Le diable du printemps s’habille en prada ! Ft. Tessa

Samedi 10 février 2018 - 8h00 :

J’ouvre les yeux et fixe le plafond. Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que ça m’arrive ? Chaque fois que ma mère rencontre un problème avec l’un de ses mannequins, paf ! C’est pour ma tronche quand il y a des photos. Heureusement, j’ai toujours échappé aux défilés, parce que je refuse d’apprendre à marcher. Ce serait lui donner la possibilité de me prendre par les sentiments pour l’aider dans ce cas également. Pour les photos, je n’ai pas pu y échapper puisque dès le plus jeune âge, ma tête apparaissaient déjà sur des magazines style La redoute. Et ouais, on a essayé de m’embrigader dans la mode !

C’est vers mes douze ans que j’ai dis stop. Ça me plaisait pas d’essayer plein de vêtements, de refaire plein de prises, de rester avec ces projecteurs dans les yeux. Et recommencer quand sur la meilleure photo, «tu as les yeux fermés, c’est pas bon», excusez-moi de ne pas avoir des yeux-de-soleil ! Le droit du travail des enfants oblige, il fallait en plus aller assez vite pour ne pas être dans l’illégalité. Bref, je n’en garde pas un bon souvenir parce que ce que j’aime par-dessus tout, c’est me dépenser.

Alors quand ma mère m’a appelé jeudi pour me convaincre de venir assister aux dernières préparations de sa nouvelle collection printemps, enfin la sienne et celle de sa partenaire dont j’ai oublié le nom, j’ai dis oui. Comme chaque fois qu’elle me demande quelque chose en fait. Si je lui dis que je ne viens pas finalement est-ce que ça passerait ? Non, ah ah, jamais. Elle a déjà dû dire à tous les autres que j’allais venir. Ils veulent toujours que j’essaie des pièces quand je suis dans les parages, c’est fatiguant de refuser poliment et avec le sourire trois fois de suite. C’est rare que je bougonne autant mais quand je le fais...  

« Bon allez debout ! T’façon j’suis coincé... »

Douche rapide puis je choisis des vêtements qui s’accordent bien, histoire de faire un effort. Un taxi m’attend sur le parking du campus direction Osaka, pour être certain que j’arrive à l’heure. Je salue le chauffeur tout en entrant dans la voiture et, oh !

« Tessa ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? »

Je la fixe d’un air étonné. Ne me dis pas qu’on... On va au même endroit ? Mais pourquoi ? Ma mère ne m’a rien dit. Elle ne connaît pas Tessa que je sache ?

J’y crois pas, sa mère et la mienne nous refont le coup ? Il faudrait peut-être arrêter ce genre de surprise au bout d’un moment ! Pas que j’ai quoi que ce soit contre Tessa, au contraire, mais c’est agaçant d’avoir l’impression d’être trimbalé comme bon leur semble et avec qui elles veulent.

Une fois assis, j'enlève mon bonnet et boucle ma ceinture. J'arrange mes cheveux pendant que le chauffeur démarre doucement en annonçant notre destination. Je vois que Tessa a l’air plutôt contente de pouvoir entrer dans les coulisses des préparations du défilé, quand moi c’est l’inverse.

« Qui est-ce qui t’as demandé pour le tissu ? J’ai oublié le nom que m’a dit ma mère. »

Est-ce qu’on sent une pointe d’ennui dans ma voix ? Oui, complètement. Après, si Tessa est là je m’ennuierais beaucoup moins, faut voir le bon côté des choses !

« Ca tombe bien que tu viennes, sinon je me serais ennuyé dans mon coin jusqu’à ce qu’on se souvienne de ma présence. N’empêche qu’elles abusent à jamais tout nous dire ! T’as vérifié les petits caractères sur ton contrat de livreuse ? Qu’il n’y ait pas écrit «défilera le jour J» tout en bas. D'ailleurs, t'es presque habillée pour ! »

Je prends un air malicieux en la fixant puis retiens poliment un baillement en plaquant le dos de ma main sur ma bouche.

« Ah oui ! Si elle est du même acabit que ta mère, pas étonnant qu’elle se soit aussi entendu avec la mienne. »

On n’oubliera pas de si tôt le coup de la robe et du costume assortis au dernier gala. Je taquine Tessa sur la possibilité de se retrouver sur le podium malgré elle mais je crois que cette fois on ne l’aura plus à ce petit jeu.

« On va devoir rester sur nos gardes, je le sens. Enfin, j’ai presque envie de dire que je me dirige déjà dans la gueule de la louve. Ma mère veut que je remplace temporairement le mannequin titulaire pour une ou deux tenues. Il est malade, du coup il ne pourra pas faire les essayages tests. »

Tant qu’elle ne sort pas une tenue spéciale pour moi de sa trousse de couture magique, ça reste raisonnable.

« Tu as déjà assisté à ce genre de préparation j’imagine ? Ça te donne envie ? De faire ta propre collection je veux dire. »

Le trafic est un peu bondé en ville, j’espère qu’on n’aura pas de retard.

Voir son excitation me fait sourire. Ca se voit que contrairement à moi, ça la passionne beaucoup. Je la verrais bien créer sa marque, si jamais un jour elle finissait par se lancer.

« Ca va te plaire je pense ! C’est une vraie fourmilière par contre. Au point qu’il y a des bandes de couleurs au sol pour savoir où ne pas marcher pour ne pas gêner. Une idée de ma mère, après qu’un jour quelqu’un ait marché sur le bas d’une robe et l’ait déchiré. Des heures pour la recoudre, je crois que j’avais jamais vu ma mère bouillonner autant de l’intérieur. »

Après tout le travail qu’elle avait abattu, je m’étais forcément senti mal pour elle. Il faut des nerfs d’acier dans ce métier. C’est autant un monde de paillettes que de requins. Jongler entre les deux, c’est épuisant.

On sort enfin du trafic encombré du centre-ville. Le reste de la route est plus fluide et le taxi nous dépose devant une grande tour. Une fois sur le trottoir, je me tourne vers Tessa.

« L’agence de ma mère possède les dixième et onzième étages. Prépares-toi, ma mère m'a dit que les ascenseurs sont en panne. »

J’annonce avec sérieux, feignant même un soupire résigné. Je plaisante, mais ça elle ne s’en apercevra que lorsque après avoir passé la sécurité -qui joue le jeu quand je leur demande pour les ascenceurs, parce qu'ils connaissent mon côté gamin- , j’appuie sur le bouton de l’un des ascenseurs, petit sourire taquin aux lèvres. Après une petite attente, les portes s’ouvrent.

« Après vous mademoiselle ! »

Elle y croit, bien sûr qu’elle y croit. Au moins y’a un petiiiit doute ! Je le sais, je le sens, je me fous bien d’elle. Belle référence, je sais, je sais, les classiques. Enfin bref, les blagues les plus courtes sont les meilleures, j’appuie sur le bouton. J’aurais pu nous faire monter quelques étages pour forcer la chose mais vu comme elle est bien apprêtée ce serait pas très courtois, comme dis mon père. En passant, Tessa me pousse doucement, ce qui me fait rire.

« Oups ! »  

J’entre à mon tour puis la regarde, choqué. Elle a osé ! Je la fixe en plissant des yeux.

« Ca c’est bas, c’est très bas. »

Je m’appuie sur la paroie de l’ascenseur qui se referme et commence à monter. Au cinquième il s’arrête, deux femmes entrent et nous saluent. Je me décale plus proche de Tessa. Elles nous quittent au septième. Au neuvième, c’est à nous de sortir. On a à peine quitté l’ascenseur que devant nous, ça court dans tous les sens ! Entre les designers qui retravaillent des dessins, les couturiers et couturières qui perfectionnent les tenues validées et les répétitions pour le défilé plus loin dans la grande pièce, c’est à donner le vertige.  

Au sol, on retrouve les fameuses bandes dont j’ai parlé à Tessa. Les vertes pour la partie design, les rouges la couture, les jaunes côté défilé et les bleues côté magazine où ma mère doit sûrement être en train de réfléchir à la publication. Je jette un œil à Tessa puis à ce qu’elle a dans les mains.

« A qui tu dois donner ce que tu as ? »

Je penche pour une personne en design dans tous les cas, avoir son nom nous permettra d’aller au plus vite pour ne gêner personne.

Je ne me suis pas trompé, c’est parti côté design. On emprunte les bandes vertes collées au sol.

« D’accord, allons-y. »  

Il n’est pas difficile de trouver le-dit assistant qui se remet au travail une fois son colis récupéré.

« Alors, allons d’abord trouver ma mère. Elle doit être du côté édition du magazine. Suivez les bandes bleues ou vous serez perduuue ! »

Je prends un ton mystérieux sur la fin avant d’ouvrir la marche. Dans une salle pareille, c’était vraiment une bonne idée. Une robe bustier à la traîne gigantesque passe à contre-sens près de nous, je dois avouer que c’est impressionnant, toute cette cascade de fleurs en trois dimensions aux différentes teintes de rouge. J’en tourne la tête pour la voir en entier, dire qu’elle n’est même pas encore portée.

« T’aimerais porter une telle robe rien qu’une fois ? »

On continue notre route jusqu’à arriver dans une zone mélangée entre partie dessin papier et partie numérique avec une rangée d’ordinateurs. Ma mère est d’ailleurs penchée sur l’écran de l’un d’eux, à valider ou demander des changements sur le rendu. Elle lève la tête au moment où on arrive.

« Bonjour vous deux, vous êtes enfin arrivés ! »

« Bonjour m’man. »

« Bienvenue sur le champ de bataille de ô Tori, Yorke-san. J’espère que tu apprécieras ta visite. »

Ma mère sourit doucement, complètement euphorique. Elle adore les sorties de nouvelles collections, c’est son shoot d’adrénaline.

« Nolan comme je te l’ai dis au téléphone, tu peux aller voir Suzuki-san pour l’essayage des tenues ? Je hoche la tête. Si au passage Yorke-san pouvait te convaincre de faire plus de mannequinat... »

Ben tiens ! Elle lâche jamais l’affaire ! Je roule des yeux et jette un regard en coin à Tessa pour voir ce qu’elle en pense.

« J’suis sûr qu’elle t’irais bien ! »  

Et je le pense. Sa robe bleue au bal c’était déjà quelque chose, alors le rouge c’est forcément une couleur qui doit lui aller. Puis, elle saurait marcher avec. On trouve ma mère bien occupée, qui prend le temps de nous accueillir. Juste assez pour me rappeler ma tâche et... En donner une autre à Tessa. M’énerveuuuh !

« Ce changement de camp, ah t’es comme ça aujourd’hui, je m’en souviendrais ! »

Je lui rends son sourire, bien décidé à trouver ma vengeance aujourd’hui ou un autre jour et on quitte ma mère direction les essayages. Cette fois, nous suivons les bandes rouges jusqu’à la zone couture où se font les retouches. Sur le chemin je salue diverses personnes en leur présentant Tessa.

Arrivés au bon endroit, je cherche Nishida-san des yeux. Ca ne devrait pas être trop difficile de trouver une femme aussi excent-.

« Nolan chéri, tu es enfin là ! Ooh qui est-ce, tu as une petite copine et ta mère ne m’en a pas parlé ?!»

Le total cliché de la femme dans la mode. Elle me pince la joue et tire doucement dessus. Heureusement, c’est la seule comme ça dans le staff. Je ne rougis même pas à sa question tant j'y suis habitué et me contente de secouer la tête en souriant.

« Non, c’est juste une amie, je te présente Tessa Yorke, elle reste visiter. »

« Hmm c’est bien dommage ! Enchantée Yorke-san, je suis Rina Nishida, mais vous pouvez m’appeler Riri comme tout le monde !»

Elle se met à rire avant de me tirer par la manche vers les essayages, faisant signe à Tessa de suivre.

Riri me montre les cintres derrière le paravent soutenant les deux pièces de la première tenue ainsi que les chaussures qui l’accompagnent. J’entends le compliment de Tessa avant de me glisser derrière et sourit, le rose aux joues.

« Merci... »  

Je ne suis pas un professionnel et il faut parfois faire plus de prises que les autres pour que j’ai la bonne expression. C’est le plus difficile, rester neutre tout en donnant un regard perçant mais pas trop. Moi j’aime sourire et faire des grimaces sur les photos, sinon quel intérêt ?

Bon, la tenue. Elle se compose d’un pantalon kaki légérement bouffant, porté avec des chaussettes kaki de quelques tons plus claires pour le bas. Le haut est une chemise noire à fleurs mais l’originalité se trouve dans le fait qu’elle n’a pas de boutons et s’enfile par le haut. La matière est toute légère. Je mets d’abord le pantalon après m’être déshabillé puis saisi la chemise. Au début je pense que la chemise est juste un peu chiante à mettre mais... Je me retrouve vite coincé au niveau des épaules, le ventre à l'air... J’essaie de la retirer mais rien à faire ! M*rde ! Gêné, je murmure d’abord, espérant que Riri soit encore dans les parages.

« Euh... Arg... Riri ? Pas de chance, elle est déjà partie faire autre chose. Tessa ? Tu peux m’aider ?... J’suis coincé... »

Je n’ai pas à attendre longtemps pour que Tessa vienne m’aider. C’est assez bizarre d’attendre dans le silence sans voir ce qu’il se passe. Je ne bouge que lorsqu’elle commence à tirer la chemise vers le bas pour que je puisse l’enfiler.

« Je sais pas, je crois que c’est un peu trop serré au niveau des épaules. »  

Ou c’est moi qui m’y suis mal pris mais on ne m’a rien dit aussi. Me voilà prêt avec la première tenue ! Je me regarde dans le miroir à pieds et tourne sur moi-même.

« Alors, comment tu me trouves ? Je respire le printemps ? »

J'aime bien la tenue même si elle est loin du style que je porte d'habitude. Je pourrais bien sortir avec, avec une préférence pour le pantalon.

On peut dire que Tessa vient de sauver une tenue de créatrice !

« J’espère aussi... »  

J’ai intérêt à faire très attention. Quelle idée aussi de faire une chemise aussi peu pratique à mettre, c’est bien la mode ça. Je souris aux paroles de Tessa, on pense plutôt la même chose sur la tenue, il faut aimer, mais ça se porte bien.

« Oui, j’ai une préférence pour le pantalon, je pourrais bien le mettre ! »

Sa question par contre me fait grimacer. J’ai pas hâte, mais alors...

« Non, pas du tout ahah ! Je vais encore être raide comme un bout de bois, ça va bien avec les fleurs au moins. »

On essaie de trouver des bons côtés ! Après avoir suggéré à Riri de peut-être ajouter un peu de lest pour l’enfilage, c’est parti pour les photos. Je rappelle que je ne ferai pas le défilé qui ira avec, ja-mais ! Je prends place devant le photographe devant un décors complètement blanc. Les lumières m’agressent les yeux. On commence, la première debout avec une main dans la poche, c’est dans mes cordes. Après, il s’emballe un peu, et vas-y fait semblant de marcher et regarde moi, pose ton pied là-dessus, assieds-toi là...

« On va refaire les trois là, détends-toi un peu, on dirait que t’es fait en bois Le Lidec-kun ! Et ait un air neutre, pas ennuyé, neu-tre ! »

Il me dit tout ça sans cacher son petit sourire moqueur. Pendant qu’il réajuste son appareil, je mime avec ma bouche en direction de Tessa «au secours sauve-moi ».

« J’essaie, j’essaie ! Je me mets dans le thème c’est tout... »

« Un rôle... Je peux essayer, avec de la musique c’est encore mieux. Non? »  

Je tourne la tête vers le photographe pour avoir son avis. Il réfléchit quelques instants puis hoche la tête.

« Si ça peut t’aider, je ne dis pas non ! Et Yorke-san, voudrais-tu l’aider à se mettre dans son rôle ? »

Oh lui... Pourquoi je ne l’ai pas vu venir ? Mais, j’avoue que son idée n’est pas mauvaise.

« Oui jouer un rôle tout seul, c’est pas facile, qu’est-ce que t’en dis Tessa ? A ton avis quelle musique irait bien avec le printemps ? Quelque chose de joyeux mais doux peut-être... »

Pas énergique comme l’été, plus paisible qui donne envie de s’allonger dans l’herbe pour piquer un petit somme.

J’attends que Tessa lance la musique qu’elle a en tête et je n’ai besoin que de quelques secondes pour reconnaître la musique.

« C’est pas le rythme que j’avais en tête mais ça peut être marrant ! »  

Hmm Vogue de Madonna... Mouais.

« Moins fan de Madonna, va pour Holidays ! Mais... Tu ne vas pas me laisser me dandiner tout seul quand même ? »

Sourire malicieux aux lèvres, je tends la vers Tessa. J’ai bien envie de la voir bouger un peu sur un rythme plus dynamique !

« On fera en sorte que tu ne sois pas sur les photos Yorke-san. Nolan, essaie parfois de t’éloigner pour me faire une pose ! »

Je hoche la tête, mon sourire plsu large en voyant que le photographe me soutient. Eheheh.

« Compris ! Alooors ? »

Va-t-elle oser ou pas ?

Elle ne sait pas danser, ce qu’il faut pas entendre ! Sur ma tête, elle peut voir que je n’avale pas l’excuse. C’est pour ça que Tessa précise ce qu’elle veut dire. Je crois qu’elle a activé son système d’alerte anti-danse si vite que les paroles du photographe lui ont échappé ahah !

« Ne t’inquiète pas, on peut bien faire une danse de salon ! Ce sera comme dans Danse avec les stars, où ils dansent des styles sur des musiques qui n’ont rien à voir ! Et pour les photos, j’aurais qu’à m’éloigner deux secondes, vu que c’est juste parce que je suis tendu qu’elles sont pas très belles. »  

Je me rapproche d’elle, sourire rassurant aux lèvres et bouge mes doigts pour l’inciter à prendre ma main.

« Fais confiance à ton cavalier préféré. »

Je suis vraiment content que Tessa accepte ! J’aime beaucoup danser avec elle et puis ça fait longtemps qu’on en n’a pas eu l’occasion. Ma main serrant la sienne, je recule un peu pour l’attirer dans la zone aménagée pour les photos. Il ne faut pas que ma mère passe par là ou elle se fera encore des films. Aucun problème à mener la danse de mon côté, c’est un rôle qui revient toujours au cavalier.

« Oui madame ! »  

Reste à choisir le plus important. La musique a un rythme très dynamique. Une valse ce serait quand même un peu trop lent... Ah je sais !

« Hmm tu connais le Be Pop ? Je pense que ça irait bien avec la musique, ça fait un peu décalé ! »

Si ça lui va, on peut commencer !

Le bepop est différent de la valse et du slow, on sautille, on tourne sur soi-même, on s’éloigne, pour mieux se rapprocher. C’est sûrement l’une que je préfère dans toutes celles que j’ai dû apprendre très jeune. Le swing est pas mal dans son genre aussi ! Je vois au grand sourire que Tessa me rend que je ne suis pas le seul à m’amuser !

J’en aurais presque oublié le photographe ! Parfois je m’arrange pour qu’à un moment où on s’éloigne, je puisse faire une pose. Le plus dur est d’afficher une expression neutre à la seconde mais je m’en sors pas mal. La musique prend fin et les applaudissements me surprennent. Moi qui espérais que tout le monde soit trop occupé pour faire attention à nous, c’est loupé ! Je m’incline pour saluer l’assemblée qui retourne à son travail et me rapproche du photographe. Il a l’air plutôt satisfait !

« Pas besoin, elles sont très bien ! Le mouvement ajoute quelque chose d’intéressant ! Tu peux aller te changer. »  

« Génial ! T’as vu t’as assuré eheh ! »  

Histoire de la rassurer. Elle est toute rouge et je ne pense pas qu’on ait dansé assez longtemps pour que ce soit à cause de l’effort. Allez, tenue suivante ! Je fais bien attention pour retirer la chemise... Ca passe ! Voyons voir... Mon dieu... Mais qui va porter ça ?! La salopette au moins, c’est facile à mettre... Je sors de derrière le rideau et me retient de ne pas rire, par respect pour ma mère.

« Bon euh qu’on se le dise, il faut aimer ! »

Et avoir des pectoraux à montrer, heureusement c’est mon cas et j’avoue que j’en sis plutôt fier !