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- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 539■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-5
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
[Terminé][+16] L'amour n'est pas un long fleuve tranquille [PV Pablo]
TW -16 / Homophobie
Attention, ce RP aborde le sujet de l’homophobie, écrit de deux points de vues bien distincts mais très tranchés et peuvent heurter la sensibilité de certain(e)s. Libre à vous de continuer à lire en toute connaissance de cause.
Ces posts ont été écrits d’un commun accord et en respectant les limites des joueuses, car le sujet est important à aborder pour chacun des personnages. Cela ne reflète pas pour autant le point de vue des joueuses, alors merci de ne pas faire d’amalgame.
L'amour n'est pas un long fleuve tranquille
14 février
La saint Valentin. A vrai dire, ça le dépassait un peu.
En France, déjà, il ne comprenait pas tellement l’idée. Y-avait-il besoin d’un jour particulier pour offrir quelque chose à la personne que l’on aime ? La réponse était évidemment : non. Du moins, pas pour Mathéo. S’il est vrai qu’il avait rarement eu l’occasion de le prouver, ce dernier avait le goût de l’affection. Il n’avait pas besoin qu’on lui demande ou qu’on attende de lui qu’il offre quoique ce soit, il le faisait spontanément s’il le pouvait. Offrir des cadeaux, c’était son truc. Il n’était pas fort doué, il s’en faisait souvent tout un monde lorsqu’il avait à l’offrir mais il le faisait toujours avec le cœur. Ce matin aussi, cela lui était venu avec le cœur, lorsqu’il avait offert ses chocolats. Cela n’avait pas été de tout repos, une véritable montée d’émotions et il avait dû rassembler pas mal de courage pour oser aller jusqu’au bout. Mais, il l’avait fait et il en était fier, parce que cela lui faisait enfin une petite victoire dans l’immense brouillard et bouillie émotionnelle qui le cuisait à petit feu depuis des années. La cocotte commençait à fumer et était sur le point de déborder, ça le poussait étonnement à faire des choses auxquelles il n’aurait jamais songé avant ou auxquelles il aurait rapidement objecté tout un tas de raisons rationnelles et abominablement limitantes. Le genre de chose qu’il s’apprêtait à faire davantage cet après-midi.
Il y avait pire que la saint valentin pour le dépasser, il y avait lui-même.
En ce moment, la guerre était déclarée entre lui et lui. Jusqu’à présent, il avait réussi à désamorcer chaque conflit en proposant aux deux camps des compromis ou en les empêchant d’une manière ou d’une autre de se taper dessus quoiqu’il puisse lui en coûter. Le problème, c’est que le coût, c’était souvent le sacrifice de lui-même. Tant et si bien qu’il en arrivait à un point où il ne savait même plus qui il était. Il y avait le Mathéo qui n’aspirerait qu’à vivre en paix, selon ses rêves, ses valeurs et son cœur. Le Mathéo qui visait haut, qui visait loin, l’idéal. Lui, il ne demandait pas grand-chose et pourtant bien trop : il voulait seulement être heureux. Vivre, comme n’importe quel homme de son âge. Vivre, comme n’importe quel humain devrait avoir le droit de vivre. Respirer, aimer et s’amuser. Dans la limite de ses valeurs, de ses croyances et de la morale. Mais il y avait l’autre Mathéo, celui qui voulait tout envoyer balader. Celui qui estimait qu’il n’avait pas à s’imposer quoique ce soit de plus que ce qu’on lui avait déjà imposé par le passé. Celui qui voulait tendre la main au premier et l’embrasser, mais qui se faisait rejeter parce que ses avances étaient bien trop calamiteuses et salaces pour être appréciées. Ce Mathéo là aussi voulait vivre, mais avec des valeurs et principes assouplis, qui n’entreraient pas en contradiction avec ses désirs. Il voulait épouser son corps et ses besoins, il voulait épouser la vie et ses caprices. Lui, il n’avait pas envie qu’on interdise à son coeur de battre pour un autre homme et il s’en fichait bien de savoir ce que les autres en penseraient s’il tentait d’explorer davantage ce que son cœur ou sa libido lui soufflaient comme mélodie. Il s’en fichait de ce qu’il se passerait s’il finissait par avoir envie d’avouer quoi que ce soit, il n’avait pas peur d’être rejeté ou moqué. Il voulait assumer. C’était lui qui cherchait à le raisonner, à lui dire qu’il était normal d’échouer dans la vie, même en amour. Que c’est comme ça qu’on apprend et qu’on s’améliore, qu’il ne fallait pas en avoir peur. Il avait aussi tendance à lui donner un peu trop facilement son accord quand sa libido s’enflammait, quand elle tentait de le pousser à recevoir des avances ou à en donner. Entre ces deux Mathéo, c’était compliqué et loin d’être l’amour fou. Le fou, c’était le troisième lui. Celui qui se tenait entre les deux, les deux bras grands ouverts, une main contre chacun, et s’évertuait à ne pas les laisser s’approcher davantage. Malheureusement, il finissait par fatiguer, le temps le rendait moins performant. La frustration aussi, parce que lui, en attendant, il était coincé entre deux eaux, incapable de pouvoir mener sa vie. En finalité, il n’y avait pas de place pour la vie, quand bien même chacun d’entre-lui ne demandait que ça.
Alors, même s’il la trouvait stupide, pour une fois, la saint valentin lui servirait de prétexte à lui aussi. Elle lui donnerait l’occasion d’entrer en date avec lui-même, d’oser chercher à se comprendre, de l’espérer en tout cas. En faisant quelques recherches sur le net, bien stupides et qui sonnaient comme une vieille rengaine nostalgique - car il s’y était déjà penché à l’adolescence -, du genre « Peut-on arrêter d’être attiré par les hommes ? », « L’homosexualité peut-elle se soigner ? », « Peut-on être gay au Japon ? », « Quel est l’origine de l’homosexualité ? », « Peut-on être homosexuel et se marier tout de même avec une femme ? », il scella son destin. Non, ça ne se soignait pas, rien de nouveau sous le soleil mais il avait eu besoin d’un rappel. Il y avait bien quelques pseudos « experts » ou « militants » qui prônaient le contraire un peu partout dans le monde mais leur promesse et leurs « cliniques » n’avaient rien de convaincants. Cela faisait même plutôt peur. Du côté des japonais, la plupart des messages négatifs qu’il avait lu renvoyaient au fait que l’homosexualité n’était pas productive, on s’y faisait pas d’enfants, on contribuait donc bien moins à la société que les autres. Il n’avait jamais vu cela ainsi, l’argument ajouta du poids sur sa conscience.
Pourtant, du haut de ses vingt ans, il préférait se faire une raison : il serait ainsi toute sa vie. L’origine était multifactorielle et la plupart des gens tombaient d’accord pour dire que ce n’était pas le plus important. C’était ainsi, voilà tout. Une variable humaine, dont il se serait bien passé d’être un représentant. Oui, il pouvait se marier avec une femme pour se rassurer, il y avait même des hommes qui disaient réussir à se forcer à avoir des relations intimes avec leur femme, qui avaient pu avoir des enfants… ils avaient contribué à la société, c’était possible. Seulement, ils semblaient si malheureux que Mathéo toucha le fond du désespoir en lisant leurs témoignages. C’était à ça qu’allait ressembler sa « vie ». C’était à ça qu’il était condamné. Il condamnerait une autre personne avec lui au passage, c’était sans doute ce qui le dérangeait le plus. Aucune femme ne méritait de se marier avec un homme qui se servait d’elle pour se cacher, qui ne pouvait au mieux que lui offrir une sorte d’amitié. Alors, face à cette lourde appréhension, à cette tristesse sans fond et à l’angoisse de sa propre condamnation, il se perdit sur des forums d’associations LGBT, la plupart étant de petites associations étudiantes. Il se surprit à constater qu’il y en avait un certain nombre au travers du Japon, les choses avaient sans doute évolué un peu, subtilement. Il n’avait pas trouvé autant d’adresses lorsqu’il était adolescent. Une pointe d’espoir lui piqua les côtes. Bien sûr, il lui avait fallut plusieurs jours de torture interne pour oser se faire un compte et écrire un message. Il avait choisi de poster anonymement sur le forum de l’association de l’université d’Osaka. C’était celle la plus proche de Kobe, si besoin il n’était pas si loin pour y aller… Quelle folie.
Il avait posé quelques questions timides, précisant qu’il ne savait pas lui-même pourquoi il le faisait d’ailleurs. Ça avait du faire de la peine à quelqu’un puisque l’un des représentants de l’association lui proposa une rencontre. Il avait beaucoup hésité à accepter, mais il l’avait fait. Le deal était de se rencontrer à la saint-valentin pour discuter de l’association et de l’homosexualité au Japon. Son interlocuteur lui avait assuré qu’il ne serait pas obligé de parler de sa vie personnelle ou de sa propre histoire bien qu’il l’encourageait à le faire pour se soulager le cœur. Mathéo réserva son choix. Le 14 février avait été choisi pour passer inaperçu, tout le monde serait bien trop occupé à roucouler pour leur prêter attention. Maintenant qu’il se retrouvait sur leur lieu de rendez-vous, il comprenait la pertinence de cette proposition. Le salon de thé était envahi de couples ou de groupes d’amis paradant devant tous avec leurs chocolats reçus plus tôt. Ce constat le détendit un peu.
Le jeune de l’association lui avait envoyé un message la veille, pour lui donner quelques indications pour le trouver. Il serait dans le fond du salon et il serait facilement reconnaissable à ses yeux : verts. Sur le moment, cela avait étonné Mathéo. Les yeux verts n’étaient pas courants au Japon, mais à l’université beaucoup prenaient des libertés quant à leur look : coloration, lentilles de couleurs… rien de bien choquant en finalité. Bien que cela ne le rassurait pas des masses… À mesure qu’il s’enfonçait dans le salon de thé, il dégoulinait de stress. Il espérait qu’il n’aurait pas en face de lui un homme capable de signaler sa présence et son homosexualité à des kilomètres à la ronde de part son style. « Au pire, je peux toujours partir, il ne sait pas à quoi je ressemble », tenta-t-il de se rassurer intérieurement. Heureusement, en arrivant devant le seul homme aux yeux verts du salon de thé, il put se rassurer : il n’avait rien d’extravagant. Il était même plutôt quelconque. A ceci près qu’il ne faisait pas tellement “japonais” et qu’il était plus jeune qu’il ne l’avait imaginé. Yeux verts… évidemment, il n’avait pas pensé qu’il pouvait s’agir d’un étranger. Étonnement, ce constat le rassura. « Tu peux toujours fuir » renchérit sa petite voix intérieure tandis que son coeur manquait la crise cardiaque à se serrer si fort dans sa poitrine. Fuir, oui, il pouvait. Mais, il l’avait déjà fait toute sa vie. Il continuerait sans doute à le faire. Pour une fois, il pouvait tenter autre chose, juste pour cette fois. Il s'assit en face du jeune homme, le souffle court, posant ses mains moites sur la table. « Bonjour… » commença-t-il, sans pouvoir le regarder dans les yeux. « Merci vraiment d’être venu malgré la route... » continua-t-il en s’inclinant légèrement, toujours incapable de le regarder. Il devait y avoir 45min de trajet en voiture, c’était bien sympa de sa part de faire le déplacement. Dans sa poche, son téléphone vibra mais il n’en perçut pas les vibrations. Une notification s’afficha sur l’écran “Il y a des perturbations sur la route, je serais en retard (...)”. Il était bien trop mal pour se soucier d’une brique de métal et la seule personne à qui il souhaitait parler pour l’instant, c’était cet homme assis en face de lui. Cet homme qu’il savait du même genre que lui.
Tout bouillonna dans son esprit. Sa circulation sanguine lui sembla se stopper, son coeur s’arrêter, il eut comme un point de côté et la panique se saisit de lui. Il allait mourir s’il ne lui balançait pas tout. Pour une fois, il avait quelqu’un avec qui parler. Pour une fois, il parlait à quelqu’un comme lui. Son cœur reprit de plus belle, s’emballant à vive allure, lui filant la nausée. C’était le moment. Il déballa tout : « J’insiste vraiment ! Merci sincèrement parce que j’en peux vraiment plus. J’ai vraiment essayé d’arrêter, j’ai essayé de me concentrer sur mes études, de faire plus de sport et même de sortir avec des filles au lycée. Au début, je pensais que ça finirait par passer ou qu’en forçant un peu je changerais, mais y’a rien à faire. Rien ne change, ça s’empire ! Il y a ce garçon, qui est devenu un ami, à la fac. Chaque fois qu’on se voit, je suis terrifié par ce que je pourrais faire. J’ai parfois l’impression que je ne le laisse pas indifférent non plus même s'il est intéressé par une autre personne en ce moment. On s’est rencontré dans les douches alors à chaque fois j’y repense et ça me rend dingue. Et pire, il y a aussi cet autre garçon, lui, je ne comprends vraiment pas ce qu’il se passe. C’est un Kohai, je ne devrais pas ! Je le connais depuis le début de l’année, il n’y a aucune raison pour que notre relation change, il ne me faisait même pas cet effet là avant. Mais maintenant, je me surprends à penser à lui. Quand je le vois, ça me rend heureux, anormalement heureux. On est dans le même club alors j’attends impatiemment de le revoir chaque semaine, ça m’agace ! J’ai envie qu’il m’apprécie. ça me rend stupide. Parfois, je me dis que peut-être, dans un autre monde, peut-être que je pourrais essayer de passer plus de temps avec lui et… juste voir, profiter. Apprendre à le connaître vraiment et qui sait ? Mais rien qu’en le disant là, j’ai l’impression d’être un monstre et je suis terrifié à l’idée de poser mes yeux sur lui. Je m’interdis d’avoir envie de plus, je m’interdis de penser à lui comme je pense aux autres hommes. Et il y a aussi tous les autres. Si vous saviez ! Je suis au club de natation alors j’en vois quasiment tous les jours des hommes à moitié nus. Ça va finir par me rendre fou ! Mais en même temps, j’aime nager. Qu’est-ce que je suis censé faire ?! Je sais que je suis gay depuis que je suis ado et j’arrivais à me contrôler avant mais là j’ai vraiment peur de craquer. J’en peux plus. Je sais même plus quoi faire de moi-même ! Est-ce que c’est normal d’être autant envahit par ça ?? » balança-t-il d’une traite, sans prendre le temps de respirer, essoufflé. Comme il lui semblait que son potentiel sauveur faisait une drôle de tête, il désespéra davantage. « Comment faites-vous pour assumer, vous ? »
- Pablo K. MoraElève ; en 3ème année■ Age : 30■ Messages : 492■ Inscrit le : 25/02/2021■ Mes clubs :
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❖ Âge : 18 ans
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❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
Re: [Terminé][+16] L'amour n'est pas un long fleuve tranquille [PV Pablo]
Attention, ce RP aborde le sujet de l’homophobie, écrit de deux points de vues bien distincts mais très tranchés et peuvent heurter la sensibilité de certain(e)s. Libre à vous de continuer à lire en toute connaissance de cause. Ces posts ont été écrits d’un commun accord et en respectant les limites des joueuses, car le sujet est important à aborder pour chacun des personnages. Cela ne reflète pas pour autant le point de vue des joueuses, alors merci de ne pas faire d’amalgame.
Ah, la Saint Valentin… J’ai toujours aimé cette journée, parce qu’elle amène toujours son lot de surprises. Entre les gens qui se prennent des râteaux, ceux qui ont des avances, les espoirs de certain(e)s et la tristesse des autres. Ça amène toujours son lot d’opportunités pour se rapprocher des gens. Je ne m’attendais juste pas à ce qu’on se rapproche de moi ce jour-ci et encore moins de cette façon-là. Mais faut remettre les choses dans son contexte, avant d’arriver à ce moment précis.
Le début de la journée s’était bien passé. J’ai reçu plusieurs boîtes de chocolats jusqu’à la pause du midi, encore beaucoup d’autres après, à vrai dire, mon casier s’était vite rempli et j’avais eu du mal à sortir les derniers bouquins de cours. Mais dès que la fin de la journée à sonné, j’ai entamé mon plan pour l’anniversaire de Tsumugi, après avoir mis Yulian en PLS pour le sien le midi. On est parti en ville, et on a passé un bon petit moment à rigoler. J’tenais à la mettre de bonne humeur parce que j’étais pas trop sûr de la façon dont elle allait prendre la surprise que j’lui réservais. Sur les coups de 18 heures, j’ai envoyé un message à Nolan pour le faire venir. Il est arrivé sur les coups de 18h15 voire 18h20, et il ne m’aura fallu deux petites minutes pour leur expliquer ce qui se tramait. Voir leur tête se déconfir et rougir à vue d'œil et les laisser en plan avec ce rencard surprise arrangé, c’était si… jouissif. Du Pablo tout craché !
Et comme j’suis pas un c*nnard tout entier, j’me suis calé au fond d’un salon de thé. Un peu plus loin dans le quartier, pour ne pas être grillé, mais assez proche pour accourir en cas d’amoureux/se trop stressé(e). Et puis, en vrai, qui pourrait suspecter que j’irai dans un salon de thé cosy et bariolé, seul, le jour de la Saint Valentin ou même tout court ? Personne. Alors voilà, j’me suis posé, j’ai mon chocolat chaud à portée, j’vais juste rester un petit quart d’heure histoire d’être sûr que ça va aller pour eux, qu’il n’y aura pas de message de détresse de la part de l’un ou l’autre. J’leur doit au moins ça.
Enfin, c’était le plan. Parce qu’à peine 5 minutes après mon arrivée, voilà qu’un gars inconnu au bataillon s'assoit à ma table et commence à s’installer. On est jour de Saint Valentin, alors j’me dit que si ça s’trouve, il essaie juste d’échapper à une furie qui veut sortir avec lui ou truc du genre. Il est pas moche et ce genre de truc m’est déjà arrivé, du coup j’compatis et joue le jeu pour lui sauver les miches.
- Salut mec ! T’inquiète pas pour la route, j’ai trouvé facilement !
J’lui fait un clin d’oeil et sonde le salon de thé, le temps de voir si toute menace est écartée. Parmi les personnes qui entrent, personne ne vient vers nous, signe que le problème doit être réglé. J’fais plus trop attention au gars du coup et bois une gorgée de mon chocolat, jetant un œil distrait sur les vitres qui donnent sur la rue. Distrait… ou presque. Parce que même si j’fais en sorte de pas le regarder, ses paroles attirent mon attention et me paraissent un peu… cheloues. J’sais pas si c’est parce que j’ai regardé trop d’épisodes de série policière ces derniers temps en salle commune, mais le discours du gars fait résonner des choses qui m’inquiètent. Le genre d’éléments qui finissent épinglés sur un tableau en liège par des profilers à 23h sur l’écran télévisé. Il a des pulsions qu’il essaie de retenir depuis un bail, il essaie de sortir avec des nanas mais il a peur de ce qu’il pourrait faire à un gars s’il se retenait pas, et… le pire c’est quand il commence à parler de gars plus jeune que lui. J’arrive pas à m’tenir, je fronce aussitôt les sourcils mais le fixe d’un air sérieux, essayant d’en savoir plus. Si ça s’trouve, j’me fais des idées…
- Ah ouais, même un kohai...
Le gars, sans pression, vient confier qu’il a des pulsions de ce genre à un inconnu. J’sais pas si j’dois sortir mon téléphone sous la table et l’enregistrer, ou si j’dois appeler les flics. J’crois qu’à la télé ils disent que c’est pas recevable comme preuve si l’autre est pas prévenu, alors j’vais juste continuer à l’faire parler pour lui tirer les vers du nez. Je continue de l’écouter et ce qui ressort de tout ça, c’est plus… des sentiments que des pulsions dégueu, j’ai l’impression. Fin j’vois la différence en tout cas, mais j’sais pas ce qu’il en est vraiment. Plus dérangeant, c’est une pensée au fin fond de mon cerveau qui a l’air de résonner avec certains mots qu’il prononce. S’interdire de penser à d’autres hommes. Mais j’efface vite cette pensée de ma tête pour focus sur ce qui suit.
Voir des gars à moitié à poil, ça le rend fou ? Donc en plus de pervers et d’les aimer trop jeune, on ajoute “détraqué”. J’le fixe du regard et m’demande si, au lieu d’être coursé par une nana et s’être réfugié ici, il aurait pas eu rendez-vous avec quelqu’un pour parler de ses “problèmes” au final vu sa façon d’me parler. Ce que je sais déjà, c’est qu’il doit être d’ici, sinon la personne en question n'aurait pas fait autant de route. J’sais pas sur quel campus il est, mais j’vais faire encore plus gaffe à qui entoure mes potes maintenant, d’autant plus que y’a un club natation à KHS.
Faut vraiment que j’reste calme et que j’creuse, même si j’ai juste envie de lui en foutre une pour remettre ses idées en place. Tout ce qu’il me raconte va à l’encontre de mes principes, d’ma religion et d’mon éducation. J’me mords l’intérieur de la joue et ferme les yeux, la tête dans les mains en simulant la fatigue pour cacher ma grimace quand il m’dit clairement qu’il est gay. J’réfléchis même à comment lui dire texto qu’il devrait aller en psy’, mais je reste bloqué complet quand il me pose sa dernière question. J’crois que j’ai pas bien entendu. J’me frotte la tête et cligne des yeux en le regardant de nouveau :
- Excuse-moi, la route m’a fatigué… Tu peux répéter ?
Non parce que, moi ? Assumer que j’suis quoi ? Qu’est-ce qui peut le faire penser que j’sois… gay ? Eurgh. J’ravale le haut-le-cœur qui me remonte la gorge et serre les mâchoires. Respire, Pablo. Prends une gorgée de chocolat chaud. Voiiiilà. Ce gars est pas entrain d’insinuer que t’es gay… Il fait erreur. C’est parce que j’suis BG, que le gars s’dit aussitôt que j’dois être gay ? Nan mais sérieux, en quoi est-ce qu’il y aurait une question à se poser ? Est-ce que je m’en suis posé moi, des questions ? Je chasse l’air de samba qui joue en arrière-plan dans mon crâne et les souvenirs qui y sont associés d’un rapide mouvement de tête en la secouant, puis la relève vers le gars :
- Attends, comment t’as dit que tu t’appelais déjà ? Excuse-moi, la route m’a retourné le cerveau haha…
J’rigole vite fait, jaune en vrai, et prend une nouvelle gorgée de chocolat chaud. Faut que j’la joue fine mais j’compte pas le laisser sortir d’ici les mains dans les poches. Histoire de le rassurer et le mettre en confiance, j’continue :
- Mais tout va bien s’passer, tu verras. Tout ça reste entre toi et moi.
Made by Meuh
So small in a massive universe, I'll find my place when I stop living with this curse
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L'amour n'est pas un long fleuve tranquille
14 février
Il s’était imaginé cette scène des millions de fois dans son esprit avant d’arriver jusqu’au salon de thé. Une semaine était passée entre le moment où ils avaient convenu du rendez-vous et aujourd’hui, il avait eu le temps de le préparer. Chaque soir, avant de se coucher, il écrivait dans l’un de ses nombreux carnets quelques questions qu’il pourrait poser au bénévole. Il y avait tout consigné : ses craintes les plus grandes, ses dépréciations les plus secrètes, ses questions les plus inquiétantes et d’autres plus intimes, inavouables. Tout avait été préparé avec soin. Pourtant, il ne pensait déjà plus à ce carnet. Ce dernier reposait tranquillement dans la poche de sa doudoune, attendant d’être saisi pour l’aider mais Mathéo n’était plus en capacité de réfléchir convenablement. Il était dévoré par l’émotion, par une avalanche d’entre elles qu’il avait méticuleusement gardé enfermé dans un placard jusque là et dont la porte venait de céder. Il n’avait pas prévu son désarroi, il l’avait toujours judicieusement dénié. Il avait eu la naïveté de croire qu’il pourrait l’entrouvrir le temps d’un échange confraternel. Sa naïveté avait désormais raison de lui. La porte céda sous le poids de sa misère affective et il ne savait plus où donner de la tête, peu familier avec le domptage d’une déferlante aussi puissante. Même lui ne pouvait rien en faire. Il se laissait tristement ensevelir sous ces ressentis autrefois brimés qui ne réclamaient plus que vengeance pour se faire entendre.
« Mathéo » rappela-t-il au jeune homme son prénom, sans se soucier plus que ça de sa perte de mémoire. Il devait parler avec tellement de gens comme lui, il comprenait qu’il puisse ne pas retenir le prénom de chacun. « Comment faites-vous pour vous assumer ? » répéta-t-il alors, sans se vexer du manque d’attention dont son interlocuteur semblait faire preuve. Cela devait être tellement banal pour lui, si simple, il devait le trouver bien bête. Mathéo n’était pas dupe, il se doutait qu’il devait faire peine à voir et à entendre. « Chaque fois que j’ai envie d’en parler ou que je me dis que je pourrais essayer de rencontrer d’autres gens comme nous, je me sens tellement angoissé. J’aimerais bien, c’est aussi pour ça qu’on se rencontre aujourd’hui, mais ça me paraît si déraisonnable. J’ai vraiment peur de mal finir. Je n’arrive plus à faire la différence entre ce que je veux, qui je veux et ce que je désire ou qui je désire. J’ai peur de passer à l’acte. Ça détruirait ma vie. Je le sens. Pourtant, malgré moi, ça m’échappe parfois… Surtout avec mon kohai. J’ai fait quelque chose que je regrette déjà aujourd’hui avec lui. Un pas beaucoup trop grand, caché derrière beaucoup de lâcheté pour qu’il ne puisse pas voir l’évidence du danger derrière. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je me sens complétement perdu. C'est malsain et je me trouve toujours des excuses. C’est que… je ne veux pas tout gâcher, ni lui faire du mal. Mais… c’est ce qui se passerait si je n’arrive pas à me retenir. Comment pourrait-il en être autrement ? Et pour l’ami qui m’intéresse… le risque est différent mais tout aussi grand. S’il raconte à quelqu’un ce que je suis ou ce qu’on pourrait faire si… vous savez… ma ruine serait totale. ». Il soupira en posant les yeux sur ses mains tremblantes de stress. Il ne pouvait pas donner sa confiance à Naoki. S’il la trahissait, les risques seraient bien trop grands et irréversibles. Il ne voulait pas non plus lui faire de la peine. Bien qu'il préférait se mentir en le sous-estimant, il avait bien compris que son intérêt avait été sérieux. Sans doute plus sérieux que celui que lui lui portait et il ne voulait pas lui faire de mal non plus, d’en faire « un premier essai », une expérience. Il méritait mieux que ça. Et heureusement, quelque chose de mieux que ça semblait se profiler pour lui. « Dans tous les cas, quelles que soient mes options, j’ai l’impression d’aller droit dans le mur. Parfois, je pense à juste… je ne sais pas, trouver une femme sur le campus et tout faire pour avoir de quoi me marier rapidement après nos études. Ça réglerait le problème mais je me dis… que ce ne serait pas juste pour elle. Et si un jour je ne peux plus aller contre ma nature, je la ferais souffrir. Ça fait toujours souffrir de se faire trahir et de réaliser qu’on dort aux côtés d’un monstre depuis des années. Je ne veux pas infliger une disgrâce aussi grande à quelqu’un. » reprit-t-il de plus belle son monologue. Il avait encore des choses sur le coeur qui ne demandaient qu’à sortir. « Vous paraissez si bien avec vous-même. On ne décèlerait presque pas ça chez vous. Comment avez-vous fait pour assumer « ça » au grand jour, au point de vous retrouver dans une association, à faire une heure et demie de route pour discuter avec des hommes aussi perdus que moi ? C’est quoi votre secret ? » demanda-t-il, soupirant à s’en décrocher les poumons. « Comment faites-vous pour être tant en accord avec vos désirs ? Et ne pas plutôt mourir de honte. »
- Pablo K. MoraElève ; en 3ème année■ Age : 30■ Messages : 492■ Inscrit le : 25/02/2021■ Mes clubs :
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Re: [Terminé][+16] L'amour n'est pas un long fleuve tranquille [PV Pablo]
Attention, ce RP aborde le sujet de l’homophobie, écrit de deux points de vues bien distincts mais très tranchés et peuvent heurter la sensibilité de certain(e)s. Libre à vous de continuer à lire en toute connaissance de cause. Ces posts ont été écrits d’un commun accord et en respectant les limites des joueuses, car le sujet est important à aborder pour chacun des personnages. Cela ne reflète pas pour autant le point de vue des joueuses, alors merci de ne pas faire d’amalgame.
La question que j’me pose, là, c’est surtout “comment j’fais pour pas lui foutre mon poing dans la gueule". Parce que “gay”, c’est clair j’le suis pas et il m’fait chier à autant insister. J’essaie d’tenir, mais jouer l’faux pote pour l’faire parler, j’crois que c’est au-dessus d’moi. J'me doit quand même d'essayer...
- Eh bien…
Mais comment j’pourrais assumer ou même approuver ce genre de choses alors que toute ma vie, tout et tout le monde s’est accordé à m’faire comprendre que c’était hors-norme ? Que la normalité, c’est d’être hétéro ? Que tout ce qu’il décrit là, c’est contre-nature, que c’est pêché ? Que regarder un autre mec comme j’regarde une nana, c’est faire un grand pas en enfer ? Que c’est renier ma religion et mon éducation ? J’crois que le pire dans tout ça, c’est que sa façon d’en parler rend l’idée encore plus oppressante et encore plus dérangeante, de ce qu’implique d’être… comme lui. Encore plus insupportable, rien qu’à y penser. J’ose même pas imaginer le genre de truc qu’il ferait à ce mec plus jeune en question. Ça vire au délire complet.
J’fais d’mon mieux pour garder la tête froide mais j’me sens tout sauf bien, à mi-chemin entre l’envie de gerber et celle de lui exploser la tronche contre la table. Quand il finit sa tirade, j’en suis au point de devoir prendre une grosse inspiration et m’pincer l’arête du nez, avant d’lâcher :
- Tu crois pas qu’tu devrais te tenir à l’écart de ce mec ? Si t’es autant dans l’doute à propos de toi-même, que tu te sens monstrueux et dangereux, tu crois vraiment que tu te sentirais mieux en tentant le coup alors qu’il a rien d’mandé ?
J’essaie de la jouer « neutre » et conseil avisé, en mode “voilà e que tu devrais éviter”, mais j’finis par pousser un soupir. Ayant un peu plus de mal à m’contenir, j’continue, bien parti sur ma lancée :
- Sortir avec une fille en lui faisant croire que tu la kiffes et la laisser espérer, alors que tu sais qu’tu ressentiras jamais rien, tu crois que ça c’est pas dégueulasse aussi p’têtre ? Ça lui ferait carrément plus de mal que si tu lui mettait un râteau direct !
Si y’a bien une preuve qui m’rassure sur le fait que j’suis différent de lui, c’est que j’ai de vrais sentiments pour les meufs, une vrai attirance, et que j’fais pas ça pour cacher quoi que ce soit. Parce que j’suis persuadé d’être 100% hétéro et que c’est pas ce mec chelou qui va m’faire croire que j’suis comme lui. Au diable la casquette d’enquêteur. M’avoir foutu le doute pendant cinq minutes c’est déjà bien trop. J’le dévisage de haut en bas avec dégoût et lui crache :
- Comment tu peux croire une seconde que j’peux cautionner « ça » ? Tu l’dis toi-même, c’est contre-nature et complètement malsain ce genre de trucs ! J’sais pas à qui tu crois t’adresser, ou d’quelle asso tu parles, mais si ils sont assez détraqués pour soutenir ça… Sérieux c’est quoi votre problème ?
J’me lève et m’penche en posant les mains sur la table, pour lui murmurer en le fixant d’un regard noir et mauvais :
- Vas t’faire exorciser ou finis en enfer, mais évite d’embarquer les autres dans la descente, espèce de taré.
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- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 539■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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Re: [Terminé][+16] L'amour n'est pas un long fleuve tranquille [PV Pablo]
TW -16 / Homophobie
Attention, ce RP aborde le sujet de l’homophobie, écrit de deux points de vues bien distincts mais très tranchés et peuvent heurter la sensibilité de certain(e)s. Libre à vous de continuer à lire en toute connaissance de cause.
Ces posts ont été écrits d’un commun accord et en respectant les limites des joueuses, car le sujet est important à aborder pour chacun des personnages. Cela ne reflète pas pour autant le point de vue des joueuses, alors merci de ne pas faire d’amalgame.
L'amour n'est pas un long fleuve tranquille
14 février
Son cœur loupa un battement, s’alourdissant à mesure que les paroles du bénévole arrivaient à son esprit. Oui, il devrait se tenir à l’écart de Seito. Il devrait l’épargner, le laisser en paix. Il doutait de lui-même, c’était bien vrai, mais plus encore, plus terriblement, plus profondément, il était certain qu’il ne lui apporterait que de la misère. Il le savait, oui, que cela était impossible entre eux, que ce qu’il prenait pour une possibilité n’était sans doute que de l’innocence et de la naïveté de son côté. Pire, il espérait mieux pour son Kohai, mieux qu’un type infoutu de s’accorder avec lui-même, mieux qu’un homme incapable de s’assumer, mieux que le trouillard qu’il était, mieux que la faiblesse de ses convictions, mieux qu’un amour qui devrait être caché et qu’un désir honteux qui n’aurait jamais du exister pour commencer. Il savait… Il savait… mais il espérait tout de même. Il espérait à s’en essorer le cœur.
Il avait eu beau mettre à nu une partie de ses craintes, de son ombre, il ne pouvait s’empêcher d’être cruellement déçu. Il avait espéré… Il s’était dit que… que peut-être le jeune homme en face de lui le réconforterait, qu’il le pousserait à y croire un peu tout de même, à mieux comprendre ses sentiments. Il croyait qu’il l’encouragerait. Au fond, il attendait sûrement plus une confirmation, un feu vert, que d’être rassuré. La question de ce dernier lui fit donc l’effet d’une douche froide. Elle finit de balayer cet espoir vain.
Entendre ses propres mots lui être retournés lui faisait plus mal qu’il ne pouvait le montrer. Monstrueux, dangereux… il se sentait ainsi, oui, mais c’était différent quand ces mots venaient d’une autre bouche que la sienne. Ils sonnaient davantage comme du mépris que comme une condamnation. « Oui, mais je... » tenta-t-il de placer entre les deux questions de son interlocuteur. Il fut néanmoins incapable de terminer sa phrase. « mais, je crois que je l’aime » aurait-il souhaité avoir le courage de prononcer. C’était différent de s'interdire soi-même, de s’autoflageller, de se punir, de faire l’autruche et que l’on vienne lui poser ce même interdit. Tant que cela restait dans son esprit, peu importe les mots qu’il utilisait, peu importe toute la négativité qu’il pouvait en ressortir… cela restait dans son imaginaire, cela laissait toujours passer un peu de lumière, un rayon d’espoir, celui qu’un jour quelqu’un trouverait les mots justes pour le libérer de sa prison auto-construite. C’était différent de l’entendre de la bouche du bénévole, de quelqu’un censé être comme lui. On ajoutait des pierres à l’édifice, à sa Bastille, et étonnement son coeur s’en défendait. Il était un monstre et un danger, oui, indéniablement, mais il était un monstre dangereusement amoureux. Ce n’était pas si facile. La chaleur de sa main autour du pouce de Seito lui revint en mémoire, son genou cognant timidement contre le sien eut l’effet d’une piqûre de rappel… Ses sourires, ses yeux… Il se rendit compte qu’ils méritaient mieux que d’être abîmés par des mots si dépréciatifs, il s’en voulait de les avoir même pensé. Surtout, il refusait que quelqu’un d’autre y touche. Un éclair de colère tonna dans son ventre, il chercha à le faire taire aussitôt pourtant. Cet homme était là pour l' aider.
Le bénévole continua en prenant la défense de la pauvre malheureuse à qui il pourrait mentir pour se cacher. Cela aussi, faisait plus mal venant de la bouche d’un autre. Son visage se referma, ses yeux s’abaissèrent sur ses mains entrecroisées sur la table, honteux. Bien sûr que ce serait dégueulasse, c’était précisément pour cette raison qu’il ne le faisait pas. Il y pensait, oui, parce qu’il avait si peur que parfois cela le réconfortait de s’imaginer avoir toujours cette option pour s’en sortir… mais il savait que ce n’était pas une solution envisageable, c’était aussi pour cela qu’il n’était pas ressorti avec une fille cette année. Une vague de colère vient se jeter contre ses rivages en l’entendant. Cette fois-ci, il ne put s'empêcher de lui en vouloir. Ne devait-il pas l’aider à s’apaiser ? A y voir plus clair ? Où était passé la bienveillance et le respect qu’il lui avait promis par message sur le forum de l’association ? Que faisait-il de ses appréhensions qu’il devait l’aider à chasser ? Il se sentait jugé et cela lui filait la nausée. Il se jugeait déjà bien assez lui-même, il n' avait pas besoin de rhab.
Il avait espéré… Est-ce que même espérer être heureux était un crime pour lui ? Il releva des yeux blessés sur le jeune homme en entendant sa nouvelle question. Le regard qu’il aperçut sur son visage termina de noyer son coeur dans les abîmes les plus profondes, l’enclumant entièrement. Cautionner « ça » ? "Contre-nature"… "complètement malsain"… son coeur s’éteint.
Mathéo se décomposa sur sa chaise, devenant blanc comme un linge à mesure que le jeune homme lui crachait sa méchanceté. C' était l’hécatombe. L’effroi total. Un choc brutal lorsque l' homme lui avoua ne pas être celui pour qui il le prenait. Ce n' était pas… le bénévole avec qui il avait rendez-vous ? Il ne semblait pas connaître l’association à laquelle il avait fait appel non plus. Une horrible angoisse le saisit au corps en y pensant. … Auprès de qui venait-il de confier ses plus intimes sentiments, ses plus grandes peurs, ses plus grandes hontes…? L’épée de Damoclès au-dessus de sa tête lui pourfendit le crâne… Qu’est-ce qu’il venait de faire ? « Je… Vous n’êtes pas… ? » bafouilla-t-il, blême.
L’inconnu se pencha vers lui, le regard noir, et Mathéo aurait aimé reculer mais il en fut incapable. Son corps entier était pétrifié de terreur. Il reçut le venin du désormais inconnu en plein visage, celui-ci y agit comme de l’acide. Il pouvait sentir sa peau se faire grignoter jusqu’à l’anéantissement de la dernière cellule vivante de son épiderme. Le reste de son corps se fit, lui, jeter en pâture aux chiens des enfers. « Pas besoin, j’y suis déjà » ne put-il retenir, la mâchoire serrée et les yeux humides.
C’était stupide. Toujours la même haine, toujours les mêmes mots. Il les avait déjà entendu, adressés à d’autres. Mais, cela ne faisait que plus mal de se les recevoir en pleine face. L’image d’Ikeda-san lui revient à l’esprit, ses mots, son courage… il avait sans doute connu bien pire mais il savait se défendre, ce n’était pas le cas de Mathéo et il se sentait encore plus nul en le réalisant. Il était bien trop heurté, bien trop secoué, sous le choc pour se défendre. Il ne savait plus ce qu’il ressentait, si c’était de la colère, de la rage, son profond désespoir, de la peur, de l' angoisse ou le sentiment poignant d’injustice qui lui griffait les veines… Sans doute était-ce le tout.
« Je me suis… visiblement trompé de personne… E-Excusez-moi » réussit-il à articuler, la voix et les mains tremblantes. Les conventions, encore et toujours. Ne pas faire de bruit, se faire tout petit. Le salon de thé qui devait être un refuge devenait soudainement un terrain hostile qu’il lui fallait fuir au plus vite. Si son interlocuteur révélait à haute voix ce qui avait nécessité une semaine de courage pour être dit à voix basse, Mathéo savait qu’il ne s’en remettrait jamais. Pourtant, la colère lui tordait l’estomac. Son cerveau n’arrivait pas à choisir entre fuir pour survivre, se faire petit, éviter de l’énerver davantage pour ne pas prendre de risques inutiles ou attaquer pour survivre, ne pas se laisser insulter impunément, se respecter au moins un minimum à défaut de s’aimer un minimum. Dans les deux cas, il se sentait mortellement en danger.
Avec une grande inspiration, il demanda, les sourcils froncés : « Qui est suffisamment taré pour se faire passer pour quelqu’un d’autre ? Pourquoi m’avoir écouté jusqu’au bout et posé des questions ? Tout ça pour finir par me maudire. Je... ». Les mots lui échappèrent, impossibles à retenir. Il y avait une limite à ce qu’il pouvait endurer, le premier palier était atteint. « Je suis contre nature mais je n’y peux rien. Vous, en revanche, votre vice est de votre fait. » lui jeta-t-il à la figure en se relevant, vertigineux. Il attrapa ses affaires, prêt à partir, effrayé par ses propres mots. Il voulait seulement que cette journée se termine. Il se détestait d' avoir eu cette idée, cet espoir. Il haïssait ce bénévole qui n' était pas là pour l' aider. Il aurait mieux fait de rester dans son lit aujourd'hui, la st valentin n était qu un jour maudit.
- Pablo K. MoraElève ; en 3ème année■ Age : 30■ Messages : 492■ Inscrit le : 25/02/2021■ Mes clubs :
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Re: [Terminé][+16] L'amour n'est pas un long fleuve tranquille [PV Pablo]
Attention, ce RP aborde le sujet de l’homophobie, écrit de deux points de vues bien distincts mais très tranchés et peuvent heurter la sensibilité de certain(e)s. Libre à vous de continuer à lire en toute connaissance de cause. Ces posts ont été écrits d’un commun accord et en respectant les limites des joueuses, car le sujet est important à aborder pour chacun des personnages. Cela ne reflète pas pour autant le point de vue des joueuses, alors merci de ne pas faire d’amalgame.
Le gars est culotté. Il s’trompe de personne, il vérifie pas avant de balancer ce genre de trucs en sachant très bien qu’en plus, au Japon c’est interdit ou j’sais pas quoi, mais en plus il m’accuse d’avoir abusé ? J’crois qu’il a oublié qui était l’plus déglingué des deux là ! Toujours en essayant de maintenir le volume au plus bas, j’lui répond sur le même ton énervé :
- Qu’j’ai des vices ou non, t’aurais p’tête pu commencer par vérifier avant d’te confesser, non ? J’suis loin d’être le prêtre qui va t’dire que tout est ok et d’continuer !
J’garde bien conscience qu’on est dans un salon de thé et en pleine Saint-Valentin, ce qui veut dire qu’il y a des gens autour. Et si il y a des gens autour, j’suis loin d’avoir envie qu’ils sachent pourquoi on s’embrouille, et qu’on m’affilie à ce genre de… pratiques. J’fais l’tour de la table pour venir me planter à côté de lui et le dévisage, irrité :
- En plus tu m’balance toutes tes pensées cheloues et tu crois que j’vais rester sans rien faire et te dire “tranquille mec, va t’taper des kohais ça va aller” ?! T’es complètement détraqué.
J’le chope par le bras et lui grogne à l’oreille d’un ton menaçant en m’approchant, sans le lâcher du regard :
- J’sais pas où t’étudies, mais approche-toi d’un d’mes potes et j’te jure que j’te le ferai regretter. Pigé ?!
J’le lâche en le repoussant sans l’ménager et me dirige vers la sortie du salon de thé. Arrivé à la porte, un mec tout enjoué entre en cherchant quelqu’un, un badge accroché à son polo attirant le regard avec ses couleurs de l’arc-en-ciel. Encore plus énervé, j’le bouscule sans m’excuser et sort en trombe du bâtiment.
J’marche pendant dix bonnes minutes en essayant d’me calmer, de m’sortir tout ça de la tête mais plus j’essaie et plus ça fout le bordel dans mes pensées. Un peu plus à chaque pas, je sens ma tête chauffer, mon front suer, ma mâchoire et mes poings se crisper. Faut être complètement dérangé pour aimer d’autres mecs, p*tain. Ce gars est pas normal, ses pensées sont contre-nature, y’a rien qui va dans l’bon sens. Comment ça pourrait bien s'passer ?! J’me le répète en boucle, essayant de souffler et de relativiser, en m’disant que j’ai fait ce qu’il fallait, qu’au moins ça lui a mis dans l’crâne d’arrêter mais… Tout droit venu du fond d’ma tête, le même genre de paroles me reviennent. Des paroles fortes et assurées, énervées même, et qui viennent de quelqu’un d’autre… Sauf que ce sont vers moi qu’elles sont dirigées. Ce souvenir sort de nulle part, une voix assourdissante qui me fend le crâne et m’fait vriller, tournant dans la ruelle la plus proche pour péter les plombs.
C’était quoi ça Pablo ? Tu t’fous de moi ?!
*SBAM*
Danser avec un mec de cette façon ça sort d’où ? Et c’était quoi ces regards hein ?!
*SBAM*
T’as oublié ta propre religion ? Tu veux quoi, devenir une tafiole c’est ça ?
Je *SBAM*. ne suis pas*SBAM*. une p*tain *SBAM*. de tafiole *SBAAM* !
L’un après l’autre, les coups de pieds continuent de pleuvoir contre les poubelles et dans les cartons aux alentours. J’finis par en attraper un près de moi que je lance violemment contre le mur d’en face, en hurlant à m’en cramer les poumons.
- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !
J’donne un dernier coup de pied dans le carton en question qui s’échoue à terre, vidé de son contenu pendant l’impact. La ruelle vide et calme s’est transformée en scène de catastrophe naturelle, comme si un volcan venait d’exploser et que les retombées s’étaient éparpillées. Haletant, je m’appuie contre le mur opposé et me laisse glisser jusqu’au sol en serrant les dents, les mains agrippées à mes cheveux. J’pose mes paumes contre mes yeux brûlants alors que la lave coule au coin de chacun d’eux, craquant un bon coup, mais j’reste pas là longtemps. Je me relève au bout d’une minute et me casse de la ruelle avant d’attirer l’attention, rentrant au campus à pied pour essayer d’calmer le volcan en éruption qui trône à la place de mon cerveau. J’ai clairement pas besoin qu’des curieux s’mêlent de mes problèmes alors faut que j’me calme avant qu’on m’pose des questions.
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14 février
Le jeune homme n’avait pas tort et cela ne faisait que nourrir l’immense désolation qui avait pris place dans son cœur. Il était effectivement responsable de sa propre désillusion. Il n’aurait jamais dû venir, encore moins prendre le risque de chercher à rencontrer quelqu’un d’autre comme lui. Il n’aurait jamais dû se croire en sécurité et vider son sac avec tant de hargne. L’illusion d’un avenir meilleur tombait et il en était le seul responsable. L’autre en face de lui avait beau être abject, il pouvait bien lui balancer toutes les atrocités qu’il voulait, c’était à lui de vérifier. Oui, c’était vrai. Non... il aurait dû commencer par ne jamais faire confiance à quelqu’un de prime abord. La confiance ne l’avait jamais menée nulle part, elle n’avait jamais pris soin de lui, ne l’avait jamais préservé. Seul le contrôle, une face cachée, la prudence l’avaient tenu éloigné de ce genre de situation jusque là et il apprenait à ses dépends à quel point il s’était trompé en pensait qu’il en faisait trop. Il s’était laissé avoir par des paroles échangées, par des relations sûrement de passage dans sa vie, il avait cru à l’infime écho que les mots d’une minorité avaient pu avoir sur son cœur et il en payait désormais le prix. C’était bel et bien de sa faute.
La réplique suivante de l’inconnu souleva un vent d’indignation en lui. Cela ne lui plaisait pas. Ce mépris, il pouvait l’accepter. La haine, il pouvait l’intégrer. L’irrespect, il pouvait faire avec. La culpabilité était aussi son affaire… mais, il n’aimait pas ce qu’il insinuait, il n’aimait pas qu’il mêle son Kohai à ses viles paroles. Oui, il était en tort dans cette histoire également et désormais, il ne pouvait qu’implorer tous les dieux du monde pour qu’il ne soit jamais au courant de ses sentiments, qu’il reste innocent des intentions secrètes qu’il nourrissait à son égard… Cependant, il ne pouvait pas consentir à ces mots. De tous les hommes qui lui avaient posé problème, de tous ceux qui l’avaient intéressé, de tous ceux qu’il avait pu désirer, Seito était une exception. Il ne voulait pas « se le taper », il accablait chez lui la moindre trace de volonté impure, il se privait avec une rigueur à toute épreuve de rêver les fantaisies qu’il pourrait provoquer en lui et il censurait toute idée du genre. La seule chose qu’il souhaitait, c’était l’aimer. Et, c’était déjà bien assez difficile comme cela à gérer pour lui.
Il se laissa saisir par le bras, incapable d’y objecter autre chose qu’un regard tenace. Son corps tremblait, ne répondait plus à ses appels. Il avait pourtant envie de se dégager, il avait même envie de le frapper. L’espace d’une seconde, il s’imagina cogner son front contre le sien lorsque ce dernier se rapprocha pour lui cracher davantage à la figure. Malheureusement, ou peut-être heureusement, il n’en fit rien. Mathéo pouvait s’insurger autant qu’il le voulait, il n’avait jamais été un bagarreur. Ses muscles ne lui servaient à rien d’autre qu’à nager pour décharger les pulsions et tensions contenues dans son corps. Il était incapable de lever la main sur qui que ce soit, bien trop tenu en laisse par ses principes. Il soutint son regard avec désinvolture, s’armant de courage pour ne pas laisser ses yeux se noyer dans les larmes qui lui montaient aux cils. Il ne voulait pas lui faire ce plaisir. « Comme si je pouvais m’intéresser à quelqu’un capable d’être ami avec un c*nn*ard comme toi » pensa-t-il très fort. Cela ne risquait pas d’arriver ! A vrai dire, il se demandait qui pouvait bien être « pote » avec un type de ce genre. Il se rattrapa à sa chaise lorsque l’inconnu le repoussa brusquement, tachant de ne pas respirer trop fort malgré un besoin d’oxygène pressant. La bousculade avait dû attirer quelques yeux sur eux et il avait trop honte pour y faire face. Si seulement il pouvait se téléporter jusqu’à sa chambre…
« Mathéo ?... » l’interpella une voix inquiète. Il releva des yeux terrifiés vers celle-ci, l’avait-on déjà reconnu ?? Le visage inconnu au bataillon qu’il aperçut le rassura. Ce n’était pas quelqu’un qu’il connaissait. « ça va ? Je suis - » commença l’homme avant de se faire bousculer une énième fois tandis que Mathéo prenait la fuite. « Attends ! » chercha à le retenir le bénévole, mais c’était trop tard. Il ne voulait plus parler, plus jamais. Il ne remettrait plus les pieds dans ce café non plus, pas même dans ce coin de la ville ! L’arc-en-ciel fièrement accroché sur le T.shirt du bénévole lui donna une nausée si grande qu’il crut qu’il allait vomir aux pieds de la serveuse, venue s’assurer que tout allait bien. A quoi bon être fier d’un tel fardeau ? Il fuit, quitta les lieux comme un voleur. Dès que ses pieds foulèrent le bitume du trottoir, il se mit à courir à toutes jambes, aussi vite que ses muscles cotonneux le lui permirent. Il détala à toute vitesse, ne faisant plus attention à ce qu’il se passait autour de lui. Il s’en voulait d’avoir fait venir le bénévole jusqu’ici pour rien, de le laisser en plan ainsi, sans la moindre explication… mais c’était trop pour lui. Il ne pouvait plus… Il… Il était perdu. Lorsque le souffle lui manqua terriblement, il s’arrêta pour prendre appuie, la main contre un mur. Il ne savait pas où il était, ni s’il s’était beaucoup éloigné. La ruelle dans laquelle il s’était engouffré semblait déserte, calme, c’était tout ce dont il avait besoin. Son souffle court le faisait souffrir. Il se détestait. Il se détestait d’avoir si mal.
Dans un élan désespéré, il frappa de son poing contre le mur, s’abîmant les phalanges. La douleur physique enveloppa celle qui poignardait son cœur et son esprit, les relayant au second plan pour lui offrir un instant de répit. Il tourna les talons pour s’adosser au mur et se laissa tomber sur les fesses au sol, engouffrant son visage entre ses bras et ses genoux. Les larmes qu’il retenait explosèrent le barrage de fierté qu’il leur avait opposé, il se mit à pleurer. Il lui sembla qu’un déluge menaçait d’engloutir la ville de Kobe tant il ne pouvait plus se retenir de pleurer. Chaque seconde réprimée, chaque minute refoulée, chaque heure bannie, chaque jour gâché, chaque année de perdue… Il pleura pour toutes les fois où il s’en était empêché.
Il ne savait pas comment il avait fait pour rentrer. Lorsque son corps s’était épuisé en eau et que ses yeux, trop fatigués, lui avaient offert une pause, le laissant vide et épuisé, il s’était relevé pour reprendre sa route. Il avait fini par retrouver son chemin jusqu’au campus, échappant au couvre-feu de peu. Il avait longé les murs pour retourner au plus vite jusqu’à sa chambre et une fois à l’intérieur, il avait fui le regard de Keito pour s’enfourner sous sa couette sans un mot. Il avait retiré ses baskets à l’aide de ses pieds, les laissant tomber n’importe comment sur le sol et enfoncé ses écouteurs dans les oreilles à sa vue pour lui faire comprendre qu il n était pas d humeur à en discuter. Il n’avait plus la force des politesses, tant pis pour les chaussures, tant pis pour le bonsoir. Il s’excuserait le lendemain. Il voulait seulement que cette journée se termine.
#terminé
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