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- Pentalemon A. De KaramaInvité
Confortablement installé dans le fauteuil que l’on m’avait proposé, je laissai un instant de silence planer, gardant un visage sérieux mais paisible, à l’aise dans l’exercice de l’entretien d’embauche comme dans n’importe quel autre.
Je commençai par avouer sur le ton de la plaisanterie que j’étais un être surnaturel, naturellement omniscient, ce qui expliquait que je connaisse toutes les langues inscrites sur le feuillet entre les mains du Doyen.
Bien sûr, on ne me prit pas au mot et j’enchainai donc sur le mensonge crédible que j’avais dû inventer pour expliquer l’étalage de mes multiples talents. Il fut tout d’abord composé par une enfance fictive – nous les démons, sortions de nos oeufs déjà adultes et ne connaissions pas ce stade de développement – passée dans différents pays, trimballé par des parents ambassadeurs qui parlaient eux-mêmes plusieurs langues voire dialectes, langages que l’on m’enseigna dès l’âge tendre, lorsque le cerveau mortel était encore malléable et où apprendre à parler était aussi instinctif qu’apprendre à se déplacer sur ses deux pattes.
Je vantai une facilité naturelle avec les langues, héritage génétique de mes augustes aïeuls qui m’avait permis de poursuivre par la suite mes propres apprentissages, n’hésitant pas à utiliser cette vieille théorie qui voulait que plus on apprenait de dialectes, plus il devenait aisé d’en apprendre de nouveaux.
Bien sûr, je devais me restreindre, ne pouvant parler absolument toutes les langues qui avaient été un jour parlées sur cette terre bien-aimée ! Même pour un génie à l’intelligence hors du commun, ce savoir complet aurait été impossible. D’autant plus que je n’avais pas l’allure d’un vieillard qui avait dédié des décennies complètes à ces apprentissages, mais bien le physique du jeune trentenaire à l’image duquel j’avais façonné mon corps sublime !
Je développai ensuite mes propres expériences de voyage, dans des territoires connus comme reculé, auprès de populations dont même la télévision ne voulait pas parler, oubliées de tous et surtout de la modernité qui s’était emparé du monde avec frénésie. Je parlai de la beauté bruyante des villes, de l’accueil formidable des autochtones, des paysages modelés par le temps et des météos parfois peu clémentes qui m’avait laissés sans voix bien trop de fois !
Ces expériences qui avait été miennes autant qu’elles avaient été celles d’âmes perdues que moi ou les miens avions eu l’audace (ou l’outrage, dépendant du point de vue !) de récolter et dont les récits berçaient encore parfois les jours sans fin des Enfers. Esprits déments qui parlaient, parlaient encore et que je ne me lassais jamais d’écouter.
Le nombre des pays cités devait être impressionnant mais après tout, j’avais passé ma vie à voyager. Si le vieux roublard en face de moi pensait que je mentais, il pouvait toujours me soumettre à une potion de vérité : j’avais réellement foulé les terres de ces nombreuses contrées, du haut de mes véloces tentacules !
Quand enfin je décidai que c’était assez, il sembla se contenter d’un hochement de tête pensif, ne s’attardant pas plus longtemps sur mon laïus pour me questionner finalement sur les raisons qui devrait le pousser à m’accueillir parmi les professeurs de leur prestigieuse université…
Diantre ! Voir ma sublime personne ne lui suffisait donc pas ?! Ah ces humains, aucune certitude ne semblait jamais assez bonne pour eux !
- Pentalemon A. De KaramaInvité
Bien sûr, arguer du fait que j’étais le sublime et tentaculaire Pentalemon, le seul et l’unique cinquième fils de Lucifer ne m’aiderait sans doute pas à gagner ma place dans cette école. Peu restaient les mortels qui croyaient encore en nous ou en nos homologues angéliques et ma seule prestance était devenue insuffisante pour conquérir les cœurs ici-haut.
Prenant le temps de boire une gorgée du délicieux thé qui m’avait été offert, humectant mon palais de ses arômes rafraichissants, il ne me fallut qu’une seconde pour décider lesquels de mes défauts et de mes qualités auraient le plus de chance de m’acheter une place de choix en tant que professeur de langue.
Laissant la tasse occuper mes mains, parfaitement à sa place posée sur mes genoux, je repris le fil de mon long monologue pour un nouveau paragraphe.
Ma très grande patience et ma connaissance de la nature humaine, via mes nombreux voyages, fut les premières qualités que je choisis de mettre en avant. Il fallait au moins ça pour enseigner à tous ces adolescents bourrés d’hormones les connaissances nécessaires à leur développement ! Je fis part aussi de ma très grande curiosité, me poussant à aller chercher des réponses toujours plus complètes et étoffées à mes interrogations ou celles de mes proches, et de mon obstination sans borne à vouloir transmettre mes expériences et mes connaissances à mes cadets. Puis aussi de mon sens de l’adaptation développé tout au long de ma vie et qui me permettrait d’être le professeur de tous en adaptant mes cours pour chacun et pas seulement pour le plus grand nombre.
Il me sembla essentiel de préciser que je me ferai un devoir de n’en laisser aucun sur le banc de touche, que j’avais conscience que le métier de professeur ne commençait et ne s’arrêtait pas sur le seuil de la salle de classe mais allait au-delà : c’était une vocation, un mode de vie à part entière.
Je me consacrerai entièrement à mes élèves, dussè-je sacrifier une partie de mon temps libre pour eux !
Bien sûr, cela ne signifiait pas que j’allais laisser les étudiants tenter de m’amadouer et de me marcher sur les pieds, éventuellement. Je savais me montrer ferme ou même autoritaire lorsque cela s’avérait nécessaire. J’étais un démon parfaitement droit dans mes chaussures, une créature à l’aise dans ses baskets.
Ma constante bonne humeur acheva ce discours enflammé qui avait été le mien, citant des études scientifiques très sérieuses sur les effets positifs (ou négatifs) que nous pouvions avoir les uns sur les autres et l’importance de l’image que nous devions renvoyer aux élèves en toute circonstance.
Si avec ça, on ne m’embauchait pas… J’avais l’âme d’un véritable samouraï japonais et le verbe d’un Victor Hugo des temps modernes, impossible de passer à côté du post !
Mais les dés étaient jetés et la balle n’était à présent plus dans mon camp. Je pris donc la peine de finir ma tasse de thé et pris congé du Doyen lorsqu’il me congédia à la manière polie et affable des citoyens japonais.
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