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- IllyInvité
- Cyr:
Cyr, il est bleu comme un coup de blues, comme un coup au cœur, comme un ciel ouvert. Sur sa peau d’artiste, une toile de tâches de gouache et de pastel s’étend, entre ses équations et ses notes de génétique, couvre mal les creux que les seringues lui font dans le pli du coude. Cyr, il rêve trop fort et il plane trop souvent, sur des ailes d’imagination ou de drogue.
Cyr, il est né d’une famille très – trop – aisée, avec une cuillère en argent dans la bouche comme une forme de bâillon, mais en plus civilisé. Il a fugué, ado. On l’a ramené de force. On l’a enfermé dans le manoir familial, en tête à tête avec sa claustrophobie, le temps que ses rébellions de rêveur meurent. Il était peut-être fragile, avant ; depuis il est fragilisé et il trouve la nuance horrifiante.
Cyr, il a eu en droit de naissance le pouvoir – celui de son nom, celui de son Don dont les siens s’enorgueillissent. Celui qui aurait dû être une couronne et qui, sur lui, devient une chaine.
Cyr, c’est un oiseau bleu dans une cage dorée où il rêve de clés.
Sur ses genoux, la pile branlante de carnets et de dossiers menace de se déverser sur les pieds du Doyen. Cyr se tient derrière comme derrière un bouclier de papier et de peinture – avec ses cheveux bleus comme une liberté de synthèse et le col béant, là où devrait se trouver la cravate qu’il a trouvé le moyen de perdre en chemin. Il cille un instant, regarde le doyen, rembobine mentalement la conversation qu’il n’a pas suivie.
"Oh. Euh. Pardon. Je suis Cyr Cavaleri."
Il prononce son nom de famille comme on lève un bouclier et comme on encaisse un coup. Les deux à la fois. Sa famille est cette menace de Shrödinger – parfois pour lui, parfois pour lui, dans des nuances complexes d’amour amer.
"Je… n’ai pas de diplômes à vous présenter, en fait, parce que nous n’avons pas d’universités ou d’écoles, d’ailleurs, à Pandémonium. Enfin, pas institutionnalisées, en tout cas, parce que comme il n’y a pas vraiment de gouvernement ou que s’il y en a un on n’est pas vraiment au courant…"
Son babillage nerveux s’emballe, s’arrête net quand il réalise ce qu’il dit. Un rose poudré colore ses joues et la pointe de ses oreilles alors qu’il baisse les yeux, tentant désespérément de se rappeler ce qu’on a bien pu lui dire de dire. Les coins un peu cornés qui dépassent de ses divers dossiers sèment des indices de papier :
"Mais j’ai des lettres de recommandation de mes professeurs privés ? Et de mon employeur. Parce qu’actuellement je fais de la pharmacologie. Et de la génétique, un peu, mais je n’ai pas pu le mettre sur mon CV parce que ma mère voulait le vérifier et euh… la majorité de ma famille n’approuverait pas."
Son chignon lâche de mèches de bleus vivace lui donne un air de savant fou trop jeune ; sa pâleur de porcelaine le peint de fragilité alors que son enthousiasme initial descend, remonte en une montagne russe dont son expressivité transparente ne cache rien :
"Et une lettre de mon directeur de galerie, aussi ! Je peins beaucoup et j’expose un peu. Mais j’ai arrêté de grapher sur les murs alors ceux de l’école ne devraient pas…"
Nouvel arrêt net. Le rose gagne une teinte plus soutenue sur ses joues. Il pourrait presque sentir le regard de reproche de ses trop nombreux précepteurs sur sa nuque. Dans ses bras, les carnets et dossiers dégorgent de couleurs chatoyantes, d’esquisses au fusain, d’œuvres expérimentales. Des mondes entiers se pressent entre leurs pages et disent que Cyr, il aurait voulu vivre mille vies.
"Enfin sauf si vous voulez une fresque sur les murs ou sur le toit ou…"
Il laisse sa voix s’éteindre doucement, jaugeant la réaction de son interlocuteur avec la prudence d’un daim moucheté de bleu face à un chasseur.
- IllyInvité
"Oh, pourquoi le campus devrait m’accueillir ?"
L’artiste considère le doyen avec des yeux de lapin bleu pris dans des phares de voiture. Il est presque sûr d’avoir préparé cette question. Il est aussi totalement certain d’avoir oublié la réponse qu’il est prévu qu’il donne.
"Parce que… j’aime l’école ?" tente-t-il, l’air plus catastrophé que convaincu.
Et s’il est vrai qu’il aime étudier, il est, il le sait, un désastre social en train de se dérouler dans ce bureau. Triturant nerveusement ses lettres de recommandation jusqu’à ce qu’elles prennent des airs d’origami, il baisse les yeux sur ses mains :
"Je sais que j’ai un profil atypique."
Il essaye de le dire sans la déception que sa mère y met ni l’exaspération que son père lui porte. C’est compliqué.
"Je pense de travers. J’ai le cœur du mauvais côté – littéralement. Du coup je vois les choses différemment et… je pense que ça pourrait être une force, si je trouvais comment m’y prendre. Mais ce n’est pas chez moi que j’apprendrais ça. Alors, peut-être qu’en changeant de cadre radicalement, vous voyez… ?"
Quand il tourne la tête vers les cerisiers en fleurs, dehors, ses pommettes prennent doucement la teinte exacte de leurs bourgeons.
"Puis…"
Il hésite – bleu comme un ciel ouvert, comme un cœur ouvert.
"Quelqu’un que j’aime beaucoup a un sakura, chez lui. Alors je me suis dit qu’ici, ce serait forcément bien."
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