Des images me reviennent comme un souvenir tendre

Des images me reviennent comme un souvenir tendre

20 mars, 12h30


Les vacances étaient sans doute ce que Mathéo aimait le moins dans la vie. Soit il s’y ennuyait à mourir, soit il vivait des moments catastrophiques en essayant de tenir compagnie à un autre ennuyé. Ce n’était en soit jamais joyeux. Alors, bien que l’année venait à peine de terminer, il avait déjà recommencé à étudier, reprenant les points du programme sur lesquels il était passé un peu trop vite à son goût cette année. De la redite, rien de plus ennuyant aussi. Heureusement, la pile de livres qu’il voulait lire cette année l’attendait, il passait donc des journées entières à lire. Ça, il aimait. Il aimait d’autant plus quand certains passages, certaines phrases, pouvaient lui rappeler Seito d’une manière ou d’une autre. D’ailleurs, ce dernier commençait déjà à lui manquer sérieusement, les vacances ne lui en semblaient que plus longues. En sortant de la librairie, il se dit qu’il lui enverrait un message dans l’après-midi. L’idée le ravit suffisamment pour en éclairer toute sa journée.

Les mains prisent par les nouveaux livres qu’il s’était acheté, il s’élança dans la rue, marchant d’un pas trainant. Il ne s’en rendait pas compte mais les vacances lui apportaient tout de même un peu de repos. Il était détendu. A moins que ce n’était du aux derniers événements de l’année, qui lui rendaient le coeur si léger que l’entièreté de son corps s’en retrouvait adoucit. Il flâna quelques temps ainsi, le coeur soulevé d'une bien agréable sensation, observant les vitrines des magasins lui passant sous les yeux avec attention. Il avait promis à Kazuki qu’il viendrait chez lui la semaine prochaine donc mieux valait ne pas dépenser inutilement tout son argent, mais il ne pouvait s’empêcher de rester à l’afflux d’un éventuel cadeau formidable à offrir à Seito, l’un de ses amis ou à Anna. En réalisant son intention, un sourire timide s’installa sur ses lèvres. Avant, il n’avait à offrir de cadeau qu’à sa sœur... Cette année universitaire à Kobe avait beau eu être tumultueuse et éreintante émotionnellement, elle lui avait aussi réservée de belles rencontres. Jamais il n’aurait pensé avoir des personnes qu’il considérait véritablement comme des amis et il était à des années lumière de s’imaginer qu’il finirait l’année avec un petit copain. Le bonheur le surprit en lui montant aux joues. Oui, Seito lui manquait vraiment. Et, c’était assez terrible de n’avoir personne avec qui pouvoir partager son bonheur ou les inquiétudes qui y étaient tout de même liées.

Peut-être était-ce un élan de culpabilité qui le conduisit à s’arrêter devant l’enseigne du restaurant où travaillait Naoki et qu’il reconnut aussitôt tant il lui en avait parlé. Peut-être était-ce aussi parce que ce dernier lui manquait également. Avant que les vacances ne commencent, il s’était dit qu’il les passerait sûrement avec lui… mais c’était sous-estimer l’attention que Kaoru nécessitait. Il était un peu déçu de ne pas le voir plus mais il était loin d’avoir le droit de s’en plaindre, alors il ne disait rien. Et puis, c'est lui qui l'avait un peu évité ces derniers jours. Il avait eu bien trop peur de ne pas être en mesure de cacher son secret et que son visage le révèle pour lui. Son ami n'était toujours pas au courant et à vrai dire, il ne savait pas comment le lui avoue. Son mensonge lui collait à la peau péniblement. Il s'en voulait affreusement. En entrant dans les lieux, il se sentit tout petit. Il avait tellement boycotté les restaurants qu’il avait honte d’y mettre les pieds désormais. Il salua la première personne sur qui il tomba en s’inclinant quelque peu, le dos bien droit et le ton bien poli.

« Bonjour… Est-ce qu’il est possible d’avoir une table pour une personne, s’il vous plaît ? » demanda-t-il, bien sagement. Peut-être qu’il aurait la chance de surprendre son ami.