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Seito Mori
Elève ; en 3ème année
Seito Mori
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Mon personnage
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Seito Mori

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Lun 12 Fév 2024 - 20:44
DIMANCHE 22 AVRIL



Écrit avec Pablo K. Mora & Nolan Le Lidec.


Seito n'a aucune idée de l'entourloupe. Selon lui, il va simplement passer une après-midi tranquille chez Nolan. Ça lui fait tout drôle d'être invité à nouveau, sans trop qu'il sache dire pourquoi. Un peu idiot, il réalise sur le pas de la porte qu'il n'a rien acheté. Difficile de ne pas être intimidé devant cette grande maison. Tant pis, il se rachètera plus tard. Son doigt presse la sonnette.

Pablo s'affaire depuis quelques minutes déjà dans la cuisine des Le Lidec. Il a tout sorti : œufs, lait, farine, et autres ingrédients pour faire les fameuses gaufres de sa mère. Il s'affaire et il est stressé, même. L'idée d'un potentiel échec, que ce soit dans ses gaufres ou dans ses excuses, ou les deux, le font trembler alors qu'il casse les œufs sur le bord d'un bol, le broyant entre ses doigts quand il entend la sonnette retentir.

Ça fait plusieurs semaines que l'ambiance est bizarre dans le trio, un peu moins lorsque Seito n'est pas là. C'est justement le problème et ce qui a fini par mettre la puce à l'oreille de Nolan. Quelque chose clochait. Il avait fini par demander à Pablo avec toute sa franchise ce qu'il pouvait bien avoir et les réponses n'ont pas tardé. Nolan avait bien eu du mal à se débarrasser de ses yeux de poissons frits. Sérieux, c'était ça le problème ? L'annonce que Seito avait un copain ? Sans juger trop vite, il avait laissé son ami s'expliquer et fini par comprendre. Ouais il voyait le genre, Seito avait dû se dire que ce serait dur à accepter pour lui et Pablo n'avait pas su faire comprendre que ce n'était pas un problème mais qu'il était surpris. D'où le malaise. Quand Pablo lui proposa de se réunir chez lui pour mettre les choses au clair, Nolan n'avait pas eu besoin qu'il précise faire des gaufres pour accepter. Ça lui faisait mal au fond de voir que leur complicité tout juste installée s'était dissipée aussi vite... Il espérait bien faire en sorte que les choses redeviennent comme avant. Alors qu'il observait Pablo préparer sa pâte, la sonnette retentit. C'était sûrement Seito, qui ne savait pas que Pablo était la, misère... Il n'avait pas trop aimé lui cacher mais bon, peut-être qu'il aurait eu plus de réticence à venir sinon. Nolan ouvrit. « Salut Rinbo ! Entre. » Il le laissa se mettre à l'aise et se déchausser puis lui dit avant d'entrer dans le salon. « Écoute, je t'ai pas dit parce qu'il me l'a demandé mais... Pablo est là. Il veut nous parler, parce que c'est bizarre en ce moment t'as du remarquer. M'en veux pas de pas t'avoir dit... »

La porte s'ouvre, Seito offre un grand sourire à Nolan. « Salut Rinbo ! » Il lui fait un check et se déchausse. Alors qu'il retire son manteau, l'aveu de Nolan le désarçonne. Son regard navigue entre le salon et son meilleur ami. « Tu t'fous d'moi ? » Les manches glissent le long de ses bras malgré tout. Agacé par ce mensonge, Seito prend une grande inspiration pour se calmer. « J'vais pas m'barrer mais franchement, tu fais chier. » Le manteau finit dans la penderie puis il pénètre dans le salon à la suite de Nolan, des milliers de questions en tête.

Dans la cuisine, Pablo reste immobile. L’œuf coule entre ses doigts, la coquille broyée et coincée au creux de son poing. Il attend, écoute, et lorsque leurs voix percent le silence, il grimace. Ce changement de ton ne laisse rien présager de bon, et la remarque jetée à Nolan fait crisper Pablo de la mâchoire. Enfin, il bouge. Il s'affaire à essuyer ses doigts, puis le plan de travail, et glisse une tête par la porte de la cuisine pour savoir où Nolan l'emmène.

La réaction de Seito n'étonne pas Nolan. Il n'y a jamais de cachotteries entre eux ou de mensonges alors forcément, ça a du mal à passer. Nolan détourne les yeux et marmonne. « Désolé... » Nolan attend le verdict, pour le coup il a bien du mal à dire si Seito restera ou pas. Heureusement c'est le cas, Nolan se dit qu'il doit bien vouloir des explications aussi malgré tout. Il accuse la remontrance de son Rinbo en pinçant sa lèvre inférieure, se sentant un peu coupable. A ce moment même, Pablo passe sa tête par la porte. On dirait un gosse qui surveille qu'un adulte vienne pas gâcher sa farce. Bon ben ils y sont... Face à face. « Hem... T'as fini ta pâte à gaufre ? » Ouais, belle entrée en matière du joueur français.

Dès l'instant où son regard croise celui de Pablo, Seito se fige. Ça l'emmerde d'en être autant affecté mais bien sûr qu'il a remarqué que quelque chose cloche entre eux. Même qu'il sait qu'il est celui qui cloche. Et ça fout en l'air son moral depuis la rentrée. Malgré les bons moments passés avec Mathéo. Bien moins enthousiaste que pour Nolan, il lâche un « Salut » sans saveur. Puis tourne la tête pour inspecter autour de lui, le visage fermé.

Aussitôt la tête passée par la porte, son regard croise celui du français, puis du japonais. Trop tard pour se rétracter comme une tortue et poser un sourire sur son minois hispanique. Pablo fait les gros yeux à Nolan, serre les dents en lui intimant de se taire mais trop tard, la mèche est vendue. Il soupire. Pablo lève une main pour saluer Seito : « Salut... » puis il enchaîne en se frottant les mains, de la farine et de l’œuf sur les doigts : « Je... Allez vous poser, j'arrive. J'en ai pour deux minutes. »

Mais quoi encore ?! Jamais Pablo ne lui avait dit que les gaufres étaient un secret. A croire que les deux faisaient équipe dans l'ombre pour le rendre chèvre. L'ambiance était glaciale. Nolan jetait des coups d'œil discrets à son meilleur ami, qu'il n'avait jamais vu aussi froid. Après quelques secondes, il osa parler doucement pour que Pablo n'entende pas. « Allez fais pas la gueule... Il voulait juste être sûr que tu viendrais... T'sais bien que c'est un boulet quand il s'y met... » Il s'excusa mentalement à son cabron mais c'était pour la bonne cause.

Les lèvres pincées, Seito soupire et s’assoit sur le canapé. Les fesses sur le bord. Comme s’il se laissait une porte de sortie au cas où ça tourne au vinaigre. Sa jambe gauche bat nerveusement la mesure. Il avait attendu cette discussion pendant tout le mois et maintenant qu’il y était, il stressait. Énormément. Le souvenir de leur discussion téléphonique est encore bien trop présent dans sa tête.

Pablo se hâte, il mélange, il bat, il fouette. Tant et si bien que la pâte est presque prête. Il ne lui reste plus qu'à intégrer l'ingrédient secret de la recette de sa mère. Un regard hors de la pièce lui assure qu'il est seul, alors il sort le petit flacon de sa veste, verse un peu de liquide dans le mélange et le range aussi discrètement qu'il ne l'a sorti. Il remue la pâte une dernière fois et couvre le saladier d'un torchon humide pour laisser la pâte lever. Une fois fait, il met le minuteur de cuisine en route, prend une grande inspiration et sort de la pièce pour rejoindre celle où se trouve ses potes, ou du moins ce qu'il espère l'être. « Bon, déjà, j'vois bien que la surprise de me savoir ici t'enchante pas des masses, mais c'est pas un méchant piège. C'est un piège entre potes, un piège... d'amitié. Ouais voilà, un piège d'amitié. Tant qu'on est tous dedans, y'a pas l'choix d'être pote, okay ?! » Il les fixe tour à tour, puis remet en question la chose en baissant le regard une seconde en se disant que ça ressemble plus à un ultimatum et que c'est pas forcément la meilleure façon de démarrer des excuses. « Enfin, vous êtes pas piégés "piégés" non plus hein, je... si vous voulez plus qu'on soit potes, c'est vous qui voyez, j'vous menace pas... Je .. bref ! » Il tape des mains sur le dossier d'un fauteuil libre et se reprend : « Ce que je voulais surtout faire en te faisant venir, c'est régler ce qu'il y a régler. Parce que c'est un peu, voire méga chelou quand on se parle ou qu'on se croise, et j'aime pas... Nolan aussi le ressent, il aime pas, et j'suis sûr que toi non plus t'aimes pas ça. Alors on doit régler ça, et... » Des excuses, il est rare que Pablo en arrive là. Les dernières en date remontent à la teinture provisoire de Tsumugi, qu'il n'avait pas pris en compte dans l'envergure de son piège. Pablo assumait toujours ses faits et gestes, qu'importe les conséquences. Mais cette fois il s'en était voulu. Et là aussi, il s'en voulait. Mais quand on a pas l'habitude, c'est difficile de s'excuser. Surtout quand on est pas exactement sûr de ce qui a coincé. « Et... Je t'ai fait des gaufres. Celles de ma Mama. Ça fait des années que j'en ai pas mangé. Elle en faisait toujours après une grosse dispute, pour remonter le moral des troupes et apaiser les esprits... Et j'voudrais que ça fasse pareil avec toi. Je... » Pablo fait le tour du fauteuil et vient s'y asseoir, serrant légèrement le poing à côté de sa cuisse, hors de leur champ de vision. « Je suis désolé, si j'ai dit quelque chose de mal au téléphone l'autre jour. C'était pas du tout mon but, ni l'effet voulu. J'étais sincère quand j'ai dit que si toi t'es heureux, j'suis content pour toi. J'ai pas eu le temps d’être expansif parce que ma grand-mère hurlait derrière pour que je rentre et j'ai p't'être raccroché un peu trop brutalement.... C'est pour ça que j'me suis excusé juste avant de couper, mais vraiment... Pour toi et ton... Ton copain... Tout ce que j'ai a dire c'est que j'suis content pour toi si t'es heureux. Tu l'as dit, et je l'ai redit. j'suis ton pote, après tout. Et... » Était ce intelligent de rajouter ce qu'il s'apprêtait à dire ? Pour une fois, Pablo tourna 3 fois la langue dans sa bouche avant de parler, et il en conclut qu'il valait mieux se taire. « Non, j'ai rien à ajouter. Juste, je suis désolé Seito. J'espère que maintenant, c'est plus clair et.. si y'a un truc qui l'est toujours pas, tu m'le dis et on en parle là maintenant, ok ? »

Seito déteste être mis au pied du mur. Ce genre de discussion forcée lui rappelle immanquablement ses parents. Et l'échec qu’il représente en tant qu’individu. Tout seul sur son canapé, il attend la sentence. Les mots qui blessent. Le dégoût. Son regard s’ancre sur Pablo dès l’instant où il prend la parole. Timide et angoissé. Son stress est à deux doigts de faire vibrer l’assise. Plus une pensée cohérente ne circule dans sa boîte crânienne. Et, quand enfin Pablo arrête de tourner autour du pot, le japonais baisse les yeux. Ses genoux sont finalement plus rassurants que ce regard vert. Il ne l’interrompt pas. Les excuses semblent couler sur lui sans l’atteindre. Pourtant il enregistre. Tout. Jusqu’à la plus infime hésitation cachée dans son souffle. Mais à aucun moment il ne songe à l’arrêter. Le silence s’empare du salon. Il résonne jusque dans ses tempes à lui en donner mal à la tête. Puis, après un temps infini, Seito prend une grande inspiration et s’épanche. « J’ai pas voulu être comme ça. » Une autre grande inspiration. « Quand ça a pas marché avec Mitsuki, j’étais persuadé que c’était pas la bonne mais je savais au fond que y’avait un problème. Un truc plus compliqué que juste j’aime pas vraiment cette fille. J’ai tout ignoré. Parce que c’était trop merdique. Ça se pouvait pas que je sois… que j’aime les… » Le japonais tente de contenir les émotions qui affluent. Toutes ses peurs qui jamais ne le quittent. Sœurs de l’ombre, succubes mélancoliques. « Je voulais pas que tu l’apprennes de quelqu’un d’autre que moi. Mais j’ai eu tellement peur de te le dire. Tellement peur que tu veuilles plus jamais me parler. Que je te dégoûte… »

Nolan avait écouté toutes les paroles de Pablo en silence. Il aurait pu la ponctuer de petites vannes dans d'autres circonstances, mais les aveux étaient trop importants et le sujet sérieux. Quand Pablo lâcha qu'il lui avait fait des gaufres et en plus de sa Mama comme il disait, il eut un sourire doux et voulut se lever lui faire un câlin. Quand Pablo termina de parler, il se contenta d'une petite bourrade contre sa cuisse. Un long silence s'installe, même Nolan craint que ça ne suffise pas, même s'il pensait réellement que les gaufres allaient le toucher par leur symbolique. Plutôt que répondre aux excuses de Pablo, Seito fit ce qu'il savait faire le mieux, se poser comme le problème. Nolan mordait sa lèvre, qu'il ne dise pas quelque chose du genre "si j'étais pas comme ça on se serait pas pris la tête"... Heureusement, son Rinbo faisait des progrès tout de même. Ça lui fit de la peine qu'il ait eu peur à ce point de le dire à Pablo. Le fossé entre sa relation avec Seito et la leur était encore énorme. Là aussi, Nolan resta silencieux. Il avait bien compris son rôle d'arbitre dans cet échange alors tant que chacun pouvait parler calmement, il n'avait pas d'autre rôle à jouer. Il posa simplement sa main sur l'épaule de Seito en signe de soutien.

Le contact de Nolan lui réchauffe le cœur, mais le silence qui vient à la suite pèse. Et il pèse lourd. Pablo se mord l'intérieur de la joue et relève la tête quand Seito prend la parole. « Qu'est-ce que... » Pablo marmonne tout bas, pour lui même, sans être sûr de comprendre le lien entre ses excuses et les mots de Seito, qui viennent de briser le silence. Il fronce légèrement les sourcils, se plongeant dans une réflexion particulièrement sinueuse, à mesure que les paroles du japonais poursuivent leur chemin hors de sa bouche. Et ce n'est qu'à la toute fin qu'il comprend. Qu'il met le doigt sur LE problème. LE problème, c'est que ce qui coince entre eux est bien différent pour l'un et pour l'autre. Et l'espagnol comprend vite que ses paroles ont dû prendre un tout autre sens. Entendant les émotions se bousculer dans la voix de Seito, Pablo se lève d'un bond hors du fauteuil, se place devant Seito et pose les genoux au sol pour lui faire face : « Hey, wowowow, attends Seito. On était carrément pas sur la même longueur là... Tu crois que c'est ça qui...? » Il écarquille les yeux, tourne la tête vers Nolan, comme une biche surprise en plein phare, et pose les mains sur les genoux de Seito : « Jamais tu m'dégouteras Seito. Si t'es heureux en aimant un homme, alors j'te soutiens. Je sais que j'ai des mots durs parfois, sur ce sujet là... Mais j'ai pas eu une éducation très "tolérante" là-dessus et pourtant, je bataille. Parce que je crois à ce vieil homme là-haut, mais j'sais aussi que personne n'est censé être puni parce qu'il aime quelqu'un. Tu aimes qui tu veux, chacun aime qui il veut. Personne a quoi que ce soit à dire là-dessus. Mec ou meuf ou moitié-moitié, ou j'sais pas quoi... Et moi j'peux pas concevoir de te perdre pour ça. » Pablo fixe les yeux du japonais, essayant de lui faire prendre conscience de toute sa sincérité. Puis il ajoute le plus sérieusement du monde, fronçant les sourcils : « Alors, ancre-toi dans le crâne que t'es loin d'me dégoûter et d'me perdre pour ça. J'vais pas arrêter d'te parler et de t'apprécier parce que t'aimes une kekette, c'est compris Mori ?! »

Quand Nolan voit Pablo se lever brusquement, il écarquille les yeux de surprise. Ça y est, il va devoir sortir son sifflet ? Déjà ? A son grand soulagement, non pas du tout. Un soupir lui échappe et les mots de Pablo le touchent alors qu'ils ne sont même pas pour lui. Le français a bien compris que l'espagnol n'a pas eu la même éducation que lui, beaucoup de familles sont encore à l'ancienne et seul le temps pourra changer ça. N'empêche qu'il fait des efforts le cabron. Mais voilà, dans toute sa sincérité et sa bonté d'âme, Pablo reste Pablo et le mot qu'il faut sort toujours de sa bouche pour rappeler à Nolan à quel point il est loin d'avoir la maturité d'un jeune adulte. C'est vrai, le mot kekette arrive à le faire ricaner comme un imbécile. Nolan plaque sa main sur sa bouche et laisse son dos tomber sur le dossier du canapé. « Pardon.. Mais j'étais pas prêt... T'es à genoux et t'as même pas une bague Haribo ? » Oui, enfin il se permettait une petite boutade. C'est que cette histoire de pas te perdre, ça fait très comédie romantique tout de même.

La soudaine pression sur ses genoux lui fait relever la tête de surprise. Aussitôt, le japonais se fait happer par ce regard vert. Et ce qu’il entend est bouleversant. Parce qu’il réalise être apprécié par Pablo au point qu’il le veuille dans sa vie. Malgré ses tares, malgré ses préférences amoureuses, malgré leurs nombreux froids. Sa mâchoire se contracte pour retenir les larmes qui commencent à embuer sa cornée. Mais finalement, il ne faut qu’un mot de Pablo pour les tarir dans l’instant. Ses yeux s’arrondissent. D’une main malhabile, il repousse l’espagnol en pressant sur son épaule. Le déséquilibrant assez pour qu’il rompe son contact avec ses genoux. Seito en profite pour rétracter ses jambes en tailleur sur le canapé. « Putain, t’es con ! » marmonne-t-il, un très léger sourire aux lèvres. De tailleur, il ramène ses cuisses contre son torse et les enserre de ses bras. D’une petite voix, il souffle : « Alors pourquoi tu m’as pas rappelé avant la rentrée ? Pourquoi tu m’as à peine parlé dans la chambre ? »

Nolan éclate de rire, Seito le pousse, et Pablo tombe sur les fesses. Il pose les mains de chaque côté et se sent soulagé quand Seito sourit. Tournant la tête vers Nolan, il grommelle en rigolant : « Nianiania. Crois-moi que l'jour ou j'fais une demande en mariage, ce sera pas avec une bague Haribo. J'suis un romantique, alors j'sortirai l'grand jeu ! » dit-il fièrement, avant de reporter son attention sur la voix étouffée du japonais, qui ose a peine poser ses questions. Pablo grimace un peu en se rappelant ses vacances : « C'est le dernier coup de fil que j'ai passé, après j'ai plus eu le droit d'appeler qui que ce soit. Même trouver 5 minutes pour envoyer un message, c'était une galère sans nom... J'suis désolé d'pas avoir été très loquace à la rentrée, j'étais vraiment pas de bonne humeur après les vacances chez les vieux et j'voulais pas t'imposer ça alors que t'es sur ton p'tit nuage d'amoureux. Et puis, comme j'te disais, j'ai pas l'habitude des couples de mecs alors j'savais pas trop non plus comment t'en parler sans que ce soit maladroit, haha. » Il se frotte la nuque en baissant les yeux, puis se relève en pensant à quelque chose : « Mais maintenant qu'on y est, j'sais que ça va être ULTRA malaisant, mais j'ai un truc pour vous deux. Et fais pas cette tête-là pendejo, toi aussi t'es concerné. » Pablo sort alors de la pièce et file dans la cuisine attraper son sac a dos et deux paquets qu'il a emballé avec les moyens du bord. Il en profite pour jeter un œil au saladier de pâte à gaufres et sourit en la voyant prendre plus de place que tout à l'heure, avant de retourner voir ses potes pour leur tendre chacun un paquet, en se raclant la gorge. « Voilà. C'est ... Euhm... Pour vous aider. Parce que c'est méga important, alors faites jamais sans, ok ? »

Rire un bon coup faisait du bien. Et surtout, qu'ils soient tous les trois réunis. Nolan n'avait aucun doute sur le fait que le jour de sa demande, son cabron sortirait même le mini concert pour la sérénade. « J'veux pas rater ça ! » Nolan dirigea ensuite son attention de nouveau sur Seito, qui était encore trop confus pour prendre part à leur rigolade même si elle lui permettait au moins de détendre son visage et sourire. C'est vrai, Pablo était vraiment resté distant avec eux, pas au point de ne plus leur parler mais il avait manqué la chaleur de d'habitude. Au début, Nolan s'était même demandé s'il avait fait quelque chose. Maintenant il comprenait que c'était plutôt parce qu'il était toujours avec Seito quelque part... Même si par moment Nolan était allé trouver l'espagnol tout seul. Ses vieux, avaient l'air de vrais dragons, une vraie poisse ! Tout était dit maintenant au moins. Et qu'est ce qu'il avait pour eux ? Nolan fronça les sourcils puis ouvrit la bouche quand Pablo précisa qu'il avait aussi pensé à lui. Il échangea un regard avec Seito puis le posa sur le paquet tendu, décrit comme malaisant. « Faire quoi jamais sans cabron ? C'est qu-... » Mais... Mais... Pourquoi ??? Fidèle à lui-même, Nolan prit presque instantanément une couleur tomate en lisant les mots préservatifs et SURTOUT lubrifiant. « Mais pourquoi tu.. On n'est pas... Wesh cabron t'es gênant ! Fin merci, mais euh... C'est pas pressé ça... » L'air lui manquait, surtout parce que ses images mentales lui jouaient des tours maintenant. Rah stop !!

Seito se fout pas mal de savoir comment Pablo se mariera. Pour l'heure, il a besoin de réponses. Il doit savoir de quel bois est faite la barrière qui les sépare. Et maintenant qu'il le sait, il s'avère être bien moins solide que ce à quoi il s'attendait. Dans le récit de Pablo, il retrouve des caractéristiques similaires à ses parents, à ses vacances, à son mal-être dès l'instant où il quitte le campus. Il a envie de lui montrer qu'il n'est pas seul. Mais il n'en a pas le temps. Un cadeau ? Il relève le menton, sortant timidement de son corps-carapace. La curiosité, mêlée à l'angoisse d'une telle annonce, froisse son visage. Mais dès l'instant où ses mains se saisissent du paquet et qu'il en découvre le contenu, il vire au cramoisi. Rivalisant dangereusement avec Nolan sur l'échelle de la tomatitude. Comme si c'était radioactif, Seito lâche prestement tube et préservatifs sur le canapé à côté de lui. « M-mais... j-je vais pas le faire ! » Il ne va rien faire du tout avec Mathéo. Il l'a juste... « J'l'ai embrassé avec la langue, c'est déjà bien assez ! » Aussitôt ses yeux s'écarquillent de stupeur et ses mains se plaquent violemment sur sa bouche. Il se cache ensuite le visage entre ses jambes. « Faites comme si j'avais rien dit... »

« J'sais que c'est pas pressé mais faut quand même faire gaffe et avoir d'quoi s'protéger, au cas où ! » Pablo sait bien que griller les étapes n'est pas le genre de ses copains, ce n'est pas son genre non plus d'ailleurs, plutôt habitué à se caler sur le rythme de la miss et ne pas la presser. Alors que Nolan soit pareil, ça ne le choque pas. Qu'il veuille attendre, non plus. Cependant la réaction de Seito, elle, lui vaut un sacré bug mental. « Que... » Qu'est ce qu'il vient de dire ? Pablo cligne des yeux à plusieurs reprises, surpris et perdu. « Toi ? Tu... Avec la... » Seito. Embrasser quelqu'un. Avec la langue. Seito, avec la langue. Est-ce que le multivers avait été fendu et on lui avait remplacé son Seito habituel par un Seito qui roule des pelles ?! Quelle était cette sorcellerie ?! Pablo cligne des yeux de nouveau, puis tourne la tête vers Nolan comme pour l'interroger du regard et lui demander d’éclairer sa lanterne. Depuis quand Seito avait-il troqué son problème avec les contacts contre un patin de son initiative, qu'il criait à pleins poumons ? Pablo reporta alors son regard sur le japonais, attendant une explication.

« Pablo prévention.. T'es ouf toi... » lâcha Nolan entre amusement et gêne. Pablo jouer limite le grand-frère alors que c'était lui l'aîné du trio était à la fois drôle et touchant. C'était sa façon de montrer qu'il tenait à eux, Nolan commençait à comprendre comment Pablo fonctionnait. Seulement, comme si ce n'était pas assez, Seito avait un grain de sel à mettre, celui qui changeait tout ! Nolan tenta de se retenir d'éclater de rire mais la tête de Pablo le fit craquer. Il se replia sur lui-même et laissa son rire emplir le salon. « Oh putain cabron la tête !! Eh ouais... Le p'tit Seito a grandi maintenant il mélange sa salive ! Eh avant moi en plus ! »

La tête toujours contre ses cuisses, Seito n'ose pas affronter le regard de ses amis. « J'suis pas petit. » marmonne-t-il tout bas, la voix étouffée. Tout doucement, il relève la tête jusqu'à ce que son regard croise celui de Pablo. Il rougit violemment et grimace tout en ramenant ses jambes contre lui, à deux doigts de suffoquer. « C-c'est pas très important. O-on peut parler d'autre chose ? Comme de... » Gros blanc. « C-comme des gaufres... C'est... c'est bon les gaufres... »

« AH OUI LES GAUFRES !! » Et comme s'il avait eu un électrochoc, Pablo se lève en sursaut, courant en cuisine pour vérifier la pâte et allumer l'appareil. Il frotte un peu d'huile dessus avec un essuie-tout pour éviter que ça colle, et commence à verser la pâte, nerveux et pressé à la fois d'avoir le retour de ses copains sur la recette de sa mère, qu'il espère avoir bien réussi.

Nolan observe Pablo profiter du prétexte pour s'enfuir. Il reste assez... Hébété. C'est un peu n'importe quoi cette entrée en matière. Il ne sait pas lequel d'eux trois est le meilleur boulet. « C'est bon les gaufres... Le pire c'est que ça ait marché... » Il soupire bruyamment, la tête levée vers le plafond puis sourit en secouant la tête. Il hausse ensuite le ton à l'attention de Pablo dans la cuisine. « Et prends ton temps cabron ! Va pas louper hein ! »

Pablo s'éclipse et tout doucement, Seito ressort sa tête de sous sa carapace. Il a drôlement chaud, en témoignent ses joues. Un bref regard à Nolan et il marmonne : « J'suis vraiment trop nul... » Le japonais soupire en se levant du canapé. Le voilà hésitant, oscillant entre rester avec Nolan ou rejoindre Pablo dans la cuisine. Les secondes défilent jusqu'à ce qu'il finisse par souffler : « Je vais voir s'il a besoin d'aide. » A pas de loup, il s'approche de la porte et observe l'espagnol de dos. Bien sûr ils s'étaient vus tous les jours en classe et dans la chambre. Mais aucune de ces journées n'avait l'odeur des gaufres. Seito franchit le seuil et se place à côté de Pablo, silencieux dans un premier temps. Puis il prend une grande inspiration et tente une justification. « Il s'est passé beaucoup d'choses depuis qu'on... s'est pas parlés. Des choses dont j'aurais aimé te parler à toi aussi... Tu... » Sa mâchoire se contracte tandis que sa tête s'abaisse vers le sol. « Tu m'as manqué Pablo... »

« Mais non... » Pas certain que ça change son avis sur la question mais Nolan ne pouvait pas juste approuver. Quand Seito se lève, il hésite un instant puis se souvient que Pablo voulait leur parler à tous les deux de toute manière. Il reste un peu en retrait dans la cuisine, se dit que la plante près de la fenêtre aurait bien besoin d'eau et attrape une bouteille, pendant que son oreille traîne du côté des gaufres. Ils sont mignons quand même les deux lascards. Cette phrase est bizarre... Autant qu’entendre Seito dire à Pablo qu'il lui a manqué. C'est... franc, à son image, carrément gênant mais honnête.

« OUAIS T'INQUIETE ! » Pablo crie en réponse à Nolan et s'y remet, versant les premières louches de pâte sur les plaques du gaufrier. Il referme l'appareil et attend, adossé au plan de travail. Quand Seito débarque, il se décolle aussitôt, comme s'il avait été pris en flag de paresse aiguë alors qu'il n'en est rien. « Ah euh, ouais, j'imagine qu'il s'est passé des trucs depuis... » Ses lèvres se tordent d'inconfort de le voir aussi gêné. Et quand il le voit baisser la tête, en lâchant ces mots, Pablo détourne le regard et répond : « J'ai été maladroit et j'ai rien arrangé en voyant que ça allait pas à la rentrée, c'est d'ma faute... Désolé d'avoir été si con. » Il s'approche aussitôt et attrape Seito par les épaules pour l'attirer contre lui, poussant un soupir : « Toi aussi, tu m'as manqué. »

Seito se laisse happer dans ce câlin presque comme si sa vie en dépendait. Ses doigts s'accrochent aux vêtements de Pablo, sa tête trouve refuge contre son épaule. Il ferme les yeux et laisse tout son mal-être se dissiper. Dans cette étreinte, il retrouve cette chaleur qui lui avait tant manqué. Dans un murmure, il répond : « J'ai mal réagi aussi... j'suis désolé. »

Nolan ne peut pas s'empêcher de sourire devant ses deux amis qui se réconcilient. Savoir qu'ils pourraient enfin recommencer à traîner ensemble sans malaise le rendait heureux. Il était resté bien assez en retrait et s'approcha pour les entourer de ses deux bras. Nolan se mit ensuite à se balancer en les entraînant avec lui.

Pablo serre les doigts sur le tissu, et en sentant Nolan s'ajouter au câlin, il se raidit le temps d'une seconde. Ah, Nolan a tout vu... merde. Oh et puis flûte. Il relâche Seito d'une main et l'encercle autour de la taille de Nolan, se cramponnant à ses deux potes pour une étreinte qui dure quelques temps, savourant un instant la joie d'avoir ces deux-là dans sa vie. C'est finalement l'odeur des gaufres qui le ramène à la réalité, alors il s'écarte en souriant, se dirigeant vers l'appareil : « Ça y est, les premières sont prêtes ! Prenez une assiette les gars ! »

Que Nolan s'ajoute ne provoque chez Seito pas la moindre réaction. Comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Comme s'il avait toujours fait partie de ce trio. Éternellement surpris d'être un maillon de cette chaîne invisible. Seito se fait néanmoins timide lorsqu'il s'écarte. Le poids des émotions lui tombe dessus et sa main épouse le comptoir pour reprendre ses esprits. Il regarde ses deux amis comme s'ils les voyaient pour la première fois et il se sent aimé. Bordel, c'est donc ça de se sentir entier. Pour fêter cette incroyable réalisation, le japonais s'empare d'une assiette et ne se fait pas prier. Il croque la gaufre à pleines dents, sans rien mettre dessus. Pour que ses papilles mémorisent le goût unique des gaufres de Pablo. Parce qu'il se pourrait que ce soit la seule fois qu'il y goûte. Et là, il ne sait pas bien ce qui lui prend. La joie. L'euphorie. La folie. Bref, un cocktail des trois qui le pousse à combler à nouveau la distance entre Pablo et lui. Et sur sa joue, il plante un bisou. Tout petit, tout léger. Comme son compliment alors qu'il recule, vraiment heureux : « Elles sont trop bonnes tes gaufres ! »

Il était bien là comme ça Nolan, à entourer ses deux amis. Malory avait bien de la chance de s'être fait au côté collant de son frère de cœur depuis littéralement leur naissance, sinon il aurait dû demander une mesure d'éloignement. L'étreinte relâchée, c'est l'heure des gaufres ! Nolan fait comme Seito et en goûte une d'abord nature. Croustillante sur le dessus puis fondante à l'intérieur, une tuerie ! Il n'a pas le temps de le dire, son Rinbo s'en charge à sa place... D'une façon qui ne lui ressemble absolument pas ! Nolan s'arrête de mâcher, la joue encore arrondie par son morceau de gaufre. Ses yeux vairons croisent les émeraudes d'un Pablo pas plus avancé sur ce qui vient de se passer. « Ben t'as mis d'la drogue à la place du sucre Escobar ! Eh moi aussi j'veux un bisou d'abord ! » Il plaisante bien sûr et son meilleur ami devait s'en douter. Seito était du genre à agir sur un coup de tête pour ensuite reprendre le contrôle de son corps, et se demander ce qu'il lui était passé par la tête. Presque sûr qu'il ferait le gêné à l’idée de recommencer.

Pablo est rassuré, heureux de voir ses amis déguster ses gaufres avec autant d'envie et d'appétit. Ils font honneur à la cuisine de sa Mama, et ça compte beaucoup pour lui. Tout sourire, il les regarde prendre leur première bouchée et accueille le compliment avec une grande fierté ! « Haha, merci ! J'me suis appliqu- » Mais c'est la surprise qui prend finalement la place sur son visage quand Seito passe à l'action. Tout simplement bugué sur place, immobile, ses yeux frisent l'incompréhension et cherchent la réponse dans les yeux de Nolan. Son cerveau lui, tire la sonnette d'alarme et allume les douches anti-incendie dans les zones atteintes. C'est la remarque du Français qui lui ouvre la porte de secours, alors il saute littéralement dessus pour enrouler de force son bras autour de son cou et attirer Nolan vers lui, humidifiant ses lèvres au passage pour lui faire un bisou bien baveux sur la joue, qu'il étale bien comme il faut. « Voiiiiilà ! Fallait d'mander au lieu d'faire ton timide ! »

De la drogue ? Un autre bisou ? Seito regarde Nolan, le rouge lui montant bien trop vite aux joues pour son propre bien. Après ce qu'il a révélé sur lui, était-ce bien judicieux d'embrasser Pablo ? Mais ça ne veut rien dire du tout à part qu'il est vraiment heureux. Pas qu'il... Ses yeux s'agrandissent en assistant à ce qui suit. Et il éclate de rire. « Vous êtes bêtes ! » Et il rigole de plus bel avant de finir goulûment sa gaufre.

Qu'est ce que... Pablo l'attrape sans qu'il n'ait le temps de réagir. Aussitôt, l'expression amusée de Nolan se remplace par celle d'un profond dégoût ! Beurk ! Beurk ! On n'a pas idée de réveiller des traumatismes comme ça ?! « Aaah mais mec c'est dégueu ! On dirait ma tante Julie ! » Nolan le repousse et se jette sur le rouleau de Sopalin pour s'essuyer la joue, les traits toujours déformés par sa répugnance. « J'ai besoin d'une autre gaufre pour m'en remettre. » Et cette fois avec de la pâte à tartiner ! Pas de Nutella ici, mais de la vraie pâte de cacao achetée chez le chocolatier. Même s'il n'exhibait pas sa richesse, il était impossible de ne pas comprendre d'où il venait en ouvrant le frigo ou les placards. « Ta mama vient de te sauver la vie cabron, n'oublie jamais ça ! »

La farce faite, Pablo éclate de rire à la réaction de Nolan et se fait pousser. Il rit de plus belle en le voyant s'essuyer et file se caler près du gaufrier et enchaîner les pâtisseries. « Eh ouais, y'a des trucs qui changent pas ! » Il ricane avec Seito et verse la pâte à gaufres pour faire une nouvelle fournée, avant de se tourner pour voir Nolan s'affairer. « Ma mère est GÉNIALE, ouais. » Pablo ouvre grand les yeux en voyant le contenu des placards, puis détourne le regard. C'est bien loin de tout ce que peut s'offrir sa famille, mais cette fois, il n'a pas envie de se sentir gêné. Il a des amis en or, et ça le comble bien assez.

#terminé




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[Flashback] C'est à partir de vous que j'ai dit oui au monde 75366_s
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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