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Le Doyen
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Le Doyen

Epreuve 5 - MinQ Empty Epreuve 5 - MinQ

Dim 9 Oct 2022 - 11:05




La situation a beau être banale, le quotidien n’en reste pas moins attrayant. Que vous attendiez la fin du cycle de la machine à laver, que vous mangiez le même dessert à la cantine toutes les semaines, que vous patientiez la tête contre la vitre d’un bus, ces fragments de vie sont les rouages d’une trame bien huilée. A vous de sélectionner un de ces instants du quotidien et d’y déceler la beauté dans l’ordinaire.


Vous devrez rédiger votre texte en 3 paragraphes.
La 1ère phrase de chaque paragraphe devra faire parti d'un haïku qui, une fois assemblé, résume l'intégralité de votre texte.


▬ Cette épreuve est un solo.
▬ Vous avez 24 heures pour poster votre réponse.
▬ L'épreuve se termine le dimanche 16 octobre à 23h59.
▬ Les réponses sont limitées à 1500 mots maximum.

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Damen
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Epreuve 5 - MinQ Empty Re: Epreuve 5 - MinQ

Dim 16 Oct 2022 - 14:05
Damen Irridval

Air frais des sommets. Perché au bord du toit, cigarette à la main, Damen observe la foule qui se presse à ses pieds. Les petits uniformes bleus et rouges qui s'agitent pour arriver à l'heure en cours, rejoindre leurs amis, avoir les pc en premier. Tellement, tellement de raisons de courir. Aucune raison de planer. Dommage pour eux. Lui, il a toutes les raisons de planer. Dans le silence, pour changer. Parfois, tout ce dont on a besoin, c'est d'un peu d'air frais, d'effleurer un basculement. On dit que c'est dans l'absence que l'on comprend le mieux les sentiments. Est-ce pour ça qu'il n'a l'impression de sentir son cœur battre vraiment que quand il suffirait d'une bourrasque pour qu'il s'arrête ? Il respire le vent qui joue dans ses cheveux. Il n'y a pas de meilleur endroit qu'un toit. On peut tout voir, on est au bord de la chute vertigineuse qui pourrait tout arrêter et qui, en même temps, permet de tout commencer. Trois étages plus bas, quelqu'un trébuche. Tombe. Difficile de discerner les détails de son uniforme d'aussi loin, mais probablement un collégien. Un collégien qui se presse et qui court au lieu de profiter encore un temps de son monde qui n'a pas éclaté. Quelqu'un aide l'enfant à se relever. Époussette son pantalon, passe une main affectueuse dans ses cheveux. Grand frère ? Peut-être. Dans une autre vie, Damen aurait pu l'être, lui aussi. Sans l'accident de sa mère, elle aurait sûrement eu un deuxième enfant au lieu de se perdre dans le désespoir de cette impossibilité. C'est dans l'absence que l'on comprend le mieux les sentiments. Ce petit frère ou cette petite sœur qui n'existera jamais a pris tant de place qu'il a depuis longtemps emporté le cœur de sa mère avec lui. Son père a fait le reste. Il aurait pu l'aider. Que lui aurait-il coûté de panser l'esprit de son épouse au lieu de la laisser couler ? Le cœur serré, Damen tend la main au-dessus de lui. Il refuse ce point commun avec son père de toute son âme, mais lui non plus n'est capable d'aider personne. Aurait-il seulement été capable d'être un frère comme celui qu'il voit, ou n'aurait-il fait que le pousser vers le vide ? Un surveillant entre dans le tableau. L'autorité. La responsabilité. L'ennui personnifié. À quoi bon avoir du pouvoir si on s'en sert pour enchaîner et non pour être libre ? D'ici, il n'entend rien. À sa place, n'importe qui serait descendu de la grille pour ne pas se faire repérer, mais il s'en fiche. Beaucoup ont tenté de le faire descendre quand il parvenait à grimper. Parce qu'il enfreint les règles. Parce qu'ils ont peur qu'il tombe. Il sourit, continuant de balancer ses jambes dans le vide. Il n'y a pas si longtemps, il en aurait rêvé. Doucement, il se penche en avant, à peine assuré par la présence d'une de ses mains près de la grille. Il est si près du vide. Ce serait si facile. Pas étonnant qu'autant de monde cède à la tentation. Mais il ne veut pas tomber. Il veut voler, faire sa vie loin au gré du vent.

La proximité du vide — ou la liberté. Un concept flou, une chose dont beaucoup rêvent, que beaucoup cherchent sans pouvoir ou vraiment vouloir l'obtenir. Là, perché sur sa barrière de toit, Damen estime qu'il l'effleure. Ou peut-être la vit-il au quotidien ? Son regard se perd dans les nuages, lui profite du vent qui agite ses mèches blondes et fouette son visage. Oui, il est libre, sans contraintes ni autorité, sans attachement ni émotion. Peut-être. C'est dans l'absence que l'on comprend le mieux les sentiments. Il se mord la lèvre, s'allonge sur la grille malgré la barre en métal qui lui presse le dos, souligne du regard les courbes des nuages. Deux ans, déjà, qu'Eri est rentrée au Japon. Il a beau espérer qu'elle a réussi à se défaire de ses chaînes, il en doute. Elle était de ceux qui se laissent entraver car ils ne savent pas agir autrement. En voulant se libérer de sa mère, elle avait tenté de s'enchaîner à lui. Elle ne désirait que lui être utile, quitte à y perdre toute son identité. Elle l'aimait, dans toute sa folie et son instabilité. Lui aussi, dans les siennes. Si elle a pu se détacher un instant de solitude dans sa vie d'idol, peut-être qu'elle est aussi en train de regarder le ciel. Il sourit en l'imaginant, couchée sur le toit de cette villa qu'elle détestait autant qu'il déteste la sienne, égarée dans les nuages. Si elle était restée à ses côtés, elle aurait fini par chuter. Seule, si elle décide de se battre, elle pourra voler. C'est mieux pour elle. Il ferme les yeux. L'image d'Eri se délite sous ses paupières, remplacée par le bruit du vent, les murmures des classes qui commencent aux étages inférieurs. Il laisse tomber son mégot dans le vide. L'espace d'une demi-seconde, il se demande si quelqu'un ne risque pas de le recevoir sur la tête. Mais il n'y a personne dehors, à cette heure-là. Ils sont tous en cours, dociles et obéissants. Le surveillant et les deux garçons sont partis. Il est seul au sommet du monde. S'il s'endort maintenant, il tombe, mais c'est dans l'absence que l’on comprend le mieux les sentiments. Dans le danger que le cœur se révèle vraiment.

Je me sens vivant. C'est rare. De plus en plus rare, à mesure que son père gagne en influence et que lui gagne en âge. La majorité, en l'affranchissant de certaines règles, lui a arraché sa notion de liberté. À quoi bon boire de l'alcool s'il en a le droit ? À quoi bon aller dans des clubs s'il peut franchir la porte sans avoir besoin de sortir le double du salaire du videur ? Tout le monde se réjouit de grandir, comme si devenir adulte était un objectif. Cette pensée lui tire un rire incrédule. Comment peut-on vivre au quotidien sans le voir ? Vivre dans un avenir hypothétique alors qu'il suffit d'un coup de vent, d'un coup de volant, d'un coup mal placé, pour que l'avenir disparaisse ? L'humanité est stupide. Elle craint l'hiver en priant pour l'été, puis elle subit l'été en implorant l'hiver. Les adolescents veulent grandir pour chercher une liberté qu'ils perdent un peu plus à chaque année qui les approche de l'âge adulte. Les puissants se font réduire en esclavage par leur propre pouvoir au lieu d'en profiter. Son père est un idiot. Ils sont tous des idiots. Il faut vivre à fond pour éviter de penser au passé. Vivre à fond pour ne pas s’égarer dans l'avenir. Sinon on termine comme sa mère, à regretter ce qui aurait pu être. Ou comme son père, à tant planifier sa vie que l'on finit par ne plus en avoir. Damen aime la première, déteste le second, mais il sait qu'il ne veut ressembler à aucun des deux. Une feuille téméraire vient voler jusqu'à lui. Il l'attrape avant qu'elle ne le dépasse. Sait-elle qu'elle est détachée à jamais de l'arbre qui la maintenait en vie ? Qu'il suffirait d'une petite pression pour qu'elle s'effrite ? Il la prend dans sa main avec une tendresse incongrue pour quiconque l'a déjà rencontré. Une feuille. Une simple feuille qui fait un pied de nez à la prétendue liberté qu'il affirme avoir. Sourire aux lèvres, il la fait tourner entre son pouce et son index, détaille ses contours crénelés d'un regard affectueux. Elle se laisse porter. Quand vient l'hiver, elle se fond dans le sol et disparaît. Une vie éphémère sans responsabilités ni décisions, sans souvenirs ni pensées envahissantes. Il tourne la tête vers le vide. Si le vent pouvait l'emporter loin d'ici, serait-il vraiment si différent ? Les gens lui prêtent un plan qu'il n'a pas. Il vit, il cherche chaque jour une nouvelle manière d'être lui-même, mais il n'a pas d'objectif à long terme. Son seul but est de survivre sans se laisser enfermer, sans se laisser apprivoiser. Survivre et consumer tout ce qui l'entoure. Il sourit en relâchant sa captive, qui s'envole au premier souffle de vent pour atterrir sur le toit, inerte. Il n'est pas une feuille. Il est une flamme, aussi destructrice que fascinante, qui a besoin d'air pour continuer de brûler. Alors il prend une grande inspiration. Le froid lui griffe les poumons. Le silence revient. Petit bruissement de branches, son discret de l'électricité, bruits lointains de la ville. Il y est habitué, il ne les entend plus. Il ferme les yeux, pour les entendre vraiment. Le ronronnement de Londres, son silence à lui. Il n'en a jamais connu d'autres, mais il l'a toujours aimé. Savoir que son père y a tous les pouvoirs n'est pas suffisant pour lui retirer ça. Tant mieux. Il aurait détesté perdre sa ville en même temps que la bataille. Londres l'a peut-être consumé, mais il l'a consumée en retour ; il ne pourrait pas vivre sans elle.
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