Les paroles d'Arizona, la veille, eurent un effet dynamisant sur Alya. À la suite des paroles de celle-ci, la sportive avait trouvé la validation nécessaire pour passer à l'action.
Revigorée, son cœur battait la chamade contre sa poitrine au point que son organe vital pourrait imploser.
C'était aujourd'hui. Aujourd'hui, elle se déclarait à Mathéo Takahashi.
Cela dit, il subsistait en elle quelques incertitudes, notamment en raison des échanges avec Kazane qui lui indiquaient les préférences de Mathéo pour la gent masculine.
Néanmoins, Alya nourrissait l'idée que ce n'était que des théories, des on-dit, des bruits de couloir - et quand bien même les rumeurs s'avéraient être vraies, la sportive pouvait s'en servir à son avantage.
Aujourd'hui, elle s'accomplissait dans quelque chose de nouveau et d'inhabituel, une action qui la sortait de sa zone de confort et la mettait dans un état d'excitation et de nervosité face à l'inconnu.
Elle surprenait son corps à trembler, remarquait son absence de pensées pragmatiques - il n'y avait que le texte qu'elle avait révisé avant de se coucher qui était capable de franchir le seuil de ses lèvres, celles-ci pourtant assurée à prononcer :
- Takahashi. L'interpella-t-elle. Mathéo. Signe de la main. Viens, j'ai à te parler.
Elle pivota rapidement sur ses talons et avança à allure précipitée, ses longs cheveux raides claquants derrière son dos dont l'humidité au bout de ses fourches s'égouttant par fragments de rosée à chacun de ses mouvements vifs.
Après sa leçon de natation, Alya avait rapidement quitter les vestiaires en voyant que Mathéo était sorti avant elle, renonçant ainsi à se sécher les cheveux.
Rien ne contrariait davantage ses projets, pas même ce tout petit imprévu.
C'est aujourd'hui qu'elle avait enfin décidé de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière, de changer sa situation ; d'être comme tout le monde, de sortir de ce moule injuste de solitude où elle était vraisemblablement maudite à demeurer une éternelle célibataire alors que tout le monde sortait avec tout le monde sur le campus.
Pour ainsi dire, elle portait si peu d'intérêt aux relations amoureuses, et ce, pendant une si longue période de sa vie, que la sportive se sentait à l'aise dans son statu quo, s'accoutumant aux propres habitudes qu'elle avait fondées sans être dérangé par un copain, fatalement synonyme d'obstacle à sa progression.
Cependant, sa propension à se concentrer sur son statut social -quand bien même elle ne faisait aucun effort pour être amicale- l'a poussé dans une direction différente de ce qu'elle croyait être la bonne voie pour elle. "Le sport et rien d'autre" ; c'était son tour maintenant.
Elle opta pour un espace isolé dans un bosquet, coinça le jeune homme dos à un arbre, tout en traversant un petit buisson dont les feuilles lui chatouillent les mollets.
Tout avait été sélectionné la veille : le lieu, le discours.
Alya avait un goût prononcé pour la précision, le calcul, ne négligeant aucun détail, même si elle avait précipité la date de sa déclaration à cause de son entourage et de sa propre précipitation à atteindre son but.
Cachés à travers le feuillage dense de la haie taillée avec soin, la brune planta un regard vigoureux dans celui, interrogatif, de Mathéo.
Les douces fringances du début d'été flottaient dans l'air, des notes de pollens empruntaient des cercles de couleurs au bleu du ciel azur un court laps de temps avant de voltiger vers de nouveaux horizons.
Dégageant l'une des particules doucettement apposée sur son nez, Alya cassa brutalement le silence qui s'était instauré après son interpellation.
- J'ai quelque chose à te dire, et écoute-moi bien parce que je ne le dirais qu'une seule et unique fois.
Elle élargit imperceptiblement son torse, pris une unique bouffée d'inspiration.
Les mots restaient coincés dans sa gorge, comme s'il lui restait encore une parcelle de lucidité avec la possibilité de faire marche arrière qu'elle chassa immédiatement en plantant ses ongles contre ses paumes fermées.
Le principe même d'échouer lui donnait le vertige, au point qu'elle se convainquit que ses choix étaient irréversibles puisqu'elle avait déjà annoncé à Kazane ce qu'elle avait prévu de faire.
En toutes circonstances, l'athlète devait être fiable, prouver à sa meilleure amie qu'elle ne s'était pas dégonflée.
Allez, un peu de courage, ma vieille.
Elle remonta brusquement la tête, l'expression déterminée de ses yeux brûlants déclenchant la première démarche péremptoire.
- J'aimerais que tu sortes avec moi.
Rien de plus, rien de moins.
C'était froid, impersonnel et récité.
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- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 268■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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❖ Chambre/Zone n° : U-1
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 545■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
3 juillet 2018
Sous la protection de l’eau, Mathéo écoute les sons étouffés qui parviennent avec peine jusqu’à lui. Son corps s’active, ses muscles se tendent et se détendent sous l’impulsion des mouvements auxquels il les contraint. L’eau se distord, il la voit protester lorsqu’elle se transforme pour épouser les mouvements de ses bras. Son coeur bat vite, sa gorge lui serre, elle sonne le signal d’alarme : il commence à manquer d’air. Néanmoins, son esprit est serein, comme jamais il ne l’a été. Alors, tant pis si ses poumons n’en peuvent plus. Il leur demande quelques d’efforts supplémentaires. A travers ses lunettes de nageur, le mur de la piscine apparait. Il lui faut tenir encore un tout petit peu, il sait qu’il peut l’atteindre. Il accélère, donne tout ce qu’il a. Son instinct de survie l’aide, il oblige son corps à dépasser ses limites. Impossible de négocier, il ne remontera pas avant d’avoir touché ce mur carrelé. Son coeur est mis à rude épreuve mais ne lui en veut pas, il n’en reste pas moins léger. Mathéo se sent bien.
Ses doigts frôlent le carrelage, s’y accrochent pour l’aider à remonter. Une fois fermement accroché au rebord, il prend une grande respiration. Ça y est, il peut enfin respirer. Ses poumons se gonflent d’air, il pose le front contre le rebord, essoufflé. « C’est bien mieux qu’hier, Takahashi-kun. Bien joué ! »
Mathéo lève des yeux satisfaits sur le chrono que pavane devant lui son camarade. Il arrive enfin à améliorer son temps. Ce n'est pas trop tôt, il finissait par croire qu'il n'y arriverait jamais. Après des mois à suer dans l'eau et martyriser sa pauvre respiration capricieuse, l’entraînement commence à payer. l'étudiant prend appuie sur ses bras, se hisse hors de l’eau pour retrouver le sol froid et humide de la piscine. « Merci. Je prends le relais, tu peux y aller » lui répond-t-il sobrement en récupérant le chronomètre. Il n'a pas le temps de s'enthousiasmer, leur entraînement n'est pas terminé. Il attend que son camarade se jette dans le bassin et lance de nouveau le décompte. Ses yeux se perdent sur les ondulations de l’eau, il se demande ce que fait Seito. Sa sœur, Anna, lui avait fait regarder la belle et la bête le week end dernier et il n’avait pu s’empêcher d’envier à Belle son miroir magique. S'il avait le même, Seito lui manquerait-il moins ? Un léger sourire s’esquisse sur ses lèvres en y pensant. Il doute que Seito ne lui laisse un tel objet entre les mains, s’il existait.
Après l'entraînement, comme à son habitude, Mathéo quitte le premier la piscine. Il esquive toutes tentatives de ses camarades pour le retenir et fuit avant que l’ensemble ne sorte du bassin pour envahir les vestiaires. Ses yeux ont toujours la fâcheuse tendance à se balader, il préfère s’éviter la culpabilité qui le gagnerait s’il se surprenait à y relooker ses collègues. Pour autant, il n’est plus angoissé à l’idée de s’y retrouver avec eux. Entre lui et lui-même, un traité de paix commence à s’élaborer. Il n’est pas encore sûr de pouvoir le signer, ils n’en sont qu’aux pourparlers et l’écriture prend son temps mais… c'est toujours mieux que la guerre barbare et sanguinaire dans laquelle il était jusqu’ici. En sortant de la piscine pour rejoindre le parc, Mathéo se sent plus léger, lui aussi. Il repense à Seito qui doit être sur le point de quitter le club de littérature. Est-ce qu'il ne lui enverrait pas un message ? En saisissant son téléphone, son coeur s'emballe. Depuis leur discussion chez lui, le mois dernier, il avait l'impression que leur relation s'était renforcée. Une sensation agréable qui le rendait particulièrement heureux. Et puis, savoir que Seito lui faisait suffisamment confiance pour se confier le rassurait, en plus de lui plaire. Dire qu'ils s'étaient rapprochés au point de…
« M...Moi ? » demande Mathéo en posant les yeux sur Moore-san qui l’interpelle. Le rose s’empare de ses joues. Urgh. Quel mauvais timing. Il s'empresse de recacher au fin fond de son esprit les souvenirs tendres et agréables qu’il revisionnait. Pris de court, Mathéo observe la jeune femme lui tourner le dos en lui intimer de la suivre. Il soupire, discrètement. Pourquoi Alya Moore veut-elle lui parler… ? Il n'a jamais eu l'impression qu'elle le portait dans son coeur. Elle ne lui laisse que peu d’indications quant à ce qu’elle lui veut et son ton ne laisse rien prévoir de bon mais il la suit, par politesse et peut-être aussi par curiosité.
Autant dire que lorsqu'il a à se battre avec les branches de la haie dans laquelle la jeune étudiante le conduit, Mathéo ne peut s’empêcher de se réprimander. « La curiosité est un vilain défaut, tu le sais bien, pourquoi est-ce que tu la suis ? Regarde où elle t’emmène... ». Il ne le sent pas du tout. Le stress le retrouve. Inquiet, il attend qu'elle daigne dire quelque chose, l'interrogeant timidement du regard. Que pouvait-elle bien vouloir lui dire de si urgent… cachés dans un buisson ? Soudain, il réalise: mince... et si on les avait vu y entrer, qu’est-ce que les gens en penseraient ? « Arf, c’était avant qu’il fallait songer à ça, sobre idiot. » se targue-t-il. Un homme et une femme isolés des yeux de tous, bien sûr que l’on se ferait des idées ! Il doit vite sortir de là. « Est-ce que tu as un probl- » commence t-il à articuler, gêné par le silence oppressant que la jeune femme lui impose, mais Alya parle en même temps que lui et sa propre question ne vaut plus rien. Un problème, c’est lui qui en a un.
« Sortir… avec toi ? » répète-t-il en essuyant le choc. Alya Moore. Alya Moore était réellement en train de lui faire une confession amoureuse ??? Alya Moore. ALYA MOORE ? Celle-là même qui manquait de l’étriper chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui et qui n’en loupait pas une pour le critiquer ? Ça, il ne l’avait vraiment pas vu venir. Mathéo en reste bouche bée.
La panique le saisit. Que faire ? Que dire ? Comment ?? Il ne peut bien évidement pas accepter et pour tout dire, s’il avait eu à sortir avec une femme, Alya Moore aurait été tout en bas de sa liste de prétendantes potentielles. Mathéo la trouvait jolie, il l'aurait sûrement trouvé attirante s'il avait été hétéro, mais son caractère… Il n'y aurait jamais survécu. Quitte à devoir s'enterrer vivant auprès d'une femme, il en aurait plutôt choisit une qui soit douce et gracieuse de gentillesse, un peu comme Tsumugi-chan. Pourtant, Alya Moore se trouve là, devant lui, l’air déterminée. Il en est complétement atterré. Ni ses yeux, ni ses oreilles ne veulent y croire. Il attend quelques secondes en silence, espérant qu’elle lui avoue lui faire une mauvaise blague. C’est un maigre espoir mais une possibilité tout de même, quelque chose qui ferait davantage sens. Mathéo regarde autour d’eux, à la recherche d’éventuelles complices. Malheureusement, il n’y a qu’eux deux et Alya semble très sérieuse. Bon sang… de tous les hommes du campus, pourquoi était-ce à lui qu’elle souhaitait faire une déclaration ? Il se sentait affreusement désolé pour elle et terriblement embarrassé.
Il détestait ce genre de situations. Elles lui rappelaient toujours à quel point sa vie fonctionnait à l'envers et l'obligeaient à souscrire à un nouveau contrat de culpabilité. C'était affreux d'avoir à retourner les sentiments de quelqu'un... et pire encore de ne pas pouvoir expliquer réellement pourquoi. Il prit une grande inspiration et s’inclina, le dos bien droit. C’était quelque chose qu’il avait déjà eu à faire par le passé, il pouvait le refaire. L'essentiel était surtout de la blesser le moins possible. Il était bien placé pour savoir combien avouer ses sentiments à quelqu’un demande du courage. Et... il n'aimerait pas que l'on manque de considération envers l'une de ses sœurs si elles avaient à confier des sentiments non partagés à un garçon, un jour, qu'il espérait le plus lointain possible. « Je te remercie sincèrement pour… l’attention que tu me portes Moore-san... » - il n’en revient pas lui-même d’avoir à dire cela. Alya Moore est amoureuse de lui. Depuis quand ? Pourquoi ?? Il ne comprend réellement rien aux femmes. « … tu es une femme charmante et j'apprécie être dans le même club que toi mais... Je suis désolé, je ne partage pas tes sentiments. Je ne peux pas accepter ta proposition, je te prie de m’excuser, s’il te plaît ».
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 268■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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❖ Âge : 19 ans
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❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Préservée dans le mal, il lui avait seulement fallu quelques paroles encourageantes pour confirmer sa bonne position sur le sujet et de donner immédiatement naissance à son projet comme un dû qu'elle se permettait, en l'absence totale de remords.
Sa détermination malsaine était sans limite, elle faisait preuve d'une facette de sa personnalité qu'elle n'avait jamais côtoyée en décidant d'abandonner toutes pensées rationnelles.
Peu à peu, la voix de Kazane, son Jiminy Cricket, perdait de sa vivacité dans sa tête, jusqu'à ne devenir qu'une idée futile, une brise ténue si faible, qu'elle n'était plus certaine qu'elle ait subsisté dans cette histoire, cette dernière complètement balayée par le zéphyr d'été.
- Oui, toi, pas le pape. Glissa-t-elle à mi-voix entre ses dents serrées.
Mathéo était sur ses talons alors qu'il rejoignit leur cachette, ses pas plus vagabondant que les siens derrière son dos lui laissant l'impression désagréable de mollesse qui traduisait son manque d'envie de la suivre.
Son visage hébété lui parvient alors qu'elle fit un effort surhumain pour rester patiente, prête à lui laisser encaisser le choc qui avait suivi sa déclaration ; néanmoins, l'expression acrimonieuse de son visage trompa toute sympathie qu'elle essaya de construire.
Elle tremblait de rage, serrant derechef ses poings dissimulés derrière ses cuisses en constatant l'effroyable fierté qu'elle accepte de mettre de côté afin de se pousser à l'action.
Comme à son habitude, Mathéo restait poli, serein, et lui louait vraisemblablement une compassion qu'il acta par une inclinaison d'usage. Son attitude contrastait avec celle de la sportive, qui, de son côté, gardait une stature parfaitement droite, les étages osseux de sa colonne vertébrale s'étirant à la garder plus haute.
Un long silence s'éternisa sans qu'Alya ne perde contenance, la sévérité de son expression annonçant son humeur glaciale.
Ses bras croisés contre sa poitrine canalisaient les palpitations désordonnées de son cœur, pendant que sa respiration entrecoupée peinait à trouver un chemin entre ses lèvres.
Ainsi, comme deux petites aiguilles, son regard plissé se planta contre la nuque de son interlocuteur pour enjoindre son redressement par la seule suggestion de son attitude pesante.
- Non, je crois que tu n'as pas compris. Sa voix impétueuse se clarifia, toutes issues probablement fabulées par sa cible évincée par la vérité crue. Tu vas sortir avec moi.
D'une certaine manière, Alya s'attendait à ce que sa candidature soit rejetée, c'est pour cela qu'elle avait finement peaufiné ses phrases sans y accorder une seule nuance, son besoin de maîtriser la situation se cultivant essentiellement dans ce genre d'action.
Pourtant, malgré ses injonctions assurées, elle était intérieurement partagée dans une dichotomie entre une volonté accrue de fuir et de continuer.
L'envie de faire marche arrière, de s'excuser, d'avouer que c'était une blague et reprendre sur des bases saines en acceptant que la destination se dessine à son rythme était présente - mais, plus elle voyait les avantages que pouvait potentiellement lui apporter sa gageure, plus elle était prête à faire des sacrifices pour parvenir à son succès.
- De plus, tu ne peux pas dire apprécier d'être dans le même club que moi vu qu'on ne s'adresse pratiquement jamais la parole, c'est hypocrite de ta part.
Rejeta-t-elle, intraitable, ne tolérant pas le fait que Mathéo puisse se raccrocher à n'importe quel élément pour lui faire avaler la pilule en douceur. Lui inspirait-elle la pitié ? Avait-il assez d'arrogance pour croire que le refus de sa demande provoquerait en elle des états d'âme ? Qu'elle attendait désespérément auprès de lui ? Pour qui se prenait-il ?
Remettant les pendules à l'heure, le ton comminatoire d'Alya s'empressa de faire un vif rappel des positions.
- Je sais qu'il est tout de même dans ton intérêt d'accepter ma proposition, puisque tu ne tiens probablement pas à ce que ton affaire avec Seito Mori s'ébruite, je me trompe ?
L'attribut de ses connaissances exerçait une pression brutale sur le dénouement de la conversation, allongeant fatalement le tourment du brun.
- Je pourrais bien être d'humeur à t'expliquer mes motivations, cela dit, crois-moi quand je te dis que mon silence quant à ta relation avec Mori n'est pas une offre, c'est une réelle menace.
Elle s'enorgueillit d'être au moins sincère avec lui, la décharge ostensible de la nature de ses actes pernicieux ne permettant aucun doute sur le contenu de ses intentions.
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 545■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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3 juillet 2018
Les yeux rivés sur le sol, Mathéo voit ses espoirs de paix s’enfuir avec une partie de sa patience. Le choc est double : Alya vient de se confesser à lui et elle ne semble pas prête à accepter son refus. Impassible, il en reste néanmoins docile, le dos bien incliné et les épaules solides. Moore-san ne peut le savoir mais à ce jeu là il lui est impossible de ressortir victorieuse. Qu'elle le veuille ou non, Mathéo ne peut pas accepter sa proposition. Elle avait parié sur le mauvais étalon, qui plus est celui-ci avait déjà un cavalier. Intérieurement, Mathéo se lamente sur son sort. Les dieux avaient-ils décidé de le mettre à l’épreuve ? Ces derniers temps, il s’était sans doute senti bien trop chanceux et protégé de leurs humeurs.
La voix de la jeune femme vibre d’antipathie. Mathéo ne comprend pas. Pourquoi insister autant pour sortir avec lui alors qu’elle ne lui porte de toute évidence aucune espèce d'affection ? Elle n’a cependant pas tord lorsqu’elle le dit hypocrite. La vérité pique mais c'est là une « raison de plus pour me laisser tranquille » pense Mathéo. Son coeur accélère, obligé de conduire dans les virages mortels auxquels son stress le confronte sauvagement. Comment se tirer d’affaires ? Que faire ? Partir ? L’ignorer ? Ce n’est pas correct et il aimerait malgré tout éviter de la blesser. Qu’elle l’apprécie ou non, lui ne lui souhaite aucun mal. D’ailleurs, s’il le lui adresse jamais la parole, c’est bien parce qu’elle a tendance à être aussi irritante qu’un pull en laine. Si elle faisait preuve d’un minimum de sympathie ou bien même de courtoisie, il n’aurait aucune difficulté à tenter la discussion. Au club, il s’entend bien avec à peu près tout le monde. L’inconfort qui existe entre Moore-san est lui, il en est le premier à le regretter. Dans l’idéal, il aimerait que tout le monde l’apprécie un minimum, sans quoi sa façade sociale ne peut tenir. Alors, cette fois encore, il ravale son mécontentement. Il cherche les bons mots pour tenter un nouveau refus sans être trop brutal. Contrairement aux apparences, une forte tête n’a pas nécessairement un cœur de pierre…
...
...
... ou pas.
Mathéo se redresse enfin. « Seito Mori », c’est bien ce qu’elle vient de dire, n’est-ce pas ? Son cœur s’arrête net dans sa poitrine, lui fait perdre toutes les couleurs de son visage. Blême, il entrouvre la bouche. Non… Impossible. Comment est-ce qu’elle pourrait savoir ? Malheureusement, Alya en rajoute une couche et cette fois-ci aucune erreur n’est possible : non seulement elle a l’air au courant mais en plus elle le menace. L’étudiant dégluti péniblement, sa gorge se serre, il réalise manquer d’air. Soudain, tout prend sens. Alya Moore n’est pas amoureuse de lui, elle veut seulement ruiner sa vie. Cela lui semble plus raccord avec le personnage cela dit, il s’en veut même d’avoir été si naïf. La voix tranchante de la jeune femme frappe le gong du destin. Assurément, les dieux ont décidé de le tester. Seulement, Mathéo se sent lésé, il ne s’y était pas encore préparé. Il pensait avoir plus de temps devant lui avant d’avoir à gérer ce genre de bassesses. Pire, il en avait presque oublié la possibilité. Depuis qu’il sortait avec Seito, les quelques personnes mises au courant semblaient le prendre si bien qu’il s'en était retrouvé presque rassuré. Pourtant, aujourd’hui, le ciel lui rappelait la réalité. Ici bas, il y aura toujours des gens comme Pablo ou Alya. Se croyait-il prêt à y faire face ? C'est certainement ce que les dieux souhaitent vérifier.
« Moore-san... » souffle-t-il, avant de prendre une grande inspiration. « … Je t’ai dit ne pas partager tes sentiments… A quoi cela te servirait-il de me forcer à sortir avec toi dans ces conditions ? Ce n’est pas en forçant les autres que l'on obtient leur affection… » termine-t-il, le regard sévère.
Il aurait aimé fuir, il aurait préféré disparaître, il aurait été prêt à accepter n’importe quoi pour que cette situation s’arrête. Mais il ne peut le concevoir. Pas avec Seito d'impliqué. Sous la peur du contre-coup, ses jambes deviennent cotonneuses, il a l’impression que sa tension chute dangereusement. Face à Alya, il se sent minuscule, un insecte en attente de se faire écraser. Avec ses grands airs intransigeants, elle ressemble à un Titan. Tout son être lui crie de s’enfuir avant qu’il ne se fasse dévorer. « Dis oui » lui susurre sa conscience dans la panique. Ce serait en effet plus facile que de succomber à son chantage. Il aurait au moins une chance de sauver Seito de leur naufrage imminente. Qu'est-ce qui pourrait être plus important que la sécurité de son petit-ami ? Tant pis s’il devait se sacrifier pour ça... Si Alya révélait au grand jour leur relation… les conséquences seraient de toute façon bien plus désastreuses. Sa plus grande peur verrait le jour : sa vie serait fichue. Malheureusement, il emporterait celle de son petit-ami au passage, direction les abysses les plus ténébreuses, pour un aller sans retour. Accepter la proposition de sa nouvelle tortionnaire laisserait au moins une chance à Seito.
Ce serait plus sage, insiste la petite voix dans sa tête...
... mais il ne peut s’y résoudre.
Rationnellement, ce serait le plus facile, oui. Mais cela reviendrait à être la source du malheur de son petit-ami, à le blesser en âme et conscience, à trahir toutes les promesses qu'il lui avait faite jusqu'ici... et ça, il peut ni s'y résoudre ni l'accepter. Pour la première fois, il réalise pleinement la mesure de ses propres mots : toutes ses promesses, il veut pouvoir les tenir. Ses sourcils se froncent, ses yeux ciblent ceux d'Alya pour en soutenir le regard et en désespoir de cause, il tente une offensive.
« … Et, tu ne devrais pas impliquer d’autres personnes dans tes histoires. Mori-san n’a rien à y voir. Je ne comprends pas ce que tu essayes de faire. S’il te plaît, laisse mes amis en dehors de ça.»
Il a peur, oui. Il est même terrifié. L'épée de Damoclès qu'il avait oublié lui pique le crâne, prête à le traverser d'une seconde à l'autre. Il veut fuir, il aimerait éviter le combat mais l'idée de trahir Seito le rend plus malade que toutes ses craintes réunies... et celle de vivre sans lui parait plus effroyable que toute la cruauté du monde. Il n'a pas d'autres choix que de tenir bon. « … Je vais faire comme si je n'avais rien entendu Moore-san... et... je vais te laisser.» lance-t-il avec courage. «On se voit au club... » conclut-il en tournant les talons, priant de toutes ses forces pour que sa supercherie l'emporte.
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 268■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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Un spasme de nervosité fit palpiter les veines de son cou. Alya commençait à montrer des signes d'impatience bien qu'elle exerça une maîtrise d'elle-même glaciale au centre de l'échange, rendant sa présence imposante.
Elle était agitée, prise d'un sentiment transit d'inconfort qui gelait ses mains malgré les températures agréables du début de saison.
Alya serra les mâchoires, frustrée par sa remarque qui lui renvoyait sa propre citation faite à Milan pendant le séjour au ski l'an dernier. Elle le scrutait toujours, ses traits restants vierges d'émotions, son visage imperméable à la tempête intérieure qui traversait son esprit.
En dépit de toute la bonne volonté de Mathéo, sa bienveillance fut récompensée par un succinct claquement de langue sonore.
Il était vraisemblablement tiré de sa réserve habituelle, même s'il gardait ses réflexes polis, dignes de sa bonne éducation, qui lui semblaient pourtant totalement impudiques dans ce contexte, voire provocant.
- Je n'essaye nullement d'obtenir ton affection, Mathéo. Ce que je veux réellement obtenir est une expérience, qu'elle se rende réelle dans son état factice.
Elle lui concéda ses explications qu'elle dépeignit comme un pacte avec le diable ; un pacte à sens unique qui n'avait comme seul bonus pour sa victime de ne pas révéler son secret de polichinelle.
Elle ne permettrait pas que Mathéo s'affranchisse de son devoir de poursuivre la conversation en choisissant la fuite comme réponse valable et suffisante à lui tourner le dos.
Inflexible même face à cette offrande de paix, Alya fulmina, faisant apparaître au grand jour sa colère contenue.
- Eh, minute papillon, tu crois qu'on a fini cette discussion ? Elle se glissa près de lui pour lui barrer la route. Elle se clôtura quand je l'aurais décidé. Recule. Impétueuse, elle le cloua du regard dans un ordre distinctif à s'asseoir. Tout ce que je demande, c'est un faux date pour acquérir de l'expérience amoureuse autrement qu'à travers des romans d'ado débile. Ce n'est pas bien compliqué et franchement à ta portée.
Sur les entrefaites qui ensuivirent sa vive protestation, on n'entendit plus que le pénible bruissement des feuilles se frottant entre elles, portées par un innocent vent doux.
Alya focalisa son attention sur un bouquet de fougères jaunies en se surprenant à sentir sa voix flancher.
- Fais-le, sinon je dirais à tout le monde que ce que tu m'as fait derrière ses buissons. Insista-t-elle vicieusement.
Petit à petit, Alya se sentait perdre la bataille qui avait pourtant pour prévision sa réussite. Ses pensées la tiraillaient, ses mains s'agitaient et son pouls s'accélérait, elle était prise de légers vertiges qu'elle canalisa en se massant le lobe de l'oreille.
Plus elle s'acharnait à poursuivre, plus elle se rendait compte du ridicule de ses décisions elles-mêmes commandées par un désir puissant, mais inatteignable.
Sa volonté de prendre une revanche sur sa vie et de la vaincre avec la même habilitée qu'elle pouvait s'acharner à gagner une compétition la laissa pantoise à son propre sujet.
Le désespoir l'a poussé dans des retranchements étourdissants ; elle ne se reconnaissait plus.
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 545■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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3 juillet 2018
Alya Moore avait déjà pu le mettre mal à l’aise. Elle avait parfois réussi à l’agacer ou du moins l’irriter. Un peu plus tôt, elle lui avait fait de la peine. Plus maintenant. Le seul éprouvé qu’il reste à Mathéo de leur rencontre secrète dans ce buisson est une affligeante nausée. Les yeux figés sur la jeune femme, il blêmit davantage. Sa gentillesse l’oblige tout de même à considérer qu’il n’a peut être pas été assez attentif et qu’il lui manque quelques informations pour comprendre la situation. Comment pourrait-il en être autrement ? Admettre qu’Alya puisse être aussi abjecte qu’elle ne le montre lui est difficile. Ce serait reconnaître qu’il est complètement fichu et son cerveau tente désespérément de construire un déni qui lui permettrait de ne pas en perdre complètement la tête. Ce serait envisager que n’importe qui sur ce campus peut s’avérer putride et cela le terrorise. Tout se passait bien, de mieux en mieux. Petit à petit, son entourage était mis au courant de sa relation avec Seito et contre toutes ses pires attentes, ils le prenaient bien. Si bien qu'il en était venue à se bercer d'une douce illusion de sécurité. Lorsque le rideau tombe, il ne reste plus qu'un paysage de désolation qui le saisit aux tripes. Il n'est pas en sécurité. Le retour à la réalité lui est sans doute aussi violent que lorsqu'il s'était adressé à Pablo en pensant qu'il s'agissait d'un bénévole homosexuel et que le malentendu avait été rétablit. N'y aurait-il donc jamais de paix durable pour lui ? A priori... non. L’étudiante venait de lui expliciter on ne peut plus clairement ses attentions. Elle comptait précipiter sa perte. Alya ne l’aime pas ni ne veut son affection. Tout ce qu’elle souhaite, c’est une expérience. Elle veut se servir de lui. L'effroi s'empare de Mathéo, il se sent complètement chosifié.
Familier de la honte, de la crainte, de l’angoisse, de l’impuissance, de la colère, de la tristesse… Mathéo pensait avoir déjà tout expérimenté. Malheureusement, il se trompait. Jamais il ne s’était senti à ce point déshumanisé. Alya piétinait non seulement sa dignité mais aussi son intégrité. Il s’en sentait salit, boueux. Sa dernière menace a raison de lui. Sous ses pieds, il a l'impression que le sol s'ouvre. « Alya... » glisse-t-il sans le moindre suffixe de politesse, la voix basse. L’un de ses poings se serre, il peut sentir son pouls pulser dans la paume de sa main. « … Tu ne crois pas que tu vas beaucoup trop loin ? » demande-t-il en plantant ses yeux dans les siens. L’orage a gagné ses iris. Chargés en stress et en émotions, des éclairs les pourfendent. Il y a des limites. « Je ne t’ai rien fait » clame-t-il avec évidence. Elle le sait très bien. Il a bien compris qu’elle avait décidé de jeter tout le bon sens dont elle pouvait être doté avant de demander à le rencontrer. Malheureusement, il sait aussi que cette vérité n’intéressera que lui. Avec son chantage, Alya fait un échec et mat. Elle lui retire tout espoir de s’en tirer. Mathéo aimerait fuir, la pousser hors de son chemin et s’en retourner à ses livres, comme si de rien n'était. Il aimerait tout oublier au plus vite…. Mais ce n’est plus possible. Il est prit au piège, tel un rat, la vivacité d’esprit en moins. Comment pouvait-il s'en sortir ?
Est-ce qu’on le croirait s’il jurait n’avoir rien fait ? Est-ce que Seito le croirait ? Car c’est surtout cela qui lui importe. Non… Ce n’est pas vrai. Il y a Lou et Anna aussi. Qu’en penseraient elles ? Comment s’en sortiraient-t-elles avec des rumeurs répugnantes sur leur frère ? Sa gorge se serre. Même s’il avait la confiance de Seito, même si ses sœurs essayaient de le croire… le reste du campus entretiendrait le doute. Il serait puni, peut-être viré, possiblement emprisonné. Ses sœurs seraient moquées, ses amis montrés du doigt et Seito en danger.
Et si, pour s’en sortir, sa seule solution était d’avouer lui-même un crime plus grand encore aux yeux du monde ? Y penser lui donne l’impression de suffoquer. Pas comme ça. Pas maintenant. Pas pour Alya. Il soupire lourdement, ses poumons manquent d’y passer.
« J’y vais. Cela ne sert à rien de discuter davantage... » commence-t-il. « Tu as complètement perdu la tête » aimerait-il ajouter. Faute de courage, il se contente d’un « mieux vaut en reparler plus tard » qui ne solutionne rien mais qu’il espère suffisant pour gagner du temps avant qu’elle ne ruine l’entièreté de sa vie. D’un bras, il la force à se décaler et s’extirpe du buisson en vitesse. Il a envie de vomir, sa poitrine le fait souffrir et il a du mal à retrouver son souffle en s’éloignant à grand pas. Comme il a peur qu’elle ne le suive et ne fasse une scène qui viendrait clôturer sa vie, il s’empresse de récupérer ses écouteurs dans la poche de son jeans, les mains tremblantes, et les mets dans ses oreilles. Aucune musique ne pourra l’apaiser mais si Alya venait à crier, il pourrait espérer s’en sortir quelques minutes supplémentaires en l’ignorant. Mécaniquement, il fonce droit vers les dortoirs universitaires. Sa chambre lui semble être le meilleur endroit pour battre en retraite. Il lui faut réfléchir, d'urgence.