A charge de revanche ? [Ft. Maya]

« J’crois qu’on en a déjà parlé. »

Et je ne vais pas me fatiguer à lui rappeler qu’il y a sûrement des mecs qui la trouvent moche. Elle continue sa fixette sur l’eau... Je la regarde se recroqueviller et fronce les sourcils.

« En fait t’aimes pas l’eau. »

Dans ce cas faudrait éviter de chercher des noises à proximité du bord de mer, peut-être. Dans d’autres circonstances je me serais excusé mais là j’en ai clairement pas envie. Pourquoi elle a cette impression, faut vraiment lui expliquer ? Apparemment oui.

« Parce que tu pars du principe que les mecs que tu rencontres représentent toute la population masculine de la planète. T’imagine si après t’avoir rencontré je partais du principe que toutes les femmes sont misandres ? C’est absurde. Et non tu ne vas pas bien, j’ai pas besoin d’être psy pour le dire... »

Je coupe ma gaufre à la cuillère et enfourne un morceau dans ma bouche. J’hallucine.

« J’fais que ça t’écouter. Même ça tu veux pas reconnaître. »

Franchement, moi qui pensais que ça avancerait un peu cette histoire. Mais bientôt elle me sortira que je l’écoute pour la draguer. Elle en rend ma gaufre fade à me prendre la tête comme ça. Et ? Je croyais qu’elle se pensait assez intelligente pour comprendre.

« Et quand t’es gamin c’est juste vu comme un truc bizarre qui ne m’a pas facilité l’école quand j’étais gosse. »

Heureusement que j’avais Malory avec moi et que ma mère avait fini par intervenir. Je n’imagine pas ceux qui continue toute leur scolarité à subir du harcèlement... Quand je raconte à Maya un épisode dont je ne suis pas fier et qu’elle se contente de sen moquer, j’ai juste un sentiment de dégoût envers elle qui me fait rire amer.

« Tu vois j’te parle d’un truc et tout ce que tu fais c’est te foutre de moi. Ça explique surtout que t’as la preuve vivante qu’il y a des mecs qui sautent pas sur les filles ! Tu fais aucun effort, j’en ai marre de parler à une meuf complètement bouchée, bornée et égocentrique. »

Je me renfrogne et me concentre sur ma gaufre, tête baissée sur mon assiette.

Agressivité le retour, j’ai vu juste donc. Je préfère ne pas lui répondre, si je lui dis que je m’en fou elle croira que je mens, je roule juste des yeux et continue de manger sans entrain. Pour que moi je mange sans enthousiasme il faut vraiment m’emmerder.

La suite est tout aussi ridicule. Ca peut être joli, ouais juste pour ne pas dire que ça l’est parce que c’est moi qui les ai. Ridicule. Je ne réponds toujours rien, fige le geste de ma cuillère au-dessus de l’assiette quand Maya affirme que je me suis moqué. Mais ne dit toujours rien, c’est complètement inutile, elle a un grain, est complètement tarée, pourquoi je mange avec elle ? Tiens miracle, elle a enfin compris que sa tête me revient pas !

Ignorer les cons, ça n’a rien de facile. Mais Maya ne semble pas avoir compris que je n’ai plus de problème avec ça. Et je ne la crois pas quand elle dit qu’on s’y fait. Je me retiens de lui dire qu’elle s’y est autant fait qu’avec son traumatisme lié aux mecs mais encore une fois, je me tais. Même si la présentement elle se montre moins relou que tout à l’heure, j’ai déjà bien vu que ça ne dure jamais.

« C’était avant, j’ai plus de problèmes liés à mes yeux. »

Et je n’ai plus aucune envie de lui adresser la parole. De toute manière la suite de la conversation redeviendrait lourde à souhait. A quoi bon. Je finis ma gaufre et je me casse. Elle a peut-être décidé de me foutre un vent sur mes dernières paroles mais moi je m’y tiens, je n’ai plus rien à lui dire.

Quoi, maintenant que je la ferme, ça ne lui plaît pas ? C’est la meilleure. J’aurais dû faire ça plus tôt. Quelque part la voir s’énerver de mon silence me tire une certaine satisfaction. Elle ne pourra pas dire que c’est à cause de mes paroles.*

Des efforts ? Maya fait des efforts là ? Ben purée ça explique pourquoi ça n’évolue pas, si elle estime être déjà au max de ses capacités de tolérance masculine, on est mal. Je commence surtout à me demander pourquoi elle m’invite si chaque fois que j’ouvre la bouche elle statut déjà que j’ai tort.

Ma cuillère m’en tombe des doigts. Moi qui pensais que ce n’était une scène qu’on ne voyait que dans les séries et animes mais non, les muscles de la main peuvent vraiment lâcher suite à un choc trop violent. Qu’est-ce qu’elle vient de dire là ? J’ai rêvé ? C’est quoi encore ce mensonge... Tout en incompréhensible chez elle, qu’est-ce qu’elle me chante ?! Quelle bonne foi ?!

« Tu veux qu’on se réconcilie ? Non, tu veux que j’admette que tu as raison sur toute la ligne et la seulement tu réfléchiras à tolérer ma présence. Ce n’est pas ce que j’appelle se réconcilier. »

Sa façon de me regarder ne l’aide pas à me convaincre de quoi que ce soit.

« Et ton air supérieur, c’est un gage de bonne foi aussi ? Tu fais un pas vers moi juste pour prouver que t’es soi-disant meilleure que moi, t’as juste de mauvaises intentions. Pourquoi, pourquoi tu voudrais qu’on se réconcilie hein ? »

Qu’est-ce que ça lui apporterait si ce n’est de se vanter de sa bonté imaginaire.

Mauvaise foi c’est même faible. Voyez-vous ça, si elle pense que c’est un privilège d’écouter ses conneries.

« T’as beau m’avoir invité t’as toujours les mêmes intentions et rien n’a changé dans ta façon de penser donc te prends pas pour mère Theresa non plus. Faire un pas vers une hypocrite m’intéresse pas. »

Et en plus elle essaie de retourner la situation. Maintenant c’est moi qui ne veut pas faire un pas vers elle ? La grosse blague.

« Mais c’est, réellement ton but, t’assume pas c’est tout. Et ouais, faudrait plus que juste avoir envie, tu vas pas me faire croire que ça te fais quelque chose de pas t’entendre avec moi vu que tu m’aimes pas et que c’est réciproque. »

Et le meilleur pour la fin, là je suis obligé de rire, même si c’est d’amertume.

« Toi, tu me marches dessus ? Laisse-moi rire, descend de ton piédestal Princesse Casse-pieds. Je me casse, c’était une perte de temps de te suivre. »

Ma gaufre terminée, je me dirige vers le comptoir pour la payer et quitte le café. Heureusement, la pluie s’est arrêtée et même si elle tombait encore, je n’aurais pas passé une seconde de plus dans la même pièce que Maya.