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Kotai Kinzoku
A l'université ; 1è année
Kotai Kinzoku
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Mon personnage
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Kotai Kinzoku

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Jeu 29 Aoû 2024 - 8:06

Un pas en avant

ft. les attentes parentales

Samedi 20 octobre.

Feuilles écarlates
Charriées par un vent passé
L’écho d’un rire


Attente.

Les minutes semblent éternelles. Le temps paraît comme arrêté alors même qu’autour de lui le monde continue de se mouvoir. Hors du cycle. Il gravite à la frontière, frôlant des yeux les silhouettes qui défilent. Sans visage. Sans personnalité. Mannequins évoluant dans une autre réalité. Un autre monde. Barrière fine qu’il sentait contre sa peau et qui le retenait sur place. Incapable d’avancer, de les rejoindre. Fils noués à ses poignets et à ses chevilles. Ou des chaînes. Il n’osait détacher son regard du ballet auquel il n’avait pas été invité.

Des camélias jaunes éclosent ça et là, bordant sa vision, prenant racine dans ses membres tremblotant, à la surface de ses lèvres sèches, glissant sur chacun de ses soupirs. Heure inconnue, mais rendez-vous dépassé. Il n’avait pas besoin de vérifier pour le savoir. Pour le comprendre. L’espoir se fanait doucement mais sa raison s’y accrochait encore, désespérément. Il ne pouvait en être ainsi. Impossible d’y croire, de s’y résoudre.

Et soudain, au milieu de la foule, une ombre familière.

Voile déchiré. Ses poumons prennent enfin une profonde inspiration tandis que son esprit peine à émerger et réveiller le reste de son corps. L’homme fend la foule, un obstacle presque insignifiant et qui ne l’empêche pas de se concentrer sur sa conversation téléphonique. Attention à sens unique. Le jeune homme n’essaye pas de bouger, de peur de perturber ce mirage qu’il avait espéré depuis le début de la semaine.
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« Monsieur, je vous contacte pour un potentiel rendez-vous avec Monsieur le Directeur du département Marketing. Il souhaiterait vous rencontrer ce samedi, dans l’établissement de votre choix. »

Réponse bégayée. Il n’avait qu’un vague souvenir des mots qu’il avait laissé s’échapper, hachés par les émotions, par la surprise. Adresse d’une restaurant italien, la seule idée qui lui était venue en tête à cet instant. Un mauvais point sans doute. Il s’était rapidement repris alors que de sa main libre, il avait tapé frénétiquement sur son ordinateur à la recherche d’un lieu plus correct et-

« Puis-je vous conseiller le restaurant Eita, dans l’arrondissement de Chuūō ? »

Pointe de condescendance face à laquelle il abdiqua sans même essayer de lutter. A quoi bon ? Qu’importe sa suggestion, il avait déjà tort avant même de l’avoir formulée. La secrétaire revint rapidement sur les points importants, la date, l’heure, le lieu, mais il n’écoutait déjà plus, soufflant des réponses automatiques. Ce qu’elle voulait entendre. Il continua ainsi encore plusieurs minutes, déconnecté, avant de se rendre finalement compte qu’elle avait raccroché depuis un moment déjà.
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Assis en face à face. Yoshinobu détourna presque immédiatement le regard, attention retenue par son assistante qui se tenait debout près de lui. Il la congédia à la fin de leur échange, et elle alla simplement s’installer à une table proche, poursuivant sa gestion de l’agenda de son supérieur tout en s’intéressant distraitement au menu du restaurant. L’homme laissa échapper un soupir las avant de finalement poser les yeux sur son fils. Il n’avait guère changé au cours de ces deux derniers mois. Regard fuyant, mal à l’aise qu’importe la situation, incapable d’affirmer sa présence. Transparent. Le total opposé de sa mère, quand bien même il en était son portrait craché, ou presque. Avec sa peau de porcelaine, sa coiffure soignée, ses traits délicats et ses longs cils, il avait hérité de la beauté froide de sa génitrice mais il lui manquait le caractère nécessaire pour s’imposer dans le monde. Un échec.

Silence oppressant. Autour d’eux, les conversations se faisaient discrètes mais ressemblaient presque à un tintamarre insoutenable, lui martelant le crâne de son incapacité à prendre la parole. Kotai serra les poings sous la table. Il sentait le regard inquisiteur de son père rivé sur sa silhouette, juge silencieux attendant le plaidoyer de la défense. Inspiration gonflant sa poitrine, il releva la tête et ouvrit la bouche. Prêt à laisser les mots s’échapper. Déferler.

« Messieurs, avez-vous fait votre choix ? »

Caillot. Hoquet silencieux. Il ravala ses paroles sans trop y croire, tournant un regard perdu en direction de la serveuse. Qui l’ignora. Elle concentrait son attention sur la seule personne importante à cette table. Bien sûr. Le silence revint, et, risquant un regard, il se rendit compte que son géniteur l’observait. Attendant sa réponse. Il ferma et rouvrit la bouche, lèvres brusquement sèches. Articuler les prochains syllabes furent un supplice.

« Un me…nu Eita-zen.. s’il-vous-plaît. »

« La même chose. »

Comparée à la sienne, la voix de son père résonna tel le claquement d’une balle, et prenant cela comme un top départ, la serveuse s’inclina et se hâta en direction des cuisines. Le moment était passé. Gâché. Perdu à jamais. Il ne parviendrait plus à retrouver suffisamment de courage pour se lancer au coeur du sujet. La guerre était perdue avant la moindre bataille. Chemin tracé par leurs pavés, il ne pourrait même pas le décorer sur son passage, orner sa vie d’un semblant d’éclat, de quoi tenir le coup, de quoi ne pas devenir-

« Kotai. »

Sursaut impossible à retenir. Le jeune se tint nerveusement les mains alors que ses yeux noirs cherchaient et fuyaient tout autant le regard de son père. Yoshinobu conserva une expression égale.

« Tiens toi droit. Respire. Et cesse de tourner autour du pot. »

Il était son fils, pas un investisseur avec qui il était normal de faire des ronds de jambe, des négociations. Quoi de plus normal que d’entrer dans le vif du sujet ? Porte grande ouverte. Tapis rouge déroulé devant ses paroles muettes. La pression était invivable.

« C-Cela concerne m-mon c-c-c-com- »

« Articule. Bégayer ne t’attirera jamais la sympathie de tes pairs, tu ne fais que mettre en lumière tes faiblesses. »

La déglutition fut difficile.

« Mon compte bancaire. » acheva-t-il, forçant sur sa voix. « M-Mère m’a envoyé un message et- »

« Oui, pour te dire que tu dilapides tes économies pour des distractions inutiles. Nous en avons discuté. »

Mensonge. Son épouse avait parlé. Il avait écouté. Cela avait toujours été ainsi. Depuis leur rencontre à l’université, Terumi avait toujours fait preuve de cette franchise désarmante et autoritaire, elle était ce genre de femme qui, en dépit de sa taille peu impressionnante, savait s’affirmer au travers de son ton et de son attitude, et gare à celui ou celle qui essayait de la contredire. Yoshinobu se souvenait de leurs premières années, de l’inflexibilité de celle qui deviendrait son épouse, de son exigence de la perfection. A l’époque, il n’avait jamais manqué d’assurance, mais la rencontrer lui avait fait prendre conscience du fossé qui les séparait. C’était grâce à elle qu’il avait trouvé le mordant d’atteindre aujourd’hui sa position plus qu’enviable, qu’il n’avait jamais courbé l’échine face aux défis, aux obstacles, aussi insurmontables pouvaient-ils paraître.

Et il était né.

L’attention de son épouse pour sa carrière s’était détournée, et pour la première fois depuis des années, l’homme d’affaires qu’il était devenu s’était senti perdu. Un enfant, c’était tant de changements, et il avait espéré que tout cela se passe de la manière la plus parfaite qui soit.

Vibration sur la table. Bref coup d’oeil et il se leva. Un appel important. Il s’excusa platement et sortit sur le devant du restaurant.
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« Il n’est pas normal. »

Les mots résonnèrent dans le silence de la cuisine. Mains appuyées sur un dossier de chaise, il sentit ses jointures craquer quand il serra un peu plus fort les doigts.

« Terumi, c’est encore un enfant, il va se dév- »

« Il suffit. » D’un signe de main, elle lui indiqua de se taire. Et il obéit. « Une mère sent ce genre de chose, et il n’y a rien à espérer de lui. »

Cinq ans. Leur fils n’était encore qu’un bambin mais il avait déjà perdu toute l’estime de sa mère. Et quelque part, Yoshinobu la comprenait. Les enfants de leur entourage riaient, bougeaient, jouaient, criaient, salissaient, s’amusaient, pleuraient… Pas lui. Ou plutôt, il le faisait à sa manière, et c’était le plus souvent en silence. Il ne comptait plus les soirs et les matins où il avait passé la tête dans sa chambre, un peu affolé de n’y entendre aucun son, tout ça pour le trouver sagement calé dans un coin, agitant sans bruit sa figurine d’Ultraman.

« On peut toujours aller voir un spécialiste si- »

« Pour qu’on lui colle l’étiquette d’une maladie factice ? Qu’il baisse les bras et se laisse juste vivre sans jamais fournir le moindre effort, tout cela parce qu’un “spécialiste” lui aura donné un passe-droit ? Est-ce que tu t’entends, Yoshinobu ?! »

Son épouse pivota, retournant à sa vaisselle abandonnée au milieu de la conversation. L'homme se détourna et, dans l'entrebâillement de la porte, il devina la petite silhouette espionne qui tourne les talons et gambade sans bruit jusqu'à sa chambre.
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Il n’est pas normal. Les paroles de son épouse revenaient le hanter alors qu’il regardait leur fils prendre un à un les différents légumes de la salade froide, les mangeant séparément. Cliquetis des ustensiles. Cette rencontre aurait pu se résumer à un échange téléphonique, une simple répétition des paroles de la véritable cheffe de famille, et cela lui aurait évité d’organiser son emploi du temps pour venir jusqu’à Kobe. S’il était déçu ? Profondé-

« Père. »

Froncement de sourcils. De chaque côté. Sérieux tremblotant pour l’un, surprise dissimulée pour l’autre. Kotai avait reposé poliment ses baguettes, pourtant loin d’avoir achevé son repas, et s’il ne parvenait pas à lever les yeux, il semblait pourtant déterminé à aller au bout de son idée.

« J-Je… » Inspiration. Il serre les dents, enfonce ses ongles dans la paume de ses mains. « Mes dépenses vous semblent peut-être injustifiées mais elles sont importantes pour ma r-réussite scolaire. »

L’homme prit le temps de terminer sa bouchée, reposant à son tour ses baguettes tout en gardant les yeux rivés sur le jeune homme. Encore un enfant, mais c’était peut-être la première fois qu’il le voyait aussi déterminé. Etincelle.

« Développe. »

Réponse courte, déstabilisante. Combien de jeunes cadres arrogants avait-il fait plier avec cette simple formule ? Il voit les traits de son visage se tordre brièvement, une hésitation flagrante qui pousse généralement à l’erreur.

« Simplement, une vie d’études est an-anxiogène pour l’esprit. Je n’ai pas eu le sentiment de négliger mes révisions tout en prenant le t-temps de faire des pauses enrichissantes. Le cinéma est un art qui aiguise la réflexion et- »

« Et les restaurants ? » le coupa-t-il, acide.

Faiblesse dans l’argumentation, le regard de lapin affolé rejaillit aussitôt sur son visage quasi impassible. Pour Yoshinobu, il était clair que son fils avait occulté cette partie du problème, laissant un énorme faille au sein de son plaidoyer qu’il était alors aisé de balayer. A ce stade, ce n’était même plus une erreur de débutant mais bien d’incapable.

« J’ai rencontré quelqu’un. »

Cette fois, la surprise fut bien visible sur les traits de l’homme. Lui que les rumeurs désignaient comme l’Imperturbable, il ne pouvait qu’avouer ne pas avoir un seul instant prévu cette éventualité. Ravalant sa salive et se redressant sur sa chaise, il lui fit simplement un signe de la main pour l’inviter à poursuivre.

« Oh.. Hm. Nous sommes encore à faire plus ample connaissance, mais c’est une personne que je souhaite sincèrement f-fréquenter plus régulièrement à l'avenir. »

Le silence retrouva sa place à la table, couvrant la panique étouffée du fils et les réflexions intenses du père, dissimulant le quiproquo qui prenait naissance, doucement. Graine plantée dans l'esprit de son géniteur. C’était une nouvelle plus que surprenante mais pour lui, elle était la promesse d’un avenir plus radieux pour leur famille. Le repas allait pour se poursuivre dans ce silence un peu pesant, un peu inquisiteur, et Kotai devinait les questions se bousculer sur les lèvres immobiles de son géniteur. Comme souvent, il pesait le pour et le contre de ses actions, de ses propos, de la même manière qu’il le faisait avec son épouse au quotidien. Et s’il n’y avait rien à gagner de cet échange, il gardait le silence, comme il le faisait à présent. Peut-être se serait-il éventuellement laissé tenter par sa curiosité si sa secrétaire n’était pas venue se poster à proximité de leur table.

« Mes excuses Monsieur Kinzoku, mais je me permets de vous rappeler votre rendez-vous de quatorze heures. En comptant le temps du trajet, vous devriez y arriver avec quelques minutes d’avance si nous partons dès maintenant. »

Le jeune homme tressaillit. Problème toujours en suspens. Ses doigts se resserrent sur ses baguettes et il lève vers son père un regard implorant. Quelques minutes de plus. Un brin d’attention supplémentaire. Rien qu’un instant après le silence de ces derniers mois. Mais l’homme était déjà en train de se lever. Accélération. Kotai sentit son coeur s’emballer, vibrer de stress, de peur. Un échec de plus ?

« Père, s’il-vous-plaît- »

D’un signe de la main, Yoshinobu lui indiqua de se taire. Il se tourna vers son assistante et, après un bref résumé du rendez-vous à venir, il la manda d’aller faire chauffer le véhicule. Et à son départ, il se laissa aller à un petit soupir. La conversation serait complexe de son côté. Il posa son regard sur le visage innocent et paniqué de son jeune invité, essayant de jauger la véracité de ses propos. Son fils était étrange, malade peut-être, timide à outrance et incapable de tenir une conversation. Mais un menteur ? Il était lunaire de l’imaginer se rapprocher de quelqu’un par lui-même, et il y avait de fortes chances que cette jeune demoiselle ne soit pas du goût de son épouse, mais cela, il le verrait en temps voulu.

« Concernant tes dépenses, Kotai, je t’autorises à acheter le nécessaire pour tes études. Tâche de limiter le superflu, ton diplôme doit rester ta priorité. Il me semble que vous avez des examens en décembre ? Vise l’excellence et nous n’aurons pas à revenir sur notre décision, ta mère et moi. »

Au lieu de s’alléger, Kotai sentit le poids sur ses épaules peser davantage. Pression parentale. Presque suffocante. Sa gorge se comprima alors qu’il ne put répondre que d’un petit hochement de tête défaitiste, en dépit de ce qui passait pour une victoire. C’était plus une concession en vérité, un engagement qui ne manquerait pas de se retourner contre lui un jour, mais dans les faits, il ne pouvait rien faire de mieux que de l’accepter pour le moment.

« Ton sac. » L’homme pointa du doigt la pochette qu’il avait emmené avec lui, espérant pouvoir aborder le sujet un peu plus tard. « Ton ordinateur a un problème ? »

« Un port USB défectueux, cela cause quelques ralentissements et m’empêche de connecter en même temps les disques externes dont j’ai besoin. »

Un souci plutôt bénin, il est vrai, mais pour un ordinateur neuf c’était de mauvais augure. Et bien que peu compétent dans le domaine, l’homme savait reconnaître qu’un tel défaut ne devait pas être négligé, au risque de dissimuler bien pire. Machinalement, il vérifia l’absence de plis sur son costume, égalisa ses manches et sa chemise, remit correctement son col en place, le tout en fixant pensivement la table sur laquelle trônaient leurs repas à moitiés consommés. Appétits d’oiseaux, au moins en apparence de son côté. Son assistante prévoyait toujours de quoi le caler si nécessaire le temps de leurs trajets.

« Eh bien soit, va donc le faire réparer. Je vais m’arranger avec le pôle financier, tu te souviens à qui adresser la facture ? »

Les yeux noirs du jeune homme s’arrondirent de surprise face à cette question inattendue. Il passait de simple demande d’autorisation pour une dépense potentiellement coûteuse à celle de faire passer cela en frais de société. Ce n’était pas ce qu’il visait, loin de là, mais… tant mieux ? Sauf qu’il ne savait pas comment réagir. Une part de lui craignait un piège, un moyen de souligner son incapacité à gérer par lui-même une dépense pareille. Une autre se réjouissait bien trop de ce qu’elle prenait pour une preuve de l’affection de son géniteur, avant de se rendre compte que c’était toujours ainsi qu’il agissait. Argent jeté au visage plutôt que des sentiments, pour l’apaiser, pour maintenir cette farce qu’était leur relation. Amertume.

Face à son silence interdit, son père s’impatienta, ce qu’il lui indiqua d’un signe pressant de la tête. Kotai se râcla la gorge, délogeant la boule d’angoisse qui y croissait et empêchait les mots de passer. Il répéta - bredouilla - les coordonnées à renseigner et que son interlocuteur confirma d’un hochement de tête. Echange de formalités. Les secondes s’affolent et disparaissent, et son père avec elles. Silhouette passant la porte du restaurant et brusquement, il n’existe plus.

A table, les baguettes ont cessé de remuer. Les minutes passent. Encore. Le jeune homme fixe la planche qui sert d’assiette et sur laquelle reposent encore plusieurs petites bouchées délicatement confectionnées. Un délice pour les papilles mais que son estomac ne veut plus accueillir. Pointe dans la poitrine. Vide. La conversation - si l'on pouvait qualifier leur échange ainsi - s’était mieux déroulée qu’il ne l’aurait pensé, et pourtant… Il ne pouvait empêcher son cœur de se tordre. Mais allons, c’était mieux que rien, mieux que tous les silences qu’il avait essuyé jusque là, les appels inutiles, les messages dans le vide. Il devait s’en contenter. Il devait juste apprécier. Chérir cet instant. Chaque parole que son géniteur lui avait gracieusement adressé.

Inspire.

Expire.

Sacoche sur l’épaule, il se leva au bout d’un moment. La table avait été débarrassée sous ses yeux, sans qu’il y prête attention. Le monde avait une fois de plus perdu de ses contours, et c’est d’un pas lent qu’il quitta le restaurant, lanière de son sac sur l’épaule. Adresse à suivre. Il avait le temps. Plus que son père ne pourrait jamais lui accorder. Soupir perdu dans le vent, dans la foule qui se pressait au dehors. Un pas après l'autre. Puisqu'il fallait toujours aller de l'avant. Pétales dorées inondant son chemin, invisibles à ses yeux, au reste du monde.

Inconsciemment, il attendait encore.

#Terminé
KoalaVolant

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