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- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1923■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
VENDREDI 9 NOVEMBRE 2018 - VERS 20H
Co-écrit avec Mathéo Takahashi.
Le choc passé, Seito s'était senti complètement vide. Comme s'il avait été rempli de larmes et que, une fois la dernière écoulée sur sa joue, ne résidait plus rien en lui. Parler avec cet étudiant à la laverie l'avait aidé à calmer sa détresse, pour autant subsistait un manque flagrant de... De quoi manquait-il au juste ? Sans élucider ce mystère il s'était rendu à la cantine mais son plat n'avait pas reçu d'honneur, il avait pioché mollement dans ses grains de riz. Puis une fois dans sa chambre, aucune activité ne lui avait semblé digne d'intérêt. Il s'était allongé sur son lit, le regard sur son mur à présent bien rempli. C'est là que l'envie s'était présentée. Un début de réponse à cette question qui hantait encore son esprit. « J'vais m'balader. » prévient-il à la volée et sans un regard en arrière, sans une veste non plus, il sort de la chambre. La marche est courte après les grilles du campus. Très vite, il est devant la porte et il toque. Le japonais n'a pas prévenu Mathéo de sa venue. Déranger lui passe au-dessus de la tête sur le moment. Heureusement, c'est son petit-ami qui ouvre la porte. Seito le remercie d'un faible sourire. Il dépasse le seuil de la porte avant que sa tête échoue contre le torse de Mathéo. « Je suis désolé de t'embêter à cette heure-là, j'avais besoin de... » De ça. Il avait tout simplement besoin de Mathéo.
Après avoir mangé, préparé et bu un thé dans le silence du salon, Mathéo hésite. Seito ne lui a toujours pas donné de nouvelles et il est 20h passé. Il s'était dit qu'il l'appellerait dans ses eaux-là s'il restait silencieux mais... devrait-il attendre encore un peu ? Mollement, il quitte le salon pour le coin cuisine et s'occupe en faisant la vaisselle. Il a un mauvais pressentiment. Il devrait appeler. Oui mais s'il... Le son qui résonne contre sa porte d'entrée le sort de ses réflexions. Il coupe l'eau du robinet et dépose son bol propre dans l'égouttoir. Des dizaines de gouttelettes percutent l'évier alors qu'il s'égoutte les mains au dessus. Le chiffon accroché non loin les maintient au sec. Il l'étend sur la porte du placard avant d'aller ouvrir la porte. Quelqu'un a-t-il oublié ses clés ? Ses muscles tressautent au contact soudain qui s'impose contre son torse. Surpris, il lui faut quelques secondes pour réaliser ce qu'il lui arrive. Son corps reconnaît Seito avant lui, par réflexe ses bras se referment autour de ses épaules. Il le serre un peu plus fort en réalisant ce qu'il vient de lui dire. Son instinct lui dit que son pressentiment avait vu juste, quelque chose cloche. « Tu ne m'embêtes pas. » chuchote-t-il en posant sa tête contre la sienne. « ... J'allais bientôt t'appeler. » confie-t-il. Soudain, il réalise qu'ils sont toujours dans l'entrée et que, d'une minute à l'autre, quelqu'un pourrait débarquer. Même s'il n'a pas envie de bouger, la prudence lui conseille de rentrer. « Entre, je t'en prie. » l'invite-t-il, glissant sa main dans la sienne pour l'attirer doucement à l'intérieur. Une fois la porte refermée, il l'attire de nouveau contre lui et l'entoure de sa protection. « Il s'est passé quelque chose ?... » demande-t-il prudemment.
Seito se laisse entraîner à l'intérieur. Il se fiche d'où ils sont du moment que... oui voilà, du moment qu'il peut enfouir son nez dans le tissu et ne plus bouger le temps de combler, ne serait-ce qu'un peu, ce vide abyssal. Paupières closes, il respire l'odeur de lessive. Poursuivre dans ses mensonges est une mauvaise idée. Pourtant, son front froisse le tissu, faible hochement négatif.
Les lèvres de Mathéo se pincent entre elles. Il s'agit de toute évidence d'un mensonge, un aveugle le verrait, mais il décide de ne pas le soulever. Tendre, sa main glisse dans les cheveux épais de son petit ami, elle lui en caresse quelques mèches. « Tu sais que tu n'as pas besoin de faire semblant avec moi... pas vrai ? » demande-t-il, le ton bienveillant en déposant un baiser sur le haut de son crâne.
Nouveau hochement de tête, affirmatif celui-ci. Doucement, Seito quitte la chaleur de son torse et pose son regard partout sauf sur Mathéo. « Je- Je reste pas longtemps mais on peut aller dans ta chambre ? »
Mathéo acquiesce. Il lui attrape la main gentiment et le guide naturellement jusqu'à sa chambre. Dans celle-ci, rien ne dépasse. Tout est ordonné et propre, à l'exception de son bureau, envahi de ses cahiers et de ses livres de philosophie encore ouverts. Il referme la porte derrière eux et l'invite à s'asseoir sur le lit d'un signe encourageant. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? Je peux préparer du thé, si tu veux. »
Deuxième personne à lui proposer du thé ce soir. « Non merci. » répond Seito une fois assis. Les fesses sur le rebord du lit, comme s'il était prêt à repartir, il ne reste d'ailleurs pas longtemps. Déjà il est debout. De ses doigts il caresse la tranche d'une rangée de livres sur la bibliothèque la plus proche. D'une voix neutre il déclare, cheveu sur la soupe : « Si tu t'poses la question, je s'rai là ce week-end. »
Mathéo s'assoit sur le lit pour le regarder. Il a dû se passer quelque chose avec ses parents si Seito ne rentre pas chez lui pour fêter son anniversaire. Son estomac se resserre, le stress le prend en tenaille. Il aurait des milliers de questions à lui poser, à commencer par la plus simple : pourquoi ? Mais il s'abstient. Il sait reconnaître les signes, ceux qui le préviennent que le terrain est miné et qu'un simple effleurement au mauvais endroit pourrait tout faire sauter. « D'accord... » se contente-t-il donc de répondre. Si Seito n'a pas envie d'en parler pour le moment, il préfère ne pas insister. Son bien-être passe avant sa curiosité, toute aussi forte soit-elle. Pour autant, il propose tout de même : « Si tu restes ici... est-ce que ça te dirait de passer le week-end avec moi ? »
Seito fait volte-face, darde Mathéo d'un regard intrigué. « Tout le week-end ? »
L'étudiant sourit. « Oui ? J'ai une idée en tête depuis un moment... ce sera l'occasion. Je travaille à la librairie demain matin et il me faudrait quelques heures de préparation... » Il prend un instant pour réfléchir. « On pourrait se retrouver vers 17h ? » demande-t-il en se levant pour le rejoindre. « Et rester ensemble jusqu'à dimanche soir ? Tu avais quelque chose d'autre de prévu ? »
« Euh non... enfin je crois pas... 17h, ça m'va mais... » La proposition fait turbiner son cerveau à plein régime. Seito est curieux de cette idée qui trotte dans la tête de son petit-ami depuis si longtemps, il a envie de lui poser des questions mais il est certain que Mathéo ne lui révélera rien. Cette question en soulève une autre, est-ce qu'il fera quelque chose avec ses amis demain ? Le fraisier de l'année dernière pourrait-il se renouveler, voire se réinventer ? Est-ce que d'autres surprises l'attendent ? Maintenant qu'il est contraint de rester sur le campus, est-ce une si mauvaise chose ? Le campus... le dortoir... le couvre-feu... Seito baisse la tête, perdu dans ses pensées. « On va être emmerdé par le couvre-feu. »
Voila bien une première. Mathéo n'avait pas pensé aux règlements. C'est vrai que les lycéens ont besoin d'un accord écrit et signé de leurs parents pour découcher. Ces mêmes parents qui posent tant de soucis à son petit-ami. Comment faire ? Il est hors de question de lui attirer des ennuis en bravant le couvre-feu mais il aimerait vraiment passer la nuit avec lui demain. Prudent, il finit par demander : « Tu crois que tes parents donneraient leur accord ? »
Mouvement vif, regard de braise, qui s'échappe lui et son corps pour aller s'appuyer contre la baie vitrée. Seito laisse échapper un souffle, semblant de rire aigre. « J'préfère encore me prendre des heures de colle si j'me fais chopper. »
Il n'en connaît pas l'origine mais Mathéo peut le comprendre. Parfois, ses propres parents lui sortaient tellement par les yeux qu'il aurait préféré qu'on lui coupe la langue plutôt que de leur demander quoique ce soit. Néanmoins... il n'aimerait pas que ces derniers lui fassent obstacle pour voir Seito et au fond, il en veut un peu aux parents de son petit-ami, pour cette colère triste qu'il leur voue. Sans doute est-ce cette montée de rébellion interne contre l'autorité parentale qui le pousse à demander : « Et si je leur demandais, moi ? »
Une blague, sa mâchoire encaisse. Seito secoue la tête, agacé par la proposition et surtout persuadé que tout ça, ce n'est que du flan. Quitte à blaguer, autant aller jusqu'au bout. D'un geste rageur, son portable échoue sur le matelas. L'écran fêlé s'allume, provocateur, tandis que Seito s'adosse à la baie vitrée bras croisés. « Ouais, c'est ça, demande-leur. »
La réaction de Seito ne lui plaît pas. Mathéo pense ne pas en mériter le ton ni l'insolence mais il ne dit rien et revient sur le lit pour récupérer le portable. Peut-être Seito ne l'en croit pas capable ? Ce n'est pas comme s'il pouvait lui en vouloir, lui-même n'y croit pas en ouvrant son répertoire, à la recherche du numéro parental. Il n'y croit pas plus en le trouvant, moins encore en appuyant sur le bouton d'appel. Il lui faut saisir le portable à l'oreille et entendre la sonnerie d'attente et ses bips agaçants pour réaliser qu'il vient de franchir un cap terrorisant.
Qu'est-ce qu'il fait ? Seito plisse les yeux, le doute s'immisce. Mathéo ne fait que poursuivre la blague. Étonnant venant de lui mais rien qui ne devrait l'alarmer au point de décroiser lentement ses bras. C'est pourtant ce qu'il fait à mesure que les doigts de son petit-ami défile sur l'écran. Alors quand le portable est mis à son oreille, il déchante complètement. La blague va trop loin, ses yeux s'écarquillent. « Mathéo, qu'est-ce tu fous ?! » Mais alors qu'il se jette sur Mathéo pour lui arracher le portable des mains, ça décroche. Seito s'arrête net, le corps à moitié sur l'étudiant. Projeté dans une autre dimension, il retient son souffle. « Tu te décides enfin à nous appeler Seito ? » répond sa mère.
Ce qu'il fout, Mathéo ne le sait pas non plus. Et alors que Seito lui saute à moitié dessus pour l'empêcher de commettre l'irréparable, une voix féminine retentit contre son oreille. Son cœur se serre, son souffle se coupe. Sa mère vient de décrocher. Pour quelques secondes, ses pupilles se dilatent sous la panique. Ses réflexes lui disent de raccrocher, il lui faut user ardemment du peu de bravoure qu'il a pour contraindre ses doigts nerveux à ne pas appuyer sur le bouton rouge. Ses mains deviennent moites, son cœur accélère. Il a la mère de Seito au bout du fil. Celle qu'il pourrait considérer comme sa belle-mère si le monde était différent. C'est donc sa voix... Entre panique et émotion, il croit bien qu'il n'arrivera jamais à répondre. Pourtant, sa voix reste calme lorsqu'il rétablit la vérité. « Bonsoir, Mori-san. Excusez-moi de vous déranger à une heure si tardive... Je... » Il baisse les yeux sur son petit-ami. « Je m'appelle Mathéo Takahashi, je suis un ami de Seito. » AH ! Son esprit crie au scandale. Une erreur ! "SEITO" ?! Vraiment Mathéo ! Concentre-toi ! Devrait-il se corriger maintenant ? Non, c'est fait. Trop tard. Corriger pour un Mori-kun serait suspect. Il continue donc avec son bouclier suprême. « Son senpai. J'étudie sur le même campus, je suis étudiant en deuxième année de faculté, en parcours littéraire. Nous sommes dans le même club de littérature. » Il déglutit. Ses bras commencent à trembler eux aussi. Ce n'est pas si mal... reste concentré, se dit-il. « Il m'a permis de vous appeler, je tenais à vous contacter.... auriez-vous quelques minutes à m'accorder, s'il vous plaît ? »
Depuis combien de temps Seito n'a-t-il pas parlé à sa mère ? Pas par sms pour échanger des banalités sur l'argent qui lui est versé ou un rapport de ses notes. Non, une vraie discussion de vive voix. Septembre, le reproche est donc légitime. Alors qu'il plonge dans les abîmes, sa mère change de ton en comprenant qu'elle n'a pas affaire à son fils. « O-oh. » Bruissements à l'autre bout du fil. « Veuillez m'excuser Takahashi-san, bonsoir. » Si elle est surprise qu'un ami de Seito les contacte, elle est encore plus surprise que Seito n'ait pas menti sur l'existence d'amis. « Vous ne nous dérangez pas. Pour quelle raison appelez-vous ? Tout va bien avec Seito ? Il ne vous a pas causé de souci, j'espère ? » Le dégoût tord la bouche du cité. Évidemment, il n'est capable que de causer du tort. Mâchoire contractée, Seito libère Mathéo et s'allonge à côté de lui sur le futon.
L'étudiant respire calmement. À mesure que ses poumons se gonflent et se dégonflent d'air, il tente de retrouver un équilibre nerveux. Il est normal que la mère de Seito s'inquiète pour lui, il s’inquiéterait aussi compte tenu de l'heure de l'appel. C'est ce qu'il se dit à sa question, avant que la dernière n'arrive. Celle-ci brise l'illusion. Sa mère n'est pas inquiète pour son fils, elle s'inquiète qu'il ait pu causer des problèmes. Un pincement lui torture le cœur. Sa main libre rejoint le dos de son petit-ami, qu'il caresse tendrement du pouce. « C'est moi qui m'excuse de vous inquiéter, Mori-san. Tout va bien, ne vous en faites pas. » répond-il, le ton qui se veut rassurant. « J'ai appris ce soir qu'il serait sur le campus ce week-end et comme demain sera le jour de son anniversaire, j'aimerais l'inviter à le fêter le soir chez moi. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le remercier comme il se doit pour toute son implication en tant que président du club de littérature. Le club s'est dynamisé et enrichi depuis qu'il en a pris la présidence et il fait toujours de son mieux pour faciliter nos échanges, il se démène aussi pour qu'une cohésion de groupe émerge au sein du club, ce qui n'est pas facile compte tenu des profils et des niveaux très différents de nos membres. J'aimerais lui montrer ma reconnaissance en l'invitant chez moi pour son anniversaire. » continue-t-il en tapotant affectueusement le dos de Seito. Oui, peut-être en fait-il un peu trop, mais ce n'est pas non plus un mensonge. Il pense réellement ce qu'il vient de dire sur sa fonction de président. « Je travaille dans une librairie au centre-ville le matin et l'après-midi, je dois étudier. L'inviter le soir serait donc plus facile pour moi, je m'excuse pour la gêne que cela peut occasionner. » en rajoute-t-il une couche. « J'aimerais lui éviter des ennuis à cause du couvre-feu, si nous devions finir tard et je vous avoue que ça me rassurait qu'il dorme à la maison. » confie-t-il faussement. « Comme il est encore au lycée, il aura besoin de votre autorisation alors j'ai insisté pour vous parler car c'est important pour moi de vous demander l'autorisation directement. Je me dis qu'à votre place, j'aimerais savoir chez qui mon fils demander à rester... »
Échoué, ventre contre le matelas, Seito enfouit sa tête dans ses bras. Maintenant qu'il n'entend plus sa mère, il ne peut se fier qu'au discours de Mathéo. Bien trop élogieux et pompeux pour le qualifier, la gêne fait résonner les battements de son cœur jusque dans ses tempes. Sûrement que sa mère se fiche pas mal de le savoir doué en tant que président de club. S'il devait briller quelque part, il aurait à le faire sur son bulletin. Animer un club de littérature n'a rien de sorcier. Il suffit de lire et de commenter, tout le monde sait le faire, pas de quoi s'enorgueillir. Face à ce flot d'informations, sa mère est plus concise. « Vous êtes un garçon prévenant Takahashi-san. Nous ne pouvons malheureusement pas fêter son anniversaire avec lui alors le savoir en compagnie responsable est rassurant. Je comprends vos impératifs mais ça m'ennuie tout de même que vous ayez à l'accueillir chez vous, même pour une nuit. » Un brin d'hésitation à la fin de sa phrase, elle marque une pause. « J'imagine qu'il est à côté de vous. Pouvez-vous me le passer s'il vous plaît ? »
Mathéo se mord la lèvre. Est-ce un refus ou une politesse ? Le stress lui monte au cœur. « Je comprends mais je vous assure que ça me ferait plaisir de l’accueillir. » tente-t-il tout de même, avant de poser les yeux sur Seito. « Oui, bien sûr, je vous le passe. Merci de m'avoir écouté et encore désolé pour le dérangement, prenez soin de vous Mori-san. » conclut-il avant de tendre le portable à son propriétaire. Sourire gêné sur les lèvres, Mathéo hausse légèrement les épaules pour lui signifier qu'il n a pas reçu de réponse claire.
Seito se pensait à l'abri de cette folie mais force est de constater que les problèmes non résolues reviennent toujours hanter leurs instigateurs. Moi ?, articule-t-il sans émettre le moindre son. L'angoisse tend chaque muscle de son corps alors qu'il se remet prestement assis pour réceptionner son téléphone. Il manque de le faire tomber d'ailleurs tant sa main est nerveuse.
« Moshi moshi.
– Tu aurais pu nous demander en premier avant que ton senpai n'ait à le faire, Seito. »
Au vu de la proximité avec Mathéo, il sait qu'il entend tout. Pour autant, il ne se décale pas.
« Il a tenu à vous appeler alors je l'ai laissé faire.
– Je ne suis pas tellement pour que tu ailles chez ce senpai mais tu ne peux pas refuser son invitation. Alors nous allons signer l'autorisation. Mais Seito... ne nous fais pas honte. »
Son regard happe le vide, sa main tremble sous l'effort qu'il doit fournir pour ne pas raccrocher dans l'instant. Ou pire lui crier dessus, ce qui serait un piètre spectacle pour Mathéo. Il doit se faire une raison, il ne sera jamais la fierté de ses parents. L'espace d'une seconde, il envisage de tout dévoiler. Que Mathéo n'est pas qu'un senpai, que si elle savait ce qu'ils font quand ils sont ensemble, elle refuserait de donner son accord. Mais Mathéo a révélé son identité, Seito ne peut pas le traîner dans la boue avec lui. Sa voix qu'il voudrait dénuée d'émotions tremble légèrement quand il finit par répondre :
« Je vous ferai honneur. Merci d'accepter Haha.
– Très bien. N'oublie pas de travailler dur pour tes examens de décembre.
– Je sais. Bonne nuit. »
Seito raccroche. Lentement, il s'affaisse. Le matelas accueille son dos, le dessus de ses mains recouvre ses yeux. « Ne... ne refais plus jamais ça Mathéo. »
Lentement, Mathéo s'allonge à côté de Seito. Il entend toute la conversation. Formelle, presque froide, le malaise s'installe. Ses yeux dérivent sur le futon, soucieux. "Ne nous fais pas honte"... Mathéo inspire plus fort. Est-ce tout ce qu'une mère a à dire à son fils la veille de son anniversaire ? Le ton l'agace, les mots de madame Mori le défont. S'il a suffisamment gagné sa confiance pour qu'elle accepte de lui laisser Seito par politesse, il n'a visiblement gagné aucun point à son lovemeter. Il se console de son accord. « Désolé... » souffle-t-il en réponse à l'ordre de Seito. Cela sonne comme une menace et il n'aime pas ça mais c'est aussi ce qu'il se dit à lui-même. Plus jamais ça. Il n'est pas taillé pour supporter tant de stress et tension. « ... Mais tu m'as dit de leur demander... » rappelle-t-il. « Ne me sous-estime plus, c'est mieux pour nous deux, je crois... » plaisante-t-il, en se cachant le visage dans l'oreiller. Il n'en revient pas d'avoir trouvé le courage de les appeler.
« Je n'ai pas- » Aaah, qu'importe. La fatigue mentale de ces dernières heures ont raison de son emportement. Seito roule sur le côté et enfouit son visage contre le bras de Mathéo. Sa mère aurait pu profiter de cet appel pour lui souhaiter un joyeux anniversaire de vive voix mais elle n'en a rien fait. Est-ce un oubli ? Ses yeux sont trop secs pour pleurer mais son cœur se serre. Toujours caché, il marmonne : « Est-ce que je pourrais rester aussi dimanche soir ? »
Mathéo se tourne sur le côté. De ses bras, il attrape Seito. L'une de ses jambes passe sur les siennes, son corps devient un cocon de tendresse. « Oui. » murmure-t-il, heureux de sa demande. Si ça ne tenait qu à lui, Seito pourrait rester tous les soirs. Il vient chercher son front pour l'embrasser. « Plus on passe de temps ensemble et plus je suis heureux. Quand le couvre-feu ne sera plus un problème, tu pourras rester autant que tu veux. » Un moment, l'idée de vivre ensemble plus tard lui traverse l'esprit. Elle le surprend. Ça ne serait pas possible, pour vivre à deux, il leur faudrait travailler au moins à mi-temps tous les deux, ce qui ne serait pas une bonne chose pour leurs études, surtout pour Seito qui est déjà en difficulté avec siennes. Mais... l'idée est douce, elle ne l'inquiète pas, c'est bien là ce qui l'étonne d'ailleurs. Un deuxième baiser atterrit sur le front de Seito. « Je suis désolé que les choses ne se soient pas passées comme tu l'espérais... » souffle-t-il, le cœur plus lourd. « Ça n'effacera rien mais... je te promets un week-end que tu n'oublieras pas. »
Seito ne se projette pas. Vivre jour après jour est déjà bien assez épuisant comme ça. S'il venait à réfléchir maintenant à la fin du lycée, il est certain d'angoisser. Ses parents ne veulent pas qu'ils suivent une filière littéraire, ça va forcément coincer. A la place, il se contente de se blottir contre Mathéo. « Merci d'être là. » prononce-t-il tout bas.
Une explosion silencieuse retentit dans le cœur de Mathéo. Touché, il se doit de s'incliner. Ce ne sont que trois mots, murmurés en un souffle bas mais, sur le moment, ce sont trois mots qui valent pour lui plus que toutes les choses de ce monde. Face à leur immensité, il ne sait quoi répondre. Un "Je t'en prie", "Avec plaisir" ou "C'est normal" ne leur rendrait pas justice. Les trois formules sont pourtant porteuses de vérité mais il les abandonne, préfère l'authenticité d'un corps qui parle mieux que lui. Son étreinte se resserre, son corps s'érige en bouclier. Relégués en dernière ligne, les mots retrouvent alors de leur courage. « Merci d'être venu me trouver. » chuchote-t-il.
#terminé
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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