[terminé] Ce reflet que je ne veux pas voir [PV Nobu]

Mer 11 Jan 2023 - 22:38

Ce reflet que je ne veux pas voir

Le jeudi après-midi était un temps sacré pour Mathéo. La matinée, il avait ses cours. Il passait ensuite son début d’après-midi à la bibliothèque pour étudier avant d’enfin pouvoir se détendre en allant au club de natation. Puisqu’il avait absolument voulu s’inscrire dans trois clubs différents au début de l’année, il avait dû sacrifier certaines journées d’entraînement, ce qui ne les rendait que plus précieuses. Le lundi, il venait s’entraîner. Le mardi, il était avec le club de littérature. Le mercredi avec celui de traditions japonaises. Enfin, il pouvait à nouveau s’entraîner le jeudi. Il lui fallait donc tenir deux journées sans entraînement chaque semaine et mine de rien cela lui était plus difficile qu’il ne l’aurait cru. L’entraînement de natation n’était pas seulement un entraînement, c’était son exutoire. Il avait besoin de ses temps dans l’eau pour décompresser et dépenser toute l’énergie bloquée dans ses articulations et sous ses muscles, faute d’être resté assis sur une chaise à bosser ses cours trop longtemps. Il avait essayé de faire du jogging ou de la musculation sur son temps libre à la place mais cela n’avait pas été aussi efficace. L’eau était sans doute pour beaucoup dans son apaisement. Il s’y sentait comme un poisson, y retrouvant un peu de liberté et de paix. Dans l’eau, il ne pensait plus aux examens ou à ses problèmes, il nageait, se concentrait sur ses mouvements et sa respiration. Cela avait une sorte d’effet méditatif. Sous l’eau, c’était alors le monde tout entier qui n’existait plus. Tout ce qui l’oppressait ou le stressait s’y évaporait. Il ne restait plus que lui.

Il en avait tellement besoin qu’il avait sacrifié la moitié de son temps alloué au club de littérature le vendredi pour faire une heure d’entraînement avant le week-end. A l’origine, il ne comptait pas se rendre à la piscine trois fois par semaine mais le stress des examens l’avait récemment rappelé à la raison. Il n’aimait pas nager le week-end car la piscine était souvent envahie de pensionnaires qui grouillaient de partout et pensaient davantage à s’amuser qu’à nager. Il devenait pourtant une espèce de bombe à retardement le week-end s’il ne nageait pas, sacrifier une heure du club de littérature avait donc été sa seule solution pour tenir ses week-end de révisions.

A peine aperçu-t-il le carrelage verdâtre de la piscine que ses épaules tombèrent, soulagées d’un poids. Il alla se changer dans les vestiaires pour y enfiler son maillot de bain et le bonnet qui allait avec. Avec les années, il avait appris à ne plus avoir honte de le porter. C’était devenu si habituel qu’il l’oubliait d’ailleurs souvent. Il déposa ensuite ses affaires personnelles dans l’un des casiers mis à disposition, dont il accrocha la clé autour de son poignet avant de passer sous les jets chauds de la douche et de rejoindre le bassin. Il était encore un peu tôt, l’heure des clubs ayant à peine sonné. Il n’était pas encore bien nombreux. Il salua deux camarades qui nageaient déjà de leur côté tandis qu’il posait sa serviette et sa bouteille d’eau dans un coin. Il lui fallait commencer par l’échauffement habituel, qu’il commença en douceur : rien de bien compliqué, quelques rotations des épaules, de la tête et du bassin. « Bonjour » lâcha-t-il au passage à un autre membre qu’il reconnut un peu plus loin. Ses yeux avaient du mal à rester fixé sur un objectif lorsqu’il était à la piscine. Ils avaient toujours tendance à se balader par-ci par là, vaguant d’un camarade à un autre. Heureusement, ça aussi cela disparaissait une fois qu’il était sous l’eau. Il jeta un nouveau coup d’œil au camarade en question, profitant de son échauffement jambier pour l’observer discrètement. Il n’avait jamais vraiment eu l’occasion de discuter avec lui, les fois où ils se croisaient au sein du club, ils se contentaient souvent de s’entraîner chacun de leur côté. Rares avaient été les fois où ils s’étaient retrouvés pris dans les mêmes conversations de groupe également, il ne connaissait donc pas grand-chose de lui. Si ce n’était son nom : Nobu Yoshimoto, et le fait qu’il étudiait en deuxième année de littérature. Nobu faisait partie des rares personnes qui ne le sollicitaient pas intempestivement donc il profitait souvent de la tranquillité qu’il lui offrait, au risque de ne pas en savoir davantage sur lui. Il ne l’ignorait pas pour autant, loin de là. A vrai dire, il aurait préféré être en mesure de l’ignorer mais Nobu faisait partie de ceux dont il peinait à détourner le regard un fois en maillot de bain. Le pire, c’était lorsque Evan et lui étaient tous les deux présents au club… ses entraînements se transformaient alors en entraînement de survie. « Être aussi bien foutu, ça devrait être interdit » pensa-t-il avec désespoir. Comment était-il censé leur survivre ?

Ses yeux traînèrent sur les abdos et les bras musclés de Nobu, puis croisèrent son... regard ? URH. Il était démasqué ? Avait-il remarqué qu’il le matait ? Ni une ni deux il s’avança vers lui. Son cœur battait à mille à l’heure, encore peu remis de l’effet de surprise qui venait de le frapper mais il tâcha de ne rien laisser paraître. Le mieux était d’assumer ce regard, il lui fallait trouver une excuse, n’importe laquelle, tant qu’elle justifiait un regard insistant.

« Yoshimoto-Senpai, tu veux bien qu’on s’entraîne ensemble ? Je comptais faire quelques longueurs pour m’échauffer avant de faire du crawl… et je me demandais si ça te gênerait de me chronométrer ? » lui demanda-t-il en se grattant derrière l’oreille, un peu gêné par son mensonge tout de même.

artemis

Sam 14 Jan 2023 - 16:46

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

PLOUF.

Tête baissée, yeux fermés, bras tendus, Nobu plonge dans le grand bain. La piscine universitaire, ça ne vaut pas la mer. Mais à défaut de mieux, le club de natation lui permet de se vider la tête. Les examens de décembre sont passés, et se sont bien passés. Le niveau d’études à Kobe est à peu près le même que celui de sa précédente université. Alors, Nobu n’a pas eu à rattraper de retard.

Pourtant, les semaines dernières, il n’a pas voulu jouer avec le feu. Il a préféré, le temps de quinze jours, être absent de ses clubs. Ces créneaux horaires ont été réservés à des révisions plus ou moins intenses, entrecoupées de siestes, et de pauses écriture.

Nager lui a manqué. Alors il brasse, il papillonne, il crawle. Il pourrait rester dans l’eau des heures et des heures, jusqu'à ce que la peau de ses doigts tire à force de se plisser. Il profite de son temps libre, de ses vacances. Ce Noël, il ne rentre pas à Ine. Il ira voir ses parents pour le nouvel an. Il a besoin de prendre du temps pour lui, à Kobe.

Et puis, il a un show de Drag Queen le 25 au soir.

Alors qu’il nage, il réfléchit. Quand il y pense dans son lit, ça le rend tout anxieux. Il n’est encore jamais monté sur la scène du bar gay. Sa Drag Mother l’encourage souvent. Si elle est certaine que Nobu serait un excellent performeur, l’étudiant en est bien moins sûr. Il n’aime pas vraiment la lumière.

C’est dans quatre jours, et Nobu a de plus en plus de mal à penser à autre chose. Il a réfléchi à la musique, à la tenue, aux pas de danse. Les paroles de sa chanson, il les connaît par cœur. Il ne peut pas se tromper au lip sync. Et alors qu’il nage, il se les répète, juste pour se rassurer.

Il a l’impression d’être tout seul, dans cette grande piscine. Pourtant, ses camarades du club profitent également de l’eau. Ils sont un peu moins, aujourd’hui. Certains sont rentrés dans leurs familles pour les fêtes de fin d’année. Nobu aimerait que ce soit tout le temps comme ça.

Mais Mathéo croise son regard.

Nobu tourne la tête, immédiatement. Il veut rester seul, il a encore beaucoup trop de choses en tête. Il a besoin de se vider, pour sortir de l’eau complètement assagi. Et alors qu’il se pensait clair, prêt à se lancer pour une énième longueur, seul, vraiment tout seul, avec personne d’autre, Mathéo l'interpelle. Oh non. Non non non non non.

Pourtant, Nobu aime bien Mathéo. Il est du genre à lui laisser la paix. Ils se saluent, et c’est tout. Mathéo, il ne veut rien savoir de la vie de Nobu, et c’est parfait. Pas de questions sur ses passions. Pas de questions sur ses études. Pas non plus de comparaison de performances. Ils se contentent d’être là, et de supporter la présence l’un de l’autre.

Pas cette fois.

Pourquoi, pas cette fois ?!

« J-Je…» Et voilà qu’il bafouille. C’est ridicule. Nobu cherche quelques instants ses mots. « Oui, oui, d’accord. »

Il aurait pu refuser. Il allait, même, refuser. Mais il a remarqué l’air gêné de son camarade. Nobu se sait parfois distant. Est-ce qu’il met mal à l’aise Mathéo ? Peut-être que oui. Peut-être qu’en fait, c’est pour ça qu’ils ne se parlent jamais, et qu’ils préfèrent simplement se saluer au détour des vestiaires. A milles années lumières d’imaginer Mathéo homosexuel, Nobu ne voit pas à mal ce premier pas vers lui. Et puis, ce n’est qu’un chrono.

En quelques brasses, il nage jusqu’au bord, sort de l’eau et récupère un petit chronomètre. La brise fraîche dresse tous les poils sur sa peau. C’est très désagréable, mais Nobu n’a pas prévu de serviette à se mettre sur les épaules. Il revient à Mathéo, et pousse un soupir de soulagement au contact de l’eau.

« Tu veux que je te chronomètre sur combien de mètres ?»

KraKhot

Mer 18 Jan 2023 - 23:40

Ce reflet que je ne veux pas voir

Mathéo regardait Nobu sortir de la piscine avec soulagement. Il ne s’en était pas si mal tiré. Ce dernier avait accepté de le chronométrer, ce qui voulait sans doute dire que son mensonge était passé. Pourtant, à la tête que Nobu avait tiré lorsqu’il l’avait interpelé, il s’était imaginé le jour de sa fin arriver. L’expression déconvenue de son senpai lui avait filé plus d’une sueur froide. Nobu lui avait semblé mal à l’aise alors il ne savait pas s’il croyait son mensonge à cent pour cent ou s’il avait accepté d’y croire pour ne pas lui porter préjudice seulement. Il espérait sincèrement avoir réussi à le berner, les tabous n’avaient jamais été son fort. Il passa une main sur son front pour retirer les goûtes de sueur qui s’étaient mêlés à l’eau qui lui dégoulinaient des cheveux, humides à cause de la douche. Okami-sama… qu’on lui vienne en aide avec cette faucheuse tendance à laisser ses yeux se balader sur ses collègues masculins ! Il avait terriblement honte d’avoir à mentir pour effacer toute trace de son méfait. Combien de temps allait-il tenir comme ça ? A bien y penser, cela relevait déjà du miracle qu’il ne se soit jamais fait prendre jusque là. Pour cette fois encore, il s’en sortirait sûrement, mais la prochaine pouvait être la dernière… Il n’osait même pas y penser. Il poussa un soupire discret en baissant les yeux sur ses propres doigts de pieds. Posés là, ces derniers ne risquaient pas de le trahir. L’idée qu’un jour on pourrait découvrir qu’il était attiré par les hommes lui glaçait le sang. Il s’imaginait devoir se défendre, mentir davantage, s’engouffrer un peu plus dans le déshonneur… et perdre totalement la face. Rien que d’y penser, il en avait mal au ventre. Peut-être qu’il lui faudrait encore se trouver une petite amie pour cacher la triste vérité ?… Hah… Mais, il n’aimait pas faire perdre leur temps aux femmes, ni feindre de les aimer. L’expérience avait prouvé qu’il n’était pas doué pour cela. Heureusement, le retour de Nobu le ramena à la réalité. Pour l’instant, il n’en était pas encore là, il ne servait à rien de se rendre malade.

« Sur les 100 mètres, s’il te plaît, Senpai » répondit-il, le visage fermé. Nager allait lui rafraîchir les idées…

Il s’avança jusqu’au plot, réalisant de nouveau quelques échauffements pour les épaules avant de se mettre en position. « Je vais d’abord faire un aller-retour simple, tu peux arrêter le chrono quand je touche le mur de départ », ajouta-il, plus pour laisser le temps à son coeur de se calmer que pour informer Nobu. C’était évident, il avait déjà du chronométrer une longueur. Il prit une grande respiration, attendit que son camarade lui donne le départ et plongea dans l’abîme réconfortante de l’eau. Son corps s’y engouffra quelques secondes avant d’onduler pour remonter à la surface. Son coeur lui sembla malgré tout si lourd qu’il se demanda si cela lui serait possible. Il n’eut pas à se questionner bien longtemps, l’habitude de l’entraînement le sauva. Il commença à crawler, aussi vite qu’il le pouvait, dans un enchaînement libérateur. Chaque fois qu’il nageait, le reste du monde perdait de son importance. Il n’y avait plus que lui et sa nage, qu’il menait comme si sa vie en dépendait. A cause du stress, il avait encore un peu de mal à bien gérer sa respiration, ce qui finirait par le ralentir, mais il faisait avec. Après tout, en compétition, il serait sans doute stressé aussi. C’était sa nature, qu’il le veuille ou non. Ah… Si seulement il pouvait se dire ça pour son homosexualité aussi. Il ne fallait plus y penser !

A défaut de bien respirer, il avait au moins une certaine technique. Elle était loin d’être parfaite, mais elle donnait une petite importance aux heures d’entraînements qu’il y avait passé ces dernières années. Lorsqu’il arriva au mur, il tenta un virage culbute pour se remettre les idées en place. Il s’y entraînait régulièrement et cela commençait enfin à ressembler à quelque chose lorsqu’il l’effectuait mais il lui fallait encore se perfectionner. Il profita de la poussée maladroite du mur pour laisser ses muscles se reposer un peu avant de reprendre de plus belle. A mi retour, il commença à payer sa mauvaise respiration et ralentit malgré lui. Il estimait ne pas être en train de faire un trop mauvais temps et c’était le principal, tant pis s’il perdait l’occasion de surpasser son record. Pour cette fois, il avait une excuse et il pouvait toujours faire mieux après. Arrivé au mur de départ, il s’y accrocha pour reprendre son souffle. Il essuya ses yeux d’un revers de la main et les leva sur Nobu, tout essoufflé. « A...Alors ?… Com...bien ? »

artemis

Jeu 19 Jan 2023 - 16:48

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

« D’accord. »

Un exercice simple, en somme. Accoudé au rebord de la piscine, Nobu tient fermement le chronomètre dans ses mains. Il n’est pas habitué à ces objets. Au lycée, il ne fréquentait que très rarement la piscine municipale. Couvert de sa combinaison, il préférait passer du temps dans la mer. Il a découvert le goût du chlore lors de sa première année d’études. L’année dernière, il a préféré nager dans la piscine d’Osaka, plus proche du campus universitaire.

Il ne nage guère pour la compétition. A vrai dire, il n’est même pas certain de son chronomètre. S’il peut prendre goût pour la compétition, la plupart du temps, il s’agit pour lui davantage d’être endurant que d’être rapide.

« Je te regarde, t’y vas quand tu veux. »

Néanmoins, Nobu ne peut pas cacher le plaisir qu’il passe à regarder ses camarades nager. Leurs corps, frappés par la pression de l’eau, sont magnifiques. Qu’ils soient flasques, ou musclés, c’est moins un exercice de désir que de beauté. Nobu est touché par l'effort de la natation. Et Mathéo nage bien.

Chacun de ses gestes est précis. Son kohai contrôle chaque parcelle de son corps. Du bout de l’orteil jusqu’au haut de sa tête. C’est impressionnant. Même si la technique pourrait être améliorée, Nobu ne s’en rend pas compte. Il a appris à nager avec son père, et non en compétition. Sa technique à lui est très imparfaite. Alors, une nage comme celle de Mathéo, ça a quelque chose de sublime.

Nobu regarde, et en oublie le chronomètre. Donc, quand Mathéo arrive au bord, il oublie complètement de l’arrêter. Les secondes continuent de filer, et à la question de son kohai, Nobu, interdit, répond :

« Pardon. » Il se sent tout bête. « J’étais trop concentré sur ta nage, j’ai oublié d’arrêter. »

KraKhot

Sam 21 Jan 2023 - 18:50

Ce reflet que je ne veux pas voir

Il lâcha tout d’abord un « Ah ». Il faut dire qu’il s’attendait à tout sauf à cette réponse. C'était une simple onomatopée, énigmatique pour lui-même et qui ressembla davantage à un soupire qu’à une tentative de communication tant il était essoufflé. Était-il frustré ? Surpris, peut-être seulement ? Ou bien perplexe ? Déçu ? Il ne pouvait pas encore le dire. La seule chose à laquelle il pouvait penser maintenant qu'il se retrouvait à nouveau devant lui, c’était sa honte. Sa honte et le fait qu’il n’avait sans doute pas su suffisamment cacher son étonnement à Nobu. Or, il ne souhaitait ni l’embarrasser ni lui donner l’impression qu’il l’accablait.

Comme il avait déjà vu des feux de colère démarrer avec moins que ça, il s’empressa d’ajouter un « C’est pas grave. ». Grave, effectivement, ça ne l’était pas. Mais tout de même, il s’attendait à plus de sérieux de son senpai. Oui, voilà, un début d’explication lui sautait à la gorge : il était bien frustré. Son cerveau, embrumé par sa respiration saccadée, finit par retrouver un taux d’oxygène suffisant pour fonctionner correctement. Il prit alors la mesure de la réponse de Nobu. Il venait de lui avouer avoir été trop concentré sur sa nage ? Pourquoi ? Il sentit une pointe de stress lui titiller le ventre à nouveau.

Est-ce qu’il avait si mal nagé que ça ? Il n’en avait pas eu l’impression pourtant. Est-ce que sa technique lui semblait trop superficielle ? Parfois, il s’en faisait la réflexion mais comme il se savait exigeant envers lui-même, il avait essayé de ne pas trop s’attarder sur ce détail, supposant que peu de ses camarades de club pourraient le constater aussi. Avait-il eu tord ? Nobu avait-il vu la supercherie ? Le peu de traces qu’il laissait de ses éventuels moments de faiblesse ? Ou peut-être était-il plus crispé qu’il ne le ressentait et que la tension qui lui griffait l’intérieur du corps depuis que leurs regards s’étaient croisés lui avait donné une allure étrange ou un rythme tanguant ? Il mit fin au supplice en demandant, la mine très sérieuse. « Tu peux être honnête, Yoshimoto senpai. Qu’est-ce qui n’allait pas ? »

artemis

Dim 22 Jan 2023 - 15:57

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

Nobu est un piètre senpai. Ce rôle, il ne l'aime pas vraiment. Si en littérature, il peut jouir d’une certaine expérience, en natation, il aimerait mieux qu’on le laisse tranquille. Alors, il préfère envisager sa relation avec Mathéo comme une simple camaraderie, de laquelle il peut apprendre.

Voilà pourquoi il n’a aucune honte lorsqu’il répond : « J’en sais rien. », le plus simplement possible. Pas question de mentir, et d’imaginer de faux problèmes pour garder la face. Un peu désinvolte, Nobu hausse simplement les épaules, avant de remonter sur le bord de la piscine et s’asseoir.

Sans nager, l’eau commence à être froide, et il préfère finalement profiter quelques minutes du chauffage extérieur.

Pourtant, sa réponse ne semble pas suffisante. Mathéo attend plus de lui. Nobu peut le lire, dans son regard. Et pour éviter une discussion désagréable, il se contente de souligner :

« Peut-être que tu es un peu restreint dans tes mouvements de bras, quand tu la remontes, ton épaule est un peu bloquée, libère la pour des gestes plus amples. »

Mais pour qui il se prend ? Il se mord immédiatement la joue. Même s’il pense ce qu’il dit, Nobu se sent frauduleux. Il nage moins bien que son kohai.

« Bon, on reprend ? Je fais gaffe au chrono cette fois.»

Qu’on en finisse une bonne fois pour toutes.

KraKhot

Lun 30 Jan 2023 - 23:45

Ce reflet que je ne veux pas voir

Nobu sortit de l’eau pour s’asseoir sur le rebord. Alors, comme pour relever un défi personnel, Mathéo se força à garder les yeux rivés sur ceux de son Senpai. De cette façon, il pouvait les empêcher de se balader ailleurs. Il lui semblait prohibé de se permettre une telle folie. Il était trop proche, trop à découvert. Mieux valait être prudent. Il pouvait bien réussir à garder ses yeux en laisse quelques minutes, ça ne le tuerait pas, il n’était pas un animal sauvage !

Il écouta la critique de Nobu quant à sa nage avec une extrême concentration. Peu importe ce que le jeune homme pouvait bien avoir à y redire, tant qu’il lui parlait de sa nage, Mathéo pouvait s’en sortir. C’était la part facile dans cette situation : nager. Inconsciemment, il se toucha l’épaule en prenant note des conseils de son camarade. « Je vois » lâcha-il en s’empressant de baisser les yeux vers le fond de la piscine. Nobu commençait à frissonner et malheureusement pour lui, Mathéo le remarqua. L’engouement dans lequel son corps se retrouva plongé lui fit suffisamment peur pour qu’il préfère redoubler de prudence. Il ne pouvait prendre le risque de ne pouvoir retenir ses yeux de dévorer son pauvre Senpai. « reprends toi ! » s’ordonna-t-il mentalement tandis qu’il constatait son impuissance face à l’irrésistible tentation d’observer Nobu au travers de son reflet dans l’eau. Maintenant qu’il avait perdu sa concentration, chaque millimètre de peau que son camarade exposait à l’air libre devenait une douce torture. Plaisante pour le regard, terrifiante pour l’âme. « D’accord, merci, Senpai » répondit-il à la proposition de Nobu, acceptant de refaire une longueur pour se faire chronométrer pour de bon cette fois-ci. Il cala ses pieds contre le carrelage du mur sans plus attendre, se positionnant pour faire face à son destin et s’élança dans l’eau à la force de ses jambes. Très bien, cette fois-ci, finit de rigoler Mathéo Takahashi.

Il tenta de suivre le conseil de Nobu en relâchant davantage les épaules, ce qui lui fit effectivement gagner en vitesse et en précision. Ses mouvements s’enchaînèrent, plus fluides, plus vigoureux. Il était toujours autant stressé mais la déception et le dégoût qu’il éprouvait pour lui même l’obligeait à reprendre le contrôle de son corps. C’était le sien, non ? Pourquoi devrait-il le subir ? Il redoubla d’efforts, donnant plus de puissance aux mouvements de ses jambes également. Il se détestait d’objectiver ainsi les hommes qui pouvaient l’attirer physiquement. Ils n’étaient pas que des corps, ils n’étaient pas là pour le plaisir de ses yeux, ni pour nourrir ses fantasmes les plus dégoûtants. C’était des personnes, des camarades, des gens à qui il devait un minimum de respect. Dire que le pauvre Nobu acceptait naïvement de l’aider à s’entraîner… S’il savait ! A mesure qu’il se rapprochait de l’autre rive, l’image du reflet de Nobu dans l’eau lui revenait plus vivement à l’esprit. Elle se fit si nette qu’il finit par s’obliger à garder les yeux ouverts une fois sous l’eau, effectuant son virage culbute. Si seulement le chlore pouvait lui brûler la rétine, il lui en serait reconnaissant. Il profita de l’élan offert par sa poussée contre le mur pour reposer ses muscles avant de reprendre de plus belle, plus énergétiquement encore. S’il déchargeait dans l’eau suffisamment de ses pulsions, elles finiraient peut-être par disparaître ?

Une fois de retour près de Nobu, il se hissa hors de l’eau tel un poisson volant. Sa respiration était toujours un peu saccadée et ses yeux étaient rougies par le chlore, mais il n’en avait que faire. Il posa un regard déterminé sur le jeune homme et lui demanda : « Cette fois-ci... s’était mieux ? ». Il en avait oublié son histoire de temps.

artemis

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

« Je vois. » C’est tout ? Et les yeux qui baissent, en plus. C’est froid. Les épaules de Nobu se tendent instantanément. C’est une drôle de réaction, de la part de son kohai. Nobu a essayé, pourtant, de lui donner une réponse satisfaisante. Mais ce n’est à priori pas assez. C’est crevant, toutes ces histoires et Nobu n’en a que faire de toutes ces procédures. Qu’est-ce qui l’empêche de renvoyer balader Mathéo, de lui dire que s’il n’est pas content de cette remarque, il peut bien aller nager tout seul ?

La paix.

Nobu n’a pas du tout envie de se disputer. Il aimerait juste que cette séance de piscine se termine, et le plus vite possible. Pour se faire, le plus simple est de détendre les épaules, respirer un bon coût, et laisser pisser. La prochaine fois, il fera semblant de ne pas le voir, de ne pas l’entendre, de ne pas le sentir ce Mathéo.

Alors, il se repositionne, tout au bout de la piscine. L’eau est fraîche, mais agréable. Ses jambes battent dans l’eau, tranquillement. Un bras accoudé au rebord, il garde les yeux bien rivés sur le chronomètre quand il fait signe à Mathéo de partir.

Il faut bien faire les choses, cette fois. Ne pas risquer un troisième chronomètre. Les nombres défilent sur l’écran du chronomètre. Nobu se risque quelquefois à remonter les yeux pour regarder Mathéo. Pas question de l’admirer. Ni lui, ni sa nage. Même s’il est plutôt mignon, et même s’il est plutôt bon. Il détaille le mouvement de ses bras. Il l’a écouté. Son épaule est plus mobile, et ses mouvements plus amples.

Le pouce prêt à stopper le chronomètre, Nobu fixe le bras de son kohai, et au moment, à l’instant même, où il pose le bout de son doigt sur le bord de la piscine, Nobu arrête. Alors, à la question de Mathéo, il ne peut s’empêcher de s’exclamer : « Une minute dix ! » Il ne sait même pas, si c’est bien. Plutôt, qu’il dirait. Ce n’est pas les scores des champions du monde, mais Mathéo n’a pas l’entraînement nécessaire pour les quarante-six secondes de David Popovici. « C’est bien ! » Il évite le “je crois”.

KraKhot

■ Inscrit le : 09/12/2022

Ce reflet que je ne veux pas voir

A l’entente de son score et de l’appréciation de son senpai, Mathéo poussa un soupire véritablement soulagé. Cette fois-ci, Nobu avait bien fait fonctionner le chronomètre. Il n’aurait pas à refaire l’exercice. « Je dois m’entraîner davantage, mais c’est mieux que mon temps habituel… Merci Senpai. » lui répondit-il, avec un sourire poli. Cela dit, il restait tout de même sur sa faim. S’il avait pu connaître son premier temps, son évaluation aurait été bien meilleure. Il trouvait dommage de ne pas pouvoir comparer ses deux temps. Dans ces conditions, il lui était impossible de savoir s’il s’était amélioré d’une séance d’entraînement à une autre ou s’il devait l’amélioration de ses performances au conseil du jeune homme, et cela le chagrinait tout de même un peu. Il se dit qu’il lui faudrait sans doute se refaire chronométrer une autre fois, en appliquant et en n’appliquant pas son conseil, pour le savoir. En y pensant, c’était assez frustrant car il avait l’impression de ne pas être en mesurer de s’entraîner correctement en en restant là, mais il décida de s’en contenter malgré tout. Il ne pouvait décemment pas faire la remarque à haute voix, ni abuser de la gentillesse de Nobu une troisième fois. Celui-ci risquerait de prendre cela comme un reproche et il ne voulait pas le vexer. « Est-ce que tu veux que je te chronomètre ? » demanda-t-il, par politesse.

A vrai dire, il aimerait bien mieux que cette séance d’entraînement s’achève ici. Plus il passait de temps avec le jeune homme et plus il avait l’impression que l’épée de Damoclès qui lui pendait au dessus de la tête glissait vers lui. Seulement, il ne pouvait pas ne pas lui proposer, cela frôlerait l’ingratitude et il ne pouvait se le permettre. Il lui semblait que bien que chaque sport avait ses propres règles, tous avaient néanmoins en commun trois principes fondamentaux: celui du respect, de l’entraide et de fraternité. S’il commençait à y déroger, cela lui retomberait forcément dessus à un moment où un autre. « ou faire une course ? Comme tu préfères. » suggéra-t-il, n’imaginant pas une seule seconde que Nobu puisse avoir envie de fuir tout autant que lui.

artemis

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

« Chouette ! » Le “Senpai” contient un soupire de soulagement. Alors, comme ça, c’est fini ? Il va pouvoir reprendre le flot de ses pensées, et nager tranquillement. Il a beaucoup à réfléchir, notamment au sujet de sa performance du 24 décembre. Mais ça, il ne peut pas se le permettre de le dire à Mathéo. “J’aimerai être tout seul, je dois choisir quelle perruque irait mieux avec mes talons paillettés, la blonde ou la rousse ?” Mathéo est trop droit dans ses bottes. Trop sage. Trop parfait.

Mathéo, il ressemble aux types qui ont rejeté Nobu, à Osaka. Ceux qui, lorsqu’ils ont découvert son homosexualité, ont préféré se moquer de lui, plutôt que de le laisser tranquille. Le genre de mecs qui se sentent vexé dans leur masculinité. “Et ça s’attrape, ton truc ?” On lui avait dit, une fois, juste pour rire.

« Non, c’est gentil, mais je ne me chronomètre pas. » avait simplement répondu Nobu. Ce n’est même pas un mensonge. L’étudiant en littérature ne nage que pour le plaisir, jamais pour la compétition. Alors, comme pour ponctuer sa phrase, il se redresse sur le bord de la piscine. Comme ça, il va pouvoir ranger l’appareil et reprendre son chemin. Mais Mathéo lui propose autre chose.

« Euh… » Nobu se sent interdit, à moitié redressé. Son kohai est un peu trop collant. Beaucoup trop collant. Que faire ? S’il refuse, Nobu va vraiment passer pour un sale type. Et plus que sa tranquillité, Nobu tient à sa réputation. Pour ne pas faire de vague, comme à Osaka, il se tient à carreaux. S’il est sympa, personne n’ira lui chercher des noises. S’il accepte, il se colle Mathéo encore quelques minutes. Rien que quelques minutes. C'est vivable. « Je dépose le chronomètre, et ok pour une course. »

Ses mains poussent une bonne fois pour toute sur le bord de la piscine. Les muscles des bras, bandés, se dessinent. Il prend appuie pour complètement se redresser, et sort de la piscine. Il range le chronomètre dans une petite caisse à cet effet plus loin, avant de se rapprocher du bord. « Tu sors ? On part des plongeoirs ? » Tant qu’à faire la course, bien la faire.

KraKhot

■ Inscrit le : 09/12/2022

Ce reflet que je ne veux pas voir

Lorsque Nobu sortit de la piscine, Mathéo poussa un lourd soupire. Tout son stress et ses tracas s’y engouffrèrent dans une course contre la monstre pour s’enfuir le plus loin possible. C’était finit. Il n’y avait plus lieux de s’inquiéter, il venait d’éviter le pire. Nobu ne lui tenait visiblement ni rigueur de son regard précédemment insistant, ne semblait pas non plus se poser davantage de question à ce propos et mieux encore, il ne rejetait pas ses tentatives de sociabilisation. Il en était désormais à peu près sûr: soit, il ne l’avait finalement pas vu, soit il ne lui en voulait pas plus que ça. Dans les deux cas, Mathéo prenait allégrement.

Au fond, le seul problème qu’il lui restait sur les bras désormais, c’était lui-même. Ah… Si seulement il pouvait passer les prochaines minutes avec son senpai sans chercher à le relooker des pieds à la tête toutes les secondes, il se serait reconnaissant. Heureusement que Nobu refusait de se faire chronométrer. Cela retirait à Mathéo l’excuse nécessaire pour loucher avec gourmandise sur le pauvre homme. Une course n’était pas une si mauvaise idée, se dit-il en sortant de l’eau, lorsque Nobu l’invita à rejoindre les plongeoirs. Au moins, il serait concentré sur autre chose que les muscles aguicheurs de son camarade, et son envie de se perfectionner primerait sur son envie de s’abîmer les yeux sous l’eau pour une observation secrète. Pour une fois, il avait eu une bonne intuition en proposant cette course !

« Si tu veux » accorda-t-il à Nobu en l’ayant rejoint. « Est-ce que le perdant a un gage ? », ajouta-t-il sans grande conviction. Donner un gage au perdant lors d'une "compétition" était chose commune avec d’autres de ses camarades, il proposait donc l'idée pensant que c’était là ce que Nobu espérait, mais à vrai dire, il était bien nul pour effectuer ou inventer des gages. L'idée lui paraissait aussi quelque peu immature... Seulement, tout était bon à tenter pour s'en sortir.

artemis

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

La chaire de poule, Nobu regarde Mathéo sortir de la piscine. C’est qu’il est pas si mal fichu, maintenant qu’on le regarde. La natation, ça fait bien les choses. De bonnes jambes, un torse fin, des épaules droites. Nobu aimerait voir les cheveux de son camarade, cachés dans son bonnet de plastique. Il ne peut pas s’en empêcher, il a un truc pour les cheveux. C’est pas vraiment une histoire de texture, pas non plus de couleur, mais il aime les belles tignasses. Le genre de tignasse dans laquelle on peut perdre ses doigts. L’idée de glisser une main dans les cheveux de son kohai commence à se dessiner dans son cerveau.

Oh non. Non, non, non.

Ce n’est ni le moment, ni l’endroit. Nobu n’a pas du tout envie de se faire gauler. Ni de l’avoir. Alors, il tourne immédiatement le regard vers les plongeoirs. Il fait attention à ouvrir la marche. Il respire, pour penser à autre chose. Mais c’est trop tard, dès qu’il cligne des yeux, il imagine Mathéo, dans des positions… pas de natation.

Oh non. Non, non, non.

La dernière fois qu’on l’a cramé, ça s’est mal passé. Depuis, il fait gaffe à ne jamais draguer dans l’enceinte de l’université. Dans les bars, ça va. Ailleurs, c’est interdit. Alors, il ne se permet pas d’envisager d’idylles avec ses camarades. Même pas des mini idylles. Même pas des idylles de quelques secondes, contre la paroie des douches de la piscine. Oh zut. Il y pense.

Oh non. Non, non, non.

C’est bon, ça commence à gonfler, là-dessous. C’est très désagréable. Nobu cache son bassin, comme il le peut, avec ses mains. Il veut rester discret. Faites qu’il soit discret. Faites qu’ils commencent cette foutue course, surtout ! « Euh… Bah… » Nobu déteste les gages. Il trouve ça puéril. « Si tu le veux vraiment… » En fait, il ne sait jamais quoi demander. « D’accord. Allez ! » Il ne veut pas discuter, il veut plonger et se cacher le plus vite possible. VRAIMENT. Le. Plus. Vite. Possible. Ça commence à devenir urgent. « Trois, deux, un ! Go ! »

Et il plonge.

KraKhot

Jeu 2 Mar 2023 - 2:41

Ce reflet que je ne veux pas voir

Au gage, Mathéo n’y tenait pas tellement. Il fut de ce fait déçu de voir Nobu y montrer si peu d’attache. S’il avait su que son camarade n’était pas de ceux qui ne pouvaient faire sans pour s’amuser et se challenger, il se serait abstenu de le proposer. Il se sentait tomber dans son propre piège, une fois encore. « D’accord... » lâcha-t-il en voyant son Senpai se précipiter vers les plongeoirs. Il ne l’aurait pas cru s’y pressé de s’y mettre...

Il se demanda s’il s’en trouvait soudainement particulièrement motivé ou s’il cherchait à finir cette fichue course qu’il avait proposé au plus vite. Nobu semblait se tenir le bas du ventre et Mathéo hésita à lui demander s’il avait besoin de passer aux toilettes avant qu’ils ne commencent. Il pouvait bien attendre quelques minutes… d’autant plus qu’il savait qu’avoir envie d’y aller alors que l’on est dans l’eau était une chose particulièrement désagréable. Au moins, la question lui permit de ne pas se concentrer sur le corps musclé du jeune homme. L’imaginer avec une envie pressante était tout sauf sexy.

Une fois sur son perchoir, Mathéo se mit en position. Sans doute qu’il mettrait son Senpai dans l’embarras s’il le questionnait sur son possible mal de ventre ? De toute façon, ce dernier ne lui laissa pas le loisir d’hésiter davantage. Nobu lança le décompte et plongea plus vite que Mathéo n’eut le temps de réfléchir. Dans la foulée, ce dernier le suivit, plongeant tout de même avec quelques secondes de décalage.

Une fois dans l’eau, il oublia ses préoccupations et les muscles de Nobu. Seule sa nage le préoccupa. Après deux longueurs à fond les manèges, il fatiguait. N’importe qui aurait sans doute compris qu’il ne lui servait à rien de forcer plus que nécessaire avec cet exercice - il avait déjà donné tout ce qu’il pouvait lors de son chronométrage- mais Mathéo ne pouvait se contenter de laisser gagner son senpai par ce qu’il considérait être plus de la feignantise que de la fatigue. Il appliqua à nouveau le conseil de ce dernier, laissant le champ libre à ses épaules et papillonna des jambes à toute allure. Son crawl était moins bon que précédemment mais il arrivait tout de même à tenir la distance. Ce fut à mi chemin que les choses se compliquèrent pour lui. Son souffle lui fit à nouveau défaut et avec la fatigue, ses jambes perdirent peu à peu de leur vigueur. Nobu prit de l’avance.

Malheureusement, Mathéo ne savait abandonner. En constatant que Nobu se rapprochait dangereusement de la ligne d’arrivée avant lui, il redoubla d’efforts pour tenter de le rattraper. Sous l’eau, ses yeux cherchèrent à évaluer la distance qui les séparait. Il n’était pas si loin, il pouvait encore le rattraper ! Tant pis pour son point de côté et son coeur qui commençait à envoyer des s.o.s. Il lui était hors de question d’abandonner. Il ne pouvait s’y résoudre.

Mais, à quelques mètres de la ligne d’arrivée, son corps en décida autrement. Une vive douleur lui parcourut la jambe droite et le déséquilibra dans sa nage. Cette dernière refusa de se mouvoir davantage. Heureusement, il n'était plus très loin et put rejoindre le rebord à la force des bras, en semi-papillon, malgré le poids mort offert en malus par sa jambe droite. A bout de souffle, il s’essuya le visage d’un revers de la main et gratifia tout de même son Senpai. « B-bravo…haah B...Bien… joué...Hph », dit-il en tentant de récupérer son souffle. Une grimace le saisit malgré lui « Ne crois pas que… je veux éviter ton.. gage, Senpai...Hah. Mais… Je crois que… j’ai une crampe. ». Et cela était plus douloureux qu'il ne le pensait.

artemis

Jeu 9 Mar 2023 - 9:14

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

Il nage, sans s’arrêter. Il nage, presque sans respirer. Son corps, mécanique, bouge, alors qu’il essaie de se vider la tête. Mais pour Nobu, s’en était trop, il n’arrive pas à se retirer l’image de Mathéo. C’est ridicule. Nobu déteste son corps d’homme, parfois. Il déteste que ses pensées se voient si facilement.

Ses bras fendent l’eau un peu maladroitement. Il est meilleur, d’habitude. Il sent que son corps est lourd, tout autant que sa culpabilité. Il aimerait poser une main sur son entrejambe, mesurer la température, mais il n’ose pas. Ce serait indiscret, et puis le couperait dans son élan. Son cerveau est statique, mais son corps mouvant.

En fait, il n’y a déjà plus de preuve de son excitation soudaine. Le sang reprit son chemin vers le cœur, à force d’activité. Mais ça, Nobu ne le sent pas. Il ne sent plus rien de sensé. Il est devenu complètement parano. Et si Mathéo l’avait vu, sur le plongeoir ? Il pourrait le comprendre ? Non. Non ! Il le sait, Nobu. Les mecs n’ont pas envie de voir leurs potes bander. Ils se sentent super agressés par l’homosexualité. Comme une maladie que l’on attrape.

Les pensées de Nobu fusent, mais son corps continue. Il touche le mur et sort la tête de l’eau. Il est premier ? Vraiment, premier ? Pourtant, il n’était pas excellent. Il ne comprend pas bien, parce qu’il n’a pas fait attention à son adversaire de toute la course. Pas de sa nage, du moins. Il a l’air plus perplexe qu’heureux. Et puis, la respiration. La respiration de son kohai est anormalement coupée. Plus que tout à l’heure, alors qu’il a mieux couru. Une pensée le traverse : « Tu vas bien ? » Bien sûr que non, une crampe. « On s’en fout du gage. » Vraiment, Nobu n’a aucune envie d’y penser, en plus.

Il attrape le bras de Mathéo, et il le passe derrière sa nuque. La piscine est profonde, et pas question de faire travailler son corps davantage. Pour consolider sa prise, Nobu attrape la taille de Mathéo. Il chasse ses idées de la tête. C’est pas le moment pour les fantasmes ! Et il le soutient, sur quelques mètres, jusqu’au bord.

« Tu peux t’asseoir sur le bord ? On va étirer la jambe et la masser. » Il s’arrête. Oh merde. Il va rester dans l’eau, lui. Pas question d’être visible cette fois.

KraKhot

Ven 17 Mar 2023 - 2:36

Ce reflet que je ne veux pas voir

Sa jambe lui faisait mal. Un mal de chien. Chaque mouvement qui l’impliquait, aussi subtile était-il, lui provoquait une douleur si intense qu’il lui était impossible d’y réchapper. Ce n’était pas la première fois de sa vie qu’il avait une crampe mais force était de constater qu’entre temps il avait oublié à quel point c’était douloureux. Il n’eut pas le temps de réagir lorsque Nobu l’attrapa par le bras et la taille pour le rapprocher du bord. Il n’eut pas non plus l’occasion de protester malgré tous les neurones qui criaient à l’apocalypse dans sa boite crânienne. Ses yeux vagabondaient entre l’eau trouble dans laquelle se noyaient son portrait et celui du jeune homme et le torse de ce dernier. Jamais il ne l’avait vu d’aussi près. Et, il se demandait si l’horrible douleur qu’il ressentait venait réellement de sa jambe ou des battements paniqués de son coeur qui aurait préféré se jeter hors de sa bouche que d’avoir à subir une telle proximité corporelle. Nobu avait voulu l’aider à se rapprocher du bord, naïf quant aux intentions néfastes de Mathéo, inconscient de son geste… S’il savait à quel point il ne valait mieux pas le toucher. S’il savait comme il était heureux de souffrir à ce point en ce moment...

Il se demanda comment il avait pu en arriver là.

Tout avait commencé avec l’attraction magnétique de ses yeux sur le corps de son Senpai dont il avait voulu cacher le vice. C’était pour cela qu’il s’était lancé dans cette histoire d’entraînement. Les choses auraient pu s’arrêter là mais il avait aussi proposé à Nobu de faire la course avec lui. Et, maintenant qu’il se retrouvait à moitié dans ses bras, il se demandait s’il n’avait pas un inconscient machiavélique dont le plan diabolique se déroulait comme prévu. Lui qui avait tant souhaité ne pas poser son regard sur le jeune homme se retrouvait emprisonné contre lui désormais… Il avait du louper quelque chose. Le génie maléfique qu’il attribuait à son inconscient lui paraissait être la seule réponse sensée. Il se ferait souffrir lui-même si sa jambe ne s’en chargeait pas pour lui. Quel idiot, mais quel idiot !

Alors, quand Nobu le déposa près du bord et lui demanda de s’y asseoir pour le masser, il perdu toute foi en sa présomption d’innocence. « Je vous jure, monsieur juge, je n’avais rien prémédité ! C’est un malheureux hasard ! » pourrait-il crier s’il était à son procès. « Coupable » l aurait sans doute gratifié le juge en question. Il chercha à se hisser hors de l’eau à la force des bras, s’aidant de la seule jambe valide qui lui restait pour mais l’entreprise fut vaine. Il resta coincé les fesses en l’air, incapable de se projeter suffisamment pour avoir l’appuie nécessaire, et retomba dans l’eau en se griffant la cuisse au passage. Le seule avantage à cette tentative humiliante, c’était qu’avec sa crampe il n’avait pas sentie la griffure. « Non » conclua-t-il avec une grimace, machoire serrée par la douleur. « Aide moi à aller jusqu’à l’échelle, s’il te plait, Senpai. Je ne pourrais pas la monter mais ça devrait être plus facile de m'y asseoir » demanda-t-il en désignant l'heureuse élue quelques mètres plus loin. Ils se débrouillèrent pour la rejoindre et une fois devant, ses bras en appuie sur les barres et l’élan qu’il put donner avec sa jambe compétente suffirent à ce qu’il puisse s’asseoir sur la première des marches. C’était loin d’être confortable, c’était même d’autant plus douloureux que l’eau avait la fâcheuse tendance à pousser ses jambes à demie submergées au flottement. Il entreprit de se masser lui-même la cuisse, ce qui fut la pire des idées. « Argh ! Non, je crois qu’il vaut mieux ne pas y toucher en fait ! » grogna-t-il en se penchant sur le côté, serrant l’une des barres de l’échelle de toutes ses forces. C’était sans doute sa punition divine.

artemis

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

Il est têtu. Terriblement têtu. Ou alors, il refuse d’être touché. Un peu perturbé par Mathéo, Nobu garde ses distances. Mais il ne le quitte pas des yeux. A côté de l’échelle, toujours dans l’eau, il le laisse faire. Pourtant, il ne peut s’empêcher de se demander pourquoi refuse-t-il son aide à ce point.

Est-ce qu’il a compris, pour son homosexualité ? Non. Nobu tente de chasser cette idée. Ce n’est que très peu probable. Il est certainement trop fier. Du genre à vouloir tout faire tout seul. Nobu non plus, n’aime pas vraiment l’aide de ses pairs. Il a été habitué à grandir seul. Sans véritable ami pour le protéger, il a dû gérer lui-même les maux du corps, ainsi que les maux du cœur. Mathéo est peut-être du même genre.

Il redresse le regard vers Mathéo. C’est ridicule, il a l’air de ne pas pouvoir se soulager. Alors pourquoi diable ne demande-t-il pas de l’aide ? C’est sûrement parce qu’il a compris, pour son homosexualité ! Non, non, et encore non. Nobu essaie de supprimer cette méchante pensée, mais elle refuse de se faire la malle. Mathéo est peut-être juste timide ! Du genre à ne pas oser. A préférer ne pas déranger les autres, et se mettre de côté…

…Ou alors il a compris pour son homosexualité ! Nobu finit par se confronter à l’hypothèse. Après tout, il a lâché un indice. Un énorme indice avant de sauter dans le grand bassin. Un indice comme il n’en a jamais lâché. Et ça l’énerve. Pour le moment, il n’avait pas eu de souci à Kobe. Il avait évité depuis la rentrée des classes l’amitié des autres pour ne pas se trahir, accidentellement. Il avait préféré garder sa vie dans les bars gays secrète, et de ne pas en parler.

Et s’il n’avait suffit que d’une course à la piscine pour casser tous ses efforts ? Il ne supporterait pas de vivre le harcèlement qu’il a subi à Osaka. Pas une deuxième fois. Il barbote, pour essayer de s’en sortir, quand le gémissement de Mathéo le sort de ses pensées.

« Laisse moi faire. » Et merde, s’il s’est fait avoir, Nobu lâche les armes. Il ne peut pas laisser son camarade dans une si mauvaise position. A son tour, il emprunte l’échelle, pour le rejoindre. Il évite toute pensée malheureuse. De toute manière, il est bien trop anxieux pour ça. « On va masser la jambe, et faire quelques exercices d’extension. Puis du repos, et beaucoup d’eau avant de dormir. Tu es un bon élément et la présidente m’en ferait voir de toutes les couleurs si je ne prenais pas soin de toi.» Une bonne excuse, cette Elisabeth.

Nobu s'assoit à côté de Mathéo et attrape sa jambe. Il la masse, mais ça n’a rien de sensuel. Il y a quelque chose de médical, précis, dans ses gestes. Il applique strictement ce qu’il a appris, pour calmer le pauvre muscle endolori. « Désolé, ça peut faire mal. »

KraKhot

■ Inscrit le : 09/12/2022

Ce reflet que je ne veux pas voir

Les mots de Nobu le sortirent de la douleur pour le paralyser de peur. Le… laisser faire ? Que voulait-il dire par là ? Le moindre mouvement, tout aussi imperceptible était-il, le foudroyait d’une peine qui à chaque élan pourfendait davantage la chair de son muscle. Mieux ne valait-il pas le laisser souffrir dans son coin et attendre que cela passe tout seul ? Nobu se rapprocha et il sembla à Mathéo que cela en était bien plus qu’il ne pouvait le supporter. Entre la douleur, ses craintes et la proximité physique de son Senpai, il ne savait plus sur qui parier pour le faire couler dans les abîmes du malaise. « Je- C’est pas néce- » s’empressa-t-il de protester sans pour autant pouvoir terminer l’élan de ses protestations. L’étudiant avait raison… un massage, des étirements, du repos et de l’eau étaient sans aucun doute le traitement adéquate et à vrai dire, il l’aurait reçu sans broncher s’il avait été promulgué par quelqu’un d’autre.

Malheureusement pour lui, il n’eut pas l’occasion de s’en inquiéter bien longtemps, la douleur l’assailla dès que Nobu attrapa sa jambe pour la diriger vers lui. Ses mains s’agrippèrent de plus belle à la barre de l’échelle, il du serrer les dents pour ne pas jurer. Comment une simple crampe pouvait-elle faire aussi mal ? Bon sang… heureusement qu’ils étaient seuls. Il n’osait pas imaginer l’horreur sans nom dans laquelle il se serait retrouvé si Lizzy avait été avec eux. Au delà de sa volonté de prendre soin de lui, comme semblait l'imaginer Nobu, elle aurait surement prit un malin plaisir à l’admirer dans cette situation. Pire, elle aurait pu prendre la place de Nobu et en profiter pour… brrr, il préférait ne pas imaginer cette scène, elle lui filait des frissons d’horreur. « C-C’est rien ! » laissa-t-il échapper entre ses dents lorsque l’étudiant s’excusa. « Quelle poisse... » pensa-t-il en cherchant à ne pas se focaliser sur la douleur. Ce n'était décidément pas son jour... Non seulement, il avait faillit perdre sa couverture en étant prit sur le fait mais pour couronner le tout il arrivait à se rendre encore plus ridicule en obligeant son Senpai à s’occuper de sa jambe, passant pour un idiot incapable de gérer son propre corps. Ses yeux se posèrent sur les mains expertes de Nobu. Arf, quitte à se faire masser, il aurait préféré que cela soit dans d’autres circonstances. Urgh, à quoi pensait-il désormais ? Chut. Que son cerveau se taise à jamais. « Haaah... ça commence à aller mieux… Merci, Senpai » avoua-t-il en laissant son front se poser contre la barre de l’échelle, laissant la douleur s'échapper dans un soupire de mieux-être, les yeux fermés pour pouvoir profiter du soulagement momentané des mouvements agiles de Nobu. Sous ses doigts, la douleur disparaissait pour ne laisser place qu’à une douce et agréable chaleur. « ... Où est-ce que tu as appris à masser comme ça ?... » osa-t-il demander en prenant une grande inspiration pour tenter de se détendre davantage. "Il est doué..." pensa-t-il. Les vagues de fourmillement qui envahirent sa jambe disparurent presque aussitôt sous la chaleur des mains de l'étudiant. Mathéo ouvrir de nouveau les yeux pour le regarder. Il ne connaissait rien de Nobu, il n'avait jamais vraiment cherché à en connaitre davantage, toujours bien trop occupé à le fuir ou trop focalisé sur ses muscles.

Ses muscles.

Le rouge lui monta aux joues sans crier garde. Ses mains se jetèrent sur ses poignets pour les stopper et il se hissa sur ses pieds, reculant de quelques pas. « J-Je crois que c’est bon, je… Je vais m’étirer maintenant ». Sa jambe était encore un peu endolorie mais il devrait faire avec. Dépossédé de la souffrance plus rien ne pouvait le protéger de la sensation des mains de son camarade et celles-ci commençaient à devenir dangereusement agréables. Trop agréables. Si agréables qu'elles en menaçaient son intégrité. « ... Comment je peux te remercier ? » demanda-t-il en commençant à s'étirer. Il était hors de la piscine, il n’y avait plus de manteau aqueux pour cacher ses méfaits désormais, il devait être prudent.

artemis

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

Dans la tête de Nobu, il n’y a plus rien d’érotique. Il se contente de regarder la jambe de Mathéo, comme un objet. Il fait attention à écouter les signaux du corps. Et il ne le regarde pas, et il ne l’écoute pas, parce qu’il est à l'affût des muscles. Il comprend que certains mouvements détendent davantage la jambe endolorie. Pourtant, Mathéo souffre.

Nobu n’est pas un bon kinésithérapeute, et il le sait. Il puise dans le silence l’attention nécessaire pour promulguer les premiers soins. D’habitude, les professionnels parlent, pour détendre leurs patients. L’étudiant en littérature en est bien incapable. Et c’est pour ça qu’il répond, à la question de son kohai, assez rapidement, et assez froidement : « Mon père m’a appris. »

Son père n’est pas kinésithérapeute, mais il nage beaucoup. Pour le loisir, d’abord, et pour le travail, ensuite. Si ce n’est le contraire. Il connaît la mer comme personne, mais son corps est parfois trop fragile pour la dompter. Alors, il a appris à Nobu à le soulager. L’étudiant n’a jamais bronché aux demandes de son père. Il aime ces moments, rien qu’à eux deux. Il a l’impression que dans le silence du massage, il a réussi à tisser une relation. Une relation qui pourrait disparaître si rapidement.

Son père, il ne sait pas qu’il est gay. Sa mère non plus. Ni son frère. Personne, en fait, sauf une poignée de petits cons d’Osaka, qui aiment jouer de ça. Nobu a peur que ça se sache, parce qu’il a peur de la réaction de ses parents. Les autres, c’est pas grave. Les autres, il s’en fiche. Nobu n’a pas besoin d’amis tant qu’il a sa famille.

Mathéo sort de l’eau, et fuit le massage. Nobu redresse tout de suite le regard, partagé entre agacement et incompréhension. Il a senti que le muscle avait encore besoin d’un peu de soin, mais son kohai n’en fait définitivement qu’à sa tête. Il aimerait lui demander de revenir, pour terminer la session, afin qu’il puisse partir pour de bon, et se soigner, mais il a la sensation que Mathéo n’écoutera pas. Alors, il soupire légèrement : « Pas besoin de me remercier. » Nobu ne veut ni fleurs, ni récompenses. « Juste, peut-être, prend soin de toi, et fais attention à toi, pendant les prochains entraînements. » Histoire qu’il n’ait pas à le masser tous les jeudis.

Quoi qu’il y aurait plus déplaisant.

KraKhot

■ Inscrit le : 09/12/2022

Ce reflet que je ne veux pas voir

En entendant la réponse de Nobu, Mathéo arrêta de s’étirer, abandonnant sa jambe toujours endolorie à son triste sort, pour se concentrer sur l’étudiant toujours dans l’eau. A ses oreilles, celle-ci sonnait comme un aveu désagréable : il avait dérangé son Senpai. Non seulement il l’avait dérangé mais en plus il l’obligeait à s’inquiéter pour lui et à lui demander de prendre son entraînement plus au sérieux. « Je... » tenta-t-il de répondre lorsque ce dernier lui retourna ses remerciements. Pourquoi ne voulait-il pas être remercié ? Est-ce que c’était une manière de lui faire comprendre qu’il regrettait de s’être entraîné avec lui et qu’il souhaitait que cette séance prenne immédiatement fin ? Ce n’était pas comme si lui-même n’avait pas envie de se sortir au plus vite de cette situation, mais l’idée de l’avoir dérangé plus qu’il ne le pensait lui provoquait davantage de craintes que de soulagement. Il avait tout fait pour éviter que leurs rapports ne se détériorent… tous ces efforts avaient-ils étaient vains ? Les trois dernières minutes qu’ils venaient de passer ensemble défilèrent et re défilèrent dans son esprit. Il y chercha de quoi justifier une impolitesse de sa part ou… le moindre faux pas. Pourtant, il n’avait pas l’impression d’avoir été particulièrement embêtant. A moins qu’il…

Avait-il compris ?

Il sentit tout son corps se raidir.

« … Je ferais plus attention les prochaines fois, désolé… Senpai » promis-t-il, l'engouement vocal perdu et les yeux posés sur le sol. Il se sentait comme un enfant forcé aux excuses après avoir été pris sur le fait dans ses méfaits et avoir reçu une réprimande bien méritée. Ce qui était peut-être mérité mais tout particulièrement déplaisant.

Les prochaines fois, il s'échaufferait correctement avant de s'entrainer mais surtout il s'efforcerait de ne plus le regarder. C'était bien là tout de le problème après tout et c'était très certainement pour cela qu’il se sentait aussi coupable. Il n’osait plus poser les yeux sur lieu désormais. « … Tu es sûr pour les remerciements ? » demanda-t-il tout de même, embêté d’avoir à partir sans pouvoir arranger son cas. Peut-être allait-il un peu vite en besogne, peut-être Nobu était-il seulement agacé d’avoir eu à le masser ? Il pouvait toujours tenter d’améliorer la situation… non ? « … J’aurais souffert plus longtemps si tu ne m’avais pas aidé. Est-ce que je ne pourrais pas... ». Il porta une main derrière sa nuque pour se la frotter nerveusement. « … t’inviter à boire une bière… ou un thé… ? Pas forcément aujourd’hui, ça pourrait être une autre fois aussi. Ou si tu préfères manger quelque chose... ? » osa-t-il terminer sa requête. Ce n’était définitivement pas une bonne idée et il était certain de s’engouffrer dans les ennuis en proposant cela mais il se dit qu’après tout… puisqu’ils étaient tous les deux dans le même club, cela pouvait passer pour une rencontre tout à fait normal ? Enfin. Normal, ça le serait forcément. Ce n’était que pour le remercier.

artemis

Ce reflet que je ne veux pas voir

Avec Mathéo
Le jeudi 21 décembre 2017

C’est un jeudi, comme un autre. Un jeudi normal, quand on s’intéresse un tant soit peu à ses kohai. Allez, juste un jeudi, qui va bientôt se terminer, et Nobu pourra de nouveau penser à autre chose. Le jeune homme jette un oeil sur la grande horloge. Le club ne va pas tarder à fermer, et la piscine avec. Eh merde ! Il n’a pas fait ses longueurs. Non pas que Nobu souhaite garder une forme olympique, mais qu’il a besoin de se dépenser. Les semaines à Kobe ne sont pas de tout repos et il a besoin de se décharger dans l’eau.

Heureusement, Mathéo est prêt à partir, se reposer, retourner dans sa chambre, le lâcher.

L’est-il ? Quand l’étudiant en première année s’excuse, encore, Nobu peine à retenir un soupir. Il pensait que c’était plié, cette histoire. Il ne comprend pas pourquoi son kohai le retient. C’est comme s’il cherchait à passer du temps avec lui !

Oh.

Oh !

La pièce tombe. Et si… Et si Mathéo le draguait ? Maintenant, tout semble évident. Les œillades. Et puis la course. Et puis le massage. Et maintenant, l’invitation à boire une bière. Une bière ! C’est même pas une canette, ou une brioche. C’est une bière. Nobu regarde Mathéo.

Mais non. Ce n’est pas possible. Les gays, ça ne court pas les rues, et surtout Nobu n’est pas ouvertement outé. Comment Mathéo aurait pu deviner que… Le gaydar ? C’est quelque chose que Nobu connaît sans comprendre. Il est incapable de deviner qui est homosexuel et qui ne l’est pas. Apparemment, le gaydar permet de se reconnaître. Mathéo l’aurait, lui ?

« Euh, bien, c’est que… » C’est que lui, contrairement à Mathéo, Nobu tient à son anonymat. Il n’a aucune envie d’être ouvertement en couple homosexuel. Et même si Mathéo est d’une charmante composition, difficile de lui laisser la porte ouverte. « En fait j’ai pas trop le temps.... »

Et en même temps, est-ce qu’il ne se monte pas un peu trop la tête ? A force de loucher sur les hommes, Nobu commence à penser à n’importe quoi. Non, bien sûr que non Mathéo n’est pas gay. Et puis quoi encore ! Non c’est juste Nobu qui fantasme un peu trop. Parce qu’il aimerait bien qu’un garçon comme son kohai s’intéresse à lui. Alors, il change d’avis : « Mais après les examens, pourquoi pas. »

KraKhot

■ Inscrit le : 09/12/2022

Ce reflet que je ne veux pas voir

« Ah... » laissa échapper Mathéo, tout de même déçu de voir sa proposition tomber à l’eau. Le stress le saisit au ventre, rendant particulièrement désagréable chacune de ses respirations. Il devait avoir véritablement merdé pour qu’un Senpai refuse de se faire inviter à boire ou manger quelque chose par l’un de ses Kohais. Nobu devait avoir compris. Il ne lui adresserait plus jamais la parole. Non, pire encore : il raconterait à tout le monde qu’il l’avait regardé avec un peu trop d’insistance et qu’après l’avoir emmerdé à faire une course pour soit disant « s’entraîner », il avait été forcé de le masser. Il passerait pour un pervers et plus personne ne voudrait l'approcher ! L’air dans ses poumons lui donna l’impression de se changer en pierre. Si tel était le cas… s’il racontait tout, s’il l’exposait sur la place publique pour que l’on puisse le caillasser alors… Alors, il venait d’aggraver son cas en l’invitant. Urgh. Soudainement, il était prit de nausée. Il n’avait pas pensé à cette éventualité en cherchant à se rattraper. Est-ce qu’il venait de foutre sa vie en l’air ? Déjà ? Comme ça ??

Heureusement, la réponse finale du jeune homme le sortit de l’angoisse infernale qui commençait à l’engloutir. « Après les examens… ? » répéta-t-il, incrédule. Ouf, il avait mal compris. Ce n’était pas un refus, seulement une acceptation en décalée. Son pauvre corps pu commencer à relâcher la pression. « Oui… D’accord. Aucun problème, c’est même mieux, tu as raison. » répondit-il en se massant nerveusement le poignet. « O-On en reparlera d’ici là alors… Ne me laisse pas oublier, d’accord ? » demanda-t-il avant de s’incliner. « Encore merci Senpai… vraiment… pour tes conseils et le massage. Je te revaudrais ça… »

En se relevant, il planta ses yeux sur l’étudiant. Il espérait ne pas en avoir trop fait… ne pas s’être trahit. Rien que d’y penser, il en avait des sueurs froides. Dans sa vie, il pouvait faire de la place à beaucoup de choses mais certainement pas à la honte d’être découvert et à la vie de misère sociale qui l’attendait si tel était le cas. « Je vais y aller… A… une prochaine fois ? » ajouta-t-il, tout en tournant déjà les talons pour fuir le plus vite possible. Il se tourna une dernière fois vers Nobu, s'arrêtant quelques secondes dans sa fuite pour lui lancer un "Oh et bon courage avec tes examens !". Sur le chemin de son échappatoire, il attrapa ses affaires au passage et fila direction les douches pour se débarrasser du chlore et de son embarras.

Sous l’eau, il soupira fortement. Il était tout de même content d’avoir un rendez-vous avec lui… Malgré le danger, malgré les remords et le déshonneur, malgré sa piètre performance… les images du corps de Nobu s’imposaient à son esprit. Et, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain contentement en repensant aux mots qu’ils avaient pu échanger. Il était plus sympas qu'il n'en avait l'air et... Aaaaah ! Il se désespérait.

artemis

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