Il court, il court, le Nobu, le Nobu du parc de Kobe High School. Le torse bombé, et le visage éteint, il court, il court, comme si sa vie en dépendait. D’habitude, il nage, pour se défouler, mais la piscine est fermée et il a les nerfs en boule. Le rédac’chef du club de journalisme était sur son dos, tout à l’heure. “Tu travailles pas assez, tu ne fais pas assez de papier, si tu continues dans cette voie, on va devoir supprimer tes textes de fiction du journal ! Ce n’est pas les chroniques de Yoshimoto-kun ici.” La voix du rédac’chef ne quitte plus les oreilles de Nobu. Il l’entend en boucle. Encore et encore, ce “Yoshimoto-kun”. Et pourquoi, -kun ? Ils ne sont même pas amis.
Il court, il court, et il accélère. Il accélère, parce qu’il ne se rend même plus compte des limites de son corps. Il accélère, malgré la lumière qui s’éteint, au profit de la nuit, sur le parc du campus. Il a l’impression d’être impuissant, ou peut-être qu’il veut se blesser ? Une blessure c’est une très bonne excuse, pour ne pas rendre de papier.
« J’vais t’le faire bouffer, ton “Yoshimoto-kun”. » Nobu marmonne dans sa barbe. Heureusement qu’il fait noir, parce qu’il n’est pas beau à voir. Il est dans sa tête, et plus rien n’existe autour de lui. Ni son cœur, qui s’accélère, ni ses poumons qui peinent à prendre l’air, ni ses chevilles, branlantes.
Il court, il court, jusqu’à que tout s’arrête. Jusqu’à que son pied frappe contre une petite pierre, sur son chemin. Une petite pierre de rien du tout. Le genre que l’on évite, lorsqu’on a toute sa tête. Le genre qui ne fait que nous secouer, quand on est réveillé. Mais Nobu, il est ailleurs. Alors, quand il frappe cette pierre du pied droit, c’est tout son corps qui se bloque, et il chute, rejoint le sol, à plat ventre.
Saleté de rédac’chef.
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Le mercredi 1er février 2018, 18h
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Alors je traîne un peu la patte, le nez sur mon téléphone portable, et la musique crachant des écouteurs. Le soleil s'est couché au loin, mais j'y fais à peine attention, éclairée par les lampadaires. Je scroll 4chan avec un petit sourire en coin, qui évolue de temps à autre en un soufflement du nez.
De retour dans le parc de KHS, j'envoie un meme sur la proche St Valentin, qui m'a fait sourire, dans la conversation Line de Nana et Tsu. Je marche doucement, malgré les yeux rivés sur mon écran, pour ne pas me vautrer en fonçant dans quelqu'un ou quelque chose, mais...
Mon pied bute contre quelque chose.
Je baisse les yeux, et affolée, je le vois, là :
« Oh pa-pa-pardon ! »
Ayant toujours les écouteurs, j'ai parlé fort, très fort. Je les retire, les arrache presque, en même temps que je me recule. Est-ce que mon coup de pied lui a fait mal ? Il est pas inconscient, si ? Depuis combien de temps il est là ? Est-ce qu'il va bien ?
« Ça va-va-va aller ? V-vous avez besoin d'aide p-pour vous relever ? »
Je m'accroupis à ses côté pour voir son état.
- Tenue:
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Le mercredi 1er février 2018, 18h
Il reste sur le sol, Nobu. Il reste sur le sol parce qu’il en a assez. Ce n’est pas une histoire de malaise, juste qu’il en a marre. Il voudrait juste pouvoir rester par terre et ne plus jamais avoir à se lever. C’est trop lourd, le poids de la vie, et maintenant qu’il est écrasé, il accepte. Après tout, on ne peut pas tomber plus bas ? Il ferme les yeux, un instant, et respire. Il sait qu’il va devoir se redresser, mais il en a juste la flemme.
Un pied.
Un pied qui le butte, et il redresse tout de suite sa tête, pour voir qui se permet de l’écraser. Quand même ! Il fait sombre, mais il n’est pas invisible ! Ou alors, il le devient, à force de raser les murs en quête de rien. Sacrée soirée, pour Nobu, plus déprimé qu’autre chose.
La pauvre personne semble effrayée. Vraiment, elle ne l’a pas vue. Et Nobu n’a pas même le temps de se redresser qu’elle se rapproche de lui. Eh merde ! Il ne peut pas rester sur le sol pour toujours. Alors, il pose ses deux paumes face contre terre et pousse sur ses bras pour se redresser. Il s'assoit sur ses genoux, et pose une main sur son crâne.
Autant ne pas passer pour un con, et feindre la blessure ! Il n’a pas envie d’expliquer que c’est la déprime qui l’a laissé à terre.
« Je… Je ne sais pas si ça va.» Mais bien sûr que si, qu’il le sait. « J’ai fait une belle chute. » Non, il s’est juste ramassé comme un idiot.
- InvitéInvité
Alors forcément, comme comparaison... ça n'aide pas, mais pas du tout. Je regarde l'heure sur mon téléphone, lequel joue toujours de la musique, avant de tout couper. Il est dix-huit heures passées, l'infirmerie est déjà fermée... La poisse.
« A-aa-a-argh! »
J'ai avalé ma salive de travers.
Je toussote un peu, hébétée.
Focus !
Je baisse les yeux vers le garçon, il est à présent assis sur ses genoux. Ce qui est plutôt bon signe, non ? Il se tient la tête certes, mais il n'y a pas de blessures apparentes... il pourrait très bien avoir une commotion cérébrale, par contre.
« Vous avez m-mal quelque p-part ? À la tête ? V-v-vous v-voulez que j'appelle un surveillant p-pour aller à l'infirmerie ? »
Même à l’hôpital, mais ce serait s'emporter !
- Tenue:
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Le mercredi 1er février 2018, 18h
Oh non. Nobu qui pensait que la meilleure solution serait de mentir pour sauver sa peau commence à comprendre qu’il s’enfonce dans la pire des situations. La pauvre jeune fille est inquiète. Vraiment très inquiète. Peut-être même un peu trop inquiète ! C’est facile de penser ça, pour l’étudiant, qui sait ne rien avoir. Il est un peu dans les vapes, encore, mais c’est moins à cause de la chute que de la déprime.
Et là, il est face à un dilemme : est-ce qu’il doit continuer à mentir, et s’enfoncer dans une situation de plus en plus difficile, ou est-ce que c’est le moment de tout balancer, de s’excuser, et de filer comme une comète dans la nuit ?
Il sonde le regard de la pauvre jeune fille. Elle est jeune, plus jeune que lui. Et elle a l’air gentille, aussi. Il s’en veut, maintenant, de jouer avec sa peur et avec son inquiétude. Alors, il prend la décision de jouer cartes sur tables : « Pardon, je crois que c’était plus impressionnant que c’que j’pensais... » Il se frotte l’arrière de la tête, un peu désolée. « Je pense que ça va, pas besoin d’aller voir l’infirmière. »
Et pour preuve, il se redresse, d’un coup. Mais une fois sur ses jambes, il titube un peu, et manque de se ramasser de nouveau. Oh, merde. Ce n’était pas un vrai mensonge. Le choc était plus violent que ce qu’il pensait. Ou alors c’est l’anxiété, qui commence à monter et à l’attaquer.
« En fait, tout bien réfléchi, je veux bien passer à l’infirmerie... »
Nobu ne sait pas qu’elle est fermée. Il est persuadé que les infirmiers travaillent jour comme nuit. Après tout, les urgences, ça n’attend pas les heures de bureau pour arriver !
- InvitéInvité
Puis, d'un autre côté, il y a l'horaire. Si c'est quelque chose de léger, qu'on peut remettre à demain, ce serait un peu fou, et culotté de déranger l’infirmière dans son repos... sans oublier le surveillant qu'il faut trouver et convaincre.
Il se redresse d'un bond sous mes yeux. Je grimace un peu. On ne lui a jamais dit que ce n'était pas bon pour la tension artérielle de se lever trop vite ? S'il était déjà en mauvais état, là, il doit passer du carrousel au tourniquet, amplifié sur la roue d'une moto à 100 km/h.
Je tends, par réflexe, les bras pour le rattraper. Mais il le fait de lui-même, alors je reste à distance respectable pour l'empêcher de tomber s'il défaille à nouveau. Un peu comme quelqu'un de friendzone qui laisse quelques dizaine de centimètres entre ses doigts, et la hanche de son/sa crush sur la photo.
Bref... bref ! Je divague.
« V-vous pouv-vez v-vous appuyer sur moi si besoin ! »
Le garçon a changé d'avis, ce qui m'inquiète à nouveau. S'il revient sur ses dires, c'est sûrement parce qu'il se sent vraiment mal, et pas seulement de s'être levé trop rapidement. Je compte bien ne pas le laisser en galère, livré à lui-même.
« Je v-v-v-vous accompagne ! »
En équilibre entre un ordre, et mon souhait, je bafouille. Je veille à ce qu'il ne se ramasse pas à nouveau, marchant doucement à ses côtés. Si on se dépêche, peut-être arriverons-nous avant la fermeture de l'infirmerie mais... j'y crois pas trop.
Alors je le laisse avancer à son rythme.
- Tenue:
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Le mercredi 1er février 2018, 18h
Le cœur de Nobu bat un peu trop vite, et sa respiration commence à être un peu moins évidente. Il essaye de se focaliser sur un banc au bout du chemin, mais il a du mal à voir droit. Le pauvre étudiant commence à paniquer, et ce pour la première fois.
Dès que Nissa lui donne le feu vert, il s’appuie sur elle. Il n’est pas gêné, pas une seconde, parce qu’il ne considère pas les filles comme particulièrement attirantes. Et même si Nissa est une adorable lycéenne, il la voit actuellement comme un bon appui.
« Merci, merci, merci. »
Il commence à entrer dans sa tête, et il reste cramponné au corps de Nissa. Il marche, doucement, vers l’infirmerie. Et dans sa tête, c’est clair. Il faut qu’il tienne, jusqu’à y arriver. Une fois qu’ils y seront, tout ira bien. L’infirmière le laissera se coucher dans le lit, il prendra un médicament. Le genre magique ! Et puis il pourra se reposer, rentrer chez lui, et s’en sera fini de l’étourdissement, du cœur qui bat trop fort, de la respiration qui se coince dans la gorge.
Alors, ils avancent, plus ou moins doucement. Parfois, le duo s’arrête, à la demande de Nobu qui est pris de montée d’angoisse, puis ils reprennent. Mais sacrilège. Arrivés devant la porte de l'infirmerie, le couperet tombe.
« Oh… Non…Non. C’est fermé. »
Les yeux de Nobu s’embuent de larmes. Heureusement qu’il tient encore à Nissa sinon, il se serait laissé tomber au sol. Sa respiration qui s’était calmée reprend de plus vif, et son cœur n’arrête pas de tambouriner. Si fort, qu’il n’entend plus que lui.
- InvitéInvité
Je ne me plains pas, c'est juste que... je me sens impuissante...
Je lui jette quelques regards nerveux, en coin. Son état s'est dégradé d'un coup depuis qu'il s'est relevé. La tête qui tourne, la respiration hachée, qu'est-ce ça pourrait être ? Peut-être de l'hyperventilation ou même des mini-crises de panique ?
Je ne suis pas prête de le laisser tomber, ça, non.
Alors après de maints efforts, on arrive dans le couloir de l'infirmerie. Le garçon déchante direct... je le sens défaillir et on manque de tomber par terre, entraînés par tout son poids. Je m'accroche durement sur mes appuies, et raffermis un peu ma prise pour le tenir.
S'il y a vraiment personne, comment on va faire ? Des exercices de respiration pour tenter de le calmer ? En attendant un surveillant et quelqu'un de l'équipe médicale ? Bordel, j'en sais rien...
« Non... attendez ! J'entends du bruit ! »
Même s'il n'y a pas de lumière sous la fente de la porte, je veux y croire ! Je tends la main vers la poignée, mais celle-ci s'enclenche de l'autre côté, vers l'intérieur. Il y a quelq... ! L'infirmière ! Mon cœur s'envole dans ma poitrine, immédiatement rassurée.
« Iroka-sensei !!! ! Il... il... il »
Bêtement, je bafouille, et bute sur la suite.
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- PNJNon validé ; bouhouhou■ Age : 35■ Messages : 6341■ Inscrit le : 31/03/2008
PNJ : Sakura Iroka
Ceci est une intervention divine
- Description:
- Sakura Iroka 34 ans, mère de 3 enfants et infirmière scolaire depuis 2012 au sein de KHS. Une femme compétente et compatissante. Elle a une très bonne réputation au sein de l'établissement et, en général, les élèves la préfère à sa collègue (qui est pourtant très gentille aussi). L'avantage de tenir le post depuis de nombreuses années sans doute. Fiancée au professeur de musique Ryosuke Ogawa, enseignant aux classes PNJ à l'université, elle se marie en Mars et presque tout le monde est au courant car les rumeurs vont bon train sur le campus.
Sakura chantonne en terminant sa journée. Elle est fatiguée mais heureuse à l'idée de retrouver son futur mari - C'est dans un peu plus d'un mois kya ! - et ses enfants qui sont les plus beaux du monde, évidemment. Il y a eut pas mal de monde dans la journée, y compris pendant les heures de clubs et l'infirmière soupçonne de nombreux cas de Jréviztroémkoushtarite aigüe, une maladie fréquente lors des périodes d'examen et encore plus en Février. Elle les laisse se reposer et leur rappel que s'ils se couchent tard, ils n'auront pas les heures de sommeil nécessaire pour retenir ce qu'ils ont tant essayer de réviser, donc que ça ne servait à rien. Une morale qui rentre surement par une oreille et ressort par l'autre et ça, c'est une maladie commune souvent liée à l'adolescence...
Une fois tous les draps retirés et changés, elle les mets dans le bac à linges sales qu'elle ou sa collègue iront déposer à la laverie demain matin. Sakura récupère ses affaires, éteint les lumières, ferme la porte allant de la salle d'attente à celle des soins et de repos avant de se diriger vers la dernière porte : celle menant au couloir du bâtiment commun. La mère de famille pose sa main sur la poignée, appuie dessus l'enclenche et-
« Iroka-sensei !!! ! »
« Aah ! »
« Il... il... il »
« Tanaka-chan... Tu m'as foutu une peur bleue ! »
Un coup d'œil au jeune homme qui l'accompagne lui indique pour qu'elle raison, la jeune Tanaka à l'air si perturbée. Sa journée n'est donc pas terminée et elle n'est pas du genre à regarder sa montre quand il s'agit du bien-être de ses élèves.
« Entrez et installe le sur le lit le plus proche. Que s'est-il passé ? » dit-elle calmement, tout en rebroussant chemin pour ouvrir la porte qu'elle venait de fermer et allumer la lumière.
Elle sort son téléphone pour prévenir rapidement Ryôsuke qu'elle rentrera plus tard via un code secret "Urgence <3" signifiant : "J'ai une urgence, je vais rentrer plus tard que prévu, bon courage avec les enfants, je vous aimes et à tout à l'heure".
- InvitéInvité
Le mercredi 1er février 2018, 18h
Et ça pulse, dans son coeur. Nobu se sent tout fragile, tout faible, comme si son corps le lâchait. C’est la première fois qu’il sent ça. Mais p*tain, corps ! T’as toujours tenu ! Malgré la pluie, malgré le vent, malgré les vagues de la mer. Nobu ne comprend pas pourquoi il le lâche maintenant, pour rien d’autre qu’une petite chute, d’un petit footing, de trois fois rien.
Et plus son corps l’abandonne, et plus Nobu panique. Il ne comprend pas tous les signaux que son pouls renvoie. Il ne comprend pas qu’il s’agit de peur, d’angoisse. Il ne comprend pas, parce que c’est la toute première fois. Alors, il a l’impression que ça va mal. Corporellement mal. Qu’il cache une maladie, quelque chose qui vient de se déclencher.
Et l’idée de ne pas pouvoir une infirmière, c’est effrayant. Il allait baisser les bras quand Nissa lui redonne espoir. « C’est vrai ?! » Il n’entend rien, lui, parce qu’il n’entend que son coeur battre dans les oreilles, mais il a bien envie de croire la jeune fille.
Et elle avait raison.
L'infirmière sort de son antre, une auréole autour de la tête. Ou ça, peut être que c’est Nobu qui l’invente, parce qu’il l’imagine comme un ange. Il se laisse porter, se laisse guider, marche vers le lit pour s’y asseoir, puis s’y allonge. Nobu se calme un peu, il a l’impression que c’est bon, tout va mieux aller, maintenant qu’il va être pris en charge. Il reprend doucement sa respiration pour expliquer.
« Je, je courais... » Il a quand même une respiration assez marquée. « Pour… Pour… » Pourquoi ? « Bref, je, je courais et puis, je suis tombé. » Il regarde Nissa, comme pour vérifier dire la vérité. « Elle m’a… aidé ? Je croyais aller bien. » Et là son coeur se remet à battre, et des petites larmes remplissent ses yeux. « Mais je crois que ça ne va pas bien du tout. »
Ses émotions débordent.
- InvitéInvité
« D-désolée sensei, c'était un p-peu la p-panique ! »
Le garçon a l'air quelques peu apaisé de son côté, au vu de sa respiration un peu moins hachée.
C'est carrément positif, ça !
Je l'emmène précautionneusement jusqu'au lit le plus proche comme Iroka-sensei nous a invités à le faire, et l'aide à s'y asseoir. Comme l'infirmière lui a posé une question, je laisse le jeune homme expliquer ce qui lui est arrivé et hoche la tête pour corroborer certains de ses propos.
Alors quand je sens le désespoir perler dans sa voix, je me sens encore une fois bien insignifiante, et surtout impuissante. J'hésite à poser la main sur son avant-bras, mais j'ai peur de le stresser encore plus qu'il ne l'est. Je lui tends tout de même un mouchoir en voyant ses yeux se piquer de larmes.
« Après s'être levé, son état s'est dé-détérioré d'un coup. Il ne tenait p-plus sur ses jambes, a-alors je l'ai amené jusqu'ici »
Je lève les yeux d'espoir vers notre sensei.
- Tenue:
- PNJNon validé ; bouhouhou■ Age : 35■ Messages : 6341■ Inscrit le : 31/03/2008
PNJ : Sakura Iroka
Ceci est une intervention divine
- Description:
- Sakura Iroka 34 ans, mère de 3 enfants et infirmière scolaire depuis 2012 au sein de KHS. Une femme compétente et compatissante. Elle a une très bonne réputation au sein de l'établissement et, en général, les élèves la préfère à sa collègue (qui est pourtant très gentille aussi). L'avantage de tenir le post depuis de nombreuses années sans doute. Fiancée au professeur de musique Ryosuke Ogawa, enseignant aux classes PNJ à l'université, elle se marie en Mars et presque tout le monde est au courant car les rumeurs vont bon train sur le campus.
L'infirmière écoute silencieusement, agit calmement et sans aucune précipitation. Depuis son entrée dans la pièce, le jeune homme semble déjà aller un peu mieux. Elle l'a souvent remarqué ce comportement que ce soit ici ou durant ses études. Bien souvent, les patients arrivent paniqués au cabinet ou à l'hôpital, inquiet de leur état qui allait de mal en pis sur tout le trajet avant de voir leur maux disparaître peu à peu une fois dans l'enceinte de l'établissement. Le stress peut être un allié comme le pire ennemi... Cependant, Sakura n'est pas du genre à minimiser les choses et elle prend à coeur de toujours écarter les pires scénarios avec des faits et des actes. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle est souvent préférée à sa jeune collègue, jugée moins "compétente", la pauvre...
« D'accord, je comprends. Nous allons donc prendre les constantes pour en savoir plus. Je vais commencer par la tension si tu veux bien... Quel est ton nom ? » demande-t-elle avec un sourire à la fois chaleureux et rassurant.
Une fois sa réponse reçue, elle se présente également - il n'est pas obligé d'avoir déjà entendu parlé de moi après tout ! - enchantée de le rencontrer malgré les circonstances, tout en palpant doucement le pli du coude de ses index et majeur afin de trouver l'artère. Rapidement, elle présente le brassard au bras qu'il lui tend, plaçant précautionneusement le pavillon du stéthoscope sur l'artère précédemment repérée. D'un geste répétitif mais non précipité, elle appuie sur la pompe d'un main et maintiens le pavillon en place de l'autre. L'aiguille du manomètre monte à 230 avant de redescendre doucement, guidée par l'infirmière rôdée à cet exercice. Les battements se font entendre assez vite, rien d'anormal vu son état de panique et disparaissent après quelques oscillations d'aiguille sur le cadran. Sakura chasse complètement l'air sous pression, un son qu'elle trouve plus apaisant que les tensiomètres électroniques. Etait-ce un choix délibéré d'utiliser un modèle à l'ancienne ? Totalement ! Et elle l'assume sans aucun problème en annonçant ses chiffres au patient, sans une once d'inquiétude dans la voix.
« Je vais profiter du stéthoscope pour écouter ton coeur. À travers le t-shirt.»
L'infirmière n'allait pas le dénuder devant une autre élève alors qu'elle n'en a pas nécessairement besoin. Elle attend son accord et appose le pavillon, fermant les yeux. Il bat encore vite mais elle est confiante, réussir à le calmer ne peut que l'aider à aller mieux. Sakura se place dans son dos et pose à nouveau le pavillon. Cette fois, c'est pour le faire respirer profondément.
« Inspire... et expire prooofon-dé-ment... Parfait, continue... » dit-elle calmement, tout en déplaçant le pavillon, qu'elle espère de paix pour le jeune homme.
La tension musculaire du patient semble de moins en moins importante, signe qu'elle ne s'était pas trompée. La crise de panique peuvent provenir de tout et n'importe quoi du moment que l'esprit, ainsi que le stress, décide de se mêler de ce qui ne les regarde pas.
« Super. Comment te sens-tu à présent ?» Sakura l'écoute attentivement avant de reprendre avec le sourire. « Je penses que tu as dû te surmener dernièrement et que ton corps te demande, un peu violemment je te l'accorde, de te reposer... Prends le temps qu'il te faut pour ça, je te laisse en bonne compagnie et suis juste à côté si besoin, okay ? »
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Le mercredi 1er février 2018, 18h
Elle est gentille, l'infirmière. Et puis elle est gentille aussi, la Nissa. Nobu ne sait pas bien dans quel état il serait s’il ne les avait pas rencontrées, toutes les deux. Il serait peut-être encore étalé contre le sol. Tout seul. Absolument tout seul. Dans le noir. Cette idée lui serre encore un peu plus le cœur et sa respiration qui s’était calmée commence à s'accélérer de nouveau. Heureusement, Sakura lui parle, et il doit bien se concentrer, pour comprendre ce qu’elle dit, et s’échapper de ses propres pensées.
Alors qu’il tend son bras, pour que Sakura puisse prendre sa tension, il lui dit : « Nobu. Nobu Yoshimoto. Deuxième année littéraire. » Il en dit un peu trop. Ce n’est pas bien grave. Au moins, réfléchir à sa propre identité lui a permis de quitter un peu ses pensées. Il regarde tous les gestes de la professionnelle. Elle prend soin de lui, et ça l’apaise. Il se sent en sécurité, et il se sent soutenu. C’est chaleureux.
Après la tension, c’est le cœur. Et il inspire, et il expire. Et ça aussi, ça lui fait du bien. Chaque inspiration est plus lente. Et chaque expiration est plus lente, aussi. Il a l’impression que l’air passe par sa gorge pour se disperser dans tout le reste de son corps. Et même les doigts. Et même les orteils. Alors, quand l’infirmière lui demande comment il va, il répond : « Beaucoup mieux, maintenant, merci. »
Et il est rassuré, que ce ne soit rien d’autre qu’une histoire de fatigue et d’effort. Alors, quand elle s’en va, il ferme un instant les yeux pour soupirer, avant de les rouvrir et de sourire à Nissa.
« Pardon, j’ai dû être un peu flippant. »
A juste titre, il avait vraiment très peur.
- InvitéInvité
Alors quand l'adulte demande comment il se sent, et explique les potentielles raisons de son mal-être, je reste au taquet. Je retiens un petit soupir soulagé en entendant Yoshimoto-san confirmer le mieux dans son état, si chaotique quelques minutes plus tôt.
« Merci sensei ! »
L'infirmière disparaît et nous laisse tous les deux. À son soupir, suivi de cette réalisation me fait sourire nerveusement. Cet affront se dessine sur mes lèvres avant que j'ai le temps de l'entraver, et j'ai peur que le garçon prenne ça pour de la moquerie.
Par dépit, cramée, je hoche la tête.
« Ne vous excusez p-pas, l'imp-portant, c'est que vous allez mieux ! »
Je tire sur les manches de ma veste, un peu coupable. En vrai, j'étais totalement terrorisée. Même si la chance – incarnée par l’infirmière, nous a tous les deux souris - pour ne pas dire sauvés, repenser à cette impuissance me fait chavirer le cœur.
J'aimerai être plus forte à l'avenir.
« Oh euh ! Comme j'ai entendu votre nom, je me p-présente... Tanaka Nissa ! »
Je m'incline sur ma chaise, un peu gauche.
- InvitéInvité
Le mercredi 1er février 2018, 18h
Nobu esquisse un petit sourire. Elle est gentille, cette fille. Vraiment très gentille, peut être un peu trop gentille pour son bien. Nobu n’a pas l’habitude. Pas qu’il rencontre des personnes désagréables, plutôt qu’il préfère ne rencontrer personne. C’est plus simple, afin de ne pas être déçu. Mais il se rend compte que sans cette fille, il aurait pu se retrouver dans une bien mauvaise posture.
Comme quoi, il a peut-être besoin d’un peu plus s’entourer.
« Si, vraiment, j’insiste. Sans vous, je n’aurai peut-être jamais eu l’idée, la force, ou le courage, ou peu importe quoi de venir jusqu’à l’infirmerie. »
C’est drôle, cette envie soudaine de Nobu de remercier de nouveau. C’est sûrement parce qu’il est touché par cette drôle de jeune fille, qui ne cesse de tirer sur sa veste, et de le fuir du regard. Elle est mal à l’aise, et Nobu se doute que c’est de sa faute. Il l’a mis dans une drôle de situation, et lui vient alors une idée :
« Alors, Tanaka-san, si je peux vous aider, pour quoi que ce soit à l’avenir, n’hésitez pas à demander mon aide. Ce sera avec plaisir. » Il cherche son téléphone dans sa poche, mais il ne le retrouve pas. En fait, il ne le prend pas toujours pour courir, son jogging n’a pas d’assez bonnes poches, et il n’a pas encore investi dans une pochette adaptée. « Je peux vous donner mon numéro ? »