[Club de Théâtre] Princesse Ali

Princesse Ali (ft. Naoki Harada)

"Oh, et, de...Clai...lefontaine-san...je peux te garder encore quelques minutes s'il te plait ?"

Nous étions actuellement à la moitié de l'année, presqu'un mois après ce fameux escape game. Aliénor avait sociabilisé. S'était faite des amis, et espérait même avoir le privilège, avec le lot de questions existentielles que cela venait à poser, avoir peut-être à terme sa première relation amoureuse. Et finalement, cela était un sommaire plutôt bien fourni de sa vie, juste pour dire qu'elle avait l'habitude, après maintenant un peu plus d'un an au Japon et six mois à Kobe, que les natifs aient du mal avec son nom et son prénom, et viennent bien souvent à l'écorcher. Elle se souvenait, au début, de Kazane, qui tentait maladroitement de le prononcer. Et même aujourd'hui, elle était encore appellée "Aliénolu" à cause de son accent...Ca avait un côté amusant, alors ça ne la dérangeait pas plus que ça.

Revenons à nos moutons après ce petit aparté un peu trop long. Naoki voulait la voir. Qu'elle reste plus longtemps. Le cerveau de la demoiselle chauffait à plein régime pendant les quelques secondes où l'information s'imprimait. Le président du club de théâtre voulait lui parler, en seul à seul. Un tas de scénarios tout aussi saugrenus se créèrent dans la tête de l'étudiante fantasque. Allait-il, comme dans les films à l'eau de rose, tout président qu'il est, confesser son amour à cette somptueuse étoile montante qui avait su l'éblouir sur les planches ? Oh, non, elle n'était qu'une modeste comédienne, puis Rindo-san commençait à poindre dans l'équation, c'est proscrit...! Ou alors, allait-ce devenir un feuilleton tragique, de ceux avec les bandes noires en haut et en bas de l'écran, un grain filmique et une colorimétrie bien terne, où Naoki-san lui annoncerait que franchement, elle était nulle, ou trop exubérante, et que l'on se passerait bien de son jeu médiocre...?

Les membres de la demoiselle aux yeux de bleus se raidirent alors, comme des poteaux de bois, et elle hocha mécaniquement la tête, d'une voix un peu chevrotante, transie d'intimidation et des films qu'elle venait de se faire. Mais au moins, elle avait toute la volonté du monde de se montrer serviable.

- O-oui ! Oui, bien entendu Harada-senpai !

Mettons-y les formes. Il n'était pas n'importe qui. C'était un ainé, plus vieux et de surcroit celui qui décidait ou non de sa place dans le club. A ce stade, elle était à deux doigts d'ajouter le suffixe -sama par erreur. Et bien vite, il ne restait plus qu'eux deux. Tout le monde les avait laissés. Aliénor salua promptement Rina, avec un sourire habituel, puis revint à monsieur le président.

"Tu peux t'asseoir si tu veux !"

Son intimidation était palpable. Elle hocha la tête, déglutissant, puis prit une chaise qu'elle vint tirer, un peu tremblante, avant de s'asseoir dessus pour souffler un peu. Comme si, tout ce temps, elle avait été en apnée, comme si la situation l'étouffait déjà alors qu'elle ne venait que de se présenter à elle. Crier avant d'avoir mal, c'était bien dans ses cordes. Allez, courage Aliénor, il était temps de l'affronter !

- D-donc, de quoi voulais-tu me parler ?

Et malheureusement, les mauvaises habitudes revinrent vite au galop, et sans réellement s'en rendre compte, elle posa cette ultime question.

- Y a-t-il quelque chose que je fais mal... ?

Codage par Libella sur Graphiorum