Stop right there criminal scum [Ryu & Maya]

Ryuji était tranquille, Ryuji était peinard, il s'occupait de ses affaire en prenant un peu de temps pour lui en fin de matinée avant d'aller enseigner. Tout ou quasi tout se passait à merveilles, according to plan comme on dit en anglais ; bref, c'était une bonne journée et en plus de ça il faisait très bon, supportable, pour lui. Un plaisir de chaque instant. Sauf que... Loi de Murphy.

Elle se matérialisa en une jeune femme blonde aux robes de style gothic lolita, dont les talons claquaient avec fracas sur le sol du parc de l'université. Pourtant la lolita avait l'air le plus mignon et le plus saint possible, mais quelque chose en lui dans ses tripes lui intimait l'ordre de partir en courant ou de se préparer à absorber un choc.

Ah tiens, Mlle Wayne..., lui répondit-il avec le plus de courtoisie possible avant de la suivre un peu à l'écart, saluant les étudiants de son cours de l'après-midi avec lesquels il conversait alors.

Ils se retrouvèrent dans un coin un peu plus vide mais pas désert pour autant : suffisamment de témoins potentiels pour ne pas attirer l'attention sur eux, mais pas trop non plus. La question de la jeune femme le surprit quelque peu, certes il savait que Nissa et Maya se connaissaient mais il n'avait aucune idée du pourquoi du comment cette dernière était venue le voir au sujet de Nissa.

Euh... Tanaka... Nissa Tanaka, c'est ça ? Oui je l'ai déjà rencontrée, nous discuté, sans plus. Elle a des soucis ?

Ryuji resta pantois devant la lolita. Il s'était moqué d'elle ? Mais pas le moins du monde ! Bien au contraire en plus, il avait tenté de l'aider à parfaire sa technique au dessin en la faisant revenir sur celui qu'elle avait lâchement jeté à la poubelle ce jour)-là ! Il ignorait d'où elle sortait celle-là mais elle dépassait les bornes, déjà.

Alors., commença-t-il en prenant un air des plus sérieux. J'ignore qui a dit ça mais je ne me suis jamais, et entendez-moi bien là-dessus, jamais moqué de Mlle Tanaka. C'est elle qui vous envoie ? Que dirait-elle si elle savait que étiez venue me confronter comme ça sans preuve ?

Il joua la carte de la confiance et de l'autorité, ce n'était peut-être pas une bonne stratégie, Maya était moins impressionnable que ça, mais dans sur son lieu de travail il se devait de garder une certaine posture. Ils restaient prof et étudiante. Chacun à sa place, en somme, et Ryuji comptait bien lui rappeler cet état de fait.

Ryuji se retint de sourire mais pourtant, au fond de lui il avait un sourire presque carnassier, tel le plus grand esprit maléfique venant de trouver une faille dans le plan d'un adversaire: Nissa n'était absolument pas au courant de l'intervention de son amie, il était totalement impossible que la jeune fille ait envoyé sciemment son chien de garde le courser deux mois après un incident qui, bien que pas oublié, avait été passé à l'éponge. Il plissa le front en relevant les deux sourcils, les yeux fermés, en soupirant.

Allons allons. Mademoiselle Wayne. commença-t-il en rouvrant les yeux. Il avait fouiné dans les dossiers des étudiants pour en savoir un peu plus sur elle auparavant, et avait découvert son nom de famille. C'est très impoli et malvenu de venir sous-estimer le pouvoir de déduction d'un professeur comme vous le faites.

Il se gratta l'arrière du crâne, profitant de sa main pour vérifier que ses cheveux étaient bien attachés par la même occasion. Tout en regardant Maya droit dans les yeux, solide sur ses appuis malgré une posture globalement nonchalante. Si elle pensait qu'elle représentait une quelconque menace, elle se mettait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude.

Vous êtes consciente qu'une fausse accusation pourrait vous coûter jusqu'à 1 million de Yen ?

Il avait sorti la carte juridique, le montant n'était qu'indicatif bien évidemment, mais il l'espérait suffisamment probant pour être dissuasif.

Ryuji se reteint de couper court à la conversation : Maya le gonflait déjà à vouloir tout sur tout, elle était flic ou quoi? Pourquoi être si défensive envers une amie? A moins que...

Une idée saugrenue traversa l'esprit du professeur : et si les deux jeunes femmes étaient plus que des amies ? Cela ne le regardait pas le moins du monde mais cela pouvait totalement expliquer le comportement très défensif de Maya à l'égard de Nissa... Cependant, ça paraissait trop gros, beaucoup trop gros, pour que ce soit vraiment la raison de sa présence. Pour en avoir le coeur net, il devait prendre la température.

C'est bien de vouloir s'informer mais tout dépend pourquoi... lui répondit-il toujours avec nonchalance. Vous avez l'air proches avec Tanaka, Miss Wayne. En tout cas vous êtes très protectrice ! Si je n'avais pas eu un aperçu de votre propension à l'excès, j'aurais pu trouver ça... Il marqua une pause pour se rapprocher un peu d'elle tout en gardant une distance de sécurité, puis compléta sa phrase en surjouant la confidence : ... mignoN.

Il se redressa ensuite pour la toiser. S'il y avait anguille sous roche entre elles, ce genre de provocation devrait la trahir. On ne cherche pas des crosses à Ryuji Yamashiro sans conséquence.

"Bingo" se dit-il en analysant sa tentative de retournement de situation, qui lui parut simple comme tour de passe-passe, trop simple pour que ce soit innocent. Il fourra les mains dans ses poches et s'adossa à un mur proche, gardant toujours sa nonchalance, ce petit flegme qui pourrait faire craquer n'importe qui et surtout Maya.

Une critique ? Pas mon genre, voyons..., répondit-il en fermant les yeux et en secouant les épaules. Et je n'ai pas besoin de flirter, sachez-le. De plus – il rouvrit les yeux et fronça les sourcils, le regard pointé vers l'étudiante –, je n'interviendrais qu'en cas de force majeur, par exemple si cela concernait la femme que j'aime.

Il prit le temps de peser ses mots. Serait-il capable d'intervenir en personne si Moon avait un problème ? Si le destin les amenait à rencontrer le fameux Takumi, est-ce qu'il irait à la confrontation ? Comment réagirait-elle, aussi ? Il sortit de ses pensées en secouant légèrement la tête, ce n'était pas le moment de penser à ça, et il préférant autant ne pas y penser du tout. Les choses semblaient rouler sans accrocs avec sa belle, ce n'était pas pour rajouter du drama.

Eh, attends, de quoi te permets-tu ?

Il laissa s'échapper une réaction qu'il aurait préféré garder pour lui, il avait la main la seconde d'avant, il était sûr de lui, sûr de l'avoir piégée et en l'espace de quelques secondes et d'une ou deux piques bien placées, il avait perdu son self control.

*ahem* Primo, aucun besoin de flirter car mon coeur est déjà pris. Ce qui m'amène au point numéro deux: cela m'étonnerait fort que je finisse seul et enfin, sachez que la principale intéressée est probablement la plus jolie des femmes que vous auriez jamais vue, si vous l'aviez vue.

Il s'était légèrement emporté, on aurait dit un enfant qui se vantait allègrement. Etait-ce le cas ? Dans un sens il était plutôt fier, se sentait chanceux, qu'une femme comme Moon le fréquente, lui qui se serait imaginé "en-dehors de sa catégorie"... mais ça, Maya ne devait pas le savoir. Visiblement elle savait beaucoup de choses, dont elle ignorait la portée et les conséquences, il ne manquait plus qu'elle sache pour les deux professeurs.

Et pour conclure cette discussion qui n'a ni queue ni tête... Je défends bec et ongles mes amis, bien entendu, comme tout à chacun ? Mais en général je cherche à savoir si c'est justifié, pas comme votre comportement un chouïa abusif à mon goût. C'est bien parce que j'ai de la sympathie que je ne cherche pas à dénoncer quoi que ce soit.

Ryuji soupira, il commençait à en avoir assez de ces palabres sans queue ni tête et surtout sans aucune forme d'issue. S'il voulait conclure en ayant gardé son sang froid, en ayant conservé sa casquette de professeur avec toute la distance que cela implique, il devait la clôturer au plus vite.

Je crois que vous commencer lentement à jouer avec les limites qui s'imposent entre une étudiante et un professeur dit-il en soupirant, vraisemblablement blasé par cet échange sans fin. Dès lors je vous serai gré de reprendre votre journée et de me laisser à la mienne, j'ai du travail qui m'attend, moi

Il avait insisté sur le dernier mot avec beaucoup d'insistance, pas qu'il ait réellement de lourde journée de travail qui l'attente mais en tout cas il devait trouver une issue de secours pour qu'elle lui lâche la grappe. Et au cas où son agacement n'était pas assez clair, il en remit une couche :

Et pour en finir avec cette histoire : merci de me lâcher au sujet de Mlle Tanaka. Si jamais il y avait eu le moindre souci entre elle et moi, je pense qu'elle serait venue en personne m'en toucher un mot, elle n'aurait pas envoyé sa furie de peut-être petite amie comme un chien de garde. Vu ?

Il préféra ignorer ses ultimes provocations, en particulier ses allégations au sujet de prétendues agressions d'étudiantes : c'était mieux de la laisser baver et cracher son venin que d'y répondre, elle serait bien trop heureuse qu'il y porte la moindre attention et de plus, cela risquait de relancer les affrontements et dès lors, risquer que cela s'entendre, que la rumeur ne se répande et à terme, qu'il finisse en rendez-vous privilégié avec sa hiérarchie ; un scénario qui ne devait pas se réaliser.

Je crois que nous nous sommes tout dit, non ? Sur ce, comme évoqué il y a deux minutes, je vais continuer ma journée. il se mit en route sans se retourner d'abord puis tourna finalement la tête en direction de Maya Et je vous conseille de faire pareil.

Il espérait qu'elle lui lâche, enfin, la grappe et qu'il puisse reprendre le cours normal de sa journée.