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Le Doyen
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Le Doyen

Epreuve 5 - Dichotomia Empty Epreuve 5 - Dichotomia

Dim 9 Oct 2022 - 11:08




La situation a beau être banale, le quotidien n’en reste pas moins attrayant. Que vous attendiez la fin du cycle de la machine à laver, que vous mangiez le même dessert à la cantine toutes les semaines, que vous patientiez la tête contre la vitre d’un bus, ces fragments de vie sont les rouages d’une trame bien huilée. A vous de sélectionner un de ces instants du quotidien et d’y déceler la beauté dans l’ordinaire.


Vous devrez rédiger votre texte en 3 paragraphes.
La 1ère phrase de chaque paragraphe devra faire parti d'un haïku qui, une fois assemblé, résume l'intégralité de votre texte.


▬ Cette épreuve est un solo.
▬ Vous avez 24 heures pour poster votre réponse.
▬ L'épreuve se termine le dimanche 16 octobre à 23h59.
▬ Les réponses sont limitées à 1500 mots maximum.

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Ariel Nightingale
Invité
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Ariel Nightingale

Epreuve 5 - Dichotomia Empty Re: Epreuve 5 - Dichotomia

Dim 16 Oct 2022 - 21:09
Ariel Nightingale

À propos d'Ariel:

Au creux de l’oreille,
le vent siffle, annonce la mort de l’été, une année de plus, une fois encore. Éclaboussures de rouge et d’or tapissent le sol, carcasses d’automne craquent sous les pieds, parures aux milles couleurs délaissées. Il y a cet arbre, au beau milieu de nulle part, mais au milieu de tout, veines enracinées depuis plusieurs saisons déjà, spectateur d’un monde constamment en mouvement. L’hiver chasse l’automne, l’été fuit le printemps, Ariel se dit que cet arbre a tout vu, tout vécu, car sur la chair de celui-ci se dessinent des rides, sous ses doigts, l’écorce narre un récit aussi vieux que le temps lui-même. Oui, cet arbre est forcément un vieillard, qu’il pense, Ariel, ça se voit à ses cheveux manquants, à son début de calvitie. Ça lui fait penser à papa, pas un poil sur le caillou, du temps où son sourire était encore capable de dévorer l'entièreté de son visage et de réchauffer les cœurs. Branches tendues, dénudées, l’arbre a les bras grand ouverts aux volatiles venus y faire leur nid. C’est en écoutant les oisillons piailler que Ariel se souvient, se perd dans les méandres de ses souvenirs, le labyrinthe de son esprit. Quand il pleurait autrefois, c’est maman qui venait le réconforter, lui offrir une étreinte, véritable cocon de confort. Papa, maman et Ariel formaient une famille et pourtant le voilà ici, feuille morte emportée par le vent loin des siens.

Résonnent les au revoir,
dans son crâne ricochent d’affreuses pensées, celles des adieux précipités. Les doigts glacés du vent caressent ses boucles rosées, une brise fraîche murmure tout près de sa nuque, fait naître une irruption de frissons le long de sa colonne vertébrale. Ariel n’a rien pour se couvrir, solitude comme deuxième peau. Il porte ses mains à son visage, souffle dans ses paumes comme s’il avait là le pouvoir d’y cracher des flammes, chasser le froid de ses entrailles. Rues désertes, toute trace humaine évaporée, Ariel se demande ce qu’il fait là. Un lampadaire visiblement fatigué clignote pour que la lumière finisse finalement par s’évanouir dans la pénombre, s’amalgamer à ses cauchemars, rêves de noirceur. Qu’il serait bon d’être chez soi, enterré sous de lourdes couvertures à l’abri du froid automnal. Ses pas s’arrêtent devant un tas de feuilles empilées, le corps se fait plus lourd soudainement et plonge. Peut-être retrouvera-t-il les vestiges de l’enfance, les rires ensevelis sous les tonnes de feuilles desséchées, les souvenirs de moments heureux.

(Bonne nuit maman,
où que tu sois, quoi que tu fasses. Il fait noir et j’ai peur. L'œil dans le ciel, astre lunaire, ne cesse de m’épier. Il y a de gros nuages juste au-dessus de moi. Dame nature a-t-elle envie de pleurer elle aussi? Je la comprends. Elle doit se sentir seule, sans personne pour la border le soir venu. Est-ce que tu regardes les étoiles toi aussi, maman? Les constellations m’ont toujours fait penser à des taches de rousseur, comme celles parsemées sur ton visage. Tu me manques. J’ai hâte de te retrouver, toi et papa. J’ai plein de choses à vous raconter, sur la beauté du monde, les trésors cachés enfouis juste sous nos yeux. J’espère qu’on se reverra très bientôt, qu’on pourra parler de vive voix comme avant. Je vous attends. En attendant, maman, veux-tu bien éteindre la lune en sortant, me dire bonne nuit une dernière fois.)
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