A la recherche du lapinou perdu [Gaby & Maya]

C’est la panique, la fin du monde. Au diable les révisions, il y a urgence. Tu peux louper ton année, ça n’est pas très grave en comparaison de ce qui se passe. Car comment peux-tu vivre sans lui ? Ça fait des années que vous êtes ensemble, et il est de ton devoir d’aider ton partenaire en cas de danger. Donc oui, tu es prête à tout lâcher pour le sauver ! Et puis, il faut bien le dire, tu te sens bien seule et vulnérable sans ta peluche. Sans monsieur Lapin. Un des rares messieurs que tu supportes. Mais lui n’est pas désagréable, bien au contraire. Il est tout doux et tout gentil. Le mec parfait, en quelque sorte. Et oui, tu parles à ta peluche même si tu es adulte et oui tu fais des cauchemars sans ton doudou, et alors ? Ceux qui se moque tu leur broie les genoux sans autre forme de procès.

Donc maintenant, tu mènes l’enquête. C’est-à-dire que tu refais tout ton trajet à l’inverse pour le retrouver. Tu l’as surement fait tomber quelque part. Le problème, c’est si quelqu’un l’a ramassé... tu vas passer pour une abrutie et une gamine. L’horreur.

Finalement, c’est quoi le pire ? Que quelqu’un trouve la peluche, ou tu passes encore des heures à la chercher de manière paniquée et de plus en plus désespérée ? Difficile de savoir. De toute manière, tu as vite ta réponse quand tu vois la tête du seul et unique monsieur lapin pendouiller d’un sac.

Tu as donc deux choix : faire une crise, hurler à l’enlèvement et à la prise d’otage - ce qui serait profondément stupide, où réfléchir plus de deux secondes et éviter d’agresser la fille.

Ou alors, troisième choix pas forcément plus malin, décider de faire semblant et dire que non, tu n’as jamais vu cette peluche de ta vie, car tu es une jeune adulte fière et indépendante et qu’une peluche serait vue comme un truc de gamine. Alors, ravale ton orgueil.

"Oui, c’est la mienne."

Tu bougonnes un peu, mais contre toi, parce que tu es prise la main dans le sac. Ou plus, la peluche dans le sac. Donc bon, il faut assumer avoir une peluche. Ça n’est pas très grave, ça arrive, c’est comme ça.

"J’espère que tu ne l’as pas abimé, sinon je vais t’en vouloir."

Tu examines le pinou sous toutes les coutures. Ouf, il ne lui ai rien arrivé de grave. Il est un peu sale, mais c’est normal s’il a trainé par terre. Et en même temps tu surveilles la fille. Si elle fait mine de se moquer, ça va t’énerver.

Tu as de la chance, elle est gentille, elle te rend ta précieuse peluche sans faire d’histoire. Oh sinon tu auras fait un meurtre violent en plein jour. Heureusement que tu n’es pas aussi violente, pas vraie ? PAS VRAI ?

"Ouf, tu me rassures."

Et ça s’entend autant que ça se voir. Il n’y a pas grand-chose de plus précieux à tes yeux que monsieur Lapin. Ne pas l’avoir avec toi, c’est manquer une partie de ton âme, et c’est presque sans exagération.

"Oui c’est l’avantage, avec le temps je me suis arrangée pour le rendre un peu plus solide. Je suis loin d’être une experte en couture, mais je me débrouille."

Tu remarques bien trop tard que tu en dis beaucoup trop. Si tu voulais faire semblant de dire que la peluche n’est pas importante, c’est trop tard. C’est un sujet qui te passionne, c’est sur.

"Bonne question, normalement je fais toujours attention à bien le ranger."

Tu refuses de croire qu’il est tombé par hasard. C’est possible, mais tu ne veux pas être responsable des terribles blessures infligées au lapinou.

"De toute manière le coupable va être difficile à retrouver, même si j’aimais bien lui apprendre la politesse."

Un bon coup de pied bien placé...

"Encore merci de l’avoir trouvé et de l’avoir ramassé. D’ailleurs, il était où ?"

Peut-être que cet indice t’aidera dans cette enquête.

"Hum..."

Tu es en profonde réflexion. Vu l’endroit, c’est sur que c’est toi qui l’as perdu, vu que tout le long de ta balade personne ne t’a vraiment dérangé, et encore moins percuté. Mais tu notes de mieux sécuriser ton doudou favori la prochaine histoire d’être tranquille.

"Je ferai plus attention la prochaine fois, je présume."

C’est bien, tu reconnais tes erreurs. C’est important pour progresser, pas vrai ?

"Oh, vraiment ? C’est le genre de chose que j’aimerai bien apprendre, c’est sur !"

Ton intérêt est réel. Et pour une fois qu’on ne se moque pas de toi et ta peluche !

"Je suis curieuse, tu peux me montrer une photo de ton fantôme ?"

Tu veux en savoir plus, et tu veux sympathiser avec elle car vous avez visiblement un intérêt commun.

Aussitôt demandé, aussi montré. C’est l’avantage d’avoir une passion commune, ça rapproche et vous vous ouvrez une à l’autre assez facilement. Si quelqu’un faisait mine de se moquer de votre discussion, il est très possible de le retrouver au pied d’un arbre afin de servir d’engrais. Ou sacrifier au dieu peluche. Un sort acceptable pour ceux qui osent mal parler des doudous.

"Il est vraiment super."

Oui, c’est une question piège, un peu comme une fille qui demande si elle a pris du poids ou si elle est jolie dans sa tenue. L’interrogation est innocente, mais elle est également rhétorique. Heureusement, ici, tu dis ce que tu penses, et tu ne peux pas t’empêcher de regarder cette œuvre sous toutes ses coutures.

"Wow, ça n’a pas dû être une mince affaire vue sa taille."

Monsieur lapin n’a pas à rougir de sa grandeur, mais il a été acheté puis amélioré, pas conçu de toute pièce. Une petite différence qui compte énormément.

"Et il a l’air aussi confortable que doux."

C’est très important pour des peluches. Critique, même. Il faut bien dormir avec, et puis ça donne un bonus pour chasser les vilains cauchemars.

"De mon côté j’ai bien tenté de refaire une petite robe pour lapinou, mais comme tu peux le voir, il y a mieux."

Oui, monsieur Lapin porte des robes. Et si vous vous moquez de monsieur Lapin, vous vous exposez à de terribles représailles.

La construction d’une peluche, ça n’est pas simple. Il faut planifier, tout mesurer... tu n’as pas vraiment la patience ni les compétences pour. Mais c’est toujours très intéressant. Un jour, peut-être, tu apprendras comment faire pour de vrai comme une grande.

"Oh, ça n’est pas grand-chose."

Tu rougis, tu bafouilles un peu, gênée. Tu es vulnérable aux compliments, pour surs. Ça fait plaisir d’entendre ça, que c’est cool.

"Mais comme je disais, ça reste encore un peu brouillon. Heureusement ça lui va bien."

Après tu adores les robes sous toutes leurs formes, donc tu n’es pas très objective. Les robes, c’est bien. Point final. Ça pourrait presque être ta religion.

"Oh, ça serait super ça aussi."

Tu ris un peu.

"Ca fait bizarre, d’habitude les autres ont tendance à ce moquer des peluches, mais c’est un bon changement, je ne vais pas me plaindre."

Bien au contraire, il faut en profiter !

"La question c’est si tu donnes des cours, et quand."

D’ailleurs tu viens de songer à quelque chose...

"Au fait, je m’appelle Maya. Avec tout ça la politesse m’a échappé."

Ça n’est pas bien Maya, tu es censée montrer l’exemple !

"Demander le prix ?"

Tu hausses un sourcil. Oui, tout travail mérite salaire, mais il y a des limites. L’inviter pour un gouter ou un équivalent, d’accord, mais au-delà, c’est de l’abus et de l’exagération. Tu es blonde, pas stupide. Enfin si, un peu stupide, mais pas à ce point non plus. L’argent, tu y fais attention sans être particulièrement vénale non plus.

"C’est sures que nos peluches sont trop classes, il ne les mérite pas."

Tu rigoles un peu, mais il est vrai que certaines personnes se moquent à cause de la jalousie. Ne te moques-tu pas des grands pour la même raison ? Mais non, tu n’es jamais jalouse, c’est juste... c’est... c’est autre chose, voilà tout.

"Oui forcément les examens ça mange pas mal de temps. En plus tu es au lycée, c’est ça ? Du coup tu as énormément de matières à réviser."

C’est l’avantage de l’université : tu révises uniquement ce que tu aimes, comme tu as choisi tes matières. Mais ceci ne veut pas dire que c’est plus facile ou plus rapide. Surtout quand l’on choisit autant de matière que toi !

"Et n’est pas sur que je puisse t’aider, dommage."

Ça n’est pas ironique. Tes spécialités ne sont pas vraiment abordées au lycée.

Oh que oui, tu es bien heureuse de ne plus être au lycée. C’était lourd pour plein de choses différentes, mais maintenant il n’y a plus ça. Bon, les mecs continuent d’exister, même à l’uni, mais c’est plus supportable. Peu ère parce que tu es devenue plus mature. On appelle ça "grandir".

"Super pour toi alors. Parce que je t’assure que les rattrapages, ça n’est pas fun."

Ça n’est pas parce que tu travailles beaucoup que tu y es immunisée. Parfois, tu n’es pas en forme, tu n’as pas de chance... et c’est comme ça que tu loupes tes premiers examens pour rentrer dans Kobe. Heureusement ça n’était que parti remis. Tout comme l’aide instantanée pour la peluche, ça viendra plus tard. Chaque chose en son temps et tout ira bien. On dirait les paroles d’un vieux sage.

"Cours illimité, carrément ?"

Ça sonne trop beau pour être vrai. Peut-être que ça l’est. Si c’est gratuit, c’est que le produit, c’est toi, ou quelques chais du genre. Mais bon, c’est une lycéenne, ça n’est pas comme si elle va t’exploiter. Et au pire tu n’es pas aussi cruche qu’on le pense, tu as du mordant.

"Enfin bon, moi ça me va. Mais si tu m’aides souvent, tu es certaine d’avoir le temps ? Je ne voudrais pas te prendre trop de temps, justement."

D’un autre côté, si c’est du temps passé ensemble entre amies, c’est tout sauf un problème. En théorie. Normalement. Bah, si ça ne marche pas, ça ne marche pas, tout simplement.

"Ah non ne t’inquiètes pas, ça n’est pas dans ce but non plus. Ca serait un peu stupide de t’appeler pour rien et qu’au final tu ne viennes plus."

C’est purement et simplement contre-productif. De toute manière, tu ne fonctionnes pas comme ça. Oui, tu es assez horrible avec les gens que tu détestes, mais les gens que tu aimes bien - et pour l’instant elle en fait partie - tu les protèges à la vie à la mort. Comme quoi tu *peux* être sympa.

"Et tu as bien raison de la remplir. C’est un peu exagéré de dire qu’on a plus de vie une fois adulte, mais c’est plus pareil. Et pourtant je n’ai pas fini mes études !"

C’est différent. Pas vraiment en mal ou en bien, juste différent. Tu as plus de temps pour certains loisirs, paradoxalement. Pourquoi ? À cause du couvre-feu. Ce couvre-feu que t’u déteste et que tu braves surtout pour protester.

"Faisons, ça, ça sera plus pratique pour nous deux."

Bien plus pratique que de tenter de tout organiser maintenant. Tu espères vraiment qu’elle va tenir parole ! Et peut-être que toi aussi tu pourras lui apprendre quelque chose.

Ça, c’est un bon accord, et c’est un numéro de téléphone que tu vas garder précieusement. Monsieur Lapin est un dieu, et tu es son humble servante qui l’aide à se rapprocher de sa forme de peluche ultime. Et oui, tu serais totalement capable de monter un culte autour de peluche, ça n’est pas plus stupide que le reste.

"C’est sur que le campus n’est pas énorme. Peut-être dans un club ou à la bibliothèque, qui sait ?"

Ce sont les endroits ou tu as le plus de chance de croiser un lycéen. Question de logique et de bon sens, car oui tu peux parfois en avoir. L’avenir de ta peluche semble brillant !