Allongée sur son (trop) petit lit une place, Lou regarde le plafond à défaut d’aller bosser. Son livre de maths l’attend sagement sur son bureau, mais est recouvert d’une pile de vêtements qu’elle n’ose pas trier. Alors, tant pis. Pense-t-elle. Les maths, ce sera pour une prochaine fois. Il est seize heures. Lou n’est pas prête de bouger.
Sur le plafond, il y a une drôle de tâche. Une forme bizarre. On dirait presque des yeux et une bouche. Alors, ça fait marrer Lou. Qui essaye d’imaginer l’expression de ce drôle de visage. C’est beaucoup plus intéressant que de choper le bouquin de français qu’elle doit lire pour la semaine prochaine. Et puis, son sac aussi est sous une pile de fringues. Il est seize heures trente. Lou n’a toujours rien foutu.
Finalement, alors que le visage sur le plafond ne l’intéresse plus vraiment, elle se tourne, et regarde son bureau depuis le lit. C’est la honte quand même. Depuis combien de temps elle est dans cette chambre ? Deux mois ? Peut-être trois ? Mais c’est un vrai dépotoir. Si maman était là, ce serait nickel ! C’est que madame Takahashi est rigoureuse, et ne supporte pas bien la tendance bordélique de sa fille. Et si maman venait visiter ? Il est dix-sept heures moins le quart et Lou flippe.
Elle se redresse immédiatement. Sa tête tourne un peu : elle était allongée depuis si longtemps. Elle attrape toutes les fringues échouées sur le bureau, au pied du lit, sur la table de chevet, et évidemment sur le sol. La jeune femme a tendance à s’éparpiller et elle attrape même quelques tas dans les parties communes, juste à la limite entre son espace et celui de Seito.
Un gentil colocataire, quoique qu’un peu discret. Elle aurait aimé pouvoir discuter davantage avec ses camarades, mais allez savoir pourquoi, ils semblent préférer passer leur temps dans les bouquins, ou avec leurs propres potes, que de faire ami-ami avec Lou. Elle le prendrait presque mal. Mais bon, ils sont plus âgés, on a pas tout le temps envie de jouer au baby sitter. Il est dix-sept heures et Lou commence à plier son linge.
Elle respire l’odeur de quelques vêtements, et lance quelques malodorants. Erk, pas question de remettre cette chemise, au sale ! Ceux qui sont encore portables, elle les plie, et fait de son mieux. On ne pourrait pas la confondre avec Marie Kondo, mais c’est mieux qu’en boule. Bien tassé, ça tient dans l’armoire. Et au fond de la pile, un S.U.P.E.R.B.E sweat. Simple, mais efficace. Lou ne se souvient pas l’avoir acheté. Ni l’avoir porté. Ni l’avoir amené jusqu’ici en fait. Mais si c’est dans sa pile de fringues, autant le porter. Et autant le porter tout de suite ! Il est dix-sept heures et quart, et il commence à faire frais dans la pièce.
La porte s’ouvre, un de ses colocataires entre. Le Seito ! Qui aime pas qu’on l’appelle par son prénom. Lou sort immédiatement de son coin pour le saluer, le sourire solaire, un peu trop énergique :
«Mori-chan ! Tu as passé une bonne journée ?»
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Le lundi 6 novembre 2017
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
L'entraînement de foot l'a crevé. Seito n'a qu'une envie : s'étaler sur son lit jusqu'au dîner. Comme à son habitude, il fait vite dans les vestiaires. Pudique, il ne laisse à personne le temps d'entrevoir son corps que ce soit sous la douche ou en se changeant. Pourtant, des muscles se dessinent enfin sous sa peau que la minceur accentue. Mais il n'est pas de ceux qui roulent des mécaniques dès qu'ils le peuvent. Pas comme un certain espagnol à qui il propose de manger ensemble à la cantine ce soir. Le sac sur le dos, il décline poliment une virée au konbini que lui propose un groupe de joueurs et il prend la direction des dortoirs.
Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas dépensé autant. Il faut dire que depuis Halloween il y a eu de l'amélioration. Il peut maintenant se targuer d'être ami avec Pablo. Ouvertement, pas une simple pensée dans un coin de sa tête qu'il rechigne à toucher de peur qu'elle ne s'enfuit. Ils ont encore des choses à dire mais il a l'impression qu'enfin ils peuvent aller de l'avant et il mentirait s'il disait ne pas être soulagé. Alors oui, il est exténué mais c'est de la bonne fatigue. Celle qui te fait sourire malgré tout au vu du mal que tu t'es donné. Il ajuste la bandoulière de son sac et pénètre dans le bâtiment des dortoirs. Première porte et il est dans sa chambre.
Oula, trop d'énergie. Seito s'arrête net et plisse les yeux. Tant d'enthousiasme est suspect. Et bien sûr, il tique sur le suffixe qu'elle emploie à son égard. Il est petit, d'accord, mais il n'a pas cinq ans et demi. Elle a de la chance de l'avoir appelé par son nom de famille ou il ne se serait pas gêné pour la recadrer, fatigue ou pas. Cela pèse d'ailleurs suffisamment dans la balance pour qu'il se contente un simple retour à l'envoyeur. Un sourire étire le coin de ses lèvres alors qu'il franchit les quelques centimètres restants jusqu'à son lit.
« Pas trop mal Takahashi-kun. Et toi ? »
Le japonais se décharge de son sac qui finit lourdement au sol et s'étire comme un chat, les mains voulant toucher le plafond. Finalement la taquinerie de la brune l'a réveillé. Il se retourne et part enquêter autour de son bureau. Sur lequel il remarque le manuel de mathématiques, intact. Son sourire moqueur refait surface.
« J'me disais bien qu't'étais un peu trop heureuse pour avoir fait tes devoirs. Surtout des maths. C'est pas ce livre-là que tu cherchais y'a deux jours ? T'as pas cherché loin. »
Car au bout de deux mois de vie commune, il sait dans quelle désorganisation elle prospère. Non pas qu'il fasse mieux, en témoigne sa partie de la chambre à l'heure actuelle. Mais disons que ses phases de maniaquerie sont moins espacées que la lycéenne. Il fait un tour d'horizon de son espace et poursuit :
« D'ailleurs... c'est rangé. »
Il y encore de l'amélioration mais c'est un début. Son regard se braque sur elle et, sur un ton à moitié amusé à moitié inquiet, il demande :
« Tout va bien ? »
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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Le lundi 6 novembre 2017
Il a l’air crevé, le Mori. Du genre “ne parle pas trop fort”. Pas méchant, loin de là, mais qui pourrait sortir les crocs si Lou faisait fi des règles basiques de vie en commune. Comme, “n’envahit pas l’espace personnel de tes colocataires”. Ou encore “laisse les dormir sur leur lit, s’ils en ont besoin”. Mais c’est sans compter que Lou, depuis tout à l’heure, elle se fait chier. Le pire ennemi du calme, c’est l’ennui.
Heureusement pour Lou, Seito est rentré dans la chambre. Malheureusement pour Seito, Lou était dans la chambre. Prête à bondir sur lui. Prête à parler des heures et des heures, sans le lâcher. Pour le moment, il supporte. Il se permet même un peu de small talk.
« Très bien ! »
Maintenant que t’es là ! Elle ne bute même pas, sur le suffixe “-kun”. Comme elle n’a pas fait attention à sa propre erreur. “-kun”, “-chan”, “-san”, et même -sensei”, il pourrait tout dire qu’elle ne fait pas attention. A vrai dire, il aurait pu lui répondre “ça ne va pas très bien, je suis au bout du rouleau”, qu’elle n’aurait pas fait gaffe. Elle n’est pas vraiment en mode écoute, Lou.
« J’ai encore le temps pour les maths, je le ferai demain ! »
Avant-hier, c’était demain. Hier, c’était demain. Demain, ce sera demain.
« T’as vu comme je me suis motivée ! »
Motivée pour faire les mauvaises choses, comme d’habitude. Les maths étaient évidemment la priorité. Mais pour cette fois, on l’excuse. Ranger, c’est toujours mieux que de scroller sur son feed instagram, ou de regarder les nuages. Elle fait des grands gestes, pour montrer l’espace. Le lit, le sol, le bureau. Tout est net ! C’est la première fois en deux mois de vie commune.
« Plus un vêtement au sol ! »
Elle continue sa petite visite, toujours en pointant les coins et recoins. La chaise à côté du bureau, la lampe sur laquelle elle avait oublié un T-shirt depuis deux semaines, et même le petit espace commun, entre son lit et celui de Seito.
« J’ai même retrouvé ça ! »
Elle tire finalement sur le sweat, fièrement. Retrouvé ? Trouvé, oui ! C’est pas comme si ça lui appartenait en premier lieu. Mais ça, Lou, elle n’y a pas non plus fait gaffe.
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
La brune lui ôte bien vite le poids de l'inquiétude alors qu'elle s'emploie à faire le tour de ses exploits. Comme s'il en avait véritablement quelque chose à faire. Son sourire amusé ne le quitte pas et il va même jusqu'à observer avec une admiration feinte tous les points d'intérêt. Jusqu'à ce que Seito ne puisse plus retenir son sarcasme bien longtemps et qu'il déclare :
« J'te donnerai bien une médaille mais j'en ai plus. »
A peine un regard sur le pull qu'elle exhibe fièrement, il se concentre plutôt sur un problème de taille. Quelque chose le dérange. Il fronce les sourcils. Le paravent. Il a été décalé. Trop décalé.
« Ouais ouais, super tout ça. Mais... t'as bougé le paravent ? Parce que j'ai pas souvenir qu'il était si près de mon lit. »
Outrepassant les limites de sa juridiction, il alterne entre son côté de la chambre et celui de la jeune fille. Il aurait disposé d'un mètre qu'il aurait mesuré l'espacement au millimètre près. Sa langue claque contre son palais alors qu'il braque son regard sur la première année.
« Tu prendrais pas un peu tes aises par hasard ? Tu croyais que j'allais rien remarquer ? Bientôt j'vais pouvoir dormir avec le paravent. »
Et même s'il ne bouge pas dans son sommeil, il n'en reste pas moins encombrant. Le japonais soulève aussitôt le panneau occultant et le remet au centre. Rétablissant ainsi la symétrie parfaite. Ses mains viennent se caler de part et d'autre de ses hanches, tamponnant virilement l'accomplissement du travail bien fait.
« Aaaah c'est mieux ! » s'exclame-t-il en même temps. Un nouveau regard vers la brune, il joue la surprise et soudain tend l'oreille, le doigt dessus : « Oh t'as entendu ? » Moment de pause dramatique. Puis un sourire idiot fleurit sur ses lèvres alors qu'il complète : « Dommage que tu l'entendes pas mais le feng shui m'a remercié. »
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Le lundi 6 novembre 2017
En fait, il n’est pas si sympathique que ça le Mori. Pas besoin d’être désagréable. Le sarcasme, ce n’est pourtant pas un sport japonais. Un athlète, Seito, un véritable athlète. Et Lou n’est pas si stupide. D’un naturel optimiste, elle pensait que la soirée se passerait bien. Mais le lycéen ne partage pas le même goût pour la discussion.
Elle se mord la joue, et ne dit plus grand chose. En fait, elle a un petit peu honte de s’être montrée si enthousiaste. Elle aimerait bien, Lou, s’entendre avec ses colocataires. Elle a bien conscience d’être bruyante. Bien sûr que ça ne plaît pas à tout le monde. Mais discuter de sa journée, prendre des nouvelles, est-ce si difficile ?
« Le paravent ? »
C’est quoi cette histoire de foutu paravent. Les épaules tombantes, et le regard désolé, elle laisse Mori faire son petit manège. Elle n' a rien à faire de l’espace. De toute manière, ce ne sont pas deux centimètres qui changeront quoi que ce soit à la taille minuscule de leur chambre. Tout ça, c’est un malheureux hasard.
« Un vrai décorateur d’intérieur. »
Murmure-t-elle. C’est à peine audible. Elle est un peu frustrée et énervée la Lou. Mais elle garde tout ça bien au fond de son ventre. Parce qu’elle sait, que c’est de sa faute, et qu’elle doit faire attention en rangeant de respecter l’environnement de tous. Alors, elle soupire :
« Désolée, je ne voulais pas t’embêter. » Et ajoute. « Ni t’envahir. » Son visage est complètement fermé. Son sourire brillant s’est éteint. Elle se dirige vers son bureau, tire sa chaise, et ouvre son livre de maths.
Parfaite humeur pour les maths.
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
Alors oui, il est allé un peu fort. Sans raison qui plus est. Une fois de plus, il est victime de son emportement disproportionné face à une situation tout à fait banale. Il aurait dû l'ignorer purement et simplement en s'effondrant sur son lit sans ménagement plutôt que de la descendre en flèche comme il vient de le faire. Son visage est d'abord marqué par l'incompréhension lorsqu'il la suit du regard jusqu'à son bureau, puis son cerveau finit par assembler les morceaux et il se décompose. Cette toute petite voix qu'elle a adopté ne lui sied pas du tout, en plus de le faire culpabiliser à mort. Ce qu'il exprime sans plus tarder, maladroitement.
« Non mais j'rigolais. Un peu... enfin au début non mais après oui. RHAAAA ! »
Il exulte son exaspération en fourrageant sa chevelure de doigts agacés. Ce qu'il peut être con parfois. Souvent. Toujours ? Seito fait quelques pas, s'agite entre son lit et le paravent, revient vers le bureau de sa colocataire mais ne désamorce rien. Tout simplement parce qu'il se sent impuissant face à un tel revirement de situation. Certes, il n'avait pas nécessairement envie de converser des heures mais il n'était pas forcé de la rabrouer aussi méchamment. Ses dents accrochent sa lèvre inférieure tandis que son regard oscille nerveusement sur elle. Faut-il qu'il soit à ce point dérangé pour ne pas être capable d'offrir un semblant d'écoute à celui qui en fait la demande ? Alors qu'il requiert lui-même cette attention qu'on ne lui donne pas.
Fais chier.
Seito inspire et comble rapidement la distance qui le sépare du bureau de la brune. Les paumes de ses mains claquent sur le bois lorsqu'il s'y appuie. Il ne sait pas par quel bout prendre le problème tant le nœud est serré. Mais il juge soudain que cela importe peu du moment qu'il exprime son regret. C'est pourquoi il ne laisse planer aucun doute sur sa démarche et parle aussitôt. Pour autant, il mentirait s'il disait que cela ne lui coûte pas d'avouer ses torts.
« Takahashi-chan, pardon. J'voulais pas te faire de la peine, j'suis désolé. »
Avec lenteur, il s'agenouille de sorte que sa tête est à présent à la hauteur du bureau. Ses doigts agrippent le rebord du plateau, son menton se cale sur le bois. Penaud, il pose sur elle un regard de chien battu.
« Tu peux prendre toute la place que tu veux. Et... »
Sa main dévie la lampe de bureau pour braquer le faisceau inquisiteur sur sa culpabilité avérée. Puis il rompt le contact visuel, profondément embarrassé.
« Donne ta sentence. J'suis juste pas très bon en maths... »
Qu'elle soit au courant au cas où elle aurait l'idée de lui faire faire ses exercices.
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Le lundi 6 novembre 2017
Il rigolait, il rigolait ! Il a de drôles de manières de rigoler le Mori. Même si Lou a très envie de le croire, et à très envie de s’amuser, ça ne la fait pas vraiment rire. Cette histoire de paravent, c’est une blague entre lui et lui-même. Les yeux rivés sur son livre de mathématiques, elle voudrait faire mine de ne pas l’écouter. Bouder, comme une enfant. S’il ne s’excuse pas, elle boudera. S’il ne se rapproche pas, elle boudera.
Mais il s’approche.
Et il s’excuse.
Lou lâche immédiatement son cahier et regarde attentivement Seito. Elle voit bien, la sincérité du lycéen. Et finalement, elle décide que ce n’est pas si grave. Pas besoin d’être susceptible pour une histoire de paravent. Et puis, il est tard, on ne fait pas toujours attention à ce que l’on dit.
Un sourire mâlin aux lèvres : « C’est pas juste ! Tu mets déjà des limites ! »
Elle ferme son cahier de mathématiques d’un coup sec. Ce sera pour demain. C’est une matière importante, mais elle a tout le temps de rattraper son retard. Et puis, la lycéenne est loin d’être excellente à l’école. Et aurait bien besoin d’aide sur d’autres matières.
« Peut-être que ça te semble loin, mais… »
Lou se penche, dans son cartable, et fouille pour en sortir un livre de littérature japonaise. Autre matière importante, dans laquelle elle peine à dépasser les 50/100.
« Tu penses pouvoir me donner un coup de main en littérature ? Les examens arrivent et j’aimerai bien ne pas me taper trop de rattrapage… »
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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Bon sang, on a frôlé la catastrophe. Seito n'est pas sûr de maîtriser les petits yeux peinés mais il semblerait qu'ils fassent l'effet escompté et ses épaules se relâchent lorsqu'il voit poindre un sourire sur les lèvres de sa colocataire. Ce qu'il peut être con parfois, souvent ? Alors une fois de plus, il n'a pas d'autres choix que de se rattraper. Et s'il faut pour cela vendre son âme, il accepte.
« Pas juste ?! Mais j'te propose de faire la justice justement ! » s'exclame-t-il en souriant à son tour.
Et cette offre ne va pas rester sur la table bien longtemps si les termes ne lui conviennent pas. Cependant il choisit de se montrer un poil patient. Les yeux grand ouverts, il suit le moindre de ses faits et gestes. Les mathématiques sont relégués au second plan et ce n'est pas plus mal. Il ne ment pas, cette matière est une invention du diable. Sa main chasse la lampe de son champ de vision et se cale sous son menton.
« Mais ? » répète-t-il, intrigué.
La sentence se cache dans le sac de la jeune fille et... OH ! Mais ce n'est pas une punition ça, c'est une faveur qu'elle lui fait. Ses yeux s'illuminent tandis qu'un sourire conquis se fraye un passage sur ses lèvres.
« Un coup d'main ? J'peux même t'en donner deux. Vu que j'ai deux mains ! »
Le japonais rigole à sa blague pourrie et s'appuie sur le bureau pour se redresser. Tout en tirant sur son tee-shirt pour le remettre d'aplomb, il la bombarde de questions :
« Tu veux que je t'aide comment ? C'est quoi qui t'bloque ? Un type d'exercice précis ? » Soudain il saute du coq à l'âne : « P*tain, il faisait moins froid quand j'courais. Tu peux me répondre hein, je mets juste un pull et j'reviens. »
Il ouvre sa penderie pauvrement remplie et se met en quête de son sweat noir. Le plus simple mais diablement confortable. Les battants se referment. Sourcils froncés, il farfouille sur son lit. Puis à côté de sa table de chevet. Toujours pas. Le tas de vêtements près du paravent frontalier devient alors son dernier espoir. Il s'agenouille devant et soulève un à un chaussette, caleçon, pantalon.
« Mais qu'est-ce que j'en ai foutu ?! » marmonne-t-il, agacé. De nouveau relevé, il se tourne vers Takahashi-chan et tente sa chance : « Dis, t'aurais pas vu un pull n... »
La surprise lui coupe la chique. Il décide de résister au froid de la pièce un peu plus longtemps et se rapproche de la brune. Une lueur taquine dans les yeux, il lui demande :
« Il est pas mal ton pull. Tu l'as acheté où par curiosité ? »
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Le lundi 6 novembre 2017
La tension redescend. Lou esquisse même un sourire serein. Elle n’a jamais eu l’occasion de créer des liens avec son colocataire. Alors, oui, elle est arrivée en milieu d’année. Et puis, il est plus âgé qu’elle. Mais finalement, à part des “bonjour”, des “ça va” et autres conversations simplistes, rien.
Lou, elle aime plaire. Pas dans le sens, draguer. Mais dans le sens, être appréciée. Habituée à s’entendre avec tout le monde, elle ne supporte pas vraiment être dans le conflit. Pourtant, elle connaît le rejet. Simplement, qu’elle ne veut pas l’expérimenter. Son frère et sa sœur, ça suffit bien amplement.
Et c’est peut-être la raison pour laquelle, dès qu’elle se rapproche d’une personne un peu plus âgée qu’elle, elle tisse des liens quasi fraternels. Avec les filles, surtout. Presque un comble, alors qu’elle aime les filles, elle ne les considère quasiment jamais comme des petites-amies potentielles. Toujours comme des grandes sœurs.
Il lui manque bien un grand-frère “de coeur”.
Qui prend soin d’elle, qui par exemple, pourrait lui expliquer ses foutus cours d’arts plastiques. C’est un vilain schéma. De vilaines habitudes. Lou, bien sûr, ne l’avouera jamais dans ces mots. Mais dans le calme et la sympathie de Seito, elle y voit l’image de ce qu’elle aimerait être Mathéo. Mathéo, il est bon en littérature. Mais il n'a jamais aidé Lou.
« Oh bah merci ! En ce moment, on étudie la poésie. Et je sais compter le nombre de syllabes, je reconnais les alexandrins, les déca…décatrucs. Les comparaisons aussi c’est facile. Mais pas trop les autres figures de style. »
Alors que Seito s’affaire de l’autre côté du paravent, Lou cherche dans ses carnets et ses livres le chapitre dédié à la poésie. Elle est presque persuadée que ce sera l’intitulé de l’examen. Le professeur a beaucoup insisté dessus !
« Mon pull ? »
Quel est le rapport avec la poésie ? Elle relève le regard vers Seito, puis touche les mailles de son vêtement.
« Je sais plus, moi, il était dans le bordel, là ! »
Du bout du doigt, elle pointe vers la direction du paravent. Juste à la séparation entre sa partie de chambre, et celle de Seito. Puis, elle s'en rend compte. Bien sûr qu’elle ne se souvient pas l’avoir acheté ! Ni jamais porté. Ni même rangé dans son armoire !
Ce n'est pas son pull.
« Oh non… »
Elle se redresse, maladroitement. Sa chaise manque de tomber dans le mouvement. Elle retire immédiatement le pull et le tend vers Seito, en s’excusant d’une petite courbette.
« Je crois qu’il n’est pas à moi. »
Bien cru !
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Ce ne sont pas les déca-trucs qui vont l'aider à présent. Seito attend patiemment qu'elle parvienne à l'inévitable conclusion, se délectant de cette petite mise en scène, un sourire fin collé aux lèvres. Sourire qui vient s'étirer alors qu'il suit du regard l'endroit qu'elle pointe du doigt.
« Hin hin. »
Mais encore ? Ah ça y est, elle tilte. Brusquement. Le japonais s'avance par réflexe et rattrape la chaise in extremis. Quant à son pull, il vole dans les airs à la vitesse de l'éclair et cette fois-ci elle fait montre d'une politesse surprenante. Il faut dire que la situation est cocasse. Son sourire s'agrandit, il n'est pas loin de pouffer de rire.
« Tu crois bien. »
Son ton est volontairement posé. Mais à son visage, il est évident qu'il n'est pas en colère. Au contraire, cela l'amuse énormément. Un peu trop d'ailleurs. Au point qu'une idée farfelue lui vient en tête. Les figures de style lui échappent ? Qu'à cela ne tienne, il va rectifier aisément le tir. Seito s'habille de malice et, plutôt que de la délester de son pull, il attrape un stylo sur le bureau de la brune. Le faisant tourner entre ses doigts, il déclare sincèrement :
« Si le pull te plait, tu peux le porter. »
Et de un. Le remarquera-t-elle ? Ses yeux sondent la moindre de ses réactions tandis qu'il fait mine de s'intéresser aux circonvolutions du stylo. Il hausse les épaules et poursuit dans un soupir se voulant dramatique :
« Il faut juste espérer que le pull ne pleure pas son porteur une fois sur tes épaules. »
Et de deux. C'est si facile. Il interrompt son petit manège et repose le stylo là où il l'a trouvé. Un demi-tour vers sa colocataire et de nouveau l’espièglerie transparaît, camouflée sous une fausse inflexion professorale.
« Si tu as prêté attention à ce que j'ai dit, tu devrais y trouver deux figures de style. Je te laisse me dire lesquelles. »
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Le lundi 6 novembre 2017
Un sourire, mâlin. Non. Un sourire, carnassier. Un sourire qui ne fait pas plaisir, un sourire qui fait peur. Lou, mouton, appréhende Seito, loup. Il peut la dévorer, à tout instant. Et elle reste droite, les yeux désolés, à attendre la sentence.
Qu’est-ce qu’il a prévu ?
Certainement pas de remontrances. Le rouge ne lui monte pas aux joues. Est-ce qu’il va renverser la tendance, demander à Lou une faveur ? Ce ne sera pas en mathématiques. Encore moins en littérature. Peut-être en sport, à la limite.
Mais qu’est-ce qu’il a prévu ?
Pourquoi semble-t-il si amusé ? Pourquoi tort-il les mots ? “Moi Tarzan, toi Jane”. “Difficile à voir. Toujours en mouvement est l’avenir”. Est-ce que Seito parle en citation ? Il semble soit terriblement bête, soit terriblement mâlin. Et Lou, complètement paumée.
C’est quoi ce bordel ?
Plus le temps passe, et moins Lou comprend. Elle ne peut que le regarder, les yeux ronds. C’est une drôle de punition. Puis, la réponse.
« Oh, m*rde ! J’avais rien capté ! »
Les mots, plus rapides que les pensées. Lou pose une main sur ses lèvres alors qu’elle remarque son injure. Elle s’excuse dans une petite grimace polie, avant de récupérer le stylo pour noter sur le papier les deux phrases prononcées par Seito.
« D’abord, t’as parlé comme Yoda. » Lou ne se souvient pas vraiment de la phrase, elle note néanmoins que c’était en deux segments, et que les consonnes se répétaient. « Puis, après, c’est facile ! » “Le pull pleure”, elle s’en souvient bien. C’était joli. Et elle a tout de suite compris ce qu’il signifiait par là. « C’était une métaphore ! »
Elle reste quelques instants à se triturer l’esprit pour comprendre la première. Déjà, elle essaie de se souvenir de la place des mots. “Si le pull tu aimes, le porter tu peux ?” Non, c’est trop bizarre, ça sonnait bien mieux aux oreilles. “Si le pull tu aimes, tu peux le porter ?” Toujours pas ça, ce n’est pas aimer. Finalement elle arrive à noter la bonne phrase : “Si le pull te plaît, tu peux le porter”, mais doit avouer son échec :
« J’en sais rien… »
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Seito balaie son juron d'un revers de la main. Ce n'est pas le premier et ce ne sera pas le dernier. Et ça l'amuse énormément. Elle n'a pas besoin d'en dire plus, elle ne sait pas. Elle n'a rien capté. Dire qu'il s'y attendait serait prétentieux, mais c'est pourtant le cas. Rares sont ceux qui partagent sa passion de la poésie. Et Lou ne fait pas exception à cette fatalité que la poésie ne vend pas. Mais il ne va pas baisser les bras aussi facilement. Alors il attend patiemment qu'elle réfléchisse. Allez petites turbines, on s'active !
« Comme Yoda ?! » répète-t-il avec surprise avant d'éclater de rire.
On ne lui avait jamais faite celle-là ! Oh bon sang, il n'a pas le dixième du quart de la sagesse de Yoda. Quant à la leçon du jour, elle est malheureusement à côté de la plaque. Le sujet est la littérature, pas la cinématographie. Le japonais reprend tant bien que mal son sérieux et suit avec encore plus d'intérêt son raisonnement. Jusqu'à la mauvaise réponse.
« Perdu, c'est pas une métaphore mais une personnification. » est-il contraint d'annoncer. Grand seigneur, il minimise son erreur en déclarant : « Mais celle-là était pas facile. Par contre, la première tu devrais trouver ! »
En théorie. Il jette un œil aux mots qu'elle griffonne sur son cahier et contient un nouveau rire. Mais la perplexité de la brune le fait vite déchanter. Elle n'en sait rien ? Vraiment ? C'est pourtant d'une simplicité enfantine ! Il aurait dû insister bien plus sur les consonnes. Oh tiens d'ailleurs, c'est exactement ce qu'il va faire. Seito s'appuie contre le bureau.
« C'est pas grave. J'vais répéter. Si le Pull te Plait, tu Peux le Porter. » dicte-t-il lentement.
En insistant particulièrement sur la lettre P de chaque mot. Puis il attend l'épiphanie.
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Le lundi 6 novembre 2017
Les poils de Lou se redressent dans un frisson. Le froid ? L’impression de se sentir un peu stupide face à son double échec ? Décidément, l’école, c’est pas fait pour elle. C’est pour les gars qui savent pas quoi faire, après. Lou, elle sait ce qu’elle veut faire. Elle cuisinera ! Comme ses parents. Elle rêve du jour où elle pourra passer ses journées devant les fours et les casseroles. Mais avant de pouvoir rissoler, caraméliser, et fouetter, il faut apprendre à figure-de-styler.
Bloquée sur sa chaise, bloquée devant son carnet, elle essaie de comprendre.
« Une personnification ? » Ah mais oui ! La métaphore, avec des attributs humains. Elle était tellement sûre d’elle même qu’elle n’a pas pris le temps de mieux analyser la phrase. Elle a foncé, sans prendre de recul. Bien sûr que c’est une personnification. C’est pourtant pas si difficile. « La personnification, c’est un peu une métaphore quand même ? Mais humanisée, c’est ça ? » Elle est assez sûre d’elle, mais ne veut pas faire la même erreur deux fois.
Le rire de Seito est gentil, mais il pique un peu le cœur de Lou. Elle se rend compte qu'elle n’a pas le niveau. Ce qui semble pour lui un peu dérisoire, est une montagne pour elle. Au collège, on lui acceptait encore l’excuse de l’enfance en France : « J’maîtrise pas bien le japonais, je l’ai appris tard ! ». Depuis sa première année de lycée, ça ne marche plus. Et encore moins à Kobe, où son expérience ne fait pas figure d'exception. Y’a bien des étrangers qui comprennent les figures de style, elle n’est pas étrangère. Elle est au Japon depuis sept ans maintenant. Alors, cette fois, elle se concentre. Elle note tout de suite la phrase, avant de la répéter à haute voix, pour mieux se l’approprier :
« Si le Pull te Plait, tu Peux le Porter. » Elle le répète une fois, puis une deuxième, avant d’échapper dans un sourire un peu naïf : « C’est drôle, ça m’rappelle du beatbox. » Le son “p” qui revient, encore et encore, comme dans un rythme. Et elle commence doucement à comprendre, que c’est cette consonne qui est la star de la phrase : « Oh j’crois que je sais ! »
Maintenant, elle doit fouiller. Plus vraiment dans son esprit, mais dans son cahier. Elle a compris. Il s’agit de la figure qui consiste à répéter plusieurs fois la même consonne. Ici, c’est le P. Alli-truc, Alli-machin, comme elle ne sait plus, elle préfère vérifier. Et finalement, elle tombe dans ses notes sur :
«Allitération ! »
Des yeux brillants, un peu fier. Elle va peut-être les réussir, ces examens, finalement ?
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
Et bien voilà, quand elle veut ! Seito acquiesce derechef.
« Si t'entends par là que dans les deux cas, c'est imagé alors oui on peut dire que c'est une sorte de métaphore. Mais comme tu l'as dit, c'est surtout parce qu'on donne des caractéristiques humaines à un objet. Faut absolument que le verbe que t'utilises puisse s'appliquer seulement aux humains. »
Il sourit et comme pour la récompenser de sa peine, il lui offre une réflexion dénuée de bon sens.
« Quoique c'est plutôt marrant d'imaginer un pull pleurer... Tu crois qu'il pleurerait des mailles ? »
Et le pull se déferait à mesure qu'il pleurerait, se transformant progressivement en pelote de laine. Serait-ce la raison pour laquelle on dit avoir les nerfs en pelote ? Que de mystères à élucider ! A commencer par la première figure de style qu'il a employé et qu'il a tranquillement répété dans l'espoir que la brune reprenne confiance en elle. Sa remarque le fait sourire.
« T'as pas complètement tort, les paroles d'une chanson peuvent se voir comme une poésie. »
L'une des raisons pour lesquelles il prête toujours une attention particulière aux paroles plutôt qu'à la musique et qu'il a parfois du mal à accrocher aux hits dansants où les paroles absurdes et répétitives s'enchaînent. Son regard se plante sur elle alors qu'elle crie victoire avant d'annoncer son verdict. Pour l'encourager, il se décale et tapote rapidement sur le bureau dans le but d'imiter un roulement de tambour. La réponse est scandée avec tant d'enthousiasme que Seito se prend au jeu.
« Et c'est gagnéééé ! »
Il s'empresse de clapper poliment ses mains et lui fait un clin d’œil enjoué. Son pull quitte la jeune fille et il l'endosse sans plus tarder.
« Maintenant qu'on a éliminé ces deux figures de style, est-ce que tu saurais me faire la plus belle métaphore sur ce pull incroyable que je porte à présent ? »
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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Le lundi 6 novembre 2017
Lou aussi, elle a envie de s’applaudir. C’est ridicule, d’être fière pour si peu. C’est au programme de lycée, et encore pire : elle est censée l’avoir déjà vu au collège. Son sourire à pleines dents, et ses yeux riants, beaucoup pourraient s’en moquer. Mais quand t’es en retard, c’est pas toujours simple de prendre confiance en soi. Lou, elle a souvent l’impression qu’elle n’y arrivera pas. Et le lycée, ça peut lui miner le moral. C’est pas si simple, de toujours être dans l’échec.
D’abord, il y a l’échec dans les yeux des parents. Son grand frère, Mathéo, est très bon. Et Lou, elle n’arrive pas à la cheville de Mathéo. Alors, parfois, ses parents sont déçus. C’est sûrement parce qu’elle se donne pas à fond. Si un de leurs enfants réussit, pourquoi pas les autres ?
Puis, il y a l’échec pour soi-même. Même si Lou est persuadée que son futur n’est pas dans une université, mais dans une cuisine, peut-être en France ou ailleurs, parfois elle a des doutes. Elle aime ça, mais est-ce qu’elle est bonne en cuisine ? Et puis, est-ce qu’elle aura les bras assez solides pour l’univers machiste de la pâtisserie ? On le sait bien : les femmes, ça fait à manger à la maison, mais ce sont les hommes qui font la cuisine.
Et surtout, il y a l'échec de l'école. Retaper, repasser, rattraper, redoubler. Elle voudrait ne pas être punie pendant ses vacances.
« Pas question que le pull pleure ! Grâce à lui, j’ai l’impression d’avoir un peu progressé ! Alors il a intérêt à faire la fête ! »
Elle est excitée. “Grâce à lui”, grâce à Seito, oui. A sa patience, aussi. C’est qu’il est bon professeur, son colocataire. Il prend le temps, et il a des exemples ludiques. Mais malheureusement, la fête est de courte durée. Alors qu’elle pensait pouvoir fermer son livre et savourer sa victoire dans son lit, elle doit se prêter à l’exercice.
« Wow… » Elle n’est pas sûre d’y arriver. En tous cas, pas avec l’aisance de Seito. Mais elle ne se décourage pas. C’est bon, elle peut le faire ! Encouragée par ses précédentes réussites, elle se permet d’écrire sur sa feuille. D’abord, elle rature un : “Le pull, comme un mouton”. Mais c’est une comparaison, pas une métaphore. Elle réfléchit. Qu’est-ce qu’il est doux, qu’est-ce qu’il est agréable. On s’y sent bien, on y flotte :
« Je me plais beaucoup dans ton nuage de laine. »
Elle regarde Seito, interdite. Est-ce bon ?
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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Peu de gens le savent mais Seito est doué d'une sensibilité absurde. Et il ne faut parfois que des mots pour l'émouvoir. Bien qu'il soit conscient de cette prédisposition, il n'a pas trouvé la manière d'endiguer les sentiments qui l'étreignent lorsqu'il fait soudain face à une vague. En plongeant corps et âme dans la littérature, il a fini par y déposer son cœur. Une offrande justifiée face au refuge chaleureux que lui a offert la lecture. A présent, la moindre ponctuation, le plus folklorique des champs lexicaux, le plus petit effort de linguistique le charment et l'ensorcellent. Nul besoin d'avoir le verbe de Kenzaburo Oe, encore moins de posséder la versatilité de Durian Sukegawa. Seito s'émeut parfois d'un rien et il en fait les frais avec stupeur.
« C'est... »
Beau. Surprenant. Tendre. C'est surtout bête de perdre ses mots à un moment pareil. Il aurait voulu lui donner un exemple de métaphore qu'il n'aurait pas excellé avec autant de brio. Ses sourcils se lissent puis un sourire complice fleurit sur ses lèvres. La carte de la sincérité est toujours la meilleure.
« C'est vraiment un très bel exemple Takahashi-chan. »
Ce dont elle ne peut se douter est la justesse de son image. Ce pull est en premier lieu un vêtement. Sauf qu'il est bien plus qu'un conglomérat de fibres duveteuses. Entre ses mailles distendues, sous sa couleur un peu passée, se cache la promesse d'un abri de fortune bienvenu. Un cocon de confort quand le besoin se fait sentir. Une bulle de réconfort dès que le moral se fait la malle. Un nuage de douceur dans un ciel orageux. Des années qu'il fait office de bouclier émotionnel et que jamais il ne faillit. La laine caresse ses bras sans rien demander en retour, si ce n'est la gentillesse d'approuver sa rencontre bisannuelle avec un tambour lancinant. Seito ne se départit pas de ce sourire candide et se permet une confidence.
« C'est un pull porte-bonheur. Tu peux l'emprunter quand tu veux. Tu verras, il fait des miracles quand ça va pas. La preuve, tu t'en es sortie comme une cheffe ! »
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Le lundi 6 novembre 2017
Une boule de stress est coincée au fond de la gorge de la lycéenne. Elle n’a plus de voix. Ni envie de parler. Ca lui fait tout drôle, à Lou la bavarde. Elle s’en est voulu, à la seconde où elle a sorti cette histoire de nuages. C’est ridicule, comme métaphore, n’est-ce pas ? C’est simple, aussi. D’une banalité risible. Est-ce qu’il va sourire, est-ce qu’il va rire ?
Pour cacher ses émotions, Lou plante ses ongles dans ses cuisses. La légère douleur lui permet de mieux se concentrer. Elle pense à Mathéo, maintenant. Qu’est-ce qu’il aurait dit, lui ? Il se serait certainement impatienté. Il aurait râlé, monté les yeux au ciel. Lui aurait encore fait la morale : c’est pas normal, à seize ans, de ne pas maîtriser les figures de style.
C’est facile pour lui. Il aime ça.
« P.. Pardon ? »
Au compliment de Seito, les mains de Lou se détendent, et ses épaules aussi. Au compliment de Seito, c’est comme une énorme vague de bonheur, sur laquelle elle n’est pas prête à surfer, et qui l’emporte. Les yeux de Lou brillent, et se remplissent, d’un peu de larmes. C’est un peu trop, pour un simple compliment, mais ça la rend fière. Et puis ça lui fait du bien, de se sentir valorisée.
Surtout en lettres.
« M-merci.. » Un petit hoquet, alors qu’elle s’essuie une larme qui coule. Elle n’essaie même pas vraiment de la cacher. « Merci beaucoup, ça me rassure beaucoup pour les examens, je vais peut-être y arriver, finalement. »
Et prouver à son frère qu’elle aussi, elle peut le faire.
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Seito n'est jamais avare de compliments et s'en sert de monnaie pour naviguer dans le monde délicat des relations humaines. Sans retenue, il pointe du doigt ce qu'il admire et le fait vibrer. Et bien souvent il ne réalise pas la portée de son éloge. C'est à peine s'il se rend compte du pouvoir de ces ondes positives qu'il dépense sans compter. Il accueille donc la réaction de la jeune fille avec stupéfaction. Les mailles se défont sur ses joues. Et le doute a tôt fait de se pelotonner dans son esprit vicieux. A-t-il fauté ? L'aurait-il vexé ? Attendait-elle qu'il la descende ? Même si elle ne méritait pas qu'il soit sévère ? L'honnêteté pouvait se résoudre à quelques larmes mais en l’occurrence, il ne parvenait pas en saisir la signification actuelle.
Alors Seito panique.
Son rythme cardiaque monte dans les tours alors qu'il rejoint nerveusement son bureau. Il farfouille dans son sac à dos, fait chou blanc. Retourne l'étagère où traînent brosse à dents et autres joyeusetés de toilette. Ses doigts s'enroulent sur la poignée du premier tiroir de son bureau. Le remerciement jaillit. Il se fige. Lentement, le japonais relève la tête et interrompt son remue-ménage pendant qu'elle réitère sa bénédiction. Ses paupières accusent la surprise et quelques battements de cils plus tard, il fait mainmise sur un paquet de mouchoirs. Il referme doucement le tiroir et saisit sa chaise par le haut du dossier. Les roulettes glissent au-delà du paravent et s'arrêtent à côté de sa jumelle.
« P-pleure pas s'il te plaît. »
Sa voix est douce, presque intimidée. Le japonais contourne sa chaise et s'y assoit, aussi gracieux qu'une boule de pétanque jetée à l'eau. C'est avec plus de retenue qu'il lui tend le paquet de mouchoirs. Il pose sur la brune un regard soucieux et ne parvient pas à retenir sa question. Aussi naïve qu'indiscrète.
« Pourquoi tu penses que tu pourrais pas y arriver ? »
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Le lundi 6 novembre 2017
Elle frotte, frotte, ses petits yeux humides. Assèche la rivière à la source. Heureusement, son émotion est de courte durée. C’était une histoire de choc, de réalisation, surtout. Lou est encore jeune, et a du mal à prendre du recul sur ce qu’elle ressent. Seito semble si surpris. Alors, les joues de Lou rougissent de honte. Elle a la sensation d’avoir passé une limite indicible. Comme si l’intime avait surgi, et que Seito n’était pas près à l’attraper.
Alors, elle s’excuse :
« Pardon, pardon, je ne voulais pas ! »
Elle ne sait pas pleurer sur commande. Même en le voulant très très fort. Même en pensant à des choses tristes. Même en regardant les vidéos de chiens qui retrouvent leurs maîtres militaires sur Youtube. Lou, elle pleure sans s’en rendre compte. Même pas toujours dans les moments difficiles.
« J’ai juste été surprise… »
D’avoir réussi ? Rien qu’en prononçant ces quelques mots, elle sent sa poitrine se resserrer. C’est vrai, ça, pourquoi elle en doute autant ? C’est pas comme si elle avait raté une année. Elle n’a rien redoublé. C’est jamais avec les félicitations, mais elle passe toujours l’année supérieure.
« J’suis pas vraiment bonne élève, et le niveau de Kobe est meilleur que mon ancien lycée, et puis, j’ai pas toujours rendu fier mon f-… »
Est-ce qu’elle peut parler de Mathéo ? Lou n’en est pas certaine. C’est personnel, trop. Même si le regard de son frère l’intimide, elle ne veut pas avouer leur relation conflictuelle. Au fond, elle espère toujours remonter dans son estime. Elle doit alors se rattraper :
« Ma famille ! »
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Son visage n'est plus qu'appréhension. Seito observe la jeune fille silencieusement. Cet étalage de sentiments lui échappe. Elle fait bien de s'excuser. Pour autant, malgré la répétition, elles ne viennent pas à bout de son incompréhension. Car une métaphore ne devrait pas soutirer de telles larmes de crocodile, quand bien même elle serait si joliment amenée. Non pas qu'il soit impossible de pleurer en lisant le plus touchant des textes, il ne l'a certes jamais dit à personne mais il en a lui-même fait les frais. Cependant, ce petit exercice de poésie n'était qu'un jeu d'esprit, en aucun cas une torture qu'il souhaitait lui infliger. Ses yeux ne la quittent pas une seule fois. Cependant ses sourcils se froissent et se défroissent dans l'attente d'une explication rationnelle à ce soudain revirement de situation.
Le paquet de mouchoirs subit son anxiété. Il s'y raccroche comme à une bouée de sauvetage alors qu'enfin elle délivre la sombre vérité. L'exclamation s'écrase contre les murs et souffle ses murs effrités. Il digère. L'écho rebondit dans sa carcasse vide et finit par se perdre dans ce labyrinthe de doutes qu'il ne connaît que trop bien. Tapie dans le noir se terre cette constante déception qu'il expérimente au quotidien et qu'il aimerait dresser. Qu'elle lacère ses convictions, soit. Qu'elle se repaît de ses coups d'éclats, passe encore. Mais qu'elle ose s'approcher des autres et s'accrocher à la moindre joie de vivre sous son nez, il ne peut le tolérer. Supporter un tel poids est une charge qui lui incombe. Seito se voit donc dans l'obligation d'alléger sa peine, ne serait-ce qu'un temps.
« Tu dis ça parce que tu t'es trompée de figure de style ? Si c'est qu'ça, tu les auras appris en un rien d'temps avec moi. Tu sauras même en faire sans problème. Rien qu'là, t'as réussi. T'as du potentiel. Ça peut p't'être paraître obscur au départ mais j'peux t'assurer que c'est pas bien compliqué pour peu qu'on s'y intéresse vraiment. Même si j'peux comprendre que ça intéresse pas beaucoup d'gens. Et que j'dois faire parti des mecs chelous qui kiffent ça... Mais si j'dois continuer à être un mec chelou pour te montrer à quel point la littérature peut être ouf, alors j'le fais sans hésiter. »
Le japonais hausse les épaules, appuyant ainsi sa nonchalante décision. Pour autant, il sait pertinemment qu'il ne fait qu'effleurer le problème. Pour tarir des larmes aussi spontanées, l'explosif doit être plus costaud que du simple badinage d'écolier. Son regard se pose sur le paquet tandis que ses doigts jouent nerveusement avec la languette plastifiée.
« Tu sais... tu peux pas être parfaite tout l'temps. Mais quand t'arrives à l'être, j'suis sûr que ta famille est fière de toi. T'as le temps de briller. Y'a pas de mal à rater, du moment que toujours tu t'relèves. J'ai redoublé. Je... J'ai même... »
Il s'interrompt. Est-il bien sage de lui raconter ainsi ses échecs ? Oui, elle doit savoir qu'il y a pire qu'elle. Qu'une pierre précieuse n'est belle qu'une fois taillée. Il inspire, se donnant du courage.
« J'ai même été viré. C'est pas un concours hein. Mais c'que j'essaye de te dire, c'est que même quand t'as l'impression que tout est merdique, tu dois pas baisser les bras. Parce qu'il y a toujours une solution. Parfois elle te tombe dessus sans que t'aies à faire quoi qu'ce soit et parfois faut chercher, tenter des trucs... Et une figure de style après l'autre, tu avances. »
Un silence. Pendant lequel il relève lentement les yeux, cherchant à savoir si elle a compris un traître mot de ce qu'il raconte. La confrontation le fait rougir puis bafouiller.
« P-pardon, t'as p't'être raison quand tu disais que j'parlais comme Yoda. »
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Si seulement c’était une simple figure de style. Mathéo n’est jamais content. Mathéo n’est jamais d’accord. C’est dur, pour Lou. Quoi qu’elle dise, et quoi qu’elle fasse, elle sait que ce n’est pas assez. Lou, elle n’a pas la tête de Mathéo. Ni sa capacité de concentration. Il lui faisait un peu peur, quand elle était au début du collège, et lui au lycée. Il bossait, bossait, sans jamais s’arrêter. A part, peut-être, pour faire un peu de sport.
Si être adulte, c’est être comme lui, autant ne jamais grandir.
Ils ne se comprennent pas. Elle aimerait le voir s’épanouir, se trouver des passions, autre que les bouquins. Qu’il prenne un peu l’air, qu’il bronze, qu’il tombe amoureux, des choses comme ça. Lui, il aimerait qu’elle se canalise, qu’elle arrête la cuisine, qu’elle n’aide pas les parents au restaurant, et qu’elle fasse de vraies études. De bonnes études.
Mais ils n’arrivent pas à se le dire.
Et puis, le choc : « T’as redoublé, toi ? » Lui ?! Lou n’y croit pas. Il est malin, Seito. Beaucoup plus malin qu’elle, alors s’il a redoublé… « Viré ! » Alors là, elle comprend encore moins. Qu’est-ce qu’il a bien pu faire ? Elle ne sait pas vraiment si elle peut le demander. C’est très personnel. C’est trop personnel.
Est-ce que c’est vrai ? Est-ce qu’il dit ça pour lui faire plaisir ? Non. Il est sincère. On peut le voir, dans ses yeux. Seito ne ment pas. Il a l’air pourtant sage, studieux. Et il est super bon en littérature. « Merci…» Mais alors que son colocataire s’est livré, Lou s’en veut un petit peu. Elle a travesti la vérité. Ce n’est pas sa famille, au sens large, le souci : « Le problème, c’est mon frère, surtout… » Elle soupire doucement. « Il pense que je suis bonne à rien, je crois. »
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C'est amusant comme toutes ces informations étonnent. De l'extérieur, il est si simple de masquer la vérité. Sous le masque qu'il s'est forgé se cache un nid à problèmes que personne ne doit découvrir. Rester vague est sa meilleure tactique. Jusqu'à présent, personne n'a réellement creusé, laissant libre cours au flou artistique qu'il aime tant dépeindre. Heureusement Takahashi n'insiste pas. Pourtant il aurait juré qu'elle se serait montrée curieuse. A aucun moment il ne croit possible une remise en doute de ses confidences. Seito ne dit jamais rien à la légère. Et, comme une juste rétribution, la jeune fille décide de modifier sa déclaration. Ou plutôt de la préciser. Ses yeux s'écarquillent.
« Mais pourquoi il penserait ça ? » demande-t-il aussitôt.
La stupeur se mue en perplexité. D'une pression de pied, il fait rouler sa chaise en arrière. Un soudain besoin d'espace face à cette affirmation sans queue ni tête.
« C'est pas parce que t'as des difficultés dans certaines matières que t'es bonne à rien. J'vois pas l'rapport. » ajoute-t-il.
Non vraiment, la corrélation lui échappe. Étant donné qu'il est mauvais en maths, doit-il lui aussi se considérer comme bon à rien ? Ou pire, en déchet nucléaire au vu de son parcours chaotique. Il y a lieu d'investiguer. Une nouvelle question fuse :
« C'est quoi ses critères ? »
Histoire d'avoir les bonnes cartes en main pour élucider ce sombre destin. Ses doigts pianotent sur les accoudoirs. Il se veut une nouvelle fois porteur d'espoir alors qu'il en accorde si peu pour lui.
« J'connais pas ton frère et j'te connais pas non plus en vrai mais y'a bien un truc dans lequel t'es douée. C'est pas possible autrement. Ça existe pas les gens qui sont doués en rien. »
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Ses critères ? Lou a bien du mal à le savoir. C’est arrivé d’un coup. Mathéo s’est enfermé dans sa chambre, et il n’en est plus jamais sorti. Depuis, ils n’ont plus jamais réussi à se dire un mot. Lou est incapable de comprendre la raison. Elle manque cruellement de distance avec la situation. Encore jeune, elle a l’impression que c’est de sa faute, absolument de sa faute, et que leur relation est brisée à tout jamais.
Mais quand ils sont en famille, elle garde sur elle, histoire de ne pas envenimer.
Leurs parents le voient bien. Mais à part quelques remarques, ils ne veulent pas froisser davantage leur fils. Parce que contrairement à Lou, ils comprennent davantage son point de vue. Et même s’ils lui refusent l’extradition, ils savent combien le départ de France pour le Japon a été difficile pour lui. Que Lou se sente à l’aise dans ce pays, qu’elle soit aussi à l’aise avec la cuisine, c’est incompréhensible pour lui.
Lou ne comprend pas pourquoi Mathéo veut qu’elle change de voie. Parce qu’à ses yeux : Y’a qu’une seule chose, pour laquelle je suis pas trop nulle. Elle est même plutôt douée, considérant son âge. J’aime bien faire des gâteaux.
“Faire des gâteaux”. C’est une manière, encore une fois, de sous-estimer son travail. Plus que des gâteaux, Lou gère les crèmes et les appareils. Entremets, Tartes et Choux, rien n’a de secret pour elle. Il faut qu’elle améliore sa palette gustative, elle a encore tendance à se cantonner aux sempiternels vanilles, fraises et chocolat, mais la technique, elle la maîtrise.
Mais pour là, ça compte pas, c’est pas une matière qu’on apprend à l’école.
Pas avant l’Université.
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Des gâteaux, mais encore ? Seito cligne des yeux, un brin décontenancé. Sans vouloir dénigrer ce talent, il est quasiment sûr que beaucoup de gens savent faire des gâteaux. Avec plus ou moins de réussite, il ne peut le nier mais cela reste accessible à une grande majorité. Plus globalement, cuisiner est une activité à laquelle une foule de personnes s'adonnent quotidiennement. Alors qu'est-ce qui fait que cet amour de la cuisine va plus loin qu'un autre ?
« Tu aimes bien ET tu sais bien les faire ? »
Le choix de mot a toute son importance ici. Aimer est un mot fourre-tout à qui l'on cède tout parce qu'il brille d'une magie séculaire que l'on croit à tort intouchable. Sauf qu'un je t'aime n'a pas la même valeur qu'un j'aime les dorayakis. Les deux peuvent être prononcés avec ferveur, ils n'en restent pas moins foncièrement différents.
« J'demande ça parce que j'aime bien écrire mais j'ai aucune idée si j'écris bien. Du coup, c'est pareil pour toi. T'aimes bien faire des gâteaux, c'est une bonne nouvelle, j'dis pas l'contraire. Mais est-ce qu'ils sont bons ? »
Le sourcil arqué, il la soupèse du regard et attend patiemment la réponse. Évoquer son parcours lui semble étrangement naturel, comme s'il sentait que la brune en avait réellement besoin. Qu'il la voyait dans l'impasse et qu'il lui paraissait normal de lui montrer la bonne voie. Le japonais hausse les épaules comme si c'était d'une facilité enfantine.
« Ça s'apprend pas au lycée, c'est sûr. Mais y'a quand même le club de cuisine, c'est pas mal, non ? Et puis après y'a des formations exprès pour devenir chef ou pâtissier ou un autre truc du genre selon la spécialité que tu veux faire. Bon, par contre... faut que tu survives au lycée avant. »
Mais si son but ultime est la cuisine alors il imagine qu'elle fournira les efforts adéquats.
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Le lundi 6 novembre 2017
Est-ce qu’ils sont bons ses gâteaux ?
Lou, la bouche en cœur, a bien du mal à répondre à cette question. Elle sait, au fond, qu’ils sont bons ses gâteaux. Elle les a goûtés. Maman les a goûtés. Mamie les a goûtés. Tout le monde. S’ils ne sont pas à la carte du restaurant, ils n’ont jamais manqué de compliments. Mais elle a parfois du mal à croire les éloges de sa famille. Ils ne sont pas objectifs.
Par contre, à défaut d’être bons, ils sont vraiment beaux. Sur ce point, Lou en est persuadée. C’est bien la raison pour laquelle elle a ouvert un compte sur Instagram.
« Je fais pas vraiment des gâteaux… Genre cookies ou muffins. » La lycéenne sort son téléphone, pianote sur l’appli et ouvre son profil, avant de le tendre vers Seito. « Sur Youtube, y’a beaucoup de vidéos en français de chefs pâtissiers, ou d’amateurs qui les imitent. Genre Hermé, Michalak, Conticini, tout ça… » Lou n’a jamais eu la chance d’aller en France goûter leurs gâteaux, mais elle se doute que c’est délicieux.
Sur le profil Instagram de Lou, Seito peut voir de nombreuses photographies d’entremets. Les gâteaux sont propres, travaillés, lisses*.
« J’aime VRAIMENT beaucoup faire de la pâtisserie. » C’est sa passion. Il n’y a aucun autre endroit au monde où Lou se sent bien. Dans la cuisine, ça roule. C’est son élément. Elle y est presque née. « Mes parents sont restaurateurs, alors j’ai toujours eu du bon matériel et des cuisines à disposition, j’ai de la chance. »
Et elle a aussi énormément travaillé.
*HRP : exemple d’Insta qui pourrait ressembler au Feed de Lou Ici
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❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
Et là, le déclic. La miss se transforme en encyclopédie de la cuisine et lui balance des noms bizarres à plus savoir qu'en faire. Soudain, Seito a l'impression d'assister à l'un de ses emportements littéraires et c'est aussi surprenant que motivant. Il n'y a rien de plus satisfaisant qu'une personne réellement passionnée. Les émotions ainsi exacerbées révèlent la teneur de son amour culinaire et quelle palette fascinante à observer. Il hoche la tête de droite à gauche et marmonne :
« J'connais pas tous ces gens. »
Bien des domaines lui échappent encore mais il ne demande qu'à combler ses lacunes. Surpris qu'elle soit autant calée sur la question, il suit ses doigts jusque sur l'écran où la magie d'Internet opère. Et profite de ce battement pour se rapprocher en roulant. Le téléphone est presque trop près de ses yeux lorsqu'elle lui tend et il ne voit dans un premier temps que des tâches de couleurs. Il bat des paupières et demande :
« Je peux ? »
Puis il saisit le portable délicatement et parcourt la page avec attention. Chaque photo défile l'une après l'autre sous son regard que l'incrédulité tend au fur et à mesure. Quand bien même elle aurait des parents restaurateurs, cela ne justifie en rien son talent évident. Donne du caviar à des cochons, ils le dévoreront de la même façon qu'un trognon de pomme. Immanquablement, ses yeux vont des allers-retours entre l'écran et la jeune fille comme s'il espérait y lire la confirmation qu'elle n'essaie pas de le duper. Sauf que la ferveur avec laquelle elle parle de la pâtisserie résonne encore dans ses oreilles.
« Pour une bonne à rien, tu t'débrouilles p*tain d'bien quand même ! » Il sélectionne la tarte aux fraises et lui montre la photo. « Ça, c'est mon dessert préféré. Enfin... l'un d'eux. » Il regarde de plus près. « On dirait que ça sort d'une vraie pâtisserie, c'est juste ouf ! »
Le japonais lui rend son portable et lève les mains au ciel en signe de reddition.
« J'retire c'que j'ai dit, ils peuvent être que bons vu c'que j'vois. Ça donne envie d'goûter. »
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
- InvitéInvité
Le lundi 6 novembre 2017
Oui, Lou s’en doutait. Ils sont vraiment beaux ses gâteaux.
Elle prend de plus en plus de temps, sur le réseau social, à les mettre en valeur. Alors, oui. Mathéo a peut-être raison. La pâtisserie, ça lui mange beaucoup d’heures de travail scolaire. Surtout maintenant qu’elle est couplée à un simili travail d’influenceuse. Mais c’est vraiment important pour Lou.
Au début, son compte Instagram, ce n’était rien d’autre que de la frime. Elle aimait voir le nombre de likes monter, et les inconnus s’abonner. Aujourd’hui, c’est un petit plus que ça. Il y a bien des influenceurs cuisine plus connus qu’elle, au Japon et ailleurs, mais elle commence à avoir sa petite notoriété. Elle aimerait que ce compte Instagram soit un tremplin pour elle, un laissez-passer pour des écoles de pâtisserie.
C’est encore très flou, pour elle, le futur. Mais déjà en première année de lycée, elle sait qu’elle doit y réfléchir. Elle veut cuisiner, pour vivre. Des fois, elle s’imagine en France, parfaire ses techniques, être stagiaire dans les plus belles cuisines. Mais ça, ses parents ne l'accepteront pas. Ils l’ont refusé à Mathéo, alors pourquoi ils accepteraient pour elle ?
« Merci. » Elle en deviendrait presque timide Lou, alors que Seito regarde son compte. Les centaines et milliers d’abonnés, c’est facile, mais montrer ses photographies à quelqu’un, c’est toujours différent. C’est un peu plus stressant. « La tarte aux fraises ? »
Lou récupère son téléphone. Elle est vraiment touchée par les compliments de Seito. « Et c’est quoi, tes autres desserts préférés ? » Elle a une petite idée en tête. Pour les fraises, ce n’est pas la saison, mais pour le reste…
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
C'est bête parce que le japonais en vient à douter de ses propres capacités. Il vibre d'une passion similaire, dans un domaine différent, mais il n'a pas la même foi en ses talents. Car oui, Seito se dit que si elle est capable de montrer librement ses créations au monde entier alors elle a un minimum de foi en ce qu'elle fait. Ce qui n'est pas son cas. Cachottier, personne d'autre que lui ne pose les yeux sur son carnet. Recueil de sa vie mise à nu, la sincérité exacerbée et le cœur à découvert. Des bribes d'idées flirtent avec des nouvelles plus poussées où s'entremêlent des haïkus démodés. Un lecteur ignorant ne saisirait pas un traître mot de ce cloaque littéraire. A soulager ses mots sur le papier, il en oublie parfois l'ensemble du tableau. Celui où il vivrait de cette passion. Sans grande prétention, mais avec la conviction qu'il est né pour cette unique tâche.
Seito la sait plus jeune que lui et il admire soudain son ambition. Sous la fragilité causée par un grand-frère exigeant se cache une énergie rugissante qui ne demande qu'à être déployée. Et qui, par la force des choses, a déjà actionné les rouages d'un destin prometteur. Qu'en est-il de lui ? Penser à son avenir a tôt fait de lui rappeler son anniversaire en fin de semaine et, immanquablement, à ses parents. Bientôt dix-huit ans et pas foutu de maîtriser sa colère quand le livre qu'il voulait est pris devant ses yeux. Incapable de toucher sans éprouver un malaise parasite, risquant d'annihiler la plus belle amitié qu'il ait jamais eu. Bon à saccager ce qu'il a de plus cher, autrement dit bon à rien. Les yeux dans le vide, il raccroche tant bien que mal les wagons de la conversation.
« Quoi ? »
Ah oui, la pâtisserie. Les desserts qu'il aime plus précisément. Demeurer dans le frivole est plus sage à l'heure actuelle. Le lycéen hausse les épaules.
« Y'a rien d'fou mais je surkiffe les dorayakis. Et la tarte aux fraises, c'est parce que... »
Foutue bouche qui ne demande jamais l'autorisation de son cerveau pour s'exprimer. Ses dents attrapent momentanément sa lèvre inférieure. Il prend une longue inspiration.
« J'avais toujours un gâteau aux fraises pour mon anniversaire quand j'étais petit. »
Mais ça, c'était avant. Avant la Chose, avant le remplacement, avant le rien. Seito parvient à esquisser un léger sourire malgré la tempête qui ravage son intérieur.
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
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- InvitéInvité
Le lundi 6 novembre 2017
Tartes aux fraises. Fraisiers. Charlotte aux fraises. Moelleux aux fraises. Fraises, fraises, fraises, et refraises.
Lou se fait les recettes dans la tête. Le plus simple, c’est forcément le moelleux. Réconfortant, aussi. Mais Lou aimerait bien en mettre plein la vue à son colocataire. Le fraisier, c’est peut être le plus évident. Le souci, c’est les fraises. En décembre, elles se font rares. Et surtout, elles se font cères. Dans le restaurant de ses parents, il y en a quelques unes. Sa mère les utilise pour des vinaigrettes sucré-salé dont elle seule a le secret. Si en été, Lou peut piquer dans la réserve sans se faire prendre, en ce moment ce serait bien plus difficile.
Ou alors, elle va devoir négocier. Ce ne sera pas possible avec la fin des examens ! Ses parents sont laxistes, mais ils veulent la voir travailler. C’est peut-être possible de jouer avec la récompense. Lou tentera, ce soir, de négocier avec ses parents. Si elle réussit les examens, elle pourra prendre quelques fraises. “C’est pour un ami qui m’a aidé pour la littérature, si j’ai la moyenne ou plus, j’en prends une dizaine”. Non, même six. Six, c’est assez pour un fraisier de petite taille.
Parce que les dorayaki, Lou ne sait pas les faire. « Je fais presque que de la pâtisserie, “à la française”. » Pourtant, sa grand-mère, qui lui a tout appris, est japonaise. Elle serait certainement faire des dorayakis, elle. Mais Lou a voulu faire des gâteaux pour réconforter sa maman, qui avait le mal de la France après son retour forcé au Japon. « Mais je tenterai le défi… Faut que je me mette un peu plus en danger. »
Prendre des risques, accepter que ce ne soit pas parfait, non plus.
« Si je réussis mon examen de littérature, j’essayerais de faire quelque chose pour te remercier. » Promis.
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
Certaines surprises génèrent plus d'émotion que d'autres. Et celle-ci est de taille. Parce qu'en soi, il n'a rien fait. Rien de remarquable tout du moins. Un début d'aide sur les fondamentaux de la littérature et déjà des promesses. Cela le dépasse. Seito la regarde interloqué. Il ne mérite pas une telle gentillesse. Et surtout, il n'a pas offert son aide dans ce but-là. Être récompensé sonne presque comme s'il attendait un retour sur investissement. Alors qu'il n'en est rien car il découvre seulement maintenant son talent culinaire. La gêne lui fait baisser les yeux.
« T'as pas besoin de me remercier. Et puis tu sais... j'ai encore rien fait. »
Takahashi-chan ne lui doit rien. Même s'il goûterait avec plaisir à n'importe lequel des desserts exposés sur son fil Instagram. Les joues légèrement halées, il se gratte le front. Sa curiosité lui permet de rebondir promptement sur ses compétences.
« D'ailleurs, par rapport à c'que t'as dit. » Il croise les jambes en tailleur sur son siège et réajuste sa posture sans pour autant relever la tête. « Comment ça s'fait que tu t'intéresses tant à la pâtisserie... à la française, comme tu dis ? C'est une référence ? »
En venant sur le campus, c'était la première fois que Seito testait autant de plats d'origine étrangère. Sa mère cuisinait plutôt bien mais ne s'aventurait jamais dans des extravagances. Alors il s'était cantonné à la nourriture japonaise et, faute de mieux, n'avait pas exprimé le désir de découvrir d'autres saveurs. Il se souvient soudain d'un poème lu il y a fort longtemps. Son visage s'illumine, les rimes au service de son bonheur.
« En parlant d'ça, ça vient d'me faire penser à un poème ! Un poème qui pourrait carrément te plaire parce qu'en fait, c'était une recette de gâteau. » Il fronce les sourcils, faisant appel à ses souvenirs. « Non, pas un gâteau... à des... tartes. Oui c'est ça, à des tartes ! »
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.