Proper communication is the key to success [Nissa & John]

Je m'étire un peu après être restée trois heures assises. Je redoute un peu la suite des événements, vu que le professeur d'anglais m'a demandée de rester après les cours. C'est donc avec appréhension que je range mes affaires, et attend que le couperet tombe.

« C'est nn-ormal Stoker-sensei. N-non ! Votre c-cours est loin d'être ennuyeux ! »

J'ai toujours un peu de mal avec son apparence. Pour moi, c'est un cliché anglais ridicule qu'on ne voit que dans les jeux vidéos ou à la télé. Donc je suis un peu réticente à lui parler, même si c'est pour les cours ou autre chose. C'est nul de juger sur les apparences.

« Non ! Je n'ai aucun s-soucis avec vos c-cours. D'autant p-plus que j'adore l'anglais alors... »

Je laisse la phrase en suspens, pas trop sûre d'où je voulais en venir. Malgré ses manières un peu particulière, il reste un très bon prof d'anglais alors je n'ai pas à me plaindre.

« V-vous vouliez me voir à q-quel sujet ? »

J'attaque de suite le sujet, pressée de filer.

Les yeux s'abaissent à mesure de ses compliments. Je n'en suis pas vraiment fan, et quand ils sont si nombreux, ils ont le malheur de me faire rougir. Alors je reste le regard baissé le temps qu'il termine et attaque un autre sujet.

« Mer-merci »

Stoker-san insinue sur mes camarades de classe, qu'ils m'embêteraient à propos de mon bégaiement. Jusqu'ici, cela n'est jamais arrivé heureusement. Le cas contraire, je n'oserai même plus ouvrir la bouche ayant peur de subir des brimades.

« N-non. Ils ne se moquent p-pas de moi »

Je penche un peu la tête sur le côté. Serait-ce encore un énième professeur qui essaye de déterminer pourquoi je bégaye ? Ce n'est pas comme s'il était si gros que ça, j'écorche juste quelques mots tout au plus. Rien de bien grave dont il faut s'en faire.

« P-pourquoi ? »

Je lève les yeux vers sa face et son monocle.

Stoker-san préfère s'assurer de mon état, de ne pas être bully par les autres élèves. J'ai de la chance d'avoir des camarades de classe compréhensifs, et de ne pas avoir un tas dans le tas qui s'amuse à m'imiter en bégayant.

« Je sais ce que ça f-fait de voir quelqu'un être b-bully... c'est loin d'être p-plaisant. Et ce n'est p-pas mon c-cas »

L'adulte me parle de m'aider à devenir plus à l'aise à l'oral. Je le regarde en penchant un peu la tête sur le côté. J'ai déjà vu un orthophoniste pour ça, et ça a allégé quelques peu mes bégaiements, sans vraiment réussir à me guérir de ce mal.

« Comment v-vous feriez ? »

Je le regarde avec de grands yeux, intriguée.

Bien sûr que j'en parlerai à un professeur si quelqu'un subit des brimades d'un autre élève. Et aussi, ce n'est pas à lui auquel je penserai en premier si je dois me référer à un symbole d'autorité. Il a beau être beau parleur, j'ai du mal à le sentir.

Stoker-san avoue ne pas être un expert dans le domaine, alors forcément, je me demande un peu de quoi il se mêle. Il me parle du Théâtre, et à vrai dire, j'y ai déjà pensé. S'il y en avait un dans l'établissement, je serai déjà inscrite pour dire.

« S'il y en avait un ici, je p-pratiquerai déjà. Mais je ne p-peux p-pas en faire en dehors. »

Imaginer être dans une autre situation, où je suis particulièrement à l'aise.. certains lieux, sujets ou même des personnes. Ce dernier point n'est pas déconnant, vu que je ne bégaye pas avec les personnes avec qui je me sens particulièrement en confiance.

« Malheureusement, j'ai d-déjà essayé cet exercice mental. Faut croire qu-que je ne suis pas assez imaginative p-pour y arriver. »

Je hausse les épaules dans la vide, défaite.

Alors oui, monter un club de théâtre est loin d'être au mauvaise idée, mais ce n'est pas moi qui vais m'en charger. C'est le projet de Yuuta-san, et je compte être juste un membre. De toute manière, on en a déjà discuter, il n'y a plus qu'à attendre !

« J'ai déjà une connaissance qui c-compte ouvrir le club t-théâtre »

Quand il me parle d'une personne qui peut donner des conseils, et des cours particuliers sur le théâtre, je pense tout de suite à la professeur de cinéma. Après tout, quand elle m'avait proposé un cours, elle avait évoqué l'acting.

« Vous p-pensez à Kawaguchi-sensei ou à quelqu'un d'autre ? »

Stoker-san parle de la technique d'imaginer tout le monde en tutu rose, et je fais un peu la moue en l'entendant dire que c'est efficace. Je ne sais pas ce qui coince chez moi, si je suis juste pas assez imaginative, mais  ça ne fait aucun effet.

« J'ai d-déjà essayé, ça ne fonctionne p-pas »

L'adulte me demande quel est mon sujet préféré de discussions avec mes amis. C'est très difficile à dire, parce que cela varie de la personne avec qui je parle, alors j'essaye de faire le tri dans ce qui me vient directement en tête.

« Les chiens, les s-séries, les s-sciences, et les j-jeux vidéos. Je n'ai p-pas de sujets p-préférés à p-part cela et bien d'autres »

J'aime beaucoup de choses pour me limiter.

Quoi qu'il arrive, le club de théâtre verra le jour, que ce soit par le biais de Yuuta-san ou le mien. Petit hochement de tête à ce que dit le professeur ; c'est un projet qui me tient à cœur, et je suis prête à le soutenir dans sa démarche.

On parle vaguement de Kawaguchi-san et des aides qu'elle m'a proposée. En réalité, c'était plus des cours basiques sur plusieurs thèmes différents dont j'ai choisi la prise de vue. Alors on n'a pas du tout emprunter la voix de l'acting.

« P-plus ou moins. Mais je ne bégaye p-presque pas en compagnie de Kawaguchi-san »

C'est un aveu à moitié honteux, à moitié fier. Après tout, j'avouais avoir des facilités avec la professeure de cinéma, chose que je n'ai pas avec le professeur d'anglais ni la plupart des élèves de ma classe. Ce qui est un poil misérable.

Stoker-san admet ne pas être un homme de sciences. On ne peut pas être bon partout, mais peut-être aurait-il eu la science infuse de ne pas s'habiller de certaines manières. Voilà, je recommence à être vilaine... je ne mérite définitivement pas son soutien.

Sur ce qu'il dit ensuite, je ne peux m'empêcher un sourire léger en l'imaginant jouer à « Oh... Sir !! » une thé à la main, le petit doigt coincé sous le cul de la tasse. Alors je hoche encore une fois la tête à sa remarque sur les jeux vidéos.  

L'adulte me demande si ma famille possède des chiens. Forcément, je me rengorge un peu à cette question, c'est toujours avec le cœur lourd que je réponds à la négative. Je baisse les yeux sur le sol avant de les relever aussitôt à la mention d'une adoption.

« V-votre femme sait déjà qu-quel animal adopter ? »

Parce qu'après tout, un animal à quatre pattes, ça englobe une belle quantité de bestioles. Je m'apprêtais à poser une autre question lorsqu'un surveillant déboule à toute bourlingue dans la salle de classe. Il propose une sortie à un Maid café.

Je m'incline brièvement en réponse au sien, et le regarde partir un peu perturbée. J'attrape mon sac de cours, et l'enfile sur mon dos. Je ne prends pas la fuite, même si j'en suis pas loin, mais ne veut pas le retenir plus de temps qu'il ne faut.

« Ne vous inquiétez p-pas pour moi, je ne vous retiens p-pas »

C'était une intervention divine franchement.