Une pointe de fantaisie [Ft. Shintaro Lawson]

On ne peut pas dire que je sois le type le plus doué pour repérer les émotions des autres ou capter le moindre signe, mais là, même moi j'arrive à me rendre compte qu'Elizabeth a vraiment l'air super hypée par la description (pourtant sommaire) que je lui fais de cet endroit que j'ai pu visiter. Et même si elle ne cesse de m'étonner (j'ai dit que je ne suis pas doué pour cerner les gens) je dois admettre que je ne m'attendais pas à la voir prendre cet air intéressé. Ok, c'est vrai, je trouve ça un peu mignon, mais seulement parce qu'après ce qu'elle vient de me dire sur ses précédentes destinations, je ne la pensais pas encore capable de s'extasier de la sorte. J'ai un léger sourire que je ne cherche pas à réprimer avant de répondre simplement.

- "Ne te contente pas du lac quand même, tu passerais à côté de certaines choses cools."

Mais évidemment, ce ton plus posé qui s'était étrangement installé entre nous ne dure pas éternellement, et je crois que je commence à reconnaitre cet air malicieux qu'elle prend avant de me proposer de me tenir la main. Alors non, clairement, je ne risque pas de mal le prendre. Au contraire. C'est plutôt agréable cette dynamique qu'il y a entre nous. Faut croire que j'ai toujours préféré les chieurs et chieuses (une fois qu'ils ont prouvé pouvoir supporter mes mauvais côtés tout de même).

- "Désolé de te décevoir, mais t'as déjà épuisé cette carte pour avoir l'honneur de me tenir la main. Va falloir trouver une autre excuse !"

Ouais, et moi j'aime bien celle de la provoc, c'est vrai. Mais c'est encore le genre de réponse qui me vient le plus facilement. Ce qui n'altère en rien le moment qu'on passe ensemble, plutôt cool et sans (vraie) prise de tête. Je ne m'attendais pas trop à ce que ça se passe de la sorte, mais je ne vais pas m'en plaindre. On fait le tour de divers stands tout en parlant de nos goûts personnel et de nos lectures. Je cite quelques titres parmi mes préférés, FMA bien sûr, Hunter X Hunter, Soul Eater ou encore Shaman King, au milieu des gros classique comme One Piece ou la série des Dragon Ball. Ouais, là aussi je suis assez étonne de voir que nos goûts se recoupent en la matière.

Et bizarrement, le temps passe plutôt vite. Alors ouais, quand la miss fait remarquer qu'elle commence à avoir la dalle, eh bien elle n'est pas la seule. On arrive à trouver un coin tranquille pour se poser et je ne suis pas mécontent qu'on ait déjà de quoi faire. Parce qu'avec les prix affichés (et de ce que j'ai vu de la bouffe des stands) ça ne donne pas des masses envie. Et je ne parle même pas du monde massé devant chaque point de vente. Alors quand Elizabeth mentionne son intention d'aller y chercher quelque chose malgré tout, j'avoue que je suis un peu étonné.

- "T'as vraiment la motiv pour te taper la queue maintenant ?"

Ok, ça ne répond pas à la question. Mais ouais, bien sûr que là tout de suite, je ne comprends pas bien l'intérêt de s'être arrêté à l'avance si c'est malgré tout pour passer par cette étape. Sans compter que j'ai bien capté que ces dernières minutes elle a l'air un peu moins débordante d'énergie que ce qu'elle ne montrait jusque là. Alors peut-être que je n'ai pas très envie de la laisser attendre toute seule au milieu de tout ce monde pour une boisson.

Est-ce que c'est un genre de question piège ? Du style si je réponds un "ouais justement", je me fais assassiner du regard ? D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi je réfléchis à ce genre de problème. Ce n'est pas comme si  j'en avais quoi que ce soit à foutre d'habitude. Peut-être parce que, justement, elle n'a pas l'air au top là tout de suite et que je n'ai pas envie d'en rajouter ? Ok je me gonfle juste moi même à trop réfléchir là, alors c'est simplement un soupire qui m'échappe.

- "Ca aurait été plus simple de commencer par là au lieu de jouer aux devinettes. Et reste assise."

D'accord, maintenant c'est un peu plus clair dans ma tête, et je n'ai pas très envie de la voir se lever en sachant qu'elle manque d'énergie. C'est assez classique ces baisses de tension dans ce genre de convention. Entre le monde, la chaleur, les stimulus de toute part, les quelques kilomètres parcourus malgré tout et l'attention attirée de toute part.

Je fouille dans mon sac à la recherche de la canette de limonade achetée un peu plus tôt. Parce que ça pour le coup, en matière de shoot de sucre, on est pas mal. Je ne tarde pas à mettre la main dessus et la fait glisser vers Elizabeth. Bien sûr que je ne vais pas la laisser dans cet état sans rien faire.

- "Je ne pensais que t'étais capable d'être à cours d'énergie."

Ce n'est pas dit méchamment. Mais, vraiment, jusqu'à présent, elle me donnait davantage l'impression d'être ce genre de personne qui est toujours à 100%, incapable d'avoir une baisse de régime.

Moins belle que d'ordinaire... ? Qu'est-ce que c'est que cette réponse ? Je lève un regard un peu étonné vers elle à cette déclaration et... Il faut se rendre à l'évidence, je ne sais absolument pas quoi répondre.

- "Qu'est-ce que ça peut faire ? C'est pas comme si t'avais encore besoin de m'impressionner."

Non, ce n'est sûrement pas ce qui était attendu mais... Ok, elle n'a actuellement pas le même éclat qu'en début de journée. Et en même temps, je crois avoir vu pire alors, ouais, bien sûr que je m'en fous. Ce qui m'intéresse le plus actuellement, c'est qu'elle évite de faire un malaise là tout de suite. Alors bien sûr que je lui file de quoi regagner un peu d'énergie. Ce n'est pas comme si j'y tenais absolument.

Quant à savoir si je tiens à ce qu'elle m'en paie une autre ou si ça ne me dérange pas qu'on partage...

- "Non, j'm'en fiche."

Est-ce que je m'en fiche réellement ? Ok, j'ai peut-être répondu juste par automatisme. Genre non, bien sûr que je suis au dessus de ce genre de considération. Pourtant, mon regard qui s'arrête sur la canette en dit long sur mon hésitation du moment. C'est à dire que, ce n'est juste peut-être pas dans mes habitudes. Ouais ok, les seules fois où j'ai fait ce genre de choses c'était soit avec mes frères (mais fallait quand même un peu se battre pour avoir droit à la canette), soit avec une fille avec qui je sortais sur le moment. Donc, en fait, j'en sais rien.

Et puis de toute façon je n'ai pas soif, ça règle le problème. Non, bien sûr. Ce n'est pas comme s'il faisait hyper chaud et qu'on venait de se taper une matinée à piétiner au milieu de tous ces stands. Je sors mon repas en suivant et ça fera très bien l'affaire ! Oui.

- "Ah ouais, t'as carrément la dalle en fait ! T'es sûre que t'arriveras à venir à bout de tout ça ?"

On ne peut pas dire que je suis très branché dessert. Ni bouffe tout court en fait, je mange parce que mon corps en a besoin, mais ça s'arrête là. En revanche, je peux peut-être me laisser tenter par un bubble tea, c'est vrai.

Qu'est-ce que je veux dire... Il va vraiment falloir que je reformule ? Non mais parce que du coup, je n'en suis pas super sûr. Ou plutôt, je sais que ce n'est pas mon domaine de prédilection. Pourtant, je vois bien à son regard que ce ne serait pas super cool de ma part de la laisser avec ses interrogations en tête.

- "J'me fiche que tu sois plus ou moins belle, et ce n'est clairement pas le critère sur lequel je me suis basé pour accepter de passer cette journée avec toi. Alors je préfère savoir direct quand quelque chose ne va pas, plutôt que d'avoir à étudier la couleur de ton teint en permanence pour m'assurer que tu ne prennes pas de décision stupide."

Est-ce que c'est plus clair ? Aucune idée. Mais c'est que je me connais un peu, et laisser les gens faire ce qu'ils veulent même quand ça m'a l'air d'être une grosse connerie, c'est plutôt ma façon de faire générale. Si elle n'avait pas reconnu que ça n'allait pas fort et que c'était la raison de sa recherche de sucre, je ne me serais probablement pas inquiété plus que ça. Et je n'ai pas très envie de prendre le risque de devoir trouver le coin des urgences.

Si cette discussion m'a quelque peu froissé, je reprends assez vite mon état habituel en commençant à manger. Déjà, je suis maintenant sûr qu'elle ne va pas mettre ce plan stupide à exécution, et j'ai de toute façon ce qu'il faut sous la main pour l'aider à retrouver un peu d'énergie. Énergie qu'elle retrouve bien trop vite à  mon goût puisque sa question beaucoup trop directe me fait avaler de travers et il me faut calmer cette toux qui me prend avant de pouvoir répondre.

- "N'importe quoi ! J'pensais pas du tout à ça ! J'ai juste pas trop soif pour l'instant. Et puis t'en as bien plus besoin que moi, j'irai choper de l'eau tout à l'heure, ça fera l'affaire."

Ok, c'est peut-être pas la réponse la plus crédible que je puisse fournir, mais c'est à dire que je ne m'attendais pas du tout à cette réaction. Je sais bien que je suis désormais dans une école internationale et que les étrangers ont tendance à être un peu trop libérés sur le sujet, qu'il va falloir que je m'y fasse, mais je n'étais juste pas prêt. Et j'ai comme l'impression qu'elle n'est pas du genre à se soucier de la foule présente pour mettre ce genre de plan à exécution. Non, je ne suis pas sûr que je sorte gagnant à me lancer dans ce genre de jeu avec elle.

Et puis si on va chercher quelque chose plus tard, j'aurais tout le temps de reprendre quelque chose à ce moment là.

Attentionné n'est clairement pas le qualificatif que j'ai le plus souvent entendu pour me décrire. Je n'ai donc pas trop de mal à comprendre que ce n'est pas vraiment à prendre au premier degré. De toute façon, elle ne me laisse pas plus de temps pour y penser, puisque c'est avec un regard soupçonneux que je la regarde venir prendre place à côté de moi. J'ai comme l'impression que ça ne va pas me plaire des masses. Ce qui se confirme très vite avec cette nouvelle question.

- "Ce serait une excuse vachement pratique pour m'embrasser ça."

Je suis sûrement un peu trop provoc. Et je sens bien que ce n'est clairement pas la meilleure stratégie que de me lancer dans ce genre de jeu avec Elizabeth. Est-ce que je sais qu'elle en serait capable ? Je n'ai aucune certitude, mais je n'ai pas trop de mal à l'imaginer être du genre à ne pas vraiment se soucier de qui est-ce qu'elle peut bien embrasser. Ou en tout cas, à ne pas s'en montrer gênée.

- "Mais tu ne me forceras pas à quoi que ce soit avec ce genre de menace."

Non, évidemment qu'il n'est pas question que je me plie maintenant à cette demande. Peut-être bien que j'ai un peu soif. Et éventuellement, cette stupide histoire de baiser indirect m'a peut-être traversé l'esprit. Mais maintenant, je crois que mon esprit de contradiction s'est réveillé. Je ne touche donc pas à cette canette, et malgré mon cœur qui bat un peu trop vite sous ce petit coup de pression qu'elle arrive à me mettre, je soutiens ce regard en prenant un petit sourire légèrement provocateur.

Je vois bien ce petit jeu de regards, évidemment. Tout comme je sais parfaitement ce que ça veut dire. Mais j'ai de toute façon été bien trop loin pour abandonner maintenant. Non, une petite part de moi croit encore qu'elle va se raviser. Ce n'est qu'un jeu. Elle cherche seulement à me pousser à la fuite. Je suis un peu borné ouais. Alors je n'esquisse aucun mouvement, la laissant seulement faire son petit manège.

Jusqu'à ce que. Jusqu'à ce qu'elle arrive encore une fois à me prendre au dépourvu. Oui, elle me l'avait dit. Et plus d'une fois. Pourtant, j'arrive quand même à en être surpris. Quand je sens ses lèvres se poser sur les miennes, j'ai l'impression que mon cœur s'arrête de battre les quelques courtes secondes que dure cet instant. Mes yeux s'agrandissent sous la surprise et tous les muscles de mon corps se raidissent, m'empêchant de faire le moindre mouvement. Ça ne doit clairement pas être le baiser de l'année.

C'est elle, finalement, qui se recule, me laissant seul avec ma stupéfaction. J'aimerais ne rien laisser paraitre. Donner l'impression que je me fiche totalement de ce qui vient de se passer. Mais tout tourne actuellement beaucoup trop vite dans ma tête pour que je puisse avoir l'air crédible. C'est comme si mon cerveau n'arrivait pas à se focaliser sur autre chose que ce petit goût sucré qui reste sur mes lèvres. Alors oui, c'est vrai, la dernière fois qu'une fille m'a embrassé, ça commence à remonter à... Longtemps. Très longtemps. Mais je ne pensais pas pouvoir être perturbé aussi facilement pour autant.

Heureusement, j'arrive à me raccrocher à ses paroles pour remonter à la surface. Et je ne me rends compte que maintenant que mon coeur, après ce court arrêt, bat désormais beaucoup trop vite.

- "Tu n'as vraiment aucune limite ?"

Ce n'est même pas méchamment dit. Bizarrement, je ne lui en veux pas. Peut-être parce que quelque part, j'ai bien conscience qu'elle m'avait prévenu. Et que j'ai peut-être été un peu trop loin. Mais en même temps...

- "J'pensais pas que tu tenais tant à c'qu'on partage une canette... J'm'en souviendrai."

Suite à quoi je me recule légèrement (ok, je crois que mon cœur atteint vraiment ses limites là !) et attrape finalement cette canette. Au point où on en est hein...

Si ce n'est déjà pas super simple de feindre l'indifférence suite à ce pseudo baiser que je n'imaginais pas réellement avoir lieu malgré plusieurs mises en garde, je n'avais sûrement pas besoin de voir deux gamines se pointer pour leur leçon de bisou. J'ai juste envie de disparaitre. Quelle horreur. Tout s'enchaine tellement vite que je suis incapable de faire quoi que ce soit d'autre que d'ouvrir grands les yeux sur ce sermon totalement improbable. Et je comprends à peine la moitié de ce qu'elles racontent.

Les reproches (déguisés en conseils) s'enchainent et je reste figé sur place, clignant par moment des paupières. La ligne de mes lèvres dessinant un trait parfaitement droit, il me faut encore quelques secondes pour réaliser une fois qu'elles ont tourné les talons sous l'appel salvateur de leur mère. Ce n'est que le rire d'Elizabeth qui me fait revenir à la réalité pendant que je tourne un regard dur dans sa direction.

- "J'vois pas ce qu'il y a de drôle."

Réaction de protection typique, le renfermement sur moi-même qui s'accompagne de mon air renfrogné classique quand quelque chose me déplait. D'autant plus que la miss a l'air très amusée par la situation et en remet même une couche.

- "Désolé de te décevoir, mais venant de ma part, princesse n'est sûrement pas un compliment."

Râler me permet au moins de retrouver un semblant de contrôle sur moi-même (à défaut de contrôler la situation).

- "Et, tu as eu de la chance de m'avoir par surprise, si tu tiens vraiment à ce qu'il y ait une prochaine fois, ce ne sera pas aussi simple."

J'affiche à nouveau ce sourire légèrement provoquant en répondant de cette façon que je maîtrise et qui me redonne un minimum confiance. Même si après ce qui vient de se passer, il faudrait peut-être que j'envisage un autre mode de communication avec Elizabeth. Sauf que le problème, c'est bien que la communication de vive voix n'est sûrement pas l'un de mes points forts. Alors je fais avec ce que je connais.

La suite du repas se passe sans incident majeur, et après avoir fait une petite pause bien méritée à l'extérieur (le temps de faire de nouvelles photos et filmer quelques secondes d'un défilé de cosplays particulièrement réussis) on passe à la suite du plan de la miss à savoir, le bubble tea. Grenade passion pour moi, et je n'ai même pas le droit de payer. Oh, je ne suis pas du genre à insister, mais ce n'est pas non plus le genre de chose que j'oublie si facilement. Je la remercie tout de même avant qu'elle ne fasse remarquer qu'il est temps de passer à la suite (et fin) du programme.

- "Yes ! Et le timing va être serré pour voir tous ceux qui sont intéressants !!"

Parce que si je m'intéresse évidemment à ce que ces personnes très influentes dans le milieu manga ont a dire à cette occasion très spéciale, je compte bien en profiter pour en faire un petit résumé sur mes réseaux. Le relai d'information est aussi un rôle important qui me permet de garder une partie de ceux qui me permettent de gagner de l'argent.

Chaque mangaka ayant son propre stand, les horaires ont beau être bien définies, la fin de ce marathon reste particulièrement intense, mais on ne s'en sort plutôt pas trop mal. Et après une grosse heure à avoir à nouveau parcouru les allées de ce salon en zigzagant entre toutes les personnes présentes, on arrive enfin au bout de ce programme. Et je suis épuisé. Je n'ai jamais été un grand sportif ok. Le flot de spectateurs se réduit doucement, la fin de la journée se profilant pour tout le monde.

- "Ca va aller la route pour le retour ? Ou tu préfères qu'on se pose un peu avant ?"

Parce qu'elle a beau avoir largement repris des couleurs (et de l'entrain) par rapport au petit épisode à vide de ce midi, eh bien il y a mine de rien un peu de trajet pour rentrer jusqu'à Kobe.

Non, clairement, je ne devrais pas poursuivre sur cette voie avec Elizabeth. Le problème, c'est bien que je ne sais pas trop faire autrement alors... Tant pis. Et puis, étrangement, je ne me sens pas si mal à l'aise. Au contraire. Faut dire qu'habituellement, j'ai plutôt tendance à vite agacer/vexer les autres, ce qu'ils me font bien remarquer (quand ils ne se contentent pas de fuir ou de s'enfermer dans une forme de mutisme). Alors, ouais, ça me change sûrement un peu. Et ce n'est pas si désagréable.

Sans compter qu'elle apprécie visiblement aussi certains de mes passes temps principaux alors, quand le moment est venu de rentrer, je n'éprouve pas de difficultés particulières à me montrer relativement loquace. Mais il ne faudrait peut-être pas en demander trop non plus. Non, je crois que je me suis montré bien assez sociable pour aujourd'hui ! Un retour au calme à passer ma soirée devant mon ordi et laisser mes doigts s'exprimer pour moi sur mon clavier me parait être le meilleur plan.

- "On vient de passer toute une journée ensemble et étrangement, ça s'est plutôt bien passé, je crois que je préfère rester sur cette victoire plutôt que de prendre davantage de risques en poursuivant sur une soirée !"

Oui, vraiment. Ce serait bête de tout gâcher. Parce que même si je me prends souvent la tête avec les autres, ce n'est pas pour autant que ça m'amuse. Et bien sûr que je préfère pouvoir passer ce genre de moment dans une ambiance détendue et agréable. Alors même si je ne peux pas m'empêcher de toujours m'assurer qu'Elizabeth ne s'endort pas le temps du retour (mais vu comme elle est bavarde je n'ai pas besoin de la secouer), le trajet me parait tout de même plus sympa qu'à l'aller.

Et si je m'apprête à seulement lui dire au revoir une fois arrivés, elle me rappelle bien vite ce gage que j'avais carrément préféré oublier. Ah. Oui. Bon, du coup, je ne suis pas si sûr que cette journée se termine de la meilleure façon mais... C'est le jeu, et bien sûr que j'accepte les conséquences. Alors après lui avoir baragouiné un mouais, je me prépare à ne pas vraiment apprécier ce que je vais entendre et...

- "La prochaine fois ? Ouah, j'vais croire que tu ne te passes plus de moi ! Mais, puisque t'es prête à prendre le risque... Ok. Tu recevras ton invitation."

Je ne sais pas vraiment à quoi est-ce que je pouvais m'attendre mais, je crois qu'en fait, ça va. Sûrement que sans ça je ne l'aurais évidemment jamais invitée à faire quoi que ce soit et que je me serai contenté de trois ou quatre mots échangés dans le couloir lorsqu'on se serait croisés. On ne peut pas dire que je sois particulièrement doué pour ce qui est de "garder contact". Alors oui, bien sûr que là, je sais qu'il va falloir que je trouve une occasion pour l'inviter. Oh, c'est sûr que je vais me prendre la tête sur la question et que je vais y réfléchir des heures ! Mais ça, elle n'a pas besoin de le savoir !

Et de toute façon, sa question suivante me fait très vite penser à tout autre chose. Mais je ne réponds pas immédiatement. Je laisse passer quelques secondes, un léger sourire aux lèvres.

- "Ca finirait par beaucoup trop ressembler à un rencard si j'acceptais."

Non, bien sûr que je n'allais pas répondre positivement à cette question. Ouais ok, je ne suis sûrement pas le mec le plus démonstratif ni le plus tactile qui soit, mais cette journée a beau s'être bien déroulée, je ne me vois clairement pas faire ça. Pourtant, je me sens étrangement à l'aise avec Elizabeth. Et, elle n'est pas désagréable. Mais je suis totalement incapable d'initier un tel geste maintenant.

Je me contente donc de la saluer bien plus classiquement, tout en la remerciant pour la journée (je ne suis pas totalement ingrat non plus), avant de sortir de la voiture pour la laisser terminer ce qu'elle a à faire. Ca faisait longtemps que je n'avais pas passé un bon moment comme ça, c'est vrai. Pas depuis que je suis arrivé à Kobe en tout cas. C'est d'autant plus bizarre à reconnaitre que je n'aurais pas parié que ce soit avec elle que j'arrive à m'entendre. Mais je sais changer d'avis.

#Terminé