Ah ! Plus compliqué que ce qu’elle s’imaginait. Elle a quel âge la demoiselle de Maya ? A plus de vingt ans, on connaît toutes ces choses de l’amour, non ? Lou, elle a compris assez jeune qu’elle aimait les filles. Dans Pirates des Caraïbes, elle préférait mille fois Cara Knightley que Orlando Bloom.
Alors, oui. Elle n’a pas tout de suite su comment y mettre les mots. Elle a trouvé ça bizarre, d’abord. A la télé, les hommes aiment les femmes. Dans les livres, les hommes aiment les femmes. Et même dans la rue, les hommes aiment les femmes.
Pauvre Maya ! C’est difficile de sortir avec une fille qui n’est pas sortie du placard. Mais c’est encore pire quand elle vient de s’en rendre compte.
« Vous avez réussi à rester amies, quand même ? »
Une autre peur de Lou, ça. Malheureusement, c’est possible de tomber amoureuse de femme hétéro. Et quand le couperet tombe, deux possibilités : cesser de se parler, ou continuer d’être amies et tirer un trait sur les sentiments de l’une. Ce n’est pas toujours évident.
« Je suis d’accord avec toi ! Et en plus, c’est possible d’avoir un enfant en étant un couple lesbien…»
Sur les réseaux sociaux, Lou suit plusieurs comptes d’associations LGBTQ+. Celles-ci mettent en avant des profils de familles homoparentales. Adoptions, FIV, PMA, il y a bien plus d’une solution ! Il est même possible d’avoir des enfants biologiques : une des deux femmes donne son ovule fécondée à la seconde qui porte l’enfant dans l’utérus.
Alors, aucune raison ne justifie l’homophobie, sauf :
« C’est la peur, surtout, ils comprennent pas.»
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- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
- InvitéInvité
"Je... crois qu’on est amie, oui. Ça va mieux maintenant, mais ça reste bizarre. Surtout que je l’aime encore."
Ce qui n’est pas super pour s’arranger pour que ce soit "comme avant". Mais c’est que de ton coté, au moins. Du sien... tu n’en sais rien, et c’est mieux comme ça. Il faut simplement que tu ne forces rien. Que tu n’en parles pas. Que tu oublies.
"C’n’est pas possible au Japon. C’est juste interdit. Je connais les méthodes, elles sont évidentes, mais c’est juste interdit pour les personnes comme nous au Japon."
Ce qui est super sympa...
"Il y a aussi la peur du changement. C’n’est pas "normal" de ne pas aimer un homme. Mais bon si j’en parle maintenant ça va m’énerver."
Tu reprends une gorgée d’alcool.
"Je devrai me dire que je vais vivre seule, ça sera plus simple. C’est dommage pour elle, mais bon..."
C’est admettre la défaite, une chose que tu n’aimes vraiment pas faire. Mais c’est l’alcool qui parle, c’est tout.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
La tuile. Est-ce que ce ne serait pas plus pertinent de prendre de la distance avec cette fille ? Histoire de passer à autre chose, pour de vrai. Maya se fait du mal, à continuer d’être amie avec une personne qui ne veut pas plus de leur relation. Il faudrait qu’elle tombe amoureuse de nouveau, pour ne plus la regarder avec cet oeil ci.
Mais même si Lou le pense, elle ne le dira pas. Elle le voit, dans le regard triste de Maya, ça ne vaut pas le coup d’en parler. Parfois, c’est trop difficile de faire les bons choix. Couper les ponts, ça lui ferait trop de mal. Peut être plus de mal que de continuer à espérer que ça devienne “plus” qu’amies.
Et Lou ne sait pas tout. Peut-être qu’un jour ses sentiments seront complètement réciproque ?
« Interdit ? » De se marier, oui. Mais le reste. On ne peut pas interdire des personnes de s’aimer. Ce n’est pas un crime. Alors, oui, dans certains pays, si. Prison, peine de mort, et tout le tsouin tsouin. S’en est effrayant. « On en voit, pourtant, des couples gays. » Pas dans les rues, mais à la TV, ou dans les clubs. C’est rare, mais on le voit.
« Et je suis pas d’accord avec toi. » Maya parle sous le coup de la tristesse. « Tu trouveras quelqu’un, et je pense qu’on sera de plus en plus acceptés. C’est une histoire d’années, d’habitude. » Oui, Lou veut y croire, un jour, ça ira, ce sera plus facile.
- InvitéInvité
"On en voit oui, mais je ne parlais pas du fait d'être ensemble, mais pour les enfants."
Ce qui est totalement différent.
"D'une certaine manière on a de la chance que ça ne soit pas illégal et qu'il n'y ait plus de thérapie ou quelque chose dans le genre, mais bon..."
Ça ne reste pas super. Maintenant vous êtes moins détesté à vu, mais est-ce que c'est vraiment une amélioration ? Hum... pas vraiment.
"Je présume que t'as raison d'être positive."
C'est rage que tu sois négative, en vérité.
"Et oui on finira par être accepté, c'est juste épuisant d'être toujours considérée comme une sorte de monstre pour une simple question d'amour. Enfin bon, ça sert a rien de trop y réfléchir maintenant."
C'est se torturer pour rien.
"Un jour les LGBT seront libre de faire ce qu'ils veulent, en attendant il faut éviter de baisser les bras."
Une chose que tu fais très bien.
"Et faire disparaitre certains débiles serait un bon début."
Que tu marmonnes... dire ça à haute voix n'est pas vraiment une bonne idée.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Ah ! Oui. Les enfants… C’est plus difficile. On en voit bien moins, au Japon. Un peu ailleurs. En France, par exemple, en 2012, quelques enfants avaient été mis en avant lors des débats autour du Mariage pour tous. Des familles homoparentales montraient le quotidien de leurs gamins, adoptés ailleurs, ou issus de mères porteuses en Europe ou aux Etats-Unis.
Ils ont l’air heureux. Aussi heureux que les autres. Plus heureux, peut-être, même, parce qu’ils sont tellement désirés et aimés…
« Les thérapies… Tu connais des gens qui en ont fait ? »
Pas Lou. Mais elle ne connaît pas vraiment d’homosexuel. Lou, elle est encore jeune. Elle n’est pas sortie du placard, ou à peine. Alors, son cercle est principalement hétérosexuel. Elle n’a pas l’âge pour traîner dans des bars gays ou sur des applications de rencontre. Maya, si. Peut-être qu’elle connaît quelques personnes au passé douloureux.
« Tu as envie de te battre, toi ? »
Lou, des fois, elle en aurait envie. Faire de l’activisme. Mais elle ne sait pas du tout comment s’y prendre.
- InvitéInvité
"Ouaip."
Oulalala, vaste sujet bien complexe.
"Pas moi, heureusement. Pas ici, c’était aux USA du coup. Il y a certaines communautés qui sont vraiment... contre."
En plus la religion y met du sien, ce qui est rarement bon.
"Quand t’as une bonne connaissance que tu ne peux plus voir les week-ends, voir en cours, à cause de ce genre de chose..."
Ce n’était pas fun.
"En plus ce genre de chose ne soigne pas, comme il n’y a rien a soigné. Ça détruit, c’est tout. C’est assez horrible."
À la fin il - oui, il, t’as parfois des connaissances mecs - était totalement détruit, le pauvre. Tu ne préfères pas connaitre le taux de suicide à la sortie d’un tel traitement.
"Tu entends quoi par te battre ? Si tu comptes tout sauf tabasser les gens, oui."
Parfois la violence est nécessaire pour se faire entendre, mais tu évites au maximum ceci. Ironique avec ton caractère.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Tu m’étonnes. Des gens contre, il y en a partout. C’est difficile, quand on naît dans des valeurs très traditionnelles, d'accepter de pouvoir sortir de ce cadre. En dehors des pêchés, et autres bêtises de religions, il y a tout simplement l’habitude.
Un homme et une femme, ça doit faire une famille. Et des enfants.
« Comment ça ? » Le regard de Lou remonte tout de suite sur Maya. Elle ne comprend pas du tout ce qu’elle commence à insinuer. « Tu t’es embrouillé avec quelqu’un par rapport à ton homosexualité ? »
C’est possible, très possible, même. Lou ne sait pas comment son entourage pourrait réagir si jamais… Si jamais elle leur disait tout ce qu’elle pense. Sa famille, d’abord. Mais aussi ses amies. Elle n’a jamais discuté d’homosexualité avec ses amis. Jamais. Elle évite toujours le sujet, c’est plus simple.
Alors, Maya aurait-elle pu vivre ce genre d’histoire ?
« Ta ? Taper !? » Lou fronce les sourcils. Mais de quoi parle Maya. Elle voit vraiment la violence partout. « Mais je parlais de me battre genre… associatif, manifestation, de l’actimisme, moi ! » Pas question de s’abaisser à la violence des harceleurs.
- InvitéInvité
"Aussi oui. C’n’est pas très compliqué, remarque. Dit à un mec que tu n’es pas intéressé par eux, uniquement par les filles, et leur première remarque c’est un truc comme "non, mais c’est parce que tu n’as pas rencontré le bon mec", alors bon..."
Mais ça arrive de moins en moins. Il faut dire que tu as un caractère capable de décourager tout prétendant. Tu es très efficace à ce sujet. Peut être en partit à cause de ce genre de mec.
"On peut ajouter mes parents, même si je ne leur ai jamais dit à ce sujet. Mais le résultat est évident."
Déjà que tu n’as pas une relation super positive avec eux, ça l’achèvera. Rapidement, au moins. Mais tu as encore besoin de leurs finances pour l’instant, donc il faut que tu joues (un peu) à la gentille fille. Question d’intérêt. Parfois il faut ranger un peu sa fierté.
"Bah je préfère poser la question, parfois certaines ce battent physiquement, et ça n’est pas super efficace."
C’est même le contraire, ça joue en votre défaveur.
"Mais ouaip, je manifeste et je participe à tout ceci. Pourquoi tu veux des noms ?"
Des noms de groupes, bien évidemment. Comme si tu allais donner des noms de famille...
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Ah oui. Oui, comme ça. Bien sûr, c’est fréquent. C’est beaucoup de sexisme, aussi. Comme si une femme pouvait être heureuse qu’aux bras d’un homme. En dehors de l’homosexualité, en fait. C’est comme si, pour pouvoir être heureuse et épanouie, il leur faudrait nécessairement dépendre d’un mâle. Un vrai mâle. Un bonhomme plein de phéromones irrésistibles.
Non. Lou n’y croit pas à ça. Elle en est même complètement énervée.
« Comment tu peux en être aussi sûre, si vous n’en avez jamais parlé ? »
A priori, les parents de Lou non plus, ne seraient pas très contents. Mais l’adolescente a envie d’y croire. Envie de penser qu’elle pourrait être acceptée. Bien sûr, ce ne sera pas chose facile. Mais au final, tout peut s’arranger ?
Optimiste, oui.
« Non, je veux pas des noms, mais…» Elle est intéressée Lou, elle sait juste pas comment faire. « Fin, si pourquoi pas. En fait, j'aimerai bien savoir comment m’y mettre ? J’aimerai bien donner un peu de moi, mais je sais pas comment m’y prendre. »
- InvitéInvité
"C’est comme pour tout, il y a des signes qui ne trompent pas."
Ça n’est pas elle qui ne voulait pas en parler avec ses parents ?
"De toute manière je vais couper les ponts avec eux, donc ça n’est pas très important."
Dans le malheur il y a du bonheur, c’est ça ? Ou juste que tu as prévu depuis pas mal de temps de te barrer de la vie familiale. Trop de problème, trop de disputes. C’est ton caractère...
"Il y a des associations, des groupes de discussions si c’est ton truc."
Internet est très doué pour donner une liste.
"Je te donnerai les liens et tout. Ce sont des gens sympas."
Heureusement qu’elles ne sont pas toutes aussi vindicatives que toi.
"On a bien besoin d’aide pour faire disparaitre les mecs débiles."
C’est l’alcool qui parle. Oui, voilà. Il n'y a rien a voir ici.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Oui. Certainement. Mais il y a quelque chose de sensible, lorsque l’homosexualité touche à ta famille, et pas juste aux gens de la TV. Le rejet peut être très puissant, et très violent. Mais ça peut aussi déconstruire beaucoup de préjugés. Maya pourrait être surprise, de leur réaction. Ou peut être pas… Après tout, Lou ne connaît pas du tout l’histoire de la blonde. Et à priori, les relations avec sa famille ne semblent pas au beau fixe.
Mais Lou n’ose pas lui demander pourquoi. Son histoire, tout ça. En fait, ça lui fait un peu peur. Déjà, l’autre nuit, Maya avait été brève. Pas question de dire grand chose sur sa séparation avec sa famille. Comme si elle était évidente.
Ce n’est pourtant une question qui n’a rien d’évident pour Lou.
La famille de Lou, elle est trop importante. Elle ne pourrait pas se permettre de rompre si facilement avec ses parents. Ni même avec Anna et Mathéo, et pourtant Dieu sait combien ils ne sont pas proches.
« C’est peut être beaucoup... » Lou a une idée derrière la tête. Elle a envie d’être active dans la lutte LGBT, mais elle a peur d’être maladroite. « Tu voudrais bien m’accompagner, une fois, à une réunion ? J’ai un peu peur d’y aller toute seule. »
- InvitéInvité
De quoi, qui est beaucoup ? Rejoindre un groupe c’est stupide alors qu’elle parlait de rejoindre la lutte, le grand combat (bon, la, tu exagères). De quoi ? Que faire disparaitre tous les mecs relou c’est un peu trop ? Détail, détail. Parfois il faut faire le tri pour repartir comme il faut, pas vrai ? D’une certaine manière tu peux être assez extrémiste quand tu t’y mets. Et bourrine. Bref, toi tout craché.
"Je pourrai oui. Pourquoi, t’as peur qu’on te mange ?"
Remarque certaines pourraient, même si ce n’est pas forcément dans le "bon" sens du terme. Mais bon, ça n’est pas ton problème de ce côté la, et c’est tout sauf le but de tels clubs. Vous discutez pour faire avancer les choses, ni plus, ni moins. Enfin si, un peu plus. Elle découvrira.
"T’a besoin de savoir autre chose ? De toute manière c’n’est pas très compliqué, et puis tu sais déjà a quoi t’attendre."
Après tout elle est directement concernée.
"Contrairement à ton karaoké, il n’y a pas de piège."
D’ailleurs il faut croire qu’ils ont oublié son existence. Comme quoi tu as toujours raison.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Alors, d’abord, oui.
Lou ne ferait vraiment pas un bon repas. Elle est petite, nerveuse, a pas beaucoup de gras. C’est une viande pas tout à fait tendre. Elle ne voudrait pas imposer à des fins gourmets ses pauvres muscles. Ensuite :
« C’est juste pour me rassurer, mais je veux pas te forcer. »
Elle sait, au fond, que si elle n’a pas quelqu’un pour la motiver et pour y aller avec elle, Lou ne fera pas le premier pas. Elle n’a pas envie de se mettre en avant comme lesbienne. Sa famille habite à Kobe, après tout. Y aller avec une présence familière, ça lui permet au moins de se dédouaner si jamais ses parents, ou pire, son frère, lui demande ce qu’elle fait. “Accompagner une amie”, c’est plus facile que “me battre pour une cause qui me touche.” Elle n’en est pas à ce stade.
« Non, je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, mais j’imagine que je vais découvrir ça plus tard.. »
Après tout, il y a des choses que l'on ne peut pas découvrir par le retour d'expérience. Il faut aussi les vivre. Et même si Maya peut lui donner quelques clés sur ce qui se passe dans ce genre de meeting, rien ne sera plus enrichissant que de le vivre, pour de vrai.
« J’avais trop oublié, mais ouais… faut que j’aille chercher mon sac. » Lou roule des yeux. Elle n'a pas envie, mais vraiment pas envie d'y aller. « Dis, je sais que j'abuse, mais je peux te demander un dernier truc ? »
Lou a quelque chose en tête...
- InvitéInvité
"Bah tu me forces pas. Au pire ce sera drôle de te voir paniquer pour rien."
Quoi ? Il n’y a pas de petit profit. Comme quoi, même quand on est sur de soit, il y a parfois des moments de doutes. Tout le monde passe par la, et c’est normal.
"Facile, on est des sorcières, ont fait des potions, et on fait des plans pour dominer le monde. Rien de compliquer, vraiment."
C’est plus drôle de dire que ça que de dire que vous êtes simplement un groupe qui parle de choses pas toujours sympas.
"Bah ils ont l’air d’avoir oublié eux aussi, donc bon t’es tranquille."
Tu laisses échapper un rire.
"Va y, dit toujours ?"
Qu’est ce qu’elle a en tête ? Impossible de savoir sauf en lui demandant, duh.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
« Paniquer ? »
Il ne suffit que de ce mot pour faire paniquer Lou. Pourtant, la lycéenne n'a aucun mal à parler fort et à se montrer entreprenante. Seulement, les droits des personnes LGBT, ça lui tient à cœur. Elle n’a pas envie de dire de bêtises, ou de se montrer maladroite.
Même si elle fait de son mieux, Lou manque encore cruellement d’expérience et de savoir sur ces sujets. Elle n’a que seize ans, et distingue difficilement les différences entre bisexuel, pansexuel et omnisexuel. Plus le temps passe, et moins elle pense être l’un des trois.. Y’a bien des mecs qu’elle trouve beau, mais difficile de dire si elle les désire.
« Va pour les potions, tu vas voir j’ai un don pour la chimie… »
Si on compte la cuisine comme de la chimie.
« Alors, c’est que…» Maya marque un point. Clairement, les potes de Lou ont oublié leur camarade. Pas un seul n’est venu voir comment elle allait. Elle est partie au bar depuis bien trop longtemps pour que ce soit une commande qui prend du retard. « Est-ce que tu peux venir avec moi, juste devant la salle, pas dedans, comme ça je peux leur dire que je t’ai croisé et que je pars avec toi pour… » Il lui faut une meilleure excuse.. « Pour réviser la littérature ! »
Tout le monde sait que Lou est mauvaise en littérature.
- InvitéInvité
"Ne panique pas", ou l’art de faire paniquer les autres. Ce mot à cet effet magique et terriblement efficace. Trop efficace. C’est presque amusant, pour le coup. Oui, tu es cruelle, on le sait bien. Une très méchante fille. Sauf que ce n’est pas toujours ironique...
"Parfait alors, tu verras on recherche toujours ce genre de talent."
Les bonnes vieilles blagues de sorcière. C’est rarement lassant, bien au contraire. Surtout quand les gens y croient, comme des crétins. Ça sera fun.
Et donc, sa question. Qu’est-ce qu’elle va demander... OK. Ok. Tu éclates de rire. C’est beaucoup trop drôle, c’est ridicule là.
"Pardon."
La littérature. Ça te fait sourire.
"Oui bien sûr, réviser au bar. C’est bien connu. Tout le monde fait ça."
Tu as bu, et pourtant tu es certaines que tu peux trouver une meilleure idée.
"Et je dois me faire passer pour ta grande sœur aussi ?"
Allez, tu finis ton verre et tu récupères ton sac à main (et monsieur Lapin bien planqué à l’intérieur).
"Allez, c’est ou votre salle ?"
Il ne faudra pas que tu exploses de rire devant eux.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Les yeux de Lou sont ronds comme des tomates. Elle n’y croit pas ses oreilles. Maya a accepté ?! Elle a vraiment dit oui ! La lycéenne a envie de sauter partout, de crier combien elle est contente. Elle n’avait pas envie, mais vraiment pas envie de retourner dans la salle du karaoké. Mais elle se connaît : si ses amis avaient été trop insistants, elle aurait été incapable de les renvoyer balader. Avec Maya avec elle, c’est une autre histoire.
« Réviser ici, réviser ailleurs ! C’est juste une excuse, je peux aussi dire qu’on s’est croisées et qu’on va au café plus loin ! »
C’est une meilleure idée, ça, le café… Ou alors même, à la bibliothèque du campus ! Comme ça elle peut fuir, le plus loin possible, sans se retourner.
« Ils savent que j’ai une grande soeur… » Et Anna n’est pas du genre discrète… Mais après tout si elle reste dans l'entrebâillement de la porte. « Mais ça pourrait marcher ? »
Lou gonfle le torse. C’est une super idée, même. Ou une cousine. Ou une amie éloignée de la famille. Ou une pote de sa sœur. La copine de son grand frère, Mathéo ? Non. Ce serait peut-être un peu trop à supporter pour Maya. Elle ne semble vraiment pas vouloir avoir à faire avec quelconque garçon. On va rester sur quelque chose de simple.
Lou saute de la chaise du bar, et avance jusqu’au couloir. « C’est la dernière porte, à droite. » L’établissement est parfaitement insonorisé. On n'entend rien.
« Pour réviser : tu es ma…soeur… Non ! Cousine, on s’est croisés pendant que j’étais au bar, et on a décidé d’aller réviser ensemble au.. café ? Ou bibliothèque ? » .
Un coeur d’oeil vers Maya, pour s’assurer que le plan est le bon.
- InvitéInvité
Mais que… c’est une idée lancée comme ça, pour rire. Elle n’est pas censée la suivre ! C’est vraiment une idée moisie, et le pire c’est que ça pourrait te retomber dessus plus tard. Après tu ne penses clairement pas aux conséquences, la tu es surtout en train de te marrer.
"Déjà le café c’est un peu mieux."
C’est un meilleur endroit pour réviser… mais pas le soir quoi. Ça ne tient toujours pas. Quant à être la sœur… est-ce qu’il y a vraiment besoin de dire pourquoi ceci ne fonctionnerait pas ? Pas vraiment non. Pourquoi elle semble si partante pour cette idée... On dirait qu’elle réfléchit à un script ou quoi.
"OK, on part sur ça alors."
Non, son plan n’est pas le bon. Mais tu n’es pas en état de réfléchir convenablement. Et pour le reste, une fois devant la porte… tu as un sourire ridicule. Oups.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Elles sont aussi mignonnes que ridicules, Lou et Maya, devant la porte du karaoké. Avant d’appuyer sur la poignée, Lou prend une grosse respiration. Elle se fait tout le texte dans la tête. C’est drôle, ça lui semble être une superbe idée ! C’est fou, à seize ans, on peut être terriblement naïf… et terriblement stupide.
Elle ouvre la porte. Le premier générique de Naruto Shippuden résonne dans tout le couloir. Ses amis sont épris par les paroles de l’anime. Il y a bien une fille, un peu derrière, qui croise le regard de Lou.
Lou manque de rigoler, à la seconde où leurs yeux plongent l’un dans l’autre. Elle lui fait signe d’avancer.
« Hey ! Tu peux m’apporter mon sac ? »
La fille, incrédule, prend quelques instants avant d’entendre les mots de Lou. Finalement elle attrape le sac. C’est quand elle le tend à la lycéenne que Lou pense pouvoir s’en sortir sans se justifier. C’est vraiment beaucoup plus simple que ce qu’elle s’imaginait.
Mais malheureusement, l’opening s’arrête, et l’attention toute entière se porte sur la brune et la blonde à l’encadrure de la porte.
« Bah tu pars ? » Demande un des amis, le micro encore dans la main. Lou, prise en plein flag, répond : « Euh… Ou-oui… Bah, c’est que bah… Voilà en fait, j’étais au bar et puis, bah…» Elle montre Maya d’une main, elle a complètement oublié son texte, et espère que la blonde pourra rattraper ce moment gênant.
- InvitéInvité
Waw, le gros blanc que ça cause. Le mauvais timing. Parfois tu n’as vraiment pas de chance, hum ? Enfin, ce n’est pas toi le problème, mais la elle a vraiment pas de chance. Pils poil quand la chance se termine. Voilà ce qui se passe quand on hésite trop longtemps. Tant pis pour la discrétion.
"Ma cousine était au bar et il s’avère qu’elle est plus fatiguée que prévu."
La méthode pour prendre les devants ? Se montrer décidée et autoritaire. Ça, tu sais faire.
"Elle a passé une très bonne soirée avec vous, elle me l’a très gentiment dit, mais il s’avère qu’elle doit arrêter là."
Des questions ? Non. Pas de question. Pas de contestations. Bien.
"Tout est bon Lou ? N’oublie pas des affaires."
Tu devrais faire ça plus souvent, martyriser des jeunes.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Ouch. Le blanc que ça a provoqué.
Tous les camarades de Lou la regardent, avec un air incrédule. Elle entend, quelques messes basses. Elle a une cousine, Lou ? Et blonde, en plus ? Aussi remarquable ?! La lycéenne n’est pas du genre à faire des secrets à ses amis, et voilà qu’elle n’a rien dit. A personne. Ils savent bien qu’elle a une sœur et un frère…
Heureusement que personne n’est assez proche de Mathéo et Anna pour leur demander si cette cousine est bel et bien réelle !
La voix de Maya est peut être froide, robotique, et fout une salle ambiance, mais elle a le mérite d’être claire et nette. Plus personne n’ose poser de question, et Lou peut récupérer ses affaires. Le visage penché vers le bas, un peu désolée, elle attrape son manteau, une écharpe, et met son sac sur son épaule.
Avant qu’elle ne sorte, ses camarades remettent une chanson, et les saluent. Leur souhaite une bonne fin de journée, et de bien se reposer. Ils se verront lundi ! Pour toujours plus d’examens… « Bonne soirée à vous aussi ! » Lou espère vraiment qu’ils ont cru à la supercherie.
La porte claque, et silencieuses, Lou et Maya remontent le couloir jusqu’au hall d’entrée. « Merci, c’est passé facilement, finalement. » Lou brise le silence.
- InvitéInvité
Est-ce que c’était un peu trop bourrin ? Certainement. Mais ça a fonctionné. Parfois il ne faut pas trop se plaindre tant que l’on a des résultats. Et résultat relativement positif, non ? Elle a son sac, et elle n’a pas eu trop de problèmes pour partir. Parfait, non ? Ce n’était pas compliqué, en plus. C’est le genre de truc que tu devrais apprendre aux autres !
"Bien sûr que c’est passé !"
Pas besoin de cette histoire de cousine d’ailleurs, même si ça a du aider à faire passer la pipole.
"Faut pas se laisser faire et leur montrer qui est la patronne, c’est aussi simple que ça."
Tu hésites presque à lui donner une tape dans le dos. Le truc bien bourrin. Car tu es très subtile.
"Par contre si tu veux continuer ta soirée vaut mieux pas rester la."
Si elle veut la continuer.
"Grosses révisions en perspective dans un bar, hum ?"
Tu continues de trouver l’idée hilarante.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Un grand soupir de soulagement.
Bon, si Maya le pense aussi, c’est que ça s’est vraiment bien passé. Maintenant, Lou a tout le reste du week-end pour oublier cette soirée foireuse, et réfléchir à ses examens. C’est qu’ils lui prennent complètement la tête. Au début de l’année scolaire, avant l’été, ses résultats dans son premier lycée étaient assez insatisfaisants. Elle a eu la moyenne, mais pas plus.
Et si ses parents ne l’embêtent pas avec ça, son frère est plutôt bon à lui faire la morale.
Parce qu’elle voit la fin de l’année arriver, Lou a envie de réussir. Elle veut passer en seconde année. Pas question de redoubler ! Elle a peur de rester trop longtemps au lycée. Elle a des rêves et des projets pour l’après, qui ne sont pas en relation avec les mathématiques et la littérature japonaise.
Et c’est bien pour cette raison qu’elle répond à Maya : « Je crois que je vais vraiment en profiter pour réviser…»
Il ne reste plus que quelques jours avant les mathématiques, et Lou a bien envie de faire mentir Mathéo. Elle veut y arriver, et l’époustoufler. Elle n’aura pas la note maximale, mais elle veut au moins s’assurer une place en milieu de classement.
« …Les examens me font un peu stresser. »
Plus qu’un peu, même.
- InvitéInvité
C’est presque inquiétant qu’elle te croie à fond. Tu pourrais presque dire n’importe quoi qu’elle te ferait confiance ? Ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle, et heureusement que tu ne le remarques pas, parce que tu serais capable d’abuser de cette confiance.
"Quoi, vraiment ?"
Elle va vraiment réviser ? C’est un peu tard ! Autant dans la journée que dans le sens global du terme. Il parait qu’il faut laisser tranquille pour le dernier week-end, pour mieux retenir. Enfin, tu crois. Même toi fais des révisions de dernières minutes après tout.
"C’est normal de stresser, mais bon vu que ça va avoir au moins quatre années d’examen encore, ce n’est pas vraiment un bon truc de trop y réfléchir."
C’est comme ça, c’est tout. Pas trop le choix, pour les études.
"Bah bonne soirée et bonne révision, je suppose."
Si c’est son choix, c’est son choix. Bon courage à elle.
- InvitéInvité
Le samedi 8 décembre 2017
Quatre années ! Lou aimerait râler, mais elle le sait, les examens, c’est très loin d’être terminé. Elle aimerait imaginer que tout sera plus facile, lorsqu’elle sera dans les études supérieures. Plus besoin de réviser les maths, ou le japonais. Ce sont ces matières, les plus évidentes, qui pêchent le plus.
Elle aimerait penser que quand elle sera en études de cuisine, plus rien de tout ça ne sera désagréable. Qu’il ne pourrait pas y avoir un jour sans qu’elle soit passionnée par ce qu’elle apprend, et que derechef, les examens auront un goût de facilité.
Mais elle sait que tout ça est un beau rêve.
« Déjà, un step par un step : réussir l’année. On réfléchira aux examens des années suivantes… Plus tard. »
Bien plus tard.
« Bonne soirée. Merci encore, pour l’excuse. » Lou s’incline légèrement vers Maya, avant d’appuyer sur la porte du karaoké. Avant de partir, et de courir jusqu’à l’université pour réviser dans sa chambre elle lance : « Et à la prochaine ! »
#terminé