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Gareth N. Kobayashi
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Gareth N. Kobayashi
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Dim 4 Juin 2023 - 20:06
J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage
Trois jours avant la fête de Hanami - environ mi-mars :

J’ai passé le mois de février à me tordre une nouvelle fois les méninges, mais en étant plus sincère avec moi-même, pour changer. Le moment que j’ai passé avec Naoki m’a fait l’effet d’une claque. Plutôt que de me faire oublier celui à qui je ne voulais plus penser, il m’a montré que ça ne comblait absolument pas le vide que je ressens. Que ce n’est pas ce dont j’ai besoin. Celui dont j’ai besoin. Oh je ne suis pas soudainement prêt à lui crier que je l’aime non, c’est encore trop tôt. En revanche, j’ai pu rassembler assez de courage pour écouter jusqu’à la fin la mélodie que mon cœur tente de me transmettre. D’une oreille peu certaine au début, jusqu’à ce qu’elle m’apparaisse toute limpide.

C’est pour ça que je fais les cent pas dans mon salon depuis cinq bonnes minutes. Et que Chiaki commence sérieusement à se demander si son papa n’est pas cassé quelque part. Je m’accroupis face à lui qui joue sur son tapis et lui caresse les cheveux.

« Pourquoi tu marches comme ça papa ? Tu fais du sport ? »

Je ris à sa question et m’assois en tailleur près de lui. Il s’approche à quatre pattes et vient se poser sur ma cuisse.

« Non, je suis perdu alors je marche à droite, puis à gauche, je cherche la porte magique. »
« Ooh y’a une porte ma’ique ?! »
« Oui, mais on peut pas la voir, elle est invisible. »
« Invisshible ? Pour aller où ? »

Je hoche la tête et pose un bisou sur son front.

« Là où on est toujours content ! »
« Oooh et moi, je peux chercher avec toi ?! »
« Toi tu es mon petit bébé magique, tu n’as pas besoin de porte ! Y’a que les grands qui savent plus où elle est. »
« C’est moi la porte ma’ique ! »

Il lève les bras au-dessus de sa tête et je craque complètement.

« C’est vrai, Chiaki le bébé magique ! Qui aime... Les guilis magiques ! »

J’attaque ses côtes de mes doigts et s’en suit une rude bataille durant laquelle un bambin tente de me fuir. Son rire est un pansement sur le cœur, le meilleur de tous, celui qui ne se retire jamais mais au contraire répare les plaies. Parfois, il les ré-ouvre par inadvertance, mais avec tant d’innocence que lui en vouloir est impossible.

« Papa ? »
« Hmm ? »
« Gawa-chan aussi il cherche la porte ma’ique ? »

Son esprit est bien plus vif que le mien ces derniers temps. Je suis impressionné par le fait que malgré les mois passés, Yukio n’a jamais quitté sa mémoire. Un autre jour dans le mois de février, il m’a fait glissé un autre dessin dans sa boîte aux lettres. Cette fois, il avait essayé de dessiner un terrain de jeu comme il pouvait, avec un toboggan et une maisonnette reliée par un pont, toujours avec nous trois dessus. On joue au ballon, rouge au milieu de la feuille. C’est parce que je vois comme il lui manque que je tente de me faire violence. Car je sais qu’au fond de moi, j’ai tout autant envie de le revoir, qu’on reprenne là où tout est parti en vrille.

« Oui peut-être qu’il cherche aussi. »
« Faut chercher tous les deux ! T’as pas dis pardon papa... »

Sa voix est toute triste et me fend le cœur encore un peu plus. Si seulement c’était tout ce qu’il y avait à dire. Je le prends dans mes bras pour lui faire un câlin et le berce.

« Je vais le faire. »

Environ une heure plus tard, je toque chez la voisine d’en face, Chiaki me tient la main. Elle ouvre toute souriante et me demande ce qu’elle peut faire pour moi, non sans se baisser pour saluer mon fils. Elle me le garde par moment si j’ai quelque chose d’important à faire. Chiaki s’entend bien avec son fils de 4 ans. Cette fois aussi, je la sollicite pour le garder un instant. Chiaki est la porte magique, mais je n’ai pas le droit de m’en servir pour atteindre plus vite ce qui se trouve de l’autre côté.

Je dois la trouver seul ou avec toi. C’est pour cette raison que je monte les marches jusqu’à l’étage. Pas d’ascenseur, un peu de temps pour me mettre les idées en place n’est pas trop demandé. Je n’ai strictement aucune idée de ce qui va sortir de ma bouche et ça me broie l’estomac. Dans le brouillard le plus complet, je sonne à ta porte. Il faudrait déjà que tu veuilles bien m’ouvrir...

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Yukio Ogawa
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Dim 4 Juin 2023 - 22:37




J'ai regardé les cerisiers en fleurs, et j'y ai vu ton visage
Lundi 19 mars 2018


Musique d'ambiance

J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage FT. Yukio Image_38


Journée pourrie, comme depuis trois mois, à contempler mon plafond. Les livres se sont accumulés sur le sol, je ne cherche même plus à les empiler sur le parquet. Ils trainent, tout simplement, posés là où ma main les a lâchés. Sur la table basse du salon, le bol de nouilles abandonné sans autre forme de procès il y a deux jours me juge du regard. Si l'évier n'était pas plein, j'aurais peut-être eu le courage de le ramasser. Pourquoi se plaindre ? Le hasard fait bien les choses, j'y ai gagné un cendrier dans lequel j'ai froissé le dernier paquet de cigarettes qu'il me restait, une fois vidé. Le manque d'envie m'a étreint, je sentais le manque venir, mais j'étais tellement motivé à ne pas sortir par mon inertie que j'ai préféré me coller trois patchs à la nicotine sur le bras, plutôt que de descendre au Konbini. Suprême léthargie: une fois les trois patchs adhésifs posés, je n'ai pas eu la force de renfiler correctement ma chemise. Couché sous le poids de mon apathie, me voilà à moitié torse nu, immergé dans la nicotine, noyé dans les bouquins, le regard à peine au-dessus de la ligne de flottaison. Besoin de rien, envie de rien. Pendant un temps, j'ai cherché dans les écritures alentours de quoi distraire mon esprit, dans une vaine tentative de la tromper, et de le porter à diversion. Échec manifeste. J'ai eu beau plonger des bibliothèques, je n'ai fait que me fracasser sur mon propre abattement.

L'appartement est sale. Au milieu, seul, j'ai su maintenir un semblant d'hygiène sur ma personne, comme par habitude. La poussière pousse sur le piano, la feutrine avec laquelle je le nettoie normalement commence elle-même à se couvrir d'une sorte de couche de cendres. Je laisse le monde autour de moi me dépasser, comme pour éviter d'avoir à prendre des décisions. Sur le balcon, des vêtements laissés là depuis bien trop longtemps ont pris la pluie, puis ont séché, encore, et encore. La corbeille à linge sale déborde. Ça fait quelques temps que je ne lave plus rien, et que je me contente de piocher des vêtements propres dans les armoires. Étrangement, je n'ai pas encore épuisé le stock de fripes lessivées. Je ne m'étais jamais rendu compte que j'avais une garde-robe de cette taille. C'est fou ce qu'on peut découvrir parfois.

Je ne fais plus rien. Au fond, je sais pourquoi. Trois mois que je me pose la question de partir. Décaniller, foutre le camp, prendre la poudre d'escampette, fuir. Je ne sais plus vraiment pourquoi j'ai voulu venir à Kobé. Tant de mois ont passé en si peu de temps, et je songe déjà à timbrer ma démission. Je ne sais plus trop ce que je peux bien faire ici. Le croiser tous les jours, c'est juste avaler du poison à chaque heure. Il est peut-être temps de reprendre mon envol, et de me jeter quelque part sur la planète, au hasard. Est-ce que ça pourra seulement être pire qu'ici ? Je crois que c'est pour éviter de m'y résoudre que je reste paralysé sur le plancher de mon appartement, comme un parachutiste craintif à l'idée de sauter pour la première fois. Ce ne serait pourtant pas la première, pour le coup. Tout laisser derrière, je l'ai fait tant de fois. Les gens pensent que c'est difficile. C'est faux, il suffit juste de louer un garde-meubles. Je pensais revenir au Japon pour y trouver la sérénité, je suppose que j'avais beaucoup trop d'ambition. Si je m'écoutais, j'irais racheter une ferme au fin fond du Colorado, un haras en Patagonie, ou une vieille bicoque sur une île grecque, au fin fond de la mer Egée. J'ai soif d'isolement, de tranquillité. J'ai envie d'aller au bout du monde, non pas pour y découvrir l'impossible, mais juste pour y rester, et apaiser mes émotions dans une culture maraîchère. Certes, je n'ai pas su trouver le bonheur, mais je peux au moins tuteurer des tomates.

Sur le campus, personne n'a eu la désobligeance de me reprocher ma mauvaise humeur. Attention bienveillante, ou bien peut-être que je dégage une aura propre à dissuader quiconque de s'approcher. Je me suis forcé à mettre de l'entrain dans mes derniers cours, mais je ne suis pas certain que ça ait paru naturel. Je n'arrive plus à me surjouer. J'ai des moments où je n'arrive plus à déchiffrer les symboles sur les feuilles, et d'autres où j'ai l'impression de me réveiller après avoir eu une absence. Je me perds dans mes notes et dans le déroulé de mes exposés. L'échec est complet. Je n'arrive même plus à être un professeur correct, je perds le fil. C'est peut-être parce que je pense à lui. J'avais dans l'idée que garder les yeux baissés arriverait à le faire disparaitre de mon esprit, mais ça ne marche pas vraiment. J'ai un poignard dans la poitrine, et malgré cela, je pense encore à lui. Je suis pris dans des sentiments contraires, j'ai autant envie de le frapper que de l'embrasser. Je veux lui mettre des coups dans les côtes tout en le serrant dans mes bras. C'est idiot, je sais. Il est juste en dessous, et je pourrais défoncer le sol à la masse, juste pour le voir. Et pourtant, je n'ai pas la force de descendre l'escalier. Qu'y a-t-il entre nous ? Juste une poutre en béton ? Un peu plus, sûrement.

La sonnerie, à la porte. Sûrement le repas du jour, porté par l'habituel livreur, dont le visage semble s'apitoyer sur moi un peu plus chaque jour. J'ai la sensation, en l'observant quotidiennement, qu'il me voit sombrer dans les eaux noires de l'océan, et qu'il en est horrifié. Peut-être qu’aujourd’hui, je devrais juste lui glisser son billet sous la porte, ça lui éviterait de me voir, et ça lui épargnerait de constater que rien ne va mieux. C'est tentant, mais ça me donnerait le sentiment d'y perdre un peu de dignité. Le garçon doit déjà me prendre pour un hikikomori, est-ce que c'est vraiment le moment de confirmer ses suppositions ?

Effort considérable pour se relever, et trainer ses chaussettes jusqu'à l'entrée. Légère contorsion pour se remettre la chemise sur le torse. Inutile de la reboutonner complètement. Après tout, je vais juste entrouvrir la porte et attraper le colis calorifique en échange d'un peu de monnaie, ça va durer trois secondes. Une main passée dans les cheveux, histoire de dégager ma vision. Au pays des guenillards dépenaillés, je serais presque présentable. Il ne faudra pas trop tirer le battant, ça révélerait l'état des lieux, et si j'ai envie de me rouler dans la fange littéraire, c'est encore moi que ça concerne.

On y est. Un soupir. Je n'ai même pas faim. J’attrape un billet dans le vide-poches, prêt du porte-manteau, et je déverrouille le sas. J'entrouvre, sur une dizaine de centimètres, laissant un peu de lumière entrer dans la chambre noire. Sans trop y réfléchir, je tends la main sertie de mon assignat. Aveuglé par les coruscations du dehors, je ne vois même pas le visage de mon coursier. Il est plus grand que d'habitude, un peu comme... Oh... Oh... Oh non... Dites-moi que je ne viens pas de faire ça...

Mon bras reste tendu, avec l'argent au bout, comme paralysé. J'essaie bien de le rabaisser, mais j'arrive pas à me donner des ordres. La peur dans le regard, je relève un peu la tête, sans trop le vouloir, et mes cernes s'alignent avec les yeux de Gareth. J'ai envie de disparaitre, là, maintenant. Mes mirettes doivent parler comme des pibloques sous méphédrone. Je ne parviens clairement pas à garder quoi que ce soit. Je suis un livre ouvert, et mon seul désir immédiat est de refermer cette porte, et d'aller me rouler en boule sur mon canapé. Les mots qui me viennent restent coincés derrière mes lèvres, et je ne réussis même pas à les organiser de manière cohérente.

Le bras toujours tendu, je bafouille avec de la honte plein les cordes vocales:


- Je... Bonjour... Je fais du bruit c'est ça ?

Il m'aura donc fallu 28 ans pour me sentir tellement humilié et idiot que j'en ai envie de me jeter par la fenêtre.







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Mar 6 Juin 2023 - 17:11
J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage
J’ai sonné. J’entends le bruit caractéristique qui résonne dans mes oreilles. Ma bouche devient sèche. Peut-être qu’il n’est pas là ? Les secondes passent et je sens toutes les alarmes de mon corps me crier d’en profiter pour partir, pour fuir ! Peut-être que ce n’est pas le bon moment finalement ? Ou alors peut-être qu’il était derrière la porte, qu’il m’a vu, et qu’il a rebroussé chemin ?

J’ai mal au ventre. L’air peine à entrer dans mes poumons, comme si une substance visqueuse avait décidé de m’asphyxier, là, sur le pas de sa porte. Si je faisais un malaise juste ici, et qu’il ouvrait la porte, qu’est-ce qu’il penserait ? Respire. Il vaut peut-être mieux qu’il refuse d’ouvrir pour mon propre bien. J’en serais dévasté, mais moins qu’en encaissant son rejet verbalisé. Je m’en va-... ! La porte s’ouvre, l’odeur de renfermée qui s’en dégage me gifle. Mes yeux rivés au sol, un billet cache soudain mes chaussons. Un billet ?

J’ose enfin relever les yeux et croiser les siens. Ses cernes que je voudrais faire disparaître d’une caresse du pouce. Impossible de m’en détacher, ça me fait mal de le voir comme ça, de savoir que c’est de ma faute. Pour dire la vérité, j’ai tenté durant tout ce temps de me persuader qu’il finirait bien par m’oublier, passer à autre chose, retrouver sa flamboyance d’avant et tant pis pour moi si je le regrette ensuite. Quand je le vois, incapable de baisser son propre bras, je ne peux que regretter que ce ne se soit pas déroulé ainsi... J’essaie d’utiliser le peu d’air que j’ai pu assembler pour aller à l’essentiel, malgré le fait qu’entendre les trémolo de sa voix me donne l’envie de le serrer contre moi.

« Bonjour... Non ! Non pas du tout... Je... Je voulais te parler... Si t’acceptes... Chez moi si tu veux... »

Depuis plusieurs semaines, les mêmes vêtements sont accrochés sur son balcon. Les mêmes ayant pris vent, soleil et pluie. A l’intérieur ne doit pas être mieux entretenu étant donné son état. Ca ne lui ressemble pas, lui si soigné avec ses habits d'habitude.

agora


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Mar 6 Juin 2023 - 22:04




J'ai regardé les cerisiers en fleurs, et j'y ai vu ton visage
Lundi 19 mars 2018


Musique d'ambiance

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Il y avait chez Yukio une capacité innée à plonger dans la tourmente avec majesté. Adolescent, déjà, il déclamait au pied des balcons, en poète infatué, des vers à qui voulait l'entendre. Récitant du Ronsard aux gamines du quartier, il glissait à leur oreille ses paroles flamboyantes, et quand un professeur à raison le reprenait, il scandait en plein cours ses mortifications, fulminant d'affliction dans des discours splendides, battant sa coulpe à renforts d'ostentations, scarifiant en public son orgueil étalé, et passant aux enseignants le goût de le reprendre. Ouvrant les portes en en soufflant les gonds, il clamait au lycée ses radieuses présomptions, et dans chaque esprit ébaudi, en empereur manifeste, il était couronné seigneur des plastronneurs. Volontiers dispendieux dans l'expression de ses ardeurs, il savait par éloges tourner les jouvencelles, et butinait éphémère aux lèvres des demoiselles. Constamment poursuivi par de galants tourments, il n'attendait point la mort d'un amour pour accoucher les autres, et, collusions illusoires entre projections féminines, se trouvait souvent confondu dans son incertaine fidélité. Par trois fois, il manqua d'être frappé par des princesses courroucées, trahies dans leurs sentiments par sa constante inconstance. Courant les ennuis comme on coure les jupons, il répandait avec générosité sa verve incompressible, versant sans y compter ses farauderies élégantes.
Pour le dire brièvement, Yukio, très tôt, fut un mortel emmerdeur, répandant sur autrui verbiages et boniments, et laissant dans les esprits souvenirs impérissables, de moments plus ou moins glorieux, et plus ou moins désagréables.

Chassez le naturel, il revient au galop, si bien que notre héros, en pleine déconvenue, sauta sur son cheval, prêt à se mettre à nu. Il y avait un moment, qu'il n'avait point corné, et l'envie lui en prit, sa langue le démangeait. Ouvrant bien grand la porte, et soudain libéré, il se gonfla d'un air fier, prêt à tout révéler. Par un ultime réflexe, sûrement conditionné, il regagna en secondes sa théâtralité, et alors que l'enfer semblait l'avoir accablé, voilà qu'en cormoran ses ailes il déployait. Un paon faisant la roue en eut été marqué, si brusque transformation de l'épique relevait. Banale extravagance d'un homme rocambolesque, il sortit de l'appartement, en héros romanesque. Campant bien ses deux pieds, en acteur émérite, il ouvrit son gosier, dans une posture insolite.

Là, fantasque éperdu aux répliques homériques, il se mit à parler. Paraphrasant le Cid, d'un air plus vrai que nature, il détailla enivré son sentiment d'écorchure:


"Ô rage, ô désespoir, ô détresse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans le professorat
Que pour voir en un jour flétrir ma grande aura ?
Mon style, qu’avec envie tout le campus admire !
Mon style, qui tant de fois m'a valu du désir !
Qui tant de fois laissa tous mes ennemis cois,
Abjure donc mon renom, et fuit soudainement !
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Odieuse indignité, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d’où tombe mon honneur !
Faut-il par la fenêtre me jeter en archonte ?
Et mourir sans tarder, ou vivre dans la honte ?
Bien qu'en alexandrins je plaide ma souillure
En hère crasseux je me présente à l'ouverture,
Voilà qui de mon rang à coup sûr est indigne
Pourrais-je me relever de cet horrible insigne ?
La chemise débraillée, je n'ai offert mon flanc,
Que pour voir ton regard me condamner au banc,
La porte entrouverte, et le bras paralytique,
Ma superbe est passée, me voilà archaïque !
L'hasardeuse propylée, je devrais refermer,
Mais le noir abject, de tes yeux, me priverait…"

Sa tirade terminée, Yukio posa sa voix, et détourna son regard de celui de son voisin, le posant un instant dans le vide lumineux des fenêtres. Puis, d’un air bien trop spontané pour quelqu’un d’à moitié dévêtu, il reprit tranquillement une voix plus posée, et lança avec des échos singulièrement anodins :

- On descend chez toi, chez moi c’est assez peu praticable, le service de maid à domicile qui entretient normalement l’appartement est en grève. Et par solidarité entre classes laborieuses, j’ai décidé de ne pas nettoyer moi-même.

D’un geste aussi expéditif que dramatique, il ramena la poignée pour faire claquer la porte de l’appartement, et, altier dans son port comme dans son attitude, prit sans attendre la direction de l’escalier.







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Mer 7 Juin 2023 - 1:57
J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage
Si je n’ai pas encore trouvé la porte magique, le mot magique en revanche, je crois avoir sauté dessus. D’un coup, le Yukio chétif et abattu n’est plus. Il laisse place au comédien seul sur l’estrade, captivant la foule qui ne compte qu’un seul homme, mais jouant à la manière d’un théâtre comble jusqu’au balcon. Aujourd’hui le Cid renaît de ses cendres, mais pour combien de temps ? J’ai en mains, le sablier et le petit sac de grains de quartz ; servant à gonfler les secondes, pour les changer en minutes, atteindre les heures, et peut-être les jours, les semaines, les mois, au mieux, les années.

Ses mots sont un gouffre qui s’ouvre sous mes pieds, de ceux qui donnent le vertige et à la fois anime l’euphorie. Un saut dans l’inconnu, le noir le plus complet. Des abysses dont le fond pourrait surgir et mettre un terme à l’espoir en quelques battements de cils, ou laisser l’incertitude gagner mon cœur pour l’éternité. Il est toujours là. S’il est capable d’autant de vers et de dramaturgie, d'utiliser son énergie à me faire savoir comme il a souffert, et davantage d’attendre ce moment, je peux encore esquisser un pas au centre de la scène, pour le rejoindre. Même si l’agression des projecteurs me fait oublier mon pauvre texte.

« Tu n’as rien perdu de ce côté... »

Je m’autorise un très léger et subtile sourire, gêné et contrit. Mon cœur bat une autre mélodie. Celle d’une éclaircie timide, permettant au Soleil d’accomplir à nouveau son œuvre. Que le monde est terne s’il n’y a personne pour le réchauffer. La grève sera bientôt levée, c’est un serment que je prête.

« Ta solidarité t’honore. J’espère qu’elles obtiendront vite gain de cause. »

Suivant le pas presque solennelle de Yukio, chaque marche descendue m’engloutit un peu plus par-dessous la croûte terrestre, la chaleur du manteau me prive une nouvelle fois d’oxygène et contracte mon abdomen. J’en ai peur d’ouvrir la porte de mon domaine, sachant qu’en la refermant, je me condamnerais à traverser le donjon. En sortir victorieux ou y rester bloquer à jamais, telles sont mes options. Ma main tremble contre la poignée qui tourne. Trois mois qu’il n’a pas soigneusement aligné ses chaussures contre le rehaussement du genkan, posé habilement sa veste sur le porte manteau, soulever un petit bonhomme à la force de ses bras.

Un pas de côté, je laisse retrouver ses marques et gagne le salon. Rien n’a changé. Les maids à domicile n’ont pas droit de grève lorsqu’un petit chef, haut comme trois pommes, veille au grain et menace de n’en faire qu’une bouchée. Nulle besoin de lui indiquer de prendre place. Lui trop habitué à ces murs, ne ferait que se sentir comme un étranger. Je me rends compte, que nos allers et venus entre les étages ont gommé la frontière de mon territoire et le sien depuis un moment.

Mon corps retrouve tous ses automatismes, le chemin jusqu’à la boîte à thé, d’où j’en extirpe le petit récipient contenant les feuilles de son préféré, du thé blanc chinois. La théière est branchée, les aiguilles d'argent placées dans l’infuseur. Des gestes qui apaisent un peu le tambourin de ma poitrine. Un plateau, deux tasses, simples et pourtant nécessaires.

« J’ai repensé, à tout ce que tu m’as dis ce soir-là. Tellement à devenir dingue et me demander si tu n’avais pas raison au final. »

La théière siffle, un répit dont je profite alègrement. Les tasses remplies, je pose le plateau les contenant et prend place non loin de Yukio. Je sens les mots gratter ma gorge, vouloir prendre le contrôle, sortir, se libérer sans filtre, sans réflexion. Et tant pis s’ils s’écrasent sur le mur de mon échec. Tenter de les retenir me briserait les côtes, je n’ai plus voix au chapitre. La vérité, juste la vérité, dont la beauté n’a aucune importance.

« Tu sais ce que j'ai toujours voulu pendant vingt ans ? Que tu souffres autant que moi. J'en ai imaginé des choses, que j'aurais pu te dire ou te faire. Puis t'es réapparu, je me suis encore retrouvé dans ton ombre et incapable de faire autre chose que grogner. J'ai détesté re-découvrir ce sentiment de t'être inférieur. J'ai rien voulu de plus que tu disparaisses de ma vue. C'était avant que tu me fasses comprendre que je n'étais pas le seul à avoir souffert. Ça m'a pris du temps d'admettre que tu avais pu, toi, souffrir de quoi que ce soit, tellement au fond j'avais toujours voulu te ressembler. Celui à qui tout souriait. Est-ce que je suis content ? D'avoir pu me rendre compte d'à quel point je me trompais, oui. D'avoir réussi à rire avec toi sans que ce soit encore dans un de mes rêves inavouables, oui. C'est ce que j'ai toujours voulu. Ne plus être celui dont tu ris mais le partager avec toi. »

Les mots se taisent et daignent me laisser reprendre mon souffle. Une permission de courte durée. L’eau verdâtre épousant la terre cuite est plus rassurante que croiser le charbon de ses yeux.

« Je suis désolé de t'avoir blessé, de ne pas avoir été assez clair, je n'ai pas voulu dire que je ne voulais rien vivre avec toi, mais que j'avais besoin de temps pour que ça se fasse. T'embrasser avait du sens pour moi, mais en même temps, je sors d'une longue relation... Ce n'est pas aussi simple de m'engager de nouveau alors que je viens à peine de m'en remettre. Je voulais que tu comprennes qu'on aurait pu avancer doucement ensemble. Un échec lamentable, je n'ai pas su le dire comme il faut. Mais ça fait mal de savoir que tu as pensé que je voulais me venger de cette manière. Je n'aurais pas dû t'embrasser à ce moment, je le reconnais, mais te faire du mal n'a jamais été mon but. Pas après ce qu'on a réussi à tisser. »

L’étau autour de ma trachée se défait une seconde fois, mais ce n’est pas terminé. Pas encore, je ne peux en rester là. Les poids quittent mon corps, j’entrevois enfin la surface cherchée depuis des mois, dans chaque recoin de cette mer trop sombre. Je rechigne toujours à laisser ses yeux sonder les miens.

« C'était dur de te voir sans pouvoir te parler... Oser te parler... Pire d'avoir l'impression de ne plus exister parce qu'il manque quelque chose...  Tu m'as manqué, beaucoup manqué... Et ça m'a fait comprendre que j'ai besoin de toi. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir toujours peur. T'as pas idée d'à quel point ça fait mal de voir son foyer voler en éclat, de constamment se demander ce qu'on a fait de travers pour en arriver là. Alors c'est vrai, je ne me sens pas encore capable de prononcer tes mots, mais ce que je ressens pour toi est bien là... »

Ma poitrine se soulève bien trop vite pour mon propre bien. Jamais parler ne paru si éprouvant qu’en cet instant. Jamais l’attente du couperet ne m’a effrayé à ce point. Je ne trouverais pas même la force, de porter à mes lèvres de quoi les hydrater.  

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Lun 12 Juin 2023 - 22:29




J'ai regardé les cerisiers en fleurs, et j'y ai vu ton visage
Lundi 19 mars 2018


Musique d'ambiance

J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage FT. Yukio Image_38


L'endroit n'a pas changé. Toujours cette impression de soin apporté contre vents et marées, corvée vite gaspillée, et pourtant sans cesse renouvelée. Dans cet appartement, quelqu'un range, puis, une fois sa tâche terminée, quelqu'un dérange, et il faut alors tout recommencer. Sisyphe habite les lieux, pour le plus grand bonheur de son fils. Assis sur la table du salon, je contemple la translucidité du breuvage présent dans ma tasse. De manière à peine perceptible, les aiguilles d'argent y ont déposé une très légère coloration. L'odeur du thé me réchauffe un peu la peau. C'est une gentille attention que d'avoir sorti celui-ci. C'est mon préféré. Quand j'en bois, j'ai l'impression de me transformer en nuage, et de pouvoir m'envoler, porté comme un ballon rempli d'hélium par la moindre brise. Oui, je sais, c'est donner beaucoup de pouvoir au thé que de penser qu'il peut permettre d'emporter avec lui la gravité si chère à Newton, mais personne n'a protesté quand la télé a prétendu que Red Bull donnait des ailes. Si Sir Isaac avait bu plus de thé, il ne serait peut-être pas pris des pommes sur la tête. Quelle idée, aussi, de faire la sieste sous un pommier ?

Je relève les yeux, passant la tête hors de l'eau chaude qui miroite dans la céramique. Gareth, de son côté, s'y noie le regard, entièrement immergé sous le niveau de la berge. Immobile, angoissé, il semble admirer son visage dans les reflets de la surface. S'il ne présentait pas, de manière visible, quelques signes ostentatoires d'affliction, on pourrait le croire Narcisse, en pleine cristallisation sur les traits de son propre portrait. De ses lèvres agitées, il verse dans l'air des flots de paroles, comme s'il s'était agi d'eau coulant d'un arrosoir. Fixé sur sa peau de mes iris, je l'écoute, sans l'interrompre. J'attrape des mots au vol, essaie de les comprendre, et de les faire résonner dans mes pensées. Je ne suis pas sûr de tout comprendre, mais je pense saisir l'essentiel, et c'est bien ce qui importe. Je sens dans sa poitrine que les enchainements de lexèmes, par moments, voudraient se tarir, retenus par le poids de leur sens. Pourtant, Gareth arrive à les extraire des roches qui l'oppressent. D'une manière assez violente, presque rageuse, il se les arrache de la poitrine, pour les poser devant moi, sur la table. Il en a jeté tant sur le meuble que le tablier en est couvert. Maladroitement, j'essaie de les trier. J'ai l'impression d'être un joueur de tarot rangeant des cartes trop rapidement distribuées, et n'arrivant pas à suivre. Des syntagmes épandus avec ardeur, comme pour m'envelopper, à l'image d'une couverture, et me protéger du froid. Une montagne de phrases, dans lequel j'essaie de nager, et ne me rappelle que trop tard que je suis plus partisan de la brasse coulée qu'apôtre du papillon.

Je ne sais plus trop que dire, et j'ai désormais peur du moment où il cessera de parler. Après m'avoir douché de ses émotions, que pourrais-je bien exprimer qui ait un tant soit peu de valeur ? Il s'est livré, délivré même, pleinement, entièrement, comme on se jette d'une falaise en espérant seulement que le parachute s'ouvrira. Dans une forme d'autolyse à laquelle l'ont poussé trois mois de silence interpersonnel, il a dépecé sur le billot de son salon ses sentiments, et les a découpé pour mieux me les présenter. Vous aussi, vous ne savez pas comment réagir quand votre chat vous ramène une souris trépassée sous sa griffe hypocoristique ? S'il se tait, que ferais-je ? S'il continue à parler, indéfiniment, lui en voudrais-je seulement ? Et ce thé, qu'il ne boit pas. Je dois l'avouer, devant les puissances, que cela me stresse !

Pourtant, un jour, comme les murs ont pu tomber, les mots se tairont, et il faudra bien, alors, tenter de vivre. Ses lèvres cesseront de se mouvoir, et le silence couvrira soudainement le monde. Dans le noir absolu d'une atmosphère dont on aurait brusquement soustrait sa voix, la lumière ne pourra provenir que de la mienne. Il me faudra, en porteur de flamme ébloui par sa propre condition, éclairer le chemin, et trouver où nous emmener. Malgré moi guide de bien plus que de moi-même, j'engagerai par ma course des temps que je ne sais prévoir. Un saut dans le vide, une révérence dans l'inconnu, et nulle garantie de quoi que ce soit, sinon de faire le bon choix. En aurais-je seulement la force ? D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais su faire les bons choix. Non pas que j'en ai ignoré la direction, mais, sans volonté ni aspiration, je n'osais y poser le pied. Est-ce que ça fait mal, de marcher sur la voie de son affection ? Est-ce que c'est fatiguant ? Personne ne me l'a jamais appris, et j'ai peur. J'ai peur du faux pas. J'ai peur de mal faire. J'ai peur de te faire mal. Et si je suis blessant ? Et si je suis maladroit ? Et si je suis moi ? Tout simplement moi ? Est-ce vraiment suffisant ? Je n'ai rien à offrir, sinon mes anxiétés, mes lâchetés et mes lubies. Je n'ai rien à partager, sinon la noirceur dans mon cœur, et le vide au fond de moi. Es-tu vraiment prêt à te laisser transpercer la peau de ma mélancolie ? Je ne suis jamais que ça. Des brumes cyclothymiques. Ai-je seulement le droit de t'y perdre ?

Comme pour me répondre, tu t'es enfin tu, et les réverbérations mutiques de ton appartement sont descendues sur mes épaules. Le thé a refroidi, moi aussi, et je ne sais par où commencer. Bizarrement, je suis étonnamment calme, et ça, alors même que mes pensées se bousculent, dans le joyeux bazar de ma caboche. Je ne sais pas ce qu'il faut te dire. Aucun livre ne me l'a enseigné, et je n'ai eu pour seuls amis fidèles que les pages écornées de bouquins cent fois relus. Que doit-on faire quand personne n'est là pour nous dicter la marche à suivre ? Je pourrais te mentir, et t'éviter bien des tourments. La vérité est tissée de larmes, mais c'est elle qui me fait vivre. Là, aujourd'hui, maintenant, je choisis de te la donner. C'est un choix conscient, et je vivrai avec, et si cela n'amène que plus d'horreur au monde, au moins aurais-je essayé.

Je choisis juste de desserrer la mâchoire. Le reste, c'est mon cœur qui parle, sans rien calculer, juste en battant. Le reste, ce sont les gouttes qui s'épanchent sur mes joues, parce que je t'offre, moi aussi, tout ce que je peux bien être, et aussi ce que je ne suis pas:


- Gareth, de nous deux, c'est toi qui brille le plus. Moi, je ne suis pas grand chose, vraiment. Je me lève, et je mets un costume parce qu'il faut bien couvrir le vide en moi, et parce que j'ai froid, infiniment froid. Au fond, j'aimerais ne pas avoir besoin de ça, mais sans ces artifices, je suis à nu, et j'ai peur que tout le monde puisse s'apercevoir de ma vacuité. Pendant la journée, je couvre mon costume avec des discours, pour rajouter une couche à mon déguisement, et ça fonctionne. Personne ne se demande ce qu'il y a sous le costume, et ça m'arrange. Je n'ai pas envie de partager mon malheur, et je n'ai pas envie que l'on s'aperçoive du vide qu'il y a en moi. C'est tout ce que je suis. Rien d'autre. Une ombre dans un costume, qui malgré elle fait parfois naitre un sourire sur un visage amusé. Toi, tu as plus de lumière en toi que je n'en aurai jamais. Et je t'ai haï pour ça. Je t'en ai voulu, au point de te frapper, pour essayer d'éteindre la lueur qui m'aveuglait. Je t'ai détesté, je t'ai honni, je t'ai exécré autant que je t'aime. Il m'a fallu du temps pour comprendre que la lumière en toi n'était pas responsable de la noirceur insondable de mes journées. Bien d'autres choses dans ma vie ont aspiré ce que j'avais en moi, jusqu'à m'en rendre creux, et tu n'y étais pour rien.

Une pause, une longue inspiration, comme pour oxygéner mon honnêteté, avant d'y retourner:

- Il y a trois mois, quand tu m'as embrassé. J'ai eu peur. C'est moi qui t'ai mal compris, parce que je n'écoutais pas. Parce que je n'ai jamais su t'écouter. Et parce que je ne savais pas où tout cela pouvait nous mener. Je suis désolé, profondément. Je voulais que tu me dises que tu m'aimais. C'était une exigence puérile. Et comme toute exigence puérile déçue, elle m'a conduit au caprice. J'ai prononcé des paroles que je voulais garder sous clé. Je n'aurais pas dû, mais je m'écoutais parler au lieu de réfléchir à ce que je disais. C'est rare, mais ça m'arrive. Souvent avec toi, d'ailleurs. Je suis un imbécile, ça tu le savais déjà. Au fond, ce qui est surprenant, c'est que tu m'aies embrassé. C'était bien plus que ce dont je suis digne, en vérité.

Trois mois d'aigreur, à me maudire. Trois mois perdus, dans une vie éphémère.

- Tu as peur. Moi aussi, et je n'ai rien d'autre que mon existence pour te rassurer, et rien d'autre que mes bras pour t'entourer. J'ignore si c'est suffisant, mais c'est tout ce que j'ai. Et j'ai besoin de toi, infiniment. Je ne sais pas grand chose, ni même bien qui je suis, mais ça, j'en suis certain. J'ai besoin de toi quand il fait froid, et quand il fait chaud, et quand il pleut, et quand il fait beau. J'ai besoin de toi quand je me réveille, et quand je m'endors, et quand je respire, et quand je ne respirerai plus, peut-être même que j'aurai encore besoin de toi. Je n'ai absolument aucune garantie à t'offrir, à part celle là, mais si elle te parait supportable, j'ai envie de te la donner.

Mon regard se perd de nouveau dans mon infusion, intacte, immobile, comme dans un ciel sans fond, plus lointain que l'horizon. Ma propre voix devient distante, tandis que mon esprit s'éloigne, et s'absorbe dans l'empyrée. Quelques résonances de mes derniers mots me parviennent, comme étouffées par leur longue course à travers les stratus. Quelques échos, étrangers à toute réflexion:

- Je t'aime, comme jamais je n'ai aimé personne, et je pourrais vivre avec toi une vie durant sans que ce soit réciproque, ou sans que tu ne parviennes à me rendre mes paroles. Maintenant, bois ton thé, il est déjà froid.







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Mer 14 Juin 2023 - 18:26
J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage
Les quelques secondes de silence qui s’installent sont insupportables. Ce qui l'est encore plus est la peur qui revient me broyer l’estomac. La peur que ce soit insuffisant, que ce soit trop tard, que j’ai ouvert une brèche pour qu’il puisse mieux y faire pénétrer son épée. La peur que je ne sois pas capable d’en guérir ensuite, et sois condamné à vivre avec ce trou béant dans la poitrine. Une peur qu’une simple et unique phrase balaie en un coup de maître. Qui me donne le courage d’enfin relever la tête, pour croiser ces obsidiennes qui m’ont tant manqué. Je n’avais pas réalisé à quel point je m’étais complu, d’y voir s’y écouler l’amour qu’il ressent pour moi. Il fait toujours bon de se sentir aimer, mais il n’y a rien de plus égoïste que d’en récolter les fruits sans jamais les rendre.

Ses mots sont des plus déchirants. Jamais je n’ai perçu Yukio de la manière dont il se décrit. Parce qu’il aurait réussi à me berner, comme tous ceux ayant la chance de croiser sa route ? Ou pouvais-je me vanter, de déceler derrière son costume, une lumière que seuls des yeux au spectre de lumière supérieur, peuvent percevoir ? J’aimerais être en mesure de l’affirmer. Seulement, Yukio défend avec tant d’ardeur sa part d’ombre que j’en viens à en douter. Après tout, que sais-je de lui, en profondeur ? Qu’a-t-il vécu de marquant dans sa vie durant ces vingt dernières années ? Des choses ayant laissé leurs traces sur sa peau, à n’en point douter. Des choses dont je ne l’ai jamais entendu parler et que j’ai toujours eu peur de connaître. Pourquoi ? Parce qu’elles auraient le pouvoir de briser l’image reluisante que mon esprit s’est déjà fait de lui, certainement.

Si je lui fais part de mes sentiments naissants, je ne peux continuer d’être égoïste. Refuser d’affronter sa réalité et me satisfaire des sérénades et aubades qu’il serait capable de me décerner. Cette tempête hivernale dans laquelle il semble coincé et s’être résigné à se laisser mourir, je dois l’affronter pour l’en sortir. Lui faire entrevoir que par-delà les cumulonimbus au-dessus de sa tête, le soleil irradie toujours de toutes ses forces. Je n’ai pas la prétention de l’être, jamais je n’ai pensé être plus brillant qu’un autre. Néanmoins, peut-être ai-je le regard moins obscurci par mes tourments que lui.

Il y a trois mois, deux êtres apeurés ont mis les pieds sur un territoire hors de leur portée. Tétanisés, plutôt que de s’enfuir ensemble dans la même direction, s’entraider, se tenir la main jusqu’à en trouver la sortie, ils ont préféré prendre leurs jambes à leur cou chacun de leur côté. Accusant, maudissant l’autre de les avoir emmenés et perdus sur ce terrain semé d’embûches. Jusqu’à ce qu’à force de tourner en rond dans les ténèbres, ils finissent par retomber l’un sur l’autre et ne plus pouvoir se lâcher. Plutôt affronter les peurs ensembles que seul dans la pénombre. Rien n’est plus effrayant que de voir des mouvements dans l’ombre sans avoir une main à serrer pour se rassurer.

Il n’y a rien de surprenant à cela. Rien de surprenant à ce que j’ai aussi besoin de lui, besoin de ne plus avoir comme seule compagnie, le fantasme de ce à quoi pourrait ressembler un «nous» plutôt qu’un «toi et moi». Besoin qu’il me rappelle qu’un thé froid me fustige de l’avoir détroussé de son honneur en le laissant perdre de sa superbe. J’ai cru un instant qu’il était à l’origine du goût de sel au coin de mes lèvres, que sa vapeur était la raison pour laquelle ma vision s’est troublée. Je ris. Un rire derrière lequel, je serais incapable d’épingler l’émotion qui domine mon cœur.

« Tu t’en vas si je le passe au micro-onde ? »

J’en ai besoin, de cet éclaircie, au risque d’être épris d’une envie folle de crier mon soulagement et là, je crois bien qu’il s’enfuirait pour de bon. Pas de micro-onde, en voilà bien un geste impardonnable dont je ne lui ferai pas l’affront. Une gorgée coule le long de ma gorge, l’hydrate après quarante jours dans le désert. L’arôme est aussi doux et sucré que les doigts de Yukio que j’enserre des miens. De l’autre, je m’autorise à essuyer mes joues humides.

« Moi je me demande, ce qu’il y a sous ton costume, je me le suis toujours demandé, mais je n’ai jamais osé te questionner. J’ai envie de savoir, que tu partages avec moi ces vingt années de ta vie qui t’ont amenés jusqu’ici. Je veux même savoir pourquoi le costume et pas autre chose, pourquoi le latin, pourquoi les poèmes, pourquoi ce froid qui t’entoure ? Un jour j’espère que tu voudras partager ton malheur avec moi et qu’on le fera disparaître ensemble. Je veux être auprès de toi, m’endormir et me réveiller à tes côtés. Merci de m’aimer, m’aimer à ce point... Je n’ai qu’une envie c’est qu’un jour, je sois capable de l’exprimer d’une manière aussi belle que toi. »

Et si les mots refusent encore de prendre forme sur ma langue, mon corps, après avoir goûté une fois à la chaleur du sien, le réclame de tout son être. Ce sont ses doigts que je veux sentir au creux de mon dos, son odeur dont je veux être ivre, ses lèvres que je veux embrasser. Sans jamais libérer sa main gauche, je quitte ma chaise et me met debout face à lui. Très légèrement, je tire sur son poignet, que je puisse me perdre un peu plus dans ses yeux tout en l’attirant contre moi. Mon regard se perd sur le peu de peau que sa chemise, à moitié boutonnée, me laisse admirer. Je pose mon front sur le sien et ferme les yeux, mes mains se perdent le long des muscles de son dos.

Le temps s’arrête et qu’il ne compte pas sur moi pour le remettre en marche. J’embrasse sa joue, aussi délicatement que si je craignais qu’y aller trop fort briserait l’instant. Le coin de ses lèvres a droit sa caresse, fugace, car l’appel de ses lèvres bourdonnent presque à mes oreilles. Les doigts taquinant la naissance de ses cheveux, je me perds sur ses collines au goût de thé blanc, encore chaude de leur breuvage. Un goût d’ambroisie qui pourrait bien m’être fatal à moi, un simple mortel.  

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Dim 25 Juin 2023 - 22:53




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Les années passaient, et je grandissais, cherchant derrière le voile du monde la véritable signification de ce qui m’entourait. Les années passaient, et tandis que la musique de la vie jouait sa partition sans vraiment m’attendre, je gardais les yeux ouverts, observant en passager de l’existence le décor tourner autour de moi. Comme Tantale coincé dans sa piscine, je ne parvenais jamais à gratter entièrement le film de la réalité, à percer le litham qui semblait me couvrir les yeux. Je courais, sans fin, dans un tunnel, et n’en apercevait le bout que pour ne jamais l’atteindre. Les années passaient, et le soir, après m’être baigné des étoiles, je m’endormais insatisfait, comme porté par le monde en spectateur impuissant de mes journées. Mes yeux d’enfant, qui découvraient le monde, le trouvaient aussi étonnant qu’imparfait, aussi surprenant qu’insatisfaisant, et rapidement, je tombais dans le fossé qui me séparait de mes pairs, pour y rester bloqué, coincé au fond du trou. Les années passées, et je manquais de chance. Contrairement à mes contemporains des bacs à sable, je n’ai jamais eu ce don de croire mes parents infaillibles. Aussi loin que mes souvenirs puissent porter, j’ai toujours su que les adultes pouvaient mentir, qu’ils pouvaient se fourvoyer, ou se complaire dans leurs affects négatifs. Quelle vie peut avoir un gamin qui sait quand sa mère lui ment ? Quelle vie peut avoir un gamin qui sait son père en lambeaux ? Dans la cour du jardin d’enfants, je n’ai jamais clamé que mon père était le plus fort, car ça n’était pas vrai, et je n’ai jamais soutenu que ma mère était la plus belle, car je savais qu’elle même ne le pensait pas.

Les années passaient, et à mesure que mes yeux s’éloignaient du sol, je m’enfonçais dans l’incompréhension qui m’excluait du présent. La course du Soleil me paraissait lointaine, et un brouillard emplissait mes journées. Flottant, quelque part dans l’éther, je suivais ma personne, à distance, l’observant comme s’il s’était agi d’un autre, critiquant ses actions, vivant par procuration ma propre vie. Le soir, en fermant les yeux, j’éteignais la télévision, et brûlait d’un jour peut-être, vivre pour de vrai.

Les années passaient, et tandis que le monde m’apparaissait vide de sens, j’y projetais sans conséquence ce qu’on m’avait infusé. Ne sachant dialoguer, j’alignais des railleries, et ne sachant effleurer la peau de qui que ce fut, je frappais, établissant le contact avec la haine mal contenue d’un poisson perdu au milieu du Pacifique, se débattant dans le filet d’un chalutier. Le fossé se creusait encore, et il me fallut partir pour le comprendre. Le jour du déménagement, je ne pleurais pas. Pourquoi l’aurais-je fait ? Le monde entier m’était étranger, et j’étais partout loin de chez moi. Les années passaient, et mon père, peu à peu, se désagrégeait. Les galons s’alignaient, et l’éthanol, lui, coulait à des heures toujours plus matinales. Il s’y dissolvait, il y liquéfiait son existence, et disparaissait, peu à peu, dans le liquide odorant. Ma mère avait la cataracte sélective, et l’évanouissement progressif de son mari semblait se faire sans qu’elle ne le remarque. Accrochée à ses routines, elle glissait sur son quotidien, répétant jour après jour les mêmes tâches, en automate consciencieux. Depuis longtemps déjà, elle ne souriait plus. Son allure fantomatique ne m’avait jamais permis de l’enlacer. Je passais à travers.

Les années passaient, et sans vraiment le vouloir, je découvrais les livres. Des univers entiers, la clé du monde dans un peu d’encre sur du papier. J’emmenais dans mon éther tout le savoir, toute l’imagination, tout le vocabulaire et toute l’empathie que j’y trouvais. Je passais, seul, mes journées dans la bibliothèque, y épuisant les rayonnages, rattrapant dans la lecture mon retard sur ma propre essence. A la maison, on ne parlait pas. Dans les livres, on dissertait. A la maison, on vibrait du noir. Dans les livres, tout était coloré. A la maison, on crevait de l’absence d’amour. Dans les livres, on mourait d’en avoir trop. J’apprenais à parler en buvant les écrits de la librairie, et trouvais, pour la première fois, de quoi nommer ce qui meublait mes journées. Le monde prenait sens, tout comme mes sentiments, et ce qui était resté dans mon esprit brumeux des motifs évanescents devenait soudainement un tableau acéré, détaillé, parfois clinique. La nuance venait préciser mon existence. Les mots venaient se poser sur ce dont j’étais témoin. De n’avoir rien dit des années durant, je déversais du jour au lendemain ce qui était resté coincé à l’intérieur, et étalait autour de moi, sans pudeur, par le langage, ce qui débordait depuis trop longtemps. Je me vidais, comme un panier percé, et laissait derrière moi mes journées taciturnes, pour y laisser fleurir une expansivité mal maîtrisée.

Les années passaient, et j’apprenais à user de subtilité dans l’expression de mes considérations. A l’image de mes littéraires enseignants, je testais l’usage des mots dans l’expression de mes désirs, et m’ouvrait de poèmes à la gente féminine, y projetant la même théâtralité que m’avaient léguée des rubans de romans. Avec étonnement, je constatais que cela marchait, parfois. Pourtant, sitôt le premier baiser sous la pluie passée, je me trouvais perdu. Avez-vous remarqué que les livres prennent systématiquement fin après la première embrassade ? Les protagonistes, couverts de pétales de cerisiers flottant sous la brise, se touchent des lèvres, et après ? Après, rien. C’est la dernière page, et l’on passe à l’ouvrage suivant. De fait, personne ne m’avait jamais appris quoi faire après ce moment où l’on se dit que l’on s’aime sans se parler, et j’essuyais logiquement les turpitudes propres aux débutants, en me disant, rassurant, que je finirais bien par maîtriser le problème. Je me trompais, et sur ce point, les années passaient, mais rien ne s’arrangeait, et, sitôt le premier baiser passé, tout finissait toujours par voler en éclats. C’était toujours de ma faute, je crois.

Les années passaient, et, fuyant définitivement l’absence qui peuplait les pièces de la maison familiale, je décidais dès que la possibilité m’en fut offerte de partir, à l’université d’abord, dans le vaste monde, ensuite. Je passais les colonnes d’Hercule sans me retourner, ravi de laisser derrière moi mes erreurs, et celles des autres. J’avais, le savais-je, encore tant de choses à explorer.

Les années passaient, et je courais la planète, posant mes valises pour mieux les emporter ailleurs. Je cumulais les erreurs, et j’en étais fier. Je m’appuyais sur mes errements pour mieux les dépasser, et trouvais dans mes voyages un équilibre. Je ne cherchais pas à rentrer. D’une manière plus que coupable, j’attendais inconsciemment que quelque chose, au Japon, ne meure, trop soucieux de devoir revenir sur mes pas, et me trouver face à mes erreurs, et celles des autres. Je papillonnais du passeport, et finissait de construire les fondations de ma personne dans la glaise des chemins battus par les vents, par les pluies et le soleil battant. Et, toujours, ce mystère insondable. Que faire après le premier baiser ? J’essayais, avec honnêteté, de trouver la réponse à cette question, mais tout finissait immanquablement par s’effondrer. Était-ce moi ? Évidemment, mais jamais tout à fait le même. Inconsistant dans ma personne, constant dans le résultat.

Les années passaient, et quand finalement, je posais de nouveau le pied sur le sol de l’archipel, je n’avais pas ramené dans mes valises une once d’un début de solution. Avec les femmes, avec les hommes, avec tous ceux qui pouvaient entendre « je t’aime » sans que cela ne constitue un délit, j’en étais toujours au même point, et mes itérations successives ne m’avaient pas appris à réussir le miracle d’une quelconque stabilité. Je revenais enfin, et après tout ce temps, j’en étais toujours à la dernière page du roman, incapable d’en écrire la suite. Mon père était mort, ma mère le suivrait bientôt, et si j’arrivais, par moments, à oublier le vide insondable qui m’emplissait l’intérieur, je ne savais toujours pas quoi faire après avoir dit à quelqu’un que je l’aimais.

Gareth était contre moi, tout contre, et je venais de lui dire « je t’aime ». Il ne nous restait donc que quelques semaines... Ou peut-être un peu plus ? Si seulement je savais quoi faire. J’aimerais tellement savoir quoi faire.

J’aimerais croire que tout est différent. Je veux croire que tout est différent, parce que ça l’est pour moi, et que les poèmes que je décline, pour une fois, ne sont pas là que pour décorer. Par le passé, les mots ont souvent couvert l’incertitude de mes sentiments. Cette fois-ci , c’est la certitude de mes pensées qui peine à se traduire en paroles, et j’aimerais croire que ce simple fait sera suffisant.

Il est là, contre moi, les années ont passé, et il est là. Et je l’embrasse, je crois. J’ai l’impression de signer, par là même, une sorte de contrat à durée déterminée, mais je ne peux pas vraiment m’en empêcher, de dévorer ses lèvres. Tant que nos visages se joignent, le temps est arrêté, et le décompte qui fera tout s’effondrer ne peut s’engager. Ce n’est pas vraiment une solution, c’est un expédient, mais si je l’embrasse sans jamais m’arrêter, rien ne pourra prendre fin, n’est-ce pas ?

Pourtant, il faut bien le laisser respirer. Mes yeux sont un peu humides, mes bras se sont posés sur son dos, comme pour l’empêcher de partir, et mon visage vient se lover dans le creux de son épaule. J’ai encore envie de l’embrasser, mais je lui demande bêtement :


- Tu ne vas pas me laisser, promis ?







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Mar 27 Juin 2023 - 0:42
J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage
La dernière fois, ses lèvres avaient le goût d’une passion incertaine, de braises trop vite étouffées par le manque d’oxygène. Aujourd’hui, c’est le goût d’un sentier boisé tracé au travers d’une forêt paisible, jusqu’à une destination certes, encore inconnue, mais que nous trouverons ensemble. Qui sait, peut-être enfin vers cette fameuse et capricieuse porte magique tant recherchée. Je n’ai pas envie de le lâcher, de m’éloigner de lui alors que je sens ses mains s’agripper à moi dans mon dos, à l’image des miennes.

La seule chose qui parvient à me raviser, est la certitude que nous continuerons malgré tout, à emprunter le même sentier côte à côte. Une certitude qui peine encore à atteindre Yukio, vulnérable contre moi. De ma main, je frotte son dos doucement, espérant que la chaleur qui s’en dégage pourra le rassurer, rien qu’un petit peu. Sa question, empreint d’une candeur que j’ai déjà pu apercevoir, sans jamais avoir soupçonné son existence, me fait l’effet d’une branche rancunière giflant ma joue.

« Je ne te laisserai pas, je te le promets. On restera ensemble aussi longtemps que la vie le voudra bien. Peut-être qu’on aura, non c’est même sûr, des hauts et des bas, mais on les traversera ensemble, on se soutiendra et on ne se souviendra que des bons moments. Je veux que tu saches, que tu n’as pas besoin de mettre ton costume avec moi, pas un seul instant. Je doute d’être... Aussi brillant que tu le penses mais, si tu as besoin de moi pour voir que toi aussi tu peux briller, je serai toujours là. »

L’émotion prend le pas sur ma voix, qui se pare de trémolos s’étendant jusqu’aux bouts de mes doigts. Mes jambes ne se sentent pas plus capables de soutenir le poids démesuré du soulagement que je ressens. De l’avoir enfin retrouvé, d’enfin être sûr que ce que je désir le plus au monde, est d’écrire un bout d’histoire avec lui. Je nous entraîne tous les deux vers le canapé et assis l’un à côté de l’autre, je garde sa tête contre mon épaule, mes doigts perdus dans sa chevelure corbeau.

Tant d’années et tant de larmes pour en arriver là. L’on dit que plus les épreuves traversées sont difficiles, plus les liens qui s’en retrouvent forgés sont forts et indestructibles. Je le sens au fond de moi que c’est la vérité, que nos cœurss ne souhaitent qu’une chose, battre à l’unisson. Le brouhara de nos pensées parasites ne faisaient que couvrir leur mélodie déjà bien écrites et accordées. L’écouter en fermant simplement les yeux, comme on écouterait le bruit de vague brouille ma vue. Je la rétablie grâce à mon autre main. Je me demande combien de temps passe ainsi, dans le calme, quoi que, cela n’a pas grande importance. A l’exception d’un seul petit détail, qui lui en a davantage.

« Tu sais, il y a un petit bonhomme qui meurt d’envie de te voir et te réclame. Ne bouges pas, je vais le chercher, il est chez Sakaguchi-san. »  

Voisine dont il n’ignore pas habiter dans l’appartement juste en face. Je pose un baiser sur ses lèvres, lui sourit, presque trop enthousiaste à l’idée de leurs retrouvailles, puis m’en vais chercher la dernière pièce du puzzle. Chiaki ne semble pas décidé à quitter son terrain de jeu, jusqu’à ce que je lui annonce avoir une surprise pour lui. Je remercie ma voisine et le hisse sur mon torse. La porte est à peine fermée que nous voici dans le salon. Chiaki me fixe avec de grands yeux à la fois confus et émerveillés, comme s’il découvrait la beauté d’un feu d’artifices. Dans la seconde, son petit menton tremble et il se débat pour quitter mes bras et courir aussi vite que ses petits jambes le permettent vers Yukio.

« Gawa-chaaaan ! »

C’était inévitable, beaucoup trop d’émotions à gérer en même temps, qui ressortent sous la forme d’un gros sanglot qui me fend le cœur. Chiaki s’agrippe à sa chemise comme un bébé koala à sa mère, et rien ne pourra le faire lâcher prise. Je les rejoins et passe ma main dans ses cheveux bruns. A présent, c’est une histoire à six mains qui s’écrit et aucun de nous n’a l’intention d’y mettre le point final.

agora


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Mar 11 Juil 2023 - 23:12




J'ai regardé les cerisiers en fleurs, et j'y ai vu ton visage
Lundi 19 mars 2018


Musique d'ambiance

J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage FT. Yukio Image_38


Sur la bande d'asphalte courant le long du grand ruisseau, les cerisiers ont déposé, prévenants et précoces, un tapis de fleurs encore juvéniles. Le noir du sol s'est paré de blanc et de rose, et les sons des rochers battus par l'eau vive du Printemps couvrent les oreilles des passants. Les flots de la rivière Toga, comme à leur habitude, emmènent avec eux, jusqu'à la mer, les pensées des promeneurs épris de l'humeur du dégel. La pluie, légère, drape les odeurs de la vie renaissante, et une brume transparente enveloppe les couples et les familles en errance, les isolant dans des bulles semblables à des cocons. La bruine continue, atmosphérique, plonge les esprits dans une sorte de torpeur pensive, et dans l'ambiance feutrée des rives infréquentées, seule l'insouciance puérile de Chiaki, courant dans les fleurs en les projetant dans les airs, à deux mètres de moi,  ramène sur le sérieux du lieu une désinvolture proprement optimiste. Il fallait, incontestablement, sortir de cet appartement, et emmener le petit prendre la brise extérieure. Sakaguchi-san est bien gentille, mais confite dans sa naphtaline, à deux doigts de la transmutation en sac de formol, elle en est devenue gâteuse. Un jour, je l'ai vu poursuivre les pigeons sur son balcon. Elle les prenait pour des canards et voulait leur donner du pain dur. Ne me dites pas qu'on donne aussi du pain aux pigeons, elle essayait de les attirer en faisant "Gaga"1. Et non, elle n'appelait pas son voisin d'en face, j'ai vérifié. Bref, elle sucre pas encore complètement les fraises, mais elle tamise quand même bien la farine. Pour le développement intellectuel du mioche et gentil, il vaut mieux éviter les contacts trop prolongés. Autrement, on n'en fera pas un astrophysicien.

Le temps n'était pas à sortir. Qu'importe. L'émotion m'a donné envie de respirer, de cracher en exhalant les relents toxiques de ces derniers mois, de pleinement sentir l'air frais du dehors me décrasser les poumons, de ramasser les odeurs de fleurs et les pollens à plein nez, juste pour me sentir vivant. J'inspire, j'expire, j'hyperventile, comme pour me laver les bronches. Le même soulagement que celui qui peut suivre une petite automutilation me rentre dans le cerveau à chaque soupir silencieux. J'en avais besoin. Gareth économise sa parole. Moi aussi. Je ne sais pas s'il est vraiment besoin d'en rajouter. Il est là, juste là, et c'est suffisant. Le silence, quand il est partagé, peut être agréable. Ma langue se repose, ça n'était pas arrivé depuis quelques années. Ce n'est pas déplaisant. Il faudrait que j'essaie, plus souvent.

Rien que le bruit du courant, les cerisiers, les fleurs, la promenade vidée des touristes par le crachin, et leur présence, à tous les deux. Comme dirait l'autre paumé dans le désert au pied de son avion, avec son mouton et son renard, la perfection n'est pas atteinte quand il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer. En cet instant, dans cette matinée mourante d'un mois de mars déjà bien entamé, que reste-il à enlever ? L'eau dans sa descente ? Les rochers stoïques ? Les fleurs naissantes et déjà prêtes à faner ? Les frimas revigorants ? Lui ? Ou lui ? Ou moi ? J'ose un refus, timide, parce que je ne sais jamais vraiment si je suis à ma place, ou si j'en ai une. Je suis là, et je ne fais pas de mal, c'est déjà bien.

Chiaki court en gazouillant, content d'activer ses jambes dans les reflets des fleurs humides et miroitantes, revenant périodiquement perdre son visage contre mes jambes, puis contre celles de son père, puis s'éloignant de nouveau, repartant à la pêche à la fatigue, risquant les plis de son imperméable dans d'improbables trajectoires. Il est heureux d'une ataraxie profondément enfantine, cueillant dans l'instant l'allégresse du temps qui passe. De manière incidente aussi bien qu'impromptue, il ponctue parfois ses retours, au détour d'un coup de mouchoir sur mon pantalon en laine d'agneau, enfilé à la va-vite afin de sortir dans des conditions convenables, par des questions parfois obscures, souvent gênantes, toujours inattendues. Satisfait de réponses alternativement évasives ou bien trop précises pour qu'il ne les comprenne, il s'en retourne, avec sa curiosité distraite, risquer la chute sur les abords boueux de la longue allée couverte par les arbres printaniers.

Acerbe sans le vouloir, et à l'occasion d'un appontage particulièrement brutal pour mes genoux, il demande, d'une voix innocente et incisive:


" Gawa-chan, pourquoi tu parlais plus à Papa ? "

Je sais parfaitement qu'il joue la comédie de la candeur avec talent. Il pose ses interrogations vexantes à dessein. J'en ai eu, plus d'une fois, la preuve, ce gamin est possédé par le Malin. Je sens Gareth s'immobiliser à mes côtés. Je ne me retourne pas pour contempler son visage, je le sens crispé sans avoir besoin de lui jeter une œillade. Tranquillement, je fléchis les jambes, histoire de me mettre au niveau du démon de la mauvaise conscience en tenue Petit Bateau collection Automne Hiver choisie avec soin mais en profitant des soldes parce que faut pas déconner c'est hors de prix les fringues pour gamin alors qu'il y a moins de tissu ça n'a aucune logique, et je lui glisse:

- Parce que les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications.

Il repart, je me relève. Je prends mon dernier rêve, et je regarde aux alentours. Personne, et Chiaki qui court vers le large, le regard au loin. Je me tourne vers Gareth, je lui attrape la main, et sans vraiment prévenir, je lui vole un baiser, sans m'éterniser, surprenant ses lèvres avec les miennes, dans une sorte de geste de défi. Puis, en tenant toujours sa main du bout des doigts, je m'éloigne, jusqu'à la lâcher, et me lance à la poursuite du petit. Il a déjà mis la main sur un mégot de cigarette, prêt à en faire Dieu-sait-quoi. C'est qu'il ne faudrait pas traîner.










Spoiler:

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Ven 8 Sep 2023 - 15:09
J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage
Lundi 19 mars 2018 :

Dans bien des contes de fée, l’horloge sonnant minuit était synonyme de désagrément. Pour Gareth, ce fut le moment où les vagues d’angoisses s’en étaient allées lécher d’autres falaises érodées. Allongé sur son lit qu’il ne supportait plus depuis des mois, froid et hostile, ses yeux s’étaient accrochés au plafond depuis quelques minutes, après le départ de Yukio. Habité par une sérénité qu’il ne croyait plus pouvoir côtoyer, il se plaisait à imaginer un corps plus gracile lover à ses côtés et se permettait, comme l’enfant rêveur qui sommeillait toujours en lui, de se persuader qu’aucun génie malfaisant ne viendrait briser ce souhait. Les trilles du rossignol* étaient peut-être bien pourvu des bienfaits qu’on leur attribuait. Capable d’endiguer la douleur et soigner les cœurs meurtris. C’est avec cet espoir que Gareth sourit enfin à Morphée.

Leur petit bol d’air frais après leurs retrouvailles avait donné une toute autre envie à Gareth, deux jours plus tard. C’était la fête des fleurs et la tradition stipulait somme toute un devoir d’en immortaliser l’instant, entouré de personnes qu’on chérissait. Une petite bouille curieuse admirait les onirigis à tête de chat, qui prenaient place dans les bentos, comme demandé expressément par sa majesté Chiaki. Yukio avait bien entendu interdiction d’y jeter un seul de ses yeux bruns avant son autorisation. Haut comme trois pommes, son imagination réservait encore des surprises, qu’il avait hâte de lui montrer. Et si Gareth avait pu compter sur la sienne pour suivre le pas, il devait avouer avoir lutter pour l’allier à ses compétences culinaires.

A la seconde où Yukio les avait rejoint direction leur parc préféré, Gareth avait eu envie de l’embrasser. Se retenir de lui témoigner de l’affection en public allait être plus difficile qu’il n’aurait bien voulu le croire. Il jalousait presque Chiaki d’avoir le loisir de se lover dans ses bras autant qu’il le souhaitait. Et c’est ce qu’il fit, levant ses bras, dévoilant ses quenottes blanches.

« Gawa-chan, porte-moiii ! »

Le chemin jusqu’à l’ascenseur était après tout semé d’embûches, n’est-ce-pas ? Avec le panier rempli de quoi leur remplir la panse, ils avaient chacun un paquet à porter, comme ça. Il était dix heures, le soleil poursuivait son ascension dans le ciel. Pour espérer trouver une place agréable, mieux valait se lever de bonne heure. Sur le trajet Gareth échangeait des œillades discrètes avec Yukio, ses yeux brillant de lui montrer comme il était tout bonnement heureux d’à nouveau partager des moments avec lui, d’être avec lui. Dans le plus grand des secrets et à l’abri des regards, mais tout de même ensemble.

La plaine verdoyante du parc était encore visible, non encore étouffée par des amoureux de pétales de fleurs de cerisiers. Un coin à moitié au soleil et à l’ombre d’un arbre serait idéal. Le bruit de la ville loin derrière eux, Gareth frôla les doigts de Yukio des siens timidement. Des regards incongrus pouvaient encore surgir par-delà les buissons mais qu’importe, il n’avait que trop attendu. Arrivés en terre promise, ils ouvrirent le grand tapis blanc, Chiaki trouva judicieux de se cacher en dessous alors que les deux professeurs l’étendaient.

« Mais où est passé mon fils ? Il a disparu ! »

Son rire cristallin déclencha celui de Gareth, qui récupéra vite sa progéniture avant qu’elle ne soit dévorée par le tissu. A peine installé, il y a autre chose que le châtain portait sur lui. Assis en tailleur, il retira le petit sac de son épaule et son bambin s’en empara, le tenant à bout de bras, tout fier !

« T’as vu mon ca’table Simba ? Il est trooop joli ! »

Chiaki entrait à l’école cette année. Gareth peinait à y croire. Il l’avait inscrit dans l’école qui se trouvait par chance, à une rue du campus, l’école Chidori.

« Le temps a vraiment filé, j’ai du mal à me dire qu’il quitte la crèche pour la maternelle. Je le revois encore nous lancer de la purée à la figure. »

De précieux souvenirs qu’il n’aurait jamais imaginé partager non pas avec sa compagne mais avec l’homme assis à ses côtés. Celui qui avait été la cause de bien de ses tourments et qui était aujourd’hui celle de son bonheur. Pendant que Chiaki sautillait autour d’eux avec son cartable sur les épaules, Gareth entrelaça leurs doigts, ses lèvres brûlant de trouver les siennes.  

agora



*Nom de famille anglais de Gareth : Nightingal (rossignol)

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Mer 13 Sep 2023 - 0:42




J'ai regardé les cerisiers en fleurs, et j'y ai vu ton visage
Lundi 19 mars 2018


Musique d'ambiance

J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage FT. Yukio Image_38


La fête des fleurs n'avait jamais été aussi belle. Perdu dans un écrin de végétation prêt à rugir en silence de l'écume verdoyante du Printemps, Yukio se sentait, en un sens, à sa place. C'était un sentiment nouveau, déconcertant pour qui ne l'avait jamais éprouvé. En décalage permanent avec ses contemporains, en dissonance narrative face au déroulement de sa propre existence, le professeur apprivoisait, en néophyte tant dubitatif que circonspect, la découverte de cette impression nouvelle. Pour, sans doute, la première fois de sa vie précipitée, il expérimentait la cohérence de sa propre géographie à celle du monde. Il était un volume métaphorique en trois dimensions, prêt à s’emboîter parfaitement dans l’alcôve que lui offrait sa destinée. C'était trop confortable pour être agréable, et à tout moment, il entretenait des peurs illusoires. La douleur permanente, les contractures constantes, avaient ceci de rassurant que l'on était sûr de ne pas avoir perdu des muscles. Souffrir était l'assurance de vivre sur l'instant. inaccoutumé à la force tranquille des flots du fleuve Amour, l'enseignant nageait parfois contre le courant, et devait se forcer, en pleine conscience, à l'abandon de ses volontés navigantes.

La fête des fleurs n'avait jamais été aussi belle, et dans le parc en abandon face à ses désirs reviviscents, le rossignol n'avait jamais été si philomèle. Le drap étendu brillait d'un blanc à rendre jalouse une île grecque au soleil méditerranéen, et dans ce réceptacle d'herbe en pâmoison subtile sous la brise légère, amorti de mousses et de lichens, ombragé de bourgeons et de feuilles encore tendres, coupé de la fureur urbaine et de l'attention citoyenne, rien ne pouvait empêcher quelques regards de se croiser, quelques mains de se trouver.

Chiaki, en orbite képlérienne sur un plan euclidien, tournant autour du barycentre d'un système stellaire double, formé par les lois universelles de la gravitation romantique, courait sans trop s'éloigner, en légère inclinaison, contrant la force centrifuge qui menaçait de l'envoyer dans les buissons. Au centre, plus près des réactions thermonucléaires propres à rayonner aux confins, le cartable léonin du petit brillait. Sur le rabat supérieur, une image de félin poupard et moustachu, souriant au possible, narguait qui voulait bien le contempler. En définitive, de ce qui précède, et de ce qui succède, il était possible d'affirmer, sans coup férir, que l'amour brillait sous les étoiles, d'une étrange lumière, et que la Terre entière, en parfaite harmonie, vivait sa plus belle histoire. Le futur écolier en rotation courbe, dans sa folle ronde, n'en avait bien sûr nullement conscience, mais les pensées qui voletaient par dessus le tissu nivéen se trouvaient gentiment contrariées par sa présence. Il aurait voulu lui dire je t'aime, mais comment lui avouer ? Ses secrets, ses problèmes ? Impossible, il en eut été trop blessé.

Frustrations insignifiantes. La fête des fleurs n'avait jamais été aussi belle. Leurs doigts s'étaient trouvés, et se contentaient de contacts fugaces, presque imperceptibles. Il se trouvait, dans ces insaisissables approches, bien plus d'affection que dans la plus ostentatoire des caresses manifestes, et pour embellir la nature alentours, il ne fallait pas grand chose d'autre.

Chiaki revint soudainement, dévoilant sans autre forme de patience les onigiris à tête de chat qui occupaient l'intérieur du panier posé à leurs côtés, couplant sa révélation de gesticulations dignes des plus grands prestidigitateurs, lançant à son public captif des rodomontades hâbleuses empreintes de fierté.


« T'as vu Gawachan, en fait c'est pas des v'ais. Ceux-là on peut les manger. C'est moi qu'ai fait, j'ai laissé Papa un peu m'aider paque sinon il était triste. »

Yukio, dans une fulgurance plus qu'inadéquate, eut envie de dire qu'on eut aussi pu, dans l'absolu, les manger s'ils s'étaient agis de vrais, mais il se retint au moment d'ouvrir la bouche. Parfois, il valait mieux garder ce genre d'observations beaucoup trop pragmatiques pour soi, ça valait mieux pour tout le monde. Avec son premier degré, il avait traumatisé suffisamment d'enfants pour toute une vie.

Il se contenta de lancer, sur un ton exagérément déférent:


- Heureusement que tu es là pour prendre les choses en mains Chiaki. Ton Papa a besoin qu'on lui fixe un cadre didactique rassurant pour ses apprentissages, c'est important pour son développement socio-éducatif.

Le moutard écouta attentivement la phrase du professeur d'histoire, avec une moue des plus réflexives et attentives, puis acquiesça comme un universitaire démonstratif exprimant son assentiment pendant un colloque. Tout prêt à repartir sur une trajectoire d'injection orbitale, il balanstiqua avec le ton le plus sérieux du monde:

« Bah ouais, c'est sûr. C'est comme les écureuils. »

Et redécollage pour le Soyouz.







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Mer 4 Oct 2023 - 20:13
J’ai regardé les cerisiers en fleurs et j’y ai vu ton visage
Plus que tout, ce que pouvait lire Gareth dans le regard brun qui couvait son fils était une affection et un amour sans limites. Très tôt, sans qu’aucun d’eux ne voient rien venir, Yukio avait offert cette place vacante dans son cœur à son petit bonhomme et ce dernier lui en avait créé une dans son monde. Durant les premières années de sa vie, un bambin ne voyait que son père et sa mère, les premiers à s’émerveiller devant chacun de ses gestes, pourtant, il était là avec eux. Il était là comme s’il l’avait été le premier jour pour l’accueillir sur Terre.

Pour Chiaki, aussi loin que ses souvenirs d’enfant lui permettaient de regarder en arrière, il n’y avait pas de monde sans Gawa-chan. Le rossignol ne s’était jamais posé la question, parce qu’il n’y avait pas lieu de la poser. Il n’était pas trop de deux figures paternelles à ses côtés. Les choses pourraient-elles en être autrement alors que les deux êtres concernés l’avaient décidés ? Et que le troisième n’y voyait que l’évidence même.  

A cette pensée, la prise de ses doigts se raffermit sur les siens alors que l’oisillon rentrait au nid pour se remplir la panse. Pas avant de présenter ses victuailles comme il se devait. Qu’il était fier de son fils, si dégourdi et jamais avare en paroles. Avec Yukio à ses côtés, son vocabulaire risquait bien d’être nourri jusqu’à l’indigestion. Face à cet échange, Gareth rit doucement et secoua la tête.

« Oui merci Chiaki-sensei, sans toi je n’aurais jamais su placer les oreilles du chat ! »

On pourrait croire à un langage de sourd mais le père soupçonnait que son fils captait le sens enfoui dans ces mots inconnus. Ou alors, il était tout bonnement excellent acteur. Les écureuils... Oui, son fils avait décidément une longue carrière cinématographique qui l’attendait. Le revoilà reparti en orbite. Gareth profita qu’il ait le dos tourné et que les autres soient bien trop occupés à chérir leur propre famille, pour voler un baiser fugace à son compagnon.

Juste à temps pour que le petit astronaute revienne à la base, sautant à pieds joints sur le tapis.

« Gawa-chan, goûte mon chaat ! Y’a du thon dedans, parce que les chats, ils aiment le poisson ! »

Ses minuscules doigts potelés saisirent un onigiri et sans plus de cérémonie, Chiaki l’enfourna dans la bouche de Yukio.

« Doucement, doucement, tu vas l’étouffer Gawa-chan ! »

Malgré ses avertissements, Gareth ne pouvait se départir de son sourire dévoilant ses dents blanches. L’amoureux du basket fixait sa moitié, dans l’attente du verdict sur le goût de ses onigiri marinés. Il fit «aaah» devant celui que lui tendait avec insistance Chiaki, qui avait plus le cœur à les nourrir qu’à penser à son estomac, adorable qu’il était. C’était bon, mais Gareth se souciait de savoir s’ils étaient au goût de Yukio, le contraire le peinerait et pas seulement lui. Etrange comme le fait d’être ensemble exacerbait le désir de lui faire plaisir. Pour cacher les légères rougeurs de ses joues, le châtain saisi une boîte de jeu de société qu’il avait apporté.

« J’ai pris le jeu Hanabi. Tu veux faire une partie pendant qu’on mange ? »

Chiaki n’aura qu’à choisir son coéquipier.

agora



Jeu Hanabi:

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Jeu 19 Oct 2023 - 22:45




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La question du lieu de résidence du bonheur, pour tout humain disposant de l'espace d'une vie pour s'en préoccuper, finit toujours par se poser. En désespoir de réponse, tout un chacun peut alors se fourvoyer, plongeant aveuglément dans la source d'un malheur certain. Nos ancêtres, pris dans l'étau de leurs ères grandiloquentes, se fourvoyaient en aspirations disproportionnées. Il fallait, par duel, guerre et expédition, par le fer, par la plume et par le feu, défendre son honneur, rêver de gloire, et gagner son triomphe en même temps que l'admiration de tous. C'était là la condition de la félicité, sur Terre comme dans les cieux. On eut pu croire que l'avènement d'un monde post-moderne, et surtout fallacieusement post-historique, allait détruire, sûrement pour le mieux, les ambitions d'une humanité volontiers grimpionne. Ce ne fut pas le cas. A l'emphase n'avait pas succédé la modération qualitative, mais l'exacerbation quantitative d'un hédonisme centré sur une forme de satisfaction pulsionnelle. A la tyrannie spirituelle des lauriers gagnés par le sang, s'était substituée l'absolutisme moral de la concupiscence à assouvir. Une immense opportunité de reconfiguration paradigmatique semblait avoir été manquée, et ce, alors même que le mythe d'Icare avait bientôt 3000 ans, que Joachim du Bellay criait, depuis 500 ans, que le front audacieux des palais romains ne valait guère, et que Boris Vian, depuis quelques années déjà, écrivait qu'on ne vivait jamais que pour boire le café glacé dans un tube. Pour la poursuite du bonheur, la solde était globalement déprimante.

Me concernant, les livres d'Ernest Hemmingway m'avaient depuis longtemps déjà raccourci les dents, j'étais plus complainte du déserteur qu'acquéreur de médailles, et pour ce qui était de l'hédonisme, j'avais été vacciné prématurément, à coups de traductions de philosophes antiques, pleines de quiétude stoïcienne et d'ataraxie épicurienne. En un sens, et malgré les apparences, peut-être étais-je taillé pour être heureux. Surprenante conclusion, tant mes années de jeunesse se trouvaient couvertes d'amertume. Sachant en partie restreindre mes ambitions autant qu'éteindre mes pulsions, j'avais les clés, au fond, d'une certaine satisfaction.

Pour autant, et de manière presque sensitive, je ressentais avec surprise que mes théories pouvaient épouser la réalité de ma situation. Dans ce parc, au printemps, le marbre des palais me semblait moins attrayant que la douceur de la nappe étalée sur le gazon, et je n'aurais pas échangé ma place contre l'extase la plus enivrante. Pourquoi vivais-je, sinon pour des onigiris en forme de chat, pour les gazouillis du gamin, et pour le plaisir simple de piocher des morceaux de carton tout en plongeant mes yeux dans les siens ? A eux deux, ils étaient un peu mon café glacé, et je les buvais à la paille.

Je concevais les choses clairement, et j'avais envie l'énoncer bien, alors je souriais, sobrement, et quand l'occasion savait s'en présenter, je volais un baiser, et tout en ponctuant mes humbles dérisions de timides détournements de regards, je répondais modestement aux questions posées:


- C'est les meilleurs onigiris de toute ma vie.

Et, en un sens, c'était vrai. Le léger excès de sel n'y faisait rien: ils étaient bons, ces onigiris.







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Gareth N. Kobayashi
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Mer 1 Nov 2023 - 19:25
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« T’as vu papa ! C’est pas trop salé ! Encore un, Gawa-chan ! »

Cette fois, le petit homme pris soin d’arrêter la course des oreilles du chat contre les lèvres de Yukio, mais qu’il fasse vite d’ouvrir la bouche avant qu’elles ne s’y écrasent.

« Oui c’est vrai, ils sont bons chéri ! »

Croisant le regard de Yukio, Gareth pouffa discrètement. C’est vrai qu’ils avaient longuement débattu sur la quantité de sel idéale à attribuer au thon mariné. Le chef Chiaki avait tranché pour une pincée supplémentaire et qui était-il pour aller à l’encontre de son génie ? Elle ne gâchait en rien la vérité, les onigiris étaient bons, d’autant plus en les partageant avec les personnes qu’il aimait.

Sinon, il semblerait qu’un feux d’artifices devait avoir lieu. Le châtain observa les cartes entre les mains de son amant et réfléchi à l’information à lui donner.

« Chiaki, combien de cartes vertes tu vois ? »

Sautant sur la pointe de ses petits pieds, il planta ses billes chocolats sur les morceaux de carton, tout sourire.

« Euuh... Deux ! Non, trois ! Non, deux ! Hihihi ! »

Quel coquin, déjà à ce si jeune âge. Gareth rit franchement et se demanda s’il allait aider Yukio à départager ou non... C’était drôle comme ça.

« Eeeh on va pas y arriver, monsieur l’artificier ! Bon... Une des infos est bonne, me remercie pas. »

Il offrit un sourire moqueur à Yukio et Chiaki vint pouffer contre son épaule, fier de lui. Ce jeu demandait pourtant de faire équipe pour gagner, mais cette règle était rapidement tombée aux oubliettes. Pendant que le brun se dépatouillait avec le peu qu’on lui donnait comme information, le bambin, incapable de rester en place, alla entourer ses bras autour de son cou, une marque de soutien semblait-il. Il mit sa main contre son oreille comme pour révéler un secret, bien que ses qualités de chuchoteurs laissaient grandement à désirer.

« Y’en a deux Gawa-chaaan... Ou troiiiis ! »

Puis il reprit son câlin. Gareth failli s’étouffer avec son bout d’onigiris, mais c’était une trop belle journée pour mourir de cette façon.

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Mar 2 Jan 2024 - 22:31




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Lundi 19 mars 2018


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Depuis sa plus tendre enfance, les feux d'artifice avaient toujours su passionner Yukio. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il avait toujours aimé voir des trucs exploser, allumer des mèches, s'aveugler des flashs de lumière, et, en quelque sorte, dynamiter l'instant. Les feux d'artifice, en ce qu'ils noyaient sous la lumière et le bruit les sens trop éveillés d'un gamin encordé à des sensations gênantes, constituaient des remèdes un peu trop fugaces à son malheur. La détonation inondait le cerveau, les oreilles, les rétines, comme un shoot de nitrite d'isopropyle, brièvement, juste assez pour donner envie du bang suivant. Il y avait là de quoi fuir, l'espace d'un instant fugitif, les ruminations permanentes et la douleur intrinsèque à l'appartenance à la matérialité du monde. Bien sûr, il se trouvait dans ces brefs éclipses une part de frustration, nourrie du caractère volage du soulagement procuré, qui n'était pas sans alimenter une certaine forme d'addiction. C'était pourtant connu, la cordite rendait fiévreux lorsqu'on la mâchait. Fut une époque, le jeune Ogawa jouait du briquet comme d'autres se caressent les neurotransmetteurs. Bim, bam, boum, ça faisait crac, ça faisait vroum, un peu trop même. Un drame des plus attendus avait mis fin précocement aux intérêts détonants de l'impétueux garçonnet aux fascinations toutes marginales. Il conviendra, par bienséance, de jeter sur l'événement le voile pudique d'une oublieuse culpabilité, à dire vrai plutôt mal digérée. Résumons sans détails sordides: pour le caniche roux de la voisine trop souvent laissé en liberté, rien ne ressemblait plus à un bâton lancé pour jouer qu'un cylindre de dynamite.

Qu'importe, les feux d'artifice conservaient, encore aujourd'hui, leur attirant pouvoir d'ensorcellement, et c'est avec nostalgie que l'enseignant regardait ses cartes, souriant des hésitations bien sages du fils de Gareth. La question de la filiation n'avait jamais vraiment taraudé le professeur d'histoire, sans pour autant qu'il n'ait manifesté, sur le sujet, une quelconque constance. Il avait alterné, au gré de ses errances dites intellectuelles bien qu'assez peu abstraites, des périodes où le désir de paternité allait de soi, et d'autres où l'absence de ce même désir ne faisait pas débat. En quelque sorte, et fidèle à son amour des oxymores, c'était un impensé fluctuant de son existence. Lorsqu'il regardait Chiaki, la question ne se posait pas vraiment non plus, et les choses allaient d'elles-mêmes, au moins dans son esprit. Chiaki ne serait jamais vraiment son fils, et c'était, en fait, plutôt sain, mais il était là, et il n'était pas vraiment besoin de catégories préconçues pour compter dans la vie de quelqu'un. Les gens adoraient les idéaux-types, les cases, les taxonomies. Le sentiment affectif était pourtant à la fois bien plus simple et bien plus complexe. Personne d'honnête  n'avait jamais cessé d'aimer son prochain faute de pouvoir nommer le lien qui l'y rattachait. Au fond, les choses étaient élémentaires, il suffisait d'être normal et tranquille pour bien les vivre. Chiaki était là, il riait, il lui souriait, et c'était bien suffisant. Les gens aiment peut-être un peu trop se compliquer la vie en la pensant.

Yukio riait de bon coeur. Il fit un clin d'oeil au petit, et puisqu'au fond, le résultat importait peu, il se risqua à poser une carte. Au pire, ce serait seulement le bouquet final de la partie, et jusqu'ici, à en plonger ses yeux dans ceux de celui qu'il aimait, prendre quelques risques avait plutôt payé.

Il constata, évidemment, qu'il s'était trompé, faillite du renseignement oblige. Sur un ton faussement désolé, il lança avec espièglerie:


- Oups, on dirait que tout a fait boum... Désolé Chiaki...







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Dim 3 Mar 2024 - 22:23
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Bada boom ! Ce n’était pas le bruit d’un feux d’artifice tournant au fiasco mais bien celui de son cœur, qui explosait à ce rire qu’il n’entendait qu’avec parcimonie. Yukio était de ceux qui gardait jalousement leurs émotions pour les personnes qu’ils avaient choisi. Même à présent qu’ils étaient ensemble, le brun conservait par moment, une forme de pudeur que Gareth se plaisait à gommer avec tendresse. Yukio était aussi de ceux qui savaient s’en départir d’un revers de la main, pour lui réciter des déclarations qu’il n’aurait pas même le courage de coucher sur papier sans rougir.

Voulait-il des enfants ? Une question qui n’avait jamais fait l’objet d’une discussion et qui le frappait en admirant le portrait devant ses yeux. Le jour où Yukio lui avait proposé de garder Chiaki, une époque si lointaine, Gareth s’était fait violence pour ne serait-ce qu’imaginer cet homme, tiré à quatre épingles qu’il pleuve ou qu’il neige, changer une couche. Puis, il l’avait vu tâché de purée de carotte, assoupi sur son canapé, et s’était dis que finalement, cette couleur lui allait bien au teint. Ses mots d’amour soulignait ses lèvres et son affection brillait en son regard charbonneux.

« Oh nooon ! On refait tout ! »

Il était encore trop tôt pour oser mettre des mots sur les relations qui se tissaient, mais ils n’étaient en réalité pas nécessaire. Tout ce qui comptait, leur désir d’être ensemble tous les trois. Peu importait les murmures sur leur chemin, qui un jour, ne manqueraient pas de s’éveiller. Gareth rêverait de pouvoir partager son bonheur avec chaque personne qu’il pouvait bien croiser au quotidien, malheureusement, ou heureusement peut-être, il resterait un trésor chéri au fond de son cœur.

« Cette fois on essaie vraiment de sauver le festival ! »

« D’accord ! Je joue avec Gawa-chan ! »

Une belle équipe. La plus adorable de toute. Sous les multiples couleurs du feux d’artifices, la journée se profila entre les sourires et les rires. Des regards discrets et des baisers volés, avec toute la discrétion dont leurs ancêtres shinobis ne seraient pas peu fiers. Jour après jour, ses sentiments fleurissaient dans sa poitrine. Peut-être bien qu’avant les prochains bourgeons du printemps, Gareth se sentirait capable de lui dire à quel point il l’aime.

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#Terminé

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