Une oreille attentive est parfois tout ce qu'il nous faut

Le 20 Avril 2018

Maya Wayne.

Ces derniers temps, Mathéo ne pouvait s’empêcher de l’observer. Qu’il le veuille ou non, il avait l’impression que ses yeux étaient condamnés à se poser sur elle. En se rendant dans la salle commune, par exemple, il ne s’attendait pas du tout à lui tomber dessus et pourtant ! Elle était là, seule, ce qui était tout de même improbable vu la fréquentation habituelle de la salle commune. Et il s’y retrouvait aussi, prit de court, à se demander s’il ne ferait pas mieux de rebrousser chemin avant qu’elle ne l’aperçoive. Un jour sur deux, la jeune femme oscillait entre conversation possible ou mitraillage de piques en tout genre et Mathéo ne savait jamais très bien comment y réagir à chaque fois. Pourtant, il appréciait Maya. Depuis qu’elle l’avait aidé avec sa séance shopping désastreuse et qu’elle lui avait avoué avoir eu quelques soucis avec les hommes par le passé, il s’était forcé à faire davantage d’efforts avec elle, à se montrer plus patient et moins sur la défensif. Il avait abandonné l’idée de rentrer un jour dans ses bonnes grâces en revanche mais étonnement, cela lui permettait d’être un poil plus détendu. Elle lui avait aussi avouée être lesbienne et c’était sans doute un peu stupide mais… il s’en sentait un peu plus proche de le savoir. Ça leur faisait un point commun, même si elle ne le savait pas, d’être gay.  

En l’observant, silencieusement, s’empêchant presque de respirer, Mathéo se sentit coupable de vouloir fuir. Elle n’avait pas l’air dans son assiette, il ne saurait trop dire pourquoi mais depuis la rentrée, il la sentait… tendue ? Plus tendue que d’habitude, il entendait, parce qu’elle lui avait toujours paru quelque peu monté à rebours.

Tout avait commencé avec le club de littérature. Il avait remarqué depuis la rentrée qu’elle s’était trouvé une nouvelle amie en Nissa Tanaka, une jeune étudiante un peu timide mais sympathique fraichement inscrite au club. Il s'en était retrouvé content pour elle. Ce n'était pas comme si la jeune femme était complétement asociale mais... même quand elle arrivait à discuter calmement avec quelqu'un au club, Mathéo s'attendait toujours au pire. Pas avec Nissa, avec elle Maya semblait aussi docile qu'un petit chiot, ce qui était plutôt bon signe. Du moins, il croyait. Peut-être que Nissa lui plaisait ?... pauvre Maya, il préférait ne pas y penser.

Il l’avait aussi trouvé étrangement moins agressive, notamment envers les membres masculins du club, ce qui lui avait fait penser que les vacances avaient du lui faire du bien. Néanmoins, il avait finit par se dire qu’elle n’était peut être pas tant dans son assiette que cela. Journée de club après journée de club, il avait vu ses signes de nervosité, l’observant attentivement. Sans doute parce qu’il lui avait fallu désengluer ses yeux de Seito, c’était toujours mieux qu’on se demande pourquoi il regardait autant la senpai plutôt que le lycéen. Et c’était si difficile pour lui d’en détacher les yeux qu’il s’était donné comme mission d’analyser le comportement de Maya pour s’occuper l’esprit. Par nécessité donc au début, puis par intérêt en percevant quelques changements par rapport à l'année dernière et enfin par inquiétude car mine de rien, elle lui lassait l’impression qu’un rien serait près de la faire exploser. Plusieurs fois, après les heures de club, il avait voulu essayer de lui en parler mais il s'était toujours senti trop mal à l'aise pour le faire. On ne pouvait pas dire qu'ils étaient proches, ils n'étaient pas même amis et Mathéo n'était pas doué avec ses choses là... il n'aimait pas se mêler de ce qui ne le regardait pas, cela attirait toujours des ennuis. Cependant, en voyant Wayne-san seule dans la salle commune, il ne put s'empêcher de s'engouffrer dans les problèmes.

« Bonjour, Wayne Senpai. » s’annonça-t-il finalement, la culpabilité l’emportant sur la raison. Il vint s’asseoir en face d’elle, son cahier sur les genoux, un paquet de sucettes sous le bras. « Comment vas-tu ?... Ça ne te dérange pas si je reste avec toi… ? Est-ce que tu es occupé ? » demanda-t-il en ouvrant son paquet de sucettes. Par politesse, il lui tendit. « Tu veux une sucette ? ». Il ne savait pas du tout comment lancer la conversation… Il commençait à se sentir gêné, s'attendant à se recevoir une tornade de plein fouet. 

Le 20 Avril 2018

Il tenta un sourire qui tourna davantage à la grimace. Le regard dédaigneux de Maya l'en désencouragea. Penaud, il ramena son paquet de sucettes sur ses cuisses. Il supposait que pour la politesse... il pouvait toujours se brosser ? Tout de même... elle exagérait un peu. Il piocha une sucette au hasard dans son paquet pour retrouver un peu de courage, la dépossédant de son emballage pour la fourrer dans sa bouche. Goût fraise, un classique qui faisait du bien. Bon sang... ce qu'il se remerciait d’avoir acheté ce paquet et plus encore d’avoir eu la bonne idée de l’emmener avec lui. Il lui faudrait bien 54g de sucre pour se remettre de cet échange. Peut-être ne le savait-il pas mais Maya était également en guerre contre les sucettes ?

« … Je... » commença-t-il en tirant sur le bâtonnet pour avoir de nouveau la bouche libre. « Je voulais juste savoir comment tu vas, Senpai » répondit-il. Son instinct de survie lui criait de s’enfuir, loin, très loin mais il y résistait encore tant bien que mal, rassemblant un peu de courage pour tenter de s’expliquer. « En fait, ça fait un moment que j’aimerais en discuter avec toi mais… je n’ai jamais trouvé l’occasion de le faire jusqu’à présent. Comme cette fois-ci, on est seuls… j’en profite. » et parce qu’il s’agissait de Maya Wayne et que tous les dieux étaient suspendus aux oreilles de Mathéo pour l’aider à rester en vie quelques secondes de plus, il réalisa son erreur potentielle et s’empressa de préciser : « Je veux dire qu’on pourrait discuter tranquillement, si tu… Enfin, si tu veux bien m’accorder un peu de ton temps. ».

Pourquoi avait-il l’impression de s’enfoncer ? Il se frotta la nuque, de plus en plus mal à l’aise. Il n’était décidément pas douer pour amorcer ce genre de conversation. « Je me demande seulement si tu vas bien. Rien de plus » ajouta-t-il, mains devant lui pour jurer de sa bonne foi. Il se sentait coupable alors qu’il n’avait rien fait, la sensation était terrible.

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« … Tu es sûre ? » eut-il le courage de demander. Il aurait pu ajouter qu’il allait bien de son côté, très bien même, mais à quoi bon l’embêter avec des détails qui ne l’intéressaient pas ? La politesse de Wayne-san était à double tranchant : soit elle vous ignorait royalement soit elle se manifestait au mauvais moment. Ce n’était pas le moment de parler de lui ni de lui offrir un sujet pour fuir la conversation à peine entamée. Maintenant qu’il avait mis les deux pieds dans la boue, il ne servait plus à rien d’en sortir, autant traverser son marécage. « Depuis la rentrée, je te trouve… différente…. Je me demande si tout va bien... » s'expliqua-t-il, marchant complètement sur des œufs. Le problème étant qu’il n’était pas doué pour ce genre d'interaction, il sentait déjà le craquement des coquilles se manifester sous la plante de ses pieds. « Tu as l’air plus tendue que l’année dernière durant nos heures de clubs, malgré le fait que tu te sois fait une nouvelle amie. » continua-t-il en faisant allusion à Tanaka-san. « Je sais que nous ne sommes pas très proches et que je suis seulement ton Kohai… mais si tu as un souci, tu peux m’en parler senpai… Si je peux t’aider, je ferais de mon mieux pour le faire et… si je n’y peux rien, je peux au moins t’écouter. Parfois, parler fait du bien...» dit-il en gobant de nouveau sa sucette. Il se sentait mal placé pour lui dire ça, lui qui ne parlait jamais de rien à personne et qui mentait même à ses amis… mais, il fallait bien commencer quelque part.

Le 20 Avril 2018

La mâchoire crispée par ce qu’il venait d’entendre, Mathéo brisa le sucre solidifié de sa sucette d’un coup de crocs. Que… racontait encore sa senpai ? Quel rapport avec son habilité à draguer ? D’ailleurs, il n’était pas si mauvais que ça ! Il était parfois un peu maladroit et il n’était pas impossible que ses tentatives fassent mouche avec Seito mais dans l’ensemble il avait l’impression que son petit-ami comprenait quand il essayait de le charmer. A moins qu’il était tout à fait à côté de la plaque là aussi ?... Aaaaaaaaaaaahrhhhhh ! Ce n’était pas le moment de penser à ça ! Il devait se concentrer, bon sang !

« … Tu as le droit de ne pas vouloir en parler » tenta-il de briser la glace.. « Ce n’est qu’une proposition… On se connaît depuis deux ans maintenant, c’est normal que je te le propose, Senpai. » ajouta-t-il en terminant d’écraser les débris de sa sucette entre ses dents. « Tu sais… Tout le monde n’est pas mal intentionné. Est-ce que j’ai déjà fait quelque chose pour te porter préjudice ? » demanda-t-il en désespoir de cause. Il fallait au moins défendre son honneur à défaut de défendre sa vie. « Et je te rassure, je ne te drague toujours pas... Je ne sais pas si tu t’en souviens mais… je t’ai déjà dit que je préférais me concentrer sur mes études. Je draguerais quand elles seront terminées. E-Et bien sûr, je ne te draguerais pas toi… Pourquoi je le ferais ? Je sais que tu n’es pas intéressée par les gens comme moi. » s’étonna-t-il de réussir à argumenter, évitant de préciser « parce que tu n’aimes pas les hommes », des fois que quelqu’un débarquerait sans prévenir. « Mais… si je me suis trompé et que tout va réellement pour le mieux, excuse moi... » 

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« Je t’assure que ce n’est pas mon cas, je ne m’intéresse pas à toi de cette façon et j’ai bien enregistré tes préférences » clarifia-t-il, une bonne fois pour toute. Il aimerait ne plus avoir à le répéter, à force de se justifier il finissait par se sentir coupable malgré lui. Maya Wayne aurait toute sa place chez les inspecteurs de police. Elle ferait avouer la plus innocente des brebis des pires crimes non commis. Et puisqu’elle insistait à lui certifier que tout allait pour le mieux – ce qu’il préférait ne pas croire car y croire reviendrait à admettre que la jeune femme s’empirait avec le temps, il décida d’essayer autrement.

« D’accord… excuse-moi, senpai. Je suis rassuré si tout va bien. » commença t-il en croisant les bras. Puisqu’elle l’invitait à parler d’autre chose, il enchaina « Oui, j’aurais aimé avoir ton avis aussi. Tanaka-san et toi êtes amies, n’est-ce pas ? J’ai remarqué qu’elle était un peu timide, tu as une idée de ce qui pourrait l’aider à se sentir plus à l’aise avec nous ? ». Il se dit que peut-être, en passer par une discussion moins à vif l'aiderait à se sentir suffisamment en confiance, aujourd'hui ou un autre jour, pour venir lui parler si elle en avait besoin. A priori, cela semblait être un problème de confiance et il était bien placé pour savoir ce qu'était quelque chose qui se construisait laborieusement. 

Le 20 Avril 2018

La senpai semblait connaître Tanaka-san bien plus qu’il ne le pensait. C’était une bonne chose, il y voyait là l’opportunité de discuter davantage. Si en plus de cela, ça lui permettait d’avoir des renseignements pour faire en sorte que la jeune femme se sente plus à l’aise avec eux, c’était une double récompense. « Je vois… Elle a seulement besoin d’un peu de temps pour s’acclimater… » dit-il en s’enfonçant dans son fauteuil, s’accoudant un bras sur l’un de ses accoudoirs. « Tu as l’air de bien la connaître, vous vous connaissez depuis longtemps ? » demanda-t-il, avant de se rappeler qu’il discutait, oui, mais avec Maya Wayne. Il s’empressa d’ajouter : « Je ne m’intéresse pas à elle, je te le demande seulement par curiosité ». Et, parce que c’est MAYA WAYNE, il décida d’inventer un énième mensonge à ajouter à sa liste déjà bien longue intitulé « préservation de sa fausse hétérosexualité ». « J’ai déjà quelqu’un qui m’intéresse. ». En l’état, ce n’était pas faux puisqu’il sortait avec Seito – c’était là plus qu’un simple intérêt – mais il le classifiait parmi ses mensonges car elle disant cela, il faisait référence à une demoiselle inconnue au bataillon.

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Il aurait du s’attendre à cette question. En mettant la main dans un mixeur, on sait généralement à quoi s’attendre. Seulement, il espérait que la Senpai aurait un peu de respect pour sa vie privée vu comme elle entendait protéger la sienne. Ce n’était pas le cas. Ce qui s’appliquait à Maya Wayne ne s’appliquait visiblement qu’à Maya Wayne. « … Ce… n’est pas quelqu’un que tu connais » répondit-il en plongeant une main dans son paquet de sucettes, une excuse pour détourner les yeux. C’était là son premier mensonge. Maya et Seito se voyaient plusieurs fois par semaine au club de littérature. Comme cela ne lui semblait pas suffisant pour le laver de tout soupçons, il se sentit obligé d’ajouter : « … mais c’est une personne que je connais depuis l’année dernière déjà et qui connaît mes sentiments ». Un mensonge pour un bout de vérité, ce n’était pas si mal, il s’en tirerait peut-être ?

Les doigts nageant dans son paquet de sucettes, il se remémora le visage de Seito. Ses cheveux bruns, ses yeux d’un marron profond, son sourire… Hah… Il avait envie de le voir. Son regard s’adoucit et sa voix prit un ton vomitivement amoureux. « C’est une personne qui mérite le meilleur aussi… Quelqu’un d’incroyablement imaginatif et honnête. Un peu trop, parfois… mais même si c'est déstabilisant, je trouve ça adorable et impressionnant. Etre honnête n'est pas facile pour tout le monde... C'est aussi quelqu’un qui peut rêver pendant des heures mais qui sait se montrer sérieux et redoubler d’efforts quand il le faut. » eut-il envie d’ajouter. Il s’arrêta là néanmoins, manquant de s’arracher un sourire qu’il n’avait pas pour habitude de fournir.

« … Tu as déjà été amoureuse d'une personne au point de te sentir prête à… presque tout si c’est pour elle, Senpai ? » demanda-t-il, plus pensivement. Presque, un très grand presque même, malheureusement. Mais pour Seito, il avait fait le premier pas, il avait brandit le peu de courage qu’il avait. Parfois, il se surprenait à rêver d’en avoir plus encore.

Le 20 Avril 2018

Il déchanta, glissant brusquement de son petit nuage sucré. Ses pupilles se dilataient à mesure qu’il entendait Maya poser ses questions. Que… Comment pouvait-elle avoir deviné ? Si facilement, si rapidement, c’était… impossible, non ? Des frissons d’horreur lui dévorèrent le dos. Combien de temps ? Elle ne les mettait pas ensemble ?? Mais à qui pensait-elle ?? Bluffait-elle ? Non. Pour quelles raisons ? Qu’aurait-t-elle à y gagner ?? Il enfila une deuxième sucette dans sa bouche, soudainement pâle. Il ne pouvait pas prendre le risque de la mettre en courant. Ce n’était pas contre elle mais… il ne lui faisait absolument pas confiance pour garder le secret ! Vu comme il lui avait été simple d’aborder sa propre homosexualité et alors qu’ils se connaissaient à peine, il pariait qu’elle était de la même team que Kazuki : s’assumer envers et contre tout. Contre tout, surtout. Ce qu’il ne pouvait pas faire. « … Je ne sais pas à qui tu penses mais...tu ne la connais pas, je t’assure. » chercha-t-il à se protéger.

Il sauta sur la perche qu’elle lui tendait pour fuir le sujet ; « Et oui, si tu veux bien me le partager, cela m’intéresse de le savoir. C’est toujours enrichissant d’échanger sur nos parcours, même amoureux ».

Le 20 Avril 2018

Il encaissa chaque pique de Maya avec abnégation. Il perdait visiblement toute crédibilité aux yeux de la Senpai mais tant pis, si tel était le prix à payer pour les protéger lui et Seito, il pouvait l’accepter. D’autant plus qu’il ne comprenait pas tellement pourquoi elle en faisait toute histoire. Que pensait-elle qu’il cherchait à accomplir en mentant si ce n’était se protéger ? Et quand bien même il n’aurait réellement eu personne dans le coeur, pourquoi s’acharner à le mettre en évidence ? Une partie de son stress s'évacua par ses narines, dans un court soupire. « … Ce n’est pas une question de confiance Senpai… Parfois les choses sont plus complexes qu’elles ne semblent l’être. Je veux seulement protéger la personne que j'aime et … Je n’ai pas envie que des rumeurs se propagent et que l’on vienne nous embêter. D'ailleurs, si je devais te donner son nom, il me faudrait son accord avant, tu ne crois pas ? » dit-il en triturant nerveusement le bâton de sa sucette.

« Je ne peux pas te donner de nom comme ça… et je ne te demande pas le nom de la personne que tu aimes non plus. » continua-t-il en faisant tourner sa sucette nerveusement dans sa bouche. « Je voulais seulement savoir si tu avais déjà été amoureuse à ce point. C’est la première fois pour moi… et même si je ne peux rien te dire de l’identité de cette personne, ça ne m’empêche pas de pouvoir parler de ce que je ressens tout de même. D’ailleurs… c’est ce que je viens de faire. Et tu es la seule personne à qui j’en ai parlé jusqu’à maintenant » avoua-t-il timidement. « Tu pourrais essayer de me faire confiance un peu... Tu sais, ça doit être réciproque, la confiance. »

Le 20 Avril 2018

S’entendre dire par Maya Wayne que c’était « mignon » lui fit un drôle d’effet. Le genre d’effet qui faisait monter le baromètre de la gêne en flèche. Décidément, la jeune femme avait le chic pour le mettre mal à l’aise, même lorsqu’elle cherchait à être sympas. Il fallait bien le dire, leur sujet de conversation était gênant en soit mais la Senpai ajoutait une touche d’embarras supplémentaire et totalement gratuite. « Je… Je suppose que tu as raison, oui » répondit-il, un peu surpris de se voir conseillé désormais. Il s’était assit en face d’elle pour tenter de lui apporter son soutien mais la jeune américaine venait de renverser complètement la situation. Autant se l’avouer, il était en échec total. « Seulement… Parfois, on a beau communiquer, il y a des choses difficiles à arranger… ou à supporter » dit-il, pensivement. Comme obliger son couple à rester dans le secret, être incapable d’assumer, être terrorisé à l’idée d’être découvert. Cela avait son lot inconvénients mais Mathéo s’en accommodait malgré tout. Néanmoins, Seito pourrait finir par s’en lasser. La possibilité lui trottait toujours dans un coin de l’esprit, il avait beau la dénier, elle n’en restait pas moins à traîner dans les méandres de son esprit. « Il y a des problématiques qui peuvent nous dépasser même quand on les a identifié et qu’on en a discuté… Tu ne crois pas...? Comment faire quand c’est comme ça ? » demanda-t-il, plus par rhétorique qu’autre chose.

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Il mordilla sa sucette, l’affalant de ses crocs sous la nervosité. Maya Wayne avait sûrement plein de qualités mais les bons conseils en matière de relationnel, il n’était pas certain que cela en fasse partie. Mettre ses problèmes de côté ? Il n’y avait rien de pire pour les laisser s’aggraver.  Les faire « exploser » ?… Il n’était pas sûr de comprendre la subtilité, mais cela ne lui semblait pas être une bonne idée non plus. Bon, ce n’était pas comme s’il attendait une réponse miracle de sa bouche non plus. Il aurait prit si il y en avait eu une mais face à la réalité ses espoirs s’en remettraient. En revanche, il pouvait constater que cela avait eu le mérite de gagner l’attention de la jeune femme. Étonnement, elle semblait s’intéresser à son histoire d’amour et ses difficultés. Et, il ne savait trop quoi en penser. D’un côté, il supposait que c’était sympas de sa pars … ? D’un autre, il se demandait bien pourquoi. Enfin… Il supposait que les filles avaient un véritable attrait pour les histoires de coeur des autres. Il croqua dans sa sucette, en brisant un morceau qu’il fit craquer sous ses dents. « … Si je te partage mon problème… Tu veux bien me raconter le tiens ? » demanda-t-il, peu sûr de son coup. C’était néanmoins la seule ouverture qu’il pouvait saisir.

Le 20 Avril 2018

Chaque mouvement de lèvres de la senpai tiraient des balles d’acier. Mathéo s’y attendait, bien qu’il avait tout de même eu un brin d’espoir que cela puisse la mettre suffisamment en confiance pour qu’elle se sente d’en discuter avec lui. Sans doute devait-il passer pour plus lourd qu’il ne l’était à force de tentatives alors il se ravisa. Frapper un pot pour l’ouvrir ne servait à rien.

« … Je n’ai pas la prétention de pouvoir gérer les problèmes des autres… Je me disais seulement que tu aurais peut-être pu partager la raison de ce qui pourrait te stresser ces derniers temps si je partageais avec toi quelque chose de stressant pour moi aussi. » s'expliqua-t-il, avant de préciser l’idée par un « du donnant-donnant ». Il y avait peu de chances pour qu’elle l’entende d’une bonne oreille mais il ajouta tout de même : « … Excuse-moi si je te parais trop insistant, je me disais que peut-être… tu n’osais seulement pas. Si un jour tu as besoin de parler de quoique ce soit qui te pèse, sache que je suis là pour t’écouter en tout cas... »

Le 20 Avril 2018

L’espace d’un instant, Mathéo eut l’impression de voir l’une de ses sœurs à la place de la Senpai. Trop insistant… Lou avait déjà pu le lui reprocher. L’était-il réellement ? Une moue gênée vint perturber l’impassibilité de son visage. S’ils étaient plusieurs à le lui dire… c’était qu’il ne devait pas y avoir que du faux dans la bouche de sa petite sœur. D’une voix plus timide, il s’en excusa : « Désolé, Wayne-senpai… Je crois que j’ai tendance à l’être avec les personnes que j’apprécie. ». Sa sœur Anna l’aurait rallié « arrête de nous surprotéger… on a plus 4 ans», mais force était de constater que cela était au dessus de ses moyens. S’il en venait à jouer les surprotecteur auprès de la pauvre Maya maintenant… son cas était sans doute désespéré.  

« C’est dans ma nature de m’inquiéter, je crois… Ne m’en veut pas trop, s’il te plaît. Ce n’est pas mal intentionné, c’est juste que… je ne sais pas quoi faire d’autres quand je perçois que quelqu’un pourrait ne pas aller aussi bien que d’habitude. » gentiment, il lui déposa une sucette à la fraise sur la table. « Tiens… en gage de paix… Je vais te laisser tranquille. Désolé, si je t’ai embêté »