Si même les forces supérieures s'en mêlent... Pv Chandi

Tu avais manqué de très peu de l'appeler par son ancien nom de famille mais visiblement, il ne t'en tenait pas rigueur. À la place, il te serrait contre lui malgré le fait que tu lui refusais un peu de répit et, face à des années de non-dits, c'était bien peu.
Il n'avait pas peur d'eux qu'il disait. Tu aurais aimé le croire mais cela te semblerait compliqué. Milan ne te parlait certainement pas de ses parents, tu en étais sûre et certaine. Pas peur des yakuzas ? Qu'est-ce qui pouvait être pire que des mafieux ? Ça n'avait rien de rassurant à entendre et tu ne savais pas quoi en penser. Enfin si, ton cerveau essayait tant bien que mal de faire sonner les cloches te disant qu'il y avait un danger mais tu choisis d'ignorer la raison. Après tout, il était fort possible que tu comprennes de nouveau tout de travers, n'est-ce pas ? Tant que Milan ne te le disait pas, alors il te fallait être rationnelle. Et non, ce n'était pas parce qu'il avait disparu pendant un long moment avant de réapparaître avec un nouveau visage et une nouvelle identité que forcément, tout était lié dans ce sens.

En l'écoutant te parler d'eux, de ce qu'ils ont fait lors de cette soirée, tu remarquas qu'il en parlait avec des termes qu'il n'avait pas utilisé jusqu'alors. Et même qu'il en savait vachement sur l'histoire ! Peut-être qu'il était temps d'écouter ton cerveau ? Tu resserras tes doigts sur les draps, t'y accrochant alors que tu les fixais comme s'ils pourraient te protéger. Peut-être qu'ils prendraient soudainement vie et que tu comprendrais que rien de tout ça n'est réel ?

« Je vois… et le territoire est-il en sécurité maintenant, ? »

Wow. Il venait de se passer quoi là, Chandini ? Après tant d'années, tu l'appelais de nouveau ainsi, comme ça, sur un coup de tête, sans crier gare ? Tu t'étais même surprise toi-même à vrai dire. Qu'espérais-tu au juste ? Obtenir de simples réponses claires et précises ou le braquer davantage ?

tenue & pyjama

Oh non, qu'avais-tu fait ?! Milan était complètement livide. Tu aurais aimé t'excuser et le serrer dans tes bras mais il venait de se lever pour s'éloigner du lit, de toi. Était-ce si grave que ça ? Tu voulais lui dire que tu ne recommencerais plus, tu ne l'appellerais plus ainsi sauf que tu ignorais s'il était actuellement capable de t'entendre, de t'écouter. Ton cœur commençait à s'emballer alors que le silence régnait dans votre chambre. Tu te levais pour le rejoindre, prête à l'enlacer et lui dire que c'était fini, qu'il n'avait plus besoin de s'inquiéter ou d'avoir peur mais tu te figeas sur place. C'était quoi ça comme aveu ? Ton cerveau n'eut aucun mal à encaisser l'information mais ton cœur, lui, la refusait et essayait de te replonger dans le déni.

« J'en sais rien. Ça, c'est mon frère qui s'en charge, pas moi. »

Ses mots repassaient en boucle dans ta tête alors que tu le fixais, lui qui n'osait même pas t'adresser un seul regard. Était-ce trop dur de te dire les choses en face, droit dans les yeux ? Tu soupirais tout en partant dans la salle de bain, remarquant avec surprise que les larmes coulaient déjà le long de tes joues. Tant pis. Tu ne prenais même pas la peine de te laver ou de te coiffer, c'était inutile. Tu te mouillais le visage, tentant de… toi-même tu ne le savais pas.  Tu t'arrêtais, fixant ton reflet dans le miroir. C'était douloureux, n'est-ce pas ? Tu te mordais la lèvre inférieure et attrapais l'une des serviettes pour t'essuyer le visage.

« Y a-t-il d'autres choses que je suis censée savoir ? Quitte à tout dire, autant le faire en une seule fois, histoire que nos consciences soient soulagées… », dis-tu assez sèchement.

Tu lui avais parlé sans même quitter la salle de bain. Tu le regardais toujours mais tu ne quittais pas la pièce : puisqu'il n'arrivait pas à te regarder pour te parler, tu ne ferais pas l'effort pour te rapprocher.

tenue & pyjama

Encore debout, immobile, tu semblais être de marbre et pourtant, à l'intérieur, tu avais l'impression d'être brisée, piétinée. Il y avait quelque chose qui te retenait encore pour ne pas hurler, probablement cette grosse boule dans ta gorge qui se formait et grossissait. Quelque chose qui t'empêchait de simplement éclater en sanglots alors que tes yeux te piquaient bien trop. À la place, tu te contentais de renifler quelques fois. Cette personne dans cette chambre, avec toi, était-ce lui le vrai Milan, celui qui n'avait pas besoin de se forcer à toujours être de bonne humeur et à sourire ? Tu n'avais pas froid mais tu tremblais.

« J'aurais dû t'en parler, je sais. J'ai pas réussi. Je... je suis désolé. »

La seule chose qui s'échappa de tes lèvres fut un soupir alors que tu baissais ton visage, ta main droite essayant d'effacer ces maudites larmes qui continuaient de ruisseler sur tes joues. Tu t'approchas alors de lui pour reprendre son visage entre tes doigts alors que tu essayais de sourire. Tu ne pouvais pas lui demander d'être honnête et ne pas l'être toi-même.

« Tu sais, je suis sûre que si tu le l'avais dit bien plus tôt, même à ton arrivée ici ou peu de temps après… Je suis sûre que j'aurai pu te dire immédiatement que ce n'était pas grave., tu relâchas son visage et commenças à enfiler tes vêtements après t'être rassise sur le lit, Mais pas aujourd'hui. Pas après tout ce temps. Pas après toutes ces questions et… non., tu réprimas une première tentative d'éclats en sanglots, Ça devait être… vraiment marrant pour vous, n'est-ce pas ? De me voir te côtoyer tout en ignorant le vérité comme une…, tes doigts se refermaient sur tes cuisses alors que tu finissais ta phrase, un début de colère semblait pointer le bout de son nez, sombre conne.»

Tu te redressas pour rassembler tes affaires. De toutes façons, vous n'alliez pas rester indéfiniment dans cette chambre, non ?
tenue & pyjama

Tu ne comprenais pas pourquoi il avait l'air d'être si triste et dévasté par le fait d'enfin te parler et tu ne te privais pas pour lui rappeler que du temps, il en avait eu. Beaucoup de temps. Et d'espace. Vous vous êtes connus lors de votre première année à Sendai, vous en étiez maintenant à votre quatrième année à Kobe. Tu te frottais doucement le visage en l'écoutant te dire que ça n'était rien d'important, comme s'il t'était possible à l'heure actuelle de lui répondre avec un grand sourire “C'est vrai ! ” et de passer à autre chose comme si de rien n'était. Il ne pouvait pas te laisser les rencontrer sans savoir ça ? Et pourquoi pas ? Après tout, au point où tu en étais sur ton ignorance à leur sujet, tu ne comprenais pas ce que cela aurait pu changer, en bien ou en mal.
De toutes les manières, tu ne comprenais plus rien. Toutes les questions que tu avais pu avoir en tête se volatisaient, t'empêchant de parler. Plus de questions, plus de remarques. Mais toujours ce mélange de colère et de tristesse. Était-ce le sentiment de trahison ? Tu pensais le connaître un minimum mais tu commençais à douter de plusieurs choses. Ses goûts, sa voix, son rire, son affection, son humour, ses études… Y avait-il quelque chose de vrai ? Avais-tu pu connaître ne serait-ce que 10% du vrai Milan avant cette conversation ? Avait-il toujours être sincère tant que ça ne concernait pas sa famille et ses activités ou tout avait été savamment monté de toutes pièces ? Le problème des doutes, c'est qu'une fois installés, il était bien trop difficile pour s'en débarrasser. Ils s'incrustaient au plus profond de votre être pour parfois ressurgir au moment auquel vous ne vous y attendiez pas. Et ça Chandini, tu le savais. Douter ou passer ton temps à te questionner, c'était devenu une habitude pour toi.

« J'aimerai rentrer… »

La boule dans ta gorge était de retour. Tu ne savais pas si elle voulait que tu te taises ou si tu allais tout simplement vomir tout ce que tu pouvais sur place. Tu étais toujours assise sur le lit, à fixer le sol. Ton sac était prêt mais ton corps ne suivait pas. Était-il devenu trop lourd ou n'avais-tu simplement plus de force pour supporter ton propre poids ?

tenue & pyjama

Voulais-tu réellement qu'il te raccompagne après tout ça ? Tu n'en savais rien. Tu voulais juste retourner dans ta chambre, avec le petit lit de l'internat, son paravent et surtout ton ours en peluche. Il n'y avait aucun risque que lui ne te révèle quoi que ce soit de choquant sur sa vie. Pour en revenir à Milan, tu ne souhaitais plus le voir ni l'entendre mais en même temps, tu ne voulais pas rester seule.

« Ou-… Hmm… Non ?  Je vais…appeler. Quelqu'un. »

Tu ne le regardais toujours pas. Toujours concentrée sur le sol, tu réussis tant bien que mal à te redresser et, téléphone en main, récupéras tes affaires. Tu aurais besoin de temps pour digérer ton temps. Combien ? Comment pourrais-tu le savoir ? Face à la porte encore fermée, tu repensas à tous ces moments ensemble qui t'avaient apporté tant de joie. Des rires aussi. Tu te rappelais de ton premier jour de cours à Sendai. Tu t'étais trompée de salle et c'était seulement au moment de se mettre à deux que vous l'aviez réalisé. Tu avais eu tellement honte sur le moment et pendant  plusieurs semaines. Vos sorties shoppings. La soirée au salon de l'érotisme, cette soirée durant laquelle il t'avait volé ton premier baiser. N'était-ce pas lui qui, à ce moment, t'avait demandé qu'il pourrait avoir besoin de toi pour jouer le rôle de sa petite-amie auprès de ses parents ?

« Je ne dirai rien. »

Tes doigts restaient immobiles sur la poignée, tu prenais une grande inspiration afin de sortir de cette pièce sans éclater en sanglots. Ses derniers mots pouvaient être interprétés comme il le souhaitait mais certainement pas comme une promesse si par malheur tu apprenais une hausse de l'activité criminelle. Oh tu n'irais pas le dénoncer, non. Il n'était pas responsable de tout ce qui pouvait se passer dans cette ville mais tu lui en toucherais deux mots. Tu n'avais rien ajouté de plus. Pas d'au revoir, ni d'adieu. Tu ne lui avais pas dit que vous vous reverriez plus tard. Il y avait des choses qu'il était inutile de préciser tant elles étaient d'une logique implacable tant elles coulaient de source.
Le premier pas fut le plus compliqué à faire pour sortir de la pièce, le second n'était pas des plus faciles lui non plus. Pourtant, plus tu avançais et plus tu marchais à une allure normale, et plus les larmes coulaient. Oh bon sang, ça faisait vraiment mal.


tenue & pyjama

Un simple “Ok.” fut la dernière parole, le dernier mot que Milan t'adressa. Tu ne pouvais probablement pas lui en demander davantage mais c'était tout de même douloureux. Alors en silence, tu traversas le couloir et repris les escaliers pour descendre à l'accueil. Face à l'inquiétude de l'employée sur tes larmes, tu parvins à lui sourire et la rassurer, lui disant qu'il s'agissait probablement du contre coup : après tout, c'était la première fois que tu vivais une telle chose. Tu lui demandais s'il t'était possible de t'asseoir sur l'un des fauteuils pour attendre que l'on vienne te chercher et elle t'y installas avec un verre d'eau. Ton téléphone en main, tu te demandais à qui tu pourrais demander de venir jusqu'ici mais tu réalisas bien rapidement à quel point cette demande pouvait être égoïste. Un séisme venait d'avoir lieu, tu ne pouvais pas leur demander de venir pour que tu puisses pleurer sur leurs épaules à cause de… d'un simple cœur brisé. Des vies et des habitations étaient en jeu, il y avait des priorités.

Tes doigts attrapaient le verre et tu le buvais, doucement, avant de finaliser te lever pour partir. Tu n'avais appelé personne, pas même un taxi. Tu rentrerais à pieds, avec tes écouteurs dans les oreilles. Le GPS de ton téléphone t'indiquait le chemin du retour et sagement, tu le suivais jusqu'à mi-chemin. Ensuite, tu dus prendre appui sur un mur pour t'y laisser glisser sans tomber. Tu avais eu la sensation étaient en train de te lâcher, et les quelques regards interrogateurs qui tombaient sur toi t'inquiétaient. Étaient-ce des personnes lambdas ou d'autres yakuzas ? Tu sentais bien que ton cœur était en train de s'emballer mais que pouvais-tu y faire alors que tu tremblais comme une feuille ? Tes doigts commencèrent par envoyer un premier message pour savoir comment ça allait avant d'en pianoter un second pendant qu'intérieurement, tu suppliais la personne de venir te sauver de ce cauchemar :

“ Je sais que ça sort de nulle part mais est-ce que tu peux venir s'il te plaît ? Je suis actuellement ici [X ; Y] mais je n'arrive plus à bouger. Ça doit être le contrecoup   ”

Dans un sens, il valait mieux que ça arrive maintenant sur tu étais seule plutôt qu'avec Milan. Il t'aurait trouvé pathétique et pire encore si jamais ses parents avaient été là. Tu ne correspondrais jamais à la femme qu'il lui faudrait, qu'importe les efforts que tu ferais et de toutes façons, tu ne voulais pas t'impliquer dans quoi que ce soit d'illégal et/ou criminel.

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