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Seito Mori
Elève ; en 3ème année
Seito Mori
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Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
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Seito Mori

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Jeu 29 Juin 2023 - 23:36
VENDREDI 16 MARS 2018



La portière claque. A l'arrière de la voiture, Seito regarde le campus disparaître de son champ de vision. Et avec lui disparaissent ses amours et ses amitiés. Cette fin d'année est la moins amère de toutes depuis sa rébellion. Sans qu'il ait rien vu venir, des changements drastiques se sont opérés. Résultant sur un passage en troisième année, deux meilleurs amis et le clou du spectacle : un petit-ami. Le dernier point étant si délirant qu'il nécessitera un chapitre à lui tout seul. Puis il y a ses colocataires dont il sera séparé à la rentrée et tous les autres membres des clubs qu'il côtoie, chacun égayant ses journées d'une étincelle différente.
« Attache-toi Seito, le bip est insupportable. »
— Ah ouais, pardon Haha. »
Seito boucle aussitôt sa ceinture de sécurité et retourne à son observation silencieuse. La voiture avale le bitume sans se soucier des passants qui flânent sur les trottoirs, les lampadaires et les feux comme autant de checkpoints à franchir sur une course non déclarée.
« C'était une belle cérémonie ce matin. Ce campus met vraiment les petits plats dans les grands. »
— Hum ? »
Le regard du japonais accroche celui de sa mère qui s'est retournée pour lui parler.
« Toujours surprenant de voir autant d'étrangers. »
— Il ne manque plus que tu sois major de promo l'année prochaine et là, la cérémonie sera vraiment prestigieuse. »
Une grimace barre son visage au commentaire de son père.
« J'ai travaillé dur pour passer en troisième année. J'vais continuer mais je sais pas si- »
— Ce n'était pas une question. »
— C'est toujours pareil avec toi. T'es jamais content. Même quand j'fais des efforts, ça suffit pas. C'est jamais assez. »
— Rappelle-moi ta moyenne. »
— 67 mais je vois pas le rapp- »
— 33 points, voilà le rapport. »
Seito se crispe, ses doigts se plantant furieusement dans la banquette arrière. D'une parce que le calcul mental est fait si rapidement que ça l'agace. De deux parce qu'il ne sera jamais à la hauteur des espérances de son père. La voiture freine à un feu rouge. S'il s'écoutait, il se barrerait en courant. Mais il n'en fait rien. A la place, il rétorque :
« Ça change pas le fait que je passe en troisième année. Vous devriez être contents. Vous l'avez été ce matin. C'était pour de faux, c'est ça ? »
Il remarque les jointures de son père blanchir sur le volant. Faire mouche l'amuse autant que cela l'effraie.
« Si tu dis ça pour énerver ton père, ce n'est pas drôle Seito. »
— J'oserai pas... » souffle-t-il, vindicatif.
« Nous avions prévu de te laisser un peu tranquille pendant les vacances mais finalement, tu iras avec nous chez ma sœur. »
Son visage se défait dans l'instant. Il plisse les yeux et se rapproche de l'habitacle à l'avant.
« Comment ça ? »
Sa mère prend le relais. Bien qu'il se sente l'âme d'un chieur, il s'en voudrait de causer un accident de la route après tant de victoires personnelles – n'en déplaise à son père.
« Ton oncle et ta tante font des travaux chez eux. Nous comptions te laisser la maison mais... ton père vient de décider que tu nous accompagnerais finalement. »
— Mais pourquoi ? Parce que j'suis pas major de promo ? »
— Pour ça, tu m'as très bien fait comprendre que c'était impossible. Donc non, ce n'est pas à cause de ça. »
— Alors quoi ? S'te plaît. J'veux pas aller chez eux, j'retire tout c'que j'ai dit. J'essaierai d'être major de promo, je- »
— Tu n'apprends donc jamais Seito. Ce comportement que tu t'obstines à avoir alors que tu nous avais assuré ne plus jamais l'adopter est la source du problème. »
— S'il te plaît Chichi... J'suis désolé... »
C'est un combat perdu d'avance et pourtant il s'efforce de regagner du terrain.
« Tu viendras avec nous. Tu ne seras pas de trop pour les travaux de toute façon. »
La colère ne semble s'être jamais estompée tant elle ressurgit violemment, suintant par tous les pores de sa peau.
« Et le repos après les examens ? Le temps libre ? »
— Tu as eu des années de temps libre. Maintenant que tu as enfin compris l'utilité de te donner une chance, tu ne peux plus revenir en arrière. »
Aussi coupants que des poignards, les mots s'enfoncent dans sa peau jusqu'à la garde. Ses dents aspirent sa lèvre inférieure et l'écrasent sauvagement. S'il ouvrait sa bouche maintenant, son père a raison, il ne pourrait plus revenir en arrière. Pas sûr qu'il ait seulement le temps de faire ses adieux. Il disparaîtrait, purement et simplement, de la surface de la Terre.
« On part quand ? »
— Demain. Prépare ton sac ce soir, demain matin nous partons de bonne heure. »
Inutile de commenter, sa tête glisse contre la fenêtre où ses yeux jouent à chat perché sur les poteaux électriques. Le japonais ferme les yeux et se projette dans le Royaume du sucre où un troupeau de langues acidulées paît sereinement. La voiture le berce jusqu'à cette petite rue de Kawachinagano. Cette fin d'année est la moins amère de toutes depuis sa rébellion, ou du moins il le croyait.




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Mar 4 Juil 2023 - 23:01
SAMEDI 17 MARS 2018



On ne peut pas dire que le départ s'est fait en fanfare. Sa petite sœur piaille à côté de lui sur la banquette arrière tandis que sa tête repose, les yeux mi-clos, contre la fenêtre. Il est huit heures pétantes et six heures de route les attendent, direction Manazuru. A peine le temps de se poser chez lui qu'il repartait déjà. Seito se serait bien passé de ce voyage. Il n'a aucune envie de voir son oncle et sa tante. Malgré avoir réussi son année, il sait d'avance que le discours ne sera pas complètement enjoué.

« Seitooo, est-ce qu'on va voir des bateaux ? Est-ce que dans la mer, y'a des grosses vagues ? Pourquoi tu doooors ? pépie-t-elle.
— Oui, oui et parce que, répond-il brièvement.
— Moi aussi je veux dormir comme toi ! Haha, c'est quand qu'on arrive ?
— On vient tout juste de partir Megumi. La route est longue pour aller jusqu'à Manazuru. Tu te souviens de la plage là-bas ?
— Non. Pourquoi on va là si c'est loin ? »
En voilà une question pertinente se dit Seito.
« Parce que Oba et Oji vivent là-bas et qu'on va les aider à faire des travaux dans leur maison.
— Ils peuvent pas les faire tout seuls ? »
Décidément, cette petite n'est pas si bête quand elle le veut. Seito laisse échapper un gloussement et jette un œil à sa sœur, ignorant volontairement le regard sans doute réprobateur de sa mère.
« Ça leur prendrait trop de temps, c'est pour ça qu'on les aide. Et puis si le temps le permet, on pourra même faire un tour en bateau. Ça te plairait ?
— Oh oui ! Du bateau ! Du bateau ! s'exclame-t-elle en clappant dans ses mains.
Sa mère parvient à la calmer en lui tendant un gâteau ce qui a le mérite de faire tomber le silence dans l'habitacle.

Seito ferme complètement les yeux et somnole pendant une bonne heure. Quand il rouvre les yeux, il remarque sa sœur endormie. Engoncée dans son siège auto, sa tête penche dangereusement vers lui. Avec douceur, Seito glisse ses doigts sous son menton et réajuste sa position. Quand il relève les yeux, il est pris de court par la stupeur de sa mère. Au point qu'il se sent obligé de se justifier.
« Elle aurait eu un torticolis si j'avais rien fait.
— Je ne t'ai accusé de rien Seito.
— Ouais mais tu m'as regardé comme si...
— Pas du tout ! » rétorque-t-elle, lèvres pincées.
Mieux vaut changer de sujet. Son ventre choisit le bon moment pour gargouiller.
« T'aurais quelque chose à manger ? lui demande-t-il sur un ton plus doux.
— Les Koala au chocolat de ta sœur.
— Ouais nan... J'vais pas lui manger. J'attendrai ce midi.
— Tu n'as pas mangé ce matin ?
— Pas eu le temps et j'avais pas très faim. Maintenant si... mais c'est pas grave. Tu aurais de l'eau par contre s'il te plaît ?
— Oui, tiens. »

Le japonais saisit la bouteille et se désaltère. Les choses devraient tout le temps être aussi simples que cette échange. Surtout avec sa mère. C'est amusant mais la veille, Seito attendait une marque d'affection. Lorsqu'ils se sont garés, qu'ils sont sortis de la voiture silencieusement, que Seito a déchargé sa valise, il a attendu. Un signe, un mot, n'importe quoi qui lui aurait signifié que le contact était possible. Qu'il y aurait forcément un contact physique. Mais rien. Ils étaient entrés dans la maison puis le japonais avait retrouvé le bureau où son futon avait été déplié. Il ne sait pas bien ce qu'il attendait. Il est même surpris d'avoir attendu quelque chose. C'est idiot, vraiment. Mais il aurait aimé que sa mère le prenne dans ses bras. Qu'elle le félicite pour le travail accompli. Malgré le trajet en voiture, sa moyenne encore trop basse et sa très légère insolence. Il s'était énervé, c'est vrai. A peine quelques secondes avant de réaliser que cela aggravait son cas. Ses parents devaient reconnaître qu'il a mûri. Peut-être pas suffisamment à leur goût mais ils ne peuvent lui retirer ses efforts. Il ne saurait expliquer cette soudaine envie. A part le fait que ses amis avaient déteint sur lui. Et c'est précisément ce qu'il craignait. En lui démontrant jour après jour leur affection, il avait fini par s'y habituer. A trouver ça normal. Alors que dans cette maison, il n'a pas le droit à cet égard. Ils ont fait des progrès de communication mais Seito n'est pas encore retourné complètement dans leurs bonnes grâces. Peut-il l'espérer s'il persévère ? Seul l'avenir le lui dira. En attendant, sa mère ne l'a pas enlacé et il en a ressenti de la frustration.

La journée s'écoule mollement. Il dévalise son repas du midi, joue aux devinettes avec Megumi, lit un bon tiers de son livre, joue à Shifumi avec Megumi, consulte son téléphone, joue à compter les voitures rouges, puis bleues avec Megumi. Jusqu'à ce qu'ils longent la côte et que la mer happe son regard et celui de sa sœur. La mer : son unique soulagement. Pouvoir décompresser les pieds dans l'eau lui met du baume au cœur. Ses vacances ne seront pas complètement foutues. La dernière heure est la plus longue. Les minutes traînent leurs secondes avec amusement, sans se soucier de ses jambes qu'il désespère de pouvoir étirer. Puis la maison apparaît. Pas très en forme, elle s'éclipse derrière un petit jardin où s'épanouissent plusieurs niwaki et un prunier du Japon dont les fleurs blanches alourdissent chaque branche. La façade est usée par le temps et les intempéries. Le muret et le portail sont défraîchis. Alors qu'ils se garent sur une place disponible, Seito se demande si deux semaines seront suffisantes pour venir à bout de cette rénovation. Et voilà que sa sœur s'agite à nouveau. Était-il aussi turbulent étant petit ?

« Obaaaaa, Ojiiiiii ! crie la petite fille en accourant vers la porte d'entrée.
— Oh bonjour ma chériiie ! » surenchérit sa tante.
Elle la serre dans ses bras et la couvre de compliments tandis que Seito reste en retrait, les bras ballants. Et soudain, sa tante le remarque.
« Mais tu es là ?!
— Bonjour Oba. Bonjour Oji, les salue-t-il en s'inclinant respectueusement.
— Bonjour, répond-elle rapidement avant de se tourner vers ses parents. Je croyais qu'il ne venait pas.
— Désolé, changement de programme, se contente de dire son père.
— Qu'est-ce qu'il a fait encore ?
— Rentrons d'abord. La route a été longue.
— Oui, bien sûr ! Pardon ! Tu dormiras dans la même chambre que Megumi, Seito. Je vais sortir un futon supplémentaire. »

La mâchoire serrée, Seito acquiesce et se propose même d'aller le chercher lui-même. C'est la moindre des choses quand on a le statut d'invité... surprise.




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Jeu 6 Juil 2023 - 22:28
MERCREDI 21 MARS 2018



Déjà cinq jours que Seito loge chez son oncle et sa tante. Ayant profité du week-end pour se balader en famille, les travaux ont démarré sur les chapeaux de roue le lundi. Il y a tant à faire. Ponçage, lasure, enduit, peinture, charges lourdes à porter. Tout ce qu'il n'a pas l'habitude de faire. Qu'il n'a même jamais fait et qu'il découvre, une activité après l'autre. Le japonais n'est pas quelqu'un de manuel. Il ne l'a jamais caché et se tient éloigné de toute activité qui nécessiteraient un tant soit peu de méticulosité. Ses doigts ne lui servent qu'à une chose : écrire. Et c'est précisément ce à quoi il occupe ses soirées une fois le repas du soir ingéré. Pour ne pas déranger sa sœur, il se pose dans le jardin et penche sur le papier des paragraphes entiers d'histoire décousue. Il ne saurait pas dire précisément vers quoi il converge mais rien ne saurait entacher sa motivation. Du moment qu'il couche des mots dans son carnet, il est heureux. Mais ce bonheur est fluctuant. Trop souvent éthéré par des paroles blessantes. Ont-ils conscience des conséquences ? De la détresse que cela provoque chez lui, d'être ainsi diminué. Il devrait avoir l'habitude. Mais au prix de ses efforts, il éprouve des difficultés à demeurer insensible. Pire encore, il se surprend à comparer sa famille à ses amis. Ne serait-ce pas finalement à Kobe que résident ses proches ?

« Oui, la troisième année est déjà un palier de franchi. Mais après, il faut penser à l'université. Une carrière ça se construit. Et il est encore loin d'être parvenu au bout de ses études. » argue son oncle.
Ont-ils oublié qu'il mange avec eux ? Qu'il est même assis actuellement à côté de lui. Mais il a parlé trop vite. Soudain l'attention de sa tante se braque sur lui.
« D'ailleurs Seito, tu as pris une décision pour ton avenir ? »
Le japonais cligne des yeux à multiples reprises puis pose un regard revêche sur ses parents avant de revenir sur sa tante.
« Oui... Depuis longtemps, pourquoi ?
— Ah vraiment ? Et de quoi s'agit-il ? Filière scientifique ? Ou dans la finance comme ton père ?
— J'ai pas changé d'avis, j'veux toujours devenir écrivain. »

Vous êtes vous déjà demandé pourquoi on dit dans une conversation qu'il y a un blanc. Musicalement, ce n'est rien d'autre qu'un silence. Une bulle ronde, un trait noir cerclant du blanc. Il est donc amusant de se projeter chaque discussion comme une énième mélodie. Celle-ci deviendra-t-elle un tube ? Il n'advient qu'à sa tante de se mettre au diapason. Mais dès lors qu'elle rouvre la bouche, un larsen couvre les notes et son cœur dérape comme un disque rayé.

« Toujours cette lubie ? demande-t-elle à son frère, incrédule.
— Un de ses professeurs nous a assuré qu'il était doué. Mais il n'est clairement pas le seul à être doué au lycée.
— Sans parler de la concurrence, il doit se trouver un vrai métier. Qui rapporte de l'argent. Qui permet de prendre son indépendance.

— Tout ça je peux le faire en écrivant, l'interrompt Seito. Et peut-être que je galérerai, mais au moins je ferai un métier qui m'plaît vraiment.
— Et puis quoi ? Tu irais jusqu'à vivre dans la rue pour te faire plaisir ?
— Ah donc si j'écris, y'a aucun moyen que j'réussisse selon vous. Genre j'écris, j'suis un sans-abri. C'est complètement con.
— Il a dit un gros mot, intervient Megumi.
— Seito, ton langage ! » le rudoie sa mère.
Le japonais se crispe. Il soutient le regard de sa mère et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Marre d'être considéré comme une raclure.
« Vous savez quoi, j'vais même me présenter à la présidence du club de littérature. Comme ça, j'pourrais lire et écrire sans être jugé parce que j'suis avec des gens qui aiment ça aussi.
— Tu peux aimer quelque chose sans pour autant vouloir en faire ton métier, répond son oncle. Écrivain est un statut précaire. Peu de gens percent vraiment, qu'est-ce qui te fait croire que tu es l'un d'eux ?
— Qu'est-ce qui VOUS fait croire que j'en suis pas un ? Vous avez si peu confiance en moi ? »

Une nouvelle pause dans cette mélodie dissonante. Seito les dévisage un à un. Son oncle, sa tante, son père, sa mère. Ses yeux les défient de répondre juste à cette question piège. Y a-t-il seulement une réponse ? A mesure que le silence s'étend, son cœur se serre.

« Ce n'est pas la question, tranche sa tante. Tu DOIS te trouver un vrai métier Seito. Et quand tu gagneras bien ta vie, peut-être que tu pourras écrire à côté. Et peut-être que ça sera agréable à lire. Mais en attendant, tu dois penser à ta réussite, à ta future femme, tes futurs enfants. Et tout ça, ce n'est pas dans les livres que tu les trouveras.
— Peut-être que j'ai pas envie de tout ça, crache-t-il.
Son sang bouillonne. S'il écoutait sa colère, il se condamnerait en révélant avoir un petit-ami. Mais l'image de Mathéo s'impose à lui. Il veut le revoir à la rentrée et pas dans un cercueil de préférence. Alors il se contient, malgré la douleur.
— Tu ne fais jamais rien comme tout le monde de toute façon. » répond sa tante.
Un reproche qui sonne comme un compliment à ses oreilles.
« Est-ce qu'il serait possible d'avoir un repas tranquille ? déclare soudain sa mère, exaspérée par la tournure que prend le repas.
— J'ai fini de manger, j'vais vous laisser manger tranquille. »
Seito n'attend pas d'approbation, il se lève de sa chaise et part s'enfermer dans sa chambre.
« Je peux sortir de table moi aussi ? demande Megumi d'une voix fluette.
— Essuie-toi la bouche d'abord ma puce. Et oui, tu peux sortir de table. » acquiesce sa mère.

La petite fille disparaît derrière la porte de la chambre à son tour. Tante, oncle et parents s'observent.
« Il n'a pas changé d'un poil, n'est-ce pas ? reprend sa tante.
Son père serre les dents et soupire.
« Je ne parviendrais jamais à comprendre cet enfant.
— J'ai quand même l'impression que ça va mieux avec Megumi, non ?
— Oui, c'est vrai, répond sa mère. Il fait de vrais efforts de ce côté-là. Mais pour le reste, c'est toujours compliqué de communiquer avec lui.
— Le moine m'avait prévenu qu'il faudrait des visites régulières au temple pour éliminer le kegare. Vous avez vu comme l'amulette a fonctionné ?
— Un avenir ne se construit pas avec des amulettes, rétorque son père.
— Je suis bien d'accord mais en attendant qu'il soit majeur, je ne vois pas ce que vous pourriez faire d'autre. »
Sa mère glisse sa main sur celle de son mari, pacte silencieux de deux parents qu'un fils perturbateur a épuisés.
« Prétendre. C'est tout ce qu'il nous reste. »




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Jeu 6 Juil 2023 - 23:02
JEUDI 22 MARS 2018



Ce chapitre a été écrit avec la joueuse de Mathéo.


La nuit est tombée. Assis sur un rocher saillant, la petite plage est éclairée par deux lampadaires timides. Ses pieds clapotent dans l'eau qui sinue sur les chemins de sable entre chaque pierre. La mer est calme bien que le fond de l'air soit frais. Seito compose le numéro de Mathéo et porte son portable à l'oreille. Mathéo commençait à somnoler, le nez dans son bouquin, allongé sur le ventre dans son lit, lorsqu'il aperçoit l'écran de son téléphone s'allumer. Le nom affiché le réveille immédiatement. Il se soulève à la force des bras pour se mettre sur les genoux et attrape son portable pour décrocher.
« Allô ? »
Entendre la voix de Mathéo le rassure d'emblée. Comme s'il avait besoin de la confirmation qu'il existe bel et bien.
« Salut toi, ça fait plaisir de t'entendre. »
Le japonais sourit, le regard rivé sur ses pieds nus. L'étudiant se laisse retomber sur le dos, poussant sans vergogne son livre plus loin, un sourire idiot sur les lèvres. Il a toujours du mal à réaliser que Seito et lui sortent ensemble. Chaque sms, chaque appel lui semble sorti tout droit d'un rêve.
« Ça me fait plaisir d'entendre ta voix aussi, elle m'a manquée.
— Je te dérange pas ?
— Tu ne me déranges pas du tout, au contraire. Tu vas bien ? »

Le manque, Seito le ressent aussi. Éloigné de tout, pas une journée ne passe sans qu'il ressente le poids de la solitude. Ce qui est une aberration étant donné qu'il partage ses vacances avec sa famille.
« Mmh, ça peut aller. Un peu mal aux mains mais ça va passer. Et toi ? »
Mathéo troque son sourire contre un air soucieux en entendant sa réponse. Il a bien compris que ces vacances familiales sont loin d'être le rêve, mais il avait espéré que cela se passe mieux au fil des jours. Ce qui ne semblait pas être le cas et ça l'inquiétait un peu. Sa voix prend soudainement un ton plus soucieux.
« Ça se passe si mal que ça ?... Tu as de la crème ou quelque chose que tu pourrais mettre pour aider ?...
— Non, je dirais pas ça, répond-il en faisant la moue. C'est pas complètement chiant mais j'aurais aimé faire autre chose que ça. Mais bon, j'aurais p't'être le droit de me reposer quand je serais major de promo. »
Il jette un coup d’œil à ses mains et se souvient avec quelle délicatesse les doigts de Mathéo s'étaient enroulés aux siens.
« T'en fais pas, c'est l'histoire de quelques jours et après j'serai un vrai bonhomme. En mode la douleur ça m'fait pas peur ! »
Seito laisse échapper un rire et demande :
« Tu faisais quoi là ? »
Mathéo fronce les sourcils, ne sachant trop quoi faire de cette information. Que des parents s'inquiètent pour la scolarité de leur fils, il comprenait très bien, mais tout de même.
« Tes parents exagèrent un peu... » marmonne-t-il dans sa barbe, mécontent.
Après tous les efforts que le japonais avait fourni pour les examens, il aurait bien eu besoin de se reposer. Seito était on ne peut plus d'accord avec cette remarque. Néanmoins, cela restait ses parents et quelque part, ils devaient avoir raison. C'est la raison pour laquelle il n'épilogue pas plus sur le sujet.
« Je lisais un livre français, Ronce-Rose, c'est l'histoire d'une petite fille qui... » Il s'interrompt. « Tu crois que si je t'envoie de la crème demain matin en express, tu pourrais la recevoir à temps ? »

Alors que Seito s'émerveille que Mathéo puisse lire un livre dans une autre langue que le japonais, il est désarçonné par la question.
« T'as vraiment pas besoin d'faire ça ! » s'exclame-t-il aussitôt.
Il oscille entre l'envie de rire et l'horreur d'avoir à expliquer ce colis à sa réception.
« Même si c'est gentil de proposer...
— T'es sûr ? Ça ne me dérangerait pas du tout.
— Oui, sûr. » lui confirme-t-il sans tarder.
Les joues du lycéen se colorent alors qu'il tente de bifurquer à nouveau sur un sujet de conversation moins chaotique.
« Raconte-moi plutôt l'histoire de cette petite-fille. T'as d'la chance de pouvoir lire des livres dans d'autres langues, c'est vraiment trop bien. »
Mathéo n'aime pas l'idée que Seito puisse souffrir, il aurait aimé pouvoir l'aider davantage. C'est frustrant de ne rien pouvoir faire pour lui... mais il n'insiste pas, de peur que ce soit déplacé. Il accepte donc de le suivre sur le sujet du livre.
« Oui... c'est vrai. Je ne m'en rends pas toujours compte. Ça me permet d'avoir accès à plus d’œuvres et d'explorer d'autres façons d'écrire. Ça me manquait de lire en français, c est plus simple pour moi, ça me repose l'esprit... se perd-il dans sa réponse.
— Moi c'est la poésie qui me repose l'esprit, sourit Seito.
— Et, c'est l'histoire d'une petite fille, Ronce-rose, qui raconte son quotidien avec son père dans son journal intime. Son travail est assez énigmatique pour elle... on comprend qu'il est cambrioleur. Parfois, il la laisse seule dans leur "maison" du jour et il revient après avoir accompli son "travail". Mais, un jour, il ne rentre pas et elle se met à sa recherche. J'aime beaucoup, raconté du point de vue d'une enfant, on dirait un mélange entre le roman et la fable. J'espère seulement que ça ne sera pas trop triste... je me demande s'il n'a pas été arrêté. »
Intrigué par l'histoire dont l'étudiant lui fait le résumé, Seito écoute attentivement.
« C'est vrai que c'est rarement raconté du point de vue de l'enfant, comme si c'était pas un point de vue valable. Ça a l'air bien, faudra que tu me racontes la fin quand t'y seras, même si elle est triste. Si j'avais un père voleur, je sais pas si j'aimerais le découvrir. Ou alors j'serais vénère qu'il me l'ait pas dit.
— Oui... je pense que je n'aimerais pas non plus. »

Mathéo marque une pause, se tournant de nouveau sur le ventre, les joues un peu roses.
« Mais je veux bien devenir cambrioleur et venir cambrioler ta tante. Si je lui vole seulement son neveu... ça devrait aller, non ?... »
Le japonais allait poursuivre sur sa lancée lorsque Mathéo prend les devants avec une avance surprenante. Les yeux ronds, Seito s'empourpre et l'espace d'un instant, décolle son portable de l'oreille pour respirer un bon coup et calmer ce gloussement nerveux en travers de la gorge. Lorsqu'il retourne physiquement à la conversation, il répond timidement :
« Tu... Tu peux même le faire sans lui demander. J'suis sûr qu'elle dira rien... et son neveu non plus. »
Le téléphone toujours contre l'oreille, l'étudiant enfonce sa tête dans son oreiller, piquant un fard monumental. C'était lui qui avait lancé la machine mais entendre la réponse de Seito, c'était tout autre chose ! Il relève la tête pour respirer de nouveau et lui répondre, la voix plus basse.
« ... J'aimerais beaucoup venir te kidnapper, tu sais ? »
Se rendant compte de ce qu'il est en train de dire, il s'assoit dans son lit, le visage pivoine.
« E-Enfin. Je veux dire que... si je pouvais venir te voir o-ou si je pouvais te faire venir ici, je le ferais ! » Il se met à rire, un peu nerveux. « D-Désolé... c était un peu bizarre dit comme ça, je crois... »
Oui, c'est étrange. Oui c'est idiot. Oui c'est terriblement gênant. Mais Seito sent battre son cœur si fort dans sa poitrine qu'il couvre momentanément le bruit de la mer. Se peut-il que Mathéo l'aime à ce point ? Il lui a dit à multiples reprises mais à présent qu'il applique cet amour, le japonais n'a de cesse d'être surpris. Son cerveau réfute en bloc chaque intervention, pourtant il aperçoit à l'arrière la lueur du doute.
« T'as d'la chance, j'aime bien quand c'est bizarre, déclare-t-il, la voix malicieuse. Puis, repensant soudain au livre, il fait une demande insolite. Quitte à rester dans le bizarre, autant le faire bien.
« Dis Mathéo, tu voudrais bien me lire un passage de ton livre ?
— J'ai de la chance, oui... »
Mathéo se mord la lèvre. Il est mort d'embarras... mais si Seito aime ça, il accepte sa mort sans conditions.
« Et... oui, si tu veux, répond-il timidement, surpris par sa demande. Tu veux que je te fasse la traduction ou je te le lis en français ?
— En français s'il te plaît. Je- J'aime bien juste écouter d'autres langues et le français c'est joli. Et avec ta voix, ce sera... » Bon sang, qu'est-ce qui lui prend de s'épancher sur un truc pareil ? « ...agréable », souffle-t-il tout bas.
Le cœur de l'étudiant fait un bon dans sa poitrine. Il ne s'attendait pas du tout à cette réponse. Le sentiment plaisant qui prend son cœur en otage le surprend. Il prend une grande inspiration... Il aimait Seito plus qu'il ne devrait l'être permis pour survivre.

« ... D'accord » souffle-t-il d'une petite voix teintée d'une douceur bien trop mielleuse et rattrape son livre, dont il choisit un passage.
« Et puis, il y a le miracle de l'arc-en-ciel. L'histoire du soleil dans les gouttes me parait louche, habituellement le feu dans l'eau, ça fait psschtt et tout s'éteint. » commence-t-il en se calant le dos contre le mur de sa chambre, faisant de son mieux pour la lecture, malgré le léger stress qu'il ressent de savoir Seito l'oreille tendue à l'autre bout du fil.
La température a chuté drastiquement. Simplement vêtu d'un pull à capuche, sa seule source de chaleur se résume à son portable collé à son oreille avec fermeté. Dès l'instant où les premiers mots de français s'échappent, Seito ferme les yeux. Il ramène ses jambes à la poitrine et enroule ses bras autour. Le sens lui échappe mais la prononciation le ravit en tout point. Et il n'a pas menti. La voix de Mathéo est douce et apaisante. Elle chasse la lourdeur de ses journées et égaye cette soirée d'un rayon de tendresse bienvenu. Mathéo lui lit la page entière, terminant cette dernière songeur.
« (...) j'étais en train de raconter comment ça se passe et je me suis laissée entraîner dans d'autres aventures. Une chose à la fois, me dit Mâchefer. Mais avec deux yeux, deux oreilles, deux mains, on a tout de suite un autre truc qui nous distrait ou qui nous tente... » Il marque un court silence avant de demander :
« ... Seito ?
— ...Oui ? répond le japonais en papillonnant des yeux.
— ... je t'aime... »
Oh. Il ne s'y attendait pas. Son torse se colle davantage contre ses cuisses. A défaut de lui retourner ce nouvel aveu - il ne s'en sent tout bonnement pas capable -, Seito murmure :
« Ce soir, j'ai très envie de te croire.
— Tu peux, répond Mathéo sans la moindre hésitation. Je te le dirais jusqu'à ce que tu y crois tous les soirs..., murmure-t-il à son tour, la voix tendre, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun doute possible... »
L'étudiant cogne son crâne contre le mur, pris dans un terrible excès d'amour. Il avait hâte de le revoir. Seito garde le silence. Noir dans sa poitrine. Le trou noir palpite. Se déforme et prend vie. Otage consenti d'un amour impalpable. Soumis à l'impétuosité d'un sentiment si fort qu'il lui est impossible de rester neutre. Il inspire profondément l'air marin. Un amour aussi éclatant lui fait peur. Prudent, il répond :
« Aime-moi moins mais aime-moi longtemps. »

Mathéo relève un genou pour poser sa joue dessus, le cœur battant à tout rompre. La réponse de Seito le surprend, il a l'étrange impression de se faire engueuler tout en recevant une jolie déclaration. Pourquoi est-ce qu'il a tant de mal à croire en son amour ? S'y prend-il si mal pour le lui transmettre ? Ses lèvres dessinent une petite moue.
« ... Je compte t'aimer longtemps Seito... aussitôt longtemps que tu voudras bien de moi. Alors, est-ce que je ne peux pas t'aimer longtemps et tout aussi fort ? »
L'amour finira par s'estomper, pense Seito. C'est l'effet qu'il produit. Il peut paraître attachant jusqu'à ce que la vérité éclate. Longtemps et fort n'est pas compatible. Et à dire vrai, aucun de ces qualificatifs ne devrait pouvoir s'appliquer à lui. Néanmoins, le japonais préfère taire sa rationalité et se contente de répondre simplement :
« Je t'empêcherai pas d'essayer. »
Son portable se met à vibrer dans sa main. Surpris il manque de le faire tomber à l'eau. Chichi apparait sur l'écran. Et merde.
« J'vais devoir te laisser Mathéo. J'ai dépassé l'heure à laquelle j'devais rentrer. »
L'étudiant reste silencieux, soudainement anxieux. Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire...? Il se mordille nerveusement la lèvre.
« D'accord... j'espère que tu n'auras pas d'ennuis. Fais attention à tes mains... et tiens bon, ces travaux ne dureront pas éternellement. Appelle-moi ou écris-moi quand tu veux, ça me fait plaisir.
— Je ferai attention, promis. »
Dépasser de vingt minutes l'heure promise ne devrait pas être un si gros problème que ça... Alors qu'il remet maladroitement ses chaussures, l'étudiant parvient à le surprendre de nouveau. D'une voix assurée et le ton convaincu, il lui dit :
« ... Et je relève le défi, Seito... Je te prouverais que c'est possible. Attends que je puisse y arriver, s'il te plaît... » Il se laisse retomber sur le matelas. « ... passe une bonne nuit, à bientôt. »
Sa respiration loupe le coche. Seito se redresse complètement, en équilibre sur son rocher, la mer pour seul témoin.
« Tu rends pas l'attente jusqu'à la rentrée facile, souffle-t-il troublé. Merci pour la lecture. Passe une bonne nuit toi aussi. »
Un sourire timide étire les lèvres de Mathéo.
« Désolé, mais l'attente est déjà trop longue de toute façon »
Il rit légèrement, un peu de désespoir sans doute. Seito lui manquait beaucoup trop.
« Et je t'en prie, on pourra le refaire, si tu veux... rentre bien. »
N'osant pas lui redire à nouveau qu'il l'aime, de peur que cela soit de trop, Mathéo se contente d'un bisou au travers du téléphone et le laisse raccrocher. De nouveau seul, il s'écrase l'oreiller sur le visage. Il était mal... bien trop amoureux pour survivre toute l'année.

La sensation fantôme d'un baiser téléphonique sur les lèvres, Seito prend une grande inspiration. Cet amour lui fait peur autant qu'il le pousse à se dépasser. En temps normal, il se serait réfugié derrière des barricades, érigé des murailles pour ne pas avoir à traiter ces marques d'affection. Mais, à présent qu'elles lui lèchent la peau, il les regarde circonspect. Ses doigts effleurent sa bouche. Son portable vibre à nouveau. Cette fois-ci il décroche.
« J'arrive, j'ai attendu que mes pieds sèchent. »




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Seito Mori
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Ven 7 Juil 2023 - 20:49
MARDI 27 MARS 2018



Ce chapitre a été écrit avec la joueuse de Pablo. Toute la narration de Pablo a été supprimée car elle apparaîtra dans son propre solo.


Repousser au plus profond de sa tête le problème ne suffit plus. Seito n'est même plus sûr que ce soit réellement un problème. Peut-être que Pablo l'acceptera sans sourciller. Peut-être même le félicitera-t-il. Il ne pourra jamais le savoir s'il n'ose pas le dire. Mais il y a au fond de sa tête cette petite loupiote rouge qui l'amène à croire que ce n'est pas une bonne idée. Sauf qu'il n'a pas le choix. Ce serait encore pire si Pablo venait à l'apprendre de quelqu'un d'autre. Car alors il lui en voudrait de ne pas lui avoir fait confiance. C'est juste que-
« Moshi moshi Seito, ici la Terre.
Le japonais sursaute violemment et pose deux billes rondes sur sa tante qui le gratifie d'un soupir prononcé.
— Qu'est-ce que- ?
— Tu rêvasses au lieu d'aider à débarrasser.
— Ah. »
Il pose un regard las sur la table où six personnes viennent de manger. Bols, baguettes et plats s'entassent, vides, sur une nappe riche de broderie travaillée.
« Je m'en occupe, répond-il en se levant.
— Apporte tout ça dans la cuisine, ta mère fait la vaisselle, tu essuieras. »
Seito acquiesce sans grand enthousiasme mais ne rechigne pas à la tâche. Encore six jours avant la rentrée. Avant de s'exécuter, il sort son portable de sa poche et pianote un SMS à Pablo.

Hey. On peut s'appeler plus tard dans la soirée ?
Ouais carrément. Mais pas tard et pas longtemps, sinon ça va râler.
OK. Envoie-moi un SMS après le repas.

Ça suffit de procrastiner. Il a déjà trop tardé. Son portable retrouve sa poche et lui ses bols qu'il empile un par un et porte jusqu'à la cuisine où sa mère récure un grand fait-tout. Essuyer ne lui déplaît pas, contrairement au silence qui s'installe. L'après-midi s'étire en longueur. Il s'écorche les doigts à plusieurs reprises sur le papier de verre. Les montants de fenêtres se décolorent, son front sue. Comme un écho, les coups de masse ponctuent ses mouvements mécaniques. Et soudain la nuit tombe. Il est de nouveau l'heure de manger. Après avoir épousseté ses vêtements, le japonais part se laver les mains et rejoint sa famille autour de la table. Il commente son avancée, s'enquiert du mur tombé et des gravats à transporter. Le travail manuel creuse l'estomac, il n'aura jamais autant mangé que pendant ces vacances. Le repas terminé, rebelote. Il finit en cuisine. Sa poche vibre.

J'ai fini d'manger, vamos !

Ni une ni deux, Seito s'éclipse par le portillon. La vaisselle a été faite ultra rapidement mais normalement personne de sa famille n'aura rien à redire. Oh non, il a oublié le- Oh et puis merde, il pourra toujours faire ça en rentrant. L'odeur de la mer lui emplit les poumons alors qu'il tapote le nom de Pablo sur son écran. La sonnerie retentit contre son oreille.
« Ouais, j'suis là. Ça va ? décroche Pablo sur un ton exaspéré.
— Salut. Un peu fatigué mais ça va. Et toi ?
— Un peu crevé aussi on va dire...  J'ai hâte que les vacances se finissent.
— Pareil. J'en ai juste trop marre de poncer et lasurer des fenêtres.
— T'es devenu menuisier ?
— Ma famille s'est mise en tête de m'épuiser en refaisant toute une baraque, tout ça pour que j'sorte la tête de mes bouquins. Comme si ça allait changer c'que j'veux faire plus tard. J'ai les mains dans un état...
— Fais gaffe, tu vas avoir les mains caleuses comme moi !
— Elles sont pas caleuses tes mains, rétorque-t-il en laissant échapper un rire.
— Avec la guitare, crois moi que si haha ! Mais t'occupes pas d'eux, ils s'mordront les doigts quand tu seras vendu en librairie va.
— Franchement je sais pas. Enfin bref... » soupire-t-il.
Seito marque un blanc. La conversation pourrait rester légère s'il ne disait rien de l'objet initial de son appel. Mais plus les jours passent, plus le risque que Pablo l'apprenne de quelqu'un d'autre augmente. Il n'a pas le choix. C'est maintenant ou jamais.
« Si je t'appelle, c'est parce qu'il s'est passé un truc avant les vacances... Un truc que j'ai pas pu te dire... »
Pablo ne lui laisse pas le temps de s'expliquer davantage, il répond sèchement, de l'inquiétude dans la voix.
« Quoi ?! Y'a quelqu'un qui t'a cherché des noises ? Qui t'a frappé ? Ça a l'air grave et j't'ai pas recroisé le jour du départ vu que j'étais avec mon grand-père, alors dis-moi c'qui s'passe, ça m'inquiète ton truc.
— N-non, il s'est rien passé de tout ça. Pardon, j'voulais pas t'inquiéter. C'est pas grave... Enfin... Je voulais te le dire en personne. Que tu l'apprennes pas de quelqu'un d'autre. Parce que t'es mon ami.
— Beh si c'est pas grave, pourquoi tu m'dis ça comme ça ? J'suis ton pote comme tu dis, alors y va rien s'passer ! Allez, accouche !
— Parce que c'est compliqué...
— Compliqué ou non, on est potes alors j'dirai rien, j'suis mal placé pour critiquer c'que t'aurais pu faire Seito ! Allez dis-moi... »
Seito se mord l'intérieur de la joue. Il en a trop dit pour s'arrêter maintenant. Ça avait été si simple pour Nolan. Alors pourquoi se prend-il autant la tête avec Pablo ? Question rhétorique, il sait pertinemment pourquoi.
« J'ai embrassé quelqu'un. »
Voilà, c'est dit. Enfin... pas tout à fait mais c'est un premier pas. Le blanc qui s'en suit est copieux. Sa voix se fait fluette alors qu'il complète :
« Et c'était un garçon... »
Le silence s'installe. Assourdissant, étouffant. Et ce silence est tout sauf annonciateur de bonnes nouvelles.
« Je crois... Non je suis même sûr que je s-sors avec... C'est arrivé tellement vite... J'ai voulu te le dire tout de suite mais j'ai eu peur que tu... que ça change quelque chose... entre nous... »
Une voix stridente brise le silence en criant au loin.
« KOICHI ! La vaisselle ne se fera pas toute seule, bon sang ! »
Pour la deuxième fois de la journée, Seito sursaute.
« ÇA VA, J'ARRIVE ! hurle Pablo, avant de murmurer un Joder puis de s'excuser auprès de Seito.
— Désolé pour ce qui vient d'se passer.
— C'est rien. » marmonne Seito.
Mais l'angoisse monte dans sa poitrine, elle l'englue au point que sa respiration se fait saccadée.
— Tu veux dire quoi, par arrivé vite ? Genre... On t'a forcé ou... ?
— Bien sûr que non ! s'exclame-t-il, les yeux écarquillés de stupeur. Qu'est-ce que Pablo s'imagine ?!
— Désolé, je.. J'voulais pas insinuer que... »
Le japonais l'entend prendre une grande inspiration puis souffler dans le micro.
« Écoute Seito. J'vais pas t'mentir, ça m'prend de court d'apprendre ça... Mais comme tu l'as dit, j'suis ton ami et rien d'autre. »
Le bec cloué, le rien d'autre résonne en lui si fort que Seito s'arrête net en plein milieu d'une rue déserte. Les secondes passent. Brutalement, la voix perturbée de Pablo rompt le silence.
« J'veux dire que ça changera rien à ça, OK ? Faut juste que j'me fasse à... à la nouvelle, tu vois ? Tu sais, tu fais ce que tu veux, moi j'ai rien à r'dire tant que ça t'va... et qu't'es safe.
— Je vois... souffle-t-il. Sa voix se fait tremblante. I-il fallait que je te le dise... Je suis désolé...
— Non non non Seito, s'te plait t'excuse pas. C'est pas toi l'problème, c'est moi. Je... J'suis à la ramasse, j'suis fatigué, pour rien arranger l'tout et...
— KOICHI, LÂCHE CE TELEPHONE ! L'eau va refroidir, bon sang de bonsoir ! se remet à crier la grand-mère. La voix de Pablo se fait fluctuante, en proie à la confusion et à la détresse alors qu'il essaie de le rassurer.
— Toi t'as rien fait d'mal. T'es avec quelqu'un et si t'es content, ton pote l'est aussi. Garde juste ça en tête, OK ? J'vais devoir te laisser Seito, je... J'suis désolé. »

BIP.

Pablo a raccroché. Ce n'est pas de sa faute, mais il a tout de même choisi de raccrocher. Et Seito se sent soudain si vide. Comme si tous ses os venaient de disparaître et que ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'il ne s'étale sur le sol, tâche de peinture amorphe d'un peintre peu adroit. Lentement, son portable quitte son oreille. C'était une idée. Bonne ou mauvaise, cela n'a plus d'importance. La conclusion de cet appel est qu'il déçoit. Et ce n'est pas nouveau. C'est même la raison de son séjour chez son oncle et sa tante. Il est incapable de choisir les bons mots, de faire les bons choix, de vivre correctement, à l'écart des problèmes. Parce qu'il est lui-même un problème. Et c'est problématique.

BIP.

Pablo a raccroché. Ce n'est pas de sa faute, mais il aurait aimé qu'il ne le fasse pas. Et Seito se sent soudain si triste. Maintenant quoi ? Comment peut-il être sûr que Pablo ne lui a pas servi ce discours pour couper la discussion au plus vite ? Comment rouvrir le dialogue après un tel aveu ? Comment ne pas culpabiliser alors qu'il est intimement persuadé d'avoir eu raison de lui dire ? Lui renvoyer un SMS, à quoi bon... Pablo n'est pas à blâmer dans cette histoire. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il est même resté poli. Presque trop avenant. Sûrement parce que Seito n'est rien d'autre qu'un ami. Rien qu'il ne sache pas déjà. Alors pourquoi cela lui fait-il si mal ? Au loin la mer s'ébroue.

BIP.

Pablo a raccroché. Et les yeux de Seito picotent.




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Ven 7 Juil 2023 - 23:26
VENDREDI 30 MARS MARS 2018



Trimer nuit et jour a été la seule solution pour qu'il survive à ces vacances. Bricoler la journée, écrire le soir venu. Enchaîner le travail, quel qu'il soit, pour ne pas avoir à s'absenter dans des moments de doute où il pourrait s'écorcher sévèrement. Il avait suffi d'une seconde d'inattention pour que l'annulaire de sa main gauche morfle. Le papier de verre lui avait arraché toute la peau jusqu'à gommer son empreinte digitale. Seito était resté idiot. Jusqu'à ce que son oncle, sorti de nulle part, le traîne à la salle de bain où il avait joué l'infirmier de fortune. Le doigt bandé, il éprouvait des difficultés à tenir son stylo. A quatre jours de la rentrée, ça la foutait mal.

Pour une fois, il n'avait reçu aucune remarque désobligeante. Son père s'était même enquéri de sa douleur. Ce à quoi il avait répondu qu'il ne souffrait pas mais que l'impossibilité de plier son doigt était problématique. Il lui fallait attendre que sa peau repousse. C'était l'histoire d'une grosse semaine. Et il pouvait se vanter d'avoir une cicatrice de guerre, preuve de son combat acharné contre les travaux manuels. Pas sûr que Mathéo approuve mais Nolan serait un bon client, il en était sûr. Penser à la rentrée le ramène immanquablement à Pablo avec qui il n'a pas échangé depuis cet appel chaotique. Et les questions reviennent l'assaillir, plus nombreuses que jamais.

Allongé sur son futon, la tête calée sur un oreiller, il tente de poursuivre son livre. Tenter car son cerveau refuse de se concentrer sur les mots qu'il a devant les yeux.
« Ça te fait mal ? » demande sa sœur.
Complètement déconnecté, Seito frémit et pose un regard surpris sur la petite fille. Il ne l'a pas entendu arriver. Ses petits doigts effleurent la bande de gaze, soucieux.
« C'est rien, ça m'fait plus mal, lui répond-il avec assurance.
— Tu veux un bisou magique ? Kieko, elle dit que les bisous magiques, ça guérit tous les bobos.
— Oh, non pas besoin, ça va guérir tout seul même sans- »
Seito n'a pas l'occasion de finir sa phrase que Megumi attrape son doigt entre ses mains et dépose sa bouche dessus dans un bisou volontairement bruyant. Puis toute contente d'elle, elle se recule et s'exclame :
« Bisou magiiique !
— Bisou magique... répète-t-il bêtement en la dévisageant avec des yeux de merlan fris.
— Tu lis quoi ? »
Cette question concrète a le mérite de le faire revenir sur Terre. Il referme son livre et le pose sur le sol à côté du matelas.
« J'essayais de lire mais en fait j'ai pas envie.
— Tu veux bien me lire une histoire ?
— Euh... laquelle ? On a déjà lu toutes les histoires que t'as ramenées. »

La petite fille fait la moue, incertaine de la réponse à donner. Elle regarde ses livres éparpillés tout autour de son lit avec ses jouets, fait quelques pas vers l'un d'eux, se ravise, fait quelques pas vers un autre, réfléchit, se baisse et ramasse un troisième mais le repose. Et puis, elle se tourne à nouveau vers lui.
« C'est toi qui raconte l'histoire ! dit-elle soudain en le pointant du doigt.
— Moi ?!
— Oui !
— T'as mérité ?
— S'il te plaît Seitooo ! Une histoire, une histoire, une histoire ! »
Tout en scandant son enthousiasme, Megumi trotte jusqu'à son futon où elle s'allonge à côté de lui.  Et décide, sans prévenir, de pivoter à la perpendiculaire pour caler sa tête sur son ventre. Tout le corps de Seito se tend. Il sent ses intestins se rétracter, poussant son estomac contre son diaphragme quitte à empiéter sur ses poumons. Le cœur au bord des lèvres, il inspire profondément. C'est exactement la même overdose d'hypersensibilité qu'avec Mathéo. Précisément ce qu'il doit travailler. Son corps doit comprendre qu'il n'est pas en danger. Que si vraiment ça ne lui plaît pas, il peut toujours se décaler, voire sortir de la chambre. De cette petite tête irradie cependant une chaleur bienveillante. Ses cheveux lisses et noires tissent leur toile sur son T-shirt pastel. Ses yeux la détaillent avant qu'il ne lui demande :
« Tu veux quoi comme histoire ?
— J'sais pas !
— Tu m'aides pas beaucoup là... Bon... »

A peine le temps d'y réfléchir que l'histoire s'impose à lui. De son insolente évidence. Durant les vacances, Nolan et lui n'avaient pas cessé de correspondre. Il lui avait appris son pique-nique avec Sato-chan, lui avait raconté ses journées. Ils avaient discuté de la rentrée et de la hâte de se revoir. Ce n'est pas grand-chose mais le japonais y voit là un signe que le moment est venu de dévoiler un pan de sa vie lycéenne. De raconter la création d'une légende. Seito recale son oreiller, se gratte le bras puis se racle la gorge.
« A Kobe vivent deux adolescents ordinaires. Leurs prénoms n'ont pas d'importance, seules leurs identités secrètes comptent. Car oui, ces deux adolescents ordinaires sont en réalité des super-héros. Pendant la journée, ils vont à l'école, font leurs devoirs, mangent à la cantine. Ils font tout comme tout le monde pour se fondre dans la masse et cacher leur vraie identité... »
Megumi se tourne sur le côté et ce qu'il voit dans son regard fasciné le remplit d'une joie idiote. Rassuré, il poursuit :
« Ils ont des amis, des colocataires, mais peu de gens savent vraiment qui ils sont. Parce qu'ils ne cherchent pas vraiment à se faire remarquer. Alors que, quand ils s'habillent de leurs costumes de super-héros, tout le monde les reconnaît, tout le monde les acclame. Les méchants en ont peur, ils font régner la justice sur tout le campus et vont même mener des enquêtes top-secrètes dans des lieux ultra-secrets ! Pour les appeler, c'est super simple. Il te suffit de dire : Kawarinbo ! Et ils apparaissent pour te sauver.
— OH ! Kawarinboooo ! s'exclame Megumi, les yeux brillants.
— Oui, comme ça ! surenchérit Seito. Kawarinbo !
— Comme les bonbons ? »
Seito la regarde, incrédule. Un sourire vient fleurir sur ses lèvres.
« Oui, comme les bonbons. Leur nom de super-héros vient des yeux de l'un des garçons. Il a les yeux vairons.
— C'est quoi ?
— Ça veut dire qu'ils ont deux couleurs. L'un de ses yeux est vert et l'autre est marron.
— Wow !
— Et tiens-toi bien, c'est grâce à ses yeux qu'il a des super-pouvoirs ! Son œil gauche lui permet d'accélérer le temps et son œil droit peut arrêter le temps.
— Et l'autre, c'est quoi son pouvoir ?
— L'autre ? Ah oui l'autre garçon. Il... a le pouvoir de repousser les choses. C'est beaucoup moins impressionnant mais...
— Il peut repousser tous les méchants ! Son copain, il doit être content. »

La remarque de Megumi lui fait soulever la tête. Leurs regards se croisent et elle sourit. Un sourire doux, comme un pansement sur toutes ces petites coupures que lui ont infligé les méchancetés de la vie. Que Megumi lui trouve une utilité le plonge dans un abîme si noir qu'il repose sa tête contre l'oreiller et ferme les yeux. Bordel... Plus elle déconstruit sa perception de la Chose, plus il réalise qu'il est le c*nnard de cette histoire. Et il en souffre. Sa main droite frotte ses yeux, débroussaille ses cheveux puis vient se poser sur son ventre, à quelques centimètres du crâne de sa sœur. Timidement, il fait glisser une mèche de ses cheveux entre ses doigts.
« C'est plutôt lui qui serait content de savoir que son pouvoir est pas si nul, souffle-t-il.
— Il est pas nul son pouvoir ! Moi aussi j'veux un super-pouvoir ! Je peux ? Dis oui, Seitooo ! »
Amusé, le japonais laisse échapper un rire avant de concéder :
« Oui, bien sûr que tu peux. Tout c'que tu veux. »
Megumi se tourne sur le ventre et s'aide de ses mains, qu'elle appuie sur le ventre de son frère, pour se mettre à genoux.
« Bisou magiiiique ! glapit-elle.
— Un super-pouvoir de guérison ? T'as raison, c'est super utile ça.
— Oui ! Même que ton doigt y va guérir du coup !
— Oh bah c'est sûr maintenant. Avec le bisou que tu lui as fait, il est obligé de guérir. »
La petite-fille acquiesce du menton et sourit de toutes ses dents, fière d'elle. Seito souffle par le nez tout en se redressant. Son cœur se débat dans sa poitrine. Maladroitement, il se penche vers Megumi et dépose un bisou sur sa petite joue bombée.
« Merci beaucoup de m'avoir guéri. »
Les yeux plein d'amour, Megumi dévore Seito des yeux et rougit de plaisir. Il en profite pour désamorcer immédiatement son geste.
« Allez, au dodo l'asticot. Demain, on s'lève tôt. On rentre à la maison, enfin !
— J'suis pas un asticot !
— Un ver de terre alors ?
— Non, j'suis une bil- lileb-
— Une libellule ? l'aide-t-il.
— Oui, une libeblule ! »

Toujours pas... Mais Seito ne la reprend pas et la regarde rejoindre son lit puis se blottir sous la couverture. Il se lève pour aller éteindre et, juste avant d'appuyer sur l'interrupteur, le japonais lui souffle :
« Bonne nuit Megumi. »



#terminé




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Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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