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- InvitéInvité
# MeToo
Solo
Elle bloque.
Cent quarante caractères qui n’attendent que d’être partagés. Mais elle bloque. Devant son ordinateur, la souris à la main, il ne lui suffit que d’un clic. Sa main ne répond plus.
Elle était si énervée, pourtant, quand elle a ouvert twitter. Elle était déjà si énervée, quand elle a découvert le mouvement #MeToo. Même si le mouvement de solidarité est beau, impossible de s’émerveiller. Moon s’intéresse depuis peu de temps au féminisme et n’avait jamais mesuré le poids du silence. Quand toutes les femmes parlent en même temps, ça provoque un raz-de-marrée.
Déjà plus de trois mois que les voix occidentales s’élèvent. D’abord des actrices. Puis tout le monde. Dans la presse internationale, on ne parlait plus que de l’affaire Weinstein, des femmes qu’il a agressées. Puis, de toutes les autres.
Mais au Japon, rien.
En Corée, rien non plus.
Et pourtant, Moon s’est reconnue dans tous ces témoignages. Certains des tweets qu’elle a lu l’ont transpercée. Elle se souvient de tous les regards, de tous les mots, et de tous les gestes que les hommes lui ont adressés. Hier, aujourd’hui, demain.
Si seulement ce mouvement pouvait changer la donne. Si Moon craint que l’attitude des hommes dans les milieux professionnels ne changeront pas demain, elle a la certitude qu'elle ne se laissera plus faire.
Et, en début du mois, une étincelle. Le genre que l’on attendait plus. Le genre que Moon n’attendait pas. En heure de grande écoute, à la télévision, Seo Ji-Hyeon parle de son agression. Une sale histoire de supérieur hiérarchique. Une sale histoire comme on en entend des centaines depuis quelques semaines.
Et un élan de soutien.
En retard, le raz-de-marrée de paroles a englouti la Corée. Toutes les femmes témoignent. Et les réseaux sociaux sont remplis. Moon aussi a été touchée par l’histoire de cette femme. Moon aussi, a énormément de choses à dire.
Il faut tout condenser, en cent quarante caractères.
D’abord, créer un compte twitter. L’ancienne actrice s’était promis de ne plus jamais être publique. Son passé, Moon comptait l’oublier. Ses échecs aussi. Mais les témoignages qui font trembler l’opinion publique sont ceux qui ont une audience. Son pseudonyme : son prénom, et son nom. En guise de photographie, la jaquette du DVD d’un téléfilm qu’elle avait fait enfant. Et dire que ça se trouve encore sur internet.
Elle n’a rien posté le premier jour. Et elle a quand même eu quelques abonnés. On se souvient vraiment d’elle ?
Elle n’a rien posté le second jour, non plus.
Ni le troisième.
Le quatrième, elle s’est décidée à écrire quelques mots. Elle a rédigé. Re-rédigé. Re-re-re-rédigé. Mais rien de concluant. Alors elle a éteint la session, et n’a rien posté.
Et elle n’en a pas dormi de la nuit.
Impossible de se concentrer sur ses cours, elle ne peut penser qu’à Song Ji-Hyeon, et à toutes les autres femmes. A leurs expériences, et aux siennes. Moon veut briser le silence.
Alors le cinquième jour, quand elle rentre dans son petit appartement, elle veut poster. Ce soir, elle va poster. Pas question de laisser tomber. Même si ce ne sont pas les bons mots. Même si elle regrette. Et même si ça ne fait aucun écho. Elle veut faire partie du groupe, elle veut faire partie du mouvement. Elle a l’impression que l’histoire est en train de s’écrire et qu’elle a une pierre à poser dans la rédaction de ce chapitre.
C'est son histoire.
C’était sa co-star, et elle une jeune première, au cœur de sa carrière, avant que tout ne dégringole. Ce ne sont que des gestes. Et c’est monnaie courante. Depuis toute petite, elle avait l’habitude des attentions des hommes adultes. Surtout des producteurs, et des directeurs de castings. Bel et si bien qu’elle n’avait jamais pensé à mal. Ces hommes, ils prenaient soin d’elle, de leur drôle de manière. Et puis, c’est elle qui était bizarre, à trouver tout ça gênant.
Après tout, ils ne lui ont jamais rien fait de mal.
Pendant des années, elle s’était demandée si ses souvenirs ne lui faisaient pas défaut. Elle était jeune, et la mémoire c’est malléable. Mais en lisant tous les témoignages, impossible de nier ! Non. Ce n’est pas sa mémoire, le problème.
Envoyé.
Cent quarante caractères qui n’attendent que d’être partagés. Mais elle bloque. Devant son ordinateur, la souris à la main, il ne lui suffit que d’un clic. Sa main ne répond plus.
Elle était si énervée, pourtant, quand elle a ouvert twitter. Elle était déjà si énervée, quand elle a découvert le mouvement #MeToo. Même si le mouvement de solidarité est beau, impossible de s’émerveiller. Moon s’intéresse depuis peu de temps au féminisme et n’avait jamais mesuré le poids du silence. Quand toutes les femmes parlent en même temps, ça provoque un raz-de-marrée.
Déjà plus de trois mois que les voix occidentales s’élèvent. D’abord des actrices. Puis tout le monde. Dans la presse internationale, on ne parlait plus que de l’affaire Weinstein, des femmes qu’il a agressées. Puis, de toutes les autres.
Mais au Japon, rien.
En Corée, rien non plus.
Et pourtant, Moon s’est reconnue dans tous ces témoignages. Certains des tweets qu’elle a lu l’ont transpercée. Elle se souvient de tous les regards, de tous les mots, et de tous les gestes que les hommes lui ont adressés. Hier, aujourd’hui, demain.
Si seulement ce mouvement pouvait changer la donne. Si Moon craint que l’attitude des hommes dans les milieux professionnels ne changeront pas demain, elle a la certitude qu'elle ne se laissera plus faire.
Et, en début du mois, une étincelle. Le genre que l’on attendait plus. Le genre que Moon n’attendait pas. En heure de grande écoute, à la télévision, Seo Ji-Hyeon parle de son agression. Une sale histoire de supérieur hiérarchique. Une sale histoire comme on en entend des centaines depuis quelques semaines.
Et un élan de soutien.
En retard, le raz-de-marrée de paroles a englouti la Corée. Toutes les femmes témoignent. Et les réseaux sociaux sont remplis. Moon aussi a été touchée par l’histoire de cette femme. Moon aussi, a énormément de choses à dire.
Il faut tout condenser, en cent quarante caractères.
D’abord, créer un compte twitter. L’ancienne actrice s’était promis de ne plus jamais être publique. Son passé, Moon comptait l’oublier. Ses échecs aussi. Mais les témoignages qui font trembler l’opinion publique sont ceux qui ont une audience. Son pseudonyme : son prénom, et son nom. En guise de photographie, la jaquette du DVD d’un téléfilm qu’elle avait fait enfant. Et dire que ça se trouve encore sur internet.
Elle n’a rien posté le premier jour. Et elle a quand même eu quelques abonnés. On se souvient vraiment d’elle ?
Elle n’a rien posté le second jour, non plus.
Ni le troisième.
Le quatrième, elle s’est décidée à écrire quelques mots. Elle a rédigé. Re-rédigé. Re-re-re-rédigé. Mais rien de concluant. Alors elle a éteint la session, et n’a rien posté.
Et elle n’en a pas dormi de la nuit.
Impossible de se concentrer sur ses cours, elle ne peut penser qu’à Song Ji-Hyeon, et à toutes les autres femmes. A leurs expériences, et aux siennes. Moon veut briser le silence.
Alors le cinquième jour, quand elle rentre dans son petit appartement, elle veut poster. Ce soir, elle va poster. Pas question de laisser tomber. Même si ce ne sont pas les bons mots. Même si elle regrette. Et même si ça ne fait aucun écho. Elle veut faire partie du groupe, elle veut faire partie du mouvement. Elle a l’impression que l’histoire est en train de s’écrire et qu’elle a une pierre à poser dans la rédaction de ce chapitre.
C'est son histoire.
C’était sa co-star, et elle une jeune première, au cœur de sa carrière, avant que tout ne dégringole. Ce ne sont que des gestes. Et c’est monnaie courante. Depuis toute petite, elle avait l’habitude des attentions des hommes adultes. Surtout des producteurs, et des directeurs de castings. Bel et si bien qu’elle n’avait jamais pensé à mal. Ces hommes, ils prenaient soin d’elle, de leur drôle de manière. Et puis, c’est elle qui était bizarre, à trouver tout ça gênant.
Après tout, ils ne lui ont jamais rien fait de mal.
Pendant des années, elle s’était demandée si ses souvenirs ne lui faisaient pas défaut. Elle était jeune, et la mémoire c’est malléable. Mais en lisant tous les témoignages, impossible de nier ! Non. Ce n’est pas sa mémoire, le problème.
@MoonKawaguchi a écrit:J’avais douze ans, il en avait le triple. Il y avait les mains sur la taille. Les allusions au coin de l’oreille. Les regards lubriques. Je me souviens de tout. Je me souviens de lui. #MeToo
Envoyé.
Code by awful modifié par Gin
#terminé
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