[Terminé] Pouvoir du Gothique Lolita : Transforme-moi !

Chouette ! Elle est partante pour regarder Sailor Moon avec moi, et je suis déjà pressée d'y être ! On pourra se faire un marathon si on trouve du temps avant la fin des vacances.

« Au pire, il y a la salle commune ! C'est plutôt tranquille le soir, et les fauteuils sont super confortables »

Ce n'est pas que je ne veux pas regarder dans la chambre de Maya, mais je ne vois mal toutes les deux sur le lit – serrée comme des sardines, ou encore par terre à être mal à l'aise. Elle a tout de même raison sur une chose, sa chambre serait plus propice que la mienne, n'en déplaise à mes colocataires.

« Oui mais toi, tu n'as pas de short en jean en dessous, ce n'est pas pareil »

J'en démordrai pas. Je suis tout de même pudique ! Je sais quand la bienséance est de mise... Je ne suis pas en sous-vêtements en dessous, tandis que Maya l'est ! Alors oui, ce serait hors des convenances si elle faisait le même chose que moi, mais ce n'est pas comparable.

« Merci, je vais les essayer ! »

Je me demande comment un pied peut être joli... C'est plein d'orteils, et même si je prends soin de mes ongles avec un durcisseur, ça reste un pied. Alors je rougis un peu d'incompréhension, avant de carrément m'enflammer quand elle me traîne devant la glace et dit me trouver superbe.

« Je ne sais pas... Je fais patate... »

Rouge jusqu'aux oreilles, je regarde mon reflet avec appréhension... J'ai l'impression d'être déguisée, et non d'être habillée pour la vie de tous les jours. La robe arrive juste en-dessous de mes genoux, mais j'ai tout de même la sensation d'être trop peu vêtue.

Hm ? Se séparer au couvre-feu est des plus normales... Je n'ai pas envie d'avoir des problèmes avec les surveillants, alors je fais un peu la moue en m'imaginant dans sa chambre après l'heure fatidique.

« Sinon, on regarde de très tôt la matin, jusqu'au soir dans ta chambre  »

Je ne lui dis pas qu'il n'y aucune chance que je dépasse l'heure du couvre-feu... Je n'ai pas envie de passer pour la nulle coincée qui respecte les règles à la lettre. Mais quand le moment viendra, faudra que je lui dise plutôt qu'attendre en silence venir la mort de mon statut d'élève sans histoire.

« Non... Je-je... ne veux pas voir... »

C'est un enchaînement de rougissements ; pour ses sous-vêtements, les pieds et la tenue. Elle m'emprisonne dans une marée de compliments, et je me cache les joues et les yeux de honte. Comme si j'allais les rendre jalouses, alors que je n'ai aucune grâce.

« Hmpf »

Elle m'interdit de me changer, et je reste prostrée devant la glace pendant qu'elle vagabonde entre les rayons... Je le regarde revenir avec une robe noir, entre les mains. Je touche le tissu, et c'est extrêmement doux. Ayant récupéré mon teint à peu près normal, je lui réponds :

« Elle est très jolie, mais tu risques d'avoir chaud avec ça. C'est plus pour l'hiver »

S'il vous plaît ! Faites que ça s'arrête ! Maya me provoque en relevant tout doucement sa robe sur ses jambes. Alors je ferme les yeux pour échapper à cette vision... Et enfin, je l'entends rire puis s'excuser d'avoir joué avec moi. Heureusement ça prend fin ! Et, donc, elle n'a personne pour partager ce relevé de jupon.

« Tu recherches ou tu préfères rester célibataire ? »

La question m'échappe encore, trop curieuse pour mon propre bien. Mais contrairement à elle, je ne fais rien d'obscène ou gênant pour me moquer d'elle ensuite. Je reste courtoise dans mon indiscrétion, ce n'est qu'une demande bateau sans impact de balles ni de ballons.

Mon premier pas en tant que gothique... Je ne réalise pas que je suis en train de franchir la ligne que je m'étais promis de respecter, et ce, sans mes meilleures amies. Elles vont bouder quand on va se voir dans une semaine, et que celles-ci verront ma nouvelle tenue.

Enfin, rien est encore écrit. Je n'ai pas encore acheté la robe, je peux toujours faire marche arrière, raccrocher la robe sur son cintre, et sortir à reculons du magasin. Ce serait tellement plus simple et sans prise de risques, mais aussi terriblement plus lâche.

Quand je dis à Maya que le tissu n'est pas adaptée à la saison, elle me réplique qu'elle a connu pire. J'aimerai bien lui demander des clarifications mais j'ai assez donné aujourd'hui sur les questions indiscrètes. Alors j'attends patiemment qu'elle sorte de la cabine d'essayage. Verdict ?

« Y a un peu trop de nœuds roses à mon goût, mais sinon, elle te va à ravir ! »

Bizarrement, j'étais sûre à 100% qu'elle me dirait « pas un mec ». Mes pensées vagabondent et imaginent un garçon lui fait la cour... Comment réagirait-elle à cela ? Parce un coup de pied, par la fuite ou par gêne ?

À vrai dire, Maya a l'air perdu face à ma question ne sachant pas trop quoi répondre. C'est ma vengeance pour plus tôt ! Elle m'a provoqué à son tour d'être mal à l'aise... Bon, d'accord, j'ai posé la question sans trop le vouloir, il n'y avait rien de vindicatif à la base.

« Parce que tu disais que ce n'était pas du tout prévu »

C'est un peu bête comme raison, je l'avoue, mais il n'y a rien d'autre que cette curiosité mal placée. Ma senpai me renvoie la question, et c'est à mon tour d'être perdue. J'ai déjà eu des copains, mais ça n'a jamais été vraiment l'éclate malgré les sentiments.

« Non, je ne cherche pas. Je laisse les choses se faire »

J'ai bien quelqu'un qui me trotte dans la tête mais j'aurais trop honte ou peur de sa réaction, alors je préfère ne rien dire. Maya pense acheter sa tenue, et je hoche la tête de contentement. Après tout, la robe lui va très bien, et ça reste dans son style !

« Oui, on peut prendre la photo ! Par contre, j'aimerai essayer d'autres tenues avant de chercher les assorties »

On capture ce moment fatidique par une photo où je souris un peu gênée, juste à côté de Maya. Puis, je retourne dans les rayons cherchés ce que j'avais repéré plutôt, il n'y a pas une mais deux tenues qui m'ont tapé dans l’œil. Je les montre à Maya, en les mettant tout à tour contre moi.

« T'en penses quoi ? Je les essaye ? »

Comme ça, Maya partage le même point de vue que moi. Si elle comprend les filles qui font tout pour être casée, sur ce point là, mon point de vue diverge ; Sortir juste sortir, quel est l'intérêt à part remplir une petite case ? Pour ne pas être seule ?

Ça me rappelle une très longue conversation que j'ai partagé avec une fille de Nagoya, qui me demandait son point de vue sur son petit ami, si elle devait continuer de sortir avec pour faire comme tout le monde, et rester avec lui malgré le manque de sentiments. Elle se plaignait de sa manière d'embrasser avec la langue, comme s'il brassait de la bière avec sa bouche. Un truc comme ça.

Je hausse les épaules « Je peux comprendre... Mais je me vois mal sortir avec quelqu'un sans avoir de sentiments » Je shoote dans un cailloux invisible.

Mais après tout, les sentiments peuvent se développer avec le temps, non ? J'en ai jamais fait l'expérience, vu que je ne suis pas tombée amoureuse de mon premier copain, et le deuxième... On était amis avant qu'on partage les mêmes sentiments et qu'on sorte ensemble. C'est un peu une évolution aussi...  

« Je suis comme toi un peu, j'ai du mal à déterminer mes sentiments, et je n'ai jamais demandé à quelqu'un de sortir avec moi, c'est toujours venu de l'autre personne »

Jamais je n'oserai demander à quelqu'un de sortir avec moi... J'aurais trop peur de refus. Mais bref, j'ai mes autres tenues à essayer donc je rentre dans la cabine d'essayage et commence à me déshabiller... Mais je me prends les pieds dans la robe, et tombe dehors la cabine en me tenant au rideau.

Tout rouge, j'essaye de me dépêtrer de ce mauvais pas.

D'une oreille, j'écoute Maya s'épancher sur le sujet de l'amitié et des couples. C'est un sujet complexe, et je fais la moue en m'imaginant sortir avec une des mes amies. Ce serait tellement incertain...

« Aux risques de briser une amitié ? »

Même si c'est ce qui est arrivé avec ce garçon... Je ne sais pas pourquoi ça coince quand je l'imagine avec une fille. Peut-être parce que je chéris plus leur amitié ? Surtout Tsumugi et Hina... Ce serait effrayant de les perdre, parce qu'on aurait voulu tenter « plus », ou simplement essayer des choses entre filles. C'est juste hors de question.

« J'ai jamais été demandé par une fille non plus »

Je hausse un peu les épaules, pas tellement usée à cette idée. Comment je réagirais si là, dans cet instant, une fille me faisait des avances et me demandait de sortir avec elle ? Sûrement par un non gênée, trop apeurée par la réaction de mon père et Momo s'ils l'apprenaient.

« J'espère que ça me tombera sur le coin du nez, sans prise de têtes  »

Et vous savez ce qui est tombé aussi ? Mes grosses fesses, et tout le tas de viande que je représente. Heureusement, Maya a des sacrés réflexes, et me permet de retrouver l'intérieur de la cabine sans plus de heurt. Je reste plusieurs secondes voire minutes, le cœur battant la chamade.

Je me suis ridiculisée.

J'espère que personne d'autre que Maya m'ait vu en sous-vêtements... C'est déjà la honte envers mon amie, que je ne supporterai pas plus « Ça va... » Elle me rassure en disant n'avoir rien, chose difficile à croire vu l'état dans lequel je me trouvais.

Finalement, j'enfile une des deux tenues, et sort les yeux baissés pour lui montrer.

Une continuité de l'amitié ? Avec mon ex, enfin le deuxième, c'était bien ça, et quand on a déménagé, on s'était dit qu'on resterait amis... Et ça n'a malheureusement pas fonctionné. Je ne doute pas qu'il y ait des amitiés, mais faut au mieux que la rupture soit acceptée par tous les deux...

« Ça dépend de la rupture, et du respect. Quand ça se termine dans les cris et les pleurs, l'amitié a aucune chance »

Nous, ça s'est terminé dans le silence ; dans l'arrêt, des messages gentils et attentionnés, des prises de nouvelles ou d'envois de memes marrants. Ça s'était juste éteint malgré ce qu'on avait partagé auparavant. Je le regrette un peu, parce qu'on s'entendait vraiment bien.

On parle des déclarations de filles inexistantes... Et ça nous met face à l'homophobie qu'il y a au Japon. À KHS, c'est un peu comme un monde à part où les gens sont plus ouverts sur leur sexualité. J'ai déjà vu des filles se tenir la main ou même s'embrasser dans le parc, en pensant sûrement que personne ne les verrait ou s'en moquait...  En tout cas, ce n'est pas aussi si oppressant qu'en dehors.  

« Ce n'est pas facile... Déjà qu'on est très pudique sur l'amour... »

Puis, Maya me prend de court... Au début, je vois pointer du bout de son nez une demande sur le tas, mais elle me rassure en disant que ce n'est pas une préparation pour demander d'être sa petite copine. Alors je récupère mon rythme cardiaque normal, qui s'était un peu emballé.

« Je ne sais pas trop... » je baisse la voix, gênée de la confession « Si je n'avais pas de parents, je dirais oui à la fille – si elle me plaît évidemment. »

C'est vrai, aimer quelqu'un, c'est compliqué. On devient jaloux, peut-être exigeant ou trop caractérielle à la moindre incartade. Ou du moins, c'est que j'en ai vu à travers les années aussi bien avec mes relations à un certain degré, qu'avec celles des autres.

« On trouvera bien chaussures à notre pied, comme on dit »

Puis l'essayage, la chute, et la rédemption. Je sors toute gênée de la cabine et fait un tour sur moi-même. La robe est jolie, mais comme le dit Maya, la robe fait vraiment princesse, et ça fait un peu enfantin avec les petites perles sur le devant.

« Mh. C'est peut-être un peu trop froufrou »

Je retourne dans la cabine, et me change – en faisant très attention cette fois, dans l'autre tenue... Celle-ci est déjà plus à mon goût, même si le rouge est très marqué. Le tissu de la jupe s'arrête tout juste sous la poitrine et la met bien en valeur, comme la première.

Je sors et tourne sur moi-même, contente de la tenue.

Hochement de tête à ce que dit Maya sur les couples, qui partage mon point de vue. La maturité aide à clore les relations dans le calme et la dignité, bien loin de ceux suppliant à l'autre de rester.

J'avoue que la pudeur japonaise est gênante. Même tenir la main d'une amie est mal vu. Avec Tsumugi et Hina, c'était naturel de le faire ayant grandi ensemble. On a du arrêter à la pré-adolescence parce que les autres parents d'élèves trouvaient ça indécent.

Je rougis quand elle me met dans la case bi, ou carrément biromantique. Les cases, je les déteste. Comme si on ne pouvait être quelque chose sans devoir mettre un nom dessus. À notre époque, tout a un nom sur tout, qui rentre dans des cases exiguës.

« Je tiens à mes parents »

Point. Tout ce qu'elle dira sur le sujet, me passera par au-dessus de la tête et ira dans la case à « ne pas écouter ». Grand bien lui fasse si ses parents sont pour, ou si elle s'est rebellé contre leur autorité. Dans l'état actuel des choses, je ne suis pas prête à les confronter.  

On retourne sur le sujet des robes, et j'admets ne pas aimer les froufrous – sur moi seulement - non plus. Par contre, sur d'autres filles ou même garçon, ça doit être grave joli ! Ce n'est pas pour rien que la robe bleue et blanche avait attiré mon regard à la base... Mais c'est trop pour moi.

Maya insinue que ma poitrine ressort dans cette tenue, et je vire au rouge. Je disparais dans la cabine d'essayage pour cacher ma honte, et me dépêtrer de la robe à laquelle je tiens déjà. J'hésite à la prendre aussi malgré ce que mon amie a dit. Après tout, la première le faisait aussi, et elle n'a fait aucun commentaire dessus.

« Je suis prête pour les tenues assorties ! Par contre, je vais changer les chaussures, pour prendre celle-là »

Je la pointe de doigt dans le tas de chaussures... Je ne les avais pas vu, et maintenant, je ne vois plus qu'elles.

À peine je fais attention à ce que dit Maya sur ma sexualité. Je n'ai pas envie d'en parler à mon frère, alors j'en parlerai pas à elle, que je connais pas si bien que ça. Surtout que sa manière d'être ouverte sur le sujet me fait un peu peur.

« Oui, je les aime bien ! Puis la dentelle fait un rappel aux deux robes »

Alors deux robes à acheter, plus les chaussures, et sûrement des bas ou des collants de couleurs blanches, et il ne manquera plus que les tenues assorties, et ça sera fait ! Parce que mine de rien, je ne suis pas si fan de shopping que ça, les habits taillant souvent mal, c'est plus un calvaire qu'autre chose.

Maya tombe sur une tenue qu'elle aime beaucoup dans les rayons des tenues assorties, et celle qui la complète fait carrément garçon... Alors j'hésite un peu, et fouille dans les tenues pour ce qu'il y a d'autres. Il y a tellement de choix que je suis perdue.

« La tenue me va, mais sinon, il y a celle-là et celle-ci qui me plaisent aussi »

Les dernières tenues assorties sont deux robes, une noire et une blanche ou comme celle qu'elle a montré plus tôt, une tenue femme en robe et une tenue homme en short. Les trois me vont, mais c'est à elle de choisir ce qui lui plaît le plus.

« Tu préfères lesquels ? Les tenues assorties me plaisent toutes les trois. Alors je te laisse choisir la robe que tu préfères »

Je rigole à sa remarque sur les fringues... Jamais je ne les ramènerais, elles sont à moi ! À MOI ! Nan, franchement, je compte bien les acheter mais de-là à les porter pour la vie de tous les jours, il y a une marge.

« Trop tard. Il y a déjà mon nom dessus »

Je me retiens de faire un O avec mes doigts, où elle regarde... Ce serait stupide de la frapper, même si elle comprendrait la provocation. C'est surtout un délire de mecs, plutôt que de filles. Mais on le faisait tellement souvent avec Hina et Tsumugi quand on a découvert ce jeu !

« Oui, go les essayer ! »

Je fais une disparition ninja dans la cabine, bien décidé à essayer ces tenues carrément garçonne, mais d'une autre époque et qui tire désormais vers le féminin. Je me regarde dans la glace d'essayage, un poil peu convaincue. C'est mignon, mais encore une fois, trop de froufrous.

« C'est joli mais un peu trop enfantin »

Maya me dit commencer à comprendre pourquoi j'aime ce genre de tenue. C'est vrai qu'on est à l'aise dans un short, et on a moins de chance de se ridiculiser. Quand elle rajoute que ce n'est pas pour elle, je peux que hocher la tête. Ce serait sûrement ridicule sur elle.

« On essaye la rouge ? »

Nouvelle disparition ninja. Cette fois-ci, je me sens un peu plus adulte dans la tenue essayée. Les tenues se complètent bien, et je l'essaye avec mes nouvelles bottes. Je trouve ça carrément top, alors je sors de la cabine, tout fringuante, et je tâte du côté de Maya :

« Tu préfères laquelle alors ? »

Héhé! Elle pourrait très bien me les piquer que ça ne me dérangerait pas. Après tout, se prêter des vêtements ou du maquillage, c'est un peu la base des relations entre filles.

« Ouais mais... J'ai toujours trouvé que dire mignonne à une femme, c'est rabaissant au statut de gamine. Alors que jolie, c'est déjà plus adapté »

On sort en même temps de la cabine, et un « Wow » s'échappe de mes lèvres, quand je vois Maya dans sa tenue. Le rouge et le noir lui vont si bien, elle est resplendissante. Elle me dit que suis parfaite dans ma tenue, ce qui m'arrache un sourire gênée.

Je la regarde tournoyer sur elle-même « Toi aussi, t'es parfaite dans ta tenue. On dirait que l'habit a été fait pour toi » les yeux qui se détournent un peu, gênée par les phrases que je viens de sortir.

Alors comme ça, entendre mignon de la bouche de Maya est une manière de complimenter sans rendre les choses ambiguës ? Tout le contraire de ce qu'il se passe avec moi depuis que j'essaye des tenues en somme. C'est grave louche.

« Tkt ! Si ça vient de toi, je saurais que ce n'est pas en mal »

Maya s'empourpre à mes compliments, et nous voilà toutes les deux rouges à éviter le regard de l'une et de l'autre. Je ne sais pas pourquoi je me sens particulièrement embarrassée en sa présence, est-ce parce que je sais qu'elle préfère les filles, alors ça impacte plus ce qu'elle me dit ?

« Si tu me payes la tenue, je te paye le resto. C'est bientôt l'heure de manger »

Perso, je vais remettre mon short en jean et mon haut pour passer à la caisse. Je fais donc un aller-retour rapide dans la cabine, et ressort avec toutes les tenues sous le bras, plus les chaussures et des collants blancs que j'ai choppé dans le rayon adapté.

« Non, je pense que c'est bon. On peut aller payer »

On passe donc à la caisse, avec toutes nos tenues. J'en profite pour demander la permission à la vendeuse pour m'habiller dans leur cabine après l'achat effectué : elle accepte, et je vois le montant de 35000  yens s'afficher, et ce, sans la tenue assortie.

Je me décompose pas pour autant, ayant eu pas mal d'argent de poches ce mois-ci comme il n'y avait aucun voyage prévu avec l'école. Je paye, mets tout dans mon sac à dos puis j'en profite une dernière fois pour passer dans la cabine, et enfiler la tenue spéciale. Cette fois, on est parée !

« Tu as une idée de où manger ? »

Tant mieux que ça la rassure. Je suis en général facile à vivre, et je m'adapte plutôt bien à l'autre personne, malgré mon skill passif de 100% de chance de mettre les pieds dans le plat et d'être parfois un peu trop timide.

Je tourne la tête vers Maya quand elle me parle d'une nana super bizarre « Y a vraiment des filles qui s'y croient trop des fois. C'est un compliment, pas une déclaration d'amour » Franchement, celle-là, elle mérite des claques pour retourner dans le droit chemin.

Mon deal sur les vêtements et le repas, est accepté un peu trop aisément, et je me dis que j'ai vraiment mal calculée mon coup. Faudrait aller dans un restaurant huppé pour lui rembourser la dette de la tenue assortie, ou prendre une dizaine de ramens.

« Y a un Steakhouse de bœuf de Kobe à quelques centaines de mètres d'ici, on peut aller manger là si tu veux »

Il me semble que c'est un gastronomique... C'est l'occasion pour peut-être lui faire découvrir un peu la spécialité de la ville, surtout qu'il est déjà midi.

Si on suit la logique de ces gens-là, ça voudrait dire que je serai attirée par tout le monde et n'importe qui. Ça me fait doucement grincer des dents en y pensant. Dire que mon père ou même Momo croit sûrement à ce genre de bêtises.

« Y a pire, tu sais ? Je veux dire... J'ai entendu bien pire sur les gays. »

Je ne lui dis pas le fond de ma pensée... Comme Momo, qui m'a dit un peu plus jeune, que les personnes homosexuelles ne se mettaient ensemble que pour le sexe... Et pas pour le reste. Ça m'a tellement marquée que je me souviens du visage dégoûtée de ma mère quand elle a dit ça.

Même si Maya se prétend ouverte, je n'ai pas envie de rajouter de l'huile sur le feu concernant le topic des « parents » On a déjà failli se disputer, je n'ai pas envie d'en rajouter une couche. Alors je ne fais que hocher la tête à ce qu'elle dit.

En l'espace de quelques minutes, on arrive au Steackhouse... Devant l'entrée, je check les commentaires sur le menu et les plats. Et je me décompose un peu en voyant le « prévoir un minimum de 60 000 yens par personne » mais ne laisse rien paraître. Momo va me tuer si je mange là... Faudrait que je retire de l'argent en plus.

« Ah ? J'ai cru que t'étais sérieuse... »

Je m'essuie les gouttes imaginaires de sueur, de mon front. Me voilà dans une bien mauvaise situation. Je continue de lire les commentaires, et un autre parle seulement de « 8000 yens par personne » ce qui serait déjà un peu plus dans ma fourchette de prix.

« Si tu veux, on peut garder ce restau en tête pour une occasion importante ? Tu as une autre idée qui te ferait plaisir ? »

Je lui montre mon téléphone avec tous les restaurants du coin... Elle n'a qu'à choisir ce qui lui plaît entre les fastfoods, les salons de thé et autre.

Faut dire aussi que la communauté, ou plutôt une minorité LGBT donne des raisons à ses détracteurs en tombant dans des extrêmes... Je ne dirai pas lesquels parce que je sais que ce serait sûrement une source de disputes.

Avec 9gag et Tumblr, j'ai beaucoup vu de choses aberrantes avec la religion chrétienne des U.S.A et la communauté LGBT. Beaucoup de messages et de pancartes de haine, qui me font frissonner de dégoût rien que d'y penser. Maya me propose de rejoindre un groupe de discussion sur le mouvement :

« Nan. Enfin. Je. C'est sur quel support ? »

S'il n'y aucune chance que je me fasse spotted par Momo, pourquoi pas. Enfin... Je n'en sais rien. Moins je suis en contact avec les LGBTs, mieux je me porte ? Ou alors, je suis matricée pour penser comme ça, et me tenir à distance par peur d'être quoi ? Contaminée ? Je suis stupide...

« T'as raison » je balise un peu qu'elle ait vu le prix... Je vais passer pour une radine « Changeons d'endroit »

Je l'entends à peine marmonner sur ses parents. Alors comme ça, c'est une gosse de riches – un peu comme moi ? Étrangement, ça ne m'étonne pas plus que ça... Même si je ne sais pas à quoi cette information va me servir, je le sais, c'est tout, ça me suffit.

« Mon anniversaire est passé, c'était en Avril. Et toi, c'est quand ? »

Je relève la tête du téléphone, en sentant un regard dirigé vers moi. Un passant me dévisage avant de détourner les yeux... Ça arrive une, deux, trois puis quatre fois... Et je me sens observer de tous les côtés, et je tire sur le bas de mon veston.

Ma tête tourne, et je sens ma respiration s'affoler. À deux doigts d'une crise de panique, je prends de grandes aspirations pour me calmer. Tout va bien, ce n'est rien, je suis avec Maya, tout le monde s'en fout de moi. Personne ne me regarde, c'est juste dans ma tête.

« Je te suis »

N'importe où ira, tant que ce n'est pas ici.