(Terminé) (U-103 ) Solo - Parce qu’on se fait confiance

(Texte écrit à quatre mains avec la joueuse de Nolan. Il a été vu avec Orion qu'il les laisse seuls dans la chambre.)

Il a appris la nouvelle la veille et c’est comme si cela venait encore d’arriver. Nolan se sent vide, sa mère avait peut-être raison en disant qu’il n’est pas prêt à voir son père dans un lit d’hôpital. Elle le connaît. Dans ses messages, il n’arrive pas à faire semblant. Il répond aux messages de sa petite amie quand elle lui parle, mais le cœur ne suit pas et il craint que cela se voit. Il ne sait pas cacher ses émotions, et même si cela ne fait pas si longtemps qu'ils sont ensemble, Tsumugi a le sentiment, l'impression qu'ils se connaissent depuis des lustres. Des petites habitudes observées, le placement de ponctuation dans les messages, des intonations, des gestes... Assez de choses pour savoir quand ça va ou quand ça ne va pas. Et là, clairement, cela ne va pas.

Deux jours qu'elle ne l'a pas vu alors qu'ils logent dans le même bâtiment et envoie des messages aussi vides que sa présence. Pire encore, en passant près des terrains après l'heure du club, elle ne l’y a pas vu. Après les cours, il est resté dans sa chambre, a fait acte de présence en musique, mais il a séché le sport. Instinctivement, elle s’est dit qu'il devait être malade et trop fier pour lui dire qu'il a attrapé froid. Alors passant rapidement au konbini, elle prend des sucreries pour lui remonter le moral et toque à sa porte, persuadée de le trouver dans sa chambre.

« Nolan ? C'est moi … »

S’il a espéré qu’elle ne remarque rien, il ne s’étonne pas qu’elle ait fini par remarquer qu’il ne va pas bien. Ce n'est pas pour rien qu’il l'aime. Attentionnée, à l'écoute, distributrice de câlins… Il pense qu’ils sont faits pour être ensemble, il le sent au fil du temps. Alors bien sûr qu'elle se serait tôt ou tard rendu compte de son état. Cela n'empêche pas de se crisper quand il entend sa voix derrière la porte. Il ne veut pas qu'elle le voit comme ça. Il n’aime pas quand on le voit autrement qu'avec un sourire, comme si cela brisait quelque chose. Se reprenant, il se souvient que la raison pour laquelle il a craqué pour elle, c'est bien quand elle l'a consolé. Elle l’a déjà vu sans sourire...

« Entre... » Dit-il, n’osant toujours pas bouger de son lit et fixant le mur devant lui.

Prenant une inspiration, Tsumugi finit par ouvrir la porte, lentement et, laisse son regard errer dans la pièce jusqu'à le voir dans son lit. Son cœur se serre. Il n'a pas l'air malade, mais n'a pas l'air bien pour autant. La jeune fille referme la porte derrière elle et s'avance vers lui, l'observant, ôtant ses chaussures en marchant sur ses talons et posant son sac de courses sur la table de chevet.

« Je crois... Que j'avais raison de m'inquiéter... » Souffle-t-elle en s'asseyant à son côté et levant une main vers sa joue pour la caresser.

Lorsqu’elle est entrée, il s’est mordillé la lèvre sans savoir comment réagir. Ses yeux sont rouges et bouffis d'avoir trop pleuré. Il a l'impression que sa tête est passée sous un rouleau tant elle le lance. Il ferme les yeux quand sa main chaude caresse sa joue. Elle l’observe, les sens en alerte et il s'en veut de l'avoir inquiété comme ça.

« Désolé... » Dit-il, sa voix sortant à peine, un peu enrouée.

« C'est rien... »

Peinée de le voir dans cet état, elle tend les bras, le prend par les épaules et l'attire contre elle pour l'enlacer, caresser son dos, ses cheveux, déposer des baisers sur son front et dans sa tignasse dérangée. Il se laisse faire et la serre contre lui, très fort, mais pas assez pour ne pas lui faire du mal. Cela lui fait du bien. Et il se rend compte qu’il avait besoin de l’avoir contre lui, respirer son odeur et, se sentir moins seul.

« Et si tu me disais plutôt ce qui t'arrive plutôt que jouer au héros que rien n'atteint ? » Chuchote-t-elle à son oreille sans le lâcher.

C'est clair que là, tout de suite, il n'a rien d'un héros. Il essaie de formuler ses mots dans sa tête, mais ils restent coincés...

« Mon père a un... Il a un cancer... »

Le dire rend le tout réel et cela fait mal. Il l'a déjà dit à Orion et comme à cet instant, il craque et se remet à pleurer.

« J'ai peur Tsu... » Avoue-t-il.

Le cœur battant à tout rompre, ouvrant de grands yeux à l'annonce de la nouvelle, il faut un instant à Tsumugi pour se rappeler comment il faut respirer. Nolan dans les bras, pleurant sur son épaule, elle a peur de se sentir dépassée, ne sait pas quoi lui dire et encore moins quoi faire. Alors elle se contente, dans un premier temps, de garder le silence en continuant ses lentes caresses dans son dos et essayant de se souvenir de tout ce qu'elle a pu entendre au sujet du cancer.

« Avoir un cancer ne veut pas forcément dire que ... Enfin, tu sais... »

S'humectant les lèvres, elle le serre un peu plus fort contre sa poitrine. Elle a du mal à trouver ses mots et ne peut dire que des choses qu’il sait déjà. On ne meurt pas forcément d’un cancer, mais ça ne retire pas fait que ce soit possible et cela le terrifie.

« Je sais… Mais même… »

Il n’arrive toujours pas à parler comme il faut. Alors elle tente autre chose.

« Qu'est-ce qu'ils ont dit les médecins ? » Demande-t-elle avec douceur.

C'est seulement après lui avoir posé une question claire qu’il essaie de faire le ménage dans sa tête pour se rappeler de ce que sa mère a dit. Il pensait ne pas avoir retenu, mais ses mots sont repassés plusieurs fois dans ses pensées.

« Que c'est le colon, mais qu'il est au stade où... Y'a d'autres organes proches un peu touchés, alors chimio pour empêcher que ça empire... Il a déjà perdu du poids, je vais le voir samedi... Mais ça me fait flipper de… »

Les mots ont du mal à franchir la barrière de ses lèvres. Elle lui laisse de temps de les trouver, cherchant elle-même les siens. Il a peur de ne plus reconnaître le père fort à la carrure intimidante qu’il a toujours connu. Elle comprend sa peur, ses doutes, mais n'y étant jamais confronté, elle ne sait pas réellement ce qu'il ressent ni ce qu'il aimerait entendre pour se rassurer.

« Au moins... La maladie a été découverte avant qu'il ne soit trop tard... Il... Il doit être fatigué, aura besoin de repos ... De calme... Mais... Il est … Il est encore là et bien debout ! »

Elle desserre son étreinte, mais ne le relâche pas, lui laissant le choix de rester contre elle ou se dégager s'il le désire en voyant que Nolan essaie de se calmer, d'arrêter de mouiller son t-shirt. Il n’a pas envie de la lâcher Tsumugi, mais finit par se reculer, juste le temps de se moucher avant ça devienne vraiment gênant pour lui, puis la reprend dans ses bras. Il a déjà été plus beau à voir, mais elle ne se soucie pas de ce détail, elle l’accueille dans ses bras et attend simplement qu’il lui donne raison. Il faut qu’il reste plus optimiste. Qu’il croit en son père et qu’il le soutienne.

« Oui, t'as raison... J'suis juste, en panique... Mais c'est pas trop tard, t'as raison. »

C'est peut-être ce qu’il avait besoin d'entendre. Reconnaissant, Nolan se dit qu’il a de la chance de l'avoir avec lui.

« Merci. » Dit-il avant d’embrasser la joue de la jeune fille et de replacer sa tête dans le creux de son cou.

Elle lui embrasse la tête, le serre puis quitte à vouloir rester à son côté, autant qu’ils se mettent à l'aise. Alors elle se dégage un peu, juste le temps de pouvoir se glisser sous ses draps et passer son bras autour de ses épaules.

« ... Je suis là pour toi... »

Là, comme ça, il se sent un petit mieux. La chaleur de Tsumugi le rassure en un sens. Sa voix aussi, elle est toujours douce, même quand elle se moque de ses défaites aux jeux vidéo ou râle de ses victoires. Pour lui, sa voix est toujours comme du coton... Ses caresses dans ses cheveux ou son dos, il n'arrive déjà plus à s'en passer. Elle est là et il l'aime encore un peu plus.

« Merci Tsu... Je... Ca va aller, j'ai juste besoin de temps, je crois... Mais toi, restes comme d'habitude... »

Elle hoche la tête, pose sa joue contre la sienne, elle-même rassurée de l'entendre dire ces mots.

« Prends le temps qu'il te faut Nolan... Je bouge pas, je reste là. On est .... On... On est une ... Equipe maintenant... »

Depuis l’annonce de la nouvelle, c'est la première fois que Nolan sourit. Faiblement, mais c'est là quand même et c'est grâce à elle.

« Oui... T'es la meilleure. »

Se penchant doucement, il l’embrasse tendrement, espérant qu'elle n'ait rien de prévu parce qu’il ne compte pas la lâcher tout de suite. Souriante et rougissante face au compliment, Tsumugi ferme les yeux et profite de leur baiser. Glissant sa main sur sa mâchoire, elle le prolonge un peu plus longtemps et lui profite du goût de ses lèvres comme si c’était la première fois depuis des mois avant de se reculer.

« Ça t'embête si je reste encore un peu avec toi? » Demande t-elle néanmoins lorsque leurs lèvres se séparent.

« Je me disais justement que je voulais pas que tu partes tout de suite. » Répond t-il, se demandant si parfois elle ne lit pas dans ses pensées.

S’allongeant sur le dos, il l'attire contre son torse. Elle sourit et se laisse faire, changeant de position pour pouvoir s’allonger contre lui, la tête posée sur son buste. Les doigts de Nolan se perdant dans ses cheveux blonds et massant doucement sa tête, le jeune homme sait que sa petite amie apprécie les papouilles. Et lui en faire l'apaise.

« Ça tombe bien... Je veux aller nulle part ailleurs... » Dit-elle en fermant les yeux.

Se détendant sous ses caresses, elle laisse sa main, en quête de chaleur, se glisser sous son t-shirt et se poser contre son flanc. Nolan aurait presque pu se rendormir comme ça si la main de Tsumugi ne le faisait pas frissonner. Ce n’est pas la première fois qu’elle pose sa main à même sa peau, mais il ne s’y fait jamais. C’est agréable. Peut-être trop ? Lui, en tout cas, il n’ose pas.

« Nolan ..? Ton papa... Il aura besoin du soutien et de l'amour de sa famille... Alors... si tu as des choses à lui dire... Ce serait peut-être l'occasion. »

Ses mots le ramenant hors de ses pensées, il se demande comment elle fait pour viser aussi juste.

« Oui, peut-être bien... J'y ai pensé mais, ça fait pas un peu... Fataliste ? »

« Je vois ça plutôt comme une façon de le soutenir et de lui donner envie de se battre... qu'il sache que ses proches l'aiment et attendent son rétablissement.. » Dit-elle, pensivement, ses doigts dessinent des arabesques sur sa peau, sans se rendre compte de l’effet qu’ils ont sur Nolan.

Ses côtes se contractant légèrement, signe de sa sensibilité à cet endroit, il agit comme si de rien n'était, écoute ses paroles sages, comme souvent.

« Je vais y réfléchir, il y a bien des choses que je voudrais lui dire... »

Elle relève la tête et pose son menton sur ses mains posées à plat sur son torse.

« Comme ? »

Fixant le plafond pour y penser plus sérieusement, ses joues rosissent. C'est assez personnel, mais Nolan sait qu’il peut avoir confiance en elle.

« Comme... Que même si on n'est pas toujours d'accord, ça a toujours été mon modèle... »

Et il s’arrête là, avant que l'émotion refasse surface. Elle le fixe avec tendresse et lui sourit.

« Ça lui fera du bien de le savoir… »

Replaçant une de ses mèches derrière son oreille, il lui rend son sourire.

« J'espère. Je pense qu'il en sera bien étonné, vu comme je l'écoute rarement. »

Elle rit doucement.

« Bah... c'est un peu le propre d'un parent d'avoir l'impression de ne pas être écouté. »

Ils rient tous les deux et Nolan se sent enfin plus léger. Il a l’impression d’arriver à sortir la tête de l'eau pour une fois depuis ce qui lui paraît être une éternité.

« C'est pas faux ! Hm... T'écoutes les tiens toi ? C'est quoi la dernière chose sur laquelle t'as fais ta rebelle ? »

Elle sourit, malicieuse. Cela lui fait plaisir de voir Nolan se détendre et l'entendre rire après toutes ses émotions. Il a peut-être juste besoin de cela. Se changer les idées.

« Je suis une enfant modèle moi ! Mes parents n'ont absolument rien à me reprocher ! »

Il fait la moue, pas du tout convaincu.

« Mouaiiis, je sais pas pourquoi, mais ça m'étonnerait ! T'as bien dû faire un truc, avoue ! »

Persistant dans ses propos, elle ne cède que lorsque Nolan commence à la mettre sous la torture de mes chatouilles sur ses côtes. Et c'est en riant et se débattant comme elle peut qu'elle le supplie de lui accorder un temps-mort.

« OK ! OK ! J'avoue !! Je suis pas toujours sage... Rooh pas la peine d'employer les grosses tortures ! »

Elle fait la moue, faussement vexée et réfléchit. Le premier truc qui lui vient où elle a fait comme si elle se moquait de ce que lui disait sa mère, ce sont les recommandations qu'elle lui a faites concernant son petit ami. Rougissante, elle détourne les yeux et réfléchit à autre chose à dire. C'est trop embarrassant pour elle. Sachant parfaitement l’effet de sa torture sur elle, il savait qu’elle ne tiendrait pas longtemps. Maintenant, il se demande bien à quoi elle peut avoir pensé pour se mettre à rougir et à détourner les yeux…

« ... Mmmh... J'ai pas grand-chose qui me vient... Ah ! Si ! Bon c'est pas vraiment mes parents, mais mes grands-parents aiment préfèrent quand je suis teint en noir... »

La réponse qu'elle lui donne est presque décevante mais il enchaîne.

« Ouais ça m'étonne pas, les vieux ont du mal avec d'autres teintes que le brun. Tous les blonds sont des yankee ! Je sors avec une rebelle délinquante ! »

« A peine née et déjà yankee ! » Pouffe-t-elle.

« Mais, tes sûre que c'est touuut ? » Demande t-il en la taquinant, pointant un point de son flanc du doigt.

« Ah ! Bah... o-oui...? Pourquoi ? » Demande-t-elle, faussement innocente, sursautant au léger contact de son doigt.

« Eh, t'as ça dans le sang faut croire... »

Et la réaction de Tsumugi lui confirme qu’il a un radar dans le sang aussi. Bon joueur, comme elle lui a remonté le moral, il décide de la laisser tranquille.

« Non comme ça, t'avais l'air de penser à un truc. Hm, c'est quoi que t'as acheté au fait ? »

Maintenant que son chagrin est en repos, l’ appétit du jeune homme se fait sentir. Soulagée, qu'il n'insiste pas, pas encore prête à aborder ce genre de sujet avec lui, craignant de se montrer aussi maladroite et inexpérimentée qu'elle l'est vraiment, elle se redresse et attrape son sac pour l'ouvrir devant lui.

« J'ai pris des sucreries, de quoi grignoter et du thé .... Qui était glacé quand je l'ai pris… »

Rien qu'entendre le mot « sucrerie » suffit à lui faire oublier de creuser. Elle a acheté tout ça exprès pour lui. Il la regarde et l'envie de l'embrasser refait brusquement surface. Prenant son visage entre ses mains, il retrouve ses lèvres, moins doucement que précédemment. Surprise, elle lui rend son baiser et se sent rougir.

« Tu sais toujours quoi faire en pensant à moi. Je t'aime. »

Et ce n'est jamais venu d'aussi profondément de son cœur qu'aujourd'hui. Se mordillant les lèvres, Tsumugi détourne les yeux, le cœur au bord de l'explosion.

« C-c’est.... J'en.. C'est juste ... La manifestation de mes sentiments pour toi.... » Dit-elle d'une petite voix, très touchée que ses attentions lui plaisent autant. « Aller sers toi ! » Lui dit-elle, tentant de masquer son émotion.

A être aussi mignonne, elle le fait fondre.

« Merci de prendre soin de moi. »

Elle sourit.

« C'est normal... Je suis là pour ça... »

Se servant dans les sucreries, il envoie au diable son programme, jugeant qu’il a bien mérité ça. Et c’est juste trop bon ! Il en prend une autre et la tend à Tsumugi qui le regardait faire, juste devant ses lèvres, avec le sourire. Elle lève la main pour la prendre, mais comprend que ce n'est pas ce qu'il lui propose. Rougissante, elle repose sa main, ouvre la bouche et vient gober le bonbon. Si elle fait attention à ses doigts, elle a du mal à ne pas les effleurer de ses lèvres et le contact la fait frissonner.

Parfois, Nolan se demande ce qui ne va pas chez lui. Il est le premier à être en alerte dès qu'elle entreprend un contact plus direct, mais aussi celui qui en incite. Il lui rejetterait bien la faute depuis l’épisode du cinéma.

Un silence s'installe pendant qu'ils grignotent. Loin d’être pleinement remis de toutes ses émotions, Nolan peine à savoir quoi dire de plus et Tsumugi, l’observant, vient plus ou moins à son aide. Désireuse de se "venger" et profiter un peu de la situation, elle décide de faire comme lui et lui tend un bonbon entre son pouce et son index. Arrêtant son mouvement pour remettre un autre bonbon dans sa bouche en voyant la main tendue, Nolan se sent déjà rosir, mais il joue le jeu. Mais moins habile qu'elle, sa langue effleure les doigts de la jeune fille, qui se fige et s’empourpre, durant la manœuvre

« P-pardon… »

Elle secoue la tête quand il s'excuse et baisse les yeux sur ses doigts.

« N-non non... Je te savais gourmand, mais de là à vouloir récupérer les grains de sucre sur mes doigts... I-il en reste en plus... » Dit-elle en lui montrant alors qu’il la regarde avec de gros yeux, devenu plus rouge tomate que rose.

« N-non c'est pas- ! Je suis pas gourmand à ce point... J'crois pas... Mais, tu me cherches en fait ! »

À deux de tension peut-être, mais il fait ce qu’il peut. Incapable de se retenir, un éclat de rire échappe à Tsumugi, dissipant ses propres tensions.

« Tu peux pas être le seul à t'amuser... Faut que tu gardes en tête que ma victime préférée c'est toi ! »

Nolan se laisse entraîner par l'éclat de son rire et mange un autre bonbon.

« C'est trop d'honneur ! T'as de la chance d'être ma calineuse préférée. »

Il l'attire alors contre lui et elle se lève pour l’aider à la faire s'asseoir sur ses cuisses. Ils sont bien, là, comme ça. Elle aime cette proximité avec Nolan et ce partage de bonbons qui semble lui changer les idées. Il n’a pas envie que le temps passe et de se retrouver seul à y repenser. Elle, elle aimerait rester et continuer à le voir comme ça, riant et souriant, même si pour ça, elle doit passer la nuit à veiller sur lui... A cette pensée, elle se sent rougir. Serait-ce seulement possible... ? Se mordillant la lèvre, elle hésite un court instant.

« Ç-ca te dirait ... De ... De rester avec moi ce soir ? Enfin ... Je veux dire ... Enfin... Je serais "là"... »

Encore une fois, il a l'impression que Tsumugi lit ce qui se passe dans sa tête. Sauf qu'il y a un problème.

« Je voudrais bien mais... Y'a le couvre-feu, tu sais... »

Tsumugi fait la moue, le couvre-feu, elle n'y pensait plus. Se mordille la lèvre un instant puis hausse les épaules.

« Je crois que là, j'envie de m'en foutre un peu du couvre-feu... Et puis c'est pas comme si je m'amusais à déambuler dans les couloirs... »

« Elle hésite. »

« Je... J'ai pas envie de te laisser seul avec tout.... ça... Je peux au moins rester jusqu'au couvre-feu... Mais si ça t'embête… Enfin... On peut aussi dormir en appel vidéo... Comme ça je peux.... Veiller un peu sur toi... » Termine-t-elle, le rose aux joues.

Comment pourrait-il résister à une bouille pareille et à autant de gentillesse ? C'est carrément impossible. Un appel vidéo, ça ne vaut pas l'avoir tout contre lui pour oublier ce qui le rend triste.

« Super-héroïne qui ne compte pas ses heures de service hein... Je prendrais bien encore quelques heures de ton temps, j'en ai besoin. » Dit-il, embrassant sa joue et la serrant contre son torse, se disant que serait bien de vraiment pouvoir dormir tous les deux.

Elle sourit, satisfaite, contente, heureuse, fière, avec l'impression d'avoir gagné quand elle lui rend son étreinte avec force. Fermant les yeux, elle réfléchit déjà à son organisation.

« Parce que tu comptes les tiennes toi peut-être ? Et puis... c'est bien le moins que je puisse faire pour toi... »

« Hmm joker ? Tu fais déjà beaucoup. »

Elle rouvre ses paupières, le regarde, lui sourit puis cherche à voir l'heure avant de se reposer contre lui.

« Je vais quand même pas tarder à sortir, au moins pour prendre une douche et mettre un pyjama. »

Elle marque un point.

« Oui, je vais faire pareil, on y va ? Comme ça c'est fait. »

Hochant la tête, elle vient l'embrasser avec douceur avant de se lever.

« Wai ! Je t'envoie un message avant de revenir. A tout de suite ! »

Sur le chemin menant à sa chambre, elle envoie un message aux filles. Nouveau mini conseil de guerre par message où elle demande à ses amies de la couvrir, juste au cas où elle ait du retard pour retourner dans son lit. Elle ne tient pas à leur attirer des problèmes. Puis, elle file dans sa chambre récupérer sa trousse de toilette et un pyjama qu'elle prend du temps à choisir, nerveuse.

Pivoine sous sa douche, elle angoisse un peu. Et si elle s'endort ? Et si elle ronfle ? Et si elle bave ? Et si elle bouge trop ? Se savonnant énergiquement et se rinçant à l'eau glacée pour tenter de garder les idées claires, elle tente de se convaincre que Nolan ne la jugera pas et qu'elle sera là pour veiller sur lui. Elle ne doit donc pas piquer du nez.

Une fois habillée d'un t-shirt à bretelles fines, d'un bas de pyjama long et d'un pull pour le trajet jusqu'à sa chambre, elle lui envoie un message pour lui dire qu'elle est prête et qu'elle arrive.

Du côté de Nolan, sa trousse de toilette dans une main, sa serviette autour du cou et un t-shirt et short propre dans l'autre, il va directement sous la douche. Il y reste peut-être un petit peu trop longtemps mais cela lui fait du bien. Il se rend compte qu’il risque bien de s'endormir si Tsumugi le veille jusqu'au couvre feu et ça le fait rougir. Il se dit qu’il n’a pas intérêt à faire de bruits bizarres ou de baver. Sans ronfler, il sait que sa respiration s'entend quand il dort, ce qui n'est pas dérangeant, mais on sait jamais. Sortant de la douche et voit le message de Tsumugi. Elle doit déjà être dans la chambre et il a une pensée pour son colocataire, il espère que ça ne dérangera pas Orion. Revenant rapidement dans la chambre, il la trouve en effet déjà là, assise sur son lit depuis peu de temps.

« Désolé j'ai un peu traîné. Ça me fait plaisir que tu restes. » Dit-il en se rallongeant près d'elle sous la couverture et en lui souriant.

Elle secoue la tête, sourire aux lèvres.

« Non non t'inquiète pas. Et c'est normal... »

S'allongeant à ses côtés, elle le prend dans ses bras et commence à jouer dans ses cheveux. Nolan n’attend pas avant de fermer les yeux pour profiter de ses caresses dans ses cheveux. Comme il le pensait, cela suffit à ce qu’il se détende encore plus. Il se sent bien et en le sentant, la jeune sourit en continuant ses attentions.

« Tu as déjà meilleure mine en tout cas. »

« Grâce à toi... Je t'ai même pas demandé, t’es contente d'être dans la même chambre que Nissa ? »

Vu que c'est sa meilleure amie, elle a dû sauter de joie la connaissant. L'imaginer le fait sourire contre elle.

« Tellement ! Si tu savais ! Je regrette juste qu'on puisse pas être plus nombreux dans les chambres... J'aurais adoré avoir Hina, tu sais mon autre meilleure amie, aussi avec nous ! Enfin... A temps complet parce que là elle peut juste squatter à temps partiel. »

« Ah ouais ?! C'est super ça ! T'étais au courant ? Tu m'en as pas parlé pendant les vacances. »

« Non ! Elle nous a fait la surprise, la blague ... Elle nous avait dit qu'elle partait aux USA, comme mon frère. C'était un beau poisson d'avril ! »

« Sacrée surprise ! Emma m'a fait la même chose pour son arrivée ! Ma mère en complice en plus, elle est arrivée et m'a sauté sur le dos. »

Tsumugi pouffe en imaginant la scène, puis retrouve un air plus sérieux.

« Mais… Là, elle est "seule", pas avec nous quoi, et même si j'ai confiance en sa capacité d'adaptation... Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter un peu. »

Une sacrée surprise. Nolan se souvient qu’Emma lui a fait la même chose pour son arrivée. Sa mère comme complice. Elle est arrivée et lui a sauté sur le dos.

« Ça ira je pense, vous êtes juste à côté. Au pire si ça va pas avec sa coloc elle peut voir pour changer. »

Un soupir échappe à Tsumugi.

« Au moins, elle ne partage pas sa chambre avec la co... »

S'interrompant brusquement, elle se mord la lèvre. Elle n'a toujours pas parlé de ça à Nolan. Un peu tendue, elle hésite un instant et ça suffit à Nolan pour se mettre en alerte, les sourcils déjà froncés depuis qu’il l’a entendu soupirer. L'autre co- ? Connasse ? C'est ce qu'elle allait dire ? La discussion prenant un autre chemin, le sentiment qu’il ne dormira finalement pas de si tôt, il se me redresse légèrement pour la regarder, soucieux.

« Nolan ? Je peux... Je peux te parler d'un truc top secret et faire confiance à ta discrétion de Rinbo? »

« Oui bien sûr, tout ce que tu me diras sera gardé sous Rinbo ! Qu'est ce qu'il y a ? »

La conversation dérivant, les sourcils froncés, Tsumugi cherche un peu ses mots. L'air soucieux de Nolan lui fait néanmoins retrouver son sourire.

« T'inquiète pas, y a rien de grave. Juste que comme ça ne me concerne pas vraiment, c'est délicat d'en parler. J'ai été autorisé à t'en parler et ça fait un moment que je dois te le dire, mais je ne trouvai pas vraiment les mots... ça concerne Nissa. Elle a une copine mais elle a encore du mal à assumer sa bisexualité et le fait de sortir avec une fille donc elle se cache et n'en parle beaucoup mais on s'est quand même dit qu'un double date aurait pu être sympa... »

Un peu tendue, elle observe Nolan, soulagé de l’avoir vu sourire. Ayant déjà du mal avec lui-même, il aurait été là, autant que possible si besoin, mais ça aurait fait beaucoup. Même pour un Rinbo.

Nissa a une copine. Jusqu'ici tout va bien. Il hoche la tête quand Tsumugi lui explique qu'elle a encore du mal à l'assumer et il a un étrange sentiment de déjà vu. Seito, Maka, Lou, sûrement Mathéo... C'est que la liste commence à s'allonger ! Si seulement on pouvait laisser les gens s'aimer comme ils veulent… Ayant été convié au silence, il ne peut malheureusement rien dire à Tsumugi même s'il aimerait pouvoir lui parler de tout ça. Il tiendra ses promesses.
Néanmoins, il sourit. À l’idée du double date.

« Je comprends que ce soit pas facile oui, encore moins ici. Mais pour te dire la vérité, je crois que j'en ai rencontré plus ici que j'aurais pu en France ahah ! »

Nolan prenant bien la nouvelle, le poids sur les épaules de Tsumugi s'envole. Il la rassure plus encore en lui disant qu'il en connaît plus de personne comme elle, ici qu'en France. Elle sourit. Soulagée de savoir qu'il ne jugera pas son amie et constater qu'elle a bien eu raison de lui faire confiance. Jusqu’à présent, ils n’avaient jamais entamé ce genre de sujet et il comprenait qu’elle puisse avoir peur de sa réaction. L’embrassant sur la joue et se rallongeant contre elle, ses doigts caressent doucement son bras.

« Un double date pourrait être sympa oui. »

« Oui ce sera sympa ! » Dit-elle en souriant, voulant elle-même s'en convaincre.

« Mais tu voulais dire con***se tout à l'heure nan ? »

Il rit doucement, impatient d'avoir ses explications alors qu’elle ouvrit de grands yeux.

« N-non non non ! J'allais dire "copine" avant de me souvenir que je ne t'avais pas prévenu... Mais du coup ... Maintenant que tu le dis... Enfin... Je ne dirais pas qu'elle est une con***se... Mais trouver un terrain d'entente est parfois un peu difficile avec elle... »

A la panique de Tsumugi à l'idée qu’il ait pensé qu'elle ait insulté la fameuse copine, il rit de plus bel, mais pense néanmoins qu’elle n'en est pas loin en écoutant les explications.

« Elle est comment ? »

Se recalant confortablement, Tsumugi se remet à lui caresser les cheveux doucement et réfléchit un instant à comment décrire Maya, de par son expérience et ce que Nissa lui en a dit.

« Mmmh... Généreuse et attentionnée envers ceux qu'elle apprécie... Têtue, susceptible... Une certaine tendance à la jalousie... Elle a un peu de mal avec les garçons aussi de ce que je sais. »

Attentif, Nolan écoute la description. Le « avec ceux qu'elle apprécie » lui semble important. La suite est moins belle... Vraiment, vraiment moins... « Du mal avec les garçons »... Non. C'est impossible. Ou alors elle fait juste partie de sa clique de celle à qui il pense, ça, c'est possible. Il arrête son geste sur le bras de Tsumugi à la seconde où elle termine de parler.

« Des problèmes avec les garçons ? Tsu... Dis moi que son prénom c'est pas Maya... ? Ce qui serait pire parce que ca voudrait dire qu'il y en a une autre comme elle... »

Ouvrant de grands yeux surpris elle se décale très légèrement pour pouvoir mieux le regarder.

« Tu la connais ? »

C'est bien Maya. Et loin de le ravir, pinçant les lèvres, Nolan se demande comment cette folle dingue a réussi à avoir une copine.

« Elle est au club d'athlétisme avec moi. Enfin... Maintenant elle ne vient plus les mêmes jours que moi sauf de rares fois. On s'entend pas du tout, c'est déjà venu un peu aux mains, au point qu'elle me gifle. Je cache pas que je la cherche mais je l'avais pas vu venir celle-là... Mais comment Nissa et Maya ?! Elles sont dans un club ensemble ? Parce que y'a genre 3-4 ans d'écart nan ? »

Sa mâchoire lui en tombe à Tsumugi.

« Ah.... »

En venir aux mains. Carrément. Ça, elle ne s'y était pas attendue. Reposant son dos contre les coussins, elle se mordille la lèvre et joue nerveusement avec une mèche de ses cheveux.

« Ah... elles ont effectivement une petite différence d'âge mais je ne crois pas que ça ait une grande importance pour elles. A la base, elles étaient amies et ont commencé à se tourner un peu autour m-mmais ... Ça a pas grande importance ça... Je... Elle t'a giflé ?! Mais... Enfin... Du coup... J'aurais peut-être pas dû te proposer le double date.... »

Elle hoche lentement la tête. Une gifle qui date de l'an dernier. Inutile de creuser, ça ne ferait que l'énerver. Mais qu'il la cherche ou pas, elle n'a pas intérêt à le frapper. Il est même prêt à faire l'effort de la supporter pour pouvoir passer un peu de temps avec elle et Nissa pour apprendre à la connaître. Le cœur gonflée d'affection, elle effleure sa joue du bout des doigts.
Mais lui aussi, il y a quelque chose qu’il n'a pas oublié.

« Tu as dis que c'était dur de s'entendre avec elle, elle t'as dis quelque chose ? Si elle t'embête, tu peux me le dire. Je pensais qu'avec les filles elle se comportait normalement... »

Qu'elle ne s'avise même pas de toucher Tsumugi parce qu’il ne sait pas lui même ce qu’il lui ferait.

« Moi ça va. Elle ne m'a rien fait mais... »

Elle soupire. Nolan se rassure même s’il n’a toujours pas de réponse à sa question. Patient, il attend.

« Y a des mecs, quand ils ont une copine ils supportent pas trop que ladite copine ait des potes garçons et n'apprécie pas trop trop quand un de ces potes s'approche d'un peu trop... bah elle c'est pareil mais les amies de sa copine. »

Elle fait la moue.

« J'ai l'impression qu'elle me voit comme une menace pour son couple parce que Nissa et moi, on est super proches depuis qu'on a quoi.... Cinq ans ? Y a des choses qu'elle pourra pas vraiment changer entre nous et elle a pas l'air de l'accepter. »

Aux yeux de Nolan, Maya est la fille la plus stupide qu’il connaisse... Surtout si on suit sa logique à la noix qu’il ne connaît que trop bien. Il soupire bruyamment. Craindre quoi ? Depuis tout ce temps, elles ont eu le temps de tomber amoureuse et ce n'est pas le cas.

« Du Maya tout craché. Mais le pire, c'est que la connaissant elle ne veut pas qu'elle ait des amies filles proches mais elle voudra encore moins des mecs, donc faudrait que Nissa n'ait plus d'amis pour qu'elle soit contente. Puis vous vous connaissez depuis tellement longtemps que s'il devait y avoir des sentiments ce serait déjà fait. Franchement, Nissa ferait mieux de quitter une meuf toxique pareille. »

C'est radical, mais c'est ce qu’il pense. Une personne qui n'accepte pas les amitiés de son partenaire, c'est mauvais signe et pour peu qu'elle cède, elle se retrouvera isolée.

« Nissa supporte ça comment ? »

Tsumugi, mal à l'aise, se tortille un peu, ce qui donne à Nolan l’envie de lui passer la main dans les cheveux.

« Ça... Je ne lui en ait pas parlé... Elle a déjà trop de choses à penser, comme, comment s'accepter telle qu'elle est... Elle a besoin d'un peu de temps... Si en plus savoir que Maya a du mal à accepter ses amies, ça va pas arranger les choses... Enfin bon... ça finira par se savoir de toute façon... Connaissant Hina, entre elles deux ça risque de ne pas beaucoup beaucoup coller et j'ai peur que ça clashe un peu... »

« Ouais... J'espère que ca va pas compliquer les choses pour rien. En tout cas vous veillez sur elle, laissez pas Maya avoir de l'emprise... Hina ? »

Elle fait la moue puis sourit.

« Nana n'a pas vraiment la langue dans sa poche et quand elle n’apprécie pas quelqu'un, elle le fait clairement savoir la plupart du temps. »

Pouffant de rire à la description que Tsumugi fait de son amie, il a bien envie d’en savoir plus.

« Ben je l'apprécie déjà ! Ça lui fera les pieds. »

Tsumugi rigole. Elle ne sait pas s'il aimera vraiment ses amies, mais ça lui fait plaisir d'entendre qu'il l'apprécie rien qu'avec cette petite description qu'elle lui a faite. S'étirant un peu, elle se recale confortablement. La conversation prenant un cours qui le rend curieux, il ne peut s’empêcher de demande:

« Et sinon, elles l'ont pris comment... Nous deux ? »

« Oh bah... bien ? Je suppose ! »

Elle souffle du nez.

« Elles... Elles savaient déjà que ... Que je craquais pour toi avant même qu'on soit ensemble... Avant même la Saint-Valentin en fait... Elles n'ont pas vraiment été surprises du coup. »

Sérieusement ? Nolan se demande si ça se voyait vraiment. Et lui ? Il n’a rien capté ? Il se sent rougir d'un coup.

« Tu.. Tu.. Mais j'ai rien vu... Je suis pas capable de le voir pour moi-même alors... Même Pablo a cramé avant moi ! »

Elle sourit, puis continue.

« Hina est un peu méfiante mais ça c'est normal. Elle a pas trop confiance dans les "histoires d'amour" et elle doit avoir un peu peur aussi que nos relations nous éloigne d'elle, Nissa et moi... Mais si elle a pas déjà toqué à ta porte pour te dire "attention !" Ou elle ne t'a pas fixé bizarrement, c'est plutôt bon signe. »

Nolan se fait la réflexion qu’il est vraiment le roi des aveugles. Clairement ce n'est pas grâce à lui s’ils sont ensemble aujourd'hui. Il aurait pris encore des mois pour se dire que Tsumugi est plus qu'une amie. Enfin, maintenant c'est fait et il devrait plutôt me soucier de Hina la méfiante. Il a été carrément jaloux pour Seito et Mathéo alors le sentiment ne lui est pas inconnu. Il souffle du nez.

« Je m'en sors bien alors ! J'espère que j'arriverai à la convaincre que je ne souhaite pas vous éloigner. C'est tout aussi important pour moi que les amis gardent leur place. »

Tsumugi reste silencieuse un court instant durant laquelle elle reprend ses caresses dans les cheveux de Nolan et où le rose lui monte aux joues. Il ferme les yeux instinctivement, se demandant bien à quoi elle peut penser

« Nissa, me taquinait un peu quand on préparait nos chocolats... Elle m'a encouragée et puis... elle m'avait dit que ... Si on était fait pour être ensemble, qu'elle était sur qu'on se trouverait... »

C'est mignon, qu’il pense.

« Elle avait raison on dirait... C'est dingue comme il a fallu deux personnes pour qu'on soit ensemble quand même ahah ! Mais c'est peut-être parce que... Parce que c'était si naturel qu'on n'a pas fait attention.. Enfin moi c'est ça en tout cas. »

Tsumugi fait la moue.

« Plus de deux quand même... ça a pris un peu de temps avant... Avant que je... Comprenne vraiment ce que je ressentais pour toi... Même si c'est vrai que ... Quand on se parlait, quand se voyait .... Je me sentais juste bien... »

Elle sourit.

« Et c'est encore plus le cas maintenant. »

Elle dépose un baiser dans ses cheveux.

« Je crois que j'ai vraiment commencé à capter quand tu as joué le héros en ville.... Et pas parce que tu as joué au héros ! »

Il aime beaucoup ce qu’ il entend. Entendre et pas juste savoir qu'elle se sent bien avec lui, lui fait vraiment plaisir et le touche. Il ouvre les yeux un peu plus grand quand Tsumugi lui révèle le moment où elle a vraiment compris ses sentiments.

« J'avais jamais vu ce côté vulnérable de toi aussi et... Ça m'a touché, je sais pas comment le décrire… »

Depuis quand arrive t-il à dire ce genre de choses sans bafouiller ? Il faut croire que lui aussi se sent vraiment en confiance avec elle.

Elle souffle du nez.

« Tu es fort Nolan... Mais j'aime autant savoir que je peux m'appuyer sur toi, que toi sur moi... Quand tu te montres... Plus vulnérable devant moi... J'ai l'impression qu'on peut paver les fondations de relations les plus solides parce que... Parce qu'on se fait confiance... »

Ses mots le surprennent. Il est fort ? Elle trouve ? Pour lui, ses mots sont vraiment forts. Les fondations d'une relation solide... Il en a la certitude, ce qu'ils vivent, ce n'est pas une amourette. Il le sent et il sait que Tsumugi aussi.

« Ça me touche que tu me dises tout ça. Moi aussi je me sens bien avec toi et ce n'est pas juste parce qu'on passe de bons moments. Je sens que je peux tout te dire. J'ai envie que toi et moi ça dure longtemps Tsu. »

Il se rapproche d'elle pour l'embrasser, avec tout l'amour qu’il ressent pour elle. Il croit comprendre mieux ce qu’il a pu lire dans les livres étudiés dans sa scolarité. Ceux qui racontent à quel point aimer est effrayant. C'est vrai, mais cela donne encore plus envie de le vivre.

Elle a la gorge nouée, Tsumugi et elle a les larmes qui lui montent tant elle se sent émue. Elle est heureuse malgré son cœur qui cogne à lui en faire mal.

« Moi aussi Nolan... Moi aussi... » Souffle-t-elle à mi -voix avant que leurs lèvres ne se joignent.

C'est grisant et effrayant d'aimer. Mais avec Nolan à ses côtés, elle a l'impression qu'elle pourra tout affronter. Elle croit en leur avenir. Avec douceur, elle prolonge leur baiser puis lui sourit lorsqu’ils se séparent.

« Tu devrais te reposer un peu... » Chuchote-t-elle, le visage encore en feu.

Nolan pose son front sur le sien. Le cœur battant la chamade, il a du mal à croire qu’il puisse s’endormir. Malgré tout, elle a raison.

« Oui... »

Il se remet en place sur son lit, le dos presque contre le mur pour qu'elle soit à l'aise et entoure sa taille avec son bras. Se mettant à l'aise blottis l'un contre l'autre, Tsumugi lui frotte lentement et doucement le dos, la tête. S'assomant elle-même, elle lutte pour garder les yeux ouverts. Il ne sait pas combien de temps ils restent comme ça, mais il laisse ses attentions l'endormir petit à petit.

« Bonne nuit... » lui dit-il avant d'être trop somnolant pour le faire.

Il aurait pu passer une nuit agitée comme la dernière, mais cette soirée avec elle lui a allégé le cœur.

« Bonne nuit Nolan... » Souffle-t-elle.

Elle observe alors les traits de son visage qui se détendent, elle écoute sa respiration qui se fait plus lente, plus profonde. Elle sourit attendrie et reste là à le regarder. Elle finit par s'immobiliser et quand elle est sûre qu'il est bien endormi, elle use de tous ses talents de ninja pour s'extraire de son étreinte et sortir du lit. Elle n'aurait pas imaginé que ce serait si difficile de le quitter. Elle aurait préféré s'endormir avec lui. Un peu frustrée mais contente d'avoir pu être là pour lui, elle retire son pull et l'étend sur lui. Une idée qui lui paraît bête, mais nécessaire. Ainsi, il pourra profiter un peu plus longtemps de sa chaleur. Un baiser posé sur son front plus tard et la voilà qui quitte la chambre en toute discrétion dix minutes avant le couvre-feu.

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