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Why accept failure when success is free ? (Partie I) Empty Why accept failure when success is free ? (Partie I)

Sam 30 Avr 2022 - 17:37
Why accept failure when success is free ?
avec Gareth Kobayashi
Tenue de Neil sans les lunettes de soleil:

10 Juillet, fin de séance du club de basket.

Neil avait terminé son examen de chinois sans difficulté et avait ainsi quitté la salle d’examen avec un peu d’avance, sans un regard pour ses autres camarades. Vérifiant l’heure sur sa montre, il se décida à faire un détour pour voir la fin de séance du club de basket, retrouvant ainsi son meilleur ami. Une fois les portes du gymnase franchies, il fit signe à Kakeru en longeant le bord du terrain, salua le professeur d’un signe respectueux de la tête, et alla s’asseoir sur le banc pour regarder la fin de l’entraînement. Il s’attardait sur le jeu de Kakeru, souriant quand il fit de belles actions, et n’adressa qu’un simple signe de tête à Milan quand il croisa son regard.

En ce premier jour d’examen, quasi tous étaient très stressés et le professeur sentait que cette séance faisait beaucoup de bien aux élèves. Les référents et présidents étaient libres de choisir de maintenir leurs clubs durant cette période selon leurs disponibilités et Kobayashi-sensei n'avait pas de raison d'arrêter de son côté. Après avoir bien joué avec ses membres, il les laissa faire des matchs libres et en profita pour aller boire un peu, près des bancs. Il remarqua Neil concentré sur son ami, et l’avait déjà vu venir plusieurs fois pour voir Kakeru jouer.

Neil s’attardait sur le jeu de Kakeru avec attention, après des années à jouer ensemble chez Kakeru  quand ils étaient plus jeune, autour d’un panier de basket dans son jardin. Souriant quand il faisait de belles actions, Neil se fit distraire par la sonnerie de son téléphone, qu’il avait visiblement oublié de couper avant l’examen. Une chance que ce ne soit pas arrivé pendant. Il le sortit de sa poche, grimaça en voyant le nom inscrit sur l’écran, raccrochant aussitôt avant de mettre l’appareil en vibreur et de le ranger. Il releva aussitôt la tête vers Kobayashi-sensei :

Neil : Désolé pour ça…

Le professeur se rapprocha un peu, tant qu’à faire autant discuter pendant que les élèves jouaient.

Gareth Kobayashi : Ce n’est rien ! Tu as eu des examens aujourd’hui ?

Neil : Chinois pendant deux heures, un régal !

Gareth Kobayashi : Oh et tu es déjà la ? J'en déduis que ça s'est bien passé ?

Neil hocha la tête et sourit de plus belle, pas peu fier de sa performance de l'après-midi. Le professeur savait qu’il n’était pas mauvais élève, au contraire. Commérage de salles des profs oblige.

Neil : En effet, comme sur des roulettes.

Gareth Kobayashi : Content pour toi !

Et vous sensei, quand sont les vôtres ? Enfin, ceux de votre matière et ceux que vous surveillez. Peut-être que je vous croiserai en salle ?

Gareth Kobayashi : Ma matière se passe le 21. Cette semaine je surveille les épreuves de japonais, ce matin puis toute l'après-midi mardi et jeudi. Et d'informatique le mercredi matin. J'ai intérêt à emmener de quoi m'occuper !

Le professeur lui fit un sourire complice, on attendait plutôt de lui d'avoir l'œil qu'à vaquer à des loisirs. Neil haussa les sourcils en entendant le programme du professeur et hocha la tête finalement :

Neil : Il vaudrait mieux en effet, même si je suis certains que certains élèves sauront capter votre attention.

Le blond imaginait sans mal un élève poser une question sur une consigne déjà clairement expliquée, ou qu’un élève soit trop occupé à gribouiller sa feuille plutôt que de vraiment travailler. Sur un campus international, ou même sur un campus de purs japonais, il y aura toujours un ou deux cancres à traiter. Le professeur croisait tellement plus d'élèves qui angoissaient qu'en voir un sûr de lui faisait du bien. Sa réponse sur les élèves à surveiller le fit rire doucement.

Gareth Kobayashi : En réalité je n'en doute pas oui.

Neil fronce les sourcils de nouveau en sentant son téléphone vibrer, crispant les mâchoires sans même le sortir cette fois. Le professeur le remarqua et hausse les sourcils. On dirait que quelque chose n’allait pas, surtout quand il crispa la mâchoire. Gareth allait lui demander mais le fils Marshall renchérissait déjà.

Neil : Vous vous occupez comment en général ? Je serai ravi de venir discuter, mais je doute qu'on ne laisse ça arriver. Au moins, vous avez un peu de temps pour vous décider d'ici votre propre examen. .

Kobayashi-sensei prit quelques secondes de réflexion avant de lui répondre :

Gareth Kobayashi : Hmm je n'ai pas de copies à corriger, je ne suis pas en retard sur mes cours alors je crois que je vais finir un ou deux mangas. Ou dessiner, on ne m'en voudra pas !

Neil : Quel professeur exemplaire ! Je crois que personne ne vous en voudra en effet haha.

Gareth Kobayashi : Ça me touche que tu sois d'accord !

Ça avait du bon d'être prof d'arts plastiques, tout de même. L'heure passait et il était déjà 17h15. Neil s'amusa de ses réponses et sourit, avant de se lever de son banc. Le téléphone n'arrêtait pas de vibrer et ça commence à l'agacer. Il le sortit de sa poche et regarda le professeur s’adresser à lui :

Gareth Kobayashi : Tu m'excuses ? Je vais leur dire de ranger les ballons et les chasubles avant d'aller se doucher. Et je vais en faire autant.

Neil : Oui ne vous en faites pas ! Vous êtes coach avant tout. Je vais aller prendre mon appel, à plus tard sensei.

Gareth Kobayashi : Passe une bonne fin de journée.

Le coach devina rapidement que cela devait être l’objet de son expression plus tôt, car le téléphone sonnait toujours. Un bon timing, dans ce cas. Neil inclina la tête avec respect et fit signe à Kakeru de laisser tomber pour leurs retrouvailles plus tard, en lui montrant son téléphone. Il décrocha en soupirant et passa la porte pour sortir, parlant sèchement à son père :

Neil : Qu'est-ce que tu veux ?

Le ton du père était froid. Il était visiblement agacé d'avoir eu à attendre si longtemps que son fils prenne l'appel.

James Marshall : Le fils prodige daigne répondre.

Avec froideur lui aussi, mais également une belle pointe de sarcasme, Neil répond alors à son père. Le ton de la conversation est donné des deux côtés.

Neil : Et le père modèle a l'air de vouloir parler d'une chose cruciale, pour insister autant.

James Marshall : Ton examen était en effet crucial. J'imagine que ce n'était qu'une simple formalité.

Neil : Bien sûr. il y avait une traduction, une expression écrite et quelques questions. Rien de sorcier, je suis même sorti en avance.

James Marshall : S'enorgueillir de cela est futile, seul le résultat importe.

Neil : Et le résultat sera là, alors il n'y a rien à rajouter.

James Marshall : Je suis le seul à même de juger s'il y a matière à ajouter ou non. Quand est ton prochain examen ?

Le blond ne prit même pas la peine de s’offusquer et leva les yeux au ciel, répondant du tac-o-tac l’air blasé.

Neil : Demain après-midi, j'ai mon épreuve pratique de Biologie avec Cray.  

Un silence se fit entendre au bout du fil. A peine perceptible, mais bien présent.

James Marshall : Espérons qu'il soit aussi bon compagnon de biologie que de beuverie, dans ce cas.

Neil se braqua aussitôt à la mention de l’alcool, montant sur ses grands chevaux. Entendre son père parler de beuverie avec autant de nonchalance avait le don de le faire sortir de ses gonds. Il répondit sèchement :

Neil : Tu sais très bien que je ne bois pas d'alcool. Mieux que personne même, vu les raisons. Et ça reste une personne de confiance pour ce qui est des cours, on a eu une très bonne note l'an dernier, je ne vois pas pourquoi ce serait différent cette fois.  

James Marshall : Ta réputation importe tout autant que tes notes. Il s'agirait de faire attention à tes fréquentations. Tu n'es pas un simple étudiant à l'avenir incertain. Être à la tête d'un empire nécessite de faire des sacrifices.

Neil : Comme si je n'étais pas déja au courant. Dois-je te rappeler l'histoire avec Kakeru ?

Neil eut un rire jaune, qui ne fit cependant pas rire son père. Ce dernier lui répondit d’un ton ferme.

James Marshall : Cela ne sert à rien de ressasser le passé. Concentre-toi plutôt sur tes examens à venir.

Neil : Difficile d'en faire fit quand tu m'appelles comme ça, ou que tu es à la maison quand je rentre. J'ai tes histoires sous le nez en permanence, ça ne m'empêche pas pour autant d'avoir des notes impeccables.  

James Marshall : Tu peux critiquer mes méthodes, Ichiro, elles n'en restent pas moins efficaces. Je n'ai de temps à perdre avec tes jérémiades. Réussir n'a jamais été une option.

Neil : Evidemment, t'as que ça à la bouche : Ré-u-ssite. Je t'ai jamais déçu jusque là alors POURQUOI tu restes sur mon dos ? Je ne suis plus un gamin, ça va maintenant.  

Cette fois, le ton de son père se durcit d’autant plus.

James Marshall : Neil Marshall n'est plus un gamin, pour ce que ça vaut. Va donc dire ça à la réception de l'hôtel où la chambre a été saccagée, ou à ton achat impulsif pour te récompenser de simples bonnes notes. Si tu crois que ton avenir se résume à un carnet de notes excellent, alors tu mérites que je reste sur ton dos. L'excellence ne s'acquiert pas au talent mais au mérite. Et il serait grand temps que tu en prennes conscience.

Le ton monte à l’autre bout du fil et Neil décale son téléphone de quelques centimètres, avant de le recoller à son oreille. Il regarde les gens passer devant lui en restant silencieux, même si son père s'impatiente de ne pas avoir de réponse. Ce n’est ni le lieu ni l’heure de se donner en spectacle.

James Marshall : Aurais-tu perdu ton mordant, mon fils ?

Neil : Sûrement pas. Je suis au gymnase, ça te dérange que je reste discret ou tu veux un scandale dans le prochain journal scolaire ? Je suis sûr que tu adorerais que ton fils fasse les gros titres, cela te donnera l'occasion d'en remettre une couche.

Kobayashi-sensei, de son côté, avait attendu que plus aucun élève ne se trouve dans les douches avant d'y aller, en profitant pour remettre les chariots de ballons dans le local un peu plus loin. Sans faire exprès il renversa des plots, qu’il dû ramasser. Perte de temps encore. Il prit une rapide douche et lorsqu’il revint dans le gymnase en direction de la sortie, il entendit la voix de Marshall-kun. Il était en colère, mais le coach ne capta que la toute dernière partie. « L'occasion d'en remettre une couche ? ». Il hésita à partir en faisant mine de ne rien avoir entendu. Cette hésitation lui coûta cher puisqu’il ralentit sa marche et qu'il finit par le remarquer.

Neil leva les yeux au ciel en crispant les mâchoires, fit quelques pas en avant, puis demi-tour et tombe face au professeur qui a l'air pour le moins "suspicieux" ou "inquiet". Dans tous les cas, Neil se doutait qu'il avait dû entendre quelque chose et fronça machinalement les sourcils, avant de couper la parole à son père pendant sa tirade pleine de reproches :

James Marshall : Pour dire de pareilles idioties, tu ne sais évidemment pas combien j'ai déboursé pour faire taire les rumeurs à ton sujet suite à ta petite virée entre so-

Neil : Je dois te laisser, je passerai au bureau tout à l'heure, père. Je crois que l'un des professeurs qui vient de passer veut me parler.

Le blond adressa un sourire crispé à Gareth et raccrocha après avoir salué brièvement son père. Visiblement embarrassé d'avoir été pris sur le vif, il se montra sarcastique en passant la main sur sa nuque :

Neil : J'imagine que ce n'est pas vos lacets qui vous ont fait ralentir, vu qu'ils sont parfaitement noués.

Son père donc. Ce genre de chose rappelait au coach qu’il avait la chance de toujours s'être bien entendu avec le sien. Il n'avait pas beaucoup d'amis plus jeune, mais au moins des parents attentionnés et présents. « Pas comme Mori-kun par exemple », pensa-t-il. Puisqu’il était grillé, ses pas s'arrêtèrent. Marshall-kun avait l'air bien plus gêné que lui, s’il en croyait son sarcasme.

Gareth Kobayashi : Hm ? J'étais justement en train de vérifier... Tout va bien ?

Il adressa ses derniers mots en voulant le détendre un peu. Neil lâcha un petit rire nerveux, baissant la main dans sa poche.

Neil : Oh vous savez, rien d'inhabituel en période d'examens... On sort de salle et les parents n'ont qu'un seul mot à la bouche : excellence.

Neil crispa les mâchoires en souriant, puis ajouta afin de ne pas retenir inutilement le professeur :

Neil : Rien qui ne doit vous inquiéter, passez une bonne fin de journée...

Il rangea son téléphone dans son autre poche et soupira, se tournant légèrement pour s'appuyer contre le mur. Il prit le temps de souffler, tapotant le sol du talon pour passer ses nerfs au lieu de partir, pas pressé d’aller voir son père.

C’était bien ce qui exaspérait le professeur, cette obsession de l'excellence. Il le regarda s'éloigner près de la sortie et s'agiter du pied. Son expérience avec Mori-kun lui avait déjà montré ce que pouvaient avoir comme conséquences des parents trop exigeants. Il avait peu de chances de se tromper en pensant qu'ils subissaient un peu la même chose... S'il voulait vraiment partir il l'aurait fait non ? Kobayashi-sensei se rapprocha de Marshall-kun et lui répondit sans le regarder.

Gareth Kobayashi : C'est une chose bien trop commune justement.. A part faire de vous d'excellents angoissés, je doute de la pertinence de la méthode... Je suis un prof naïf qui aime s'inquiéter.

Neil cligna des yeux et regarda Gareth avec les yeux grand ouverts, haussant les sourcils en ramenant son menton vers lui même en souriant :

Neil : Moi angoissé ? Haha, elle est bonne celle-là. Comme si je m'inquiétais de mes notes ! Ne vous en faites pas, je vais parfaitement bien, tout est sous contrôle.

Neil échappa un petit rire jaune en secouant la tête, incrédule. Cette réaction, pourquoi est-ce qu'il  regardait le professeur comme ça ? Oh…Kobayashi-sensei croyait bien avoir touché un point sensible. Il ne pensait pas avoir explicitement affirmé parler de lui. Neil avait beau dire, sa réaction exagérée sonnait plus comme un appel à l'aide qu'autre chose aux oreilles de l’adulte. Hm... Comment je l'aborde sans le braquer ? Jusqu'à maintenant Gareth avait toujours eu de bons résultats en allant droit au but. Autant choisir cette méthode.

Gareth Kobayashi : Même les meilleurs ont des angoisses, surtout eux en fait. D'ailleurs plus on grimpe haut et plus on a peur de chuter, c'est normal et humain. L'erreur c'est de vous faire croire que ça ne l'est pas. Après... Si ce n'est vraiment pas ton cas, tu es chanceux...

Il croisa son regard, son expression montrant qu’il n'en croyait pas un mot. Neil détendit les traits de son visage et laissa sa tête se caler contre le mur, levant les yeux au ciel avec dédain, se sentant bien au dessus de tout ça.

Neil : Pour que je tombe, il faudrait vraiment que je le veuille. Je ne marche pas sur un fil à ce que je sache et la faiblesse ce n'est pas dans mon vocabulaire. Vous appelez ça avoir de la chance, moi je dis surtout que c'est être assez intelligent pour ne pas se mettre des bâtons dans les roues. Ceux qui ne savent pas les esquiver devraient aller chez un ophtalmo et se remettre en question. C'est justement d'être trop humain, qui rend faible.

Gareth Kobayashi : Parce que tu crois être maître de tout ce qui peut arriver ? Beaucoup ont pensé comme toi... Tu ne marches pas sur un fil mais à trop tirer sur la corde elle peut casser. Je ne dis pas que tu es faible, mais que rien n'est immuable. Être trop humain rend faible si on ne l'est pas intelligemment, c'est un peu pareil. Tu ne penses pas que c'est humain de te donner autant pour ne pas décevoir ?

Neil : Peut-être pas encore entièrement à l'heure actuelle, mais je fais en sorte de l'être, justement. Ce qui ne se maîtrise pas est source d'ennuis en général, alors à quoi bon s'occuper de ça. Et non, c'est pas "humain". Être humain, ce serait se contenter de faire avec ce qu'on a. On sème ce qu'on récolte et je fais tout pour que les miennes soient productives. Je ne compte pas me contenter de mon nom de famille et de ce qu'il m'apporte pour réussir.

C’était bien ça, le but de Neil. Etre un meilleur homme que lui. Et ça peu importe les sacrifices qu’il y avait à faire, tant qu’Addison était à l’abri. Il n’avait nullement besoin que d’autres sources d’ennuis interfèrent dans sa quête pour renverser le pouvoir à sa manière, et encore moins de la reconnaissance de son paternel. Décidément Gareth avait trouvé pire tête de mule que Mori-kun ou Mora-kun... A croire qu'on les lui réservait. Il soupira.

Gareth Kobayashi : Si on se contentait de faire des choses en sachant comment elles finiront de A à Z, la vie serait bien ennuyante..  Désolé de te dire ça mais on se bat depuis des siècles pour savoir ce que c'est d'être humain, il n'y a pas qu'une façon de l'être.. Là où je voulais en venir c'est qu'au fond, ça doit t'importer d'avoir... De la reconnaissance et de l'approbation pour ce que tu accomplis, en tant qu'enfant et pas juste fils de.

Le professeur inspira un coup et ajouta quelque chose.

Gareth Kobayashi : Si l'humain savait se contenter de ce qu'il a, il ne chercherait pas à avoir toujours plus et, l'excellence.

Neil : Parce que vous croyez que ce que je cherche, c'est la reconnaissance de mon père ?

Neil rit jaune, visiblement entrain de laisser ses nerfs prendre le dessus. Ce genre de constat avait le don de le faire partir au quart de tour, alors il s'assura tout de même que plus personne ne se trouve dans les parages avant de répondre.

Neil : Si c'est sa reconnaissance que je voulais, ca ferait longtemps que j'aurais give-up. Il n'a de reconnaissance pour personne d'autre que lui-même et je ne veux rien lui devoir. Ce que je veux, c'est ne plus avoir à attendre pour lui passer au-dessus, et à l'heure actuelle, ça n'arrivera que s'il descend six pieds sous terre. C'est humain peut-être, ça ?

Neil se passe la main dans les cheveux en soupirant sèchement avant d'ajouter :

Neil : Tout ce que je peux faire pour l'instant, c'est aller au bout de mes 4 ans. Là j'aurai une autre marge de manoeuvre.

Le professeur se tourna vers Marshall-kun et lui sourit. Un sourire navré. Sa relation avec son père lui avait tout l'air d'être au point de non retour.

Gareth Kobayashi : Tout ce qu'il y a de plus humain. Je te passe le résumé des successions au sein des monarchies, on n'est jamais patient quand il s'agit du trône.

Neil : C'est pas qu'une histoire de trônes, mais pensez bien ce que vous voulez.

Neil est amer, mais n'a pas envie de s'étaler plus que ça. Qu'aurait à dire ce professeur s' il mentionnait Addison et le chantage que fait son père ? Qu'il faut prendre des mesures pour les éloigner de son père ? La blague. Le professeur dévisagea alors :

Gareth Kobayashi : Et durant ces 4 ans tu ne feras rien que tu ne maîtrises pas donc...

Neil rigola en haussant les épaules à la dernière phrase de Gareth comme si c'était une évidence, et termine avec flegme :

Neil : Bien sûr, pourquoi ferais-je autrement ? Je ne suis pas inconscient. J'ai des projets et je compte m'y tenir, le reste n'a rien à m'apporter qui vaille le coup de tout sacrifier.

Gareth Kobayashi : Je n'ai pas de quoi en penser grand chose.

Les informations que le coach possédait étaient trop maigres pour avoir un à priori plus poussé. Neil montrait une nonchalance à tout épreuve, mais cela le faisait plutôt penser à lui-même quand il essayait de montrer que tout allait bien au lycée... Puisqu'il n'y a que les paroles brute qui le font réagir, le professeur enchaîna :

Gareth Kobayashi : Qui parle de tout sacrifier. J'ai plutôt l'impression que tu choisis d'éviter tout le reste par facilité. Tu ne t'estimes pas assez solide pour mener une vie de jeune étudiant sans dévier de ton chemin ? Je croyais que la faiblesse n'était pas dans ton vocabulaire.

Comment est ce qu'il peut dire que le reste n'a rien à lui apporter.

Gareth Kobayashi : Tu n'as vraiment pas envie après 4 ans de regarder en arrière et te dire que tu as passé de belles années et pas juste derrière des bouquins ? Tu dois bien avoir des amis ici.

Les mâchoires de Neil se crispèrent quand Gareth lui répondit. Par “facilité”, un mot que Neil refuserait d'admettre. Est-ce vraiment si facile de se priver de tout ce qu'il sous-entend ? Neil aurait tendance à dire que oui, mais seulement parce qu'il refuse de voir ce qu'il aurait à y gagner.

Neil : Mais des amis, j'en ai. Pas besoin d'en avoir quinze. Et qui vous dit que je reste planté derrière mes bouquins ? Ne me confondez pas avec Hermione Granger ou  qui-sais-je, j'ai une vie active aussi au niveau personnel vous savez. Je suis juste assez intelligent pour ne pas me rajouter d'épines dans le pied.

Décidément il est vraiment campé sur ses positions. Le coach allais devoir m'y prendre autrement…

Gareth Kobayashi :  Admettons. Qu'est ce que tu t'interdis exactement alors ?

Surpris par sa question, Neil le dévisage et réfléchit une seconde avant de répondre :

Neil : Rien qui ne me soit nécessaire ou dont je ne peux me passer.

Kobayashi-sensei se retint de soupirer et ferma les yeux. Quel gamin épuisant. Son ton devint légèrement sarcastique.

Gareth Kobayashi : Hm hm c'est précis dis donc. Voyons voir, la gueule de bois à répétition, enfiler les nuits blanches - pas bon pour la mémoire et le foie tout ça -, toutes autres substances illicites évidemment, sécher est exclu, excès de vitesse, avoir une copine ou un copain ? Si tu en avais tout le campus serait au courant !

Alors, à quoi il va réagir… se demanda le professeur.

Neil écouta la tirade du professeur et réagit tout au long, sans qu’il ne pense à s’en cacher. La gueule de bois, Neil en rigolait jaune. Aucune chance qu'il ne soit attiré par ça après avoir porté sa mère ivre morte plusieurs fois jusqu'à son lit. Les nuits blanches, non plus. Neil se couchait et se réveillait à des heures assez raisonnables pour maintenir un rythme de vie sain et être en forme, malgré ses cauchemars récurrents. Il haussa légèrement les sourcils à la mention des substances illicites, mais sécher les cours, très peu pour lui alors il en roula des yeux. Neil continua en entendant parler d'excès de vitesse. Les radars sont assez visibles pour être évité en général, et puis il a tout le loisir de rouler sur circuit pour faire rugir le moteur de sa voiture. La suite, par contre, lui fait pouffer de rire.

Neil : Vous n'avez pas plus inutile ? Si le campus savait tout sur mes relations, croyez moi vous seriez bien étonné. A quoi bon s'enchaîner à une relation de ce genre quand on peut n'avoir que les bons côtés ? Et pitié, ne me sortez pas un discours romantique à vomir. Vous aussi vous avez dû profiter de votre jeunesse. Tout ce que vous avez mentionné, croyez-moi, je m'en passe volontiers.

Gareth ne le quitta pas des yeux durant toutes ses énumérations. Si les premières lui paraissent si absurdes qu'il se passe de commentaire, quoi que mouvement de sourcils aux substances illicites -surpris ou démasqué ?-, la dernière en revanche... Marshall-kun devient bien bavard d'un coup. Il aurait pu se contenter de dire que ça ne l'intéressait pas et le professeur aurait dû s’avouer vaincu. Mais pas si vite voyons. Il voulait bien le croire sur le reste. Marshall-kun est donc un chaud lapin Kobayashi-sensei en apprenait des choses ! Ça servaitt d'être à l'écoute, pour remplir son carnet d'anecdotes.

Gareth Kobayashi : Oui j'en ai profité je ne vais pas le nier. Je n'ai pas choisi d'être amoureux en revanche. Passons le discours romantique, qu'est-ce que tu ferais si ça t'arrivais ? Tu pourrais enterrer tes sentiments ?

Et c'est une vraie question dont la réponse le rendait curieux, pas une manière de lui dire que c'est impossible. Neil tiqua aussitôt. Lui,amoureux ? Il s’arrêta sur la question, ne sachant se remémorer la dernière fois qu'il avait ressenti ce genre de sentiments. Pourtant, une image s'insinue dans son esprit, une image floue qu'il chasse d'un battement de cil alors que ceux de son cœur semblent légèrement s'accélérer. Neil hausse les sourcils et répond avec arrogance et détachement :

Neil : Je voudrais les enterrer six pieds sous terre, si tant est que ça n'arrive un jour.

Il sortit son téléphone, vérifia l'heure et s'excusa en le rangeant :

Neil : Mon paternel m'attend, je vais devoir vous fausser compagnie. J'espère que cette conversation aura été utile à l'un de nous et que vos inquiétudes sont dissipées, sans vouloir vous vexer. Bonne soirée, sensei.

Cette question le perturbe plus qu'il ne le laisse paraître, le professeur en était certain. Est-ce qu'il n'aurait pas déjà dû y faire face ? Ou ça l'inquiète vraiment en réalité ? Il secoua la tête, résigné. L'heure passe vite quand on discute, il était temps de se quitter. Gareth devait de toute façon aller chercher Chiaki à la crèche de son côté. Ses inquiétudes ne se portaient pas mieux qu'au début, mais devant un jeune aussi borné, il ne pouvait pas faire grand chose. Il espérait au moins que ses paroles ne finiraient pas aux oubliettes... C'est à lui qu’il voudrait qu'elles aient été utiles.

Gareth Kobayashi : Je l'espère aussi et mes inquiétudes sont ce qu'elles sont. Bonne soirée Marshall-kun.

Neil ne se fit pas prier et salua le professeur avec politesse, malgré le ton qu’avait pris la discussion. Il sortit aussitôt du gymnase et se mit en chemin vers le parking pour prendre sa voiture, devant rejoindre son père au bureau. Là encore, se faire trop attendre aurait des conséquences et son père n’avait pas été  des plus patients au téléphone. Le blond savait quel genre d’accueil allait l’attendre. Il avait déja hâte de rentrer sur le campus par la suite, et d’aller retrouver des visages plus appréciables pour partager son repas.



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