[TERMINE] He's lost in bitterness, he's lost lost Ft. John

Sharon était une femme fière, indépendante, et occupée. Une personne magnifique - dans tous les sens du terme - et John étaient plus qu’heureux de partager sa vie avec elle (sentiment heureusement réciproque). Elle avait donc sa propre soirée avec des amis - le genre de réunion ou les mâles étaient presque interdits - laissant l’anglais seul. Heureusement, il avait toujours un plan de secours (bien évidemment prévu en avance). Il allait donc noyer sa solitude non existante dans l’alcool et la musique, le tout dans un club de jazz qui disposait de fabuleux musicien (il en connaissait maintenant certains personnellement et avait eu l’honneur de jouer avec eux hors scène) et d’un whisky plus qu’acceptable.

Une tête non inconnue était également présente.

"Monsieur Kobayashi, ravi de vous voir."

Une surprise, pour sure, mais une surprise plus que bienvenue. Il n’allait pas passer la soirée entièrement seul.

"Asseyez-vous, j’ai largement assez de place pour vous accueillir."

Il était seul après tout.

"Alors, quel bon vent vous amène ici ?"

Il avait bien comprend que l’autre professeur n’était pas ici par hasard... et la raison de sa présence était certainement identique.

Le japonais (enfin, pas si japonais que ça) préférait donc que l’anglais utile son prénom. Aucun problème, un gentleman (et en vérité, tout humain) savait s’adapter à n’importe quelle situation.

"Gareth ce sera."

Il lui sourit, levant son verre de whisky (japonais, cette fois-ci), l’invitant à trinquer avec lui.

"C’est bien normal. La musique n’existe-t-elle pas pour être écoutée en groupe ? Il serait bien dommage de rester chacun dans un coin de la pièce et de se traiter en tant que parfait inconnu."

Une chose qui serait bien triste, en effet.

"Ce serait mentir de dire que le jazz n’est pas mon genre favori."

À tel point qu’il en pratiquait à ses heures pas si perdues que ça.

"Certains diraient que je suis terriblement vieux jeu, mais il y a des choses que les instruments électroniques ne peuvent imiter."

Ils imitaient relativement bien les sons, mais difficilement l’âme des instruments. Ni des musiciens qui sont derrière.

"Mais pour revenir à la question, oui c’est un jeune groupe dont je surveille les avancées."

Leur interprétation du jazz était aussi intéressante que rafraichissante.

Le destin est une chose subtile et insondable. C’est certainement cette chose mystique et mystérieuse qui a décidé de la rencontre des deux amateurs de musique et d’alcool. Ou la simple chance, mais n’était-elle pas elle-même une représentation du destin ? John tenait maintenant le prochain sujet pour les élèves qui pourrait le mettre à bout (une chose qui était un exploit en soit).

"Voilà un domaine que je connais bien peu."

Bien trop peu, bien qu’il était du genre à aller souvent dans les musées et autres expositions.

"Je ne dénie par le talent des utilisateurs des nouvelles technologies, après tout il faut vivre avec son temps."

Et certaines productions étaient incroyables. Est-ce que l’anglais aimait le rap ? Non. Est-ce qu’il reconnaissait le potentiel (et le succès) du genre ? Oui. Il n’était pas la cible, voilà tout.

"Jouer du saxophone ? Ceci ne me manque point, comme je continue d’en pratiquer. Vous devriez passer au club de musique, je pourrai vous faire une démonstration."

Il sourit, il aimait bien parler de la musique.

"Jouez-vous d’un instrument ? Sinon il sera toujours le temps de vous initier au monde de la musique."

"Oui de nombreux jeunes sont talentueux. Il est bien dommage qu'ils soient discrédité à cause de leur jeunesse ou d'un style différent."

Oui, la voie du dandyisme (était ce seulement un mot ?) était la meilleure, avec un bon mélange de dignité et de classe, mais un véritable acceptait sans problème les nombreuses personnalité existentes.

"Alors invitez vous a une séance. Les élèves et moi même vous accueillerons à bras ouvert. Prévenez en avance et vous aurez une fanfare."

C'était bien évidemment une blague.

"Je serai plus doué avec un ballon de rugby que de basket. Heureusement que vous vous occupez de ce club et non moi."

John s'amusait beaucoup. C'était une très bonne chose.

"Comme dirait un certain magicien, on ne choisit pas l'instrument, c'est lui qui vous choisit."

Ca n'était pas un secret.

"Le meilleur moyen de trouver son instrument est de tous les tester, en vérité. Trouver celui qui vous sied le plus, qui vous plait le plus au fond... les raisons sont multiples."

De multiples jouent de la guitare car c'est classe. C'est une raison valide. Autant que d'autres, sauf si on ignorait la notion de véritable classe.

"Il faut en théorie pour chaque concert."

Mais la fanfare, c'était différent. Ils ne jouaient pas comme des bourrins, mais comme des êtres délicats et distingués. Noble. Fier. De véritables musiciens. Bref, là n'était pas la question.

"Oh, je ne suis pas une brute. Je pourrai plaquer tout ce qui détient un ballon de rugby, mais uniquement dans le respect des règles."

Car on pouvait être gentleman et avoir un sens de l'humour. L'un n’empêchait pas l'autre.

"Le violon n'est pas simple à prendre en main, dans tous les sens du terme. Il a de plus la mauvaise tendance à être horrible à l'oreille quand il est mal pratiqué. Ça n'est pas une mauvaise chose, mais il faut être prévenu."

Mais c'était également une question de sensibilité.

"Quant au piano, il est plus accessible, mais demande bien évidemment une grande dextérité. Et les subtilités sont plus nombreuses qu'on le pense."

Ce qui rendait l'instrument intéressant.

"Oulah, je suis un bien piètre chanteur. Je laisse ce domaine aux personnes qui se débrouillent bien mieux que moi."

Aux professionnels, donc.

Le mauvais coup de pinceau était exagéré, ça n’était pas comme si une simple erreur dans une symphonie ruinait le tout. Heureusement, d’ailleurs. Il était bien négatif de penser qu’une simple seconde peut ruiner une heure. Mais chacun avait sa manière de voir et de considérer son existence, et ça n’était pas l’endroit ni le moment de devenir philosophique.

"Un challenge qui peut prendre de multiples années. La véritable maitrise d’un instrument demande une pratique journalière."

Une journée ou l’un progresse est un jour de réussite. Peu importe si le pas en avant est petit ou grand, il est en avant, ce qui est le plus important.

"Ne limitez pas vos champs des possibles à ce que vous connaissez. Peut-être que le cor ou le métallophone feront sonner votre cœur."

La liste de tous les instruments de musique existants était un peu trop longue pour la réciter.

"Nul doute que votre fils en gardera de très bons souvenirs."

Non, John ne comptait pas avoir d’enfant. Sharon non plus.

"Je dirai... Summertime de Gershwin. Les reprises de messieurs Amstrong et Davis sont absolument phénoménales, et le morceau est incroyablement sympathique à jouer au saxophone."

Le jazz blues avait quelque chose de magique, tout simplement.

"Et vous, quel serait le morceau que vous aimeriez interpréter ?"

Bien évidemment son niveau actuel ne rentrait pas en considération dans ce calcul.

La vie est une succession d’épreuve, petite ou grande, ou chacun apprend, naturellement. La patience est bien évidemment nécessaire pour n’importe laquelle de ces épreuves.

"Exactement. Et dire que certains d’entre nous forgent les futures passions de nos élèves. La vie est pleine de surprise."

Mais il se doutait bien que peu d’entre eux rêveraient de devenir le parfait gentleman.

"Le principe est simple en vérité. Voyez-vous les xylophones ? Le métallophone est, en résumé, un xylophone en métal et non en bois. Il faut toutefois ajouter quelques contractions cylindriques pour le son - représentez-vous un orgue pour ceci, et une pédale pour couper les notes qui ont tendance à résonner à cause du métal."

Même le xylophone était plus complexe qu’il n’y paraissait. Frapper toujours de la même manière une partie demande dextérité, concentration et pratique.

"Oh, un grand classique. Je ne peux qu’approuver ce choix."

C’est dans les vieux pots...

"Joueur dans ce sens, je vois."

Un sourire se dessina sur ses lèvres.

"Dans ce cas, quel sera votre instrument ? Votre voix ? Je n’ai aucun doute sur la qualité des instruments qu’ils peuvent nous prêter."

John avait un bon niveau. Semi-professionnel pouvait être un bon terme pour ceci. Il aurait largement pu faire du saxophone son métier.

Une belle théorie sur les instruments plus tard, le professeur d’art plastique revenait à la charge sur le sujet de la représentation artistique qu’ils pouvaient accomplir. De toute manière, le duo n’avait rien a perdre, et tout a gagné.

"Je suppose que le choix est évident."

Ca n’allait pas être son saxophone, ce qui allait êtr hautement perturbant. Les musiciens sont attachés à leur instrument, et pas uniquement de manière sentimentale. Après tout, chaque production est unique. Et John n’avait pas a douter de la qualité de l’instrument qu’on lui prêtait pour ce morceau.

Une fois inscrit, il n’y avait plus qu’a attendre le moment fatidique pour entrer sur scène.

"Si vous avez le trac, c’est une bonne chose. N’oubliez pas, il faut chanter fort, peu importe si c’est faux."

Le conseil le plus important pour les débutants. Être fier de ses erreurs et les hurler haut et fort.

"Je vous suis, je m’adapterai à votre rythme."

Ce qui demande plus de concentration qu’on le pense. Rien de pire pour un musicien qu’un rythme inconsistant.

Morceau choisi. Tempo réglé. Tout n’était pas réglé comme du papier à musique, mais il était nécessaire de la lancer tout de même. Pas le temps pour les regrets sou même pour réfléchir, parfois il faut laisser faire le naturel. C’est la manière la plus efficace. Le trac et autre, ça n’est pas la mort, on fait avec. Ou il faut plus dire que John a appris à gérer tout ceci. L’avantage du blues, c’est que le temps est relativement lent. On joue plus sur l’émotion, la Laconie et la tristesse. Le but n’est pas de rendre la salle dépressive, mais émotive. Eh oui, c’était une bonne chose. Il n’y a aucun jugement, seulement deux hommes, une voix et un instrument. C’était plus que suffisant pour passer un moment inoubliable.

Et que dire de plus, sinon que le public était satisfait de la performance ? Que le duo pouvait saluer la salle sans aucune honte, avec un sourire victorieux. Il y avait bien longtemps que l’anglais n’avait pas joué devant une petite assemblée, c’était un changement bienvenu.

"Heureux de cette performance mon cher ?"

Peut-être qu’une telle chanson pouvait faire revenir la femme aimée.

C’était en effet une très bonne soirée. De celle qui était mémorable, dont il allait reparler avec ses collègues. Au moins avec le professeur d’art plastique. C’était fun, comme disaient les jeunes.

"Une bonne soirée, pour sur. Mais ne vous obligez pas à parler anglais en ma présence."

C’était légèrement réducteur, mais il ne le prenait pas mal. En soit, c’était un mal pour un bien. Dieu merci John ne ce résumait pas à sa simple fonction, ce serait bien triste. D’un autre côté, la soirée n’était pas entièrement terminée. Il serait bien dommage de ne pas continuer de profiter de l’ambiance de la salle.

"Levons un verre a tout nos camarades qui n’arrivent pas à faire comprendre à leurs élèves que eux aussi on une vie."

Tous les élèves n’étaient pas tous très compréhensifs, hélas.