Des traits clairs comme de l'eau de roche

■ Inscrit le : 11/01/2019

"Essaye de sortir un peu. Ne reste pas enfermé.
- Promis..."

Une promesse qu'il allait essayer de tenir, il voulait faire en sorte que sa mère cesse de s'inquiéter. Alors, au lieu de rester dans sa chambre à son bureau, Yulian prit un sac et y glissa un carnet de croquis et sa trousse à dessin, histoire de faire une activité plaisante, dehors. Au moins, il sortait, il n'allait pas rompre sa promesse. Il sortit de sa chambre et chercha un endroit pour se poser et dessiner calmement.

Après avoir marché jusqu'au parc, le jeune homme alla s'asseoir sur un banc, il allait pouvoir travailler sa façon de dessiner des paysages. Exercice du jour, reproduire le paysage et le modifier à sa guise par la suite. Il pensait ainsi pouvoir travailler sa maîtrise des perspectives et des proportions avant de laisser libre court à sa créativité.

Il sortit un porte-mine et commença à dessiner le paysage du parc qui se dressait devant lui. Les arbres et le bâtiment derrière rendait le tout harmonieux. Une fois que le cadre devant lui fut reproduit sur sa feuille, le jeune homme commença à y ajouter sa petite touche personnelle destructrice, comme pour ressortir sa colère en lui sur cette page. Ainsi, il extériorisait ses sentiments. Alors, doucement, le bâtiment intact commença à perdre quelques morceaux comme s'il était abandonné depuis des années et que le temps avait fini par rompre la solidité de cette structure. Il était tellement concentré qu'il ne faisait plus attention à rien, plus rien n'importait, il n'y avait plus que lui... Et son dessin. Enfin. C'est ce qu'il croyait, au début.

Momoko avait l'impression d'avoir couru toute la semaine. Elle avait l'impression de ne pas avoir le temps de s'occuper d'elle et cela la fatiguait fortement. C'est pourquoi aujourd'hui elle souhaitait aller se balader au parc, lieu représentant pour elle le ressourcement, non loin du campus. Elle ne souhaitant pas forcement faire une longue balade comme elle avait déjà pu le faire, et elle pris un livre avec elle afin de pouvoir se poser tranquillement.

Le ciel était bas ce jour là, les nuages s'amoncelaient mais ils ne semblaient pas menaçant. Cela augurait un bon moment. La vieille femme s'arrêta rapidement, elle avait repéré un jeune homme posé sur un banc, penché sur une feuille en train de dessiner. Elle s'approcha doucement, curieuse de voir le motif travaillé. Elle décida de prendre place à côté de lui, ils pourraient peut-être ainsi se tenir compagnie ?

C'est là qu'elle remarqua que le beau bâtiment de l'adolescent se délabrait sous des coups de crayons plus rageurs qu'inspirés. Momoko trouva cela dommage, il avait pourtant si bien réussi à reproduire la vue...
" Et bien jeune homme, voici un bâtiment bien triste sous vos coups de crayon.."

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Yulian se sentait particulièrement calme ce jour-ci à laisser son esprit vagabonder tandis que sa main continuait à manier le crayon afin de faire apparaître un paysage quelque peu modifié, se profilant sous ses yeux. Il était concentré au point que l'arrivée d'une personne à ses côtés ne se fit même pas remarquer par le jeune blond. Néanmoins, la voix, quant à elle, le tira brusquement de ses pensées. Il se sentit légèrement agacé par ce qu'il venait d'entendre. Comment cette personne pouvait juger ce qu'il faisait ?

Il releva vivement la tête vers la personne qui venait de l'interrompre dans son dessin, il fronça légèrement les sourcils, surpris de voir cette grand-mère non accompagnée ici. Néanmoins, Yulian ne fit aucune remarque sur ce point tandis que son agacement semblait descendre d'un cran. Le jeune homme fit tourner son crayon autour de son pouce puis désigna le bâtiment devant lui de la main.

"Un bâtiment bien triste ? Sur mon dessin, il est détruit, certes. Mais ce beau bâtiment devant nous a lui-même détruit un magnifique paysage auparavant. N'est-ce pas justice de lui faire subir à son tour le même sort ? La nature y reprend juste ses droits."

Le raisonnement du jeune homme surpris Momoko. Il est vrai qu'il n'avait pas tord et que toute technique avait mordu sur la beauté sauvage de la nature. Mais la grand-mère sentit qu'elle avait surtout vexé le dessinateur, chose qu'elle ne souhaitait bien sûr pas. Pour apaiser encore les choses, elle eut un sourire et lui accorda :

-Vu comme cela, vous n'avez pas tord... ! Je n'y avais pas pensé sous cet angle là. Peut-être que je suis plus attachée aux beaux bâtiments que vous la jeune générations qui préfèrent l'écologie et la nature…

Non pas que Momoko était anti-écologie, il était plutôt logique que les jeunes d'aujourd'hui s'inquiètent de l'état de leur planète vu comment se génération n'en avait rien eu à faire, mais il est vrai que parfois elle se sentait dépassée par certaines idées et injonctions. Elle n'avait pas le réflexe de penser nature avant tout.

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Yulian continua de délabrer le bâtiment sur son dessin sans une once de regret. Une fois que la destruction lui sembla suffisante, il commença à dessiner des arbres, des plantes, des fleurs qui transperçaient les structures. Ainsi, il voulait faire paraître le renouveau. Concentré dans sa tâche, il écouta distraitement la personne âgée, il ne voulait pas paraître grossier mais il aimait toujours être occupé, cela lui permettait de toujours avoir l'esprit plus ou moins occupé si quelque chose venait à lui déplaire afin de ne pas se laisser submerger. C'est après un léger silence qu'il reprit la parole.

"Disons que c'est plutôt une nécessité. Mais aujourd'hui, c'était plutôt une excuse, en vrai, j'ai juste laissé mon esprit s'exprimer. Je ne réfléchissais pas vraiment."

Le jeune homme commença à rajouter des ombres et des points de lumière à son oeuvre. Concentré, il resta un moment silencieux avant de se rappeler qu'il n'était pas tout seul et que ce n'était pas poli d'ignorer ainsi un interlocuteur, surtout une grand-mère.

"Puis-je vous demander ce que vous faites ici ?"

La grand-mère continuait à observer les gestes du jeune homme qu'elle trouvait très doué. Après le délabrement, voilà qu'il arrivait à mettre en place une végétation qui apportait de la fraicheur à sa composition. Momoko était franchement admirative.

Elle s'arracha de la contemplation du talent du jeune homme lorsque ce dernier lui posa la question qu'elle ne cessait d'entendre au quotidien. En effet, sa présence étonnait les étudiants. Elle décida que cette fois-ci elle n'irait pas par quatre chemins, annonçant directement sa présence comme étudiante :

- Je suis ici dans le même but que vous, enfin je crois. Celui de m'instruire et d'apprendre grâce à d'éminents professeurs.

Elle eut un sourire, se repencha sur le dessin de l'étudiant pour l'admirer un peu plus et elle ajouta :

- Je suis dans le club de dessin et pourtant je ne t'y ai jamais croisé ... Pourtant avec ton talent tu dois bien pratiquer régulièrement non ?

Il semblait en effet impossible à Momoko que ce dernier n'est pas choisi une activité liée au dessin. Après tout le club acceptait des personnes qui n'avait pas la moitié du talent qu'elle voyait là, il aurait été juste que pour contrebalancer cela ils aient aussi des personnes très douées.

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Des traits clairs comme l'eau de roche - Feat Momoko Inoue

Une grand-mère étudiante ? Inédit. Ce n'était franchement pas commun et particulièrement déconcertant. Mais de toute façon, qui était-il pour juger ? Elle faisait bien ce qu'elle voulait. Après tout, à la retraite, tu as tout ton temps, donc pourquoi ne pas l'utiliser pour étudier ? Même si Yulian ne ferait pas ce choix à sa place, ce serait plutôt une perte de temps, selon lui. Mais il n'oserait jamais lui dire. Ca ne le regarde pas. En tout cas, Yulian ne put s'empêcher de nuancer les propos de cette personne. Il n'était pas là par choix, mais surtout par obligation d'instruction.

"Vous faites erreur, vous avez peut-être en vous la volonté d'instruction et d'apprentissage. Pour ma part, je suis encore dans une obligation d'instruction. Mais on s'y fait. Certains cours sont plus intéressants que d'autres."

Yulian ne réagit pas quand elle se pencha vers son dessin, les gens sont curieux, il l'est aussi. Tout le monde l'était à plus ou moins haut degré. Il ne pouvait pas y couper et sincèrement, il n'avait rien à cacher, pas cette fois du moins. Il se sentait plutôt fier de son oeuvre aujourd'hui alors que quelqu'un d'autre le voie ne le dérangeait nullement. La question de l'inconnue le déstabilisa un instant avant de remettre ses idées en place avant de fournir une réponse convaincante, du moins, il l'espérait. Il n'avait pas envie de s'étendre sur les raisons de sa non-inscription à ce club à son arrivée.

"Lorsque j'ai intégré KHS, au niveau du dessin, j'étais dans une impasse, je n'arrivais pas à m'en sortir. Je me suis longuement détaché de mon carnet donc le club n'était pas une bonne idée. Depuis, je n'ai juste pas pensé à la possibilité de m'y inscrire."

Relève la tête.
Et observe.

Sherlock || www.

Quand le jeune homme lui annonça être encore dans le cursus obligatoire, Momoko sourit. Elle avait l'impression de retrouver son petit-fils qui lui aussi râle souvent contre l'école, rechignant à y aller. A l'écouter, il ne trouvait cela intéressant que parce la présence de certains de ses amis. Pourtant, c'était lui qui avait réussi à convaincre sa grand-mère de retourner sur un campus afin de s'y sentir moins seule. Comme quoi, les études étaient un bon moyen de socialisation et tout n'était pas à jeter dans les choses que l'on aimait le moins. Au contraire, il fallait réussir à trouver le positif dans tout. C'est pourquoi elle demanda à au lycéen :

- Et quels sont ces cours qui t'intéressent ?

Sa réflexion autour du dessin la questionna fortement, elle ne put s'empêcher de demander :

- Mais qu'est ce qui as détourné une personne aussi talentueuse du dessin ?

Se rendant compte qu'elle s'était montré peut-être un peu trop curieuse et qu'il était fort probable qu'elle ait dépassé les bornes, Momoko ajouta :

- En tout cas si tu le souhaites, ce sera avec plaisir que je te présenterai le club.

Elle espérait que l'invitation empêcherait le jeune homme de penser qu'elle n'était qu'une vieille dame indiscrète comme il en existe tant, utilisant son grand âge pour se montrer impolie, curieuse et tout bonnement insupportable.

Mar 19 Oct 2021 - 17:24

Des traits clairs comme l'eau de roche - Feat Momoko Inoue

Les cours qui l'intéressaient ? Bonne question... Il aimait bien les maths, l'une des rares matières scientifiques n'ayant pas subi de dégringolade ces derniers temps, contrairement à la Chimie, heureusement la Physique sauvait sa moyenne. Il se débrouillait plutôt bien dans cette matière depuis le début et plus le temps passait, plus il se découvrait une passion pour l'informatique. Il aimait bien le sport qui lui permettait de se dépenser, de bouger et ne pas avoir son esprit embrouillé par ses noires pensées. Il aimait bien la musique. Ainsi que les arts plastiques. Néanmoins, il avait en horreur le théâtre, il n'aimait pas se montrer en spectacle comme ça.

"J'aime bien les maths et l'informatique, et les cours de musique ou d'arts plastiques ainsi que le sport. Mais c'est simplement parce que j'ai des facilités dans ces domaines, je suppose. Et vous ? Vous êtes dans quel cursus ?"

Après tout, pourquoi serait-il le seul à se dévoiler en ce jour ? La discussion devait aller dans les deux sens pour que ce soit constructif et un minimum intéressant et sincèrement, la réponse l'intriguait. Il la verrait bien dans un cursus littéraire ou artistique... Genre... Arts plastiques ? Ou littérature. Pourquoi par philosophie ? Après tout, on dit toujours que les vieux sont des sages. Enfin... Parfois, ils se prenaient juste pour des vieux sages mais ils étaient bien pathétiques. Ses propres grand-parents faisaient partie de ces derniers. Depuis la mort de son frère, il avait peu de contact avec eux. Que des hypocrites.
La question de Momoko perturba légèrement Yulian. La réponse était pourtant évidente mais il ne souhaitait pas lui partager. Après tout, c'était... Hm... Personnel et il était hors de question qu'elle soit au courant. Il chercha un moment une excuse crédible mais ne trouvant rien, se contentant d'un demi-mensonge.

"Mon esprit. Il était piégé."

Il espérait que cette courte réponse allait lui suffire, après tout, il ne tenait pas vraiment à s'étendre dans de looongues explications. Et lorsqu'elle lui proposa de lui présenter le club, le jeune homme secoua doucement la tête. Il n'était pas prêt.

"Je suis déjà bien occupé avec le club de musique et je ne pense pas être prêt à assumer un deuxième club."

Relève la tête.
Et observe.

Sherlock || www.

Dim 7 Nov 2021 - 21:58

En quoi les facilités dans un domaine invalidait le fait de l’apprécier ou non ? C’est ce que pensa Momoko à la remarque du jeune Yulian. Au contraire, c’est sur ces facilités qu’il fallait s’appuyer dans la vie pour avancer et trouver sa voie.

- Ce n’est pas parce que tu trouves que cela n’est pas difficile que tu ne peux pas aimer ce que tu fais. Si toutes ces matière te plaisent, c’est plutôt positif et il ne faut pas hésiter à t’y plonger à fond ! Pour ma part, je suis en section littéraire ! Et je ne crois pas qu’il y ait quelque chose dans lequel je suis naturellement douée, mais j’apprécie tout de même le fait d’être venue sur les bancs de l’université.

La réponse quasi-cryptique de Yulian n’eût pas l’effet escompté. En effet, cette image attisa la curiosité de Momoko. Il y avait beaucoup de raisons pour lesquelles l’esprit de l’adolescent pouvait être piégé Était-ce juste ce passage de l’enfance à l’adolescence qui le maintenait dans un état peu confortable ? Ou y avait-il autre chose ? Était-ce simplement l’angoisse de la page blanche ?

- Il y a de multiples façons pour un esprit de se sentir piégé. Mais justement la création n’est-elle pas une manière de détourner ce piège ? A moins d’avoir peur de ne pas savoir quoi dessiner, je crois qu’au contraire cela aurait pu t’inspirer…

La grand-mère fut un peu déçue du refus du jeune blond. Elle aurait bien aimé le convaincre d’au moins venir essayer :

- C’est bien dommage ! On aurait bien aimé te voir à l’œuvre plus souvent je pense !

Jeu 11 Nov 2021 - 19:53

Dessin sur un banc. Curiosité d'une passante. Compagnie d'une petite mamie. Questions qui intriguent et qui brisent le silence.

Des traits clairs comme l'eau de roche.

Oh, il aimait ce qu'il faisait, c'était certain. Mais peut-être qu'il fallait poser la question à l'envers. En tout cas, se plongeait-il à fond dans ces matières ? Oui et non. L'informatique, oui. Quant au sport... Il comptait reprendre un peu plus sérieusement le foot après sa rencontre avec un autre élève du campus. Il avait remarqué à quel point tout ça lui avait manqué. Quant à la musique, il n'avait jamais laissé tomber cette part de lui et c'était bien l'une des rares.

"Nous sommes tous doués quelque part. Dire que nous n'avons aucun talent, c'est manqué de clairvoyance ou simplement se voiler la face. Ou être trop humble, ça dépend."

Le jeune homme secoua la tête, ce n'était pas si simple que ça. Elle ne connaissait pas sa situation, elle ne pouvait donc pas comprendre la complexité du piège mental dans lequel il s'était lui-même enfermé avant de réussir peu à peu à briser les barreaux, ayant perdu la clé à tout jamais.

"Pas chez moi. Ce n'est pas aussi facile. Les rares fois où j'arrivais à dessiner, je me retrouvais un peu plus détruit que les fois précédentes. L'inconscient nous fait dessiner des choses que nous souhaitons ne pas voir parfois."

Yulian crut lire une pointe de déception chez elle lorsqu'il refusa sa demande. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas participer au club de dessin mais entre le fait qu'il souhaitait reprendre plus sérieusement le football, ses projets personnels, le groupe de musique ainsi que le club, ses différents passe-temps, ça ne collait pas.

"Je préfère me concentrer sur d'autres projets, d'autant plus que je fais partie d'un groupe de musique, ça prend déjà pas mal de temps."

Momoko

Awful

La remarque de Yulian sur les talents fit marquer à Momoko un temps d'arrêt. Avait-elle vraiment une prédisposition pour quelque chose qu'elle n'avait pas pris le temps d'explorer ? Elle n'en était pas si sûre... Elle savait tenir une maison, mais cela ne faisait pas d'elle quelqu'un de talentueux, juste de bien éduquée. Et encore, aujourd'hui un plus jeune trouverai qu'elle en fait trop.

"Je ne suis pas certaine d'avoir cette humilité là, le talent est quelque chose qui se cultive et, à part l'amour que je porte à mon défunt mari et à mes enfants, je n'ai pris soin d'aucune aptitude jusque là."

La grand-mère avait l'impression que ses questions gênaient un peu le jeune homme, comme s'il était réticent à se dévoiler. Il avançait pas phrases énigmatiques. Comment pouvait-il se retrouver à dessiner des choses qu'il ne voulait pas dessiner, cela frôlait l'absurde aux yeux de Momoko. Elle ne souhaitant pas pour autant se montrer jugeante envers Yulian. Ce dernier avait très certainement vécu un évènement bien difficile pour ne plus vouloir pratiquer le dessin. Elle décida de se montrer honnête : " Je ne comprends pas bien comment le dessin pouvait te détruire, mais je perçois en toi une forte souffrance... J'espère que celle-ci pourra être apaisée."

Le jeune homme prouvait tout de même qu'il était peut être sur une bonne voie quant à une potentielle guérison grâce à tout ses projets. La déception de Momoko en fut amondrie. Elle voulut alors l'emmener à dévoiler un peu tout cela, éterrnelle curieuse qu'elle était :
" Oh de la musique ? Tu joues d'un instrument ? Ici, sur le campus ? Et tes autres projets sont si chronophages que cela ?"
Elle devait donner l'impression d'être une vraie fouine à la recherche de la moindre information, mais tout cela l'intéressait réellement, sans qu'elle ne puisse savoir pourquoi.

Mar 18 Jan 2022 - 16:22

Dessin sur un banc. Curiosité d'une passante. Compagnie d'une petite mamie. Questions qui intriguent et qui brisent le silence.

Des traits clairs comme l'eau de roche.

Une réponse pleine de niaiserie, c'était beau ainsi dit, mais qu'est ce que ça manquait de résonance dans le coeur de Yulian. Peut-être parce qu'il ne semblait pas percevoir d'amour de la part de sa propre grand-mère ? Possible. En tout cas, elle ne semblait pas comprendre ce dont parlait le jeune Russe. Et il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout, l'inconscient de l'humain était une chose si complexe à déchiffrer que chaque jour, il est possible d'en apprendre plus à ce sujet.

"Je ne pense pas qu'elle pourra s'apaiser un jour. Elle se contente juste de se cacher avant de venir m'exploser à la tronche lorsqu'elle le souhaite. Je ne suis qu'un pantin à sa merci."

Paroles bien sombres mais il préférait être clair. Sa souffrance, ce n'était pas quelque chose de simple à gérer qui pouvait se calmer du jour au lendemain. Pendant de longs mois, elle avait été constante, toujours auprès de lui comme une menace. A présent, elle prenait parfois du recul, endormie par les médicaments et les thérapies. Cependant, parfois, elle reprenait vigueur et revenait à ses côtés. En tout cas, Yulian profitait de l'occasion pour changer de discussion.

"Je pratique le piano depuis que je suis tout petit. Ensuite, je ne préfère pas dire qu'ils sont chronophages, je m'impose une grande attention sur mes projets pour ne pas avoir à trop penser."

Momoko

Awful

Momoko ne souhaitait pas jouer la vieille rabat-joie mais elle savait par expérience que la souffrance finissait toujours par s'apaiser. Que la résilience de notre cerveau était telle qu'on finissait par se remettre de tout, même si parfois cela prenait beaucoup de temps. Elle se doutait que ces paroles n'apporteraient aucun réconfort au jeune garçon, on les lui avait servies à elle aussi lors du décès de son mari. Lorsque ce dernier était parti, elle avait bien cru qu'elle ne s'en remettrait jamais. Pourtant, elle était là à Kobe, riche d'une expérience qu'elle aurait cru impensable une décennie plus tôt. Elle ne savait que trop conseiller sans passer pour la vieille je sais tout, j'ai tout vu et tout vécu.

- Je compati réellement à ta peine. La souffrance est difficilement partageable, mais si en parler te fais du bien, tu peux me retrouver sur le campus régulièrement. Ou même venir boire un thé dans ma chambre, je sais par expérience que parfois de la compagnie peut changer les idées.

C'est tout ce qu'elle avait à proposer. Mais elle compris vite que l'emploi du temps du jeune homme était encore plus chargé, enfin qu'il le chargeait lui-même, qu'elle ne le pensait.

- C'est joli le piano, si cela te permet d'être dans ta bulle et de ne plus trop penser, je peux bien comprendre que tu sois régulièrement en train d'y jouer.

Tout à coup, elle se frappa la tête avec la main. Elle avait invité le garçon à boire le thé sans jamais se présenter. Quelle cruche, comment celui-ci pourrait la retrouver ou trouver sa chambre ?

- Quelle idiote ! Voilà que j'oublie de me présenter ! Je m'appelle Momoko Inoue et toi quel est donc ton nom ?

Lun 28 Mar 2022 - 20:03

Dessin sur un banc. Curiosité d'une passante. Compagnie d'une petite mamie. Questions qui intriguent et qui brisent le silence.

Des traits clairs comme l'eau de roche.

Le jeune homme releva la tête vers la vieille dame lorsqu'elle lui proposa de venir boire un thé dans sa chambre. Etait-ce vraiment une bonne idée ? Il n'était pas sûr de s'y sentir à son aise. Pas uniquement à cause de la différence d'âge, il y avait beaucoup de choses qui les séparaient selon lui. Il ne voulait pas la brusquer, la blesser d'une manière ou d'une autre. Il ne voulait pas véhiculer l'image de jeunes malpolis ou brute. Il ne voulait pas que sa douleur se répercute sur elle, alors, il préférait ne pas en parler.

"Je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée d'en parler. Ce n'est pas contre vous mais je pense pas que vous puissiez la comprendre."

Yulian ne voulait pas jouer un rôle de martyr en parlant ainsi, il pensait réellement que personne ne pouvait comprendre sa douleur. Il n'avait pas que perdu un frère, il avait perdu sa moitié, celui qui le complétait. Et surtout, il l'avait perdu car il n'avait pas su le rattraper, il n'avait pas su être là lorsqu'il en avait eut besoin. Il l'avait poussé à faire une action stupide. Et depuis, il se sentait vide, manquant.

Suite à la présentation de la jeune femme, Yulian l'observa un léger instant avant de se présenter à son tour, essayant de prononcer son nom et prénom de manière à ce que la vieille dame puisse comprendre car il n'était pas des plus faciles à prononcer.

"Je m'appelle Yulian Kristianov. Vous pouvez m'appeler Yulian, c'est plus simple et ça ne me dérange pas."

Momoko

Awful

Momoko ne put s'empêcher de ressentir une pointe de déception lorsque le jeune homme refusa sa proposition. Il faut dire que par moment elle se sentait bien seule au milieu des élèves. Elle avait beau côtoyer ce monde quotidiennement ne pas développer de réelles amitiés profondes, lui pesait parfois. La grand-mère sentait que tout le monde faisait un effort pour lui parler et l'intégrer mais il était rare qu'on lui propose une activité en dehors du campus. Elle se disait que parfois, elle aurait donné beaucoup pour retrouver sa jeunesse.

- Vous les jeunes gens avaient l'impression que rien ne peut alléger la douleur, mais celle -ci pèse moins lourd quand elle est partagée. As - tu au moins quelqu'un à qui te confier ?

Lorsqu'il se présenta, Momoko eut un sursaut de surprise :

- Kristianov ...ça ne sonne pas japonais cela. Si ce n'est pas indiscret de quel pays viens - tu?

■ Inscrit le : 11/01/2019

Dessin sur un banc. Curiosité d'une passante. Compagnie d'une petite mamie. Questions qui intriguent et qui brisent le silence.

Des traits clairs comme l'eau de roche.

Yulian ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel lorsque la personne âgée lui indiqua que les jeunes semblaient croire que rien ne pourrait alléger leur douleur, c'était totalement indécent de faire des généralités. Après tout, elle ne pouvait pas comprendre, c'était ainsi, la relation qu'il avait eut avec son frère était si puissante, si unique que la perte soudaine s'était montré si douloureuse. Le manque se montrait être un poison quotidien dont il n'arrivait pas à s'en défaire.

"Vous savez pourquoi beaucoup pensent ainsi ? Car les adultes pensent que nos douleurs sont insignifiantes, que nous n'avons rien vécu puisque nous sommes des gamins."

Durant ce court discours, Yulian avait regardé Momoko les yeux dans les yeux pour qu'elle puisse comprendre l'étendue de la douleur qui l'avait habité ces derniers mois. Certes, il était écouté, cependant, il était parfois difficile d'expliquer les ténèbres qui nous entourent, dans ce cas, il faut avancer à tâtons, acceptant de risquer la chute à tout moment.

"J'ai un suivi psy. Et mes parents sont au courant. "

Lorsqu'elle fit la remarque que son nom ne sonnait pas Japonais, Yuyu hocha la tête pour confirmer ses propos avant d'apporter une réponse à sa question.

" Mon père est russe, ma mère est danoise. "

Momoko

Awful

Il n'avait pas été dans l'intention de Momoko de sous-estimer la souffrance de l'adolescent. Mais visiblement elle n'avait pas pu se faire comprendre. Yulian avait l'air d'avoir fait beaucoup de choses pour être aidé. Il avait l'air sur la bonne pente afin que la douleur soit moins piquante. Momoko se rendit compte que peut-être il n'avait pas besoin de conseils d'une vieille personne :

- La souffrance quelque soit l'âge reste de la souffrance c'est vrai… Et je vois que tu es bien engagé pour réussir à t'apaiser.

Avec cette discussion, notre vielle dame se rendit compte que Yulian n'était peut-être que la partie émergé de l'iceberg. Combien de lycéens et d'étudiants croisaient elle chaque jour qui portait une souffrance aussi forte en eux ? Elle avait discuté avec beaucoup d'entre eux mais jamais n'avait réellement pris le temps d'écouter leurs histoires.

Jugeant que c'était moins risqué Momoko se concentra sur l'origine des parents de Yulian :

- Oh ! Et tu as pu connaître ces pays toi aussi ? Apparemment, ce sont de très beaux territoires !

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