[L-5] Comme si c'était hier

Comme si c'était hier

Étudier, réviser, dormir et recommencer, voilà ce à quoi mes dernières semaines ressemblèrent. Les épreuves de fin d'année ont presque commencées et je ne dois absolument pas relâcher mes efforts. Mais tout ceci commence à être fatigant, et cette journée l'était particulièrement. Mon dernier cours n'était que deux heures d'Anglais, mais qui m'ont paru durer six.

Mais mon calvaire était enfin terminé et je pouvais rentrer tranquillement dans ma chambre me reposer. Le vendredi, pas de club de journalisme ni de révision, j'allais pouvoir retourner dans mon lit et ne rien faire. Je me lève alors de ma chaise, range mes affaire et commence à déambuler dans les couloirs en direction des chambres.

Yulian et Emma avaient visiblement tout deux quelque chose à faire ne m'accompagnant pas, peut être le club de chant ou de foot ? Bref, je ne m'inquiète pas plus que ça et continue ma marche.

Arriver dans mon antre, je suis visiblement seul. Je soupire de soulagement cette journée m'avait épuisé, mais fort heureusement, j'en étais venue à bout. Je fais glisser mon sac vers mon lit et fais moi-même une glissade vers mon bureau pour y récupérer mes écouteurs, je compte passer ma journée sur mon lit, en écoutant de la musique jusqu'au crépuscule. Mais j'ai beau lever chaque feuille sur mon bureau, je ne vois point d'écouteurs. Qu'est-ce que j'en ai fait ?

Je réfléchis quelques instants pour savoir où j'ai pu les poser la dernière fois. Mais rien n'y fait, je n'arrive pas à mettre la main sur ces derniers, est ce qu'un de mes colocataires me les aurais emprunté ? Il est même possible qu'on me l'ai demandé, mais que j'ai déjà oublié.

Je déteste perdre mes affaires et pourtant, c'est ce que je fais de mieux, c'est bien la peine d'être aussi maniaque sur le rangement si au final, je n'arrive pas à mettre la main sur ce que je cherche.

Alors que je suis en pleine crise de nerfs commençant à retourner mes draps et mon espace en général, je me mets au sol pour regarder sous mon lit et c'est alors que je suis par terre que la porte choisit de s'ouvrir en cet instant. Emma ? Yulian ? Je ne vois pas qui vient de rentrer, mais une chose est sûre, j'ai besoin d'aide :

« Tu peux m'aider ? Je ne retrouve pas mes écouteurs, tu ne les aurais pas vus par hasard... ? »

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Je reconnais cette voix, c'est celle de Nissa, je suis toujours sous mon lit, mais je ne vois décidément pas mes écouteurs, où peuvent-ils bien être... Peut-être qu'elle saura m'aider.

« Euh mes écouteurs ? Ils sont blancs, mais si tu sais bien, je te les... »

Attends de voir une seconde, quelque chose ne va pas. À qui est-ce que je viens de répondre à l'instant ? C'est la voix de Nissa, mais dans ma chambre ?! Est-ce que c'est Nissa ? Qu'est-ce qu'elle fait là ? Je recule donc rapidement afin de sortir de mon terrier sombre pour avoir le fin mot de cette histoire.

Mais dans ma précipitation, je me relève un peu trop tôt et je me cogne la tête contre le rebord de mon lit. J'essaie au mieux de ne pas montrer que je me suis fait mal et me frotte rapidement la tête tout en la tournant afin de faire face à mon interlocutrice.

En effet, c'est bien Nissa, ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu, je m'en veux un peu, c'est de ma faute, je l'ai lâchement abandonné en me focalisant sur mes études. J'espère qu'elle ne m'en veut pas trop. Je me relève alors et l'observe de haut en bas, il n'y a aucun doute que c'est bien elle.

« Ouille ouille ouille, mais Nissa qu'est ce que tu fais là ? »

Puis mes yeux se posent sur son sac au sol, je réalise donc ce que cela veut dire et j'en suis très heureux, mon visage s'éclaircit alors de bonheur.

« Oh ! Tu reviens enfin dans notre chambre pour la fin de l'année ! C'est trop bien, tu nous as manqués »

Si je n'étais pas moi, je serais en train de sauter de joie tellement ça me fait plaisir, mes écouteurs peuvent bien attendre cela n'a plus trop d'importance à l'heure actuelle.

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Et moi qui pensais qu'il n'y avait que ma tête qui me faisait mal, voilà que la déception vient me fendre le cœur, je croyais vraiment qu'elle était de retour.

« Ow... Ne t'excuse pas, c'est moi qui me suis emporté. »

C'est ma faute, je n'aurai pas dû assumer tout ça à partir d'un sac, même si j'admets que son histoire de hasard me paraît un peu tirer par les cheveux.

Même si elle ne revient pas, je suis quand même content de la voir et savoir que je... Enfin que nous nous lui avons manqués ne peut que me satisfaire, mon sourire revenant naturellement à l'écoute de ses mots.

Nissa prend alors de mes nouvelles et c'est vrai qu'en y repensant ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas réellement retrouvé à discuter, mais cela n'est que le début, car l'année prochaine, elle sera à l'université et moi, je resterais au lycée, quelle poisse d'avoir un an de différence.

« Bwof tu sais la routine, les examens de fin d'année ça m'épuise comme d'hab, je te souhaite bonne chance bien que je me souvienne que l'année dernière, tu n'avais pas eu trop de soucis.  »

C'est vrai que Nissa est plutôt studieuse, et même si on a tous nos faiblesses il semblerait quelle en est moins que moi. Grrr, je n'arrive pas à passer au-delà des choses, je m'en veux tellement de ne pas avoir pris de nouvelles, il faut que je me rattrape, je repasse donc une nouvelle fois ma main dans mes cheveux et me renseigne donc, mieux vaut tard que jamais.

« Et toi comment ça va ? Tes nouveaux colocataires sont sympas ? Pas autant que nous, j'espère ~ »

Un petit trait d'humour détendra l'atmosphère, je l'espère, non pas qu'il soit particulièrement tendu, mais il faut bien avoué que je suis une bille pour lancer des conversations.

Je me tiens la hanche, regardant et écoutant attentivement Nissa.

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Mais c'est qu'elle se moque de moi en plus ! Derrière ce masque de compliment ce cache un être avide de désespoirs, je le sais ! Mais malgré toute sa perfidie, on ne peut pas dire qu'elle a tort, il est vrai que le théâtre qui je le rappelle n'est pas une matière qui comporte ne serait-ce qu'une once d'importance me fait baisser drastiquement ma moyenne et vu mes performances de cette année, je crains que cela ne soit encore pire.

«  Venir chez moi dans ma chambre et me manquer de respect à moi, Le parrain ! J'en fais trop non ? Probablement »

Une imitation si affreuse que je suis obligé de dire le nom du personnage pour qu'on le comprenne. Oui, en effet, je suis une bille en acting ça au moins c'est clair.

«  Décidément, je suis vraiment une bille en immitation »

Suite à cela, nous enchaînons sur la question des colocataires, pour ce qui est des points positifs Nissa se porte bien sans nous, et coté négatif Nissa se porte bien sans nous ! Je l'admets j'aurai peut-être préféré qu'elle ne se sente pas à sa place dans sa nouvelle chambre, c'est un peu égoïste voire cruel et j'en suis bien conscient c'est bien pour ça que je suis quand même heureux d'apprendre que ses nouveaux amis sont plus à son goût.

«  Dantôri dantôri. Hmm, je n'arrive pas à mettre une tête dessus, ou alors c'est celle qui est arrivé cette année, hmm maintenant que j'y pense ça doit être ça. »

Avec cette manie qu'ont les Japonais de s'appeler par leur nom de famille, je dois avouer que je me perds un peu avec les gens de ma classe, surtout les nouvelles têtes d'ailleurs.

Je peux voir sur le visage de Nissa que mes craintes sont fondées nous somme destinée à nous faire remplacer, nous les élèves de la Chambre 5, m'enfin bon, c'est la vie, et je ne peux rien y faire. Je lâche donc un gros soupire avant d'enchaîner.

« Et donc, après les examens, tu pars quelque part pour les vacances ?  »

Non, je ne change pas de sujet pour éviter de continuer à parler de ses colocataires ! Enfin si peut-être que je le fais, mais y'a pas de mal d'éviter un sujet, qui de toute évidence est ennuyant au possible.

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Cela confirme mes soupçons, sa colocataire n'est nul autre que la nouvelle de cette année, enfin de l'année dernière... C'est fou comment l'année est passée vite, bien plus que ma première à vrai dire.

Et en ce qui concerne les vacances Nissa va retourner dans sa ville natale avec ses fameuses amies dont on avait parlé lors de notre sortie. Elle sera accompagnée de Mac aussi... Mac ? Mais qui c'est Mac ?

Je me gratte la tête un peu contrariée par cette nouvelle personne qui semble lui être suffisamment important pour partir en vacances avec lui. Mac... Ou Max... Marc ? Je pense plutôt que j'ai mal compris elle a du vouloir dire autre chose... Ou un autre nom

Je fronce les sourcils et me perds dans mes pensées, je commence à tortiller mes cheveux perdant de vue Nissa mon regard se tournant ailleurs sur la porte, tellement déconcentrer que je comprends tout juste la question de Nissa. Je crois qu'elle me demande si moi aussi, je reste. Je lui réponds donc sans trop faire attention.

« Hmm hmm, non non, pas dutout... Moi je repars en Allemagne »

Hmm, ce type est ce qu'il est de sa classe ? Est-il seulement de Kobe ? Je suis sûr que c'est parce qu'il doit avoir une grande maison à Nagoya... Il faudrait que je me renseigne sur ce type.

Plus je fixe cette porte plus je me rends compte qu'elle n'est pas parfaitement droite, il faudrait vraiment que quelqu'un fasse quelque chose, si elle restait bloquée on ne pourrait plus rentrer, comme Nissa qui est rentrée... Nissa ? NISSA !

Mais je suis completement con en fait ! Je suis en pleine conversation avec elle en fait ! Je secoue la tête vivement et recentre mon regard sur elle avant m'incliner afin de m'excuser.

«  Pardonne-moi pour mon absence Nissa, j'étais perdu dans mes pensées. »

Voilà que je commence à oublier que je suis en conversation avec des gens, c'est quoi la suite ? On me met directement en maison de retraite où j'ai le temps d'arriver à ma majorité ?

Bon ce n'est pas dramatique et au moins, je n'ai pas oublié sa question, je lui souris un peu gêné par la scène et fini ma phrase.

«  Enfin bref, comme je le disais c'est pour ça que mes parents ne peuvent pas venir à la cérémonie de remise des diplômes après tout il me faut aussi un avion retour. »

J'espère avoir été clair, même si j'ai un petit doute là-dessus.

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Alors que je pensais avoir rattrapé mon coup, je remarque que Nissa n'a pas trop dans son assiette. Qu'est-ce que j'ai bien pu dire, une imbécilité assurément. Je penche un peu la tête pour m'abaisser et observer son visage.

Le visage un peu rougis, les yeux humides, le nez plein, de toute évidence je ne vois qu'une seule possibilité elle est malade, rien de bien grave, elle a probablement un rhume, enfin, je crois ? Je ne vois que ça... Ou alors elle est t... Nooooon, je pars trop loin, tu extrapoles trop Isaac arrête ton char.

Je devrais peut-être vérifier si elle a de la fièvre ? Je n'ai pas de thermomètre, mais je pourrais faire, ça a la main, enfin... C'est une idée. Mais avant que je ne puisse prendre une décision elle se reprend et plain ma situation.

Je me mets à rire soudainement de vive voix et lui explique que tout va bien. Je ris tellement que je commence à en avoir les larmes aux yeux. Oh la la, si elle savait. Dire que c'est un euphémisme, de dire que ma mère est sur mon dos, serait lui-même un euphémisme tellement elle l'est et le reste même à des milliers de kilomètres !

«  Hahahaha, tu ne te rends pas compte, je crois, j'aime mes parents et ils me manquent parfois, mais pour rien au monde, je voudrais qu'il se rapproche. Plus ma mère est loin mieux je me porte  Hahahaha»

Pendant que je rigolais, j'ai entendu quelque chose tomber sur le sol, et maintenant que mon fou rire commence à passer, je rouvre les yeux et regarde au sol. J'ai quelques soubresauts de rire qui revienne le temps de me calmer et j'analyse ce que je vois. Ce sont des écouteurs cassés, on dirait les miens. Mais les miens ne sont pas cassés... Je perds mon sourire pour une bouche bée et un regard blanc figé sur les écouteurs.

Je me repasse les événements dans la tête et je commence à tout comprendre, j'ai un flash de moi ce matin qui me dépêche, car je commence à être en retard pour les cours et mettre mes écouteurs dans ma poche à cet endroit précis, j'ai dû les faire tomber sans m'en apercevoir. Et quand Nissa a posé son sac... Oh non

Je tombe sur mes genoux et me tiens le visage, pas ça, tout, mais pas ça, ma seule façon de me détendre dans ce pays de fous, ma seule échappatoire a la routine ! Et je ne rentre pas avant la fin de l'année !

« Mes écouteurs... Ils sont fichus, et moi aussi. »

Je reprends quelque peu mes esprits et réalise quelque chose. Et si Nissa me punissait, car je l'ai abandonné ces derniers temps ? Si ce n'était pas le poids de son sac, mais de ma propre culpabilité qui avait fait autant de dégâts à mes écouteurs ? Cache-t-elle une partie d'elle bien plus sombre ? Si ça se trouve, Mac est dans le coup aussi, ils veulent me faire échouer aux examens !

Je relève ma tête, légèrement effrayée pour voir Nissa, j'espère que son plan diabolique ne va pas plus loin.

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Alors que je suis toujours en détresse, je croise le regard de Nissa que je pensais empli de joie et de vengeance quant à mon désarroi. Mais que nenni, à la place, j'y trouve de la compassion, décidément aujourd'hui, j'ai bien du mal à faire la différence entre mes délires dramatiques et les vraies intentions de mes propres amis, il faut que je me ressaisisse.

Nissa dans toute sa gentillesse me tend ses écouteurs et me propose de me les prêter le temps de m'en racheter, il est évident que cela est hors de question, elle me fait presque regretter mes doutes et pensées. Je réalise alors que je fais pitié agenouillée sur le sol à me plaindre tout le temps.

Mais sans musique, je vais finir stressé toute la soirée. Allez allez calme toi Isaac, tu es plus intelligent que ça, il faut que tu trouves une solution.
.
Elle me propose aussi d'aller en ville ensemble pour en acheter, bien que l'idée de retourner en ville avec me tente, je ne veux toujours pas qu'elle me rachète mes propres écouteurs que j'ai lâchement abandonnés au sol. Pas le choix, il faut qu'on aille en ville, mais il faut que je me débrouille pour les acheter moi-même.

Je me frotte l'arrière du crâne et retrouve un sourire, quoique légèrement gêné par la situation, me sentant coupable de l'embarras dans lequel je la mets.

«Non. Non. Ce n'est pas grave, ce n'est pas grave, c'est de ma faute, c'est moi qui les ai laissés au sol. »

D'un coup, il me vient une idée en tête, si je dépense mon argent de poche dans des écouteurs et que je demande à mes parents de l'argent pour rentrer, ma mère me fera la peau, mais si j'envoie d'abord une photo de moi et Nissa alors c'est mon père qui deviendra mon interlocuteur et si je lui montre cette photo, il m'enverra volontiers de l'argent tout en gardant ça entre nous. Ce plan est parfait, il me faudra juste une photo de moi et Nissa. C'est un peu tordu, je sais, mais il faut bien ça pour contrecarrer les plans de ma mère. Et mon père est mon seul allié dans ce combat.

J'espère qu'il saura tenir sa langue, ça, c'est moins sûr. Il faudra qu'on soit très vigilant, mais une fois dans le coup, il n'aura plus le choix. Je me relève rapidement et tends ma main à Nissa pour l'aider à se relever.

«  C'est une très bonne idée, viens m'aider à acheter des écouteurs, on part en ville ensemble ! Cependant, il ne faut pas trop qu'on traîne, je dois être rentré avant le coucher du soleil. »

Je prends une pose fier et ambitieuse, le poing serré contre moi et le regard tourné vers l'avenir. Et puis une petite balade entre amis ne fait pas de mal après tout, je pourrais même lui soutirer des informations sur ce Mac qui me gène tant. Oui, mon plan est parfait, je suis un génie !

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Nissa a l'air d'être partante et relativement enjouée pour l'aventure, elle me fait signe qu'il faudrait s'habiller légèrement plus chaudement pour sortir, heureusement qu'elle y pense, je serais partit avec mes vêtements de tout les jours sans me douter un instrant qu'il aurait fallu que je change de vêtements. Je ne sais pas, j'aime bien mes vêtements, mais j'aime bien être décontracté et sans pression non plus. De toute façon quand je serais docteur j'aurai ma veste tout le temps. Comme ça on saura tout de suite qui suis-je.

«  Ja, enfin oui ! Je me prépare de mon coté. »

Oui bon, je l'admets, je me la joue avec ma langue natale, mais bon, je suis bien obligé de caser quelques mots, car quand ils sortent tout seul, c'est rarement de jolie mots.

Elle part donc précipitamment retourner dans sa nouvelle chambre et me laisse me débrouiller dans mon coin, je prends un instant pour souffler et me tourne pour me regarder dans mon miroir.

Bon, quand il faut s'y mettre, il faut s'y mettre. J'ouvre alors mon armoire et regarde ce que je peux mettre. Chemise noire, grise, blanche... Rien de bien folichon, je vais avoir l'air tellement ringard a coté de Nissa. Un soupir s'échappe alors de mes lèvres et je prends une chemise au hasard, ça sera donc la noire. Mon pantalon fétiche et évidemment, ma belle veste. Et me voilà complètement transformé !

Je referme mon armoire et me re-regarde dans le miroir. Et là, je m'en aperçois, je suis tout le temps habillé quasiment de la même façon. C'est vraiment désolant, à force on va me prendre pour un reclus qui s'habille tout le temps avec les mêmes vêtements.

Bon, pas le temps de s'apitoyer sur son sort, je vérifie que j'ai bien tout, téléphone, portefeuille, porte-monnaie, stylo, carnet... Quoique soit ce que je les prends vraiment. On sait jamais si jamais il faudrait noter quelque chose. Je me passe un coup de peigne, qui, bien sûr ne fait rien que les déranger qu'à peine quelques secondes mes épis qui se remettent en place dès que la brosse s'en va. J'enfile mes chaussures et me voilà fin prêt.

Je me précipite vers la porte et veille à bien la fermer derrière moi. Je me dirige alors doucement vers l'entrée des dortoirs et attends sagement l'arrivée de Nissa. Elle arrive alors complètement changée et toujours aussi attentive à sa tenue. Il n'y a pas à dire, on ne joue clairement pas dans la même cour. À côté, j'ai l'air d'être habillé par mes parents...

Maintenant que j'y pense, la plupart de mes vêtements datent d'avant mon arrivée au Japon, je n'ai pas vraiment grandi depuis... En fait, ce sont mes parents qui m'habillent toujours. Je ne me laisse pas décontenancer par mes propres pensées et me contente de l'accueillir avec joie.

«  Toujours aussi bien habillée ! Si tu es prêtes alors allons y, mène la voie, je te suis de prêt. »

Au final, j'ai bien fait de prendre mon carnet, ce Mac sera identifié en un rien de temps si je prends des notes.

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Alors que nous dévalons les escaliers, je regarde par la fenêtre le soleil encore bas, l'hiver décide de se montrer tardif, et ne laisse pas encore sa place aux beaux jours. Heureusement que je ne suis pas frileux et que Nissa a pris son manteau.

Mon regard fuyant vers le sol, je cherche un sujet de discussion qui pourrait nous divertir le temps du voyage, mais rien ne me vient en tête, je n'ai pas envie de directement parler de Mac, mais le sujet devra à un moment être abordé, il faut encore que je réfléchisse comment. Je ne veux pas qu'on croie que je fais une fixette... Même si c'est très probable que j'en fasse une.

Heureusement Nissa brise le silence qui commençait à s'installer, et ramène le sujet du théâtre sur le devant de la scène si j'ose penser, hé hé je suis bien plus drôle dans ma tête. Elle me propose gracieusement de m'aider, c'est très gentil à elle seulement un point me gène quelque peu.

Je relève la tête et regarde l'horizon tout en acceptant son invitation avec quelques réserves.

«  C'est gentil à toi, seulement, je ne pense pas qu'on puisse y faire grand-chose, je suis juste mauvais pour jouer. Enfin, on peut toujours essayer, voir ce que ça donne. »

Certes, je n'ai pas trop d'entrain, mais cette matière ne m'intéresse pas guère, en même temps en quoi c'est utile, ce n'est pas comme si j'allais en faire mon métier.

J'acquiesce à la proposition de Nissa de prendre le bus, j'aurai bien envie de me proposer pour l'aider à faire quelque chose ou réviser en échange, mais à part peut-être en biologie, je suppose qu'elle s'en sort aussi bien que moi.

Les portes de l'établissement sont à portée de vue et l'abribus n'est pas très loin, je mets mes mains dans mes poches pour les réchauffer et je regarde une fois encore Nissa pour vérifier que tout va bien. Mais vu son accoutrement, il est peu probable qu'elle attrape froid. Contrairement à moi, certes, j'ai une bonne veste, mais je sens que j'ai un peu froid au nez, j'aurai peut-être dû prendre une écharpe.

« Je me posais la question, tu me disais que tu ne t'imagines pas trop loin de ta maman, mais tu n'es jamais parti du Japon ? C'est vrai que dans notre chambre, tu étais la seule née ici, ça ne te donne pas envie de voir ailleurs ? »

C'est bateau comme sujet, je sais bien. Mais bon, on n'a pas tant de sujet en commun que ça, avant au moins on avait notre chambre.

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Je ne pensais pas Nissa si mauvaise en musique, ça me rassure un peu de me dire qu'elle n'est pas parfaite, mais je comprends son désarroi, après tout, on est dans la même situation, ce sont deux matières qui réclament plus que de la régularité. Et puis bon, ça aussi, c'est une matière qui importe peu pour la suite, ce n'est pas comme si elle allait faire musicienne.

Ce n'est pas non plus la seule chose que j'ignorais à propos de Nissa, je ne savais même pas qu'elle avait participé au voyage aux États-Unis d'il y a deux ans. Je me souviens que j'étais arrivé à l'école depuis seulement quelques mois, je ne m'y suis donc pas intéressé, au final ça m'a permis de réviser tranquillement pour rattraper une partie de mon retard en japonais. Et puis bon, même si une partie était financée par l'école ça reste coûteux.

« C'est vrai que j'avais presque oublié ce voyage, ce n'est quand même pas banal comme "sortie". »

Nissa enchaîne ensuite sur sa prochaine destination, le Pays de Galles, c'est étonnamment précis, la plupart du temps, les gens qui visitent le Royaume-Uni vont en Angleterre et pas en Hiver... Elle doit probablement avoir de la famille ou je ne sais quelle connaissance. Suite à cela, elle raconte qu'au final le Japon lui convient très bien et que cela fatalement le désir d'un autre si elle devait partir.

Au final, c'est exactement ce qui s'est passé avec ma mère, si elle n'avait pas rencontré mon père, elle ne serait probablement pas partie du japon... À croire que c'est un phénomène récurrent ici. C'est vrai que le Japon avec ses traditions et sa culture riche fait envie internationalement. Et étant donné que sa politique de naturalisation relativement complexe cela en fait un pays ou la globalisation reste modéré. Cela a ses avantages et ses inconvénients, mais bon la politique moi...

Ma question, étant répondue, vient de mon tour de passer un interrogatoire, et contrairement à Nissa, j'en ai vu des pays. Je commence à compter sur les doigts de mes mains et lui fait une liste en même temps.

« Ouh là, alors voyons voir. Déjà, il y a la plupart des pays frontaliers à l'Allemagne, je n'y suis pas resté longtemps, mais le temps d'un week-end, avec mon père la plupart du temps, donc, Pologne, Tchéquie, Autriche, la Suisse, je suis passé par les Pays-Bas, mais pas resté, en revanche la Belgique oui aussi... Hmm France, je crois que quand j'étais tout petit, mais je ne m'en souviens pas. »

Je réfléchis quelques instants prenant une grande inspiration le regard tourné vers l'horizon et reprends ma tirade.

« C'est tout... Enfin, non, c'est tout pour les frontaliers. Avec mes grands-parents paternels et maternels, on est allé en Angleterre visiter leurs maisons. Avec mon arrière-grand-mère, on est allé en Russie pour les mêmes raisons. Et évidemment, je suis allé plusieurs fois en Israël avec mes parents et de la famille. Donc euh... Si on ne compte pas l'Allemagne ni le Japon, ça fait 10. »

Bon, certes la plupart, je n'y suis resté que l'histoire d'une fin de semaine, mais je les ai quand même visités ! Il me reste néanmoins une partie de la question à répondre, je m'empresse donc de le faire.

« Mais si je devais habiter quelque part ça serait probablement... Bon déjà pas le Japon... Parce que je ne suis pas Japonais, logique. Ben cela serait probablement l'Allemagne ne serait-ce que pour mon futur travail, je n'ai pas tant de raison qui me pousse à partir non plus. Peut-être qu'en vieillissant, j'aurai de nouvelles envies, mais bon, je ne peux pas le prévoir. »

J'aurais pu avoir la citoyenneté japonaise au moins jusqu'à mes 22 ans si ma mère était restée Japonaise, sauf qu'en se mariant à mon père elle est devenu Allemande et vu que le Japon ne reconnaît que très rarement la double nationalité elle n'est maintenant plus qu'Allemande. C'est dommage, mais pas important non plus, tant que je peux visiter ma famille ça me va.

« Si ce n'est pas indiscret pourquoi tu vas au Pays de Galles ? Tu y retrouves quelqu'un ? Je ne doute pas que ce soit très joli, mais pour y aller en Hiver, c'est qu'on a souvent une idée derrière la tête.»

Je suis sûr qu'elle va voir ce Mac encore lui ... Alors comme ça, il est Gallois, il faudrait que je pense a le noter ça, je le ferais dans le bus.

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Comme si c'était hier

Bon, je me suis planté sur Mac déjà. Je commence à croire qu'il n'existe peut-être pas. Ou alors il est Japonais, mais c'est louche comme nom Mac, ou Mako peut-être que j'ai mal entendu. Ouais Mako ça, c'est plus logique....

Son frère ? Alors, oui, elle a un frère ça, je le visualise, le play-boy a l'université, mais elle va voir la famille de son frère ? Donc sa propre famille, non ? Maintenant, que j'y repense, elle me parlait souvent de sa maman et de sa maman uniquement. Le calcul est rapidement fait. Ils ne sont que demi-frère et sœur. Et je suppose que la mère de son frère doit être du Royaume-Uni... Intéressant. Hmm, mais elle est plus jeune que lui et elle n'évoque pas son père quand elle parle de ses vacances à Nagoya, j'en déduis donc qu'il est sorti de sa vie. Eh, ben, ce n'est pas la famille la plus unie du monde ça, c'est sûr.

J'ai plein de questions sur sa famille, j'aime bien ce genre de conversation, ça nous permet de voir le contexte dans lequel on a évolué... Et je l'admets me faire plaindre en parlant de ma mère, mais je suppose que pour le coup-là, je serais perdant.

Mais le bus arrive et je garde donc ça pour moi le temps de monter dedans, je suis Nissa et m'installe à ses côtés. Et alors que j'allais enchaîner sur mon sujet, elle pose en premier sa question qui nous ramène au sujet précédent. C'est toujours moi qui parle de moi quand on est ensemble, bon certes ça satisfait mon ego, mais quand même, on pourrait être un peu plus équilibré !

En plus, sa question me pose une colle, c'est difficile de choisir, ils ont tous quelque chose de spécial. Mais j'en ai quand même deux en tête

« Tu m'en poses une bonne dit donc. J'hésite, mais j'ai deux pays qui me tiennent à cœur pour deux raisons différentes.»

Je me remémore ce souvenir et commence à sourire en regardant le plafond du bus. Mes voyages ont toujours été agréables et de très bon souvenir.

« Déjà, quand je suis parti en Israël, ça a été une expérience fantastique, j'ai retrouvé de la famille à moi que je n'avais jamais vu, même mon père voyait des cousins de longue date, tout le monde me posait des questions sûr comment je vivais en Allemagne. J'ai pu y voir ma culture, mes ancêtres et tout ça sans me sentir comme une minorité. Pour une fois, j'avais l'impression d'être comme tout le monde, sans parler du fait qu'il n'y avait pas la barrière de la langue. »

Une expérience folle, des gens que je n'avais jamais vus, me prenait dans leurs bras comme si on se connaissait depuis toujours. J'y retournerais probablement, mais je dois admettre que je ne retrouverais probablement pas ce phénomène de découverte que j'avais eu. C'est comme si on apprenait quelque chose qu'on connaissait déjà. C'est très particulier mais très plaisant.

« Et pour le second, je dirais le Japon, c'est bête, mais c'est là que j'ai rencontré aussi des gens formidables. Et même si encore une fois, j'ai pu découvrir une nouvelle partie de ma famille. C'est le pays en lui-même que j'aime beaucoup, et ses habitants. Et je crois que tu es Japonaise d'ailleurs. »

Une disquette ? Non, là, j'ai sorti un album entier. Bon ok, ce n'est pas très subtil, ni totalement vrai d'ailleurs, le Japon est certes une découverte intéressante, mais jamais il ne pourra battre mon voyage en Israël, c'est comme ça. Je reste cependant totalement honnête quant aux arguments exposés, c'est un japon que je me suis fait probablement le plus de "camarades amicaux". Je n'ose pas trop dire amis car je ne sais pas trop comment eux le perçoivent mais moi quelqu'un avec qui je m'entends bien me suffit amplement à l'appeler mon ami.

« Et toi, certes, tu resterais vivre au Japon, mais il n'y a pas des pays que tu aimerais au moins visiter ? Juste quelque temps histoire de faire quelques rencontres ou même visiter des amis ?  »

À force d'être dans une école internationale, elle doit bien avoir quelques amis étrangers depuis le temps ? C'est moi qui pense ça alors que je suis incapable de passer pour autre chose qu'une connaissance, c'est quand même gonflé. Enfin, elle se débrouille mieux que moi pour ça, je suis donc impatient de sa réponse.

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Comme si c'était hier

Bon, il semble que mon petit jeu n'ait pas fonctionné. À quoi je m'attendais ? Peut-être devrais-je me contenter de ce que j'ai déjà... Enfin bon, je l'écoute alors qu'elle me parle de ses motivations qui l'encourageraient à voyager, et je dois bien admettre qu'elles sont probablement justifiées. Comme elle le dit si bien, chaque pays du monde a ses spécialités culinaires intéressantes. Même moi, qui dois faire attention à mon alimentation, j'arrive à trouver des spécialités allemandes qui me correspondent, et pourtant c'est le pays de la saucisse.

Nous nous éloignons du sujet initial pour parler de nos connaissances étrangères. Elle me raconte qu'elle ne connaît pas réellement beaucoup de personnes étrangères. Enfin, "beaucoup" est relatif, mais quatre ou cinq, comme elle le dit, ce n'est déjà pas mal en vérité. Surtout s'ils sont tous d'une nationalité différente, alors au final, visiter quatre pays c'est très bien. Surtout pour un pays insulaire comme le Japon.

Elle détourne le regard de la vitre pour se plonger dans mes yeux, je sens qu'elle cherche quelque chose à dire. Décidément... nous sommes de bien piètres camarades de classe.

Mais l'attente ne fut pas longue et s'ensuit une question que j'aurais préféré éviter. Elle me demande si j'ai moi-même des amis dans la classe ou à l'école en général. Je l'écoute attentivement, mais je dois bien admettre que j'ai tendance à faire l'autruche sur ces sujets habituellement. Et que je suis plutôt mal à l'aise de devoir répondre a cette question.

« Moi ? Ah, bien sûr que je m'entends bien avec les autres. Enfin, je veux dire que lorsque nous travaillons ensemble, ça se passe bien. Je ne leur parle pas beaucoup en dehors des cours, donc je ne sais pas vraiment... Il y a bien Yulian dans la chambre, mais je suppose que cela ne compte pas... Et au final, à part quelques bribes de conversations, on ne se parle pas beaucoup non plus... »

Mes propres paroles résonnent  en moi de manière douloureuse. Quand elle évoque son manque d'amis étrangers, cela me rappelle à quel point je suis seul, à quel point je me suis enfermé dans ma propre coquille de routines. Un sentiment de tristesse et de morosité m'envahit alors que je prends conscience de la limitation de ma propre sociabilité.

Je ne peux m'empêcher de baisser les yeux, laissant échapper un soupir.

« Pour être honnête, je n'ai pas vraiment fait beaucoup d'efforts pour m'investir dans des relations qui dépassent les connaissances superficielles. Et cela ne date pas seulement de mon séjour au Japon. La vérité, c'est que je sais que je peux être plutôt réservé et difficile à approcher. Je n'ai jamais été très doué pour nouer des amitiés profondes, mais cela ne signifie pas que je ne veux pas essayer. D'ailleurs, je suis reconnaissant d'avoir rencontré quelqu'un comme toi. Tu es probablement ma seule véritable amie ici.»

Je me rends compte que je parle de moi-même de manière assez négative, mais c'est la réalité. Je ressens souvent un décalage avec les autres, comme si je n'arrivais pas à m'intégrer pleinement. Je m'en veux, me demandant si c'est moi le problème ou bien même si je suis tout simplement trop différent des autres.

Je suis en train de réaliser que je suis en train de gâcher l'ambiance... Quel imbécile je suis, à toujours parler de moi comme si j'étais seul au monde. Je comprends pourquoi tu es seul, Isaac. Si tu pouvais laisser de la place pour quelqu'un d'autre dans ton schéma de pensée, ça pourrait être plus simple.

Je relève alors le visage et redirige mon regard vers Nissa, je  m'empresse alors de lui présenter mes excuses pour mon comportement.

« Pardonne-moi, je ne voulais pas créer une ambiance si lourde. Ce n'était pas mon intention de rendre notre conversation triste. Je ne devrais pas m'apitoyer sur moi-même de cette façon. »

Même si je n'aime pas trop me retrouver dans cette position, j'ai néanmoins confiance en Nissa et je sais qu'elle sera gentille avec moi.

Codage par Libella sur Graphiorum

Comme si c'était hier

Sans dire un mot, elle tend ses bras et me fait un "calin" si j'ose dire. Je reste les bras le long du corps et me contente de lui sourire. Bien que je savais que Nissa était gentille, je dois admettre que je ne m'attendais pas à cela. Mais cela me convient parfaitement. C'est réconfortant et apaisant à la fois. Je peux sentir toute la chaleur et la compassion de son geste. Je ne pense pas qu'on puisse demander mieux dans des moments comme celui-ci.

Après cela, elle me murmure des mots doux et encourageants, soulignant ma valeur et mon potentiel, ce qui me touche profondément. Un sourire timide se dessine sur mes lèvres alors que je l'observe.

Ses paroles sont accompagnées d'un tapotement sur ma tête. Je ne doute pas que cela parte d'un bon sentiment, mais j'ai tout d'un coup l'impression d'être un chien. Même si l'idée ne me déplaît pas tant que ça, je préfère quand même garder mon statut de bipède.

Je garde alors mon sourire et me contente de la rermercier pour la confiance qu'elle porte en moi.

« Merci du fond du cœur, ta gentillesse me touche énormément. Je sais que je peux compter sur toi. C'est vrai, c'est de ma faute d'avoir négligé mes relations. Je vais me rattraper et m'ouvrir aux autres l'année prochaine, c'est promis. »

J'attrape délicatement l'une de ses mains et la regarde droit dans les yeux. Avec Nissa à mes côtés, je sais que je peux relever ce défi.

Peut-être serait-ce le moment de lui demander à propos de Mako. Après tout, si nous sommes dans une période de transparence, autant en profiter.

Alors que je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, je lâche doucement Nissa et commence à sortir mon portable pour voir ce qui se passe. Je remarque que j'ai reçu un message, et il provient de ma mère... ça ne présage rien de bon. J'ouvre fébrilement le message et je vois qu'elle me dit, entre autres : "N'oublie pas de mettre de l'argent de côté pour ton billet et achète-le rapidement."

"C'est incroyable, comment est-ce possible qu'elle sache que je vais dépenser l'argent de mes billets ? Aurait-elle mis un mouchard dans ma tête ? Quoi qu'il en soit, je pense qu'il est important d'en informer papa. Plus tôt il le saura, mieux il pourra assumer sa part de responsabilité et atténuer la colère de ma mère envers moi. De toute façon, je sais que je vais me faire réprimander à cause de mes résultats en théâtre... autant en profiter.

Il me faut donc une photo de Nissa et moi à envoyer, sinon il va imaginer toutes sortes de scénarios et je me retrouverai encore plus embrouillé qu'avant. Cependant, je vais lui demander son avis avant, je ne veux pas donner l'impression d'être déplacé.

« Ça te dérange si on prend une photo ensemble ? C'est pour rassurer mon père... Tu les connais, toujours à se mêler de nos vies.»

Bon, ce n'est pas tout à fait vrai ce que je dis, mais l'idée est là. J'espère qu'elle va dire oui, sinon je suis dans une sacrée misère.

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Comme si c'était hier

Je jette un bref regard vers le sol, sentant une légère gêne face à ma demande, puis je relève les yeux pour rencontrer ceux de Nissa. Son regard semble exprimer une certaine perplexité quant à ma requête, ce qui est compréhensible.

Je m'efforce de trouver les mots justes pour expliquer ma situation, mais je me rends compte que je ne peux pas lui dire toute la vérité. Je vais devoir la modifier ou omettre certains détails

Je soupire lourdement et décide de partager avec Nissa la relation particulière que j'entretiens avec mon père. Après tout nous sommes très proches, il a toujours été là pour moi. Il se soucie énormément de mon bien-être et de ma sécurité

« Mon père s'inquiète pour moi, tu vois. Depuis que j'ai déménagé dans ce nouveau pays, il a du mal à accepter que je sois loin de lui. En me connaissant si bien, il sait que je ne suis pas très sociable et cela le préoccupe. Il ne veut pas que je me retrouve seul ou malheureux ici.»

Je marque une pause pour reprendre mon souffle. Pour le moment, je ne mens pas, je minimise même un peu la situation en disant simplement qu'il est inquiet. Je reprends d'une voix plus calme, le visage toujours souriant.

« Je pense qu'une photo de nous deux, souriants et complices, pourrait le rassurer. Cela lui montrerait que je suis entouré de bonnes personnes et que je suis heureux ici. Je sais que cela peut sembler étrange comme demande, mais cela a une grande importance pour lui. Et par conséquent, pour moi aussi.  »

Bon, certes je ne lui dis pas explicitement que j'espère utiliser cette photo pour convaincre mon père de m'envoyer de l'argent pour mes billets. Mais d'une certaine manière, je ne suis pas si éloigné de la vérité que ça. Après tout, je ne mens pas, j'omets simplement certains détails de l'histoire.

Au final, je suis quand même rassuré que Nissa accepte. Faire une photo en dehors du bus semble plutôt une bonne idée en y repensant. Le bus commence justement à ralentir progressivement, annonçant alors notre arrivée imminente à l'arrêt. Je rassemble mon sac et attends l'arrêt complet du véhicule. Je souris une dernière fois à Nissa avant de me lever et de m'avancer vers la porte, dont j'entends le mécanisme s'ouvrir.

Je descends lentement les marches du bus et m'arrête un instant pour regarder Nissa.

« Bon, qu'est ce qu'on fait maintenant ? »

Est-ce qu'on part dans une boutique pour mes écouteurs ? Et si oui alors ou ça ? Je ne connais pas vraiment l'endroit, ou du moins probablment moins que Nissa.

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Comme si c'était hier

J'écoute avec intérêt les arguments de Nissa, et je dois bien admettre qu'ils sont plutôt convaincants. Il est vrai que je me suis peut-être un peu emporté tout à l'heure. Cette photo, bien que relativement importante, ne presse pas autant que je le pensais.

Et en y repensant, j'avais mentionné que je devais rentrer avant le coucher du soleil, mais maintenant que j'y réfléchis avec un esprit détendu, je me rends compte que je peux facilement veiller à mes obligations pendant toute la nuit. Finalement, je ne suis plus aussi pressé que ça, et je dois avouer que cela me soulage d'un grand poids.

Nissa semble être dans son élement et connais un magasin High-Tech, c'est a moi que reviens le choix de la marche a suivre et j'ai déjà pris ma décision.

« Tu as raison, allons d'abord faire cela. On aura tout le temps après. Je te laisse me guider, Nissa. »

Je laisse donc Nissa amorcer la marche et me contente de la suivre. Pendant que nous marchons, je tiens à lui préciser qu'au final, je me suis peut-être un peu avancé en disant qu'il fallait que je rentre avant le coucher du soleil.

« Nissa, maintenant que j'y pense, je ne suis pas si pressé que ça. Finalement, j'ai tout mon temps., »

J'aimerais bien la remercier encore de m'accompagner, mais j'ai peur d'en faire trop, je devrais plutôt trouver un nouveau sujet de conversation. Mais on a pas grand chose en communs... Ou alors au lieu de chercher quelque chose qu'on a en commun je me contente d'ammener un sujet qui la passionne, au final c'est ce qu'elle a fait avec les voyages.

Oui, c'est une excellente idée ! Il ne me reste plus qu'à découvrir sa passion. J'ai quelques thèmes en tête, mais ils sont tellement vastes que je suis indécis quant à la question précise à poser. J'ai bien une idée en tête, mais je crains d'être démodé si je la lui demande. Quoi qu'il en soit, si c'est pour être Has been autant l'être jusqu'au bout et poser ma question ! Je tourne alors la tête et demande naturellement.

« Alors, à quoi joues-tu en ce moment ? »

Oh non... rien qu'en le disant, j'ai l'impression de ressembler à un vieil homme rabâchant cela à ses petits-enfants. Il y a tellement de chances pour que je finisse comme ça, c'en 'est effrayant.

Déjà que je dois me faire accompagner pour acheter des écouteurs a mon âge.... Écouteurs dont je compte bien payer le prix !

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