La couleur des sentiments (Ft. Mathéo Takahashi)

Tableau blanc parsemé de peinture. Éclats. De toutes les couleurs. De toutes les formes.
Malgré tes muscles endoloris, aucune tâche noire pour venir assombrir cette toile que tu conserves précieusement contre ton cœur. Comme un point d'encrage. Comme une bouée de sauvetage. Une lumière dans le ciel nocturne.
Plaçant ton sac sur ton épaule, tu te fais une promesse : celle que rien ni personne ne viendra ébranler ta bonne humeur. Pas même elle. Cette fille qui voudrait t'écraser d'un simple regard. Cette fille qui, à l'époque, voulait monter sur le trône. Ô que tu aimais lui lancer ces sourires faux qui te vont si bien. Que tu aimais voir cette fine veine descendre sur son doux visage lorsque tu feignais l'innocence.
Ô que votre séparation fût difficile, avant de te laisser totalement indifférente. Car au fond, il y aura toujours quelqu'un pour prétendre au titre de reine des abeilles. Sans saisir ce que tu caches à l'intérieur de toi...
Et la revoilà, traversant chaque jours les mêmes couloirs que toi.
Comble de l'ironie, la voilà devenue ta partenaire, le temps d'un projet. Comme si tu avais besoin d'un tel fardeau, à la veille des examens. Mais soit, tu feras avec. Tu es douée pour faire semblant.

Vous vous étiez données rendez-vous dans un petit café en ville, qui servait aussi d'espace de travail. Idéal pour discuter tout en profitant d'un environnement à la fois calme et chaleureux. Au moins, ici, vous ne dérangerez personne, pas comme à la bibliothèque.

À peine franchis-tu la porte de l'espace de travail que tu la vis, assise à une grande table située en retrait des autres. Sans surprise, elle était à l'heure. Forcément, elle n'allait pas te laisser l'occasion de lui reprocher quoi que ce soit. Toi non plus d'ailleurs, étant également en avance. De cinq minutes, pour être précis.
Mais il y a quelque chose que tu n'avais pas prévu : la présence d'une troisième personne, qui se faisait toute petite malgré sa carrure bien plus imposante que celle de sa voisine de table. Carrure que tu reconnaîtrais entre milles. Mathéo. Son frère. Ton ex. Absolument parfait.

Un pas.
Deux pas.
Dès l'instant où ton regard croise celui de la jeune fille, tu lui offres ton plus beau sourire. Si beau. Si faux.

▬ Salut. J'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre ?

Tu prends un petit air coupable tout en t'installant, ne perdant pas de temps pour sortir le matériel nécessaire à votre projet.

▬ Je ne savais pas que tu serais là toi aussi. dis-tu en jetant un coup d'œil en direction de Mathéo. ▬ Ça tombe bien... Tu tends légèrement ton bras, montres ton poignet sur lequel se trouve le bracelet qu'il t'a offert pour ton anniversaire. ▬ Merci pour le cadeau ! Il est magnifique.