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Seito Mori
Elève ; en 3ème année
Seito Mori
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Seito Mori

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Sam 10 Déc 2022 - 17:39
LUNDI 18 SEPTEMBRE 2017 - 07H55



Ce texte a été écrit en concertation avec la joueuse de Pablo K. Mora. Chaque paragraphe alterne entre elle et moi dans ce flashback. Le fait que Seito et Pablo ne se fassent pas choper pour leur absence a été vu avec Keitô, il y a maintenant fort longtemps. Bonne lecture !


A deux pas du bâtiment des cours, Pablo hésite. Il regarde le bâtiment de haut en bas, les sourcils froncés,  réfléchissant à ses options, mais le poids qui pèse sur son cœur prend le dessus. Il fait volte-face d'un coup dans la masse de lycéens, en bousculant quelques-uns pour passer la foule et traverse la cour en direction de la sortie du campus.

Seito est à la bourre. Il s'est couché bien trop tard, la faute à ce livre qui l'a tenu en haleine jusqu'à la dernière page. Naviguant entre les élèves, il n'a pas vraiment les yeux en face des trous et c'est donc naturellement qu'il se fait percuter par quelqu'un. Ce qui le tire de sa léthargie alors qu'il se masse l'épaule : « T'excuse pas surtout ! » Il fait les gros yeux en reconnaissant Pablo. « Oh salut. J'avais pas vu qu'c'était toi. »

Pablo s'arrête une demi-seconde en croisant le regard de Seito et s'excuse, ce qu'il ne ferait pas auprès de gens lambdas. Mais il n'a pas le temps et le fait bien sentir puisqu'il continue d'avancer en parlant, il ne doit pas tourner les talons. « Désolé mec. Éclate-toi en cours, moi j'me tire. »

« Tu vas où ? Les cours, c'est d'l'autre côté. » Le japonais sent bien que c'est inutile de le préciser, surtout quand il voit Mora poursuivre sa route. Son regard navigue brièvement entre le bâtiment des salles de classe et la silhouette de l'espagnol. S'il ne fait rien, il va disparaître. Bon sang. Il lève les yeux au ciel et rattrape Mora. « Sérieux, tu fais quoi ? Pourquoi tu vas pas en cours ? »

Pablo hausse les épaules et continue en direction de la sortie, ce jour est particulier et il aimerait le passer ailleurs qu'entre ces murs, avec sa famille surtout. Au moins une partie. Voyant l'ombre de Seito le rejoindre, il roule des yeux : « J'ai... autre chose à faire aujourd'hui. Tu vas être en retard Mori. » Parler de son projet du jour reviendrait à parler de son père, de là où il se trouve, de ce qu'il a fait pour y arriver. Pablo n'en a parlé à personne en détail et ne s'y sent pas prêt. Même le dire sur le ton de la blague à Montoro avait été compliqué, et ils s'étaient éloignés depuis. Comment savoir comment les autres réagiraient ? Enfin non, il savait exactement comment. Et il n'avait pas besoin de ce genre de jugement. 

C'est vrai, il va être en retard. Mais là, tout de suite, maintenant, cela lui passe complètement au-dessus de la tête. « J'aurais un mot d'retard, on s'en branle. » Toutes ses pensées sont focalisées sur Mora et sur ce qu'il compte faire de si mystérieux. « J'vais pas t'empêcher de te barrer, j'veux juste savoir c'que tu fais, genre, euh... au cas où j'dois te couvrir ou quoi. » Il le regarde très sérieusement.

Pablo s'arrête et le fixe comme s'il avait mis le doigt sur un gros problème. Un mot de retard... et lui, il lui faudrait un mot d'absence. Et une bonne raison bien ficelée pour que ses grand-parents ne lui tombent pas dessus pour lui faire scandale. Pablo grince des dents et se passe la main dans les cheveux, perplexe. « Ouais.... Euh, j'ai pas encore réfléchi à c'que j'allais dire. Te mets pas dans la merde pour moi, j'vais réussir à trouver un truc... » Il n'avait pas l'air bien assuré, mais il aurait le temps de trouver sur le chemin s'il se remettait en route. Encore faut-il qu'il puisse sortir sans se faire chopper. 

Trouver une excuse... Seito avait tellement raconté de bêtises dans sa vie qu'il n'avait qu'à piocher dans une longue liste de bobards douteux. Sauf que là, il en fallait un crédible. Parce qu'il voit bien que Mora n'a pas réfléchi jusqu'au bout et l'envie de l'aider surpasse l'entendement. « T'sais quoi, quand tu rentres, cet aprem' ou ce soir, j'sais pas quand tu comptes revenir mais c'est pas important. Quand tu rentres, tu t'mets plusieurs bonnets sur la tête pendant genre trente minutes, tu vas t'asperger d'eau et ensuite tu vas à l'infirmerie. Là, tu dis que t'as eu super mal au ventre toute la journée, que t'étais cloué au lit et que t'as pas pu aller en cours. Tu joues la comédie en te tenant le ventre. Si elle prend ta température, elle sera forcément un peu haute. Et si elle te touche le ventre, t'auras juste à simuler que ça t'fait mal et hop, le tour est joué. » 

« Ouais, j'y ai pensé aux fausses maladies mais les pions ici sont plus réactifs que les expériences qu'on fait en chimie. Dès que le prof verra que j'suis pas là, il va prévenir et ils vont aller à ma chambre, qui sera vide. » Il soupire longuement et retire la main de son crâne. « J'pourrais bobarder que ma grand mère est pas bien et que j'suis parti la voir, mais j'suis sûr qu'ils appellerait là-bas. Putain ça fait chier. » Les bobards pour sécher, il en avait l'habitude lui aussi, mais là, il fallait du costaud. Sortir de la prison KHS pour aller à celle de son père.

La blague de chimie le fait rire malgré lui. Il est embêté de ne pas avoir fait mouche cependant. « Tes grand-parents vont te faire chier à c'point si t'as une absence ? » Il ne se laisse pas démonter pour autant. Réfléchir le fait froncer les sourcils. « Ou alors... j'vais pas en cours non plus. Et tu pourras dire que tu m'as suivi parce que tu voulais pas que j'fasse une connerie. Et j'dirais que t'y es pour rien. »

« Nan nan, j'te mettrai pas ça sur le dos. T'embarque pas là dedans, tu sais même pas où ça va te mener en plus. Mais... Ouais. Ils me ferait chier à ce point parce qu'ils sauraient direct pourquoi j'étais pas en cours. »

Seito inspire. Il y voit là une opportunité de se racheter. De montrer qu'il peut être fiable, même s'il démontre trop souvent le contraire. « J'm'en fous de savoir où ça va me mener, mec. J'comprends pas grand-chose à c'que tu veux faire et j'te demanderais pas de m'le dire. Mais ça a l'air... important. » La sonnerie retentit.

Le regard de Pablo transperce celui de Seito pour sonder sa motivation, son honnêteté, qui lui ont l'air 100% vraies. La sonnerie retentit et lui fait lever la tête aussitôt, aux aguets. « Ok. Tu peux revenir sur ta décision quand tu veux, mais là si tu veux me suivre, tu fais comme moi et tu poses pas de questions ! » Pablo court aussitôt vers les buissons et plonge derrière pour se planquer, connaissant bien trop les rondes des surveillants. Il sort son vieux téléphone à touches et regarde l'heure, recroquevillé et sur ses gardes. Il montre ses doigts à Seito et en lève 4, pour lui montrer le temps qu'ils doivent rester là, avant de lui faire signe de rester silencieux

Seito fait les yeux ronds et la première pensée qui lui vient à l'esprit est qu'ils sont des agents secrets en cours d'exfiltration. Son corps réagit dans la seconde et c'est avec une dextérité toute relative qu'il se vautre à côté de Mora dans les buissons. Son cœur bat la chamade alors qu'il réalise avoir fait le choix conscient de suivre l'espagnol dans son infraction. Le japonais a envie de lui demander comment il connaît tout ça mais Mora ne lui en laisse pas la possibilité. Il se mord la lèvre et patiente, le regard scrutateur sur la cour. 

Pablo est tapi dans les feuillages comme un chasseur chassant sa proie. A côté de lui, Seito est vautré à terre mais il ne s'en formalise pas. Il est caché et silencieux, c'est tout ce qui compte. L'espagnol baisse une branche du bout des doigts pour laisser son regard fuiter entre les feuilles, aux aguets des allers et retours du surveillant. Celui-ci semble s'avancer encore un peu plus loin pour aller fumer sa cigarette à la sortie du campus, sur l'espace fumeur. La poisse, impossible de sortir par là. Peut-être devraient-ils tenter une fuite par le parking ? Il détourne le regard sur Seito, se questionnant sur son cardio mais le japonais semble écouter ses conseils et s'être amélioré, alors ça doit se tenter. Il reporte son attention sur le pion et murmure à son comparse de fuite : « Pssst. Mori. Parking. On rush dans 10 secondes. » 9. 8. 7. Le surveillant tire une latte sur sa cigarette. 6. Mora bouge son sac a dos pour le mettre sur son torse et invite Mori à faire de même. « 5 secondes. » 4. 3. 2. 1. Une quinte de toux le prend, parfait pour couvrir leur pas rapide sur le goudron. « Go ! » Pablo fait un signe à Seito et court le plus vite possible en tenant son sac plaqué contre lui, histoire d'éviter le boucan des clap-clap contre son dos.

Son corps n'est plus qu'adrénaline. A chaque seconde décomptée, Seito frémit. Il n'a pas le droit de se louper, il en va de son honneur. Alors quand enfin le top départ est annoncé, il s'élance, aussi vaillant qu'Ariane 5 pour mener le satellite Mora à sa mission.

Les deux bruns foncent  vers le parking alors que le pion s'égosille de la fumée qui est passé de travers sans se retourner. Arrivé  sur le parking, Pablo ne s'arrête pourtant pas. Ils sont sur une si bonne lancée que même si le surveillant les apercevait à l'instant, il aurait la flemme de les rattraper vu leur vigueur et sa vieillesse.

Le but de la mission lui est inconnu mais il maintient le cap. Un bref regard en arrière est tout ce qu'il accorde au surveillant. Tous ces footings lui servent enfin à quelque chose !

Ils courent ils courent les japonais, et ils arrivent enfin à un arrêt de bus. Mais pas celui près du campus, non, celui deux arrêts plus loin. Par sécurité. Pablo s'arrête et reprend son souffle, grimaçant alors qu'il halète d'avoir sprinté aussi longtemps. Il se tourne pour s'enquérir de l'état de Seito qui n'est sûrement pas habitué à un tel  sprint : « Déso. Ça va ? »

Si ça va ? Attendez, il vérifie. Ça crache sévère ses poumons, la bouche grande ouverte. On a vu mieux. Seito se plie à moitié, les mains sur les cuisses. « Super. Et maint'nant ? »

« Et maint'nant, on attend le bus. » La ligne habituelle arrive, mais Pablo ne sourcille pas et le laisse partir. C'est l'autre ligne qui l'intéresse, celle qui va vers la gare. D'ici là, il a le temps de réfléchir a son plan et à la façon de ne pas embarquer Mori à destination, ce qui serait trop risqué pour leur lien branlant.

Plutôt logique puisqu'ils se sont arrêtés à un arrêt de bus. Seito finit par reprendre son souffle tant bien que mal et se redresse. Il se recoiffe d'une main rapide et se tourne vers les affichages d'horaires et de destinations. Bien qu'il ait décidé de lui faire confiance, il ne peut s'empêcher d'être curieux. « On va où cap'taine ? »

« A la gare ! » Le bus habituel passe devant eux et Pablo lui fait signe de ne pas s'arrêter, alors il file tout droit. « Et ensuite nos chemins se séparent, j'crois pas que j'aurai assez pour 2 billets. J'sais même pas si j'aurai assez pour le mien... »

« Oh. » Un brin surpris, son sourcil droit se lève. Seito dévisage Pablo, troublé par l'inévitable conclusion de ce voyage spatial. Cela ne lui fera rater que la première heure de cours, pas de quoi fouetter un chat. Quant à Pablo, le japonais s'en veut soudain de ne pas lui avoir trouvé une excuse en béton armé pour son absence journalière. Il respecte néanmoins le silence sur la destination finale et se contente de demander bêtement : « Et tu vas faire comment pour justifier ton absence ? »

« Je... J'y ai pas réfléchi encore, j'trouverai bien un truc en chemin. Ils vont pas appeler mes vieux dans la seconde, si ? » Pablo devient tout à coup inquiet que son plan ne foire, et que les conséquences n'en soient désastreuses s'ils viennent à le savoir...

« Euh... la CPE peut être gentille mais faut pas pousser. »

« Joder... Si j'réponds pas et que j'reviens que ce soir, ça va être  la merde. Et si j'leur dis où je vais... J'doute qu'ils approuvent. »

Où il va ? Seito le dévisage avec intensité. « Ca doit être important si t'es prêt à faire le mur. »

« Ouais... Le padre m'manque. » Un silence installe. Pablo pousse un long soupir et ferme les yeux, regardant le bus tourner au coin de la rue pour arriver dans leur direction. Il met un pied sur la marche dès qu'il est à son niveau, mais rebrousse chemin aussitôt quand l'homme lui demande son ticket. Il sort du bus, un sourire triste sur les lèvres. « J'crois que t'as raison, si j'pousse trop j'ai trop à perdre... » Puis il s’assoit dans l'herbe et croise les bras sur ses genoux, la tête posée pour cacher les quelques larmes qui viennent perler. 

Seito ne comprend pas. En accuse ce moment de flottement lorsqu'il regarde l'espagnol rebrousser chemin sur les marches du bus. Le ronronnement du moteur s'éloigne alors qu'il reste bêtement sans voix. Mais l'attitude prostrée de Mora le prend de court, il se mord la lèvre. Lentement, il s'agenouille devant lui et, s'apprêtant à poser sa main sur le genou du garçon, un flash lui rappelle sa tentative échouée d'avant les vacances. Le japonais remballe son geste, posant ses mains sur ses propres genoux. « Tu auras d'autres occasions pour le voir qu'un jour de cours, non ? Si c'est pas aujourd'hui, ce sera ce week-end. Ou le week-end d'après. J'pourrais même te filer un peu d'argent pour que t'ailles le voir. Bon, t'attends pas à c'que j'te paye tout le trajet, j'peux à peine m'acheter des bonbons mais... tu le reverras. Et si t'as besoin de lui, tu pourrais l'appeler ? »

Pablo essuie ses joues du revers de sa manche et relève la tête : « J'préférerais que ce soit aussi simple. J'peux pas l'appeler là où il est, pas juste en prenant un téléphone quand ça m'chante... Et aujourd'hui, c'était... Spécial. » Pablo renifle et frotte la larme qui se faufile sur sa joue, fébrile de ne pas avoir vu son père depuis autant d'années. « Mais merci mec. Ça fait déjà 3 ans, je vais bien réussir à tenir un peu plus. Au moins le temps d'avoir un plan béton ! » Il sourit tristement et se relève, se tapotant les joues pour se remettre d'aplomb.

I-il pleure ? Oh merde. Oh bordel. Oh putain. Les mots tourbillonnent dans sa tête alors qu'il détaille le vert embué de ses yeux. Il ne peut pas l'appeler. Aujourd'hui est spécial ? Trois ans que quoi, qu'il ne l'a pas vu ? Mais cela voudrait dire que... OH. MON. DIEU. Mais quel gros CON. Seito met un peu plus de temps à se relever. A quel point faut-il être stupide pour sauter ainsi les deux pieds dans le plat ? L'appeler... et pourquoi pas lui écrire une lettre pendant qu'il y est ?! C'est sûr que les morts ont VACHEMENT l'habitude de répondre ! Cela voudrait dire que c'est l'anniversaire de la mort de son père et qu'il... souhaitait aller sur sa tombe. « O-on peut allumer une bougie si tu veux en rentrant. » propose-t-il, troublé.

« Une bougie ? » Il hausse un sourcil et réfléchit. Est-ce que c'est le genre de trucs que les japonais font pour prier et que ça porte bonheur ? Si ça peut lui donne rien qu'un coup de pouce... « Ouais, pourquoi pas. » Il continue de réfléchir avant de se mettre en marche. « Faudra que j'emprunte un PC à quelqu'un, doit bien avoir un moyen de l'appeler même si c'est dans 6 mois. Dans les films ils y arrivent bien ! »

Oui, une bougie. Pour l'honorer. Peu importe la religion, ça fonctionnera. Le visage de Seito s'éclaire quand son camarade approuve. Il lui embraye le pas et ne manque pas de lui accorder un regard horrifié. Oh ça oui, il y a des moyens de les contacter mais il ne s'y risquerait pas. Ou plus. « T'es sûr de toi ? » demande-t-il, inquiet avant de marmonner : « J'dis pas que tu devrais pas, hein. Mais j'veux pas que tu te fasses de faux espoirs... » Et puis son souhait d'aider l'espagnol passe au-dessus de ses peurs, bien que très concrètes, alors il poursuit : « Rinbo, enfin Nolan a un PC si tu veux. Il acceptera sûrement de t'le prêter. »

« Ouais, j'sais que c'est pas facile et tout... mais faut au moins que j'essaie. » Il se tourne vers Seito avec des p'tits yeux pétillants quand il parle de Nolan. « C'est vrai, tu crois qu'il accepterait ? Toute façon j'supprimerai l'historique, comme ça il aura pas de souci ! »

« Bah ouais, il est cool. Y'a pas d'raison qu'il dise non. En plus il a déjà fait toutes ces recherches. Limite tu pourrais lui demander direct. »

« Déjà fait ces... Attends... » Pablo est surpris que Seito ait pu découvrir le pot-aux-roses, même interloqué que Nolan puisse avoir de la famille en prison. « Comment ça ? »

Hein ? La réaction de Mora lui fait froncer les sourcils d'incompréhension. Il n'y a rien de répréhensible à dialoguer avec les morts, il faut juste qu'il fasse très attention. Le ton qu'il emploie se veut détendu mais il n'en est rien. « Disons que... j'ai fait une séance de spiritisme une fois avec lui, ça s'est pas passé comme prévu. » Une belle façon de dire qu'il a tellement pété un boulon qu'il a failli se sacrifier pour se libérer d'un démon centenaire.

« Une séance de spiritisme ? » Pablo s'arrête et cligne des yeux, paumé. « Mais ça a rien à voir avec... Attends, t'as compris quoi au juste ? »

« Hein ? » Seito, plongé dans sa lutte démoniaque, n'avait pas remarqué que l'espagnol s'était arrêté. Il en fait de même un mètre plus loin en se retournant, confus. Allait-il vraiment falloir qu'il pose des mots sur le deuil de son camarade ? Vu la peine que cela lui causait trois ans après, il ne voyait pas l'utilité de remuer le couteau dans la plaie. Ni aujourd'hui, ni jamais. Pourtant, il ne se voit pas rejeter sa question avec une réponse idiote. « Je- J'ai perdu mes grand-parents jeune alors je sais ce que ça fait de perdre un proche. »

« J'suis désolé pour tes grand-parents mec... Mais, euh, j'ai pas perdu mon père. » Pablo est bouche-bée et se demande où il a pu faire erreur, mais il est bien trop surpris pour réfléchir. Il répond du tac au tac sans trop en dire : « J'sais pas où ça a coincé, mais mon padre est vivant, c'est juste qu'il est... difficile à joindre. Question de sécurité on va dire. »

Silence. GROS SILENCE. « Oh. C'est... tant mieux. Vraiment tant mieux. » Le rouge lui monte aux joues, il détourne le regard. Puis il se remet à marcher. « Allez, on ferait mieux de rentrer. J'suis pas sûr que tes skills d'espion te sauveront d'une heure de colle si on s'fait choper. » Question de sécurité... hum. OH ! Peut-être est-il réellement le fils d'un espion ?! Bon sang mais tais-toi cerveau de malheur...

« Ouais... Et déso, j'ai dû me foirer en essayant d'expliquer mais j'peux pas trop en parler. » Et risquer de se faire cataloguer "fils de taulard" alors qu'à ses yeux, son père n'est pas un homme mauvais, qu'il est son héros. Fort et rebelle, mais qui s'est fait pincer, certes.  « Ouais, faut se grouiller. On dit quoi pour ce matin ? J't'ai amené à l'infirmerie parce que tu t'sentais mal ou une connerie du genre ? Quoique, ils vont croire que j't'ai encore frappé... Hm, ou l'inverse sinon ! J'sais jouer le malade, tkt ! »

Et peut-être qu'il est infiltré pour une mission supra top-secrète et sa couverture est en péril parce que son fils le sait et que ça pourrait lui retomber dessus à tout moment alors il a dû le cacher à KHS le temps que ça se calme. Sauf que ça fait déjà trois ans et qu'il n'y a plus de signe de lui et forcément son fils commence à se poser des questions et souhaite partir à sa recherche pour l'extraire d'un groupe de yakuzas sur-armés qui le retiennent captifs sur une île au milieu de l'océan et... « Ouais ouais, on peut dire ça. » acquiesce-t-il sans avoir réellement écouté. 

Pablo acquiesce, ils partent donc sur cette idée. Il ne leur reste qu'à rentrer direction l'infirmerie pour jouer la comédie. Mais avant, il reste un détail à régler : « Seito, ça peut rester entre nous ? J'trouverai autre chose pour emprunter son PC. Moins les gens en savent, mieux c'est. »

Les bandes-annonces et autres génériques interactifs s'interrompent dans son cinéma cérébral alors qu'il pose deux billes rondes sur Mora. On y est. Sa chance de se racheter, elle est là. Elle réside en cette simple promesse qu'une confidence surprenante a induit. Peu importe l'identité de son père, Seito se veut confiant. Confiant qu'un jour viendra où Mora se sentira assez confiant pour lui confier le reste de l'histoire. Et quand ce jour viendra alors le japonais saura que tout cela valait la peine. Que tous ces errements, tous ces trous sur le chemin, n'étaient que de bêtes épreuves pour prouver sa valeur.

Seito inspire et attrape le petit-doigt de Mora avec le sien. Un frisson le parcourt et vibre jusque dans son regard qu'il plante dans les émeraudes de son camarade.

« Promis, juré. »

#terminé




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