(Osaka) Compétition de Natation (Ft. Membre du club)

Assise aux côtés de sa meilleure amie, Alya, un écouteur dans ses oreilles, l'autre dans celle de sa voisine, contempla en silence le paysage qui défilait devant ses yeux. Dans ce genre de moment, la musique l'aidait à redescendre, et faut dire que l'agréable soleil qui s'élevait dans les plaines tout en réchauffant le carreau sur lequel elle était accoudée l'aida à la rendre moins tendue.
Secrètement, le stress de la compétition à venir l'a empêchée de dormir, alors, elle avait pris la décision de courir toute la nuit pour se détendre jusqu'à ce qu'elle n'y pense plus.
Par conséquent, la brune avait finalement réussi à dormir trois heures d'affilées avant que son réveil ne retentisse. Le matin, elle était encore un peu tendue et avait mangé difficilement, regrettant de ne pas avoir pu profiter dignement de son petit-déjeuner pourtant savoureux - mais désormais à quelques minutes du point de rendez-vous, un mélange de concentration et détermination fit ressortir toutes ses émotions négatives, la rendant maintenant motivée.

Elle n'avait pas été en mesure de s'assoupir dans le bus comme la plupart des autres membres du club. Si elle avait réalisé une telle prouesse, elle aurait été trop épuisée au moment de se réveiller, ainsi, la sportive avait opté pour diverses discussions avec Kazane pendant une bonne partie du trajet.
Les deux amies s'échangeaient des regards complices témoignant de leur désir d'être présentes et de tout défoncer.

Quand Elizabeth pris la parole, sa tête tourna seulement dans son axe pour lui répondre.

- Évidemment ! Quelle question, bien sûr qu'elle l'était, mieux que jamais même ! Bien que Kazane ait sembler en inspiré certains, il était clair qu'Alya préférait garder sa passion pour elle-même, confirmant simplement son point de vue de manière radicale, mais effective.

Puisque la natation n'était pas son sport principal, le stress lui noua davantage l'estomac que si c'était un sport dans lequel elle s'adonnait de toute son âme comme l'était la course.
Étant moins expérimentée dans ce domaine, elle se demandait plus d'efforts car la pratique était moins naturelle à exercer, c'est pourquoi la sportive jeta un regard désapprobateur à Mathéo qui affichait un sourire éclatant après avoir osé prononcer une phrase digne d'un shonen pourri.
Elle se surprit même à avoir un rictus moqueur quand il fut déséquilibré à cause du virage raide pris par le chauffeur.

Voilà ce qui t'en coûtera d'avoir voulu te croire plus malin que les autres.

Elle considérait que son intervention inutile traduisait une sorte de compensation dans ce qu'il ne pourrait livrer, une excuse en cas d'échec en somme.
Hélas, pour Alya, c'était aller au défaitisme : il n'y avait rien de pire que de faux encouragements.  

Levant nerveusement les yeux au ciel, elle glissa près de l'oreille de Kazane pour lui confier à mi-voix, assez fort pour qu'on l'entende tout de même, incapable de réfréner ses propres pensées.

- Roooh bah ouais, comme si on n'allait pas faire de notre mieux, quand on ne sait pas motiver, on ne motive pas, encore pire quand on en manque soi-même.

Juge impitoyable, faut avouer qu'Alya entretient une relation conflictuelle avec le plaisir. Elle a de la difficulté à se détendre et à profiter des choses simples, parce qu'elle est toujours centrée sur la performance. À ses yeux, la compétition ne pouvait se complaire dans ce que les autres prenaient pour de l'amusement. Seule l'action et le résultat compte. Point.
Bornée au point de ne pas pouvoir se détendre et de relativiser, il lui était hors de questions de prendre cette histoire à la légère et de devoir subir le comportement niais des autres.

Pour l'heure, la brune souleva son sac de sport, puis le monta sur ses genoux, prête à descendre.

En repoussant le coude de Kazane, Alya ne chercha pas à dissimuler le volume de sa voix.

- Hé mais ça va pas ? S'indigne-t-elle à la fois en colère et vexée que sa meilleure amie ne prenne pas son parti. Son pragmatisme validait son affirmation tandis que son ego la réfutait : elle a quand même le droit de se plaindre ! En réponse, ses bras se croisèrent fermement contre sa poitrine, traduisant son inconfort pour s'être faite rabroué comme une enfant, alors qu'elle ne put s'empêcher d'argumenter entre ses dents serrées. Il n'avait qu'à pas être aussi niais, ça me dégoûte.

Ajouta-t-elle pour elle-même, mais surtout pour avoir le dernier mot. À son point de vue, ses encouragements étaient aussi médiocres qu'artificiels - dommage qu'il n'y ait rien d'intéressant qui sorte de cette jolie bouche.
La journée venait à peine de commencer et ce simple événement avait déjà agacé Alya.

Descendant mollement du bus, elle laissa Kazane partir à grandes enjambées devant elle alors qu'elle gardait un rythme moins soutenu. La natation était la passion de Kazane tout comme la course était la sienne, elle comprenait la lueur dans son regard même si elle ne partageait pas la même énergie actuellement.
Juste à côté d'elle, Tsumugi donnait l'impression d'être stressée rien qu'à la vue de son visage blafard et ses mouvements désordonnés. Un agacement supplémentaire.

- Ça va aller ma vieille, focus. Lui glissa-t-elle peut-être plus durement que prévu avant de rejoindre sa propre cabine dans le vestiaire.

Ce conseil était tout aussi bien pour elle-même qui éprouvait des difficultés à chasser de son esprit toutes les émotions pénibles qui s'étaient manifestées lors du discours guimauve de Mathéo.
Désireuse de contrôler son amertume, elle orienta volontairement ses pensées vers un instinct plus agréable, à savoir la compétition, comme lui avait précédemment suggéré sa meilleure amie.
Après tout, même si la natation n'était pas son sport de prédilection, cela restait un sport qu'elle avait choisi de plein gré, et puis son esprit de compétition était bien trop ancré dans ses veines pour qu'elle n'utilise justement pas toute cette énergie à bon escient.

La sportive était assise dans les vestiaires, enfilant son maillot de bain noir une pièce aux deux rayures blanches qui longeaient de ses aisselles jusqu'au haut de ses hanches.
L'odeur omniprésente de chlore la renvoyait au présent, la rendant finalement nerveuse, mais également envahie d'enthousiasme.

Subitement, la brune éprouva une douleur aiguë dans son ventre. Elle se figea, la surprise et l'inquiétude l'emportant. Alya savait ce que cette douleur signifiait.
Elle ferma les yeux et essaya de se calmer, desserrant son poing. Elle ne pouvait pas rater cette compétition, elle avait trop travaillé pour abandonner à cause d'une petite conséquence de rien du tout.

Alya se hâta d'entrer dans les toilettes et s'y enferma, honteuse. Elle ouvrit son sac et s'empara d'un tampon qu'elle mit en place par précaution. En se penchant pour atteindre à la poche de devant, la brune ramassa également un médicament qu'elle cacha au creux de sa main.
Inspirant profondément avec l'idée de se ressaisir, elle sortit en dernier avalant son cachet au robinet, avant de rejoindre expressément les autres.

- SOS... Chuchota-elle à Kazane une fois à sa hauteur.