- Le DoyenPersonnel ; directeur (pnj)■ Age : 16■ Messages : 7830■ Inscrit le : 20/11/2007
Mon personnage
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C’est l’heure d’une petite interrogation surprise ! Vous qui aimez donner votre avis, cette dissertation devrait vous mettre en joie. En voici le sujet : Discuter, est-ce renoncer à la violence ? Vous avez 4 heures.
Dans cette épreuve, pas de forme imposée, pas de défi. Simplement votre imagination. Que ce soit au travers d'un souvenir personnel ou non, mettez votre personnage en scène vis-à-vis de la thématique proposée.
▬ Cette épreuve est un solo.
▬ Vous avez 24 heures pour poster votre réponse.
▬ L'épreuve se termine le dimanche 16 octobre à 23h59.
▬ Les réponses sont limitées à 1500 mots maximum.
- La CorriveauInvité
silenced
Examen de philosophie | Interforum XV
- La Corriveau:
La Corriveau est un personnage du folklore québécois basé sur Marie-Josephte Corriveau.
Dans les Otherlands, il s’agit d’une passeuse qui ramenait des Alices (humains) pour le Royaume Noir avant la chute de ce dernier. Après la mort de son premier mari, la Corriveau a épousé un noble qui s’est avéré abusif. Elle l’a donc assassiné tentant de faire passer sa mort comme accidentelle. La supercherie n’a pas fait long feu, car les rumeurs de meurtre se sont faites entendre rapidement. Friands de scandales, les habitants ont commencé à prétendre qu’elle avait tué son premier mari et probablement 3 ou 4 autres époux imaginaires.
Malgré ses contestations, La Corriveau a été condamnée pour de multiples meurtres qu’elle n’a pas (tous) commis. Les Passeurs étant une denrée rare, elle se verra épargner la peine de mort, mais passera plusieurs jours suspendue dans une cage de fer après qu’on lui ait retiré sa langue calomnieuse.
Ce texte se déroule un peu après qu’elle ait été libérée de sa cage, alors qu’elle recommence à faire des passages pour le Roi Noir.
Alice: Les alices sont des êtres humains kidnappés à leur monde et ramenés dans les Otherlands. On récupère leurs âmes afin d’alimenter le pouvoir des dirigeants des royaumes.
TW: Mention de torture, da sang et d'abus psychologie
Si tôt. Trop tôt. Remise en fonction. On te réclame dans l’autre monde. La marque des fers encore fraîche contre ta peau. Les alices manquent. Il te semble qu’elles manquent toujours. Avide avarice. Ton Roi les collectionne. Bétail précieux. Gardé jalousement. Carburant de sa puissance. Une âme de plus pour la conquête. Une âme de moins pour le royaume blanc.
Et toi? N’es-tu pas aussi pièce à sa collection? Protégée. Sauvée pour convenir à ses ambitions. Ta liberté l’as-tu gagnée? Ou n’est-elle pas le fruit de ta rareté? Précieuse. Pour tes dons. Ta race. Née déjan’thé, combien de temps aurais-tu balancé dans ta cage de fer? T’aurait-on seulement laissé la vie? Chéris ton souffle Corriveau. Il t’échappera si tu faux à tes fonctions.
Te revoilà dans cet autre monde. Intrus parmi les Hommes. Ton regard glisse sur la cuisine où tu es apparue. Le repère rapidement. L’Alice te fait dos. Appuyé dans l’embrasure d’une porte qu’il ne franchira plus. Comment faisais-tu? Pour les convaincre. Leur donner l’espoir vainc. De trouver mieux en ton monde. Tu te sens imposteur. Dans ta bouche, l’absence linguale est lourde. Lourde des mots que tu ne prononceras plus. Lourde des argumentaires que tu dois taire. Des mensonges que tu leur glissais avec légèreté. La main tendue, tu murmurais à leur oreille. Dressais le portrait de leur plus grand fantasme. Oratrice. Ils n'avaient d’autre choix que de te suivre.
L’homme se retourne. Ton bras s’étire devant toi. L’invite. Tes lèvres s’entrouvent. Tes mots s’étouffent. Forment un soupir grotesque. Plus jamais ils ne tisseront le fil de ta pensée. Son regard se braque sur toi. Brille de son dédain. sa colère. Où est passée l’inquiétude? La curiosité? La peur? Ces émois auxquels tu es habituée? Tu ne vois en ces yeux que souvenirs douloureux. D’un passé trop présent. Trop frais pour être oublié.
Ce dégoût. Cette humiliation. Tu ne l’as connu que trop bien. Entre les bras d’un homme qui ne t’a jamais aimé. Ton second mari tant adulé. Pour la cour, vous étiez un couple parfait. Pour toi, il était une nouvelle chance. Un promis idéal te disait-on. Un promis au discours élogieux. Entre ses vers nichait ta déchéance.
Sous couvert de conversations, ses mots te laissaient cette impression d’être en faute. N’avait-il pas été clément? Ne t’avait-il pas laissé t’exprimer? Pourtant ses reproches incessants piquaient. Brûlaient. Petit à petit, l'amour que tu te portais se consumait. Tu n’étais pas suffisante. Qu’un poids dans cette relation. Une honte à traîner. Tu n’avais que toi à blâmer.
Tu contestais. Te défendais. Luttais pour sauver ta dignité. De sa douceur éternelle, fallacieuse, il démantelait tes dires. Manipulait ta parole. S’emparait de ton pouvoir. Assoyait sa domination. De vos échanges ne naissait qu’une douleur perçante. Une violence inavouée. Imperceptible. Et pourtant elle te prenait à la gorge. T’asphyxiait lentement. Agonisante, le souffle court, tu as enfin perçu l’imposture. Tu as repris tes droits. Dérobé sa vie pour protéger la tienne.
Tu approches l’alice prudemment. Ignore son regard à l’image de ton oppresseur. Ta main se pose contre son bras. Délicate étreinte. Sauras-tu le convaincre? Sans syllabe. Sans discours. Tu doutes. Il repousse vivement ton toucher. Tu voudrais lui parler. Le rassurer. Comme tu le faisais avant. Pour les autres. Mais est-ce vraiment là le problème? Te sert-il encore de lui faire comprendre? Un don de parole changerait-il quoi que ce soit? Ou n’as-tu pas toujours gouverné ces discussions? Guidé tes alices en ton sens. Ignoré leurs objections pour valoriser tes propres intérêts.
As-tu vraiment été bonté? Le poids de tes mensonges n’est-il pas plutôt une preuve de ta violence. Des sévices que tu leur imposes? Es-tu vraiment plus douce que ceux qui chuchotaient sur ton passage? Des ouï-dires. Des commérages insidieux. Ceux qui propageaient des histoires insensées. Multipliaient le nombre de tes affronts. Ta route prétendument pavée des tombeaux de tes conquêtes.
Pour vaincre l’ennui, la masse a enterré les faits. Fait fi de la raison. Au bûcher, le monstre des légendes populaires. On a érigé une scène pour ton plaidoyer. Une mascarade. Divertissement pour la foule emballée. Une oreille sourde à ton écoute. Tu as étalé ta vérité. Tes souffrances. Tes erreurs. On a disséqué chacun de tes mots. On les a remaniés. Réécrit un conte qui leur convenait. On s’est rit de toi. “Écoutez la Corriveau, écoutez ses mensonges”. Ton sort était déjà décidé. Justice a été réclamée. Pour ton premier aimé. Pour ton second époux. Pour tous les autres qui n’ont jamais existé.
La sentence s’est abattue. Te brisant. Encore et encore. Meurtrissant ton âme. Écrasant ton coeur. Marquée éternellement. Par la tyrannie des tiens. La violence inouïe du royaume que tu chérissais. Un châtiment apparemment trop peu sévère Le supplice accablant des mots trop insuffisant. Une perversité inassouvie. Un désir de sang et de souffrance. Ton corps exposé en spectacle. Donné en exemple. En humiliation. Ta peau mutilé par le métal. Douleur incomparable à celle de ta langue. À la parole dont on t’a privée. Réduite au silence. Promise à ne plus jamais être entendue. Mais l’avais-tu déjà été?
T’apprêtes-tu à jouer le même jeu? Donner l’espoir d’être écouté. Alors que tu tires les ficelles. Manoeuvres ton pantin avec soin. Alors que son destin est entre tes mains. Plaisir malsain. Seras-tu cruelle Corriveau? Subira-t-il comme tu as subi? Un discours empestant la mauvaise foi. Bâillonné pour mieux être manipulé.
Plus jamais. Plus jamais ne feras-tu souffrir de cette façon. Vive, tu t’empares d’un couteau abandonné sur le comptoir. Tu glisses la lame contre son peau. S’il doit venir avec toi, tu ne te jouera pas de lui. Tu l'accompagneras. Sa main se pose contre la plaie. Tu la retire avec délicatesse. L’écarlate couvre doucement le sol. Ouvre un portail vers les Otherlands. Tu poses un doigt contre tes lèvres. Quémandes son silence.
Rien ne sert de discuter, si violence ne se tait.
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