Une pointe de fantaisie [Ft. Shintaro Lawson]

▬ Déjà réveillée ?

Sa voix brise le silence, te sort de tes pensées alors que tu ranges tes affaires dans ton sac à dos. Tu lui accordes un petit regard, suivit d'un léger sourire forcé.

▬ Je vois que tu as un très bon sens de l'observation.

C'est sec. Tranchant. Peu aimable envers ce jeune homme qui a sans doute fait de son mieux. Tu pourrais t'en vouloir, rattraper le coup mais étonnement, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas comme d'habitude. Rien n'est comme d'habitude. Tu t'es amusée hier soir. Cette nuit. Beaucoup. Pourtant, tu te sens vide depuis que tu as ouvert les yeux. Tu as satisfait tes désirs et ensuite... ? Tu devrais être contente. Tu devrais être affectueuse. Tu devrais profiter de ta matinée pour rester dans ses bras et profiter d'un semblant d'un réconfort. C'est ce que tu aurais fait en temps normal... C'est pire ; tu te montres plus faible, plus accessible, mais tu fuis plus rapidement.

Soupire.
De toute façon, tu as d'autres projets. Tu as prévu autre chose aujourd'hui et hors de question que tu fasses faux bon à ton partenaire du jour.
Alors tu es là, désormais droite, déjà lavée et habillée, prête à t'en aller.

▬ Tu es sûre que tu ne veux pas rester encore un peu ? Ou alors, on peut se revoir  et peut-être... remettre ça un autre jour ?

Tu le sens hésitant, comme s'il craignait une réponse négative de ta part. Sanglante. C'est qu'il t'a bien vu être assez... disons... salement joueuse et humiliante avec d'autres hommes la veille. Rien de surprenant donc...
Mais tu restes là, à le regarder dans  un silence pesant et religieux, avant d'afficher un sourire plus sincère et de te rapprocher de lui. Tu déposes un baiser - sans grandes signification - sur ses lèvres, murmures.

▬ Je te rappelle.

C'est déjà bon signe. Pas de déception en vue.

Sur ces mots, tu quittes la chambre d'hôtel et salues le réceptionniste avant de quitter les lieux. Tu ne dois plus trainer. Heureusement, ta cousine t'a prêté sa voiture pour l'occasion... Et même pour quelques jours... Voir plus. Elle ne s'en sert pas tant que ça et dans sa grande bonté, elle te l'a confiée comme elle sait que tu en as besoin. Puis elle sait que tu es une pilote d'élite, alors elle te fait confiance. Sans doute devrais-tu en faire ton métier !

Tu ne tardes pas à démarrer la voiture  - qui ne ronronne pas aussi bien que la tienne, qui se trouve en Amérique, mais passons - et à quitter les lieux ; direction le campus.

Il ne te faut pas beaucoup de temps pour arriver et même si tu es un peu en avance, tu peux déjà aperçoir celui que tu es venue chercher qui t'attend.
Shintaro.
Tu lui en dois une et tu t'étais promise de l'emmener à la prochaine convention qui aurait lieu non loin de Kobe. Alors, dès que tu as appris que c'était le cas, tu es allée vous chercher les tickets - que tu as évidemment payés - afin de ne pas lui laisser le choix. C'est visiblement ce qui fonctionne le mieux avec lui ; ne pas lui laisser le choix. Tu es allée toquer à la porte de sa chambre, lui a montré les tickets tout en lui donnant rendez-vous.
Tu t'y es prise assez en avance afin de ne pas interférer dans ses projets, qu'il puisse s'organiser.

Toi oublier ? Jamais. Même bourrée. Quoi que... Tu retiens surtout ce que tu veux bien... Même quand  tu n'es pas bourrée.

Tu tends le bras afin de lui ouvrir la porte et l'inviter à prendre place à tes côtés. Tu le salues et, pendant qu'il se met à l'aise, tu installes ton portable sur le support.

▬ Une préférence niveau musique ?

Tu ne conduis que très rarement sans musique. Seule, tu montes le son mais accompagnée, tu aimes au moins avoir une petite ambiance de fond. De l'instrumental suffira sûrement. Tu as une petit playlist pour ça.

Vous voilà donc partis pour une petite heure de route. Approximativement. Au début,  dans les petites rues, tu adoptes une conduite particulièrement souple. Mais au fur et à mesure que vous vous éloignés de la civilisation, tu optes pour une conduite un peu plus sportive.

▬ Prêt à me supporter toute une journée ?!

C'est un petit sourire satisfait qui est venu étirer tes lèvres roses, glissant sur celles-ci avec un naturel et une facilité déconcertants. En effet, ton interlocuteur n'est pas l'homme le plus agréable au monde mais tu as déjà  rencontré bien pire. Quant à toi... Tu ne peux pas vraiment savoir à partir de quel moment ta compagnie lui sera désagréable. Parce que vous ne vous connaissez pas encore. Très peu. Mais c'est l'occasion de changer les choses. Au moins, personne ne cherche d'excuse et c'est bien ce qui te fait sourire de la sorte.

Le paysage défile. Tu es à l'aise, ne perds pas de temps sans pour autant te donner des sueurs froides. Ce qui ne semble pas être le cas de ton voisin, te décrochant une petite mine surprise à ses mots. Instinctivement, ton regard descend sur le compteur de vitesse, comme pour vérifier que tu n'es pas devenue folle et que tu sais encore lire. Si tu étais aimable , tu lui aurais demandé si la convention n'était pas une bonne raison pour accélérer justement. Si tu étais très aimable, tu te serais excusée. Mais tu n'es pas aimable.

▬ Si tu voulais passer plus de temps avec moi, il fallait me le dire ; je serais venue plus plus tôt.

Irrécupérable. C'est comme ça qu'on t'aime. C'est comme ça qu'on te déteste. 
Entre temps, tu as tout de même réduit ta vitesse, retrouvé une conduite plus souple. Peut-être que tu es légèrement aimable finalement.

▬ J'y pense mais tu as prévu de quoi boire et manger ? On peut faire un arrêt dans un magasin, pas loin du hall. Il me faudra de quoi déjeuner ; je n'ai pas trop envie de dépenser une fortune là-bas pour un plat.

Pas que l'argent te manque, mais tes parents t'ont toujours appris à faire attention et surtout, à ne pas être trop égoïste. Quitte à dépenser, tu préfères que ce soit pour partager et non pour toi seule.

Tu lâches un petit rire, bref, mais sincère. Quoi qu'un peu maîtrisé pour le jeu. Ce terrain, tu le maîtrises. Certains y verront un défaut, d'autres une qualité. Prendre tout ce que l'on te dit au premier degré ? Ça dépend. Prendre tout ce que tu dis au premier degré ? Mauvaise idée.

▬ Démasquée !

Est-ce que tu ne peux plus te passer de lui ? Certainement pas. Mais tu lui en dois une et puis, sa compagnie n'est pas si désagréable. Oh bien sûr, tu as pu constater qu'il pouvait être de mauvaise foie dès votre premier rencontre, mais il a cette touche d'humour et cette franchise qui ne te déplaisent pas.

▬ On s'arrêtera alors.

Sauf s'il veut que tu fasses une chute de tension, pour s'occuper de toi une fois de plus, en plus de devoir te porter. Il a dû comprendre que tu étais du genre sportive. Tu ne peux donc pas te permettre de sauter un bon repas sur la journée.

Vous vous stoppez donc à un konbini, afin de pouvoir prendre de quoi tenir la journée. Tu te contentes de quelque chose de simple mais assez nutritif.

▬ Pour être tout à fait honnête, rarement. Je n'aime pas vraiment aller dans ce genre d'endroit seule et je ne connais pas beaucoup de personnes que ça intéresse.

Avec tout ce qu'il vous faut, vous vous dirigez vers la caisse.

▬ Du coup, peut-être que je profite un peu de toi. dis-tu avec un sourire moqueur. ▬ Parce que tu y vas souvent toi ?

Vous quittez le magasin et retournez à la voiture afin de vous rendre sur les lieux de la convention. Heureusement, vous parvenez à trouver une place facilement - pour un tel événement du moins - même si vous devez traverser le parking pour atteindre l'entrée.

▬ Tu avais parlé de jeux vidéos il me semble ? Tu joues beaucoup ?

Sa grande bonté hein ? C'est vrai qu'à la base, tu l'emmènes en ces lieux pour le remercier d'être resté à tes côtés l'autre jour. Tu n'aurais pas supporté la solitude. Tu n'aurais pas supporté que l'on te crie dessus toute la soirée. Tu n'étais pas au sommet de ta gloire ce soir là mais ça n'a pas suffi à le faire fuir visiblement. En faite, il a même l'air beaucoup plus à l'aise que le jour de votre rencontre. Sans doute parce qu'il a vu ta facette la plus laide... Hm quoi que... Non. Il y a bien pire encore. Le pire serait que vous vous rapprochiez - un peu trop - et que ça tourne ensuite au drame. Parce que c'est tout ce que tu sais faire lorsqu'une telle chose arrive : fuir, foutre la m*rde, tout gâcher. Juste à cause de tes insécurités. C'est ça, ta pire facette. Car tu es consciente. Car tu sais ce que tu fais. Car tu maîtrises tes paroles et tes gestes. Des paroles et des gestes qui se heurtent à tes sentiments. L'autre soir au moins, tu n'étais pas totalement consciente. Tu étais sous l'effet de l'alcool. Tu étais triste. Tu étais perdue. Rien de comparable. Heureusement, aucune attache entre vous. Rien en vue pour le moment donc, il devrait être à l'abri de ce dont tu as le plus honte, ce pourquoi tu te méprises autant. Ce cercle vicieux.

Tout ça pour dire que tu lui en es reconnaissante certes, mais c'est avec grand plaisir que tu participes à ce rassemblement.

Tu écoutes attentivement, hoches la tête. Même si tu ne dis rien, le sourire qui se glisse sur tes lèvres en dit long : c'est cool que connaître des personnes dans son entourage qui partage notre intérêt pour un de nos loisirs. On se sent moins seul. On peut partager, échanger, passer du bon temps.

Une fois que tout est payé - et gratuit pour Shintaro - vous vous rendez sur place où une file s'est déjà créée. Tu en profites pour tenter d'en apprendre davantage sur son interlocuteur.

▬ C'est assez rare pour être honnête. Je joue plus souvent avec mes cousins. Style Mario et tout ça. Quand je joue seule, j'ai une préférence pour les jeux qui ont une histoire bien particulière, où je peux me plonger dans l'univers. Tu marques une pause, hausses les épaules. ▬ Et il faut croire que je suis difficile car peu d'histoires m'attirent. Et les jeux d'action, c'est à double tranchant. Parfois j'ai des réflexes, parfois c'est juste...lamentable.

À croire que c'est tout ou rien avec toi. Au moins, tu en ris, c'est déjà ça.

▬ Je suis plus tournée vers la science-fiction et le fantastique, où on développe l'univers et les personnages. Ou des contes revisités. Et pas que pour les jeux.

Ce n'est pas plus mal d'être difficile, sans doute, oui. Tu n'as pas besoin d'aller acheter un nouveau jeu tous les quatre matins, c'est un fait. Et au final, ça te permet de te concentrer sur un seul jeu en même temps, sur ses subtilités, sur des choses plus importantes dans la vraie vie aussi. Même si ce n'est pas une règle absolue posée par tes parents, tu as été éduquée de telle façon à ne pas passer tes journées devant un écran, à ne pas oublier qu'il y a un monde autour de toi. Un monde bien réel.

▬ Ouf tu me poses une question difficile, là !

Ton film ou ta série préféré ? Tu en regardes, c'est vrai mais tu n'en es pas très friande. La plupart du temps, soit tu tombes sur un film au hasard et tu accroches... Soit tu vas le voir au cinéma avec un ami. Et les séries, n'en parlons même pas.

▬ Honnêtement, je ne suis pas très calée sur le sujet. Mais, j'ai une attache particulière pour Jurassic Park. C'est l'un des premiers films que j'ai regardé étant enfant. Ça me passionnait et entendre le thème principal me fait toujours quelque chose. La Ligne verte fait aussi parti de mes classiques préférés, mais pour des raisons différentes, je suppose.

Tu marques une pauses, prends un instant pour réfléchir davantage.

▬ En série, je dirais plutôt The Originals. J'aime beaucoup le personnage principal qui fait tout le charme de la série et qui soulève pas mal de questions....

Ouais, tu es assez indécise sur le sujet, tu veux bien l'admettre. Tant bien que mal, tu lui expliques ton point de vue sur ces différentes œuvres dans les grandes lignes. Tu ne veux pas le noyer.

▬ Du coup je suis curieuse et sans la moindre originalité ; je te retourne la question !

Le temps qu'il te réponde et vous avez déjà franchi les portes. Il y fait bon dans cette ville de pièce. La température est convenable, les odeurs se mélangent et le brouhaha de la foule est étonnement agréable. Tu prends le temps d'observer les lieux, la déco, repères quelques stands.

▬ Alors, comme tu es mon invité d'honneur , je te laisse choisir par quoi on va commencer ! Il y a un stand qui te fait de l'œil ? Sinon, on peut aller voir les démos pour les nouveaux jeux vidéos. vous qui en parliez tout à l'heure. ▬ Je suis sûre que je peux t'écraser ! ajoutes-tu avec un sourire arrogant.

Une grande fan de dinosaures. Dit ainsi, tu te sens comme une enfant capable de lui sortir le nom scientifique de chacune de ces créatures qui a peuplé la Terre. Tu ne sais pas si l'idée te donne envie de rire ou de rougir. Alors, ce sera un mélange des deux ; tu lâches un petit rire nerveux, les joues légèrement pourpres.

Hm, changer de conversation, passer sur lui, c'est bien.

▬ Oh oui je l'ai vu une fois ce film, il me semble. Je ne m'en souviens plus trop mais il me semble que j'avais plutôt bien aimer.

Vous discutez encore un moment de vos goûts. Tu notes que vous semblez partager une certaine attirance pour tout ce qui est surnaturel, science-fiction... Tout ce qui sort du réel. Tant mieux ; au moins lui, tu ne le perdras pas.

▬ L'espoir fait vivre à ce qu'il paraît !

Tu lèves les yeux aux ciels, un sourire joueur sur le visage lorsqu'il te propose de donner un gage au perdant. Évidement, tu ne vas pas te défiler pour si peu. Tu aimes les défis (tant que tu ne fais de mal à personne) et c'est d'autant plus le cas lorsque la personne en face de toi peu rendre le jeu intéressant.
Tu fouilles dans la poche avent de son sac pour en sortir une pièce.

▬ Pile baston, face course ?

Tu la lances, la rattrapes. Face. Ce sera donc une petite course. Bon, si tu es douée dans la vraie vie, ce ne sera peut-être pas pareil dans un jeu vidéo mais... Qui ne tente rien n'a rien !
Vous repérez donc un jeu qui semble intéressant. Heureusement, le temps d'attente est assez court et vous êtes rapidement installés, prêts à vous affronter.

Un défi. Rien de tel pour te mettre de bonne humeur et réveiller la battante qui sommeille en toi, déterminée. Tu n'es pas spécialement douée avec les manettes, tu le sais, mais ce n'est pas pour autant que tu comptes abandonner avant même d'avoir essayé. Et puis le destin semble être de ton coté aujourd'hui ; un jeu de course. Bon, tu ne seras au volant d'une vraie voiture, sur une vraie piste ou l'une des nombreuses routes interminables d'Amérique, mais c'est déjà ça. Il y a moyen que tu ne sois pas trop à la traîne et que tu parviennes à mettre des bâtons dans les roues à ton adversaire. S'il te bat trop facilement, tu doutes qu'il trouve ça drôle. 

▬ Qu'est-ce que tu me chantes là ?! Je roulais lentement ! Tu prends un petit air surpris, légèrement scandalisé. ▬ Ça va le faire.

Tu prends place, prends le temps de t'habituer à ce qui va te servir de volant, frein, accélérateur, etc. Bref la manette. Heureusement que vous avez un petit moment d'essai avant le début de la course pour vous habituer.

▬ Bonne chance ! Dis-tu durant le décompte.

Zéro.

Vous voilà partis. En ligne droite. Puis un tournant. Une montée. Un autre tournant. Une descente. C'est de plus en plus compliqué, et le chemin est sacrément traître. Heureusement, tu as l'habitude de faire face aux imprévus sur la route alors.... Tu parviens plus ou moins à bien gérer.

Et peu à peu, tu dépasses ton adversaire. Il te rattrape. Puis tu reprends la tête de la course.... Jusqu'à la ligne d'arrivée.
Tu souris, victorieuse, claques ta langue sur ton palais.

▬ Qui se nourrit d'espoirs ?

Tu te tournes vers le jeune homme tout en quittant ta place. Tu n'en reviens pas mais surtout, tu es fière.

▬ On a dit que le perdant recevait un gage non ?  Tu fais mine de réfléchir. Ouais. Tu sais déjà quoi lui demander... mais... ▬ J'ai ma petite idée mais... Je te le donnerai fin de journée.

Ô voilà qui risque de lui déplaire. Mais est-ce que tu t'en soucies ? D'une part oui, d'une autre non. Disons que c'est le jeu et qu'il y a pire dans la vie.
Vous vous éloignez des jeux de courses.

▬ Tu veux peut-être une revanche ? Ou tu préfères aller dans un autre secteur ?

C'est la deuxième fois que tu le bats. La première fois, c'était leur de votre première rencontre, lorsque vous discutiez autour de quelques verres pour passer le temps. Il râle, une fois de plus. Mais de nouveau, il ne te laisse pas en plan pour autant. Tu te souviens de ce fameux jour, où le ciel pleurait encore et encore. Il aurait pu rester seul dans son coin, mais il t'a attendu. Cette fois, ce n'est pas de la surprise que tu éprouves, ni de la reconnaissance comme lorsqu'il est resté à tes cotés (dans ta chambre) lorsque tu étais au plus bas, mais bel et bien de la satisfaction. Il ne cherche pas ta compagnie mais il ne la fuit pas. Oh un jour, c'est lui qui viendra de lui-même !

Tu lèves les yeux au ciel, soupires.

▬ Je te promets que je vais rien ajuster, ça te va ?

Bon il n'a aucune preuve de ce que tu avances. Tout ce qu'il peut faire, c'est te faire confiance, deviner que tu tiens toujours tes promesses.

▬ Et puis je suis sûre que tu n'aurais pas aimé que je te laisse gagner. dis-tu après avoir hoché la tête et emboîté son pas. ▬ Allons-y !

Enfin y aller... Visiblement, ce ne sera pas sans faire un arrêt auprès des personnages de One Piece. Mais vous êtes là pour profiter du salon dans son intégralité et vous avez la journée pour ça, alors tu suis sans rechigner. Un peu à l'écart, tu dois bien avouer que ça fait drôle de voir le jeune homme s'appliquer à prendre différents clichés. Pourtant, tu as bien cru comprendre qu'il était présent sur les réseaux sociaux... Mais entre l'entendre et le voir, il y a un monde différence. Car tu n'as pas cherché à le trouver, à voir ce qu'il fait exactement. Ce qui fait sa popularité n'est pas vraiment ce qui t'intéresse le plus - dans le sens où ce n'est pas la raison pour laquelle tu lui parles - et, ça ferait bizarre, non ?

▬ Si je peux t'aider, dis-le moi, que je serve à quelque chose au moins une fois dans ma vie.  dis-tu tout en te rapprochant légèrement. ▬ C'est pour tes réseaux je suppose ? Quitte à ne pas fouiller, autant te renseigner. ▬ Tu fais autre chose que de la musique et... des photos, visiblement ?

Tu le regardes faire pendant un moment, le laisses seul dans son monde. L'espace d'un instant, tu te demandes  à quoi il peut bien ressembler lorsqu'il travaille sur ses musiques. Est-il du genre attentif à son environnement ou se plonge-t-il entièrement dans un univers qui lui appartient ? Tu sens que si tu oses l'interrompre aujourd'hui, tu n'en ferais pas autant s'il était sur son pc avec un instrument en main. Une pensée que tu chasses rapidement de son esprit. Déjà parce que ce n'est pas près d'arriver, et ensuite parce que sa réaction et ses réponses te parlent beaucoup plus, comme si vous aviez basculés sur ton terrain  en une fraction de seconde. Tu souris légèrement et brièvement, amusée de le voir soudainement - et pour la première fois - presque mal à l'aise. Un sourire qui grandit par la suite, cachant la dureté de tes pensées vis-à-vis de ta petite personne sous une couche de légèreté.

▬ Arrête,  je pourrais presque croire que tu veux me rassurer et m'encourager.

Tu saisis son portable, désinvolte. Bien qu'il soit resté à tes côtés l'autre soir, tu doutes fortement qu'il se soucie de toi et de tes états d'âmes, d'où ce monde entre tes mots et le ton que tu emploies. Tu as appris à assumer tes conneries, à vivre avec celle que tu es. Tu ne sens pas victime - c'est même plutôt l'inverse - et le fais bien comprendre. Shintaro, lui, n'est là que parce que tu l'as invité dans un endroit qu'il apprécie, rien de plus. Mais tu ne le prends pas mal pour le coup, ne te vexes pas et fais au mieux pour rendre cette journée aussi agréable pour lui que pour toi. Même si tu n'as rien fait jusqu'ici.

Tu l'écoutes, haussant un sourcil à ses mots. Pas parce que tu ne comprends pas, c'est même tout le contraire. Tu viens de Los Angeles. Là-bas, il n'est pas rare des croiser des stars et autres personnes connues des médias, réseaux, etc. Et autant dire que des appareils photos ou des portables pointés dans leur direction, tu en as vu, et pas forcément avec leur accord. Et derrière, il y a parfois débat sur les réseaux. Bon certes, ce sont des cas extrêmes, bien plus que ce que le jeune homme doit vivre... Ne serait-ce que parce que lui, il a le choix. Certes, ça l'aide mais il a le choix. Mais n'empêche que tu vois très bien ce qu'il veut dire. Les gens ont souvent tendance à tout vouloir savoir. Quoi ? Où ? Avec qui ?

▬ Va savoir. Peut-être que ça leur donne l'impression d'être plus proches de la personne ? Comme s'ils pouvaient pénétrer ton intimité. Tu hausses les épaules.

Ses paroles, lors de votre première rencontre, te reviennent en tête.

▬ Heureusement que ton but n'est pas de devenir une rock star.

Non lui, il veut rester en coulisses et composer si tu te souviens bien.

Tu prends le temps de faire quelques photos, t'adaptes, suivant au passage les quelques conseils que Lily t'avait donné.

▬ Hm, oh euh pourquoi pas !

Ok, cette proposition te prend complètement au dépourvu mais tu l'acceptes tout de même avec plaisir.
Tu rejoins donc le jeune homme pour venir te mettre contre lui, réduisant la distance de façon relativement correcte pour la photo. Disons que tu essaies d'éviter d'installer une proximité inexistante entre vous, même si c'est inévitable pour réussir cette photo. Toi qui aimes le contact, tu dois faire un effort surhumain. Un sourire et c'est bon !

▬ On est beaux ! Quoi que... elle, elle embellit la photo. dis-tu en te montrant du bout du doigt, l'air faussement songeuse.

Tu ne relèves pas. Si ce genre de petites phrases suffisaient, ça ferait longtemps que tu serais posée, longtemps que tu aurais mordu certaines personnes plutôt que de supporter leur désagréable compagnie, au détriment de l'avis de tes proches. Sauf que là encore, tu te canalises, malgré une certaine peine et colère qui sont exprimées au travers d'une franchise presque blessante, dernièrement. Si les choses étaient différentes, si c'était si facile, tu ne te serais peut-être pas réveillée en compagnie d'un garçon rencontré quelques jours plus tôt, ce matin. Peut-être... Avec toi, on ne sait jamais.

Tu lèves les yeux de portable l'espace d'un instant, comme pour mieux observer ton interlocuteur. Ce que tu lui as dit l'autre soir, tu le pensais ; tu le trouves très attirant. Et même si chaque personne a ses propres goûts, tu doutes que ce soit une question de physique ou même de talent qui le bloquerait... C'est plus... Une question de caractère. Pour attirer la foule, il faut souvent l'aimer, aimer l'attention des autres et être capable de cacher son hypocrisie. Si c'est très simple pour certains, parce qu'ils aiment être traité comme des êtres à part, ça demande beaucoup plus d'efforts pour d'autres. Quand c'est même possible.

Lorsque ton partenaire du jour te propose de prendre une photo avec lui, tu ne refuses pas malgré la surprise qui t'anime. Tu ne penses pas qu'il se soit forcé à te faire une telle proposition par pure politesse. Du moins, tu l'espères. Le cas contraire serait... vexant.

À son commentaire, tu surjoues - de façon volontairement mauvaise - une mine choquée, main sur le coeur.

▬ Alors là je suis blessée. Moi qui pensais que mon mensonge passerait ! dis-tu, sous-entendant que le plus bel élément de la photo, c'est lui.

Tu souris ensuite, appuyant ainsi tes mots. Le penses-tu réellement ? Peu importe. Tu contre-attaques juste d'une façon qui te semble plus efficace qu'une autre. Un peu comme dire "je t'aime" à quelqu'un qui nous méprise.

▬ Il fallait me le dire si tu voulais que ce soit un rencard. Là je me serais peut-être mise sur mon 31.

Tu lèves les yeux sur le coté, l'air pensive, comme confuse. Il est vrai que c'est toi qui tenais à l'inviter, mais tu ne comptes pas arrêter de l'embêter à cause de cette vérité. Tu fais mine de réfléchir et, au bout, d'un instant, baisses à nouveau les yeux sur le jeune homme. Clairement, tu ne réfléchis même pas ; tes petites provocations - et surtout tes bêtises - te viennent naturellement.

▬ Je ne savais pas que tu tenais autant à me voir bien habillée. C'est parce que tu as vu trop de peau d'un coup, c'est ça ?!

L'air innocent, tu te tournes comme si de rien n'était, étrangement obéissante. Tu n'irais pas jusqu'à dire que tu le dragues mais, disons que tu prends tes aises et que c'est plus fort que toi.

▬ Il y a une artiste qui doit se trouver par là. dis-tu en pointant un secteur du doigt. ▬ Elle fait de l'art numérique, style fantaisie, fantastique.. glauque aussi parfois. Ses plans larges sont magnifiques. Et je sais qu'elle peut faire livrer des tableaux si nécessaire : ça m'arrange.

Tu voudrais bien décorer un des murs dans ta chambre (en Amérique). Quelque chose de simple, ni trop grand ni trop petit, dans des tons neutres et/ou sombres fera l'affaire. Tu n'es pas de ceux qui passent leur temps à cacher chaque millimètre de peinture avec un poster, un tableau plein de couleurs, etc... Mais tu aimes tout de même avoir un petit élément qui fait vivre ton imagination dès que tu poses ton regard sur ce dernier.

Vous vous mettez donc en retour, non sans que tu ne jettes quelques coups d'oeil aux autres stands par curiosité. Autant faire du repérage pour plus tard.
Puis tu finis par trouver, manquant presque de louper le tournant pour t'y rendre.

▬ Par là !

Instinctivement, tu saisis la main de Shintaro afin de le guider et surtout, de ne pas le perdre dans la foule.

C'est vrai ; tu ne lui as pas vraiment laissé le choix. Mais tu n'étais pas vraiment d'humeur à réfléchir à ce qui pouvait ou non le mettre mal à l'aise à ce moment-là. Telle un animal, tu avais suivi ton instinct de la façon la plus simple et naturelle qui soit. Mais tu ne t'en excuseras pas pour autant, et ne te sens absolument pas gênée de t'être montré en sous-vêtements. Alors, tu lui envoies simplement une petite mine coupable mais amusée.

Tu sais déjà où aller pour le prochain stand, lui expliques vite fait de quoi il s'agit, même s'il pourra le constater par lui-même une fois sur place. Autant faire ce qui vous plaît le plus avant de vous attarder sur le reste du salon.

▬ Oh non pas à ce point. Mais ce sera encombrant ici, et même si on le prend fin de journée, c'est quand même pour mettre chez moi. Et je préfère éviter de prendre l'avion avec. Donc c'est encore plus simple de le faire livrer directement. Et ce n'est pas l'argent qui te manque pour ça.

De nouveau, tu ne réfléchis pas trop lorsque tu lui prends la main afin de ne pas le perdre. Même devant le stand, tes doigts entourent toujours les siens. Ce n'est que lorsque Shintaro te dit qu'il n'est plus un gamin que tu réalises ton geste et lui rends sa liberté.

▬ Désolée si ça t'a dérangé ou gêné.

Cette fois tu t'excuses, calme et sincère.
Délicatement, tu parcours un livre d'images du regard, où tu espères pouvoir trouver ton bonheur.

▬ Ça ne t'est jamais arrivé d'être inspiré par un simple paysage ? Et avoir l'impression que... tu loupes beaucoup de choses en même temps ?

Tu marques une pauses, songeuse, tout en continuant de tourner les pages.

▬ Tiens, ça me rappelle un point d'observation où je m'étais arrêtée avec mon meilleur ami pendant notre petit road trip, en été  ! dis-tu en désignant l'une des images du doigts.

Une grande étendue d'eau, des arbres, des montagnes, la nuit qui tombe. On dirait un décor tout droit sorti d'un film aussi réaliste que fantaisiste.

Sans détourner les yeux des clichés, tu écoutes attentivement la réponse de ton voisin, non sans une certaine surprise. Peut-être que d'une certaine manière, tu t'attendais à l'entendre grogner et te demander un truc du genre ; "C'est quoi cette question ?!" - tout en te lançant une pique bien placée -

▬ Je vois.

Une idée que tu partages dans sa globalité. À l'exception que toi, c'est justement en te plongeant dans ce que certaines images t'évoquent que tu as l'impression de louper quelque chose. Car tu penses en premier lieu à la beauté du dessin. Puis tu laisses aller ton imagination. Puis en creusant davantage, tu replonges dans la réalité. Ce dernier point ne s'applique - il te semble - qu'aux paysages.

▬ Quand il s'agit de paysages, j'ai souvent l'impression que je suis bloquée dans un lieu en particulier. Qu'il y a énormément d'endroits magnifiques où je ne saurais jamais aller pour une raison ou une autre. dis-tu sur un ton distant, bien qu'on puisse discerner une pointe de peine dans ta voix.

Mais tu retrouves rapidement ton sourire en tombant sur un autre paysage qui te rappelle des souvenirs. De très bons souvenirs.

▬ J'essaie. dis-tu en riant doucement, tournant enfin la tête vers ton partenaire du jour. ▬ J'aime beaucoup découvrir de nouveaux lieux, bouger et donc voyager. J'ai un attrait tout particulier pour les lieux les plus atypiques, naturels et anciens, type ruines. Mais il faut savoir où aller et avoir les moyens, et je ne parle pas uniquement sur le plan financier. Parce que ça, tu l'as. ▬ T'as déjà tenté l'expérience d'un road-trip ?

▬ Hm, pas si sûre. Mais tu as raison ; je devrais me satisfaire de ce que j'ai, surtout que je ne suis pas à plaindre. Mais je n'y peux rien, c'est plus fort que moi. T'en que je le peux...

Tu laisses ta phrase en suspend, estimant que tu n'as besoin d'en dire plus : c'est assez clair. Ce n'est pas quand tu seras trop âgée pour voyager que tu devras te plaindre, ni même s'il t'arrive quelque chose qui te diminue fortement. Parce que ça peut arriver à n'importe qui, n'importe quand.

Tu ne penses pas que trouver des ruines soit très difficile. Il y a toujours moyen mais après, tout dépend de ce que l'on cherche et du pays dans le quel on se trouve. Ce n'est pas au Japon qu'il trouvera une ville semblant à Pompéi. Ouais, forcément c'est plus facile dans un jeu... sauf que le jeu ne vaut pas la réalité pour ce genre de chose ! Être au milieu d'un terrain vague, en ruines, lorsque les nuages cachent subtilement le soleil, ne laissant que quelques rayons illuminer les lieux... Ça, c'est magique !

Tu grimaces doucement lorsqu'il te parle d'autres priorités à gérer. Tu lui demanderais bien ce qu'il a de si important à faire, qui l'empêche de profiter de certaines choses, mais...

▬ Je suppose que tu ne veux pas en parler. dis-tu simplement.

Tu laisses la porte ouverte. Sans forcer. S'il veut t'en dire plus un jour, tu l'écouteras. Mais pour l'heure...

▬ Et qu'as-tu fait ? demandes-tu avec un grand sourire, curieuse.

Tu ne te vexes pas. Tu ne t'attendais pas à ce qu'il se confie sur ce qui le retient ici. Chacun a ses propres raisons après tout ; manque d'argent, proches, manque de motivation concernant l'organisation du voyage, etc. Tu trouves juste ça un peu dommage qu'il ne trouve pas davantage d'occasions de faire quelque chose qui semble quand même lui plaire. Maintenant, tu aurais presque envie de le trainer avec toi un de ces jours, un week-end... De lui partager un peu de ta liberté. Mais tu doutes qu'il soit aussi chaud que Milan pour ce genre de chose. En tout cas, avec quelqu'un comme toi.

En tout cas, s'il est réticent à l'idée de parler de sa vie privée, il est bien plus ouvert concernant son travail. Tu t'en contenteras. Tu n'as pas vraiment le choix. Puis ça permet d'en apprendre un peu plus sur lui.

▬ Hé, c'est trop cool ! Ça a dû te faire du bien. J'ai déjà été à Tokyo mais Hakone... C'est comment là-bas ?

Tu fais signe à l'artiste que tu as fait ton choix, et lui donne les informations nécessaires. Une fois que tu as payé, tu te tournes vers Shintaro.

▬ Quelque chose t'intéresse ou on passe à la suite ?