[Terminé] Mayday, opération shopping en péril ! [PV Maya]

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

On lui avait dit que les soldes commençaient. Alors, naturellement, il avait pensé que c’était l’occasion d’offrir un cadeau à sa sœur Anna. Ce qui était moins naturel, en revanche, c’était de devoir aller au centre commercial. Depuis qu’il avait commencé la fac, il n’y avait encore jamais mis les pieds. S’il avait besoin d’un livre, il allait à la petite librairie du centre ville ou à la bibliothèque et quant à son matériel scolaire ou ses vêtements, il préférait tout commander sur internet. Le shopping était synonyme de perte de temps pour lui. Pourtant, il se retrouvait là, perdu dans l’immensité du centre commercial de Kobe, regrettant déjà son bon coeur. Désolé, Anna, mais il aurait mieux fait de rester étudier dans sa chambre. Haaah, quelle idée il avait encore eu ! Bien entendu, il n’avait pas fait de lien entre le commencement des soldes et le nombre monstrueux de personnes pouvant s’agglutiner avec joie sur les lieux avant de se ramener, ce qu’il regrettait amèrement. Pour une fois qu’il se décidait à faire les magasins… Le moins que l’on puisse dire, c’était qu’il s’agissait là d’une première fois… bousculante.

Il aurait bien voulu commander son cadeau en ligne mais comme il n’avait aucune idée de quoi offrir à sa sœur, il s’était persuadé qu’il perdrait moins de temps à aller sur place qu’à chercher désespérément sur le net. Mais, maintenant qu’il voyait le monde et la grandeur du centre commercial, il n’était plus très sûr de lui. Haaah… Tant pis. Il était là maintenant, alors, autant s’activer !

Il erra dans les couloirs du centre, l’air penaud. Il ne savait ni par quoi commencer ni ce qu’il devait chercher. Il avait beau connaître Anna, il ne savait absolument pas ce qui pourrait lui faire plaisir, du moins venant de lui. Il finit par repérer une papeterie, dans laquelle il s’engouffra rapidement. Il lui semblait que sa sœur avait ce qu’il fallait et qu’il tomberait à côté s’il lui offrait de la papeterie, mais c’était l’occasion d’échapper au brassage de la foule quelques instants. Il quitta les lieux une dizaine de minutes plus tard, repartant avec quelques carnets mignons et un planner kawai. Cela pouvait toujours service comme cadeau de secours pour quelqu’un et il offrirait le planner à Lou. Elle risquerait de venir l’enquiquiner si elle apprenait qu’il avait offert un énième cadeau à leur sœur alors qu’il ne lui offrait jamais rien. Elle n’avait pas l’air de comprendre que pour recevoir un cadeau, encore fallait-il le mériter. S’il lui en offrait, il aurait bien trop l’impression d’encourager ses efforts insuffisants. Cela dit, le planner l’encouragerait à mieux organiser ses révisions, c’était un cadeau acceptable. Du moins, d’après lui.

Après avoir marché pendant plusieurs bien trop longues minutes à la recherche d’un boutique susceptible de l’aider, il finit par se jeter dans un magasin de vêtements pour femme. Anna aimait être à la mode, non ? Il pourrait sans doute trouver de quoi lui faire plaisir ici. Le problème, c’est qu’il y passa près d’une heure. Regardant chaque article sans pouvoir se décider. Il trouvait tel T.shirt trop simple pour elle, telle jupe était bien trop courte d’après lui, telle robe lui paraissait trop mature pour sa petite sœur adorée, et il n’était pas certain de sa taille de pantalon… Aaarh. Il allait finir fou. Finalement, il tomba nez à nez avec un pyjama adorable, soldé à 70 %. Imaginer sa sœur avec lui arracha un sourire tendre mais il n’était pas sûr pour autant de son choix. Il chercha du regard si une vendeuse était disponible mais chacune de ses tentatives pour en intercepter une tomba à l’eau. Il allait abandonner quand soudain, il aperçu un visage familier. « Wayne-Senpai ! » s’écria-t-il, tâchant de survivre à son passage entre deux groupes de jeunes filles. Ce n’était pas dans son habitude d’importuner les autres sur leur temps libre, encore moins ses camarades de club. En temps normaux, il aurait totalement esquivé Maya. D’autant plus qu’il la trouvait… particulière ? Mais elle était son senpai, elle l'aiderait sûrement ! Et, il était dans l’urgence, au bord de l’abandon et du craquage de nerfs. Il lui fallait de l’aide. « Bonjour… Excuse-moi de te déranger durant ton shopping, mais... ». C’était certainement une très mauvaise idée. « J’aurais besoin de l’avis d’une femme pour faire un cadeau à ma soeur… Tu aurais 5 minutes ?... ». Il joignit ses mains entre elles pour appuyer sa demande. Après tant d'heures de débats partagées au club de lecture, elle n'allait pas l'envoyer balader pas vrai ?...

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Il joignit les deux mains entre elles et s’inclina pour la remercier. Enfin l’espoir de se sortir de ce calvaire lui revenait ! Wayne-san ne se doutait pas d’à quel point elle lui sauvait la mise en acceptant de l’aider. Il s’engagea envers lui-même à la remercier comme il se devait après être sortit de cet enfer. « Merci, vraiment. J’ai trouvé quelque chose qui pourrait lui plaire, mais j’hésite… Je me demande si ça ne fait pas trop enfantin. » expliqua-t-il en soupirant. Il se sentait épuisé. Désormais, il ne lèverait plus les yeux au ciel en entendant des femmes prévoir leur journée de shopping comme si elles partaient à a guerre.

Ni une ni deux, il tourna les talons et s’élança à la poursuite du pyjama qu’il avait repéré. "Je vais le chercher, je reviens." annonça-t-il avant de disparaitre dans la foule. Il réapparu une petite minute après, les mains chargés d'un drôle de machin marron. Ce n’était franchement pas simple de se repérer avec tout ce monde, il regretta de ne pas lui avoir demandé à l’accompagner jusqu’au rayon. Mais, peu importe ! Il y était arrivé, il était là, son pyjama dans les mains, le regard brillant. Si Maya le validait tout de suite, il pourrait enfin s’envoler vers d’autres cieux. « Merci d’avoir attendu. Je pensais à cet article. Tu en penses quoi ? C’est mignon, même pour une jeune femme de 18 ans, non ?... » demanda-t-il en affichant l'heureuse trouvaille devant les yeux de sa Senpai.

l'article en question:

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Le regard de Maya l'angoissait. Il ne comprenait pas tout à fait pourquoi mais celle-ci provoquait un sentiment de malaise en lui chaque fois qu'elle posait ses yeux sur sa personne. Il avait même l'impression que plus ils se croisaient et plus il en accumulait. Mathéo ne considérait pas que sa Senpai faisait partie de ses camarades les plus agréables, mais il ne pouvait pas non plus dire qu'elle était désagréable pour autant. Elle ne lui avait jamais rien fait de mal non plus. A vrai dire, il ne savait quoi penser d'elle. Il ne savait pas non plus ce qu'elle pouvait penser de lui. C'était surement ce qui le perturbait.

La plupart des gens étaient faciles à berner, faciles à amadouer ou appâter. Il trouvait toujours le moyen de se faire bien voir d'eux. Seulement, avec Wayne-san, il n'était franchement pas certain d'y arriver. Il n'avait jamais eu l'impression de bien s'en sortir.

Les yeux de Mathéo passèrent de sa trouvaille à sa Senpai, celle-ci ne lui semblait pas tellement convaincue malgré ce qu’elle lui disait. « … Non, ce n’est pas son animal favori. Enfin… je ne crois pas. » répondit-il à sa question. Maintenant qu’elle la lui posait, il hésitait. Il ne pouvait dire quel animal figurait parmi les favoris d’Anna. C’était à lui demander.

« Tu crois que c’est embêtant ?… » osa-t-il demander à la jeune femme en esquivant son regard. Dans le reflet de ses jolis yeux, il se sentait tout particulièrement stupide. Il n’aimait pas tellement cette sensation. « Tu peux être honnête, Wayne-Senpai. N’hésite pas. » ajouta-t-il avec un peu plus de conviction. Pour faire plaisir à Anna, il était prêt à endurer le sentiment de malaise que Maya lui provoquait. « Tu sais… J’y connais vraiment rien en trucs de filles… Et, je voudrais sincèrement lui faire plaisir. » se sentit-il obligé de se justifier. Face à Maya, il avait toujours l’impression de trop en faire ou de ne pas en faire assez. L’impossibilité de trancher entre les deux, l’angoissait.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Il observait Maya avec perplexité, ne sachant que dire, ne sachant que faire. Etait-elle réellement en train de l’aider ? Il n’en était pas certain… et il commençait à regretter de l’avoir sollicité. Non pas qu’elle n’essayait pas, il voyait bien qu’elle cherchait à lui donner le change. Le problème, c’est qu’il se sentait encore plus confus qu’avant de lui avoir demandé conseil. Hah… Pourquoi ce n’était jamais évident avec les femmes ?

Il chercha à se résumer mentalement la situation : le pyjama était mignon mais il devait rester prudent si ce n’était pas l’animal favori d’Anna. Ce dernier était suffisamment « chou » pour lui être offert mais elle lui conseillait tout de même de chercher autre chose ? DONC est-ce que c’était une manière polie de lui faire comprendre que son idée n’était pas la meilleure ou est-ce qu’elle lui suggérait d’offrir deux cadeaux à la place ? Là était toute la question. « Elle a 18 ans » répéta-t-il, un peu perdu.

«Tu me suggères de lui trouver une peluche en plus, pour si jamais elle n’aime pas le pyjama ? » osa-t-il demander. Il lui fallait quelques éclaircissements, sa patience commençait à lui faire défaut. « … Tu t’y connais en peluche ? » ajouta-t-il, franchement peu convaincu. « Je ne sais pas… les peluches sont pour les enfants, non ? Ça ne fait pas davantage infantilisant ? »

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

« Non, c’est pour mon autre sœur, Anna. » répondit-il simplement. En France aussi, les dix-huit ans de quelqu’un était important. C’était le premier pas vers l’age adulte, on les fêtait souvent avec une grande fête, une sorte de rite de passage modernisé. Plus jeune, il avait assisté à l’anniversaire d’une sœur d’un ami, toute la famille avait finit par asperger celle-ci de champagne. « le baptême » ils appelaient ça. On lui avait dit que cela se faisait souvent aux 18 ans de quelqu’un, mais aujourd’hui encore il ne comprenait pas tellement l’idée. Pour lui, les dix-huit ans étaient surtout les premiers pas vers un monde désenchanté.

Maya semblait piquée par sa remarque sur les peluches. Il ne comprenait pas pourquoi, ni ce qu’il avait bien pu dire pour lui faire lever les boucliers soudainement comme ça, mais il joua l’une de ses cartes habituelles : l’excuse. D’expérience, il savait qu’il valait mieux s’excuser pour rien, même lorsque cela semblait d’un ridicule sans nom, que de chercher à comprendre. La plupart des gens préféraient qu’on les charme à une prise de tête. Ce qui tombait bien puisqu’il était l’un des meilleurs charmeur de serpents. « Désolé… Maya-Senpai. Je ne voulais pas t’offenser, je me suis mal exprimé. Excuse-moi » déclara-t-il en se frottant l’arrière de la tête, faussement embêté. Tout de même, elle y allait un peu fort. Qu’est-ce qu’il était censé comprendre par « un gars comme toi ne peut pas comprendre ça » ? Ce n’est pas comme s’il avait été désagréable… Est-ce qu’il méritait réellement cette pique ?

« Tu as raison » ajouta-t-il pour être certain de s’en tirer vivant. On lui avait dit une fois que c’était la formule magique pour s’en sortir avec les femmes. A utiliser sans modération, quoiqu’on en pense. Et, il n’en pensait pas moins. A 18 ans et plus, les peluches étaient prohibés. « Ma sœur est gentille mais comme je viens de le dire, elle a 18 ans maintenant et… elle se cherche… euh… en tant que femme ? J’ai peur qu’elle croit que je la prends toujours pour une enfant si je lui offre une peluche… même si objectivement - tu as raison – il n’y a pas d’âge pour en avoir. » essaya-t-il de s’expliquer. Comme ça, cela devrait passer. « Il n’y a pas quelque chose d’autre que les femmes gentilles peuvent apprécier ? De quoi on a besoin quand on devient une femme ? » demanda-t-il, condamné à se fier à son expertise malgré tout.  

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Mathéo fut soulagé de voir ses excuses passer comme une lettre à la poste. Maya ne semblait toujours pas disposée à le laisser seul dans sa misère non plus et pour cela il lui en était reconnaissant malgré le caractère cocasse que prenait cette discussion. Il leva un sourcil lorsqu’elle lui demanda de préciser ce qu’il entendait par le fait que sa sœur se cherchait. Non pas que sa demande n’était pas légitime mais… eh bien, à vrai dire, il ne savait quoi lui en dire de plus. Il se retrouva un peu bête pour le coup. « Je… Je ne sais pas trop. C’était une enfant et maintenant elle devient adulte… Je suppose que l’on change d’aspiration entre les deux ? » tenta-il malgré tout.

Maya lui lista plusieurs options de cadeaux et il fit l’effort de les considérer malgré sa perplexité. La peluche, comme il le lui avait déjà plus ou moins dit, c’était pour les enfants. Il n’avait pas du tout envie d’encourager Anna à rester dans une sorte d’infantilisme. Quant aux robes… Eh bien…

Il jeta un rapide coup d’oeil à la tenue de la Senpai et il n’en fût pas tout à fait convaincu. Anna et elle avaient assurément deux styles vestimentaires bien distincts et Maya ne semblait pas connaître la nuance. Il ne l'imaginait pas être d'une grande aide en la matière. Pour ce qui était du maquillage, il y avait de l’idée… mais il n’aimait pas l’idée d’encourager sa sœur à se maquiller. Il l’aimait au naturel et surtout, le maquillage attirait davantage les regards sur elle. Il voulait bien la considérer comme une femme adulte mais pas à ce point. Il lui resta donc l’option du parfum. « Est-ce que tu sais comment on choisit un parfum pour quelqu’un ? » demanda-t-il avant d’ajouter, anticipant son éventuelle question : « Anna est une jeune femme distinguée ». Enfin, il lui semblait qu’elle l’était aux yeux de tous.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Il ne comprenait pas. Pourtant, il cherchait avec attention, il retournait toujours les choses milles cinq cent fois dans son esprit, mais rien n’y changeait. Ses échanges avec Maya Wayne finissaient toujours de la même façon : en fiasco.  Un fiasco qui n’était jamais véritablement apparent mais qu’il ressentait comme tel. Il avait beau chercher à attirer sa sympathie, tenter de trouver les mots qu’elle pourrait souhaiter entendre ou bien tout simplement éviter d’aggraver les choses en ne faisait que l’énerver, rien n’y faisait. Il avait toujours l’impression d’être sur un damier de jeu vidéo. Du genre qui perd certaines de ses cases lorsque vous marchez dessus, vous envoyant tout droit dans la lave d’un volcan ou un vide intersidérale si vous n’avez pas les réflexes en alerte.

A sa protestation contre sa qualification sur sa sœur et ses revendications féminines, Mathéo se contenta d’acquiescer maladroitement. Il n’était pas tout à fait d’accord, toutes les femmes n’étaient pas distinguées d’après-lui, mais il évita de l’argumenter. Il savait que certaines femmes pouvaient être sensibles sur ce genre de sujets. « Je pense qu’un parfum lui plairait davantage » se contenta-t-il de lui répondre pour satisfaire ses interrogations passivement agressives. « Je te remercie pour tes conseils, Senpai… Je vais essayer de trouver ça… Est-ce que... » commença-t-il avant de se couper, analysant la situation avec prudence. S’il continuait sa phrase, il risquerait de le regretter. Néanmoins, s’il ne la continuait pas, il pourrait aggraver le peu d’estime que Maya semblait avoir de lui… Alors, il reprit. « Est-ce que tu en as pour longtemps toi ? J’aurais voulu t’offrir quelque chose à manger ou à boire... pour te remercier ? »

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Il observa Maya s’éloigner vers le rayon des parfums avec déconvenue. Comptait-elle l’aider à en trouver un aussi ? Elle avait visiblement l’âme plus charitable que ce qu’il lui prêtait. Il lança son pyjama sur son épaule pour la suivre sans être gêné, les mains libres. Il serait ainsi en mesure d’attraper tout ce qu’elle lui tendrait. « Ah… euh… d’accord, merci » balbuta-t-il. Il porta à son nez chacune des tiges d’essai qu’elle lui suggéra. Il n’avait jamais été un grand fan de parfum pour femme. Alors, il n’était pas sûr de pouvoir se faire confiance pour en choisir un dans le lot mais il tenta tout de même de se fier à son odorat, triant les tiges de ce qui lui semblait être le mieux et le pire. La remarque de Wayne-san le sortit de sa misère olfactive. « Non… vraiment, je. Je ne suis pas intéressé par ce genre de choses » répondit-il sous la précipitation. Il ne voulait clairement pas que Maya se fasse des idées ! Il ne manquerait plus que ça. « Non pas que tu n’es pas intéressante Wayne Senpai- » tenta-t-il de se rattraper en réalisant qu’elle pouvait éventuellement très mal le prendre au passage. « Tu es très jolie et sympathique mais pour l’instant, les relations amoureuses ne m’intéressent pas, je suis focalisé sur mes études » se justifia-t-il tant bien que mal. « Je veux seulement te remercier pour ta patience et ta gentillesse »

Il lui tendit les deux tiges qu’il préférait, reposant les autres sur un coin réservé pour sur le rayon. « Les deux me semblent bien… lequel est-ce que tu préfères ? » demanda-t-il, espérant s’être sortie du pire.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Il eut envie de répondre à sa Senpai « mais qu’est-ce que j’en sais ? » tant il lui semblait étonnant qu’elle puisse croire qu’il saurait choisir le parfum qu’une femme pourrait aimer porter sur elle, tout aussi liée à lui par le sang était-elle. Il d’abstenu malgré tout. C'était déjà un miracle qu'il se soit sorti du piège dans lequel il s'enlisait, mieux fallait ne pas tenter le diable. Il prit sur lui son impatience et après avoir reporté à son nez les deux tiges, choisit d’attraper dans le rayon le plus fleuri des deux. « Je vais prendre celui là alors... » déclara-t-il, peu convaincu mais terriblement pressé d’en finir. « Merci pour ton aide… Je vais passer aux caisses, il y a pas mal de queue. Est-ce que tu as fini tes emplettes, toi ? » demanda-t-il en posant un œil désespéré sur la file d’attente des caisses. Plus jamais il ne ferait les soldes au centre commercial.

« On peut se rejoindre à la sortie, si tu veux… Et, je te laisse choisir l’endroit où tu aimerais manger ou boire quelque chose » proposa-t-il, avec un sourire poli. Il espérait seulement que ce serait un endroit moins bruyant et fréquenté.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Au feu vert de Wayne-san, Mathéo fila jusqu’aux caisses pour y faire la queue. Enfin, il pouvait souffler mentalement. Ce n’était pas qu’elle était épuisante mais sa Senpai avait tendance à le mettre si mal à l’aise qu’il s’en épuisait tout seul en cherchant à rentrer dans ses bonnes grâces. Elle venait de lui prouver qu’elle était plus sympathique qu’il ne lui prêtait mais il ne pouvait s’empêcher d’être mal à l’aise en sa présence. Peut-être n’avait-il pas assez prit le temps de la connaître ? Il s’était fait son opinion sur leurs quelques échanges lors des heures de club… et celle-ci ne lui avait pas forcément laissé une impression très agréable. C’était désormais quelque peu rectifié, elle venait tout de même de lui sauver la mise. Sans son aide, il serait sans doute encore en train de tourner en rond dans le magasin. Il lui devait au moins bien ça.

La caissière de sa file se fit désirer, ayant une ribambelle de prétendants à encaisser avant qu’il ne puisse lui offrir sa carte bleue à son tour. Heureusement, celle-ci était rapide, il fut sorti de la queue en une dizaine de minutes. Une fois son parfum et son pyjama sous scellé, il s’empressa de rejoindre l’étudiante hors de la boutique. Ouf… Il était enfin sorti de cet enfer.

« Excuse-moi pour l’attente Wayne Senpai, on peut y aller, c’est bon. » répondit-il à la jeune femme après l’avoir rejoint. Ses yeux trébuchèrent sur le lapin en peluche dans ses mains. Il l’avait déjà vu avec auparavant et il s’était toujours demandé pourquoi elle se le trimballait partout. Ah… maintenant qu’il y pensait, il comprenait mieux pourquoi elle avait prit la mouche lorsqu’il lui avait dit que les peluches étaient pour les enfants. Quel idiot. « Je te suis pour le salon de thé » lança-t-il, les yeux fixés sur la robe du lapin. Il avait toujours trouvé cela un peu… effrayant, les animaux habillés comme des humains. En chemin, il tenta de faire la conversation, un peu maladroitement. « ...Heum... Tu... sembles avoir souvent cette peluche avec toi, non ? Elle est importante ? »

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

« N-Non, pas du tout » se défendit-il, les mains en l’air devant lui pour montrer pattes blanches. Argh, c’était bien sa vaine, lui qui voulait être sympas ! Il s’était dit qu’en s’intéressant à quelque chose auquel elle semblait tenir, il serait en bonne voie pour sympathiser… C’était visiblement raté. Il posa néanmoins un regard perplexe sur la peluche en robe lorsque Wayne-san lui fit par du fait qu’il était suffisamment sympathique pour le supporter… Il… Euh… D’accord. Aucun jugement, Mathéo. Aucun. Les filles avaient parfois des fantaisies étranges, du genre qui leur faisait crier entre elles des « kawaiiis » à tout va. Du genre qu'il était à des années lumières de pouvoir comprendre, quand bien même elles chercheraient à lui expliquer. Oui, c'était sans doute un concept inaccessible à son pauvre cerveau masculin. Dans le monde des filles, il n’était peut-être pas si étrange de prêter des actions et qualités à une peluche comme si elle était vivante…

Brrr. les femmes avaient tout de même quelque chose de terrifiant, lorsqu'il y pensait.


La question de sa Senpai finit de l’inconforter. Elle eut au moins le mérite de détrôner la légendaire poker face de Mathéo qui, incrédule, finit par hausser un sourcil. « ...Euh… Eh bien… Ce n’est pas ce que je pense, c’est... » commença-t-il, sentant lui-même arriver l’heure prochaine de sa mort. « C’est un fait ? Les robes sont des vêtements pour les femmes, non ? » demanda-t-il plus par politesse que comme une réelle question puisqu’ évidement qu’il s’agissait d’un vêtement réservé aux femmes. Il n’avait encore jamais vu un homme porter une robe – sauf dans le cas de certaines blagues – et l’imaginer ne lui plaisait pas du tout.  « Mais ton lapin est… donc un homme qui porte une robe ?... Pourquoi ?... » osa-t-il ajouter, très confus. Quitte à mourir autant mourir moins stupide qu’il ne se sentait l’être en posant la question. Il était quasiment sûr que sur le podium de l’étrangeté féminine, Maya Wayne venait de gagner la première place.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Les réponses assassines de Maya laissèrent Mathéo sans voix. Il semblait avoir touché une corde sensible malgré lui et voilà qu’il s’en mordait les doigts. Il écouta néanmoins l’étudiante lui lancer ses arguments sans broncher, lui laissant une chance de le convaincre ou à défaut de le laisser sans avis. Cependant, il eut du mal à l’entendre, agacé par son ton agressif. Etait-elle obligée d’être toujours aussi vindicative ? Il avait l’impression que quelque soit le mot qui pouvait bien sortir de sa bouche, celui-ci ne sortait que pour mieux se faire ratatiner par la jeune femme. Peut-être était-ce l’épuisement des soldes, une défense contre son agression sonore ou le sujet en lui-même qui le dérangea suffisamment pour le pousser à ne pas laisser passer la conversation et préférer la paix, comme à son habitude, mais cette fois-ci il sembla à Mathéo ne pas pouvoir contourner le problème. Alors, il fit ce qu'il faisait de mieux : s'expliquer. Ce que Lou requalifierait surement en : être chiant. « Wayne-Senpai… Ne le prends pas mal mais je ne comprends pas. » avoua-t-il, tout en plongeant ses yeux devant lui. Il avait bien compris que plus il les garderait éloignés de son lapin et moins il risquait de voir Maya lui arracher les yeux. « Je suis d’accord avec toi sur le fait que le vêtement en lui-même n’est pas féminin ou masculin mais on fabrique un vêtement à l’intention d’un public et les jupes ou les robes le sont à l’intention des femmes. Je n’ai jamais vu un homme porter une robe dans la rue ou ailleurs. Et si on repense à nos uniformes scolaires, seules les filles ont des jupes. D’ailleurs, le pantalon était réservé aux hommes dans beaucoup de pays avant, les femmes n’en portent que depuis assez récemment finalement » contre-argumenta-t-il. «Et, s’il n’y a pas eu de loi interdisant le port de robes aux hommes à ma connaissance, il y a eu des lois interdisant le pantalon aux femmes. En France, par exemple, la loi n’était plus en application depuis longtemps mais elle a été officiellement abrogée en 2013 seulement. », ajouta-t-il. Il se souvenait en avoir été bien surpris. Certaines choses prenaient énormément de temps à changer, il ne se rendait pas toujours compte de la chance qu'il avait de vivre dans cette époque.

En imaginant l’expression de Maya, il s’empressa de préciser : « Je ne dis pas que c’était bien, pas du tout même. Ce que je veux dire c’est qu’il n’est pas tout à fait correct de dire que les robes ne sont pas réservés aux femmes, tout comme il y a des vêtements plutôt réservés aux hommes. Réservé ne veut pas dire obligé, heureusement qu'on est plus légalement obligé de porter l'un ou l'autre. Dans l’idée, chacun peut porter les vêtements qu’il souhaite... mais si un homme se met à porter des vêtements de femmes, cela se voit et intrigue. » termina-t-il. En réalité, il n’osait pas imaginer les regards désapprobateurs que se mangerait le pauvre bougre qui oserait en enfiler une et se balader avec. Bien qu’il ne comprenait vraiment pas pourquoi on souhaiterait en porter une, cela avait l’air d’être tout sauf confortable. « Enfin… ton lapin peut porter ce qu’il veut, je me demandais juste pourquoi tu lui avais mis une robe, il pouvait y avoir une raison particulière… ça aurait pu être… une sorte d’acte politique, par exemple » finit-il. Enfin, ils arrivaient devant le salon de thé.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

En l’entendant critiquer la France, Mathéo perdit sa poker face, fronçant légèrement les sourcils. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi Maya s’offusquait de la sorte. Etait-ce si terrible que cela que de penser que certains vêtements étaient réservés à l’un ou l’autre sexe ? Et est-ce que cela méritait d’en devenir plus désagréable qu’elle n’avait l’habitude de l’être ? Vraiment, il ne comprenait pas ce qu’il lui fallait faire pour espérer avoir une conversation normale avec la jeune femme. Il finissait même par se demander si ce n’était pas cela, la normalité, pour Maya Wayne.

La dernière de ses remarques, en revanche, ne manqua pas de le surprendre, l’obligeant à séparer ses sourcils pour que chacun d’entre eux s’envolent sur son front. Avait-il entendu correctement ?…
« Lesbienne… ? » répéta-t-il, incrédule. Lesbienne comme… gay ? Wayne Senpai était gay ?? Il ne l’avait pas vu venir celle là. Pour éviter le drame et une affiche monumentale dans le centre commercial, il s’empressa de préciser : « C-ce n’est pas un problème. Je te demande seulement si tu es sûre… E-Enfin, non. Pardon, pas si tu sûres, ça tu dois bien le savoir. J-Je veux dire, est-ce que j’ai bien entendu ? » commença-t-il, tout en s’emmêlant les pinceaux. Aussitôt, il précisa : « N-Non. Tu sais quoi ? Ça ne me regarde pas. Excuse moi. ». Haaaaaaaaah, elle allait finir par avoir sa peau.
Mais tout de même… la nouvelle lui faisait un drôle d’effet. Maya était… comme lui ? « Tiens, le salon de thé est là » tenta-t-il de se sauver en lui pointant l’enseigne, affreusement mal à l'aise tout d'un coup.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

En entendant les questions et réflexions de Maya, Mathéo eut très fortement envie de lui rétorquer que lui aussi était gay. C’était sans doute la première fois de sa vie qu’il avait autant envie de le signifier à quelqu’un. Seulement, bien que Maya lui avait confié son homosexualité sans la moindre gêne, il n’était pas en mesure d’en faire autant. Pire, il n’avait franchement pas confiance en elle pour garder sa impossible confession.

Un air perplexe s’installa sur son visage lorsqu’elle lui demanda s’il espérait un date avec elle et lui avoua ne plus être certaine de vouloir le suivre à l’intérieur du salon de thé. C’était la deuxième fois qu’elle émettait cette inquiétude et il se demandait bien d’où celle-ci lui venait tant il lui semblait clair qu’il n’était pas intéressé par elle de la sorte. « C’est la deuxième fois que tu me dis ça… mais je t’assure que je ne veux aucun date avec toi, Senpai. Est-ce que j’ai fait ou dit quelque chose qui laisserait penser le contraire ?… Si c’est le cas, je m’excuse, c’est un malentendu. » tenta-t-il de la rassurer, évitant de se justifier et confondre en excuses cette fois-ci. La première fois, il n’avait sans doute pas été assez clair.

« Et… je suis seulement surpris. Excuse-moi si je t’ai mis mal à l’aise. » ne put-il s’empêcher de s’excuser tout de même. « C’est juste que… Enfin, habituellement, ce n’est pas quelque chose que les gens confient si facilement » ajouta-t-il. Mille questions envahir son esprit. Depuis combien de temps arrivait-elle à l’assumer pleinement ? N’était-ce pas difficile pour elle que de l’assumer ? Jamais, il ne pourrait en faire autant. D’une certaine manière, il l’admirait bien qu’il trouvait cela complètement fou et inconscient. Si elle avait été sa sœur, il lui aurait conseillé de garder cela pour elle, qu’elle s’évite bien des tracas…

« … Je voulais seulement t’inviter pour te remercier, ça me ferait plaisir parce que tu m’as bien aidé. Mais, je ne te force à rien, si tu ne veux pas venir, je comprendrais... » dit-il en se frottant la nuque.

Mayday, opération shopping en péril !

Date à déterminer

Il posa sur Maya un regard différent tandis qu’une illumination soudaine se transformait en possible révélation en l’entendant lui rétorquer qu’il valait mieux prévenir que guérir. Ce qu’il avait pris jusque là comme de l’ambiguïté et de l’agressivité étaient-elles plutôt une tentative de protection ? Après tout, il était bien placé pour savoir ce que cela faisait, d’avoir à se défendre, bien qu’il ne le faisait pas du tout de la même manière. La jeune femme avait raison, il fallait des personnes pour dire haut et fort ce que les autres ne pouvaient dire. A ceci près qu’il était de ceux qui n’avaient absolument pas demandé à être ainsi représentés, ce qui ne pouvait que le laisser mal à l’aise. Si Maya était guerrière courageuse, connue de tous pour sa gloire sur le champs de bataille, lui était ninja tapis dans l’ombre, inconnu au bataillon. Sur le moment, il choisit de ne rien répondre, l’invitant seulement à le suivre d’un signe amical de la main. Devant le comptoir, il la laissa choisir ce qu’elle voulait. Lui se contenta d’un thé vert, il était trop fatigué pour consommer quoique ce soit d’autre. Seule la chaleur d’une théine de qualité pouvait le combler. Une fois qu’il eut payé leur consommation, il la laissa également choisir sa place au sein du salon de thé, se laissant guider. Ce n’est qu’une fois assit et servit, en soit – tranquilles – qu’il osa demander. « Dis… Senpai. Tu as eu de mauvaises expériences avec des hommes ? Est-ce que quelqu’un t’embêtes ? ».

Il savait comme les hommes pouvaient être lourds avec les femmes parfois, consciemment ou non. Il avait souvent été aux premières loges pour le constater. Et, il n’osait imaginer ce que ces mêmes lourds pourraient inventer pour se donner davantage de poids en apprenant qu’une jolie femme comme Maya ne s’intéresserait jamais à eux. Cela ne pouvait d'ailleurs que lui rappeler à quel point il s’inquiétait pour ses sœurs sur la question des hommes. Soudainement, il se sentit regonflé d’un élan fraternel.