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En plus, elle avait dû tout faire en cachette de Ryuji, parce qu’elle n’avait rien voulu lui dire tant qu’elle n’était pas certaine d’être inscrite et acceptée. Elle aimait son Yuyu-chan de tout son coeur, mais elle ne voulait pas dépendre de lui tout le temps. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait demandé une chambre sur le campus, elle ne voulait pas prendre de place chez lui si elle pouvait faire autrement.
Le souvenir des espèces d’examen à passer lui fit froid dans le dos, elle se souvenait des heures d’études acharnées qui avaient un peu impacter son activité sur instagram, mais maintenant que c’était fait, elle se sentait légère et, en passant devant un mur sur lequel on voyait des peintures, elle s’arrêta net. Elle avait voulu aller voir son frère immédiatement mais… Mais après tout, pourquoi rendre les choses si banales quand elle pouvait en tirer un vrai spectacle et en faire profiter toute sa communauté ? Cela expliquerait son absence en plus de créer un peu de teasing sur son compte… Et si elle envoyait le tout en message à son frère… Oui c’était décidément le plan parfait ! La jeune femme mit sa main devant sa bouche pour la cacher et se mit à rire doucement.
Fufufu, tu vas devoir jouer les détectives Yuyu-chan !
Elle regarda le mur de plus près, repéra un personnage de jeu vidéo réalisé en pixel art et passa un doigts léger dessus. Sec. La brunette sut exactement quoi faire pour annoncer à Ryuji qu’elle allait maintenant venir à l’école avec lui. Elle saisit son téléphone, ouvrit son compte instagram, choisi le filtre qu’elle utiliserait sur ses stories du jour et, une fois fait, inspira avant de lancer la vidéo :
Salut mes amours !
Désolé d’avoir été absente ces derniers jours, mais ça y est, vous allez enfin savoir pourquoi !
Je vous propose de découvrir ça via un petit jeu ! Je vais disséminer des indices sur le lieu où je me trouve et ce sera à vous de les repérer pour deviner mon changement de vie !
Elle rit de nouveau, bouche cachée derrière sa main, signant la fin de vidéo de son célèbre “Fufufu” qui était devenu une véritable marque de fabrique pour ses abonnés.
Alors à bientôt mes amours !
Elle envoya un baiser vers l’objectif et coupa la vidéo, la re-visionna pour vérifier qu’on ne voyait rien de trop évident et elle ajouta un petit coeur en pixel Art à la fin de la vidéo avant de la poster. Dans la foulée, elle la transféra à son frère avec un petit commentaire : Regarde, je propose un jeu à mes abonnés ! Je suis dans un endroit spécial aujourd’hui, tu le reconnais ?
À moins qu’il ne soit un inconditionnel du mur d’art de son école, il était peu probable qu’il reconnaisse cet endroit du premier coup d’oeil, il fallait donc qu’elle trouve un autre endroit pour diluer des infos par-ci par-là sans jamais révéler le nom de l’école. Elle avait quelques dingues qui la suivaient et qui seraient sans doute prêts à débarquer pour un autographe. Si elle pouvait éviter ça, ce serait toujours mieux pour elle.
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Mercredi... Vous avait-on déjà dit que Ryuji Yamashiro, toujours trentenaire, toujours professeur de design et toujours officiellement célibataire (vous commencez à connaître le refrain), n'aimait pas particulièrement le mercredi ? C'était synonyme de cours et autres joyeusetés. Fort heureusement, cette journée était exceptionnellement tranquille et à part buller un peu en salle des professeurs en lançant des emballages de sucreries sur le bureau de son collègue historien, les pieds sur son collègue professeur d'arts plastiques, il n'avait rien grand chose à faire.
Il avait tellement peu à faire qu'il était carrément occupé à parcourir les réseaux sociaux en cherche de distraction. Entre deux stories sur des plats qu'il nota dans sa tête pour la prochaine fois qu'il ferait à manger à Moon, il reçut un message. Sursautant, il se redressa sur sa chaise et ouvrit le message. Déception, ce n'était pas sa coréenne mais une créature ô combien plus diabolique : sa soeur. Il leva un sourcil en voyant ensuite la publication.
Ils avaient coutume de parfois faire ce genre de jeux de piste, elle lui avait fait le même coup lorsqu'il s'était exilé à la capitale, tout ça pour qu'elle lui annonce qu'elle allait passer quelques jours collée à ses basques... avant de lui réclamer les clés de l'appartement qu'il possédait à Okinawa. Il eut un frisson, comme un mauvais pressentiment. Il espérait sincèrement qu'elle ne se lance pas de ce genre de petit jeu, manquerait plus qu'elle vienne le chercher jusqu'à son lieu de travail et de vie actuel. Il soupira pour lui répondre par message : T'as vraiment envie de jouer à ce jeu là ?
Franchement, il espérait avoir tort mais un élément de la photo semblait lui indiquer qu'elle se trouvait ici même à la KHS. Impossible, se dit-il, elle n'avait rien à faire là.
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Fufufu peut-être bien cher frère !
Elle avait beau savoir qu’il détestait ce genre de jeux de piste, elle s'amusait toujours à en créer pour faire monter le suspense de ses visites surprises. Et puis elle prit un instant pour vérifier ses messages sur insta. Beaucoup de ses followers commentaient sa story en lui demandant si elle était à une expo d’art. Elle ricana, fière que personne n’ait trouvé si vite et elle chercha si, d’où elle était, elle avait vue sur un bâtiment connu, mais elle ne vit rien.
Haussant les épaules, elle prit en photo le coin de son emploi du temps, on ne voyait pas le nom de l’école, seulement le nombre d’heures et de crédit pour la prochaine période. Rien de bien folichon, mais peut-être que Ryuji comprendrait qu’elle avait reprit les cours de manière plus assidue. Elle posta sa story avec pour légende Tiens tiens tiens… Un bon point et un baiser à ceux qui trouvent de quoi il s’agit !
Elle hésita un instant, puis décida de ne pas la transférer à son frère. Si la typographie ou autre du document était facilement reconnaissable, tout son effet tomberait à l’eau. Alors à la place elle lui envoya la photo d’une poignée de porte. Cela aurait presque pu être de la macro-photo si l’objectif de son téléphone était capable de capter plus de détails. Mais cela suffirait amplement pour casser les pieds de son frère.
Futaba se mit à rire et continua d’avancer pour arriver jusqu’aux dortoirs. Si elle suivait les indications, elle était chambre U-6, donc elle allait devoir passer devant… Ah oui voilà, c’était bien ça, elle lisait le plan correctement. Elle continua de marcher, traînant sa valise derrière elle, heureuse d’avoir investi dans un de ces engins qui aspirait l’air des sacs de vêtements pour en limiter le volume. Elle avait gagné en place ce qui lui avait permis de prendre des pulls chauds pour éviter de mourir de froid, l’hiver approchant à grand pas. Elle avait aussi pris un gros manteau pour se protéger de la pluie et, il fallait l’avouer, son vieux monsieur chiffon. Un vieux doudou fait à partir d’une taie d’oreiller qu’elle traînait partout et sans lequel elle n’aimait pas dormir. Elle en était capable, mais elle détestait ça.
Elle se demanda si Yuyu-chan avait reçu la photo de la poignée de porte et ce qu’il en avait pensé. Avait-il regardé sa story ? Elle avait hâte d’être dans sa nouvelle chambre pour pouvoir tout vérifier sur son téléphone. Et peut-être même rencontrer sa colocataire !
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Il se redressa sur sa chaise en recevant le message vidéo de sa soeur. Elle le cherchait vraiment ! Il mit la vidéo en pause pour tenter de déceler le moindre indice mais, évidemment, il ne vit rien. Deux hypothèses :
1. Elle avait totalement perfectionné l'art de la prise de vue en étant une influenceuse et avait fait exprès de cadrer la vidéo sur sa vieille face pour ne pas qu'il puisse voir le moindre indice sur sa localisation.
2. Ryuji était totalement nul à ce jeu-là et ne voyait pas les indices gros comme des maisons. Ca lui rappelait vaguement les années lycée et fac où il n'était pas fichu de capter les signes de ses prétendantes... Tellement d'occasions manquées...
Il soupira et répondit au démon : Tu fais chier, sorcière.
. Il ne put s'empêcher de sourire en coin en appuyant sur le bouton d'envoi. Ca pouvait l'amuser ce genre de jeu de piste, tout dépendait de ce qu'elle avait derrière la tête. Si elle était venue à Kobe comme elle l'avait fait précédemment pour Tokyo comme il le craignait, cela risquait de foutre une pagaille monstre. Si c'était le cas, il ferait mieux de mettre les choses au clair avec elle au sujet de Moon... A moins qu'il n'omette totalement sa pauvre belle en espérant qu'elle ne lui en parle pas... ?
Il y repensa, à Moon, ils s'étaient croisés dans les couloirs, avaient partagé leurs pauses déjeuner et avait même participé en duo au test de courage d'Halloween, en plus d'avoir fait une apparition au bal ! Que de chemin parcouru depuis cet été, même s'ils n'avaient plus du tout reparlé de couple ou de leur relation tout court depuis sa dernière visite chez elle. Il secoua la tête, hésitant à envoyer un message à sa coréenne, et préféra continuer d'investiguer en allant voir les stories de sa soeur.Mouais... rien d'incroyable. J'arrive pas à voir où elle peut être... il passait à vitesse grand V sur chacune de ses stories plus inutiles les une que les autres avant de tomber sur un gros plan sur une poignée de porte Ah tiens, c'est marrant, on dirait presque celles d'ici. Ca doit être plutôt commun en même temps...
Inconscient d'être passé sur l'indice crucial, il se releva, observant le foutoir laissé sur le bureau d'Ogawa, souriant, plutôt fier de lui, avant de se préparer à aller se planquer pour s'octroyer une petite pause cigarette. Il avait réduit les quantités mais bien souvent, le tabac l'aidait à réfléchir. Il voulait que ce petit jeu ne dure pas trop longtemps.
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futaba se mit à ricaner, main devant la bouche avec la sensation que ça ferait la parfaite future photo à envoyer à son frère. Mais comprendrait-il le message cette fois ? Elle cadra pour sa story en prenant son côté de la chambre avec les doigts faisant le signe de la victoire et envoya ensuite un baiser à l’objectif. Elle posta et transmis le message à son frère. Il avait le choix cette fois-ci, il pourrait reconnaître le mobilier du campus au moins, s’il faisait le lien avec tout, il devrait comprendre normalement.
Elle ajouta une photo à sa story où son monsieur chiffon était posé sur le lit. Si là, il ne voyait pas le signe de son installation imminente c’était énorme. Après, de là à ce qu’il comprenne qu’elle venait vivre sur le campus de Kobe parce qu’elle avait repris des études dont elle ne lui avait pas parlé… C’était une autre histoire encore.
Elle ajouta un petit message à sa story : Alors mes amours, vous avez compris mon changement de vie ? J’attends vos suppositions par DM, certains sont déjà sur la bonne voie ! Qui sera le premier ou la première à trouver !
Futaba ouvrit sa valise, sa petite armoire et commença à ranger ses affaires pour commencer son installation. Elle devait aussi faire son lit avec ses draps qui étaient emballés dans sa petite valise. Elle ouvrit le sac qui contenait ses jupes et quelques pantalons pour les mettre dans la partie penderie. Elle avait aussi plusieurs uniformes scolaires qu’elle ajouta dans la partie penderie et rangea aussi son mini fer à repasser et une toute petite planche. Elle n’était pas certaine que ça lui serait utile, mais mieux valait se préparer à tout. Et puis si un de ses uniformes était un peu froissé, elle pourrait remédier à la situation très rapidement. Si sa colocataire en avait besoin, elle le lui prêterait avec plaisir, si cela permettait d’avoir de bonnes relations de chambrée.
Elle prit ses draps, rangea plusieurs d’entre eux dans l’armoire et fit son lit, ajoutant un plaid sous la couverture car elle se savait un peu frileuse quand l’hiver approchait et elle ne savait pas comment fonctionnait le chauffage dans les chambres. Une fois fait, elle mit la valise sous le lit et sortit de son sac à dos tous les cours qu’elle avait eu dans son ancienne université pour les ranger sur son bureau. Elle ne savait pas exactement de quoi elle aurait encore besoin, alors elle avait tout pris en se disant qu’elle ferait le tri au fur et à mesure quand elle aurait récupéré les syllabi d’ici. Elle n’avait plus rien à faire à présent et elle quitta la chambre, laissant un mot sur le bureau de sa colocataire au cas où, pour lui indiquer qu’elle n’était plus seule dans la chambre et se mit à chercher la bibliothèque de l’université.
Il allait aussi falloir qu’elle jette un coup d'œil aux différents clubs pour développer sa vie sociale et éviter de finir vieille, seule et moche avec des followers aux abonnés absents. Elle glissa son téléphone dans la poche de son pull et songea que, peut-être, elle ferait un détour par la boutique du campus s’il y en avait une. Acheter un pull de son université ne serait pas une mauvaise idée pour marquer son appartenance et récupérer des vêtements chauds. Et si Yuyu-chan n’avait toujours pas compris, elle n’aurait qu’à lui envoyer une photo d’elle portant ledit pull… Peut-être… Ou alors, elle débarquerait dans la salle des profs ou dans sa salle de classe !
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Il monta quatre à quatre (ou presque) les escaliers le séparant de son petit spot privé et très illégal, cette cage d'escaliers menant au toit du bâtiment où était situé la salle des profs qu'il occupait le plus, non loin d'un autre accès où sa chère et lui s'étaient retrouvés lors d'une pause déjeuner. Il n'avait pas le temps pour le nostalgie et la mièvrerie ce jour-là, non. Il devait trouver ce que sa satanée sœur manigançait, sinon ça allait le hanter pour le reste de la journée, voire de la semaine.
Une fois dehors, la clope au bec, il observa tout le campus tel un aigle sur son perchoir, tel une vigie au sommet d'un mât. Où était elle, que fabriquait elle, et un tas d'autres interrogations se bousculaient dans sa tête de brouquin* alors que la fumée s'échappait de son nez. Frustré, le dragon de la montagne d'Okinawa commença à fulminer lorsqu'il reçut une notification sur son portable. Encore elle. Evidemment, elle le narguait à nouveau.
Il observa sa story, puis les précédentes, enfin tous les indices avec un air perplexe, la main sur le menton quand soudain... l'épiphanie.
Quoi !?
, laissa-t-il échapper en manquant de faire tomber son téléphone et sa cigarette. Elle est ICI !?
Il n'avait plus aucune forme de doute. Tout concordait ! La photo de la poignée de pote, ses indices sur un changement de vie pour ses followers, le personnage de la fresque et maintenant ça ! Pour lui, plus aucun doute, elle avait infiltré l'école en vue de lui soutirer quelconque information ou pire : pour monnayer son silence face à Moon au sujet de son enfance ou d'autres détails gênants de sa vie ! Il recracha la fumée une dernière fois par le nez, balança le mégot dans une vieille cannette et descendit les escaliers encore plus vite qu'il les avait montés.
Il ne savait pas encore où elle se cachait mais il avait la certitude que c'était sur le campus. Ni une ni deux, il dégaina son téléphone et composa le numéro de sa cadette. A peine eut-elle le temps de décrocher qu'il asséna son coup, en français bien évidemment : Je t'ai eue.
Il raccrocha immédiatement, il espérait qu'elle panique un peu à cette annonce mais ne voulait pas lui laisser le temps de répliquer en audio. Sur le coup, il se mit à regretter qu'elle ait changé de téléphone et qu'elle n'ait plus cette petite app de localisation que leur père avait discrètement installée pour elle quand elle avait commencé à se déplacer pour ses contrats d'idol. Certes pour la confidentialité et la vie privée on repassera mais elle était pratique cette app... Il aurait pu la coincer plus vite comme ça.
Déterminé à la débusquer, il se mit en route vers le bâtiment des dortoirs.
* Brouquin (n.m., négologisme) : contraction de brun et rouquin
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La jeune étudiante ne put s'empêcher de déglutir avec inquiétude. Pour que Yuyu-chan ne lui laisse pas le temps d'argumenter au téléphone, c'est qu'il devait être vert de rage. Le tout était de savoir si c'était contre elle ou contre lui-même de ne pas avoir saisis les indices plus tôt. Mais Futaba savait qu'elle risquait de passer un sale quart d'heure quand son frère comprendrait qu'elle allait rester ici, mais quitte à poursuivre ses études, elle voulait étudier dans une bonne école et, d'après ce qu'elle avait lu, Kobe highschool était l'une des meilleures. Le programme à suivre ici était plus avancé que celui de son ancienne université et les examens que Futaba avait dû passer pour être acceptée lui avait pris un temps d'étude considérable.
Déambulant dans les couloirs, la nouvelle venue sentit un frisson le long de son dos. C'était sans doute l'appréhension de l'approche de son frère qui risquait de lui passer un savon. Finalement, elle aurait peut-être dû lui en parler avant de s'inscrire... Mais au final, la situation était telle qu'elle était et on ne pourrait plus rien y changer en tous les cas. L'étudiante inspira et héla un lycéen pour lui demander la direction de la bibliothèque, elle avait besoin d'aller récupérer la liste des livres qu'elle devrait se procurer pour suivre les cours de cette année. Ensuite, elle devrait commander ses livres à la librairie si elle voulait les récupérer suffisamment vite pour pouvoir suivre les cours.
Elle devrait également aller voir chacun de ses professeurs pour s'assurer de rattraper les quelques lacunes qu'elle avait de son ancienne université. Elle avait réussi ses examens d'entrée, mais malgré tout, elle n'avait pas fait un 100%, elle avait sentit que certaines questions ne lui évoquait même pas l'ombre d'une réponse. Futaba remercia l'étudiant et fila vers la bibliothèque pour s'y installer. Peut-être que si son frère l'attrapait dans la bibliothèque, il ne pourrait pas crier et serait obligé de garder une voix basse, ce qui serait plus pratique pour elle. Elle se décida et elle entra dans la bibliothèque d'un air déterminé avant de se diriger vers les bibliothécaires. Elle posa les questions qu'elle devait poser et s'installa dans un coin avec un livre de fiction, postant une photo du livre posé sur ses genoux. Son frère comprendrait sans doute le message...
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Mission : débusquer la peste connue sous le nom de Futaba Yamashiro.
Éléments en possession : la suspecte semblait se cacher dans l'un des bâtiments de KHS, probablement les dortoirs. La cible semblait indiquer son inscription toute récente dans l'établissement. L'agent Yamashiro s'est vu chargé de la mission de la trouver, coûte que coûte, et de la faire taire si cela devait s'imposer.
Tel l'agent Bond, Ryuji récapitula tous les éléments à sa disposition dans sa tête tout en se dirigeant vers les dortoirs. Fort heureusement, ils n'étaient pas loin de là où il passait ses pauses cigarettes habituellement, alors il arriva assez vite sur place. Bien évidemment, personne pour lui indiquer quelconque registre ou bien tout simplement des plaques sur les portes pour détailler les occupants des chambres ! C'eût été bien trop facile, n'est-ce pas ? Le trentenaire maudit encore un peu plus sa soeur et l'école, il devait la trouver et vite, c'était presque comme une question de vie ou de mort à ce stade.
Faisant les cents pas dans l'un des couloirs, son téléphone lui indiqua que Futaba avait posté une autre story sur son compte. Ni une ni deux, il dégaina son téléphone et observa avec attention la photo : des genoux, un livre, un cadre qui ressemblait à s'y méprendre à une bibliothèque. Visiblement, Futaba avouait sa défaite et se rangeait bien sagement dans un endroit facile d'accès. Direction la bibliothèque, donc...
Une fois devant la porte de la salle, il prit une grande inspiration et y pénétra. Quelques étudiants étaient là, semblant réviser tandis que d'autres étaient grondées par l'une des bibliothécaires de l'école. Décidément, ils avaient du fil à retorde avec ces sales gosses... Et en parlant de sale gosse, Ryuji retrouva celle faisant office de soeur, au fond de la salle, un peu isolée, semblant toute sage et tout calme. Quelque chose clochait, était-ce un piège ? Une seule façon de le savoir.Eh bien, bonjour soeurette.
, dit-il à voix basse une fois à sa hauteur, n'attendant pas de réaction de sa part et s'asseyant juste en face d'elle, bras croisés, l'air sombre. Il voulait lui mettre la pression de suite pour qu'elle crache vite le morceau. C'était comme ça qu'il faisait depuis qu'ils étaient petits.
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Que... Yuyu-chan... Yuyu-chan !!!!
Sa lecture encore en tête, Futaba avait momentanément oublié qu'elle était ici sans avoir prévenu son frère et elle lui sauta au cou tant il lui avait manqué. Puis l'évidence la frappa comme une pierre tombe dans l'eau, un fracas assourdissant dans son esprit. Yuyu-chan s'était assis, il avait le regard noir et elle ne sentait pas ses bras autour d'elle. Il devait être fou de rage. Et elle connecta tous les wagons à la locomotive de son esprit. Elle s'était inscrite sans lui en parler, reprenait ses études sans rien dire, était venue dans SON université et par dessus le marché, le mettait devant le fait accomplis avec une chasse au trésor pour comprendre. Elle allait passer un sale quart d'heure.
Elle recula et regarda son frère dans les yeux avant de rapidement baisser le regard. Elle n'aucune de comment, mais elle allait devoir l'amadouer pour qu'il ne lui hurle pas dessus. Le choix de la bibliothèque était définitivement le meilleur endroit pour avoir cette conversation. Elle ouvrit la bouche, la referma un instant et finit par gratter une tâche imaginaire sur l'accoudoir.
Salut grand frère...
Avec un peu de chance, la technique du "Je suis désolé" pourrait peut-être l'amadouer un peu. Mais elle n'était sûre de rien en cet instant précis alors elle décida de prendre les devants et de laisser passer la foudre qui risquait de s'abattre.
Je.. écoute je sais ! Je sais que je ne devrais pas être ici comme ça mais j'ai une bonne nouvelle ! J'ai repris mes études. Mon Instagram fonctionne vraiment bien, mais si je veux en tirer pleinement parti, je vais devoir travailler dur et j'ai besoin de suivre des cours pour m'assurer un avenir. Et je... J'ai toujours aimé venir te voir ici, alors à choisir entre une université quelconque où celle de mon frère pour ne pas être toute seule, le choix était vite fait non ?
Puis tu vas quand même pas m'en vouloir de vouloir reprendre des études hein ?
Elle avait prononcé la dernière phrase un peu plus fort, s'attirant le regard d'un élève qui tentait d'étudier, elle fit un rapide signe d'excuse avec une moue désolée et pria pour que Ryuji se contienne et pour ne pas avoir mis le feu aux poudres. En se trouvant dans un lieu emplit de papier, ça pouvait très vite déborder.
- InvitéInvité
Mission : accomplie, la suspecte a été appréhendée dans la bibliothèque. Elle allait dès à présent passer à l'interrogatoire. L'agent Ryuji Yamashiro s'avança, lui fit face et commença les hostilités.
... ou en tout cas c'est ce qu'il semblait se passer. Ils étaient face à face. Futaba devenait tour à tour rouge pivoine et pâle, presque verdâtre. La joie de revoir son frère avait été éclipsée par son air sombre d'aîné. On ne joue pas avec les pieds de Ryuji "le dragon" Yamashiro comme cela, elle le savait pertinemment. Il se souvint d'une scène analogue, quand il travaillait à Tokyo, où elle avait fugué pour s'introduire dans son petit appartement. Ryuji aurait pu l'accueillir sans rien dire si elle avait un souci nécessitant sa fuite mais c'était sans compter sur la manie de sa soeur de fourrer son nez dans ce qui ne la regardait pas. Elle avait critiqué l'ordre et la propreté de l'endroit, à l'époque, alors qu'elle n'était guère plus ordonnée dans sa propre chambre.
Et justement, sa propension à se mêler de tout et de rien, c'était ce qui l'inquiétait. Même si au dernier moment elle avait réussi à le faire tourner les talons et repartir vers chez Moon quelques semaines auparavant, elle en savait trop. Bien trop. Manquerait plus qu'elles se croisent et que la sale gosse l'ouvre un peu trop. Elle en savait bien trop, oui. Comme un agent double prêt à trahir sa patrie pour le Bloc de l'Est. Ryuji devait l'éliminer, la faire disparaître. Une "mise au vert", comme il disaient à l'époque.
Il se reprit toutefois quand elle se lâcha, expliquant sa présence à KHS. Son choix semblait logique mais bon... des universités il y en avait pas mal. Même à Kobe ou aux alentours si elle voulait tant ne pas être éloignée de lui ! Encore heureux que les étudiants devaient loger sur le campus, il la voyait bien s'amener par surprise chez lui. Même s'il avait laissé une chambre d'amis disponible pour elle, juste au cas où... Au fond ce n'était pas sa présence qui posait problème mais son caractère impromptu et imprévu. Il s'était préparé à sortir un réquisitoire bien ficelé à sa plaidoirie mais la dernière phrase l'étouffa net.Puis quoi encore !?
, dit-il plus haut encore, en français, ce qui attira le regard des curieux. Me mets pas dans tes plans foireux, sorcière ! Maman est au courant ?
. Deuxième regard insistant de la bibliothécaire. Encore un et il finirait sa journée au piloris, enchaîné. Elle n'était vraiment pas réputée pour être tendre, cette bibliothécaire là.
Il reprit son calme et reprit, un peu plus froidement. Ta décision de reprendre des études est bonne et louable, hein, ne doute pas de moi quand je te dis ça... il baissa progressivement le volume avant de reprendre en tapant silencieusement sur la table mais merde, pourquoi ici ? T'en as plein d'autres de fac à Kobe...
. Il posa le front sur une main avant de reprendre. T'as pris quelle option ? Quels cours ? Quels clubs ?
Question ô combien importante. Il devait s'assurer qu'elle croise Moon le moins possible. Réduire les risques c'était réduire la probabilité d'un dérapage.