Ne pense pas à toutes les bêbêtes qui se cachent sous l'eau !

Haha, douce oui, mais pas sans défense ! C’est juste que… Je ne m’en sers que si j’ai pas le choix, tu vois un peu ? C’est dans le code du karaté !

Je rigole légèrement et l’écoute ensuite, sans pouvoir m’empêcher d’acquiescer. C’est pas seulement difficile à contrôler, c’est aussi super irrationnel parfois mais y’a pas de moyen magique de tout régler. Déjà qu’avoir une phobie, c’est chiant, mais en avoir plusieurs, c’est la galère. Enfin, j’vais pas m’étaler dessus, la peur de l’eau l’a déjà bien étonné. Je rougis un peu quand il me dit de ne pas me dévaloriser, j’ai toujours eu du mal et on m’y a bien aidé…

Tu… Tu n’es pas seul à me le dire mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand on t’as longtemps fait comprendre l’inverse. Enfin, oublie ça haha. C’est cool que tu te plaises autant au basket, je t’ai déjà vu sur le terrain une fois ou deux en accompagnant Tessa dans les gradins, t’as l’air de vraiment aimer !

Je lui dit avec enthousiasme et évite avec précaution d’en dire plus sur la période de bully qui m’a suivi au collège et lycée. J’ai pas vraiment envie de le voir s’apitoyer, ma fierté presque inexistante en a déjà pris un coup aujourd’hui !

Je veux bien te montrer, mais du coup tu devras accepter un petit combat juste après alors !

J’ai un petit air démoniaque en souriant mais c’est pas grave s’il découvre cette facette là. Il a du en avoir un tout petit aperçu avec les gages tout à l’heure. En plus, un petit combat dans l’eau, ça devrait pas faire de mal. Il ne me fera pas tomber dedans lui au moins. Moi, par contre, j’aurai le droit ! Je m’écarte un petit peu, pour m’arrêter quand l’eau m’arrive juste sous le genou.

j’ai l’impression d’être dans Karaté Kid, tu sais, le moment où Miyagi-san demande à Daniel de travailler son équilibre en résistant aux vagues… Bon allez, je me lance.

Je prends une grande inspiration, ramène mes poings tendus vers le bas, devant moi et annonce tout bas le nom du kata que j'entame.

Jion.

Tenue de Meyu:

Je souris à la référence de Milan, qu’il connaisse Karaté Kid me touche au cœur. C’est le film de mon enfance et je ne pourrais jamais refuser de le regarder. Car oui, c’est ça, et papa evidemment, qui m’ont donné l’envie de me lancer dans ce sport qu’est le karaté. Je met en place, fait le salut traditionnel et c’est parti.

Ce kata, je le connais par cœur. Il me suffit de fermer les yeux pour me mettre dedans et essayer de faire abstraction de la mer qui clapote contre mes jambes, même si je ne peux l’effacer en entier. Mes poings se ferment et se tendent, mes jambes accompagnent chaque mouvement de façon millimétré, cadencée comme une chorégraphie bien maîtrisée et emprunte d’une puissance bien contrôlée. Quand j’arrive au bout, je reprend ma position initiale, salue de nouveau et rouvre les yeux, rougissant sous les applaudissements de Milan.

Merci beaucoup, c’est gentil…

Je me frotte l’arrière de la tête et me raidit de nouveau en sentant une grosse vague percuter mes chevilles au moment où Milan poursuit :

Hahaha, on a peur Potter ?

Une autre ref, pour détendre l’atmosphère, mais je ne me sens pas trop de chahuter comme une folle dans l’eau pour essayer de mettre Milan à l’eau, au risque de tomber avec lui. Je crois que tout mon courage et mon assurance sont passé dans mon kata, et qu’il ne reste plus rien.

Ca tombe bien, je crois qu’on fera un combat une autre fois ! J’ai… trop peur de finir à l’eau en t’envoyant au tapis avec ma super force héhé…

Tenue de Meyu:

Je tire la langue quand il me dit que je ne suis pas la plus « Malefoy » qui soit et enchaîne en abandonnant l’idée de combattre, ce qui n’a pas l’air de le décevoir tant que ça vu son petit sourire ! Il peut compte sur moi pour ne pas ouiblier de lui devoir un petit 1v1 un de ces jours en tout cas, ce sera trop rigolo pour l’embêter.

Par contre, je perds bien vite mon sourire quand il me propose de me « jeter à l’eau » entre guillemets :

De flotter ? Tu veux dire, m’allonger dans l’eau comme ça, toute seule ? Euuuh…

Ca ressemble pas trop à une sieste pour moi, avec toute cette flotte et la panique qui va avec. Quand je dors, je suis loiiiiiin d’être paniquée ! Je le regarde, regarde l’eau, le re-regarde et fait la moue :

Tu veux pas… ?

M’aider ? Me tenir pour éviter que je me noie ou alors me laisser m’aggriper pour qu’on simmerge tous les deux, et que je ne me noie pas ? Non, j’sais pas comment lui demander ça sans passer pour la fille qui essaie de profiter pour se rapprocher physiquement de lui à des fins pas très très catholiques. J’suis pas comme ça moi ! Rêvasser de lui ou penser vraiment à tenter un truc, c’est pas du tout pareil ! Non non non, Milan restera une simple petite rêverie. J’veux pas plus !

Je sais pas trop comment, mais tu peux m’aider ? J’ose pas m’immerger dans l’eau comme ça, sans filet de sécurité… Même les onsen, j’reste soigneusement au bord sans en décoller.

J’baisse les yeux et sens mes joues chauffer, la honte surement, ou le fait de lui demander de l’aide, ou les deux, mais voilà…

Tenue de Meyu:

Ahah, oui je sais bien…

Les joues toujours rouges, je me mords la lèvre en regardant les vaguelettes heurter le bas de mes cuisses. Je ne suis jamais allée aussi loin et je m’en rend compte maintenant, c’est déjà un gros progrès non ? Je l’écoute et son hésitation me fait dire que j’ai bien raison d’être gênée de la proximité que je lui demande, alors qu’on se connait pas assez pour ça. J’espère qu’il ne m’en voudra pas…

On-on peut faire comme ça o-oui…

Ah bah quand faut y aller, on a tout à coup moins d’assurance hein ! Je laisse Milan se positionner derrière moi et prend une grande aspiration avant de commencer à m’immerger un peu plus… Mais j’me redresse aussitôt avec un poil de panique en tournant la tête par-dessus mon épaule :

Tu-tu me tiens hein ? Tu me lâches sous au-aucun prétexte !

Pouah, c’est galère, j’peux pas laisser ça arriver. J’veux pas aller dans l’eau je veux pas, je veux pas, je veux pas ! Mais j’peux pas me débiner non plus alors que j’ai demandé son aide… Je prend une nouvelle inspiration et, en sentant ses mains venir me tenir, je me laisse glisser touuut doucement pour m’allonger à la surface et faire la planche. Je suis méga tendue, les points serrés et tout mais je finis par ouvrir les yeux et les relever vers Milan qui s’assure de ma stabilité, cherchant son regard pour avoir un point de sécurité sur lequel me fixer.

Tenue de Meyu:

Mon regard croise le sien qui me rassure, sa voix toute calme m’aide à me détendre. Je frissonne quand il me fait bouger mais relativise quand je me rends compte que c’est pour me rapprocher de lui. Ca me rassure un peu plus et franchement, c’est que du plus. Je préfère qu’on soit plus proche et qu’il me tienne près de lui plutôt que de me demander si je vais couler bientôt. Je sens les vagues se courber, l’eau m’effleurer les côtes, la poitrine et les cuisses, mais même à moitié immergée, j’arrive à me détendre et ça relève du miracle.

Je reste quelques minutes comme ça, essayant de profiter de cette expérience surprenante, me demandant comment j’ai pu en arriver à surmonter ma phobie aujourd’hui et si ça se reproduira un jour. C’est une petite victoire que je garderai en mémoire, ça c’est sûr, et je la dois à Milan. En essayant de me relever, je m’agrippe à Milan pour ne pas couler et ramène mes jambes sous moi dans le but de me redresser. Je me rends compte de notre proximité après une demi-seconde à souffler et me sépare de lui en rosissant des joues :

Oh, pardon !

Je me sépare de lui et me relève, l’eau m’arrivant aux hanches et remettant mes cheveux derrière mes épaules, je regarde vers nos serviettes avant de lui refaire face en m’inclinant puis me redresse tout sourire :

Merci Milan, pour tout ça. Ca représente beaucoup et j’aurai jamais osé toute seule, et maintenant je sais que tu es quelqu’un de confiance sur qui je peux compter ! Si ça te dit, je peux te remerciant en t’offrant un truc à manger ? Autant d’efforts, ça m’a donné faim !

Tenue de Meyu:

Mes mots s’enchaînent pour essayer de paraître assurée et de m’en convaincre moi-même, afin de dissiper la couleur de mes joues. Je ne tarde pas à sortir de l’eau à sa suite quand il accepte, me concentrant sur la vitesse pour revenir en terre sainte, c’est-à-dire sèche. Je me penche pour attraper ma serviette et me frotte les cheveux pour les sécher assez vite, puis fait glisser la serviette sur mon visage avant d’aller sécher mes bras. Le souci, c’est que quand le tissu me passe devant les yeux et que je recouvre la vue, je tombe face à un spectacle… perturbant.

Sa serviette quitte ses cheveux, laissant des mèches à moitié humide retomber sur sa tête et faire fuir quelques gouttes sur ses épaules, avant qu’il n’aille essuyer son torse. Un torse qui ruisselle encore d’ailleurs. Enfin, il est couvert de gouttes qui perlent et qui glissent tout le long… J’avais jamais remarqué que ses abdos étaient aussi bien dessinés, tiens… Sans m’en rendre compte, je penche légèrement la tête sur le côté en remarquant une cicatrice discrète, bien trop perdue dans le dédale de lignes créées par son anatomie. Y’a pas à dire, l’anatomie humaine est fascinante... C’est seulement quand il parle de son maillot de bain détrempé et que mon regard m’échappe, que je me redresse d’un coup sec.

Wow, on a frolé la catastrophe. Ne pas regarder en bas Meyuki, tu as déjà assez regardé Milan comme ça de toute façon. Mes joues sont quasi brulantes et je m’en rends seulement compte, remontant vite fait ma serviette pour couvrir mes cheveux et ma figure. Je frotte tout énergiquement pour me changer les idées.

Oui, je me dépêche ! Je te laisse choisir dans quelle direction on va aller haha…

Je ne sais même pas si on voit vraiment les cafés d’ici, mais tant pis. Je termine de me sécher les cheveux, les remet à peu près correctement en place, même si une mèche ou deux semblent ne pas vouloir se discipliner, puis sèche le reste de mon corps alors que Milan est déjà habillé. Ça va être compliqué de me changer, et il y a une file énorme pour les cabines sur la plage, auxquelles je jette un œil désespéré… J’attrape mes vêtements dans mon sac de plage et les enfile par-dessus mon maillot de bain encore humide, mais ça finira bien par sécher. Quitte à m’enrouler  plus tard dans ma serviette pour retourner au bus si je ne suis pas entièrement sèche, parce que même si je dois mouiller mon t-shirt, je ne partirai pas sans l’avoir sur le dos. J’enfile le haut, puis le bas et passe ma serviette autour de mon cou avant de me redresser, les joues encore roses de m’être autant dépêchée pour ne pas trop le faire attendre.

Fiou, c’est bon j’te suis, Transat-senpai !

Je lui fait un grand sourire malicieux après ce petit surnom. Il l’a dit lui-même tout à l’heure. Et puis, franchement, avoir Milan Cray comme transat ça relève plus du privilège que de la moquerie après tout.

Tenue de Meyu: