'agit des garçons.  

« Certes, oui »

Maya a raison. Il n'y aucune comparaison à faire, mais la douleur m'a fait mordre l'espace d'un instant. Maintenant que je sens de la peine dans sa voix, ça m'adoucit malgré moi. Je déteste être une langue de vipère, et là... c'est tout ce que j'ai été.

« On aurait pu continuer de parler par SMS si c'était trop difficile en face à face »

Je soupire, et laisse mes bras retomber le long de mon corps. Oui, ça m'a blessée. Mais je l'ai blessée aussi en rejetant son affection. On est un peu coupable toutes les deux dans cette histoire... ce n'est pas juste Maya qui a merdé.

« Désolée aussi... »

Une moue  se forme sur mes lèvres, penaud.

Mais quelle mauvaise foi. « Les » qui devient « la plupart », c'est facile de jouer avec les mots pour trouver un terrain d'entente. Même si je sais qu'au fond, elle les mets tous dans le même panier, sans aucun scrupule.

« C'est vraiment quand tu veux que tu dis la plupart »

Oui, bon. C'est sûr qu'après l'échange qu'on a eu – très houleux, tenir une simple conversation par sms aurait été compliqué. Mais de-là, à attendre un coup du destin, deux mois plus tard, c'est différent. Je suis quand même partie en lui disant presque que j'attendais juste un message d'elle.

« Parle pas de ça ici, s'il te plaît, on sait jamais »

Je regarde autour de nous, méfiante, mais aucune âme qui vive. Avec un tout petit peu de chance, personne l'a entendue dire « te récupérer, t'embrasser » Je grimace malgré moi, en repensant au baiser qu'on a échangé, baissant les yeux au sol.

« Merci »

Heureusement, elle ne m'en veut pas, ou plus. Ce serait compliqué de maintenir une relation seine si l'une d'entre nous garder de la rancœur pour l'autre. Même si je ne sais pas si elle a toujours des sentiments pour moi, je sais de quoi il en retourne de mon côté.

« Vui, ce qui est fait, est fait »

Je commence à avoir froid de faire du sur place. Je lève les yeux vers Maya, cherchant à attraper son regard. On ferait mieux de retourner courir plutôt que de s'embrouiller comme des enfants en mal de communication. T'façon, le ton est redescendu.

« On continue de courir ou tu préfères rentrer ? »

Si elle s'arrête, je continuerai toute seule.

Non, juste non. Dire qu'il y a quelques secondes, je pensais naïvement qu'il n'y avait plus de rancœur entre nous deux, sa phrase sonne le contraire. Un instant, j'ai dû avoir un air ahuri tellement je trouve ça hors de propos.

Maya sait pourtant que je ne souhaite pas faire de coming out. Alors, oui, certes, c'est penser à mon image, mais ce n'est pas pour autant superficiel. Il en va de la stabilité de ma vie de famille, déjà aux bords de l'explosion avec mon père.

« Crache ton venin si tu veux. Je l'ai dit sur le ton de la colère, je l'ai pensé très fort, mais regarde, ça ne m'empêche pas de te parler malgré ce qu'on peut en dire. Alors respecte au moins mon choix »

Je rouspète un peu, ne m'excuse pas, et fait la moue à la dernière phrase de la blonde. Si elle voulait paraître impersonnelle, elle a réussi son coup. Je ne réplique pas, et me met à courir, plus vite que d'habitude, pour la faire galérer un peu.

Maintenant, à voir si elle tient le rythme.

On n'arrête pas de se tirer dans les pattes. Alors je trace ma route, accélère encore un peu en l'entendant dire « Hey, hey, attends » et tombe des nues en entendant la fin de sa question. Plus question de courir, je m'arrête net, sur place.

« Bien sûr que n... »

Et me fait percuter violemment par Maya, qui était juste derrière moi. Je m'éclate au sol, comme une poupée de chiffon. La douleur est vive, et soudaine... et je ne peux que maudire ma stupidité. J'ai foutrement mal. Je roule sur le dos, pour reprendre ma respiration.

« Ça va ? »

Dans quel état se trouve Maya de son côté ?