Vendredi. Bientôt midi.
Lou regarde la grande horloge au-dessus de la tête de son professeur d’anglais. Que c’est long. Que c’est chiant. Lou n’aime vraiment, mais VRAIMENT pas les cours d’anglais. Elle est assez mauvaise. Elle, qui connaît le français et le japonais, a beaucoup de mal à décrypter les éléments de grammaire et de conjugaison de la langue britannique. C’est pire que tout ! Alors, elle a décidé de faire une croix sur cette matière.
L’anglais, c’est important, mais autant faire le strict minimum.
Avoir la moyenne, peut-être rien qu’un petit peu plus, pour s’assurer une note correcte à l’examen, et un passage en deuxième année. Mais rien de plus. Elle ne va pas non plus prendre du temps pour ça. C’est pas comme si Lou considérait partir à l’étranger. Et y’a plein de pays francophones, pourquoi s’embêter à apprendre l’anglais en plus !
Bref, Lou, c’est pas une bosseuse en anglais. Et elle en oublie même de noter les devoirs à rendre. Alors, quand Monsieur Stoker demande à récupérer les copies des DS pour aujourd’hui, elle déchante. Quel DS ?
Il passe dans les rangs, récupère les papiers, et s’arrête devant la pauvre Lou : « J’suis désolée, j’l’ai oublié chez moi. » Mieux que “j’ai oublié de le faire”. « Je peux vous le rendre au prochain cours ? »
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- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
- InvitéInvité
Professeur était parfois très satisfaisant, quand les charmantes têtes blondes apprenaient correctement, écoutait comme il faut, et étaient respectueuses (une chose très commune au Japon). C’était une satisfaction personnelle qui le poussait à continuer ce métier, dans le but que les petits jeunes prennent la relève un jour.
Et parfois, les petits jeunes faisaient un peu n’importe quoi. Parler en cours. Quelques mauvaises notes, quelques mauvaises surprises. Et parfois certains élèves ne voulaient tout simplement rien faire., ce qui était un véritable problème. Les notes et examens donnaient souvent une bonne motivation (bien que pas entièrement "juste"), mais ne faisaient pas tout. Alors quand un élève ne rend pas ses copies, il faut sévir, même si ça n’était pas fun du tout.
"Je ne crains que ceci ne fonctionne pas comme ceci, ma chère."
Ça n’était pas la première fois qu’elle "oubliait" ses cours ou ses écrits. Et il n’était pas rare qu’il n’en voie jamais la couleur.
"Je vous demande donc de rester à la fin de ce cours."
Fast forward à la fin de la cour, bonne journée au reste des élèves, mais c’était une convocation pour miss Takahashi.
"Donc, ceci n’est pas la première fois qu’un devoir n’est pas rendu de votre part. Est-ce que vous l’avez véritablement fait ?"
Il n’était pas en colère. Juste... déçu. Il n’allait pas hurler non plus, et il restait toujours poli.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Le stratagème ne semble pas fonctionner.
Terrible. Vraiment terrible. Lou a envie de râler, tout comme son ventre. Monsieur ! Il est bientôt midi ! Lou sait bien qu'elle est en tort. C’est à elle de faire son travail, en temps et en heure. Et puis, elle s’en sortirait bien s’il ne la collait pas pour la punir. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’elle manque à ses devoirs de lycéenne. Avec les examens qui approchent, elle doit absolument se ressaisir, si elle veut passer en deuxième année.
L’horloge tourne, jusqu’à ce que sonne la fin des cours. Les étudiants partent, les uns après les autres, mais Lou reste. Elle aimerait bien ranger son sac et filer, comme si de rien n’était, mais John la regarde, il n’est pas prêt à la laisser partir.
« J’suis désolée m’sieur. » Enfin, pas tellement. Elle est surtout désolée de devoir rester après les cours, elle a bien envie de partir rejoindre ses petits camarades. « Je me laisse dépasser par le début du lycée, y’a trop de devoirs en même temps, j’ai du mal à gérer mon temps. » Pour le coup, ce n’est pas un mensonge. Surtout que Kobe High School est un lycée assez demandeur. Et qu’elle est arrivée en cours d’année. Pas toujours simple de se remettre au niveau.
Elle glisse une main dans sa nuque. A quoi beau mentir davantage. De toute manière, foutue pour foutue, c’est mieux de dire vrai.
« Je l’ai pas fait m’sieur, j’avais oublié qu’il y avait un devoir. » Et même qu’elle ne l’a pas noté.
- InvitéInvité
Belle tentative de la part de la petite, il respectait l'audace. Mais ceci ne voulait pas dire qu'il devait laisser passer. Il y avait des règles a respecté, c'est ainsi ! Est-ce qu'elle était véritablement désolée ? Il en doutait, mais n'allai pas interroger à ce sujet.
"Je comprends cet argument, un nouvel environnement est complexe a géré, mais ceci fait quelque temps que vous manquez à vos devoirs."
Alors que d'autres matières n'avaient pas ce problème ! Comme c'était étonnant ! Une coïncidence, certainement. C'était l'avantage de discuter avec ses collègues, il savait ce qu'il se déroulait. Oui, KHS était un campus demandeur, mais pas au point d'être celui d'une élite. Le pire ? Il avait raison.
"L'admettre est une bonne chose, ma chère."
Ça lui évitait une "enquête".
"Je ne m'étendrai pas sur les conséquences d'un tel oublie, du fait qu'il peut remettre en cause votre scolarité, car vous êtes déjà au courant."
Comme tous les bons élèves.
"Je risque de vous demander de réaliser ce devoir en ma présence."
C'était une manière étrange de dire "heure de colle", certes.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Eh zut, ça, Lou ne l’avait pas vu venir. Elle aimerait bien que son ventre gargouille, pour la sortir de ce bourbier. Un gros bruit, bien distinct, pour qu’elle puisse crier : “désolé, monsieur, j’ai faim”, mais elle a petit déjeuner comme une louve, et son estomac est complètement rassasié.
Et vu le regard de Monsieur Stoker, peut-être que c’est le moment de se tenir à carreaux.
Lou a l’impression que c’est sa dernière chance de gagner des points. Non seulement pour sa moyenne, mais aussi pour sa relation avec le professeur. Pas qu’elle cherche à devenir amis avec Monsieur Stoker, loin de là, mais qu’elle aimerait l’avoir un tout petit peu dans sa poche, afin qu’il ne soit pas sévère avec elle lors des conseils de classe.
« Oui monsieur, je sais monsieur, désolée… »
Le regard de Lou, d’habitude enjouée, est tout penaud. Elle s’excuse, pour de vrai. Même si elle rechigne à faire ce DM, il lui faut bien prendre ce temps. Et puis, autant voir ce moment comme une opportunité : elle n’aura pas à le faire ce soir. La pause dej, elle pourra la rattraper juste après la prochaine classe.
Ou simuler une petite perte de sucre, pour aller à l’infirmerie.
« Vous pouvez me redonner le bon énnoncé ? »
De toute manière, elle ne l’a pas fait. Pas besoin de faire semblant de le connaître. Mieux vaut qu’elle sache quoi faire, pour pouvoir essayer d’être correcte.
- InvitéInvité
Intérieurement, l’anglais soupira. Est-ce qu’elle était véritablement désolée ? Il en doutait vraiment. Ça n’était pas une question de malice de la part de l’élève, plus qu’il avait l’habitude qu’ils ne faisaient pas réellement ce qu’ils disaient. C’est l’avantage de l’expérience, il ne ce fait pas avoir par les dire des jeunes. Et est-ce qu’il était étonné qu’elle soit "oubliée" l’énoncé ? Non. Mais il ne le montrait pas. Il faut parfois rester de marbre.
"L’énoncé mentionnait une rédaction à propos des médias. Des journaux, pour être plus précis."
Non ça n’était pas l’énoncé en lui même. Mais il voyait bien que ceci ne disait pas grand-chose à miss Takahashi. Elle ne ce souvenait donc pas du devoir à faire... une preuve supplémentaire en sa défaveur, dommage.
"L’énoncé complet est ici."
Il tendit une feuille de papier. C’était un sujet qui demandait habituellement quelques recherches, mais il pouvait être plus complaisant qu’il le montrait. Et puis une faible note était bien mieux qu’un devoir non rendu.
"Je veux le devoir ce soir. Et je ne donnerai aucun délai supplémentaire. Il serait dommage que ce soit le... troisième devoir non rendu, si je ne me compte pas ?"
Inutile de préciser la mention qui accompagne un tel chiffre. Ceci pourrait être suffisant pour forcer un redoublement.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Il ne donne pas tout de suite l’intitulé de l'énoncé à Lou. C’est un test ? La lycéenne n’est pas bien placée pour râler, mais au fond, elle aimerait pouvoir le faire. C’est pas très sympa, comme test ! Elle a déjà avoué ne pas l’avoir fait. Si jamais elle avait fait semblant, c’est une bonne manière de s’en assurer, mais elle l’a bien dit : elle n’y a pas pensé, elle n’a pas eu le temps, elle n’a jamais mis le nez dans cette fichue matière.
Elle avait juste récupéré le papier, elle l’avait mis en vrac dans sa pochette et elle était partie manger. Rien de plus simple. C’est sûrement pour ça, qu’elle ne l’a pas fait. Parce qu’elle a perdu le papier quelque part.
Mais tout ça, elle ne le dit pas. « Merci. » Murmure-t-elle en récupérant le document. Elle le lit pendant quelques minutes. C’est pas si simple. Déjà, elle a du mal à comprendre les paragraphes. Il lui faudrait un logiciel comme Google Traduction, pour l’aider. Mais ce n'est pas devant les yeux de monsieur Stoker qu’elle pourrait se permettre une telle triche.
« Troisième ? »
Lou redresse immédiatement le regard. C’est un peu dur de café, ça. John est peut-être un peu plus Marseillais qu’anglais ! Alors, oui, Lou ne fait pas bien son boulot, mais elle n’est pas si tête en l’air.
« Ah, vous parlez des exercices aussi… » Les contrôles, elle essaye de les faire un minimum, mais les exercices de traduction, elle les oublie bien trop souvent. « Pardon..» Et oui, Lou, même si tu trouves la remarque du professeur injuste, ce n’est pas vraiment intelligent de le dire tout fort.
« D’accord, pour ce soir, mais avant de partir, est-ce que je peux vous demander de m’aider pour l’intitulé, c’est tout en anglais, et je comprends pas tout. »
- InvitéInvité
À la tête de l’adolescente une fois ses yeux posés sur le texte, John comprend parfaitement qu’elle... ne comprend pas l’énoncé, justement. Mais chaude chose en son temps, il était nécessaire de régler cette histoire de devoir non rendu en premier.
"En effet, je les compte, mademoiselle."
Ils n’étaient pas toujours notés, mais ceci ne signifiait pas une non-importance de tels exercices.
"La participation n’est pas une note directe, mais elle existe tout de même. Je reste neutre, peu importe mes élèves, mais d’autres ne seraient pas aussi complaisants."
Une notation un peu plus sévère sur certains sujets. Une volonté plus faible de défendre l’élève... les conséquences étaient multiples même si souvent discrètes.
"Bien sûr, quels sont les éléments que vous avez du mal à comprendre ?"
Il sentait le "tout" arriver.
"Également, quand vous vous attaquerez à ce devoir, n’utilisez pas des outils pour traduire les phrases, d’une part ceci se voit, d’autre part lesdites phrases sont souvent fausses. Les dictionnaires sont bien plus efficace."
Autant chasser l’éléphant de la salle.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
En effet, Lou joue un peu de la gentillesse de son professeur. Par exemple, en mathématiques, elle ne joue jamais avec le feu. Pas question de se prendre un blâme. Monsieur Stoker, peut être parce qu’il est anglais, est un peu moins sévère. Puis, elle ne pensait pas qu’il faisait attention à tous ces devoirs non rendus.
D’abord, il ne vérifie pas toujours. Du moins, c’est ce que croyait Lou. Il ne vient pas dans les rangs pour voir si chacun a bien fait ce qui était demandé. Il fait confiance, Stoker. En fait, c’est parce qu’il a ses méthodes. Sûrement quand il interroge. Lou, elle sait jamais comment bien répondre.
Alors, c’est évident qu’elle ne fait pas bien son boulot…
« Pardon.. »
Elle fera plus attention, maintenant. Vraiment plus attention. Aussi, parce qu’il est bien gentil. Et qu’elle n’a pas envie de se sentir si honteuse, devant son professeur.
« Je ne… »
Comprends rien ? C’est pas très intelligent de dire ça. Et puis, de toute manière, Stoker la coupe pour lui parler du dico. Et zut. Pas de google traduction.
« Ah bon ? Google Traduction est pas fiable ? »
C’est un peu naïf, mais elle est honnêtement surprise.
- InvitéInvité
"Miss Takahashi, si vous voulez vous excuser, alors il vous faudra tenir vos paroles. Une excuse ne vaut pas grand-chose si vous ne modifiez pas votre comportement, ne pensez-vous pas ?"
L’erreur est humaine, mais l’entêtement est mortel. La est la véritable erreur. Il est nécessaire de s’améliorer, c’est aussi simple que ça. Du moins, c’est plus facile à dire qu’a faire, mais c’est tout aussi vital. Enfin bon, retour à l’exercice.
"Aussi fiable que les traductions d’un débutant. Il manque souvent de contexte et autre détail."
Comment vérifier ceci rapidement... il savait.
"Avez vous déjà tenté de faire l’inverse ? Traduire une phrase anglaise en Japonais ? Vous verrez que la phrase est imprécise, incomplète."
Il y a les éléments, mais la phrase n’est pas compréhensible, car sans contexte un ordinateur ne peut remettre les éléments correctement dans l’ordre. Ou alors, changez un mot par un autre. Bref...
"De plus, avec un outil automatique, vous n’apprenez pas, et vous ne retenez pas. Autrement dit, ceci détruit l’intérêt de l’exercice."
Au loin il pouvait entendre les pleurs de nombreux élèves.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Des actes, pas des paroles. Bien évidemment, Lou est d’accord. Mais pour le moment, elle ne peut pas faire grand chose de plus que des paroles. Et puis, il lui en voudrait un peu, aussi, si elle ne s’excusait pas. Alors, bien sûr, va falloir qu’elle tienne le cap. Au moins jusqu’à la fin du semestre, et qu’elle se tape une bonne note ! Elle vise la moyenne. 50/100. Ou peut-être un peu plus. Si seulement elle pouvait ramasser une quinzaine de points de plus, maman serait tellement fière…
« Oui monsieur, je vous décevrais pas. »
Ça, ça sonne comme une promesse. Alors, Lou n’a plus le choix. Elle va devoir tout se taper. Exercices longs, rapides. Devoirs sur table, devoir surprise, devoir maison, et même devoirs facultatifs ! Et même si elle doit encore rattraper son retard en littérature japonaise et en mathématiques, elle n’a pas le choix. Heureusement qu’elle a de l’avance dans ses autres matières. Enfin, de l’avance… À son goût. Elle se satisfait de la moyenne. Ou d’un peu plus.
« Oui, j’ai essayé… »
Disons que comme elle fait rarement ses devoirs, elle se contente du strict minimum. Et c’est bien ce qu’il souligne. En fait, automatiser lui permet de gagner du temps. De toute manière, comme elle n’a pas vraiment le vocabulaire anglais, elle ne prend même pas le temps de vérifier.
« Il y a aussi des dictionnaires en ligne, c’est ok de les utiliser ou vous conseillez uniquement le papier ? »
En ligne, c’est plus facile, mais elle doit prendre tous les conseils qu’il faut pour s’améliorer.
- InvitéInvité
Elle ne le décevra pas... a voir. Ça n’était pas cruel, mais réaliste. Il était le premier à donner sa parole et a la respecter, et s’il ne discréditait pas la bonne volonté, il attendait des preuves, une démonstration par l’exemple, comme disait ses collègues scientifiques.
"Donc si vous avez essayé, alors vous connaissez leur manque de précision."
À défaut d’un meilleur terme. Elle comprenait, sans aucun doute.
"Une question judicieuse, en effet."
Beaucoup de professeurs avaient des avis très arrêtés sur les nouvelles technologies. Vivre dans son temps est parfois difficile, John était très vieux jeu, après tout.
"Je dirai que la valeur du papier n’est plus à prouver, mais les nouveaux outils ne sont pas à ignorer. Si vous tombez sur un dictionnaire en ligne, vérifiez sa valeur. Si besoin, envoyez-moi son nom et je vous confirmerai son intérêt."
Certains dictionnaires papier souffraient de ce même problème, bien que c’était plus rare. Les mauvaises éditions étaient vite éliminées, mais ce problème était différent sur l’Internet.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Elle hoche la tête. Oui, elle comprend le manque de précision, mais difficile pour elle de vraiment corriger. Quand on ne comprend pas bien l’anglais, on ne peut pas apporter de nuances.
« Je n’ai pas de bon noms, en tête. Je ferai le travail à la bibliothèque, alors… »
Elle s’arrête, et les yeux tous ronds, regarde en direction du professeur. N’avait-il pas demandé qu’elle reste, pour commencer son travail devant lui ? Elle ne sait plus trop. Lou, le ventre qui grogne un peu, pense davantage à son déjeuner qu’à sa copie. Alors, elle confond. Il a dit qu’il fallait rendre maintenant, ou ce soir ?
« Ou dois-je faire le premier exercice devant vous ? »
Histoire de faire bonne impression. Enfin, il faudrait pour ça qu’elle puisse mettre la main sur un dictionnaire.
- InvitéInvité
"Rien ne vous empêche de faire quelques recherches. C’est comme vous préférez."
Jouer la sécurité ou gagner un peu de temps... temps que l’on pouvait perdre si on est pas à l’aise avec le format papier. Tout est plus rapide en informatique, c’est sur. Les machines "pensent" bien plus rapidement que les humains, pour le meilleur comme pour le pire.
"Si vous préférez."
Le faire devant lui avait l’avantage de confirmer sa bonne volonté. Et elle avait également un accès direct à la meilleure source possible pour cet exercice : son créateur.
"Je vous accorde également un allez retour rapide à la bibliothèque si vous voulez récupérer un dictionnaire."
Même si ça n’était pas forcément utile de suite, autant prendre les bons réflexes rapidement.
"N’hésitez pas à me poser une question en cas de problème."
Bien évidemment, il n’allait pas répondre à tout... mais il était prêt a faire quelques faveurs. Un échange de bon procédé, en quelque sorte.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Raaah zut. Et dire qu’elle aurait pu s’échapper tout de suite ! Aller manger, avec ses amies, et partir à la bibliothèque plus tard. Rusher le contrôle, avant de le poser dans son cahier. Mais Lou s’est tiré une balle dans le pied. Toute seule. C’est sûr, là, le Stoker, il était prêt à la lâcher !
« Merci, je vais chercher le dictionnaire, je reviens tout de suite. »
Lou se redresse, laisse son cartable dans la salle, et part à la vitesse de la lumière jusqu’à la bibliothèque. Dans les couloirs, elle croise quelques amies qui la plaignent et lui partagent un peu de leurs déjeuner. Un bout de sandwich, quelques légumes à grignoter. C’est pas grand chose, mais ça la calera le temps de terminer cette retenue débile.
A la bibliothèque, elle récupère le dictionnaire, sans trop de difficultés. C’est que la bibliothécaire est aimable et l’aide avec plaisir. Sûrement pas tous les jours qu’on voit une gamine chercher ce type de livre.
Puis, elle revient, le gros bouquin à la main, et le pose sur le bureau.
« Let’s go ! »
Commençons dès maintenant à réfléchir en anglais. N’est-ce pas ? Elle se penche sur le sujet, et essaie de lire l’énoncé. La plupart des mots, elle les a, mais pas tous.
« Si je comprends, il faut que je fasse un résumé de l’article, et que je mette en avant les thématiques clés ? »
Sur le papier, facile. Si seulement elle pouvait faire le résumé en japonais.
- InvitéInvité
Un dictionnaire plus tard, l’exercice était en marche. En théorie, le professeur n’avait plus rien a faire. En pratique, ça n’était bien évidemment pas le cas. Même si la prononciation de l’élève était passable, il ne fit aucune remarque : ça n’était pas le moment de s’éparpiller, bien au contraire.
"Exactement. Je tiens à vous préciser que l’article est réel, bien que légèrement retouché." Pour expliquer rapidement un terme spécifique, par exemple. Pour le reste, les élèves étaient grands et devaient se débrouiller pour trouver les informations.
"Votre but n’est donc pas de traduire, mais de comprendre puis d’expliquer. Je ne désire pas une traduction mot à mot, ceci ne serait pas utile. Quant à votre avis, réservez-le pour la deuxième question."
Il n’y a pas besoin de connaitre chaque mot d’une phrase pour la traduire. Parfois une phrase de trois lignes peut être résumée en trois mots.
"Et pour vous aider, comme dans n’importe quelle langue, essayez d’abord de comprendre le contexte global, puis de vous pencher sur chaque paragraphe. Peut être que les mots importants ne vous sautent pas aux yeux, mais vous apprendrez à les reconnaitre."
En d’autres termes, à lire en diagonale dans une autre langue. Ca n’est jamais facile, pour sur !
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Pourquoi retoucher un article ? Lou prend quelques instants à le lire avant de comprendre. Le vocabulaire est adapté au niveau de première année de lycée. Certains termes lui semblent faciles à comprendre, alors qu’elle a beaucoup plus de difficultés à s’informer en langue anglais d’habitude. John est un bon professeur, il met vraiment du sien pour que ses étudiants soient confortables.
« D’accord, merci. »
Première lecture. Lou ne comprend pas tous les mots, mais se rend compte que l’article parle, en très résumé, de l’ouverture d’un grand magasin à Londres. Une sorte de galerie commerciale, un truc immense, qui amènera de la vie et du tourisme. L’article ne brosse pas un joli portrait de ce projet de construction. Pour faire ce centre commercial, la ville a prévu de raser plusieurs habitations typiques anglaises. Des associations de protection de l’urbanisme manifestent.
Dans un second temps, Lou surligne tous les mots qu’elle ne comprend pas. A vrai dire, il y en a beaucoup. Parce que même si elle comprend globalement le sens des phrases, elle se refuse à faire un contresens. Tant qu’à bosser devant les yeux du prof, bien le faire. Elle cherche ensuite un à un ces mots dans le dictionnaire.
Ça prend du temps, mais Lou ne le voit pas vraiment passer, c’est fluide, et c’est intéressant, en fait. Plus intéressant que de faire une basique traduction sur Google.
« Ok, je crois que j’ai compris... »
Maintenant, voilà le plus difficile : il faut prendre le temps d’écrire ce qu’elle a compris en anglais, en évitant de paraphraser.
- InvitéInvité
Est-ce que ses conseils de "vieux prof" (bon, il n'était pas si vieux que ça, mais tous les élèves considèrent les profs comme vieux, hélas) étaient tombés dans l'oreille d'une sourde ? Pas entièrement. La miss avait au moins fait l'effort d'écouter et d'interpréter les dires à sa manière. Son fonctionnement est un bon, d'ailleurs. Lui même faisait pareil lorsqu'il apprenait (et il apprenait encore à ce moment-là) le Japonais. Surligner, chercher, comprendre, répéter. Une méthode qui bien que parfois lente avait fait ses preuves.
"Si vous comprenez, alors la moitié du travail est fait."
Un petit mensonge pour remonter le moral de la demoiselle.
"Habituellement, je conseille de penser le plus rapidement possible en anglais. Il n'y a rien de plus frustrant qu'avoir la phrase parfaite en une langue et ne pas réussir à la traduire."
Il était bien placé pour le savoir. Tout le raffinement anglais n'existait pas dans la langue du soleil levant, mais l'inverse était tout aussi vrai.
"Mais ceci n'est pas possible à votre niveau, sans vouloir vous offenser."
C'était un fait. Il préférait être clair et net pour ceci.
"Les phrases courtes et simples sont votre meilleur moyen pour vous exprimer."
Ne pas chercher à faire compliquer. Du mois pour l'instant. L'amélioration viendra en temps et en heure.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Aucune offense. Lou le sait, elle n’est pas excellente en anglais. Elle est même plutôt mauvaise. Donc tous les conseils sont bons à prendre. Surtout que John met beaucoup de formes. Elle a l’habitude de professeurs plus vindicatifs. Lou est sensible à la gentillesse de John. Surtout pour une gamine aussi peu attentive qu’elle. Elle connaît bien ses défauts. Son rapport à l’école, surtout.
Des fois, elle a hâte de finir le lycée. De partir faire ses études. La pâtisserie, c’est certain ! Elle a besoin de mettre les mains à la patte, de monter de la crème en chantilly, et de faire couler du caramel. C’est tellement plus concret pour Lou que les chiffres et les lettres.
« D’accord, des phrases courtes… » Elle est tellement concentrée sur ce devoir qu’elle marmonne presque.
Dans un premier temps, sur un brouillon, elle commence à écrire. Elle ne fait pas de plan, mais elle préfère pouvoir prendre le temps de se relire, et de se corriger. Elle fait les phrases les plus simples possibles, courtes. Ça fait beaucoup de phrases, et pas assez de détails, mais Lou est satisfaite. Après avoir relu plusieurs fois son brouillon, elle acquiesce, fière d’elle : c’est compréhensible, et pas trop honteux. C’est agréable d’avoir l’impression du travail réussi. Puis, elle recopie le brouillon corrigé sur sa copie vierge.
« La deuxième question, faut répondre en anglais, aussi ? »
Elle se doute que oui, mais au fond, elle espère qu’il puisse dire non.
- InvitéInvité
Que dire de plus ? Pas grand-chose, on ne dérange pas une personne qui ce concentre, surtout quand son avenir (ou du moins, une partie de son avenir) est en jeu. Ceci s'appelle le respect, et il n'existe pas de personne plus respectueuse sur cette planète que John. Alors il attend, tranquillement. Il n'est pas réellement pressé. La jeune travaille et applique comme il faut. Bonne nouvelle pour elle. Il la laisse faire, tout simplement. Pas de remarque si son travail et bon ou non, ce serait tricher.
"La deuxième partie est en anglais également."
Nouvelle attente. Lui ne devait pas oublier de vérifier les résultats du match de rugby du jour. Une des petites équipes locales qu'il aimait bien devait avoir fini son match (vive le décalage horaire, il avait du retard sur tout maintenant). Ah, la demoiselle finissait l'exercice.
"Vous voyez, ça n'était pas si complexe ou long que ça."
C'était surtout une question de motivation. Motivation qu'elle n'avait pas.
"Si vous n'avez pas plus de questions, je vous libère."
La pauvre devait mourir de faim.
- InvitéInvité
Le vendredi 24 novembre 2017
Aaarg ! Elle avait bien raison. Super, une partie de plus à écrire. Lou aimerait râler un peu. Ça fait du bien, de râler. Mais devant le professeur, elle n’ose pas. Il est déjà bien gentil de lui avoir donné une seconde chance. Et puis, d’avoir pris du temps pour elle, surtout. Elle n’ose pas regarder l’heure. Elle sait qu’il est déjà tard. Elle n’aura pas le temps d’aller au réfectoire. Monsieur Stoker non plus, est-ce qu’il donne cours, après ? Il ne se priverait tout de même pas d’un repas pour elle ?
Pour le deuxième exercice, Lou se presse davantage. Pas question de gaspiller davantage la pause. Elle conserve la technique des phrases courtes, mais elles sont grammaticalement moins juste. Et le vocabulaire, simple, n’est pas enrichi par des mots de vocabulaire empruntés au dictionnaire. Mais après tout, mieux vaut ça que rien du tout !
« Je crois que j’ai… »
…Fini ? Lou s’arrête dans sa phrase. Elle n’a pas relu la copie. Elle doit au moins faire attention aux points importants. Elle se replonge dans sa feuille, et lit les points importants. Elle corrige quelques coquilles évidentes, quelques “s” manquants à la troisième personne du présent, et redresse son visage.
« Fini ! »
Elle se redresse, alors qu’il la libère. Ses crayons dans la trousse, et la trousse dans le sac. Plus qu’à enfiler son écharpe et son manteau. Dans quinze minutes, elle a un nouveau cours, mais elle va en profiter pour manger un petit pain. Il doit bien en avoir dans les casiers d’une de ses amies.
Mais avant de filer, elle tend au professeur sa copie remplie.
« Voilà la copie, merci pour le délai supplémentaire. »
Une petite courbette polie, puis sans attendre, elle prend ses jambes à son cou et sort de la salle. Elle trottine, pour ne pas courir dans les couloirs, jusqu’à ses amies. Elle va quémander du pain, et se préparer pour la suite de la journée.
#terminé