Debout devant la porte de la salle du club des aventuriers, Sayo hésite sur la direction à prendre. Il a plu une bonne partie de la journée et la couleur du ciel n’en finit pas de l’inquiéter. Elle n’a même pas osé se rendre au club d’athlétisme. Pourtant, décharger la tension accumulée lui aurait fait le plus grand bien. Soupirant, la jeune femme finit par se diriger vers les dortoirs, prête à se poser, se reposer, espérant secrètement que sa colocataire y soit déjà, peu désireuse de rester seule. En vain. La chambre est vide. Meyuki est peut-être encore au club de danse ? Ou Karaté ? Elle ne sait plus très bien, Sayo, mais l’idée de l’attendre en vain si elle décide de ne pas revenir à la chambre dans l’immédiat ne l’enchante pas beaucoup. Alors elle vérifie ses devoirs et révisions à faire, échange quelques cahiers, classeurs et livres dans son sac. Elle en profite pour récupérer un livre emprunté et se rend à la bibliothèque. Au moins, là, même dans son coin, elle ne se sentirait pas aussi vulnérable qu’en étant complètement seule.
Assise à sa table, Sayo profite des petits bruits de la salle, les chuchotis discrets, le bruissement des pages que l’on tourne, le grattement d’un stylo sur le papier… Une ambiance studieuse qui lui est profitable et elle ne voit pas le temps passer, le nez plongé dans ses bouquins jusqu’à ce qu’elle atteigne ses propres objectifs. Satisfaite, la jeune femme se redresse et s’étire un peu. Vérifiant l’heure, elle constate qu’il lui reste encore un peu de temps avant d’aller manger. Rangeant ses cours et sortant le livre qu’elle est venue rendre, elle espère que la bibliothèque du campus recèle d’autres ouvrages sur la chiromancie ou au moins l’astrologie. Le dernier en date, elle l’a dévoré en une nuit. Dommage qu’elle l’ait déjà étudié. Posant son sac à côté de la chaise, elle garde en main son téléphone et le livre dédié à la pratique de la lecture des lignes de la main et se lève. Elle n’avait pas prévu qu’en faisant ses premiers pas elle se prendrait les pieds dans l’anse de son sac. Couinant, à défaut de se souvenir comment on crie, Sayo se sent partir vers l’avant, son regard paniqué accroche celui de son voisin et pour ne pas lui tomber complètement dessus, la jeune femme cherche désespérément un moyen de se retenir. Elle en lâche son ouvrage et son smartphone qui fait un vol plané.
Les genoux au sol, une main sur la table, l’autre, crispée, sur l’épaule de son voisin, Sayo, fébrile et rouge de honte prend le temps d’expirer avant de se confondre en excuse.
« J-je pardon ! Je suis vraiment désolée ! Je n’ai pas fait attention ! Ça va ? J-Je ne t’ai pas fait mal ? » Demande-t-elle, mal à l’aise à l’étudiant en desserrant enfin sa prise de ses serres sur son épaule.
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- Sayo MochizukiA l'université ; 3è année■ Age : 29■ Messages : 72■ Inscrit le : 30/10/2023■ Mes clubs :
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❖ Âge : 20 ans
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❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Le 12.06.18
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 545■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-5
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
12 juin 2018
Le froissement des pages qui se tournaient au rythme des lectures l’apaisait. Il n’était pas le seul à avoir trouvé refuge à la bibliothèque, la saison des pluies rendait visiblement au lieu tous ses attraits. Son amie pleine d’étagères recevait plus d’attention qu’elle n’en avait l’habitude, Mathéo la sentait timide. Le parquet craquait avec prudence, les chaises se tiraient avec précaution et dans ses allées de livres on chuchotait avec modération. C’était comme si les nombreux pirates venus la trouver osait à peine naviguer sur ses eaux. La bibliothèque hésitait à leur exposer ses trésors. C’était pourtant une conquête tout en douceur. Sans doute, les apprentis matelots épousaient-ils le rythme imposé par la saison, au ralenti.
Les yeux posés sur son téléphone portable, Mathéo s’accordait une pause, rouillé par la pluie lui aussi. Il tentait de comprendre comment pouvait bien fonctionner un Match de foot, laissant son doigt glisser sur l’écran, swappant, page après page. Il lui fallait davantage de connaissances sur les règles pour être en mesure de soutenir Seito et d'apparaitre moins bête lorsque son petit-ami lui en parlait. Jusqu’ici, il avait surtout fait semblant de comprendre. Il faut dire que le foot ne l’avait jamais intéressé, même au lycée. Il y avait pourtant joué de nombreuses fois dans la cours de récré lorsqu’il était encore en France mais les deux étaient peut-être liés: son esprit résistait. Courir naïvement après un ballon, c’était là un temps résolu.
Il finit par éteindre son téléphone portable, le reposant dans sa poche. Aux alentours, l’ambiance était studieuse. La pluie berçait les oreilles étudiantes en rebondissant sur le toit, cela le rendait somnolant. Sur sa table, deux manuels requéraient pourtant toute son attention. La philosophie n’attendait plus que lui. Bientôt, la réforme des universités l’obligerait à en prendre des cours. Dès qu'il avait eu vent de celle-ci, Mathéo s’était bien renseigné auprès de l’administration : si la réforme semblait floue pour tout le monde, une chose était en revanche très claire : il n’y échapperait pas. Pire, s’il avait bien compris la situation, il aurait à rattraper son retard dans la nouvelle matière choisie. L’université arrangerait les étudiants le temps de la transition mais il se doutait que cet arrangement se résumerait à limiter la casse. Or, limiter la casse, ce n’était pas dans ses objectifs. L’année dernière, il avait raté le titre de major de peu et comptait bien le remporter cette année. Les changements pédagogiques l’éloignaient de son but. ça l'agaçait. D'autant plus que ce ne serait pas une mince affaire d’exceller en philosophie, il y avait tellement à dire et à lire dans le domaine… Il n'était pas encore certain de savoir comment il pourrait bien s’en sortir, lui qui travaillait déjà toute la journée ses cours de littérature et de français… Cela l’obligerait forcément à revoir ses objectifs à la baisse pour partager son temps de travail et autant dire que ça ne lui plaisait pas. Il était également hors de question que la philosophie ne fasse baisser sa moyenne. Il soupira et ouvrir le premier manuel, prêt à en découdre. Mieux valait commencer maintenant.
Malheureusement, une main sur son épaule le détourna de son combat, le rappelant douloureusement à l’instant présent.
« Est-ce que… ça va ? » demanda-t-il dubitatif, en chuchotant, les yeux rivés sur la jeune femme qui venait de tomber à côté de lui. Instinctivement, il pivota et poussa sur ses pieds pour se relever, la soulevant d’une main au passage, en l’attrapant par le bras pour l’aider à se remettre sur ses deux jambes. «Je vais bien, il n’y a pas de mal... » répondit-il en jetant un regard désolé autour d'eux, certains laissant supposer qu'il ne leur faudrait pas chuchoter trop longtemps. L’épaule lui lançait un peu, mécontente d’avoir servit à amortir une chute, mais il n’était pas du genre à se plaindre de ce type de détails. « Tu ne t’es pas fait blessée ? » demanda-t-il, plus préoccupé par les genoux de l’étudiante que par son épaule. « Tiens... », dit-il après s’être penché pour récupérer son téléphone et son livre. Ses yeux insistèrent un instant sur le titre du bouquin. Lire les lignes de la main… ? Qu’est-ce que c’était... ? « Ah... Je crois que des feuilles se sont détachées... »
- Sayo MochizukiA l'université ; 3è année■ Age : 29■ Messages : 72■ Inscrit le : 30/10/2023■ Mes clubs :
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❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-8
❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Le 12.06.18
Elle se détend un peu, Sayo, quand l'étudiant assure qu’elle ne lui a pas fait mal. Mieux encore, il se lève pour la soutenir et l’aider à se redresser. Il est gentil. Elle apprécie le geste et bien qu’embarrassée, le remercie d’un sourire en reprenant appui sur ses deux jambes prudemment. Elle n’a pas mal, sinon dans sa fierté, et heureusement lui non plus, sauf si par égard pour elle, il se garde de lui en parler, l’idée lui déplait un peu tout en la touchant et elle se demande déjà comment se faire pardonner sa maladresse.
« Ça va, je te remercie, tu as… Malgré toi bien amortie ma chute… »
Un rire léger, mais nerveux lui échappe alors qu’elle époussette son pantalon au niveau de ses genoux et prend garde à bien démêler ses pieds de l’anse de son sac pour ne pas risquer de retomber. Quelle maladroite. Elle tremble un peu, encore sous le léger choc de sa perte d’équilibre et pose une main sur le dossier de sa chaise pour s’assurer pendant l’opération quand un mouvement du côté du jeune homme lui fait lever les yeux vers lui. Il lui tend son livre et son téléphone qu’elle a déjà oublié et s’exclame.
« Merci beaucoup ! »
Elle récupère ses affaires et en voyant la page qui dépasse, elle gémit comme si c’était à elle qu’une page avait été arrachée. Elle pose le livre sur l’espace et l’ouvre pour constater les dégâts. En plus d’être déchirée sur la moitié de sa longueur, elle est froissée et l’illustration d’une main compte alors plus de lignes qu’elle ne devrait normalement en comporter.
« Mmmh ! M*rde ! » Jure-t-elle entre ses dents.
Hors de question de remettre l’ouvrage dans cet état. Essayant comme elle peut de défroisser la feuille, elle referme le livre en espérant pouvoir l'aplatir au maximum avant de pouvoir trouver du scotch et la recoller. Et dans le pire des cas, elle se prépare déjà à devoir rembourser tout simplement l’ouvrage. Si l’argent n’est pas un problème pour elle, cela l’embête d’avoir abîmé un bien commun, un outil de connaissance de surcroît. Relevant les yeux vers son voisin, elle surprend celui-ci à regarder encore la couverture de son livre.
« Ça t’intrigue ? » Ne peut-elle s’empêcher de demander en souriant avant d’expliquer, toujours en chuchotant. «Je m’intéresse à la chiromancie, l’art de la divination dans l’interprétation des lignes de la main… Ce n’est pas une science exacte, mais ça me passionne et mine de rien, on apprend beaucoup sur soi et sur les autres. »
Du bout des doigts, elle caresse le livre abîmé un instant avant de se tourner à nouveau vers son voisin. Il a la dégaine d’un premier de la classe et à première vue, elle pourrait l’imaginer trop cartésien pour s'intéresser à l’occulte, mais face à son insistance elle ne peut que sourire.
« …Ça te dit que j’essaie sur toi ? Pour me faire pardonner… ?»
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 545■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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❖ Âge : 20 ans
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❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
12 juin 2018
Mathéo observait la jeune femme tenter de sauver son livre. Il n’osa pas lui donner son pronostic, il était bien trop pessimiste. Il avait beau le regarder sous tous les angles, il ne voyait pas comment il pourrait s’en sortir. Comme il lui semblait avoir un rouleau de scotch, il hésita à fouiller dans son sac pour le lui prêter mais ses yeux ne purent quitter la couverture. Ce fut finalement la question de la jeune femme qui le sorti de son étrange fascination. « Un peu... » concéda-t-il. A vrai dire, il n’avait jamais réellement prêté attention aux lignes incrustées dans ses paumes jusqu'ici, découvrir qu’une pseudo-science pouvait en faire son objet d’étude l’intriguait plus encore. La Chiromancie… quel drôle de nom, pour commencer. Un nom qui lui disait pourtant quelque chose… où avait-il bien pu en entendre parler ? Quelque chose d’aussi loufoque lui serait forcément resté en mémoire, non ?…
« Sur… moi ? » répèta Mathéo, interloqué par la proposition de lecture divine de l’étudiante. Il n’était pas convaincu qu’il s’agissait là d’une bonne compensation, un dessert supplémentaire à la cafétéria lui aurait davantage convenu. D’autant plus qu’il avait un petit creux. « … Je ne suis pas sûr… Ne le prends pas mal mais… est-ce que c’est bien sérieux ? » demanda-t-il, relativement perplexe. Ses yeux s’abaissèrent sur ses propres mains. Les paumes dans sa ligne de mire, il se mit à analyser les nombreuses lignes qui s’y trouvaient. Il n’avait jamais remarqué en avoir autant. « En quoi cela consiste ?… Tu te sers des lignes comme boussole pour... lire mon avenir ou quelque chose de la sorte ? » il ajouta, tout de même intrigué. AH. Ça y est ! Il se souvenait d’où lui venait cette familiarité avec le terme de Chiromancie ! Il était désormais à peu près sûr qu’il s’agissait d’une matière du BUSE à Poudlard. Cela ne donnait néanmoins pas plus de sérieux à l’expérience…
« Tu peux regarder si tu veux mais… je ne suis pas tout à fait certain d’y croire » avoua-t-il, quelque peu embarrassé. Il ne voulait surtout pas la gêner mais c’était un peu étrange tout cela.
- Sayo MochizukiA l'université ; 3è année■ Age : 29■ Messages : 72■ Inscrit le : 30/10/2023■ Mes clubs :
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❖ Âge : 20 ans
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❖ Arrivé(e) en : Avril 2018
Le 12.06.18
Elle sourit, Sayo. Elle s’amuse de ce mélange de curiosité et de scepticisme chez son voisin. Il n’a d’abord pas spécialement l’air emballé par une aventure divinatoire, mais elle ne se sent pas vexée pour autant. Il lui pose des questions pertinentes et cela suffit à lui faire oublier le drame qui est arrivé à son livre. La photo déchirée de la main désormais loin dans son esprit, la jeune femme reprend la parole à voix basse pour son camarade, soit le seul à l’entendre et ne pas gêner les autres.
« T’inquiète pas. Je ne le prends pas mal. Alors, pour la petite histoire, la chiromancie est l’une des plus anciennes techniques de divination… Si je ne dis pas de bêtise, elle est apparue, il y a plus de 5000 ans. On la considère comme une pseudo-science parce qu’il n’y a pas eu d’étude scientifique véritable, mais savoir qu’elle existe depuis aussi longtemps que certains de nos monuments suffit à m’y faire croire. »
Ouvrant ses deux mains devant lui, elle l’invite à en faire de même. En général, pour une lecture, Sayo privilégie les endroits calmes où elle se sent à son aise et surtout en confiance. Elle aurait pu lui proposer de l’accompagner à sa chambre, mais ils se connaissent à peine et elle ne voudrait pas qu’il le prenne comme une invitation. Ajustant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle poursuit ses explications en se disant que la bibliothèque n’est finalement pas si mal. A peine perturbée par quelques chuchotements, l’ambiance lui convient.
« Tout simplement, la chiromancie consiste à observer les mains de quelqu’un pour y lire des informations clé sur sa vie et son avenir en y analysant les lignes, les formes… Les couleurs contenues dans nos paumes. »
Tout en disant cela, Sayo lui indique ce dont elle parle en les montrant sur sa main, puis sur celle du jeune homme, le touchant à peine, comme elle l’aurait fait avec un cactus en voulant s’assurer de la dureté de ses piquants.
« Plutôt qu’une boussole, j’aurais tendance à dire qu’il s’agit d’une carte. De deux cartes en fait. La main gauche indique ce qui est inné. La main droite, ce qu’on décide d’en faire. Un peu comme euh… Quel exemple je pourrais prendre…C’est un peu comme la différence qu’il y a entre la Terre du temps de la Pangée et maintenant. Ou encore, la Terre maintenant et ce qu’elle risque de devenir si on continue de la malmener… »
Sentant qu’elle s’emballe et ne voulant pas trop perdre avec ses explications, Sayo se tait un instant et s’humecte les lèvres le temps de retrouver tout son calme.
« Pour commencer, je vais regarder tes mains dans leur ensemble et te dire ce que je peux percevoir de toi. Si je ne dis que des bêtises, si ça ne te parle pas, on pourra s’arrêter là… Autrement, si tu le souhaites, je poursuivrai mon analyse. »
Sans vraiment attendre de réponse de sa part, Sayo baisse à nouveau les yeux sur les mains de son voisin. Et mimant les gestes avec ses propres mains, lui demande de les tourner face vers le haut, puis vers le bas, écarter les doigts, les refermer, plier le poing, le rouvrir. Elles sont grandes et larges. Elle les classe directement dans la catégorie des mains de terre. Elle n’a pas besoin de toucher sa peau pour savoir qu’elle doit être douce au toucher. Les veines apparentes, en plus de sa stature démontrent d’une activité physique régulière.
« Je dirais que tu es quelqu’un de déterminé, de travailleur. Tu as le sens pratique des choses, plutôt du genre à analyser pour pouvoir comprendre… Je comprends pourquoi tu ne crois pas vraiment aux sciences occultes… »
Sayo regarde ses ongles courts, un peu trop bien entretenus, l'arrondi presque parfait pour que ses ongles restent dans le même axe… Dans le moule... C’est si superficiel… Elle relève les yeux vers son visage, survolant rapidement sa carrure et cherche son regard.
« J’imagine qu’on te décriraient comme quelqu’un de solide, fiable, loyal, raisonnable, équilibré… Mais peu doivent savoir que tu manques de confiance et n’est pas toujours en accord avec toi-même parce que tu peines à t’ouvrir et à parler de tes problèmes et de tes émotions. »
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 545■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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❖ Âge : 20 ans
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12 juin 2018
Les arguments de la jeune femme laissaient Mathéo perplexe mais il n’en dit rien. Il n’en pensa pas moins, néanmoins. Les fées, les lutins et les yokai aussi existaient depuis la nuit des temps… et il y avait toujours eu des gens pour y croire et prétendre en voir. Pour autant, ils n’étaient que des mythes. Il ne comprenait pas non plus très bien comment il était possible de dire quoique ce soit de l’avenir de quelqu’un grâce aux lignes ou à la couleur de ses mains… A la limite, il pouvait concevoir que l’on puisse deviner certains détails de la vie de quelqu’un à l’état de ses mains. Cela en était même logique, une question de déduction. Des mains rugueuses et abîmées pouvaient suggérer un travail manuel ou une activité précise. Keitô lui avait expliqué un jour que les guitaristes développaient de la corne sur le bout des doigts à force de jouer, par exemple. Mais l’avenir… ? Non, il ne pouvait y croire. Sachant cela, il s’étonna de laisser si facilement ses mains à l’apprentie voyante. D’autant plus qu’il ne comprenait absolument rien à son histoire de cartes ou à la moindre de ses explications et qu’en principe, il était relativement mal à l’aise lorsqu’une jeune femme cherchait à le toucher. L'étudiante lui inspirait une étrange confiance, presque aussi mystique que son livre et ses hobbies… et puisqu’elle lui offrait la possibilité de se rétracter si cela en devenait gênant… Il se dit qu’après tout… il ne risquait pas grand-chose à essayer. La curiosité le démangeait de toute façon.
A la description de l’étudiante, il se contenta d’un regard entendu. Sa description était parlante, il s’y reconnaissait mais… elle venait de le rencontrer à la bibliothèque, ils travaillaient proches l’un de l’autre avant cela… c’était des suggestions qu’elle pouvait tirer avec un minimum de bon sens, sans en impliquer ses mains. La deuxième partie de son interprétation fut différente. Effractante, surprenante et effrayante de justesse... elle le déstabilisa. Mathéo eut envie de récupérer ses mains et de fuir. « C’est du bluff… un coup de chance … un peu comme pour les horoscopes, tout le monde se retrouve quelque part... » se dit-il, cherchant à se rassurer. Cela le piqua tout de même un peu…
« … Peut-être… mais cela va avec ce que tu disais juste avant… et comme je ne t’ai rien réfuté, qu’est-ce qui prouve que c’est dans mes mains que tu peux voir ça et pas seulement la suite logique d’un profil type ? » répondit-il, la mauvaise foi sur la langue.
- Sayo MochizukiA l'université ; 3è année■ Age : 29■ Messages : 72■ Inscrit le : 30/10/2023■ Mes clubs :
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Le 12.06.18
Elle le sent se tendre un peu, Sayo. Réprimant un sourire moqueur, elle l’écoute et l’observe attentivement. Elle le sait, elle commence à toucher à des cordes sensibles. Personne n’apprécie vraiment de se faire lire et dévoiler tous ses secrets. Elle est curieuse Sayo, mais se retient de lui demander ce qui lui fait peur exactement et se contente de réceptionner sa mauvaise foi avec une expression et un sourire méditatif.
« Tu n’as pas tort. » Concède-t-elle. « La main dans son ensemble, c’est comme le groupe sanguin, mais en plus complexe. Quand je lis, j’ai en tête des différents types de mains en fonction de la forme de la paume et la longueur des doigts par rapport à celle-ci, mais aussi les différents « profil type » de chaque doigts. »
Elle l’observe un instant. Aussi réticent soit-il, il n’a pas eu de mouvement de recul, n’a pas serré les poings ou montré un réel signe qui marquerait la fin prématurée de leur entrevue. Alors elle continue.
« Pour les lignes, c’est sensiblement pareil. Il y a cinq lignes principales et des secondaires. C’est leur épaisseur, leur profondeur, leur continuité, les noeuds, les croisements avec d’autres lignes qui vont permettre d’identifier leur « profil ». »
Baissant les yeux sur les mains de son voisin, Sayo se plonge dans leur lecture, ses sourcils se fronçant légèrement sous la concentration. Puis, s’humectant les lèvres, elle pose son doigt sur la paume, entre le pouce et l’index du jeune homme et glisse jusqu’à son poignet.
« Ici, c’est ta ligne de vie… Ne tient pas compte de sa longueur, elle n’indique pas la longévité, mais plutôt le potentiel vital. Et toi, tu as une ligne de sportif. Bonne santé générale, oserais-je dire une bonne résistance aux maladies. Par contre, il te faudra faire plus attention quand tu seras plus vieux. La séparation en bout de courbe indique la maladie. Et celle-là… »
Partant du même endroit, elle traverse la paume jusqu’au bord opposé.
« … C’est la ligne de tête. Sa jointure avec la ligne de cœur montre que tu es plutôt prudent et réfléchi. Mais elle est profonde et plutôt bien tracée. Tu vas surement me dire que c’est quelque chose de « logique » vu que ça fait un moment qu’on est assis l’un à côté de l’autre, mais tu as une grande intelligence et tu peux te concentrer sur tes objectifs. Et tu vois ces petites lignes sous ton auriculaire ? C’est la ligne de chance ou du succès qui confirme que tu réussiras dans le milieu professionnel. »
Elle relève les yeux vers lui après avoir tracé une nouvelle ligne sur sa paume.
« Je ne doute pas que tu saches déjà ce que tu feras comme métier, mais au cours de ta carrière, tu pourras prétendre à plus haut poste. Ta bienveillance, tes principes et les relations que tu vas forger avec tes collègues te donneront peut-être envie d’utiliser tes compétences pour prendre de plus grandes responsabilités. Et enfin… »
Une petite moue apparaît sur les lèvres de Sayo et l’inquiétude fige un instant ses traits avant qu’elle ne se compose une expression plus neutre, tout en cherchant ses mots.
«… La ligne de cœur. Quand tu aimes, c’est de façon exclusive et durable… Et je sais que beaucoup aimerait rencontrer quelqu’un capable d’aimer comme tu sais le faire, mais malheureusement tous n’en sont pas dignes et je vois de la jalousie, des ruptures douloureuses. Tu as des bifurcations. Je vois un éventuel mariage tardif, mais la ligne est trop lisse pour que tout se passe bien. Les disputes pourraient être nombreuses et marquées par la trahison…»
S’humectant à nouveau les lèvres puis se les mordillant, Sayo prend une inspiration avant de le regarder de nouveau.
« Tu sais… Je ne sais pas où tu en es dans ta vie amoureuse mais… Si je peux me permettre… Je te conseille de te réconcilier avec toi-même. De trouver un réel équilibre avant de prendre des décisions qui ne te mèneront pas au bonheur, même si je me doute que ce ne sera pas facile. Et d’après moi, ce sera bon pour ça aussi… »
De l’index, elle tapote la fourche en fin de ligne de vie puis lentement le relâche et le libère.
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 545■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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12 juin 2018
Pensif, Mathéo écouta la jeune femme avec une attention des plus étonnantes. Il ne croyait pas à la Chiromancie, ni à quelconque prédiction de l’avenir. Sa raison l’empêchait d’y croire et sa logique y faisait davantage barrage. Comment ce qui était encore non advenu pouvait-il être su ? Y croire revenait à partir du postulat que le destin existait et cette idée l’angoissait. Si le destin existait et si sa route était déjà toute tracée, à quoi devait-il s’attendre ? Comment y survivrait-il si l’avenir ne lui convenait pas ? Ou ne lui convenait plus ? Lui qui s’accrochait désespérément au peu de libre arbitre qu’il pouvait lui rester et au temps. Prendre le temps, d’avancer doucement mais sûrement, de revenir en arrière si l’avant devenait trop inquiétant. Prendre le temps de faire son expérience ou au contraire : refuser de la faire. Cela n’avait là rien de glorieux mais se dire qu’il lui restait ces options avait valeur de confort. C’était aussi ce qui lui permettait de vivre son histoire d’amour sans paralysie ou sans attente d’un accident mortel. Il avait le temps de s’angoisser, de craindre qu’il ne soit découvert, de s’inquiéter pour la sécurité de Seito et de prévoir la suite avec ou sans lui. Petit à petit, pas après pas, il entendait avancer avec le lycéen et traiter l’avenir au cas par cas, sur le tas. Car, s’il y pensait en amont il s’en inquiétait tellement qu’il finirait par se transformer en autruche et fuirait s’enterrer la tête la première dans un coin. Il aimait trop Seito pour fuir maintenant. Il aimait trop Seito pour prendre le risque du destin. Pourtant, il écoutait l’étudiante en silence et ses yeux ne pouvaient se détourner des lignes qu’elle traçait dans sa paume. Pourtant, le poids du monde commençait à lui peser sur l’estomac. Il encaissa, révélation après révélation, sans sourciller mais peu serein. Une maladie lorsqu’il serait vieux, « rien d’étonnant » chercha-t-il à se rassurer. C’était dans l’ordre des choses, la vieillesse amenait son lot de problèmes. Une carrière réussie ? Rien qui ne l’impressionnait. La jeune femme pouvait voir la fatigue orner fièrement son visage, il étudiait beaucoup, il avait donc de grandes chances de réussir. En effet.
La suite de ses dires eu néanmoins toute son attention. Prétendre à un plus haut poste… il n’y avait jamais songé. Et maintenant qu’il le réalisait, il pouvait s’en étonner. Ne pas pousser son ambition à son maximum ne lui ressemblait pas et le sentiment désagréable qui le traversa laissait à voir un indice des plus urticants. Au fond, il n’était pas certain de ce qu’il souhaitait faire plus tard. Devenir professeur de français était une facilité, le moindre mal, subtile mélange entre ce qu’il était en mesure de réussir de par ses compétences et capacités et ce qu’il aimait : la langue française. Mais était-ce là le métier de ses rêves ? Rien n’était moins sûr. D’autant plus qu’il aurait aimé écrire. Là était son rêve d’adolescent. Avant que ses parents n’en referment les portes, il s’imaginait jeune écrivain, rédigeant son premier livre dans un café parisien. Il n’avait plus rien écrit depuis son inscription à Kobe et cela non plus, il n’était pas certain d’en avoir envie. Paradoxalement, l’idée d’une ascension le rassurait. Lorsqu’enseigner lui deviendrait ennuyant et pénible, peut-être pourrait-il tenter sa chance pour devenir directeur d’établissement ? Il en aurait sûrement les compétences ? Ou bien, pourrait-il travailler pour le ministère de l’éducation ?… De nouvelles portes apparaissaient devant lui. Cette conversation des plus étranges n’aura pas servit totalement à rien, se dit-il.
L'étudiante afficha une moue et son coeur loupa un battement, signe qu’il prenait, malgré lui , cette histoire bien plus au sérieux qu’il ne le pensait. Déséquilibré dans son rythme, l’organe lui pinça en entendant la prédiction de la jeune femme. Il ne croyait pas au destin mais il aurait aimé n’entendre parler que d’un unique amour. Il aurait aimé être encouragé dans celui-ci, qu’elle lui promette que malgré les difficultés rencontrées il pourrait perdurer. Il n’avait que faire de multiples histoires qui – à la croire – finiraient toutes aussi mal les unes que les autres. Une lourdeur s’abattit sur ses épaules. Voilà qui était bien déprimant, même s’il ne voulait y donner crédit. Pire encore, elle lui promettait un mariage. Se marier, c’était aussi dans l’ordre des choses, il s’en était toujours convaincu. Seulement, depuis que Seito éclairait son quotidien, il avait finit par l’oublier. Y penser de nouveau avait de quoi lui filer le bourdon. Finirait-il sa vie dans les bras d’une femme qu’il n’aimera pas, malgré ses efforts pour faire durer son histoire d’amour ? Rien que d’y penser, un vide immense entoura son coeur. Penser des jours emprisonnés dans la normalité qu’il recherchait tant était déprimant mais penser des jours sans Seito lui semblait inenvisageable. Et, pour lui qui était d’une nature fidèle, imaginer une possible trahison l’angoissait au plus au point. Mais c’était ridicule, n’est-ce pas ? Car, il n’y croyait pas, au destin. Pas même alors que l’étudiante touchait en plein mile lorsqu’elle lui conseillait de se réconcilier avec lui-même.
Les yeux figés sur les traits de sa main, Mathéo demanda, songeur : « … Est-ce que tu crois au destin ? Si tu peux lire tout ça dans les lignes d’une main, est-ce que ça veut dire que tout est déjà écrit et qu’il n’y a rien à faire pour le changer ?... ». Il n’y croyait pas. Pas du tout.