Franchement ? Je trouve que j'm'en sors pas si mal que ça. Les cours n'ont pas l'air particulièrement complexes, l'emploi du temps est suffisamment light pour me laisser gérer mes journées selon mes envies, et je ne me suis toujours pas pris la tête avec qui que ce soit. Alors j'ai pas forcément adressé la parole à grand monde non plus, ok, même mon colloc. Faut dire qu'il n'est pas ultra bavard, mais ça me convient parfaitement comme ça.

En fait bizarrement, là où je me sens le moins à l'aise, c'est pendant les heures de club. Sûrement parce que c'est plus difficile de garder la tête baissée sur une feuille à ignorer superbement le reste de la population. Vraiment, je ne vois toujours pas l'intérêt de se forcer à sociabiliser. Encore moins quand je me retrouve entouré de mioches qui pour certains n'ont jamais dû toucher le moindre instrument de leur vie et se contentent de rêver de gloire en chantant avec leur brosse/micro devant leur miroir.

Forcément, cet après-midi ne fait pas exception. Moi qui pensais pouvoir me détendre un peu dans ce club, je commence à me dire que j'aurais sûrement mieux fait de choisir un club typique des bizuts de l'école et me contenter de jouer sur mon temps libre. J'crois bien avoir vu un club de littérature ou de traditions. Mais bon, je ne vais pas abandonner si vite. Cela dit, de voir machin qui s'la raconte devant ses potes parce qu'il arrive enfin à enchainer chaotiquement ses trois accords à la gratte, et machine qui se prend pour Esméralda avec son tambourin qu'elle agite dans tous les sens, ça ne me motive pas des masses. Je ne comprends toujours pas cette organisation. Pourquoi ne pas proposer des musiques communes sur lesquelles bosser plutôt que de laisser chacun faire ce qu'il veut dans son coin ?

C'est donc toujours aussi dépité que je m'avance un peu plus dans la salle, essayant d'ignorer au mieux cette cacophonie générale qui me file déjà mal au crâne, préférant rejoindre les rangs de ceux qui observent plus que jouent. Et quitte à me forcer à écouter, autant préserver ce qu'il me reste d'audition. Je repère donc une nana postée au piano un peu plus loin qui a l'air de pas trop mal se démerder. En tout cas, c'est ce que je trouve de mieux dans l'échantillon d'apprentis musiciens présents aujourd'hui. Et visiblement, je ne suis pas le seul à avoir choisi cette option, puisqu'une autre fille et deux gars paraissent aussi s'intéresser aux notes produites. Beethoven, un grand classique, pas forcément évident et qui prouve au moins qu'elle n'est pas dans le rang des grands débutants, en plus d'avoir un peu de goût.

Mais si j'étais du genre à me contenter du minimum ça se saurait. J'attends évidemment qu'elle termine sa partition, observant le spectacle de ses doigts se déplaçant mécaniquement de touche en touche, produisant la majorité des notes attendues, les quelques ratés auxquels on peut classiquement s'attendre dans cet endroit n'étant pas des plus gênants non plus. Une fois la note finale abattue, les trois autres gus ne manquent pas de donner leur approbation de façon un peu trop exagérée (à mon goût) suite à cette démonstration. L'un d'eux s'essaye même à un applaudissement timide.

- "Ouah tu joues super bien, c'était trop beau !"

Ce qui ne manque évidemment pas de me faire réagir, avant même la principale intéressée.

- "Beau ? N'importe quoi, y avait pas grand chose de beau là d'dans. C'est beau quand on ressent du plaisir. Là, c'est à se demander pourquoi tu t'infliges ça. Franchement, si ça t'fais pas kiffer de jouer, tu devrais arrêter."

Je ne dis pas que ce n'était pas bon. D'ailleurs si ça ne l'était pas, je ne m'emmerderais pas à rétablir la vérité. Mais je ne peux pas laisser des ignorants déballer des conneries dans le seul but de se faire bien voir (ou alors ils n'y comprennent vraiment rien et là ce serait encore plus triste pour eux).

J'ai l'habitude de mettre les autres mal à l'aise, de m'attirer des regards outrés et de provoquer des réactions souvent un peu trop vives par mes paroles sans filtre. Évidemment que je me fiche royalement du lèche botte qui s'offusque que j'ai osé émettre un avis qui ne colle pas au sien. C'est à peine si je lui ai jeté un regard. Parce que dès l'instant où il a ouvert la bouche j'ai su qu'il rentrait de la catégorie de ces gens insignifiants qui ne sont rien de plus qu'une perte de temps. Pour ce qui est de cette fille installée au piano, c'est différent.

Non, elle a une technique qui reste intéressante. Et malgré les nombreuses heures qu'elle a du passer assise à parcourir toutes ces touches, elle ne cherche pas à me contredire en se raccrochant pitoyablement à des avis extérieurs basés sur un manque de connaissance attristant. Ce n'est pas pour autant que j'apprécie le ton sur lequel elle me répond. Cette espèce de retenue qui passe bien en société, cette absence de personnalité derrière ces mots récités comme on a dû sagement lui apprendre, cet espoir de ménager chaque partie pour éviter la confrontation.

C'est typiquement ce qui me fait gerber. Pas difficile de comprendre pourquoi malgré la maîtrise technique la mélodie sonnait creux. Une gentille fille à papa qui a bien suivi ses cours comme on lui demandait sans jamais se demander pourquoi elle jouait. Un rapide regard sur sa tenue et j'ai quand même quelques doutes. Elle ne pue pas le fric à des kilomètres, ce qui serait plutôt rassurant, pourtant tout, dans sa posture et dans sa façon de s'exprimer, laisse deviner un certain niveau d'éducation. Le genre de personne avec qui je suis assez classiquement en désaccord constant.

Le seul avantage à tout ça, c'est qu'elle arrive à se débarrasser plutôt habilement des gêneurs là où ça me demanderait beaucoup d'énergie. Je dois bien lui accorder. Je me passerais bien de public pour la discussion qui s'annonce. Pas que je ne sois pas habitué aux détracteurs, mais ça a tendance à vite me gonfler. Et comme j'aurais dû m'y attendre, elle fini par vouloir un aperçu de ce que j'ai à proposer. Ouais bon, j'anticipe aussi souvent mal les choses, ok. Parce que ce n'est pas franchement ce à quoi je voulais en venir. Mais je dois admettre que cette demande est plutôt légitime. Mais avant de la satisfaire, un petit préambule est de mise.

- "J'ai pas dit savoir comment tu devais jouer. C'est une question personnelle. Un truc que tu dois trouver et qui dépend de ta propre sensibilité, de la raison qui te pousse à jouer ce morceau en particulier. Si tu m'dis que tu cherches juste à améliorer ta technique alors ok, dans c'cas je dirais juste que c'est pas si mal mais que t'as encore du taff. Si tu joues pour le plaisir alors là, ça s'ressens pas. Et si t'es juste en manque de compliments bah, on dirait qu'tu t'en sors pas trop mal. Une robe plus courte tu seras au top."

Le ton professoral que certains jugent de désagréablement supérieur que j'emploie pour entamer ma réponse tourne finalement à la simple provocation. Ouais, c'est assez récurent chez moi, j'y peux rien, c'est de cette façon que je me sens le plus à l'aise pour tenter de communiquer avec mes semblables.

Tenue de Shintaro:

Honnêtement, je ne m'attendais pas à grand chose venant de cette fille. A la rigueur qu'elle s'indigne de ce raccourci fort peu flatteur que j'ose faire à voix haute mais pas beaucoup plus. Alors forcément, je ne peux qu'afficher un léger sourire en coin face à sa réponse. Donc la gentille fille à papa qui fait bien attention à ne surtout pas vexer qui que ce soit quand elle se trouve face à son public, peut aussi se montrer moins complaisante et dévoiler les crocs une fois les toutous partis ? Voilà qui s'annonce intéressant.

- "J'faisais que rétablir la vérité. J'y peux rien si tout le monde n'est pas capable de l'accepter. Et rêve pas, c'était pas un conseil."

Parce que ça impliquerait que je me soucie suffisamment de son niveau et de son potentiel d'évolution pour m'attarder à formuler des paroles qui l'aident à progresser.

Tout en répondant sur ce même ton qui n'a certes rien d'agressif mais qui ne transpire pas la sympathie pour autant, je m'installe à côté de miss parfaite. Parce qu'aussi étonnant que ça puisse paraitre, on dirait qu'il y a bien une chose sur laquelle on est d'accord. Les paroles ne règlent pas tout.

- "J'espère que t'es prête à reconnaitre ma supériorité princesse."

Ouaaaaais bon ok, mais des fois ça fait quand même vachement plaisir !

Bref, je chope à mon tour une partition du même morceau sur mon téléphone histoire de comparer ce qui est comparable. Parce que non, ce n'est pas le genre de truc que je connais par cœur. Mais même s'il y a bien longtemps que je suis mon propre chemin dans la musique, je suis aussi passé par les classiques. Et en venant de réentendre le morceau à l'instant, ça aide pas mal faut dire.

Je laisse reposer mes doigts quelques secondes sur les touches avant d'appuyer sur la première pour entamer la mélodie. Ma main droite est rapidement rejointe par la gauche qui vient plaquer les basses en accompagnement. Les notes s'enchainent avec une fluidité qui ne s'acquiert que grâce à l'expérience. Et non seulement le piano est le premier instrument auquel je me suis essayé, mais de tous ceux dont j'ai appris à jouer depuis, il est toujours resté mon préféré. Enfin, je devrais davantage parler de synthé dans ce cas, les multiples possibilités d’arrangements sonores qu'il offre m'intéressant davantage, même si je ne peux nier la puissance qui se dégage d'un vrai piano. A condition de savoir comment gérer ces touches.

Mes doigts enchainent les notes d'abord de façon légère, laissant seulement entendre l'harmonie, puis se font plus agressifs à mesure que j'avance, donnant davantage d'intensité aux sons qui se dégagent. Je joue de cette alternance, laissant certaines notes timides, presque absentes, pendant que d'autres s'affirment davantage, laissant presque entrevoir une nouvelle mélodie dans le schéma général déjà connu de tous (du moins de ceux qui ont un minimum de culture). Et si je suis scrupuleusement l'enchainement de notes qui s'affichent sur mon écran, je me laisse la liberté de quelques légères variantes sur le rythme. Pas grand chose. Une noire transformée en croche ou à l'inverse une note qui reste plus longtemps en suspend.

Comme toujours lorsque je joue, ce n'est pas ma tête qui décide de quoi que ce soit. La partition passe bien par le biais de mes yeux, mais c'est mon corps qui gère seul tout le reste. Et je le laisse s'exprimer sans lui mettre la moindre barrière.

Après plusieurs minutes passées ainsi, presque à oublier la raison pour laquelle je me retrouve à jouer ce morceau en particulier, j'en vient à bout et la note finale retentit. Mais évidemment, ce n'est qu'un presque, et je reviens très vite à ma voisine, vers qui je tourne désormais la tête, un sourire affreusement satisfait collé au visage.

- "Alors ? Tu comptes m'appeler maître maintenant que tu m'as entendu jouer ?"

Je ne risque pas de m’apitoyer sur les quelques rares notes que j’ai dû modifier parce que leur arrivée dans cet ordre a réussi à me surprendre suffisamment, la position initiale de ma main n’étant pas en mesure de me permettre d’appuyer sur la bonne touche au bon moment. Rien de dissonant parce que je connais bien assez mes gammes, mais suffisant pour qu’on ne puisse pas non plus évoquer la perfection.

Tenue de Shintaro:

C'est vrai. Je ne peux pas dire que c'est un sans faute. Je pourrais me trouver des excuses pour les quelques notes que je n'avais pas assez anticipées. La redécouverte de ce morceau après des années sans le jouer ni l'écouter. La rapidité et la technicité associées. Le besoin de juste un peu plus d'entrainement. Ce ne serait pas difficile. Mais ce n'est pas mon genre.

- "Tant mieux. Ça aurait été beaucoup trop facile. Et ça m'aurait vite emm*rder."

Ce même sourire suffisant, j'ai encore un peu de mal à vraiment me faire un avis sur cette nana. Elle a l'air d'avoir du caractère et elle s'y connait suffisamment pour ne pas se laisser berner bêtement, ce qui pourrait me plaire. Mais en fait non. Je déteste toujours trop ce que j'ai pu voir un peu plus tôt pour ça.

Je range mon téléphone dans ma poche et me tourne vers la miss, la regardant directement droit dans les yeux. Sans rien dire. Le genre de truc qui met souvent mal à l'aise les gens. Et me permet de faire un tri assez facilement entre ceux qui s'en foutent et ceux qui ne vont plus jamais oser m'adresser franchement la parole. Mais c'est surtout pratique pour se faire un avis sur le type de personne qu'on a en face.

Cela dit,  il ne faudrait pas trop faire durer les bonnes choses non plus, je n'ai pas spécialement envie de me prendre une claque aussi vite. Alors après quelques courtes secondes je me tourne à nouveau mais pour me relever du siège cette fois. Je n'ai pas l'intention d'en faire davantage. Mes projets musicaux ne sont absolument pas tournés vers le classique actuellement. Même si peut-être que je pourrais y penser pour certains arrangements...

- "Et pas b'soin de me remercier, si j't'ai aidée, c'était pas mon intention. Si j'suis venu par là, c'est juste parce que c'est ce qu'il y avait de moins désagréable à écouter. Mais si ça peut être mieux la prochaine fois, j'vais pas me plaindre. Puisque apparemment, on va être amenés à se recroiser."

Mais en tout cas pour aujourd'hui, je crois que j'ai fais assez d'efforts comme ça ! Je détestais déjà le milieu scolaire quand j'étais au lycée, mais de devoir côtoyer en plus des personnes plus jeunes, ça ne m'aide pas particulièrement à avoir envie de m'intégrer. Et si j'espérais qu'à travers un club basé sur ce qui me fait vibrer j'arriverais un peu mieux à sociabiliser, on dirait que je me suis totalement planté.

Tenue de Shintaro:

Ok, maintenant c'est bon, j'en suis sûr, cette meuf est insupportable. Pourquoi est-ce qu'elle veut absolument souligner ce que ce court échange a pu lui apporter ? Comme si j'étais du genre à aider une inconnue qui n'a jamais dû manquer de rien dans sa vie. Elle a dû capter que ça m'gonfle et ça l'amuse, je ne vois pas d'autre explication. Je me contenterais donc d'un léger haussement de sourcils pour marquer mon état d'agacement avant de faire demi-tour et de m'éloigner pour de bon.

J'ai peut-être encore légèrement en travers de la gorge cet échec. Ouais, je n'aime pas rater bêtement des notes alors que je sais que je suis parfaitement capable de la jouer correctement cette partition. Peut-être bien que je vais m'y pencher un peu plus dessus dans la soirée. Une fois que je ne serais plus entouré par beaucoup trop de gens. Du coup je suis frustré, autant dire d'une humeur bien plus acariâtre que d'habitude, donc le mieux qu'il me reste à faire, c'est encore de ne pas m'attarder dans le coin. Les cours viennent tout juste de commencer, je préfère éviter tout scandale pour le moment.

Finalement, la soirée ne se passe pas trop mal et j'arrive même à me montrer relativement correct les jours qui suivent. Je commence à repérer assez facilement les personnes à qui il vaut mieux que j'évite d'adresser la parole.

Le mardi suivant, une fois le cours de musique terminé, il me reste pas mal de temps libre. Je n'ai pas particulièrement envie de me lancer sur mon nouveau projet de chanson en sachant que je vais être coupé à un moment. Et puis je suis toujours plus à l'aise la nuit pour composer. Comme je n'ai pas non plus de potes avec qui trainer (ce n'est pas comme si je cherchais particulièrement la compagnie des autres non plus), je me décide finalement à rejoindre la salle du club de danse en avance.

Si j'ai rejoint ce club en espérant pouvoir faire quelque chose d'un peu nouveau sans trop m'éloigner de ce que j'aime, on ne peut pas dire que ce soit non plus mon domaine de prédilection. J'ai bien quelques bases (et puis j'ai passé un bon moment à trainer dans les rues aussi ça aide à croiser du monde qui maîtrise) et si le rythme ne me pose pas de problème, il y a encore de nombreux mouvements que je suis loin de maîtriser. Je ne sais toujours pas si ça va vraiment me plaire, mais autant tester.

Sauf que je n'avais pas franchement anticipé qu'une partie du club de musique se retrouverait aussi au club de danse. Ça n'a rien de très étonnant en y réfléchissant trente secondes, mais j'aurais autant préféré croiser de nouvelles têtes. Et il y en a une en particulier que je n'avais pas spécialement envie de voir en ce moment-même. D'autant plus qu'en entrant dans la salle, je ne peux pas la manquer à virevolter dans tous les sens. Je préfère ne pas trop m'attarder sur place et me dirige rapidement vers les vestiaires pour me changer. Et si j'y passe pourtant un certain temps, on dirait que je n'ai pas été suffisamment lent.

A mon retour dans la salle, il n'y a toujours qu'une unique personne de présente. En plus, on dirait qu'elle a décidé de faire une pause. Génial. Avec ce que je viens de voir, je suis à peu près sûr que ce n'est pas aujourd'hui que nos relations vont s'améliorer. Mais il faut croire que quand je n'apprécie pas particulièrement une personne, je peux assez facilement me montrer de mauvaise foi. Je m'adosse nonchalamment au muret ne la regarde même pas spécialement dans un premier temps.

- "T'es vachement en avance. T'es du genre première de la classe non ?"

Totalement injustifié, mais je m'en moque. C'est juste que je ne m'attendais pas franchement à me retrouver seul avec elle. Et un silence hypocrite aurait été bien pire.

Tenue de Shintaro:

C'est une blague ? Je n'ai pas trop l'impression qu'elle essaie de se moquer de moi. Du moins, pas à travers cette première affirmation. Ok. Bon, qu'elle soit présidente, ça ne change pas grand chose non ? Elle n'est pas censée avoir plus de pouvoir à travers ce rôle que juste décider des chansons et des chorés ? En vrai, j'en sais rien, je me rends compte que ça fait beaucoup trop longtemps que j'ai quitté l'école en fait. Alors le mieux, c'est encore de faire comme si ça m'était complètement égal.

En tout cas, ce dont je me fiche bien, c'est ce probable inconfort lié à ma présence qu'elle semble vouloir souligner avec cette remarque faussement désobligeante. Ouais, il va falloir être bien plus directe que ça pour que je puisse m'en sentir responsable. Vaut mieux poser une question directement en fait. C'est beaucoup plus efficace j'crois.

- "Oh non, t'inquiète, c'est au prix de longues années d'études et d'observations que j'en suis arrivé à la conclusion que je les déteste. J'ai une liste d'arguments bien fournie. Les sourires mielleux aux lèches bottes étaient déjà référencés, mais j'te tiendrai au courant si t'arrives à me donner de nouvelles raisons."

Non, il n'y a aucune animosité dans mes paroles, ni même rien d'hypocrite. C'est juste exactement en accord avec mon humeur du moment.

Cela dit, j'ai bien conscience que quand je commence de cette façon, la conversation a tendance à vite tourner à l'orage. Et j'ai de bonnes résolutions à essayer de tenir quand même. Éviter au maximum de provoquer toute situation qui m'amènerait à me montrer particulièrement désagréable. Parce que je contrôle assez mal. Sisi, je fais déjà beaucoup d'efforts là.

- "Mais on n'est pas là pour ça, alors, si tu m'disais comment on commence une séance dans c'club, madame la présidente ?"

Je me décolle du mur tout en m'étirant pour prononcer ces paroles, insistant volontairement sur cette appellation faussement honorifique. En fait, je n'ai surtout pas retenu son nom. Et puis avec ce que j'ai vu juste avant, j'ai bien conscience que je ne vais clairement pas pouvoir jouer la carte de l'expert ce coup là.

Tenue de Shintaro:

Des échauffements. C'est vrai que la danse est considérée comme un sport. Et moi, on ne peut pas dire que j'ai l'âme d'un grand sportif. Je fais bien quelques efforts, notamment à enchainer certains exos spécifiques pour m'assurer de garder un corps qui corresponde à certains critères esthétiques, mais contrairement à ce que je peux raconter sur Instagram, ça ne va pas plus loin que ça. Et je n'y prends aucun plaisir. Ouais, c'est vraiment juste le côté artistique de la danse qui m'a amené à mettre les pieds ici.

- "Hum, bah en fait, ça risque de te paraitre un peu bizarre."

Ouais, bon, elle a dû se rendre compte que je ne suis pas forcément un modèle de normalité non plus, mais c'est que je ne m'attendais pas trop à ça d'entrée de jeu. Je pensais pouvoir rester tranquille dans le fond de la pièce à observer pour me contenter de prendre seulement ce qui m'intéresse. J'ai plutôt l'habitude d'apprendre des trucs sur le net, de m'y essayer seul bien à l'abri des regards dans un premier temps, et de n'exposer le résultat à la vue de tous qu'une fois un certain degré de perfection atteint. Ouais ouais je sais, c'est de ma faute, mais je n'avais pas spécialement envie de taper la causette.

- "Je voudrais juste essayer de comprendre comment des sons peuvent être... Visuels. J'sais pas trop comment expliquer ça en fait mais, c'est juste que parfois, quand une choré est bien pensée, bien exécutée, j'ai l'impression qu'une musique peut prendre un tout autre aspect que celui que j'aurais pu lui trouver en première écoute. Il n'y a plus seulement les sensations qui passent par l'ouïe, une nouvelle dimension s'y ajoute et quand ça match bien, c'est... Ouahou."

Ok, là je me rends bien compte que ça doit être plus que bizarre. Et j'ai beau afficher une totale confiance pour éviter qu'on ne me reprenne sur toutes ces choses étranges que je peux dire, ressentir, faire, ça n'empêche que quand je m'en rends compte, c'est désagréable. Et quand un truc ne me plait pas, j'ai tendance à très vite me renfermer.

- "Mais bon t'inquiète hein, je compte bien me débrouiller tout seul pour ça, fait comme t'as l'habitude de faire. Genre, il doit bien y avoir des mouvements de base, de trucs dont on ne peut se passer pour progresser ?"

Même si mon but ultime n'est sûrement pas de devenir le meilleur danseur, j'ai bien conscience que je ne vais pas pouvoir me poser en simple membre observateur pendant toutes ces séances. Et puis, je pense qu'il faut ressentir les choses pour les comprendre, et pour ça, il faut se bouger un minimum. Même si franchement, les échauffements, je sens que ça va vite me gonfler.

Tenue de Shintaro:

Déjà que de base je ne me sentirai pas franchement dans mon élément dans cette pièce aux nombreux miroirs, mais seul avec cette fille-là, ça devient carrément tendu. Non mais normalement j'm'en fous. Je sais bien que je ne suis pas un pro de la danse et c'est justement ce qui m'amène ici (je commence à me dire que le club de musique c'était une mauvaise idée, autant essayer d'apprendre des trucs). Sauf que là... J'sais pas pourquoi, j'ai l'horrible impression d'être jugé et de devoir être au top. Sûrement une simple question d'égo, mais c'est comme ça.

Et je ne sais pas trop quoi penser de ce qu'elle dit. Est-ce que cette façon de parler de technique est un moyen détourné de se foutre de moi ? Cette façon grand seigneur de faire comprendre au bas peuple qu'ils ne seront jamais à la hauteur mais que ce n'est pas très grave, on leur pardonne ? Nan mais sérieux, pourquoi est-ce qu'il a fallu que ce soit elle en particulier qui soit présidente de ce club ?! Ça me donne terriblement envie de m'améliorer à la vitesse de la lumière juste pour qu'elle n'ai plus rien à m'apprendre. Ouais, ok, peut-être que je supporte assez mal de ne pas être le meilleur dans tout ce que j'entreprends. Même en débutant.

- "Hum, j'dirais pas qu'il y a un style en particulier. En fait, à part les types qui dansent dans la rue ou les couples classiques qu'on peut voir un peu partout sur des rythmes latinos, j'connais pas des masses de danses."

Ça non plus, ça ne me fait pas particulièrement plaisir à admettre. Mais je ne vais sûrement pas me lancer dans une grande discussion sur les différents genres auxquels j'y connais que dalle. Et forcément, vu comme je me sens mal à l'aise, je ne suis pas particulièrement agréable dans ma façon de m'exprimer. Et si j'essaie de suivre ces échauffements, c'est avec plus ou moins de mauvaise volonté (plutôt plus que moins d'ailleurs) que mes mouvements s'enchainent de façon assez décousue.

- "Hum attend, t'sais quoi, j'te met une musique et tu m'dis c'que ça t'inspire niveau danse, ce sera plus simple !"

Et comme ça ça me permet d'arrêter de me ridiculiser au moins pour quelques secondes, le temps d'attraper mon téléphone dans ma poche. C'est à quel moment que tout le monde débarque pour me sauver de ce cours particulier dont je me serais bien passé ? Comme il ne suffit visiblement pas d'y penser très fort pour que la porte s'ouvre à la volée comme dans les films, j'ai finalement le temps de faire défiler une liste spotify, jusqu'à trouver un des titres qui tourne le mieux en ce moment. Un clic sur Ed Sheeran et ce sont les premières notes de Shape of You qui se lancent.

Musique en question (même si je pense que tout le monde sait très bien quelle est cette chanson x'D):

Je suis assez étonné par cette explication. Non pas que je ne sois pas d'accord. Après tout, chacun est libre d'interpréter comme il le veut, c'est bien tout l'intérêt de la musique. Mais il est vrai que la plupart du temps, les gens s'arrêtent soit à l'aspect festif, cette chanson étant désormais indispensable à chaque soirée, ou vont à la rigueur jusqu'à ce côté sensuel, joueur, affiché par les paroles. Alors ouais, je ne m'attendais pas à entendre le qualificatif "déprimant" ici.

Pourtant, je me contente juste d'acquiescer, pour la laisser exprimer autrement qu'oralement ce qu'elle vient d'énoncer. Bien sûr qu'elle danse bien. Je m'en suis déjà rendu compte. D'ailleurs, c'est une des raisons pour laquelle j'ai proposé ce genre d'exercice. Avec la maîtrise technique, l'improvisation ne doit pas être si compliquée. Raison également pour laquelle j'ai opté pour une musique qui passe en boucle sur les ondes depuis quelques temps. Pas de risque de se faire surprendre par un changement de tempo.

Je l'observe évoluer au rythme des notes qui défilent. Le côté sensuel propre à la chanson n'est pas très difficile à capter par la grâce de ses mouvements, mais après tout, la danse est une discipline qui se veut sensuelle. A différents degrés, mais l'objectif reste de captiver le public par la beauté des mouvements du corps. Mais il n'y a pas que ça. Ce n'est pas de la provoc pure, comme ce serait pourtant si simple avec un tel morceau. Donc, elle est bien capable de mettre un peu de son âme dans ce qu'elle fait, sans se contenter de répéter tel un robot parfaitement programmé ce qu'on lui a montré.

- "C'que j'en pense... ?"

La plupart des gens apprennent vite qu'il vaut mieux éviter de me demander mon avis. Je ne suis pas très doué pour les compliments. Alors je ne compte pas passer à côté de l'opportunité !

- "Tu danses bien, j'peux pas dire le contraire. Ou alors je ne m'y connais pas encore assez pour pouvoir le faire." Sous entendu, je ne me priverai pas de le faire dès que j'en aurais l'occasion alors prépare toi... "Mais tu te fies quand même vachement aux paroles de la chanson. Seulement à ça même d'après c'que j'viens de voir. Après, tu fais comme tu veux, c'est un choix personnel, mais tu passes à côté d'un autre aspect si tu ne t'ouvre pas davantage à la musique dans sa globalité."

Même quand je ne suis indiscutablement pas en position de force sur cette discipline, je ne peux pas m'empêcher de prendre ce ton professoral, dénué de toute empathie ou de considération pour l'autre. En fait, c'est sûrement dû au fait que la seule présence de cette nana m’irrite. Peut-être que je passe un peu trop vite sur la défensive, refusant totalement d'admettre qu'elle soit réellement meilleure que moi.

- "Le rythme et la façon dont les instruments sont utilisés, chaque note, puissante mais brève, qui ne traine jamais en longueur, ça rejoint bien l'idée de cette relation superficielle, basée sur un désir aussi intense qu'éphémère. Mais plus que la volonté de s'en éloigner, de s'en défendre, la façon dont c'est joué laisse plus penser à une volonté de combattre cette attirance qu'il sait totalement illusoire. Mais un combat perdu d'avance. Parce que la sonorité choisie n'est pas de celles qui filent direct le smile."

Certaines étant plus appropriées pour propager joie et bonne humeur que d'autres. Et celles-là n'en font pas partie.

- "Bref, pour moi c'était pas suffisamment agressif."

C'est minime ok, mais j'ai toujours eu tendance à chercher le moindre petit défaut. Et puis, elle ne croyait quand même pas que j'allais lui envoyer des fleurs comme les autres idiots ?

Genre, voilà qu'elle essaie de se justifier en balançant que c'est de ma faute et que j'comprends rien. C'est un peu facile ça ! Puis elle n'avait qu'à être plus claire miss parfaite si ça ne lui plait pas ! Et le pire, c'est le retour de ce petit ton insupportable, comme si j'avais besoin d'être remercié pour quoi que ce soit ! Rah, ça me fout direct sur les nerfs. Je préfèrerais largement qu'elle continue à me critiquer en fait.

- "Eh ça va, j'ai pas b'soin de ta compassion, tu peux dire clairement que t'es pas d'accord avec moi j'vais pas m’effondrer en chialant pour autant ! J'suis pas l'un d'tes fidèles clébards qui passent leurs journées à te lécher les pompes ! Et m'fais pas croire que t'as vraiment l'intention de bosser une choré sur cette chanson maintenant."

Je balance ça sur un ton un peu trop abrupt. Même pour moi. Mais j'ai vraiment en horreur cette hypocrisie sociale qui consiste à ne surtout pas blesser son interlocuteur. Qu'est-ce que j'en ai à foutre moi qu'elle soit blessée parce que c'est pas exactement c'que j'aurais voulu voir ? J'ai mon avis, elle a le droit d'avoir le sien, et ce n'est pas nécessaire qu'ils concordent. Ces paroles mielleuses pour mieux vous poignarder dans le dos, ça me rend tout de suite infect, je sais. Encore plus après avoir vu à quel point elle semble douée pour cet exercice en fait.

Un soupire pour tenter d'extérioriser toute cette tension qui s'est subitement emparée de chaque parcelle de mon corps, je commence à avoir de moins en moins envie de rester ici. Mais je n'ai pas non plus envie de lui faire ce plaisir si facilement. Alors peut-être que je vais encore prendre un peu sur moi.

Je lui aurait bien répondu que ça me faisait plaisir de la voir reconnaitre que j'ai de bons goûts, mais la façon qu'elle a de se rapprocher de moi en suivant m'en dissuade assez vite. Si je ne suis pas très à l'aise avec les rapprochements physiques, quand ils transpirent la hargne et le ressentiment, je n'en éprouve bizarrement aucun inconfort. Pas besoin de lire dans les pensées pour savoir qu'elle ne s'apprête pas à me rouler une pelle.

En tout cas, on dirait qu'elle a bien décidé d'arrêter de jouer à la gentille fille sage. Évidemment, je ne risque pas de bouger de ma place face à cette provocation ouverte. Si je n'ai jamais su gérer les relations sociales, pour ce qui est du conflit, là y a pas de soucis, je maîtrise.

- "Eh bah ça tombe bien, parce que moi je ne supporte pas les meufs dans ton genre, qui font bien attention à paraitre parfaites en tous points mais qui dans le fond, n'ont strictement rien à foutre de ceux qui ne sont pas leur égal. Alors ouais, je juge peut-être sans apprendre à connaître, mais je n'ai pas de temps à perdre pour un résultat qui a toutes les chances d'être médiocre et décevant. C'est comme ça, pour devenir riche ou le rester, il faut bien avoir la mentalité qui correspond."

Mon regard ne lâche pas le sien et la tension dans l'air vient de monter d'un cran. Finalement, ce n'est peut-être pas si mal qu'on ne soit que tous les deux, parce que ça devient franchement électrique. Mais en fait, ce n'est pas une situation qui m'est si étrangère. Même si ce n'est pas tous les jours que je tombe sur quelqu'un capable d'un tel aplomb. Pas de quoi m'ébranler pour autant. J'ai un sale caractère et j'assume.

- "Dommage pour toi, parce qu'on dirait qu'il va falloir que tu t'habitues à m'entendre grogner encore quelques temps, apparemment on va être amenés à se supporter quelques heures par semaines."

Ouais, c'est peut-être "gamin" mais maintenant, j'ai très envie d'être encore plus insupportable qu'à mon habitude. Et souvent, je me retiens.

Ok, là elle se fout clairement de ma gueule ou je n'y connais rien. Et en l'occurrence, je pense être assez calé sur le sujet. Par contre sa réponse... Décidément, je dois être vachement inspirant comme mec ! Cela dis, j'ai quelques doutes sur tout ce qu'elle me raconte. Comme si elle ne voulait pas paraitre parfaite. Par contre, elle parait assez touchée par cette insinuation sur les riches. Ouais, j'les aime pas, c'est comme ça. Et c'est pas prêt de changer visiblement. Parce que là, ce n'est pas son fric mais son statut de présidente que je dois me prendre de face. Elle peut réellement décider de qui peut ou non rester dans ce club ? J'en sais rien, c'est pas comme si je lisais toutes les petites clauses.

- "Apprendre à connaitre les autres. C'est facile à dire ça, mais c'est pas avec des sourires hypocrites et de belles phrases qui correspondent seulement à ce que tout le monde veut entendre qu'on y arrive. Sans compter que les autres ne sont pas foutus de faire un minimum d'efforts pour essayer de voir au delà de leur petit nombril. De belles règles de bienséance dictées pour que tout le monde soit toujours d'accord et qu'il n'y ait surtout pas de conflit. Faire semblant que tout va bien, qu'on s'aime et qu'on vit en parfaite harmonie. Génial comme concept. Si moi j'ai un problème d'égo, je ne suis clairement pas le seul. Mais au moins, je ne fais pas semblant d'être la modestie incarnée."

J'suis sûr que j'en apprends beaucoup plus sur chacun en les poussant à bout qu'en me montrant agréable et courtois. Ce n'est pas en demandant poliment quel est son plat ou sa couleur favorite que je pourrais affirmer la connaitre. Là au moins, je sais que c'est une meuf caractérielle qui a appris à se défendre quand la situation l'exige. Même si je n'aime toujours pas la façade que j'ai pu voir, je dois admettre que c'est toujours mieux qu'une pleurnicheuse qui se cacherait derrière le compte en banque de papa.

- "J'ai pas l'intention de me barrer d'ici, alors faudra faire avec. Mais ne t'inquiète pas, je ne suis pas là pour causer de vagues dans ton club. J'ai d'autres buts dans la vie."

Mon regard se fait encore un peu plus méprisant en insistant un peu trop sur cette appartenance supposée. Je sais que je n'ai pas un caractère facile, mais si j'ai décidé de reprendre les études, ce n'est pas pour entacher mon dossier scolaire à cause de problèmes de comportement. Encore moins à cause de cette fille. Parce que bien sûr, en cas de problème ce ne serait pas très difficile de croire que le problème vient uniquement de moi.

Après quelques secondes où la tension n'est clairement pas redescendue, je me décide à avancer, juste légèrement en diagonale, de sorte à ce qu'on ne se percute pas (ce serait clairement gênant) mais pour passer à côté d'elle, nos épaules sur retrouvant la même ligne droite. Pas question de reculer ou qu'elle aille s'imaginer que je flanche.

- "D'ailleurs je vais aller me mettre au fond et te laisser te préparer à l'arrivée de tes gentils petits danseurs. Ce serait bête qu'ils te voient énervée."

Cette meuf doit être aussi bornée que moi. Évidemment qu'il n'est pas question que je puisse reconnaitre avoir le moindre tort. Et apparemment, elle ne compte rien lâcher non plus. Alors ouais, ça ne pouvait pas bien finir cette histoire. Mais on pourra penser ce qu'on veut, je reste suffisamment civilisé pour ne pas céder à la violence ni à cette subite envie de me barrer d'ici. J'arrive même à garder le poing fermé, emprisonnant ainsi mon majeur qui a pourtant une grande envie de se manifester.

- "C'est ça, profite en. On verra qui aura l'air le plus con."

Je continue à m'avancer dans la direction opposée. Je crois que plus il y aura de distance entre nous, mieux ça vaudra. Et forcément, maintenant, j'ai un peu trop envie de progresser très rapidement. De quoi l'obliger à revoir ses jugements stupides. Ouais, m'entendre dire que j'me bouge pas de la part d'une meuf qui n'a jamais dû avoir à bouger le petit doigt pour que tout lui tombe tout cuit dans le bec, ça a de quoi me faire bouillir. Mais je sais que si je pars sur ce terrain, je vais finir par devenir vraiment méchant. Et ça va forcément se retourner contre moi. Je n'entacherai pas mon dossier à cause d'elle.

Je préfère juste continue à rager intérieurement. Non, ce n'est sûrement pas pour cette première séance que je vais réussir à me faire des potes dans ce club. Le visage encore plus renfermé que d'habitude, c'est sans surprise que malgré l'arrivée massive d'apprentis danseurs à l'heure officielle de commencement, aucun d'entre eux ne s'approchent de trop près. Vaut mieux ça. Il va me falloir quelques heures pour digérer tout ça et le premier qui m'adresse la parole risque de le regretter.