[L-5] Comme si c'était hier

Comme si c'était hier

Haha... Pendant un instant, j'ai pensé que "lol" était le mot anglais, pourquoi ai-je posé cette question ? Je me sens un peu dépassé par tous ces jeux. Elle aurait pu me parler de Mario ou de Luigi, n'importe quoi que je puisse visualiser, même si je n'y joue pas. Mais là... J'ai juste l'impression qu'elle me sort des mots anglais au hasard. Bon, j'exagère un peu, c'est vrai au moins pour les deux premiers qu'elle m'a cités.

En ce qui concerne le troisième, j'admets n'avoir jamais entendu ce nom, mais je pense pouvoir me faire une idée de ce à quoi il ressemble. Enfin... ça doit être très éloigné du véritable jeu, mais cela ne change pas l'image que je m'en fais grâce à la description de Nissa.

Je me retrouve momentanément sans mots, pas par manque d'envie, mais simplement par incapacité à trouver quelque chose d'intéressant à dire. Mis à part une phrase banale, je crains de ne rien pouvoir apporter de captivant à la conversation.

Heureusement, Nissa change rapidement de sujet, ce qui me permet de me réintégrer dans la conversation avec soulagement.

Le club de journalisme... Le club auquel j'ai adhéré par nécessité plutôt que par réelle envie. Parmi tous les clubs, c'était celui qui m'attirait le plus, ou du moins celui qui me déplaisait le moins. Et tout comme mes amis, j'ai fini par délaisser ce club et me retrouver en tant que membre inactif, me contentant de lire le journal ou de répondre à quelques interrogations que mes camarades pouvaient avoir.

Je soupire une nouvelle fois avant de répondre à Nissa.

«Eh bien, j'ai le même constat que tout à l'heure. Je ne me suis pas beaucoup investi dans le club non plus. Au début, j'ai essayé de participer en écrivant une rubrique sur la biologie, mais j'ai réalisé que ce n'était pas vraiment adapté pour un journal étudiant. J'ai ensuite pensé à faire de petites interviews, mais j'ai eu peur que cela ne devienne des ragots inutiles. Finalement, j'ai simplement pris le rôle de relecteur et j'ai donné mon avis sur certains articles.»

Je ne me laisse pas décontenancer et je rebondis sur le sujet. Je retrouve un sourire et demande à Nissa :

« Et toi ? Tu fais partie du club de karaté ? Tu es également membre d'autres clubs, n'est-ce pas ? Est-ce que tu envisages de changer d'activités une fois à l'université ? »

J'imagine qu'étant plus active que moi, elle a sûrement plein d'autres activités.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Nissa me demande si je n'aurais pas pu rendre la biologie plus ludique pour faciliter son intégration dans le journal. En effet, cela aurait pu fonctionner, mais je ne pense pas être la personne la mieux qualifiée pour le faire. Cependant, l'idée de partager des faits intéressants sur le corps humain dans le journal aurait pu être une bonne idée.

Elle mentionne ensuite que la rubrique de ragots est de loin la plus populaire, et je dois admettre que cela m'a toujours étonné. Mais comme on dit, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas...

En ce qui concerne les clubs, Nissa me répond en me disant qu'elle pratique déjà le karaté et qu'elle fait également du krav maga avec son frère. Cela ne me surprend que très peu, mais je n'aurais pas imaginé qu'elle pratiquait un second sport de combat. Aurait-elle une envie particulière de se battre ?

Je n'ai jamais pratiqué de sports de combat, ni même été dans une bagarre, en y repensant. Mais cela me convient parfaitement ainsi. Il y a de nombreuses autres façons de se défendre et je ne suis pas en manque de ressources de ce côté-là.

Nissa enchaîne ensuite avec l'idée d'un club de JDR, ce qui est plutôt original, il faut le reconnaître. Je me demande comment cela se déroule réellement, j'en ai entendu parler mais je n'ai jamais participé à ce genre d'activité. La question qui suit dévie un peu du sujet pour se concentrer sur mes projets futurs avec les clubs.

« Hmm, je n'y ai pas vraiment réfléchi. J'ai toute l'année pour me pencher là-dessus. Je ne sais pas encore si je continuerai à m'inscrire dans ce club ou si j'en choisirai un autre à l'université. Est-ce que j'aurai le temps pour une activité annexe ? Avec mes cours de médecine, je serai déjà assez occupé. Maintenant, si j'ai le temps, pourquoi pas... Mais il faudrait que ce soit quelque chose qui m'intéresse vraiment. Et pardonne-moi, je suis assez difficile à motiver. »

Pourtant, en y repensant, je ne suis pas du genre à rechigner à la tâche. Mais quand il s'agit d'autre chose que mon futur travail, j'ai tendance à manquer de motivation, à l'instar d'un paresseux en train de faire la sieste.

Soudain, je me rappelle d'un dialogue que j'avais eu avec Nissa par le passé. Un sourire se dessine sur mon visage et je lui demande avec empressement.

« L'année dernière, tu m'avais parlé de tes recherches pour trouver un club de jeu de société. Et si, au lieu de te limiter uniquement au jeu de rôle, ton club pouvait inclure d'autres types de jeux, comme les jeux de société ? Si c'est le cas, je serais certainement intéressé à y participer, car j'adore les jeux de société ! »

J'en ai de la mémoire quand je veux. Mais derrière mon sourire se cache un soupire, car cela fait longtemps que je n'ai pas joué avec mes parents. Les rares fois où je suis chez eux, nous n'avons pas vraiment le temps de nous détendre ainsi. Cela me déprime un peu, mais je refuse de me laisser abattre par ces pensées. Et puis, j'y pense, même en dehors d'un club, il faudrait qu'on joue de temps en temps avec Nissa et ses amis à des jeux de société !

Peut-être que c'est cela notre point commun culturel, en fait.

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Le fait que Nissa ait l'air heureuse lorsque je lui propose de rejoindre son club m'enthousiasme également, et je partage immédiatement cet engouement lorsqu'elle me demande mon avis sur un nom pour ce club.

« Hmm, c'est vrai que dit comme ça, ça sonne un peu comme le nom d'une entreprise. Laisse-moi donc y réfléchir un peu. »

Au même moment, nous entrons dans le magasin tant attendu. Je regarde autour de moi, cherchant des idées pour un nom, mais cela ne fonctionne pas du tout. Je me rends compte que ma culture d'origine n'est pas réputée pour ses noms fantaisistes.

« Eh bien... en Allemand, ça donnerait "Rollenspiel-Brettspielclub", ce qui se traduirait par "Club de jeux de société et de jeux de rôle". Ouais, je sais, c'est déprimant comme langue »

Je soupire légèrement avant de laisser échapper rire nerveux. C'est vrai que ce n'est pas le nom le plus poétique, mais au moins, il a le mérite d'être efficace. Nous avançons dans le magasin et je suis déjà confronté à un large choix de produits qui s'offre à moi, ce qui ne facilite pas vraiment ma tâche pour faire fonctionner ma créavité.

« Club de jeux de plateau ? c'est simple et ça correspond bien à l'idée principale du club. On pourrait inclure les jeux de société en général, mais en mettant l'accent sur les jeux de plateau qui sont une partie importante. qu'en penses tu ? Est ce que cela ne sonne pas trop austère ou hors sujet ? »

Mais pour l'heure, je me retrouve face à une multitude d'écouteurs, de casques et autres appareils. Mes yeux sont immédiatement attirés par ceux qui sont mis en évidence. Il faut dire qu'ils ont l'air magnifiques. Je regarde ensuite l'étiquette juste en dessous et là, mon cœur fait un bond : pour ce prix-là, je pourrais m'offrir un autre téléphone et son forfait pour plusieurs années ! Qui dépense autant d'argent pour des écouteurs ? Même sans fil, c'est exorbitant !

Après cette brusque prise de conscience, je me dirige nerveusement vers des options plus abordables. Mes yeux se fixent d'abord sur les prix avant de remarquer les écouteurs eux-mêmes.

« Eh ben, quel choix ! »

Quel choix ai-je réellement ?

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Nissa ne semble vraiment pas convaincue par l'idée que je propose pour le nom de son club. Déçu ? Oui. Choqué ? Non, je suis loin d'être la personne la mieux placée pour donner un quelconque avis créatif. Et même si mon idée est probablement la plus représentative du club, j'admets qu'elle n'est ni percutante, ni accrocheuse. Mais ce n'est pas grave, on va continuer de chercher, et je suis sûr qu'on finira par trouver le nom parfait pour ce club.

Mais dans l'immédiat, je suis plutôt occupé à trouver une paire d'écouteurs qu'à réellement me creuser la tête. Nissa me demande si j'en trouve une qui me convient, et je dois admettre qu'il y en a une qui saurait me convenir : relativement sobre et discrete sans pour autant avoir l'air de se briser au moindre impact, mais surtout dans mon budget.

Je demande l'avis de Nissa, même si, bon, ça reste des écouteurs, je doute qu'il y ait une très grande différence, mise à part la qualité du son.

« Il y a ceux-là qui n'ont pas l'air trop mal, qu'est-ce que tu en penses ? »

Bon, voici le moment un peu tendu de la situation. Nissa semblait prête à payer pour ces écouteurs que j'avais moi-même négligés. Cependant, c'est évidemment hors de question. Je ne peux pas la laisser faire ça.

Il va falloir que j'use de toute mon intelligence et de ma tactique, étant largement battu si on devait faire un duel de persuasion. Mais tout vas bien car j'ai une idée lumineuse

Je fais mine de sentir quelque chose dans ma poche et sors mon téléphone. Avant de "répondre", je regarde Nissa et lui dis avec autant d'assurance que mes notes en théâtre.

« Oh, j'ai un coup de fil, excuse-moi, peux-tu regarder les casques pour moi en attendant s'il te plaît ? Je reviens vite. »

Je suis obligé d'envoyer Nissa dans un rayon annexe pour me permettre de récupérer discrètement les dits écouteurs et ainsi me diriger vers la caisse.

Je "pars" donc dehors afin de passer mon appel. À mi-chemin, je me retourne pour voir si la voie est libre. Je n'arrive pas à savoir si elle a fait ce que je lui ai demandé, mais en tout cas, je l'ai perdue de vue. Je reviens donc rapidement et discrètement vers le rayon des écouteurs et prends ma paire avant de me diriger vers l'endroit pour payer.

Je soupire un coup, j'espère qu'elle ne m'a pas remarqué ou ne me remarquera pas dans ma supercherie. C'est déjà assez terrible de devoir en arriver là, je n'ai pas envie de devoir gérer des explications en plus.

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J'attends patiemment près de la caisse, confiant en mon plan astucieux. Essayant de maîtriser à la fois mon excitation et mon inquiétude quant à l'issue de ma petite ruse. Soudain, je ressens un grand trouble dans la force, comme si une présence familière se rapprochait. Avant même que je ne puisse réagir, j'entendis une voix douce et familière murmurer près de ma nuque :

Un frisson me parcourut soudainement, glaçant mon sang. Les paroles prononcées étaient si abruptes que je me demandai un instant si j'avais réellement saisi leur sens. Mon cœur s'accéléra tandis que je pivotai brusquement, presque en sursaut, pour me retrouver face à Nissa.

Elle se tenait là, un sourire espiègle dans les yeux. Il était évident qu'elle avait découvert ma petite manœuvre. Mon visage devait sûrement refléter un mélange de surprise, de gêne et d'anticipation pour ce qui allait suivre. Son regard malicieux en disait long. Elle avait déjoué mon plan avec une élégance déconcertante.

« Nissa... Ce n'est pas ce que tu crois. Je ne suis pas en train d'acheter des écouteurs en douce. »

Je bafouille, cherchant désespérément les mots pour éviter d'avoir à expliquer ma tentative de subterfuge. Mais je sais pertinemment qu'elle a déjà compris.

Je pousse un soupir résigné, sachant que ma tentative de négation ne me mènerait nulle part. Je n'ai pas d'autre choix que d'admettre ma supercherie, du moins en partie. Je finis par tout avouer, levant mes mains en signe de reddition comique.

« OK, tu m'as eu. Tu as déjoué mes plans, je comptais les acheter en cachette. »

Je m'étais retrouvé dans une situation aussi amusante qu'embarrassante, et je devais admettre que je n'avais personne d'autre à blâmer que moi-même. Je n'avais pas envie de me retrouver dans cette situation et voilà qu'au final je finis droit dedans. J'aurai dû me douter qu'elle avait des yeux derrière la tête.

Mais d'ailleurs... Elle n'a pas de yeux derrière la tête, alors comment se fait-il qu'elle m'ait vu ? Confus, mon regard se baisse pour essayer de comprendre et de refaire le plan du magasin dans ma tête. Mes yeux se posent alors sur un élément qui cloche : pourquoi a-t-elle la même boîte dans la main ?

Je la regarde droit dans les yeux pendant quelques instants, quand soudain, un éclair de compréhension m'illumine. Je comprends tout et reste stupéfait, bouche bée.

« Attend une minute. Que comptais tu faire avec ces écouteurs dans cette file d'attente ? Tu n'oserais pas quand même... ?   »

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